Revue-Ro-4

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13.04.2014 Views

Revue ReCHERches Culture et Histoire dans l’Espace Roman 07, Cultures et arts, Roumanie, Bulgarie, sous la direction d’Hélène Lenz et de Lidiya Mihova, Université de Strasbourg, automne 2011, 386 pages Elena Mihaela ANDREI 1 Le septième numéro de la revue scientifique ReCHERches, paru sous l’égide du laboratoire CHER et des Départements d’Etudes Slaves et d’Etudes Roumaines de l’Université Marc Bloch de Strasbourg, dirigé par deux véritables exégètes, Lidiya Mihova, respectivement Hélène Lenz, continue la série des travaux de recherche sérieux et approfondis unanimement salués par les critiques avisés du monde entier. Les études de ce numéro entretiennent un vrai dialogue non seulement avec les articles du numéro précédent de la revue, mais aussi avec les études actuelles traitant des perspectives variées sur la condition de vie des Rroms, leur statut d’émigrés, leur éducation et leur culture. D’une perspective plus large, les études du volume en discussion s’inscrivent dans le domaine des études sur l’orientalisme ou sur le balkanisme, dont les auteurs de référence restent Edward Saïd, Maria Todorova et Lary Wolf. L’ouvrage sur lequel on se penche s’intéresse à « l’espace roman », plus précisément, à l’histoire et à la culture de deux pays francophones- la Bulgarie et la Roumanie - dont les aspects communs de l’histoire, à savoir la francophonie, l’émigration, la chute du régime communiste et leur reprise à l’époque postcommuniste ou l’intégration dans l’Union Européenne ont rendu possible le rassemblement de leurs cultures dans un espace homogène d’étude. Ensuite, la proximité géographique de ces deux pays de l’Est a, sans doute, facilité des échanges et des interférences culturels entre eux et aussi des emprunts réciproques de traditions ethniques, religieuses et littéraires. La présentation des travaux qui constituent cette revue s’articule autour de deux grands axes : Rroms d’Est en Ouest, respectivement L’éclairage des arts, littératures bariolées. Dès lors, on commence par une 1 Université « Alexandru Ioan Cuza », Iaşi, Roumanie. 408

première partie de la revue qui fait suite, en grande mesure, à un colloque tenu en juin 2009, portant sur les Incidences culturelles de l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’Union Européenne. La plupart des contributions des chercheurs et doctorants participant à ce colloque qui font donc possible la naissance de ce numéro 7 des ReCHERches… nous invitent à découvrir et à comprendre mieux l’histoire et la culture des minorités des Rroms bulgares et roumains. Des spécialistes de la linguistique et de la sociolinguistique (Marcel Courthiade, Iossif Nounev, et Hueorgui L. Armianov), de l’histoire sociale (Krasimira Aleksova, Stephan Altasserre, Svetla Moussakova), de la littérature comparée (Kléo Protochristova, Cécile Kovacshazy), de l’histoire des mentalités (Xavier Rothéa), de la philosophie de l'éducation (Lucia Wood-Presber) ou de la musicologie marginale (Beat Foellmi) nous ouvrent la voie vers la rencontre de ces deux espaces dont l’histoire et la culture s’avèrent être plus riches et plus profondes que les stéréotypes négatifs utilisés dans les discours journalistiques occidentaux et tissés souvent autour d’une sorte de « mythologie fantasmée », d’imagination ou d’invention de l’Europe de l’Est. L’article qui ouvre la série d’études réunies dans ce numéro, et qui s’étend sur plus de 50 pages, consacre une large analyse de la presse britannique traitant de la condition de l’émigré Rrom dans les pays occidentaux, particulièrement en Grande Bretagne, Irlande et Ecosse. A partir d’un choix de journaux britanniques prestigieux, l’auteure vise à présenter divers points de vue médiatiques concernant le statut du Rrom et à questionner surtout les stéréotypes discriminatoires collés à cette « minorité balkanique » soit-elle roumaine ou bulgare. Les études suivantes, qui relèvent des aspects variés de ces « minorités anciennes », de leur histoire, de leurs structures sociologiques et mentales, de leur langue et de leur culture cherchent à dépasser les définitions réductionnistes et peu révélatrices, regroupées dans diverses catégories formulées par rapport à la vie du Rrom, à son statut d’émigré, d’exilé ou de victime des discriminations et des obstructions institutionnelles. Même si le Rrom est décrit comme un « condamné » qui ne peut pas échapper à son statut de paria, au risque de perdre son identité et aussi à la vision majoritairement négative, les auteurs ont le grand mérite de contrecarrer la « mythologie entretenue sur les pays d’Europe de l’Est », de démonter les clichés des discours médiatiques nés, à leur avis, d’une recherche moins approfondie sur la culture des minorités et de valoriser ainsi l’ethnonyme tzigane « richement présent dans l’histoire de la littérature, des 409

