533 textes.indd - Tribune Bulletin Côte d'Azur
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Revue de presse<br />
La semaine de Jean-Jacques Ninon ➜ www.ninon-avocat.com<br />
Henri Leclerc<br />
➔ Le Figaro, Laurence de Charette, 13/4/2010<br />
Les avocats décampent<br />
Entretien avec Henri Leclerc, mandaté par<br />
l’Ordre des avocats de Paris et par le Conseil<br />
national des barreaux pour représenter sa profession<br />
dans le groupe de travail du ministère<br />
de la Justice sur la réforme de l’instruction. (...)<br />
Le Figaro - Vous avez décidé de ne plus participer<br />
aux travaux menés à la Chancellerie sur la<br />
réforme de l’instruction, pourquoi ?<br />
Henri Leclerc - J’ai quitté le groupe de travail quand<br />
j’ai appris que la question du statut des procureurs<br />
était exclue de la concertation lancée par le garde des<br />
Sceaux sur la réforme pénale. Il faut que l’on m’explique<br />
pourquoi ce sujet est tabou. Je suis partisan<br />
de la suppression du juge d’instruction, mais pour<br />
moi cette réforme ne peut se faire sans rompre le lien<br />
entre le parquet et le politique.<br />
Que l’on me comprenne bien, je suis favorable à ce<br />
que les magistrats du parquet soient hiérarchisés et<br />
à ce qu’ils reçoivent des instructions générales. Mais,<br />
au moment où l’on veut leur confier un pouvoir supplémentaire,<br />
celui de l’ensemble des enquêtes, il faut<br />
au moins que leur carrière ne soit pas entre les mains<br />
du président de la République. Au minimum, le garde<br />
des Sceaux ne devrait plus pouvoir procéder à des<br />
nominations sans un avis conforme du Conseil supérieur<br />
de la magistrature. (...)<br />
De nombreux représentants des magistrats ont<br />
quitté la concertation également ces derniers<br />
jours. Dans ce contexte, quel avenir a selon vous<br />
la réforme ?<br />
Il faut prendre du temps pour une réforme comme<br />
celle-là (...) une réforme pénale ne peut se faire dans<br />
l’hostilité générale, ni se mener à la hussarde, en fin<br />
de mandat... (...)<br />
Même si un texte était voté, sa mise en œuvre serait<br />
menacée par un changement en 2012... On a vu plus<br />
d’une réforme pénale votée avant la présidentielle<br />
subir ce sort. Sur de tels sujets, il faut que le débat<br />
dure le temps suffisant pour qu’il suscite une large<br />
adhésion.<br />
La réforme de la garde à vue, qui fait partie de<br />
la grande réforme pénale prévue par le gouvernement,<br />
peut-elle être votée à part ?<br />
Oui, c’est même une nécessité, voire une urgence.<br />
La France ne peut rester le dernier pays européen où<br />
l’avocat ne joue pas pleinement son rôle pendant la<br />
garde à vue. Les arrêts de la Cour européenne des<br />
droits de l’homme se succèdent sur ce sujet. Je ne<br />
jette pas l’opprobre sur le travail des policiers, au<br />
contraire. Le problème n’est pas là, il tient dans le<br />
fait qu’une personne privée de liberté ne soit pas pleinement<br />
assistée.<br />
➔ La Croix, Marie Boëton, 16/4/2010<br />
La chancellerie rit<br />
L’Usm et le Conseil national des barreaux (Cnb)<br />
rendent aujourd’hui public un contre-projet de<br />
réforme (de la procédure pénale).<br />
(...) Le contre-projet dévoilé aujourd’hui se découpe<br />
en quatre parties : la garde à vue, l’enquête, la<br />
détention provisoire et les alternatives aux poursuites.<br />
Magistrats et avocats devraient préconiser<br />
la mise en place de délais butoirs en matière de<br />
détention provisoire. Ils exigeront, par ailleurs, la<br />
présence continue des avocats pendant la garde à<br />
vue. Ils devraient même réclamer que toute personne<br />
convoquée par la police puisse se rendre au<br />
commissariat accompagnée d’un avocat.<br />
Plus inattendu, et plus gênant peut-être encore,<br />
la haute magistrature s’apprêterait, elle aussi, à<br />
émettre des réserves vis-à-vis de la réforme portée<br />
par Michèle Alliot-Marie. Saisie par la chancellerie<br />
pour avis, la Cour de cassation tient en effet<br />
aujourd’hui une assemblée générale pour finaliser<br />
sa position sur la réforme et la faire connaître à la<br />
ministre de la justice. (...)<br />
Aux dires du journal satirique (Le Canard enchaîné),<br />
les membres de la Cour de cassation compteraient<br />
pointer du doigt «l’étrangeté qu’il y aurait à confier<br />
les pouvoirs du juge d’instruction indépendant à un<br />
procureur qui ne l’est pas». (...)<br />
Côté chancellerie, on raille «l’immobilisme et le corporatisme»<br />
des principales organisations de magistrats.<br />
«Jamais aucune réforme de la justice n’a trouvé<br />
grâce à leurs yeux, assure le porte-parole du ministère<br />
de la justice, Guillaume Didier. Ils ont manifesté<br />
contre la loi sur la présomption d’innocence d’Élisabeth<br />
Guigou ou encore contre les lois Perben I et<br />
II. Si on les écoutait, nous en serions toujours à la<br />
