533 textes.indd - Tribune Bulletin Côte d'Azur

Collectivités
Beaulieu : faut-il classer
la Baie des Fourmis ?
Une vive polémique oppose le maire au premier vice-président du Conseil régional. Explications.
Petit récapitulatif des faits : le
1er avril, Patrick Allemand,
premier vice-président du
Conseil régional et conseiller
communautaire, adressait un
courrier au Préfet et à Jean-
Louis Borloo en tant que président de
la commission supérieure des sites,
pour réclamer une procédure de
classement de l’ensemble de la Baie
des Fourmis, allant de l’Hôtel Royal
Riviera à l’Hôtel Métropole, et englobant
au passage le casino, la Rotonde,
la Villa Kerylos et la résidence Eiffel,
constructions, promenade et jardins
compris. Le site abrite déjà deux bâtiments
inscrits comme monuments
historiques : la Villa Kerylos et la
Rotonde de l'hôtel Bristol.
«C’est l’un des derniers témoignages
urbains, quasiment intact,
du fastueux passé de la Côte d’Azur.
Il s’agit d’éviter l’irréparable avec
la démolition de l’Hôtel Métropole
et du domaine de la Villa Eiffel par
leurs nouveaux acquéreurs. Je crains
l’amorce d’une opération spéculative
avec destruction d’un patrimoine
exceptionnel.» La Villa Eiffel, à l’architecture
florentine, a été cédée par
la Caisse de retraite des cadres à un
groupe américano-russe propriétaire
du Grand Hôtel du Cap-Ferrat, qui
souhaite y réaliser un 5 étoiles. Le
Métropole, acquis par l’investisseur
anglais Meridian Securities, fait aussi
l’objet d’un projet de reconstruction.
Entre Robert Roux et Patrick Allemand, le torchon brûle. L'un évoquant un prestigieux
passé à préserver, l'autre invoquant un présent économiquement préoccupant.
Une démarche qui hérisse
Robert Roux, maire de Beaulieu:
«Nous nous battons pour faire
rouvrir le Métropole, c’est très important
pour notre activité touristique.
Deux ministères ont été consultés
sur l’état du bâtiment. Après études,
ils conviennent que l’édifice a été plusieurs
fois remanié, et qu’il ne présente
aucun caractère exceptionnel.
Sa dégradation est telle qu’une reconstruction
est nécessaire. Bien sûr, nous
restons vigilants sur la volumétrie et le
style. Le groupe anglais qui l’a acquis
en est conscient, et devrait déposer un
permis de construire après aval des
architectes des Bâtiments de France. Je
suis inquiet car une précédente intervention
de Patrick Allemand en conseil
communautaire nous a déjà fait perdre
un an sur ce dossier. Je lui ai d’ailleurs
proposé de venir constater sur place la
situation. Il a oublié semble-t-il de se
déplacer».
Le maire de Beaulieu met en avant
ses efforts pour la rénovation de la
Rotonde (2000 m²), œuvre de l’architecte
danois Georg Tersling, dont
la gestion a été confiée au groupe
Lenôtre. «Nous avons lancé les appels
d’offres, et c’est un coût important (près
de 2 Ma). Malgré notre demande, nous
n’avons pas reçu d’aide du Conseil
régional. Le groupe qui a racheté la
Villa Eiffel va la restaurer dans son
style original, mais les bâtiments plus
récents qui dénaturent le site seront
démolis et reconstruits dans un style
plus proche de l’originel.»
Les élections régionales et
cantonales qui se profilent semblent
ranimer les polémiques purement
politiciennes. Et ces dernières utilisent
parfois des sujets importants
comme enjeu. La protection ou la
mise en valeur de la Baie des Fourmis
pourrait aujourd’hui faire les frais de
ce calendrier électoral.
Michel Bovas
En bref
ASCROS
Une ferme thérapeutique
pour une meilleure
insertion
Plus qu’un établissement,
un véritable concept thérapeutique
et innovant ouvert
aux personnes souffrant de
troubles psychiques : c’est ce
que propose la Ferme d’Ascros,
tout juste inaugurée, portée
par l’association ISATIS,
l’Etat et le Conseil général. 27
hectares pour un foyer d’accueil
médicalisé de 24 places,
pour une douzaine de postes
proposés aux pensionnaires
dans le cadre d’une insertion
professionnelle épaulée : chèvrerie
et filière de production
de fruits et légumes, culture
de safran, aide aux agriculteurs
locaux, la Ferme est le
premier complexe médicosocial
de vie et d’insertion
sociale et professionnelle
des Alpes-Maritimes dédié à
une recherche d’autonomie
et d’apanouissement. Budget
de l’opération : 4,6Ma, dont
2,5 Ma à la charge du Conseil
général. A noter le bel effort de
la commune (1,6 Ma) et l’aide
de l’Etat (550.000a).
Menton aura bien son palace en 2012
La ville a sélectionné le projet présenté par le groupe Progereal-Finareal-Pinelli.
Depuis plus de dix
ans, la municipalité
tente de doter
Menton d’un hôtel
haut-de-gamme avec balnéothérapie
sur l'emplacement
d’une ancienne
école près du stade
Lucien-Rhein à Garavan.
Le site est remarquable,
avec son parc d’oliviers
centenaires. Un premier
projet proposé par
le groupe Meunier Promotion
-Thalazur avait
échoué en 2004 face à
l’opposition du syndicat
des hôteliers : ce dernier
redoutait une concurrence
frontale face à ce
projet d'une catégorie
trois étoiles. En 15 ans,
la spéculation immobilière
a réduit l’offre hôtelière
locale d’une vingtaine
d’établissements Nice et Cannes.
représentant près de 650
chambres, et la ville souhaite renverser
la tendance. Après un nouvel appel
à candidatures, elle a choisi le projet
du groupe Progereal-Finareal : le futur
hôtel affichera le label 5 étoiles et
Le futur palace de Menton a été dessiné par le groupe Willmotte et Associés
Architectes Paris, de plus en plus présent dans le département et à Monaco
avec de nombreux projets, dont la rénovation des Palais des congrès de
proposera 96 chambres de 40 m² chacune,
et huit suites complétées par un
centre pour séminaires et congrès (900
m²), un centre de thalassothérapie et
fitness (1.200 m²), un restaurant (880 m²)
et un parking souterrain de 185 places.
Sur 5 niveaux (14.800 m²),
il présentera une architecture
contemporaine. La
ville cède le terrain selon
un bail à construction de
70 ans pour un loyer d’environ
300.000a/an établi
par l’administration fiscale.
Le contrat stipule que
le groupe ne pourra transformer
l’hôtel en résidence.
Pour Jean-Claude Guibal,
maire de Menton, cet équipement
haut-de-gamme
n’entre pas en concurrence
avec l’hôtellerie locale, et
apportera bien une nouvelle
clientèle. Il devrait créer de
120 à 150 emplois, pour un
investissement de 31 Ma.
Sa gestion sera confiée à la
famille Pinelli qui exploite
déjà La Villa, un établissement
de luxe ouvert toute
l’année à Calvi en Corse.
La première pierre pourrait
être posée fin 2010 ou
début 2011, et les clients sont attendus
à la réception dès 2012, peu de temps
après l’ouverture du musée Cocteau.
Michel Bovas
● Vendredi 23 avril 2010 ● Tribune Bulletin Côte d’Azur ● 6 ●