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PARABOLE DE LA GRUE - Diocèse de Joliette

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<strong>PARABOLE</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>GRUE</strong><br />

Un jour, un aigle eut maille à partir avec un faucon et il convoqua toute la gent ailée à<br />

s’assembler pour régler le différent. Sentant que la faveur populaire lui échappait <strong>de</strong> plus<br />

en plus, le faucon se réfugia dans le creux d’un rocher voisin. Les oiseaux tentaient <strong>de</strong> le<br />

faire sortir <strong>de</strong> sa cachette mais sans succès. C’est alors que la grue s’offrit pour déloger le<br />

rapace. Tous les oiseaux, en se moquant <strong>de</strong> la grue, l’encouragèrent à tenter l’aventure.<br />

La grue s’approcha du rocher et entra son long bec pointu dans le trou du rocher.<br />

Soudain, le faucon passa à l’attaque et blessa la grue à la tête avec ses serres acérées. La<br />

grue se débattit si vivement qu’elle réussit à se dégager en soulevant un nuage <strong>de</strong> plumes<br />

ensanglantées. Tous les oiseaux se moquaient d’elle tant et si bien que la pauvre grue<br />

décida sur le champ <strong>de</strong> quitter les lieux et <strong>de</strong> partir le plus loin possible pour échapper<br />

aux railleries <strong>de</strong> sa communauté. Elle filait ainsi vers le sud quand elle rencontra une<br />

amie sur sa route. Cette amie lui <strong>de</strong>manda où elle allait ainsi, les plumes ébouriffées et<br />

l’allure toute déglinguée. Alors la grue lui raconta sa mésaventure et surtout comment<br />

elle s’était couverte <strong>de</strong> ridicule par sa pitoyable tentative d’éviction du faucon. Son amie,<br />

une mouette, lui dit alors: «Mais as-tu réalisé que tu transportes dans ta fuite, l’objet<br />

même <strong>de</strong> ta déroute, ce long bec? Comme il ne t’est pas possible <strong>de</strong> t’en défaire, retourne<br />

donc dans ta communauté et fais-toi oublier en tirant leçon <strong>de</strong> cette tentative farfelue!»<br />

La grue rentra au pays en se méfiant davantage <strong>de</strong> sa cervelle d’oiseau. (D’après une<br />

fable <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong> France)<br />

La sagesse nous apprend à assumer nos fragilités, nos limites. Elle nous apprend<br />

également à être fidèles à notre être, à nos capacités. Il serait tellement facile <strong>de</strong> fuir notre<br />

réalité et <strong>de</strong> se projeter ailleurs en nous rendant vulnérables. Cela me rappelle cette<br />

histoire d’une dame qui nourrissait soigneusement sa poule avec le meilleur grain<br />

possible. Mais la poule continuait malgré tout à picorer un peu partout pour trouver sa<br />

pitance et surtout, pour résister à la tentation facile <strong>de</strong> faire reposer sur les autres sa<br />

survie. Elle <strong>de</strong>meurait fidèle à son être. Mais comment <strong>de</strong>meurer fidèle à son être quand<br />

les tentations <strong>de</strong>s fausses gloires se font nombreuses et séduisantes. Comment trouver sa<br />

plénitu<strong>de</strong> en ne se laissant pas séduire par <strong>de</strong>s faux-paradis? Assumer sa finitu<strong>de</strong>, sa<br />

précarité pour transformer les souffrances et les épreuves en tremplin vers cette quête <strong>de</strong><br />

plénitu<strong>de</strong>, voilà ce défi que refusait d’assumer cet arpenteur ivre qui accusait sa perche <strong>de</strong><br />

lui fournir <strong>de</strong>s données erronées. C’est alors que la perche dit à cet arpenteur chancelant:<br />

«Tu as tort, ce n’est pas moi qu’il faut blâmer, ce n’est pas moi qui me suis trompée!<br />

Mais cet homme en place fait-il une faute, il la rejette sur quelque autre et il s’en prend à<br />

lui!» Cette histoire nous rappelle bien la nécessaire sagesse d’assumer nos joies et nos<br />

peines, nos réussites et nos échecs. Il est sage d’assumer dans sa vie les choses qu’on ne<br />

peut changer, <strong>de</strong> changer dans nos vies les choses qui nous sont possibles et la sagesse <strong>de</strong><br />

réaliser la différence. Cette prière que prononcent les personnes qui cheminent dans <strong>de</strong>s<br />

groupes <strong>de</strong> soutien en désintoxication résume en quelques mots ce merveilleux projet <strong>de</strong><br />

libération dans lequel elles évoluent à travers les conquêtes et les rechutes.