première partie de la revue qui fait suite, en grande mesure, à un colloque<br />

tenu en juin 2009, portant sur les Incidences culturelles de l’entrée de la<br />

<strong>Ro</strong>umanie et de la Bulgarie dans l’Union Européenne. La plupart des<br />

contributions des chercheurs et doctorants participant à ce colloque qui font<br />

donc possible la naissance de ce numéro 7 des ReCHERches… nous invitent<br />

à découvrir et à comprendre mieux l’histoire et la culture des minorités des<br />

Rroms bulgares et roumains. Des spécialistes de la linguistique et de la<br />

sociolinguistique (Marcel Courthiade, Iossif Nounev, et Hueorgui L. Armianov),<br />

de l’histoire sociale (Krasimira Aleksova, Stephan Altasserre, Svetla<br />

Moussakova), de la littérature comparée (Kléo Protochristova, Cécile<br />

Kovacshazy), de l’histoire des mentalités (Xavier <strong>Ro</strong>théa), de la philosophie de<br />

l'éducation (Lucia Wood-Presber) ou de la musicologie marginale (Beat<br />

Foellmi) nous ouvrent la voie vers la rencontre de ces deux espaces dont<br />

l’histoire et la culture s’avèrent être plus riches et plus profondes que les<br />

stéréotypes négatifs utilisés dans les discours journalistiques occidentaux et<br />

tissés souvent autour d’une sorte de « mythologie fantasmée », d’imagination<br />

ou d’invention de l’Europe de l’Est.<br />

L’article qui ouvre la série d’études réunies dans ce numéro, et qui<br />

s’étend sur plus de 50 pages, consacre une large analyse de la presse<br />

britannique traitant de la condition de l’émigré Rrom dans les pays<br />

occidentaux, particulièrement en Grande Bretagne, Irlande et Ecosse. A partir<br />

d’un choix de journaux britanniques prestigieux, l’auteure vise à présenter<br />

divers points de vue médiatiques concernant le statut du Rrom et à<br />

questionner surtout les stéréotypes discriminatoires collés à cette « minorité<br />

balkanique » soit-elle roumaine ou bulgare.<br />

Les études suivantes, qui relèvent des aspects variés de ces<br />

« minorités anciennes », de leur histoire, de leurs structures sociologiques et<br />

mentales, de leur langue et de leur culture cherchent à dépasser les<br />

définitions réductionnistes et peu révélatrices, regroupées dans diverses<br />

catégories formulées par rapport à la vie du Rrom, à son statut d’émigré,<br />

d’exilé ou de victime des discriminations et des obstructions institutionnelles.<br />

Même si le Rrom est décrit comme un « condamné » qui ne peut pas<br />

échapper à son statut de paria, au risque de perdre son identité et aussi à la<br />

vision majoritairement négative, les auteurs ont le grand mérite de<br />

contrecarrer la « mythologie entretenue sur les pays d’Europe de l’Est », de<br />

démonter les clichés des discours médiatiques nés, à leur avis, d’une<br />

recherche moins approfondie sur la culture des minorités et de valoriser ainsi<br />

l’ethnonyme tzigane « richement présent dans l’histoire de la littérature, des<br />

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