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Revue-Ro-4

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Zarathoustra nommait les paroles poétiques manthras, c’est-à-dire « paroles<br />

qui éveillent la pensée ». Il s’était d’ailleurs lui-même surnommé le Manthran,<br />

l’« enseignant des paroles qui éveillent la pensée », et ces mots nous<br />

renvoient évidemment à l’idée correspondante dans l’hindouisme, du mantra,<br />

parole « sacrée, qui condense sous une forme sonore, la divinité qu’elle<br />

invoque » et « expression verbale de l’expérience métaphysique de l’unité de<br />

l’Etre », où se réalise une « théorie cosmologique de la primordialité du son »<br />

qui amène dans un « Lieu » de « Proximité » mystique avec Dieu, aussi à<br />

travers la symbolisation, par la qualité ésotérique des lettres, du divin. 9<br />

L’objectif de Zarathoustra est, tout comme dans la conception<br />

hindoue, bouddhique et chrétienne, un état connoté par une conscience juste<br />

et sereine, en communion avec le Dieu qui est juge de tout étant (à) l’origine<br />

et (à) la fin de toute création, l’α et ω. Mazda signifie en effet « sagesse<br />

infinie ». Ahura Mazda signifie à peu près l’« existence qui possède la<br />

sagesse », ou l’« existence dont le fondement est basé sur la sagesse », et le<br />

mot ahura correspond au sanskrit asura, qui signifie « divinité », ou, comme<br />

l’indique Ferdowsi, poète persan du Xe siècle, « dieu de la Vie et de la<br />

Sagesse ». Il est en effet un dieu unique, qui crée sans cesse le monde, et qui<br />

« est le dieu de toute création et de tous les êtres vivants », car « il est dans<br />

tout ce qui existe, car il est l’existence même ». 10 Les asura étaient au début<br />

considérés comme des « êtres de lumière », le s sanskrite correspondant au h<br />

avestique, ce qui représente la trace linguistique d’une évolution mythologique<br />

marquée par une guerre entre les déva et les asura et la victoire des derniers<br />

et par une interprétation du a du mot a-sura comme privatif de sura, faisant<br />

des a-sura des anti-dieux, une anti-lumière démonique. 11<br />

Il est donc nécessaire de revenir quelques pas en arrière pour<br />

comprendre les chants de Zarathoustra, dont la datation peut aujourd’hui être<br />

fixée en 1738 avant J.-C. (Zarathoustra serait donc né environ en 1778). Au<br />

début du IIe millénaire avant J.-C., les Aryens descendirent des terres du Nord<br />

pour s’installer en Europe, en Inde et en Iran (le Airyana vaejah, soit « terre<br />

des Aryens »), d’où une modification de la langue selon des variations locales<br />

qui devinrent le sanskrite, les dialectes Scythes d’Iran et d’Iraq, le pashtoun<br />

afghan et le persan. En parallèle, le polythéisme des Aryens subit une<br />

9 Barahona, António, Introdução et Glossario à Vyāsa, Poema do Senhor : Bhagavad-Guitá, Lisbonne,<br />

Assírio & Alvim, 1996, 2006, p. 35, p. 354.<br />

10 Khosro Khazai Pardis, Etude historique, op. cit., pp. 46-48.<br />

11 Bhagavadgītā, Milano, Adelphi, 1976, p. 92.<br />

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