"Le verset de Vents de Saint-John Perse", Carla Van den Bergh
"Le verset de Vents de Saint-John Perse", Carla Van den Bergh
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<strong>verset</strong>s, au niveau <strong>de</strong> la métrique interne, mais aussi au niveau <strong>de</strong><br />
l’organisation syntaxique, comme nous le verrons ultérieurement.<br />
Toutefois, la différence rythmique induite par la présentation<br />
typographique spécifique <strong>de</strong>s paragraphes longs et <strong>de</strong>s <strong>verset</strong>s<br />
regroupés en strophe est telle que l’on ne peut conserver le terme <strong>de</strong><br />
strophe pour la première occurrence.<br />
Par conséquent, je réserve le terme <strong>de</strong> « strophe » au seul<br />
regroupement supérieur, périodique et réglé <strong>de</strong> <strong>verset</strong>s. Priorité est<br />
donnée à la perception visuelle sur la perception syllabique. De facto,<br />
la première s’impose face à un décompte syllabique malaisé, passées<br />
les huit syllabes, loi <strong>de</strong> Cornulier à l’appui 12 . Il est d’usage, à la suite<br />
d’Albert Henry, d’appeler « laisses » les strophes <strong>de</strong> <strong>verset</strong>s. J’établis<br />
pour ma part entre les <strong>de</strong>ux termes <strong>de</strong> « strophe » et <strong>de</strong> « laisse » une<br />
distinction d’ordre métrique et stylistique. En effet, le terme <strong>de</strong><br />
« strophe » conviendrait pour <strong>de</strong>s ensembles présentant <strong>de</strong> manière<br />
systématique et périodique le même nombre <strong>de</strong> <strong>verset</strong>s, d’où une<br />
consistance métrique, alors que les ensembles aléatoires <strong>de</strong> <strong>verset</strong>s<br />
seraient <strong>de</strong>s laisses 13 . A ce terme qui me gêne un peu pour ses<br />
connotations médiévales et pour les assonances qu’il implique entre<br />
vers, dont il faut rappeler qu’elles ne sont pas encore systématiques<br />
dans <strong>Vents</strong>, je préfère celui, plus neutre, <strong>de</strong> « séquence ». D’une<br />
certaine façon, <strong>de</strong>puis Exil, on peut dire que le regroupement<br />
12 Benoît <strong>de</strong> Cornulier, Théorie du vers, Editions du Seuil, 1982, notamment<br />
chapitre 1, « Testez votre capacité métrique », p. 11-67, et surtout p. 34-38,<br />
où Cornulier démontre que « la limite <strong>de</strong>s 8 syllabes caractérise directement la<br />
capacité <strong>de</strong> différenciation perceptive du nombre. ».<br />
13 D’ailleurs <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse l’emploie au Chant premier du livre II : « Et la terre<br />
à longs traits, sur ses plus longues laisses, courant, <strong>de</strong> mer à mer, à <strong>de</strong> plus hautes<br />
écritures, dans le déroulement lointain <strong>de</strong>s plus beaux textes <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>. » (200).<br />
Mais cela nous renseigne sur la connaissance <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse en matière <strong>de</strong><br />
termes techniques poétiques, non sur le sens qu’il leur donnait. Par ailleurs au<br />
Chant 5 du premier livre, <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse évoque la stance : « Notre stance est<br />
légère sur le charroi <strong>de</strong>s ans ! » (188). S’agit-il pour lui d’évoquer la pratique <strong>de</strong>s<br />
strophes mêlées <strong>de</strong> Corneille ? Ici, cette citation du terme « stance » apparaît dans<br />
un douzain, suivi d’un autre douzain puis d’un huitain.