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Revue-Ro-4

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sur le sort que Pharisiens, Prêtres, <strong>Ro</strong>mains, marchands du temple<br />

réserveront à leur « troupe de culs-de-jatte et de filles de joie » – les autorités<br />

de Jérusalem « voudront maintenir l’ordre » (p. 78) et auront raison – Judas<br />

décide de partir. Au passage, Curvers montre un Matthieu qui « écrit sur ses<br />

tablettes » mais hésite sans cesse sur les faits ou les paroles échangées<br />

parce que sa mémoire lui fait défaut. Bref, le témoin n’est pas fiable et le<br />

disciple le plus intelligent ne croit plus : « Ce serait joli, son royaume ! » (Ibid.),<br />

tout comme Alexis Curvers dont la vocation monastique n’a pas dû résister<br />

aux plaisirs de la vie amoureuse ni aux horreurs de la Guerre civile espagnole.<br />

En lisant l’œuvre romanesque curversienne, on retrouve une trace<br />

conventionnelle, certes ténue, du traître : Orfeo, personnage secondaire de<br />

Tempo di <strong>Ro</strong>ma 103 , amant de la marquise Lala Mandrolino, « faux chevalier »<br />

et « vrai gigolo 104 », est brièvement comparé à Judas. Dans les années<br />

septante cependant, Curvers, qui est revenu à la foi de son enfance, publie<br />

plusieurs « Pages de journal » dans la revue catholique traditionaliste<br />

Itinéraires, où il semble encore éprouver une certaine pitié, voire de la<br />

sympathie pour Judas : il ne reste rien de l’homme qui cesse d’aimer Dieu,<br />

écrit-il ; le Christ n’avait pas à s’adapter au monde de Judas dominé par<br />

Satan, comme le christianisme n’a pas à s’adapter au monde moderne 105 ;<br />

Jésus aurait pu dire à Judas : « Qui vous écoute m’écoute, qui vous méprise<br />

me méprise » ; mais c’est à Pierre et non à Judas que Jésus lance son<br />

« Vade retro Satanas » 106 . Comme en témoigne une lettre de Curvers du 4<br />

mars 1972, Jean Madiran, qui, à la veille du décès de Curvers republiera<br />

d’ailleurs « Le Colloque des Disciples » dans sa revue 107 , a proposé à l’auteur<br />

de collaborer à une nouvelle traduction de la Bible, preuve de ses<br />

compétences linguistico-théologiques.<br />

Un argument qui atténue la culpabilité de Judas, c’est que tous les<br />

apôtres ont renié Jésus mais que seul Judas est mort et qu’il ne peut donc se<br />

disculper ni se défendre de l’avalanche d’attaques infondées. C’est sans doute<br />

pour quoi Armel Job (°1948), dans « Judas le bien-aimé », donne directement<br />

103 Alexis Curvers, Tempo di <strong>Ro</strong>ma, Paris, <strong>Ro</strong>bert Laffont, 1957. Dernière rééd. Bruxelles, Luc Pire,<br />

« Espace Nord », 2007.<br />

104 Dominique Costermans et Christian Libens, Sur les pas de Tempo di <strong>Ro</strong>ma d’Alexis Curvers. Guidepromenade<br />

littéraire de <strong>Ro</strong>me, Avec la collaboration de Bérengère Deprez. Préface de Patrick Nothomb.<br />

Louvain-la-Neuve, Éranthis, 2007, p. 19.<br />

105 Alexis Curvers, « Pages de journal », Itinéraires, n° 158, décembre 1971, pp. 81-101.<br />

106 Ibid., n° 183, mai 1974, pp. 95-110.<br />

107 Alexis Curvers, « Le Colloque des Disciples », Itinéraires, n° 6, été 1991, pp. 95-110.<br />

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