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Revue-Ro-4

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nom Zarathoustra signifie « étoile dorée brillante ». 4<br />

D’après Eliade, « pour ceux qui ont une expérience religieuse, la<br />

Nature tout entière est susceptible de se révéler en tant que sacralité<br />

cosmique. Le cosmos dans sa totalité peut devenir une hiérophanie. » Il y a<br />

une hiérophanie là où « quelque chose de sacré se montre à nous » et nous<br />

conduit à une révélation de Dieu, et à une participation à la réalité. D’ailleurs,<br />

« l’homme religieux désire profondément être », et il le fait à travers la<br />

sacralisation du temps, de l’espace, de la vie et du langage qui, surtout dans<br />

la liturgie, essaie de dire la divinité à travers un vocabulaire « analogique »,<br />

avec lequel il « peut exprimer naïvement le tremendum, ou la majestas ». Là<br />

réside la vision religieuse du monde et du langage qui a marqué toute l’histoire<br />

humaine jusqu’au cosmos désacralisé, profané d’aujourd’hui. 5<br />

Nous sommes en effet, depuis le XVIII e siècle, à cause de ce que<br />

Guénon définit comme une parodie, la « contre-initiation », avec sa « contrehiérarchie<br />

», face à un monde où tout apparaît de plus en plus artificieux et<br />

falsifié, dominé par l’affirmation du modèle matérialiste et rationaliste à travers<br />

une subversion fondée sur le pragmatisme et le progrès, sur l’ordre inférieur<br />

de la multiplicité et de la quantité qui remplace celui de l’unité et de la qualité,<br />

en expurgeant tout rituel et tout symbole ayant une véritable vie et tradition,<br />

tout en instaurant une mythologie et une eschatologie de type kabbaliste et<br />

messianique, comme celle du marxisme, avec l’excuse d’une mission<br />

civilisatrice, et qui n’est pas du tout, comme écrit Guénon, l’œuvre d’un monde<br />

chrétien. 6<br />

C’est dans ce cadre culturel, certes marqué aussi par un débat sur le<br />

laïcisme et les religions et sur les rapports entre les religions elles-mêmes,<br />

que nous présentons les Gathas de Zarathoustra, dont une nouvelle version<br />

est apparue en 2011 dans le panorama français, et qui n’a pu que susciter en<br />

nous une série de réflexions, en particulier en relation avec trois questions qui<br />

nous paraissent fondamentales : 1) celle de la parole et de la divinité, c’est-àdire<br />

la révélation du Verbe, un symbole commun à toutes les traditions ; 2)<br />

celle de leur restitution à travers la traduction d’une langue qui est sacrée vers<br />

4 Khosro Khazai Pardis, Etude historique, in Les Gathas : Le livre sublime de Zarathoustra, Paris, Albin<br />

Michel, 2011, p. 40.<br />

5 Ivi, pp. 16-19.<br />

6 Cf. Mircea Eliade, Le sacré et le profane, op. cit., pp. 171-181 ; René Guénon, La crise du monde<br />

moderne, Paris, Gallimard, 1946, p. 181 et pp. 165-166 ; René Guénon, Le règne de la quantité et les<br />

signes des temps, Paris, Gallimard, 1945.<br />

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