03.04.2014 Views

"Le verset de Vents de Saint-John Perse", Carla Van den Bergh

"Le verset de Vents de Saint-John Perse", Carla Van den Bergh

"Le verset de Vents de Saint-John Perse", Carla Van den Bergh

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à être interprétées à chaque fois dans la cohérence et la<br />

cohésion du texte. Il ne pouvait en être question ici, faute <strong>de</strong> place.<br />

L’ambition était autre. Il s’agissait <strong>de</strong> démontrer non seulement<br />

que <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse emploie <strong>de</strong>s cellules métriques paires,<br />

phénomène déjà amplement commenté, mais qu’il construit une<br />

métrique <strong>de</strong> substitutions et <strong>de</strong> compensations. Cette métrique, par<br />

analogie avec le système du vers, se définit dans <strong>Vents</strong>, sur <strong>de</strong>ux<br />

niveaux, celui <strong>de</strong> la strophe et du <strong>verset</strong>. Il s’agit <strong>de</strong> substitutions<br />

dans la mesure où il reprend le niveau <strong>de</strong> la strophe, inusité<br />

auparavant dans le cadre <strong>de</strong>s <strong>verset</strong>s moyens et longs. Cependant,<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse ne reprend pas la rime au niveau métrique <strong>de</strong> la<br />

strophe mais la généralise au niveau du recueil. De même, <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong><br />

Perse reprend bien le décompte syllabique pair du vers mais substitue<br />

à la césure une bipartition du <strong>verset</strong>. Enfin, on peut parler <strong>de</strong><br />

compensation dès lors que, pour pallier les différences d’ordre <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>ur avec le vers, impliquées par son souffle plus ample, <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>John</strong> Perse construit d’autres niveaux <strong>de</strong> mesure que le mètre,<br />

à l’intérieur du <strong>verset</strong>. Ainsi le parallélisme interne vient-il soutenir<br />

la binarité du <strong>verset</strong>, par nécessité rythmique. De surcroît, l’analogie<br />

avec le <strong>verset</strong> psalmique conforte le caractère métrique <strong>de</strong> ce<br />

parallélisme. Or la structure d’échos créée par <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse voile<br />

et dévoile en même temps le caractère métrique <strong>de</strong> cette poésie.<br />

Demeure néanmoins le caractère très structuré du <strong>verset</strong> fondé sur le<br />

parallélisme interne, qui agit comme un interprétant culturel du<br />

<strong>verset</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse. Aux lecteurs qui connaissent moins la<br />

poésie chinoise, et pour qui la strophe <strong>de</strong> <strong>Vents</strong> n’est rien moins<br />

qu’imperceptible, vient à l’esprit surtout le rapprochement avec le<br />

<strong>verset</strong> biblique et psalmique.<br />

------<br />

<strong>Carla</strong> van <strong>de</strong>n <strong>Bergh</strong><br />

Fondation Thiers

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!