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Revue-Ro-4

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Passion, à trois reprises : en mars 1927, en février 1928 et en septembre<br />

1928. Ghelderode utilisait l’art comme catharsis 68 : le supplice du Messie lui a<br />

peut-être permis d’extérioriser son obsession de la mort.<br />

La première version de ce texte s’intitulerait Actus Tragicus, et aurait<br />

servi de base au Mystère de la Passion et à Barabbas. André Vandegans a<br />

retracé la filiation des deux œuvres 69 . Quoi qu’il en soit, Barabbas est monté à<br />

Ostende le 4 mars 1929 et à Bruxelles le 21 mars 1929. Malgré la réticence<br />

des critiques littéraires, la pièce connaît un certain succès populaire.<br />

Ghelderode date Les Femmes au tombeau de 1928, ainsi qu’en<br />

témoigne l’édition Gallimard. Néanmoins, ses agendas ne mentionnent la<br />

rédaction de la pièce qu’en 1933 et celle-ci ne paraît qu’en juin 1934 dans<br />

Tréteaux. Faut-il en conclure qu’Actus Tragicus, également à l’origine des<br />

Femmes au tombeau, daterait de 1928 ? 70<br />

Afin de respecter cette chronologie, nous suivrons donc l’évolution de<br />

Judas dans Le Mystère de la Passion (1924), Barabbas (1928), et Les<br />

Femmes au tombeau (1934).<br />

Le Mystère de la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ prend<br />

place parmi les cinq pièces pour marionnettes folkloriques, présentées comme<br />

« reconstituées d’après le spectacle des marionnettes bruxelloises ». Le texte<br />

est publié dans La Renaissance d’Occident, de novembre 1924 à janvier<br />

1925 71 , et mis en scène le 30 mars 1934 (un Vendredi Saint), par les<br />

marionnettes de Toone IV 72 . Toutefois, Vandegans démontre dès 1966<br />

l’inauthenticité de ces reconstitutions. Le Mystère n’appartient pas au<br />

patrimoine folklorique des marionnettes bruxelloises, mais constitue une<br />

création originale de Ghelderode, qui cherche, une nouvelle fois, à mystifier<br />

son public.<br />

Le rideau se lève sur une dispute entre Judas et sa femme. Le Juif et<br />

la mégère : le ton est donné. Après le spiritualisme du théâtre symboliste -<br />

songeons à L’Amante du Christ de <strong>Ro</strong>dolphe Darzens (1888)- et les pièces<br />

édifiantes, issues des milieux catholiques, Ghelderode revitalise le théâtre<br />

religieux par une critique du matérialisme bourgeois. Les multiples<br />

68 <strong>Ro</strong>land Beyen, Michel de Ghelderode, op. cit., p. 487.<br />

69 André Vandegans, « Le Mystère de la Passion et Barabbas », <strong>Revue</strong> des langues vivantes, n° 32,<br />

fasc. 6, 1966, pp. 547-566 ; Id., Aux origines de Barabbas, op. cit.<br />

70 <strong>Ro</strong>land Beyen, Michel de Ghelderode, op. cit., pp. 228-238.<br />

71 Id., p. 178.<br />

72 Id., pp. 276-277.<br />

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