justice des années 1960 !»<br />
➔ Les Echos, Marie Bellan, 14/4/2010<br />
Les magistrats détalent<br />
● Vendredi 23 avril 2010 ● <strong>Tribune</strong> <strong>Bulletin</strong> Côte d’Azur ● 24 ●<br />
Le ministère de la Justice (...) rencontre (...) moins<br />
de succès dans la grande concertation lancée par<br />
Michèle Alliot-Marie sur la réforme de la procédure<br />
pénale. A ce jour, plus aucun syndicat de magistrats,<br />
qui sont pourtant les premiers concernés par<br />
la suppression du juge d’instruction, ne participe<br />
aux discussions, appelées à se terminer d’ici à la<br />
fin du mois. La semaine dernière, l’Union syndicale<br />
des magistrats (Usm) a claqué à son tour la<br />
porte devant, notamment, le refus de la ministre<br />
de la Justice d’aborder la question très controversée<br />
du statut du parquet, au motif qu’il s’agit d’une<br />
réforme constitutionnelle. (...)<br />
Circonstance aggravante pour les organisations<br />
syndicales, la chancellerie n’aurait pas respecté les<br />
règles de la consultation auprès des juridictions.<br />
(...) Comme l’a souligné le Syndicat de la magistrature<br />
(Sm), ce type de consultation, prévu par le<br />
Code de l’organisation judiciaire mais non obligatoire,<br />
doit cependant se conformer à un certain formalisme,<br />
notamment la convocation d’assemblées<br />
générales. «Sans assemblée générale, les magistrats<br />
ne peuvent voter de motions de défiance envers les<br />
modalités d’une concertation dont tout le monde a<br />
compris qu’elle n’était qu’un simulacre», déplore le<br />
Sm. (...)<br />
Aux ratés de la concertation vient s’ajouter un<br />
autre problème pour Michèle Alliot-Marie : celui<br />
du calendrier politique. La garde des Sceaux assure<br />
que le cap de la réforme sera tenu (...). Rien n’est<br />
moins sûr pourtant. Même si la première partie du<br />
texte (sur la phase d’enquête) pourrait être examinée<br />
par le Parlement au premier trimestre 2011,<br />
comme le souhaite la ministre, et la deuxième partie<br />
(sur la phase d’audience et de jugement, actuellement<br />
en cours de rédaction par la chancellerie)<br />
au deuxième semestre 2011, il est probable que le<br />
travail des deux Assemblées débordera au-delà de<br />
la prochaine élection présidentielle de 2012. «Il est<br />
mathématiquement impossible d’arriver à faire passer<br />
une réforme de cette ampleur en si peu de temps»,<br />
remarque Benoist Hurel, secrétaire général adjoint<br />
du Sm.<br />
➔ Vsd, Florence Belkacem, 14/4/2010<br />
La police s’alarme<br />
Entretien avec Patrice Ribeiro, secrétaire général<br />
du syndicat de policiers «Synergie».<br />
Vsd : Le journaliste ne devient-il pas auxiliaire<br />
de police quand, à l’issue d’un reportage consacré<br />
aux réseaux pédophiles, il va dénoncer les<br />
pédophiles à la police (dans l’émission «Les<br />
Infiltrés» sur France 2) ?<br />
P.R. Lorsqu’il entre en contact avec des violeurs d’enfants,<br />
le journaliste redevient un citoyen comme un<br />
autre : selon le Code pénal, il a pour obligation de<br />
dénoncer un crime dont il a connaissance. A défaut,<br />
il risque d’être accusé de complicité. (...)<br />
Vsd : Pour quelles raisons alors y a-t-il ce<br />
malaise ?<br />
P.R. D’abord, il y a cette stigmatisation permanente<br />
à l’égard des policiers. On en a assez d’être montrés<br />
du doigt dans les affaires de délinquance et d’être<br />
pris pour des tortionnaires qui se délecteraient avec<br />
les gardes à vue. Et on est aussi confrontés à toujours<br />
plus de violence : avant on se faisait caillasser,<br />
maintenant on n’hésite plus à nous balancer, du haut<br />
des immeubles, des plaques d’égout, des blocs de parpaing.<br />
Aux États-Unis...<br />
Vsd : Quoi aux États-Unis ?<br />
P.R. Aux États-Unis, quand vous jetez un cocktail<br />
Molotov sur un policier, celui-ci riposte et tire. Si les<br />
Américains trouvent la réaction légitime, en France,<br />
il ne viendrait pas à l’idée d’un collègue de sortir son<br />
arme. Les Français ont une police profondément<br />
républicaine qui fait preuve de retenue... et même<br />
parfois trop !<br />
Vsd : Que voulez-vous dire ?<br />
P.R. Les voyous se permettent tout car ils savent<br />
que la police ne ripostera pas. Alors que, parfois, on<br />
ferait mieux de faire usage non pas des armes mais<br />
de la force. Les policiers s’autocensurent trop. On est<br />
arrivé à un point où les policiers, sachant qu’ils ne<br />
sont pas soutenus par leur hiérarchie, ni par les politiques<br />
et encore moins par les magistrats, préfèrent<br />
s’abstenir d’intervenir plutôt que de se mettre dans<br />
des situations inextricables.<br />
Vsd : On en est arrivé là ?<br />
P.R. On risque d’aboutir à une «police Seiko», c’est-àdire<br />
des policiers qui regarderont leur montre : quand<br />
il sera l’heure de rentrer chez eux, ils détourneront la<br />
tête s’il se passe quelque chose.