Revue-Ro-4
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irréversible. Il en va de même pour la mondialisation culturelle, notion fortement sollicitée aujourd’hui, qui se veut une tentative d’homogénéisation des références culturelles, en vue de prévenir, voire de résorber les éventuels conflits. Fukuyama affirme à juste titre qu’ « il n’ y a plus d’autre modèle de développement dont on puisse attendre de meilleurs résultats ». (Fukuyama : 1999 : 78). Deuxièmement, ils reconnaissent la religion comme un facteur essentiel à l’élaboration de la marche de l’histoire. En se basant sur la définition hégeliano-marxiste de l’histoire, Fukuyama reconnaît implicitement la religion comme un appareil idéologique d’État 5 . Huntington affirme que le facteur religieux occupe une place primordiale dans les oppositions civilisationnelles. Les attentats du 11 Septembre 2001 aux États-Unis ont relancé ce que Gibbon appelle ‘‘le grand débat’’ : le choc des civilisations. Mais en réalité, la problématique de l’altérité religieuse est transhistorique. En effet, dans l’antiquité, la religion ne se distingue pas de la politique et les actes religieux ont une valeur juridique. A cette époque, le débat est orienté sur l’idée d’une vraie religion, pour montrer comment la foi religieuse peut être vécue en vérité. Au moyen âge, l’idée de pluralité de la religion s’impose. Le XVII e siècle la magnifie en ces termes : «La religion est sans contredit le premier et le plus utile frein de l’humanité. C’est le ressort de la civilisation » (Mirabeau : 1970 :192). La réflexion moderne sur la religion qui transforma l’expérience religieuse des Européens fut l’œuvre du siècle des Lumières. Au XIX e siècle, Feuerbach, dans L’essence du christianisme (1992) trouve que l’homme crée Dieu à son image. Il en déduit que le processus religieux est aliénant. C’est un processus idéologique qui déforme la réalité. La première rencontre de Marx avec l’idéologie fut celle de l’œuvre de Feuerbach. Partageant la thèse de ce dernier, Marx disait que la religion est l’opium du peuple. Dans Le Savant et le politique (1982), Max Weber affirme que le monde moderne est désenchanté parce qu’il est le théâtre d’une « lutte qui oppose les dieux des différents ordres et des différentes valeurs » (p. 84) Weber parle de ce fait de « guerre des dieux ». Au XX e siècle, l’universitaire britannique Bernard Lewis utilisa pour la première fois en 1957 l’expression « choc des civilisations » dans un article intitulé « L’orient et moi » 6 . Dans sa réflexion, l’idée de choc des 5 cf. Louis Althusser, « Idéologies et appareils idéologiques d’Etat » in Positions, Paris, Éditions Sociales, 1976. 6 cf. Le Point du 18 Avril 2005. 100
civilisations est soutenue par une analyse des ressentiments entre l’Occident dominé par une culture judéo-chrétienne et le monde islamique. Danièle Hervieu-Léger ne limite pas le débat à ces deux religions. Mais il constate avec amertume que « La perte de contrôle de la construction des identités religieuses constitue le fait majeur des trente dernières années. » (1998 :163) Cette problématique de la construction des identités religieuses est particulièrement profonde en Afrique. Car celle-ci est le réceptacle d’une multiplicité de religions. C’est le lieu de dire qu’en plus des trois grandes religions révélées, soixante-dix pour cent (70%) des religions traditionnelles sont présentes en Afrique. Sachant avec Paul Ricœur (1975) que nous n’avons pas de philosophie de l’histoire pour résoudre les problèmes de coexistence des cultures, et avec Claude Lévi-Strauss (1962) que ‘‘l’ethnocentrisme culturel’’ est le propre de toute civilisation, nous pouvons soutenir que la question de l’aliénation est au cœur de la construction de l’identité religieuse africaine. Car « Il y a aliénation de l’identité tout d’abord si une identité constituée existe par elle-même puis, ensuite, si un système extérieur intervient sur elle pour tenter de la modifier » (Mucchielli, 1986 :110). En d’autres termes, l’Africain est le lieu d’une double personnalité religieuse. Il est extérieur aussi bien à la religion africaine originelle qu’aux religions étrangères. L’individu problématique né de ce processus est le foyer de nombreuses dissonances observables au niveau individuel, interindividuel, et interracial. Art de la représentation, la littérature est un moyen privilégié d’expression des valeurs culturelles et civilisatrices. Elle pose constamment et résout bien souvent quelques-unes des questions touchant à l’identité religieuse. Elle se veut une vaste enquête anthropologique. De ce point de vue, elle peut être considérée comme une science humaine. Aussi peut-on dire que la problématique de l’altérité religieuse est au cœur de la littérature en général, africaine en particulier. Boubacar Diallo Daouda (2005) corrobore nos propos en ces termes : « La religion reste au premier plan des repères sociaux où le roman puise ses ressources matérielles et esthétiques » 7 . L’avenir des religions africaines restant incertain, les questions suivantes s’imposent : Comment assurer la survivance identitaire des religions minoritaires africaines ? Comment les Africains de langue française 7 cf. «La contemplation des dieux animistes dans les romans du sud » sur le site http/étudesafricaines.revues.org/134, consulté le 9 Février 2012. 101
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irréversible. Il en va de même pour la mondialisation culturelle, notion<br />
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conflits. Fukuyama affirme à juste titre qu’ « il n’ y a plus d’autre modèle de<br />
développement dont on puisse attendre de meilleurs résultats ». (Fukuyama :<br />
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essentiel à l’élaboration de la marche de l’histoire. En se basant sur la<br />
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civilisationnelles.<br />
Les attentats du 11 Septembre 2001 aux États-Unis ont relancé ce<br />
que Gibbon appelle ‘‘le grand débat’’ : le choc des civilisations. Mais en réalité,<br />
la problématique de l’altérité religieuse est transhistorique. En effet, dans<br />
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ont une valeur juridique. A cette époque, le débat est orienté sur l’idée d’une<br />
vraie religion, pour montrer comment la foi religieuse peut être vécue en<br />
vérité. Au moyen âge, l’idée de pluralité de la religion s’impose. Le XVII e siècle<br />
la magnifie en ces termes : «La religion est sans contredit le premier et le plus<br />
utile frein de l’humanité. C’est le ressort de la civilisation » (Mirabeau :<br />
1970 :192). La réflexion moderne sur la religion qui transforma l’expérience<br />
religieuse des Européens fut l’œuvre du siècle des Lumières. Au XIX e siècle,<br />
Feuerbach, dans L’essence du christianisme (1992) trouve que l’homme crée<br />
Dieu à son image. Il en déduit que le processus religieux est aliénant. C’est un<br />
processus idéologique qui déforme la réalité. La première rencontre de Marx<br />
avec l’idéologie fut celle de l’œuvre de Feuerbach. Partageant la thèse de ce<br />
dernier, Marx disait que la religion est l’opium du peuple. Dans Le Savant et le<br />
politique (1982), Max Weber affirme que le monde moderne est désenchanté<br />
parce qu’il est le théâtre d’une « lutte qui oppose les dieux des différents<br />
ordres et des différentes valeurs » (p. 84) Weber parle de ce fait de « guerre<br />
des dieux ». Au XX e siècle, l’universitaire britannique Bernard Lewis utilisa<br />
pour la première fois en 1957 l’expression « choc des civilisations » dans un<br />
article intitulé « L’orient et moi » 6 . Dans sa réflexion, l’idée de choc des<br />
5 cf. Louis Althusser, « Idéologies et appareils idéologiques d’Etat » in Positions, Paris, Éditions Sociales,<br />
1976.<br />
6 cf. Le Point du 18 Avril 2005.<br />
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