"Le verset de Vents de Saint-John Perse", Carla Van den Bergh
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<strong>Le</strong> décompte métrique<br />
Certains critiques 34 ont proposé une lecture ultramétrique du<br />
<strong>verset</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse. La pratique <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse au<br />
moment <strong>de</strong> « Neiges » va dans ce sens si l’on en croit les corrections<br />
qu’il prie Caillois <strong>de</strong> porter à l’édition <strong>de</strong> « Neiges » 35 :<br />
Page 6, strophe 11, ligne 7 : ‘…où la lampe est frugale et l’abeille<br />
est divine.’ (La restitution du mot ‘est’, omis par la dactylographe, a un<br />
intérêt métrique).<br />
[…] page 8, strophe 15, ligne : ‘…Détacherai-je mon lit bas’<br />
(l’omission du mot ‘bas’ rompt d’une syllabe la rigueur métrique).<br />
Mais une note <strong>de</strong> Joëlle Gar<strong>de</strong>s-Tamine nous confirme que la<br />
plupart <strong>de</strong> ces corrections n’ont pas été portées à l’édition <strong>de</strong> la<br />
Pléia<strong>de</strong>. Il semblerait donc que soit par désir <strong>de</strong> faire pièce aux<br />
lectures ultramétriques parues <strong>de</strong>puis sur son œuvre, soit désir<br />
d’assouplir cette pratique métrique, soit les <strong>de</strong>ux, <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse ait<br />
délibérément laissé passer <strong>de</strong>s cellules syllabiques impaires dans les<br />
éditions ultérieures <strong>de</strong> « Pluies ».<br />
Il faut néanmoins adopter une scansion <strong>de</strong> vers pour la lecture<br />
<strong>de</strong> <strong>Vents</strong>, même dans les <strong>verset</strong>s plus longs. A cet égard, le terme <strong>de</strong><br />
<strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse <strong>de</strong> « strophes » se justifie : la présentation en<br />
paragraphes plus longs ne doit pas faire adopter une lecture<br />
prosaïque. Il est évi<strong>de</strong>nt que le ressenti du rythme est différent face<br />
à <strong>de</strong>s unités graphiques dont le volume et le blanchiment diffèrent.<br />
Mais la lecture ne doit pas en tenir compte, soutenue par une hauteur<br />
<strong>de</strong> ton 36 . Même dans les ensembles plus longs, la répartition en<br />
propositions syntaxiques concor<strong>de</strong> avec <strong>de</strong>s mesures syllabiques<br />
34 Noulet Emilie, <strong>Le</strong> Ton poétique, Mallarmé, Verlaine, Rimbaud, Valéry, <strong>Saint</strong>-<br />
<strong>John</strong> Perse, José Corti, 1971. Dessons Gérard, Rythmique <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse,<br />
thèse soutenue sous la direction d’Henri Meschonnic, Paris VIII, 1988. Par lecture<br />
ultramétrique, il faut comprendre une lecture qui privilégie les cellules paires<br />
métriques, quitte à ne pas observer <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> décompte constantes.<br />
35 Correspondance Roger Caillois-<strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse, 1942-1975, op. cit. p. 83-84.<br />
<strong>Le</strong> lit « bas » a bien été rajouté.<br />
36 D’où peut-être la réticence <strong>de</strong> Perse envers toute lecture publique <strong>de</strong> sa poésie.