On raconte qu’un jour les oiseaux <strong>de</strong> la forêt s’étaient réunis pour s’élire un roi. Alors<br />

qu’ils étaient tous réunis dans le grand chêne à l’orée <strong>de</strong>s bois, ils entendirent un coucou<br />

qui chantait à quelques mètres <strong>de</strong> là. Ravis par la beauté <strong>de</strong> son chant, impulsivement ces<br />

oiseaux voulurent le choisir comme roi. L’aigle qui pensait <strong>de</strong>voir tenir d’office ce rôle<br />

princier émit alors <strong>de</strong> vives réserves. Les oiseaux se mirent à piailler encore plus fort et<br />

l’assemblée <strong>de</strong>vint houleuse. Une mésange alors se proposa pour aller voir <strong>de</strong> plus près<br />

cet oiseau charmeur. Comme la mésange a une réputation d’oiseau sage et discret,<br />

l’assemblée la chargea d’aller son<strong>de</strong>r le terrain. Ce coucou n’a pourtant pas bonne presse<br />

car il squatte les nids <strong>de</strong>s autres pour y déposer ses œufs. La mésange l’examinait <strong>de</strong> tous<br />

bords et <strong>de</strong> tous côtés et elle en vint à se percher au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> lui pour voir comment il<br />

réagirait si elle échappait par hasard au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> sa tête un petit quelque chose. Si tôt dit,<br />

si tôt fait! Le coucou se secoua la tête et resta <strong>de</strong> glace. À son retour, la mésange raconta<br />

en détails tout ce qui s’était passé et l’assemblée en vint à la conclusion qu’il vaudrait<br />

mieux élire comme roi quelqu’un qui a du panache, du pouvoir, <strong>de</strong> la puissance et du<br />

prestige. C’est alors que l’assemblée appela l’aigle à tenir ce rôle du roi. ( D’après une<br />

fable <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong> France)<br />

Rappelons-nous ces paroles <strong>de</strong> l’Évangile: «Vous le savez ceux qu’on regar<strong>de</strong> comme<br />

chefs <strong>de</strong>s nations païennes comman<strong>de</strong>nt en maître et font sentir leur pouvoir. Parmi vous<br />

il ne doit pas en être ainsi, Celui qui veut se faire grand et puissant, qu’il se fasse <strong>de</strong>rnier<br />

et serviteur…» (Mc 10,42-43) Le prestige, la puissance, le pouvoir, l’argent… <strong>de</strong>s gloires<br />

humaines et éphémères dont les assises reposent sur l’intimidation, le taxage,<br />

l’exploitation…Refuser les fausses gloires, servir et non pas être servi: <strong>de</strong>s appels <strong>de</strong><br />

l’Évangile encore pertinents aujourd’hui! Tout en étant fidèles à la précarité <strong>de</strong> son être,<br />

nous sommes appelés par ce Dieu-Père si riche en gloire ou en plénitu<strong>de</strong> d’être à entrer<br />

dans sa joie pour rendre fort ou comblé l’homme intérieur, l’homme spirituel. (Cf<br />

Éph.3,14-21) Nous sommes promis à <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s gloires, à un grand avenir à condition<br />

d’assumer notre précarité humaine et <strong>de</strong> la transformer en tremplin vers la plénitu<strong>de</strong>. Cela<br />

me rappelle cette histoire d’un moine qui voulait apprendre à parler à ce loup qu’il avait<br />

apprivoisé sinon détourné <strong>de</strong> sa véritable condition d’être. Le moine s’acharnait à lui<br />

montrer l’alphabet et le langage. Mais le loup n’arrivait qu’à prononcer péniblement un<br />

pauvre mot. Toujours le même! «Ouooooh!» Ce loup <strong>de</strong>meurait fidèle à la vérité <strong>de</strong> son<br />

être! Le serons-nous tout autant en accueillant en nous cet appel à la plénitu<strong>de</strong> que nous<br />

fait entendre le Dieu-Père si riche en gloire?<br />

-Pierre-Gervais Majeau ptre-curé, diocèse <strong>de</strong> <strong>Joliette</strong>, QC.

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