Revue-Ro-4
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prénom il n’est guère attesté mais reprend la tradition espagnole de donner des prénoms à forte connotation religieuse aux enfants et plus spécialement aux filles : Asunción (assomption), Rosario (rosaire), Martirio (martyre)… parmi tant d’autres. Si la souffrance et la mort d’un être jeune est le dénominateur commun aux deux films, Fesser déclare enquêter sur les sentiments qui animent les membres de l’Opus Dei dans leur recherche du bonheur et essaie de comprendre ce « qu’est offrir la douleur ou comment accepter que le malheur est le fruit et le signal de l’amour de Dieu » 11 , c’est pourquoi il définit son film ainsi : Camino veut être une histoire objective, sans préjudices ni stéréotypes. Un film qui montre la réalité sans la juger. Presque une radiographie. C’est pourquoi elle se permet justement le luxe d’être claire, directe et contondante. C’est là la différence fondamentale des deux films, l’un va à la découverte de Dieu, d’une façon libre et détachée, semble-t-il, de tout enseignement théologique voire dogmatique, alors que l’autre part à la recherche de Dieu dans un cadre institutionnel, le film se voulant presque un documentaire; les enfants dans leur fantaisie vont traduire leur propre recherche du bonheur dans ces deux environnements. Le religieux dans les personnages Dans les deux films, le réalisateur prend clairement le parti de dépeindre le monde à partir de l’optique personnelle de l’enfant, ainsi le monde de l’enfance est-il évoqué à travers les compagnons d’école et de jeux, tous sains dans Camino et guérissables dans Oscar, éloignés de toute inquiétude métaphysique, isolant Camino et Oscar dans leur singularité. Le personnel hospitalier sert de toile de fond à l’histoire. C’est le monde lointain et froid des adultes et des règlements dont les médecins sont la figure humaine. Malgré les efforts déployés, leur science est limitée. La joute exclusivement masculine que se livrent les médecins et Dieu est truquée dès le départ, car le spectateur connaît d’avance l’issue de la bataille. Les médecins doivent se rendre à l’évidence, ils sont impuissants, pourtant « ils font tout ce qu’ils la porte et resserré le chemin qui mène à la vie ! et il y en a peu qui le trouvent » Mathieu 7,13, 14 et Mathieu 22,16 etc. 11 http://www.caminolapelicula.es/proyecto.html 86
peuvent », est-il dit dans Camino. « Vous n’êtes pas Dieu, seulement un réparateur », dit Rose au Dr. Dusseldorf dans les dernières scènes d’Oscar. Dieu seul peut faire des miracles, une leçon d’humilité pour le corps médical. Dans le monde des adultes, le divin et le terrestre sont irrémédiablement séparés, le seul trait d’union dans le christianisme étant le prêtre. Presque absent dans Oscar, où il ne fait qu’une première et furtive apparition dans la chapelle, sa présence ne se justifiant que pour rappeler que l’église est vive et non désaffectée, quant à son rôle lors de l’enterrement il dépasse la fonction purement sociologique et reprend une allure plus symbolique. Par contre, il est omniprésent dans Camino, à travers plusieurs personnages. D’abord l’ombre de Josemaria Escrivá de Balaguer plane sur une grande partie du film, à travers les membres de la Obra et sa statue grandeur nature honorée dans la chapelle de l’hôpital de Navarre, ensuite Don Miguel Ángel et Don Luis, deux prêtres, influents guides spirituels de Gloria. Toute l’autorité qui leur est accordée et le respect dû sont déjà notifiés dans le titre de civilité « Don » qui précède leur prénom et qui n’est plus guère utilisé dans la société espagnole si ce n’est que rarement pour des ecclésiastiques. Ce titre s’utilisait autrefois pour différencier les personnes d’origine noble du commun. Dans le film, ces deux prêtres sont la partie visible de l’Eglise et lui impriment son style, celui d’une Eglise temporelle traditionnelle et militante où toutes les forces sont requises pour le triomphe de celle-ci au sein de la société. La tradition se fait patente dans les détails comme celui pour les femmes de l’Opus Dei d’assister à la messe à travers une fenêtre, un mur les séparant de l’officiant et des participants