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Préférence des reines vierges de Bombus terrestris - Laboratoire de ...

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T. Mathy – <strong>Préférence</strong> intraspécifique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>reines</strong> <strong>de</strong> <strong>Bombus</strong> .<strong>terrestris</strong> pour les sécrétions céphaliques – Page 60<br />

Les signaux sexuels sont en général spécifiques. D’après Mayr (1963), c’est cela qui<br />

constitue les mécanismes d’isolement assurant l’intégrité <strong><strong>de</strong>s</strong> espèces. Dans ce cas, lors <strong>de</strong><br />

l’expérience témoin, où l’on observe la réaction <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>reines</strong> <strong>de</strong> B. t. dalmatinus face aux<br />

sécrétions céphaliques consubspécifiques et <strong>de</strong> B. ignitus, les <strong>reines</strong> <strong>de</strong>vraient se diriger <strong>de</strong><br />

préférence vers la sécrétion du mâle <strong>de</strong> son espèce plutôt que vers B. ignitus. Or, c'est le<br />

résultat contraire que l'on observe.<br />

D’après Leroy (1987), il arrive que la spécificité <strong><strong>de</strong>s</strong> signaux ne soit pas absolue, et<br />

que les signaux chimiques d’individus d’espèces voisines soient assez proches pour que<br />

l’attraction sexuelle ne soit pas sélective. Dans la nature, <strong>de</strong> tels faits sont le plus souvent sans<br />

gran<strong>de</strong> conséquence. D'autres facteurs assurent l’isolement <strong><strong>de</strong>s</strong> espèces: <strong><strong>de</strong>s</strong> répartitions<br />

géographiques et saisonnières différentes, <strong><strong>de</strong>s</strong> horaires <strong>de</strong> l’activité sexuelle décalés, <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux<br />

<strong>de</strong> rencontre <strong><strong>de</strong>s</strong> partenaires sexuels différents (Leroy, 1987).<br />

Des expériences d’attraction croisée démontrent que les femelles d’Antheraea<br />

polyphemus (papillons saturni<strong><strong>de</strong>s</strong>) n’attirent jamais les mâles <strong>de</strong> trois autres espèces (Samia<br />

cynthia, Hyalophora cecropia, Callosamia prometha) (Leroy, 1987). De même, les femelles<br />

<strong>de</strong> ces trois espèces n’attirent jamais les mâles d’Antheraea polyphemus. Par contre, Leroy<br />

(1987) cite "[…], les femelles <strong>de</strong> Samia cynthia attirent les mâles <strong>de</strong> Hyalophora cecropia<br />

[…] lorsqu’il n’y a pas simultanément d’attraction <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> femelles <strong>de</strong> leur propre<br />

espèce, […]". Entre 1962 et 1966, Schei<strong>de</strong>er (cité par Leroy, 1987) reprend l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’interattraction chez ces espèces et quelques autres. En réalisant <strong><strong>de</strong>s</strong> électro-antennogrammes,<br />

il prouve que les espèces d’un même genre ten<strong>de</strong>nt à répondre <strong>de</strong> manière i<strong>de</strong>ntique à la<br />

phéromone <strong>de</strong> leur propre espèce et à celles <strong><strong>de</strong>s</strong> espèces très voisines (Leroy, 1987). Cette<br />

observation pourrait expliquer pourquoi les <strong>reines</strong> <strong>de</strong> B. t. dalmatinus et <strong>de</strong> B. t. xanhopus ne<br />

semblent pas préférer les sécrétions céphaliques <strong>de</strong> mâles consubspécifiques à celles <strong>de</strong> mâles<br />

<strong>de</strong> B. ignitus (une autre espèce du même sous-genre). Leroy (1987) cite "Les phéromones <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

espèces voisines ont vraisemblablement <strong><strong>de</strong>s</strong> structures chimiques assez proches, ce qui<br />

expliquerait les interattractions entre ces espèces. Mais cette interprétation va à l’encontre <strong>de</strong><br />

celle <strong><strong>de</strong>s</strong> néo-Darwiniens qui suggèrent, à l’inverse, que plus <strong>de</strong>ux espèces sont voisines plus<br />

leurs signaux d’appel sexuel ont tendance à être différents les uns <strong><strong>de</strong>s</strong> autres".<br />

B. ignitus appartient au même sous-genre que B. t. <strong>terrestris</strong> mais les <strong>de</strong>ux espèces<br />

sont très différentes. Kawakita et al. (2003, 2004), Hines et al. (2006) et Cameron et al.<br />

(2007) les présentent comme phylogénétiquement éloignées. B. ignitus aurait divergé<br />

beaucoup plus tôt que B. <strong>terrestris</strong> (Shao et al., 2002). D’après Hines & Cameron (com.<br />

pers.), elles auraient divergé <strong>de</strong>puis 6 millions d’années (fig. 35).

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