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Revue-Ro-4

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l’allemand, à la maison, avec ses gouvernantes étrangères. Il fréquente le<br />

collègue Sainte-Barbe de Gand, et côtoie la future intelligentsia belge :<br />

<strong>Ro</strong>denbach, Verhaeren, Van Leberghe, etc. Cet enseignement jésuite, s’il ne<br />

maintient pas sa foi catholique, le conduit sur les traces des mystiques<br />

flamands, qui influenceront profondément son œuvre. L’écrivain doit<br />

également à ses enseignants son sens très précis de la langue française.<br />

En 1885, fraîchement diplômé en droit, Maeterlinck convainc son<br />

père de financer un séjour de quelques mois à Paris, afin d’étudier<br />

« l’éloquence française ». Le jeune homme peut fréquenter les premiers<br />

symbolistes français. De retour en Belgique, il lit les mystiques germaniques,<br />

se passionne pour les primitifs flamands et les préraphaélites. Il renonce à son<br />

métier d’avocat en 1889, année de la publication de son premier recueil de<br />

poèmes, Serres chaudes (à compte d’auteur, chez l’éditeur parisien de<br />

Verlaine), et de son entrée officielle en littérature. La même année, les<br />

représentations de La princesse Maleine remportent un vif succès.<br />

Maeterlinck mène désormais de front une carrière d’essayiste, de<br />

poète et de dramaturge. Ecrivain reconnu en Europe et aux Etats-Unis, il vit<br />

de sa plume, tantôt en France, tantôt en Belgique, mais de préférence dans le<br />

calme de ses propriétés, afin de se consacrer entièrement à ses travaux. Il<br />

participe activement à la vie littéraire franco-belge et obtient le prix Nobel de<br />

littérature en 1911.<br />

La critique distingue habituellement deux phases dans sa production<br />

théâtrale, un premier théâtre « statique », et un second théâtre<br />

« dynamique ». Dans le second théâtre, le personnage, surtout féminin, se<br />

rebelle contre le destin. Certes, Maeterlinck demeure obsédé par la Fatalité,<br />

mais une Fatalité intérieure à l’homme, qui peut donc l’influencer. Si l’homme<br />

n’a aucune prise sur les événements extérieurs, au moins reste-t-il maître de<br />

leur impact sur lui. Cette nouvelle orientation philosophique se concrétise par<br />

une dramaturgie plus traditionnelle, où la psychologie reprend ses droits.<br />

Juda de Kérioth 83 , une scène inédite publiée en 1929 dans la revue<br />

littéraire Les œuvres libres, s’inscrit parfaitement dans cette nouvelle<br />

dramaturgie. Au jardin de Gethsémani, dans une langue contemporaine, parfois<br />

familière, Jean reproche sa trahison à Judas. Le lecteur assiste donc aux<br />

instants de tension qui précèdent l’arrestation de Jésus. Il n’est sans doute pas<br />

83 Maurice Maeterlinck, « Juda de Kérioth, scène inédite », Les œuvres libres, recueil littéraire mensuel,<br />

vol.99, septembre 1929, pp.107-114.<br />

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