"Le verset de Vents de Saint-John Perse", Carla Van den Bergh
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Ce procédé <strong>de</strong> structuration anaphorique <strong>de</strong>s <strong>verset</strong>s pour chaque<br />
strophe s’étend ici exceptionnellement à la portée même du chant.<br />
Mais dans les autres chants, il n’apparaît pas comme le procédé<br />
exclusif <strong>de</strong> construction strophique et ne peut donc à ce titre être<br />
interprété comme un constituant du système persien. Il en est un trait<br />
stylistique marquant, qui ne relève pas du métrique 21 .<br />
Cependant, dans le cas <strong>de</strong>s strophes mêlées, la reconnaissance<br />
<strong>de</strong>s patrons <strong>de</strong> strophe peut s’appuyer intuitivement sur la<br />
reconnaissance <strong>de</strong> ces parallélismes <strong>de</strong> construction. Or par un<br />
principe d’analogie, le relais <strong>de</strong> la structuration métrique en strophes<br />
est transposé dans les séquences au plan syntaxique, par la<br />
structuration anaphorique par parallélismes. De la sorte, la structure<br />
globalement anaphorique <strong>de</strong>s <strong>verset</strong>s pour plusieurs séquences du<br />
Chant 2 du livre IV ou du Chant 2 du livre II, donne l’impression <strong>de</strong><br />
strophes. De facto, comme le rappellent Joëlle Gar<strong>de</strong>s-Tamine et<br />
Colette Camelin dans La Rhétorique profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse 22 ,<br />
le parallélisme constitue le procédé <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s listes. Cela apparaît<br />
bien évi<strong>de</strong>mment à la puissance n dans la litanie <strong>de</strong> l’hiver du Chant<br />
2 du livre II (203). Mais si la construction syntaxique <strong>de</strong>s strophes<br />
peut venir souligner cette impression <strong>de</strong> régularité <strong>de</strong> la<br />
triple présence partielle ou totale, d’un/<strong>de</strong> mêmes éléments formels, d’un/<strong>de</strong><br />
mêmes éléments sémantiques, ou d’un/<strong>de</strong> mêmes éléments morpho-sémantiques. »,<br />
Op. cit., p. 15.), encore unies à un niveau supérieur par ce refrain ou parallélismes<br />
du <strong>verset</strong> final <strong>de</strong> chaque tercet : « – Qu’irais-tu chercher là ? […] – Qu’irais-tu<br />
sceller là ? […] – Qu’irais-tu clore là ? » (236).<br />
21 La récurrence <strong>de</strong>s faits <strong>de</strong> styles n’est pas en soi un critère déterminant <strong>de</strong> leur<br />
caractère métrique. La propriété considérée comme métrique, par analogie avec le<br />
système du vers, doit être présente systématiquement, c’est-à-dire avec une<br />
périodicité réglée. Sont métriques en soi les strophes et <strong>verset</strong>s dans la mesure où<br />
ils représentent <strong>de</strong>s niveaux analogiques à ceux <strong>de</strong>s strophes <strong>de</strong> vers et du vers.<br />
A l’intérieur <strong>de</strong> ces niveaux, <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> construction d’ordre stylistique<br />
peuvent être envisagées.<br />
22 Colette Camelin Colette, Joëlle Gar<strong>de</strong>s-Tamine, La « rhétorique profon<strong>de</strong> » <strong>de</strong><br />
<strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse, Honoré Champion, 2002, p. 126-130.