masculins. On retrouve cette Eglise dans l’enseignement qui est entre les mains de l’Opus Dei afin de former les jeunes esprits aux valeurs de sacrifice, de détachement du monde car « Dieu seul suffit » dit la maîtresse des novices à Nuria, la numéraire, sœur de Camino. Toutes les activités sont bonnes, même les cours de cuisine, pour rappeler aux fillettes les vertus de la vocation. Reste le financement de l’appareil, qui passe en partie par les dons que font régulièrement les particuliers comme ceux de la tante de Camino pour que tout l’éclat et la puissance de l’Opus se manifeste dans le grand et moderne hôpital de Navarre, où travaillent les plus grands spécialistes en médecine. Tout cela existe effectivement dans l’Espagne du XXIe siècle. Si la foi baigne les deux films, son antonyme le doute, voire l’agnosticisme se doit d’être aussi présent dans l’entourage le plus proche, la famille, lui donnant ainsi plus de poids. Dans Camino, José, le père a une attitude totalement opposée à celle de sa femme, dont l’attitude est qualifiée 87
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peuvent », est-il dit dans Camino. « Vous n’êtes pas Dieu, seulement un<br />
réparateur », dit <strong>Ro</strong>se au Dr. Dusseldorf dans les dernières scènes d’Oscar.<br />
Dieu seul peut faire des miracles, une leçon d’humilité pour le corps médical.<br />
Dans le monde des adultes, le divin et le terrestre sont irrémédiablement<br />
séparés, le seul trait d’union dans le christianisme étant le prêtre. Presque<br />
absent dans Oscar, où il ne fait qu’une première et furtive apparition dans la<br />
chapelle, sa présence ne se justifiant que pour rappeler que l’église est vive et<br />
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purement sociologique et reprend une allure plus symbolique. Par contre, il est<br />
omniprésent dans Camino, à travers plusieurs personnages. D’abord l’ombre<br />
de Josemaria Escrivá de Balaguer plane sur une grande partie du film, à<br />
travers les membres de la Obra et sa statue grandeur nature honorée dans la<br />
chapelle de l’hôpital de Navarre, ensuite Don Miguel Ángel et Don Luis, deux<br />
prêtres, influents guides spirituels de Gloria. Toute l’autorité qui leur est<br />
accordée et le respect dû sont déjà notifiés dans le titre de civilité « Don » qui<br />
précède leur prénom et qui n’est plus guère utilisé dans la société espagnole<br />
si ce n’est que rarement pour des ecclésiastiques. Ce titre s’utilisait autrefois<br />
pour différencier les personnes d’origine noble du commun. Dans le film, ces<br />
deux prêtres sont la partie visible de l’Eglise et lui impriment son style, celui<br />
d’une Eglise temporelle traditionnelle et militante où toutes les forces sont<br />
requises pour le triomphe de celle-ci au sein de la société. La tradition se fait<br />
patente dans les détails comme celui pour les femmes de l’Opus Dei<br />
d’assister à la messe à travers une fenêtre, un mur les séparant de l’officiant<br />
et des participants masculins. On retrouve cette Eglise dans l’enseignement<br />
qui est entre les mains de l’Opus Dei afin de former les jeunes esprits aux<br />
valeurs de sacrifice, de détachement du monde car « Dieu seul suffit » dit la<br />
maîtresse des novices à Nuria, la numéraire, sœur de Camino. Toutes les<br />
activités sont bonnes, même les cours de cuisine, pour rappeler aux fillettes<br />
les vertus de la vocation. Reste le financement de l’appareil, qui passe en<br />
partie par les dons que font régulièrement les particuliers comme ceux de la<br />
tante de Camino pour que tout l’éclat et la puissance de l’Opus se manifeste<br />
dans le grand et moderne hôpital de Navarre, où travaillent les plus grands<br />
spécialistes en médecine. Tout cela existe effectivement dans l’Espagne du<br />
XXIe siècle.<br />
Si la foi baigne les deux films, son antonyme le doute, voire<br />
l’agnosticisme se doit d’être aussi présent dans l’entourage le plus proche, la<br />
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attitude totalement opposée à celle de sa femme, dont l’attitude est qualifiée<br />
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