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Revue-Ro-4

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Pour conclure, Pierre Glaudes constate que la formule de Larbaud est correcte,<br />

car l’écriture de Mirbeau est « une forme bigarrée, échappant à toute<br />

codification, qui mêle, dans sa reconfiguration du réel, la gravité et la fantaisie,<br />

le récit et le discours, les artifices de la fiction et le souci de dire vrai » (p. 110).<br />

« Le dernier mot de l’arlequin : de l’effet-journal à l’objet-recueil » de<br />

Marie-Eve Thérenty s’applique à démontrer à quel point Mirbeau participe de<br />

ce régime général de l’époque, où l’hybridation des textes journalistiques et<br />

fictionnels s’accentuait. Portant sur les recueils Lettres de ma chaumière (1885,<br />

référence explicite à Lettres de mon moulin, d’Alphonse Daudet, 1869) et Les<br />

Vingt-et-un Jours d’un neurasthénique (1901), la réflexion de cette étude prend<br />

en compte l’évolution du style, de la narration, de la thématique, dans une<br />

« invention incessante du je ».<br />

Deux autres articles de ce dense numéro 64 de la revue Littératures<br />

ont comme point de mire le côté éthique chez Mirbeau : « Honneur de la<br />

presse et honneur du livre : une éthique de la littérature » et « Mirbeau :<br />

éthiques de l’écriture ». Dans le premier, Marie-Françoise Melmoux-Montaubin<br />

expose les principes esthétiques guidant la poétique de Mirbeau, tout en<br />

soulignant la « crise du journalisme », la « critique de la critique », la « question<br />

sociale », la question de la « nature » chez cet auteur. Le second donne à<br />

Eléonore Reverzy l’occasion de détecter la part affective de la réflexion critique<br />

et les lignes de force de l’écriture mirbellienne.<br />

La relation qui s’instaure entre l’œuvre de Mirbeau et trois de ses<br />

illustrateurs constitue le principal axe de l’article « Les œuvres d’Octave<br />

Mirbeau illustrées par Raffaëlli, <strong>Ro</strong>din et Bonnard », de Clément Siberchiot.<br />

Sous-intitulant sa recherche « Trois moments de l’esthétique et du goût<br />

mirbelliens », l’auteur constate que ces collaborations successives (menant à la<br />

création de livres d’artistes, concept lancé à l’époque) marquent également<br />

trois étapes dans l’évolution de l’esthétique mirbellienne : avec Raffaëlli,<br />

« naturalisme tempéré contre satire exaspérée » (p. 158) ; « la voluptueuse<br />

autonomie », avec <strong>Ro</strong>din (p. 161) ; enfin, « familiarité et sensation » dans la<br />

collaboration avec Bonnard, qui a illustré La 628-E8 (p. 163).<br />

« Le théâtre contre la charité. Octave Mirbeau, Eugène Brieux,<br />

Bernard Shaw » de Guy Ducrey propose une lecture de trois auteurs ayant en<br />

commun la critique de la philanthropie comme institution. À côté de Brieux (Les<br />

Bienfaiteurs, 1896), de Shaw (La Commandante Barbara, 1905), Mirbeau<br />

dénonce la « vérité cruelle » de la charité non seulement dans ses articles de<br />

presse, mais aussi dans Le Foyer (1908). « Démontage sans merci d’une<br />

œuvre prétendument sociale », cette pièce, même si elle n’est pas la plus<br />

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