"Le verset de Vents de Saint-John Perse", Carla Van den Bergh
"Le verset de Vents de Saint-John Perse", Carla Van den Bergh
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<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à être interprétées à chaque fois dans la cohérence et la<br />
cohésion du texte. Il ne pouvait en être question ici, faute <strong>de</strong> place.<br />
L’ambition était autre. Il s’agissait <strong>de</strong> démontrer non seulement<br />
que <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse emploie <strong>de</strong>s cellules métriques paires,<br />
phénomène déjà amplement commenté, mais qu’il construit une<br />
métrique <strong>de</strong> substitutions et <strong>de</strong> compensations. Cette métrique, par<br />
analogie avec le système du vers, se définit dans <strong>Vents</strong>, sur <strong>de</strong>ux<br />
niveaux, celui <strong>de</strong> la strophe et du <strong>verset</strong>. Il s’agit <strong>de</strong> substitutions<br />
dans la mesure où il reprend le niveau <strong>de</strong> la strophe, inusité<br />
auparavant dans le cadre <strong>de</strong>s <strong>verset</strong>s moyens et longs. Cependant,<br />
<strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse ne reprend pas la rime au niveau métrique <strong>de</strong> la<br />
strophe mais la généralise au niveau du recueil. De même, <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong><br />
Perse reprend bien le décompte syllabique pair du vers mais substitue<br />
à la césure une bipartition du <strong>verset</strong>. Enfin, on peut parler <strong>de</strong><br />
compensation dès lors que, pour pallier les différences d’ordre <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong>ur avec le vers, impliquées par son souffle plus ample, <strong>Saint</strong>-<br />
<strong>John</strong> Perse construit d’autres niveaux <strong>de</strong> mesure que le mètre,<br />
à l’intérieur du <strong>verset</strong>. Ainsi le parallélisme interne vient-il soutenir<br />
la binarité du <strong>verset</strong>, par nécessité rythmique. De surcroît, l’analogie<br />
avec le <strong>verset</strong> psalmique conforte le caractère métrique <strong>de</strong> ce<br />
parallélisme. Or la structure d’échos créée par <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse voile<br />
et dévoile en même temps le caractère métrique <strong>de</strong> cette poésie.<br />
Demeure néanmoins le caractère très structuré du <strong>verset</strong> fondé sur le<br />
parallélisme interne, qui agit comme un interprétant culturel du<br />
<strong>verset</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse. Aux lecteurs qui connaissent moins la<br />
poésie chinoise, et pour qui la strophe <strong>de</strong> <strong>Vents</strong> n’est rien moins<br />
qu’imperceptible, vient à l’esprit surtout le rapprochement avec le<br />
<strong>verset</strong> biblique et psalmique.<br />
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<strong>Carla</strong> van <strong>de</strong>n <strong>Bergh</strong><br />
Fondation Thiers