Revue-Ro-4
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Bonshommes » 4 , après la disparition du groupe et de ses dîners, il rejoint le « Groupe des vivants » 5 . Il collabore à diverses revues : La Renaissance littéraire et artistique, La Revue des deux mondes, Le Globe, La Nouvelle revue où il fait de la critique littéraire et des chroniques. En 1885, dans ses Essais de psychologie contemporaines il développe la « théorie de la décadence » (l'esprit fin de siècle) qui lui aurait été inspiré par Barbey d'Aurevilly. À partir de 1884, il rédige ses premières nouvelles, mais aussi son premier roman : Cruelle énigme (1885), qui va le rendre célèbre grâce à ses analyses psychologiques. Parrainé par François Coppée et le Comte d'Haussonville, Paul Bourget est élu à l'Académie française en 1894 (il a 43 ans). C'est cette même année qu'il publie son roman le plus célèbre : Le Disciple (1894) qui marque son entrée dans le roman moral, ce qui était annoncé dans son précédent roman, Cosmopolis (1892). Là il développe l'idée d'un pathétique qui fait penser, dit-il, à une défense de la tradition et de l'ordre social. C'est le roman à idées qu'il va développer dans ses œuvres à venir : il s'élève contre le divorce (Un Divorce, 1938), défend les caractères raciaux (Cosmopolis, 1892), défend la vieille noblesse (L'Émigré, 1907), n'accepte l'ascension sociale que si elle se fait lentement, contrairement à celle d’un Rastignac, par exemple (L'Étape, 1902), il défend le retour au spiritualisme (Le Disciple, 1894) et aux valeurs catholiques (Le Sens de la mort, 1915). En fait, il dénonce la démocratie qui a pour effet de niveler les valeurs, les individus et les fortunes, de dresser les classes les unes contre les autres (souvenirs de la Commune), de former des individus ambitieux, arriviste, des aigris. Ces traits sont accentués par son retour au catholicisme dans sa version traditionnaliste en 1889. D'autres seront proches de lui, ayant suivi des chemins différents, mais aboutissant à la même chose : Léon Bloy (1879), Paul Claudel (1886), Joris-Karl Huysmans (1892), François Coppée (1897) et René Brunetière (1905) ou Charles Maurras qui a toujours défendu des idées catholiques et patriotiques. Ceci se traduit chez Bourget par une 4 Groupe d'artistes qui s'est formé entre 1869 et 1872 dans la mouvance parnassienne avec (pour les plus connus) Paul Verlaine, Charles Cros, Fantin-Latour, André Gil, Paul Bourget, Catulle Mendès, Théodore de Banville, Stéphan Mallarmé, Arthur Rimbaud et François Coppée. Tous faisaient partie d'une claque qui avait soutenue la pièce de Coppée : Le Passant en 1869. 5 Il s'agit du groupe des poètes zutiques (ou zutistes), opposés au Parnasse, qui se réunissaient à l'Hôtel des Étrangers au milieu du Bd St Michel à partir de 1871 ou l'on trouve : Charles Cros, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Germain Nouveau, Jean Richepin, Raoul Ponchon et Paul Bourget. Le groupe disparaîtra en 1872. 36
adhésion politique à des groupes d'extrême droite : La Ligue de la patrie française (1898), puis à L'Action française (1900). Il devient donc un antidreyfusard convaincu et adhère en 1904 à L'Entente nationale, reniant les amitiés juives de ses débuts, estimant que ses amis l'avaient trompé… mais Bourget ne participe à aucun rassemblement antidreyfusard et ne condamne pas Zola lors de sa défense de Dreyfus. Il publiera même des articles élogieux sur Zola lors du transfert de ses cendres au Panthéon. Edith Warton explique cette attitude de Bourget par l'idée que, selon lui, l'armée ne pouvait se tromper et pas à cause de son antisémitisme modéré. Bourget défend donc le « roman à thèse », le roman d'idées comme le disait Balzac, et on a vu à quoi elles correspondaient. Les personnages qu'il met en place sont emblématiques d'un aspect de la société, ils en sont les témoins agissants et tout ce qu'ils font est filtré par la morale bourgeoise et chrétienne. Comme ces personnages sont emblématiques, exemplaires et que l'exemple, pour édifier le peuple, doit venir « d'en haut », Bourget met en scène la noblesse ou la haute bourgeoisie. C'est ce que le critique Pierre de Boisdeffre reproche à Bourget : écrire des romans qui sont autant de plaidoyers en faveurs des thèses conservatrices, de la morale et des institutions, autant de romans dont la logique démonstrative est forte, mais dont les héros manquent d'imagination et de spontanéité. Il est vrai que ses personnages sont secs, abstraits, parce qu'ils ne sont que des exemples à suivre ou à ne