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Revue-Ro-4

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elges. Il n’en est rien. De nombreuses pistes, largement exploitées par des<br />

auteurs étrangers 157 , ne séduisent pas les Belges, sans que nous ne<br />

puissions avancer d’explication satisfaisante.<br />

Quant aux romanciers, ils abordent prudemment, frileusement le<br />

thème par le biais, mineur, de la nouvelle et du conte (à l’exception du court<br />

roman de Jean Ray), comme s’ils craignaient de se lancer dans une aventure<br />

trop hasardeuse. Les sous-titres parlent d’eux-mêmes : « en marge des<br />

évangiles » chez Curvers, « en bordure des évangiles » chez Job. Les deux<br />

auteurs, à plus d’un demi-siècle de distance, nous donnent l’occasion d’entrer<br />

dans l’intimité de Judas et de le traiter bien familièrement. Ou bien le genre de<br />

la B.D. chez les continuateurs de Jacobs interdit-il trop d’entorses à la<br />

légende, simple prétexte à l’aventure de héros modernes (mais légèrement<br />

rétros) auxquels un public (composé d’enfants mais aussi d’adultes) reste<br />

fidèle. Ou encore la référence à Judas se définit-elle, chez Françoise Lison-<br />

Leroy, en idiosyncrasie avec les légendes locales dans « Les Brins de<br />

Judas ».<br />

Encore n’avons-nous retenu que les textes où au moins l’un des<br />

éléments constitutifs permettait d’établir le lien avec la Bible et de décider qu’il<br />

s’agissait d’une réécriture du thème. L’acte fondateur : trahison d’un ami, d’un<br />

proche très intime ; les causes : cupidité, présence du Mal, manque de foi,<br />

etc. ; la fonction du personnage : il tient la bourse, distribue l’argent aux<br />

pauvres, assume le rôle de « comptable » ; l’épisode du parfum, les trois cents<br />

deniers gaspillés ; le prix de la trahison (trente deniers) ; le baiser qui désigne<br />

la victime ou le signe qui marque le traître ; la fin, le suicide, les entrailles<br />

répandues.<br />

Si Vidal, Laval et Lefèvre se limitent au traître avide de la tradition, la<br />

revitalisation est souvent présente (Doyen et Demasy). Alors que Le Crime du<br />

Sanhédrin s’inscrit purement et simplement dans le vaste ensemble des<br />

Passions « médiévales » du début du XX e siècle, Le Judas Boer constitue une<br />

œuvre bien plus personnelle, par la transposition du personnage dans le<br />

conflit anglo-boer. Demasy, lui, se distingue par le soin apporté à l’évolution<br />

psychologique du personnage, dont le public perçoit mieux la profonde<br />

désillusion. Une amorce de la déculpabilisation rencontrée chez d’autres<br />

157 Bernard Landry accorde une grande importance à la chevelure rousse de son héros (Judas et Marie-<br />

Madeleine, correspondance intime, Pantin, Le Temps des Cerises, 2001) ; Gérald Messadié s’inspire<br />

largement de l’Évangile de Judas (Judas le Bien-Aimé, Paris, J.C. Lattès, 2007), etc.<br />

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