pas suivre, ce qui est un peu stérile, manquant de spontanéité et de crédibilité. De plus, le narrateur intervient fréquemment pour expliquer au lecteur pourquoi ses personnages réagissent comme ils l'ont fait (métalepse narrative), ne lui laissant pas la possibilité d'interpréter les faits comme il les a compris. C'est aussi une façon pour Bourget de pousser le lecteur à adopter ses thèses et pour bien lui montrer qu'il a raison, il coupe son récit par des discours érudits qui s'appuient sur la thèse de Ribot touchant à la volonté et ses « maladies », les débuts de l'analyse d'après les cours de Charcot. Tout tend, dans le roman, à expliquer et à justifier la thèse initiale si bien que le « je » disparaît derrière le « nous » de majesté grâce à des épiphrases telles que : comme nous l'avons dit, comme nous le rappelons,… Dans le roman Le Disciple (1889), Bourget développe la question de la responsabilité de l'écrivain et du philosophe sur de jeunes esprits. Le philosophe Adrien Sixte est interrogé sur le jeune Robert Greslou, qui affirme être son disciple et qui est accusé d'avoir empoisonné une jeune fille. Sixte qui ne l'a vu que deux fois, le connaît à peine, pourtant la mère de Robert Greslou lui demande son aide en lui remettant un texte de son fils : Confessions d'un 37
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Bonshommes » 4 , après la disparition du groupe et de ses dîners, il rejoint le<br />
« Groupe des vivants » 5 . Il collabore à diverses revues : La Renaissance<br />
littéraire et artistique, La <strong>Revue</strong> des deux mondes, Le Globe, La Nouvelle<br />
revue où il fait de la critique littéraire et des chroniques. En 1885, dans ses<br />
Essais de psychologie contemporaines il développe la « théorie de la<br />
décadence » (l'esprit fin de siècle) qui lui aurait été inspiré par Barbey<br />
d'Aurevilly. À partir de 1884, il rédige ses premières nouvelles, mais aussi son<br />
premier roman : Cruelle énigme (1885), qui va le rendre célèbre grâce à ses<br />
analyses psychologiques. Parrainé par François Coppée et le Comte<br />
d'Haussonville, Paul Bourget est élu à l'Académie française en 1894 (il a 43<br />
ans).<br />
C'est cette même année qu'il publie son roman le plus célèbre : Le<br />
Disciple (1894) qui marque son entrée dans le roman moral, ce qui était<br />
annoncé dans son précédent roman, Cosmopolis (1892). Là il développe<br />
l'idée d'un pathétique qui fait penser, dit-il, à une défense de la tradition et de<br />
l'ordre social. C'est le roman à idées qu'il va développer dans ses œuvres à<br />
venir : il s'élève contre le divorce (Un Divorce, 1938), défend les caractères<br />
raciaux (Cosmopolis, 1892), défend la vieille noblesse (L'Émigré, 1907),<br />
n'accepte l'ascension sociale que si elle se fait lentement, contrairement à<br />
celle d’un Rastignac, par exemple (L'Étape, 1902), il défend le retour au<br />
spiritualisme (Le Disciple, 1894) et aux valeurs catholiques (Le Sens de la<br />
mort, 1915). En fait, il dénonce la démocratie qui a pour effet de niveler les<br />
valeurs, les individus et les fortunes, de dresser les classes les unes contre<br />
les autres (souvenirs de la Commune), de former des individus ambitieux,<br />
arriviste, des aigris. Ces traits sont accentués par son retour au catholicisme<br />
dans sa version traditionnaliste en 1889. D'autres seront proches de lui, ayant<br />
suivi des chemins différents, mais aboutissant à la même chose : Léon Bloy<br />
(1879), Paul Claudel (1886), Joris-Karl Huysmans (1892), François Coppée<br />
(1897) et René Brunetière (1905) ou Charles Maurras qui a toujours défendu<br />
des idées catholiques et patriotiques. Ceci se traduit chez Bourget par une<br />
4 Groupe d'artistes qui s'est formé entre 1869 et 1872 dans la mouvance parnassienne avec (pour les<br />
plus connus) Paul Verlaine, Charles Cros, Fantin-Latour, André Gil, Paul Bourget, Catulle Mendès,<br />
Théodore de Banville, Stéphan Mallarmé, Arthur Rimbaud et François Coppée. Tous faisaient partie<br />
d'une claque qui avait soutenue la pièce de Coppée : Le Passant en 1869.<br />
5 Il s'agit du groupe des poètes zutiques (ou zutistes), opposés au Parnasse, qui se réunissaient à l'Hôtel<br />
des Étrangers au milieu du Bd St Michel à partir de 1871 ou l'on trouve : Charles Cros, Arthur Rimbaud,<br />
Paul Verlaine, Germain Nouveau, Jean Richepin, Raoul Ponchon et Paul Bourget. Le groupe disparaîtra<br />
en 1872.<br />
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