"Le verset de Vents de Saint-John Perse", Carla Van den Bergh
"Le verset de Vents de Saint-John Perse", Carla Van den Bergh
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ythmique <strong>de</strong> la strophe, au nombre <strong>de</strong> <strong>verset</strong>s et au volume<br />
globalement constant, pallie cette imperceptibilité. Elle en assure<br />
l’homogénéisation, à défaut <strong>de</strong> l’équivalence stricte en nombre <strong>de</strong><br />
syllabes.<br />
Cependant, <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse ne recourt pas encore à la rime<br />
pour souligner le décompte métrique <strong>de</strong> son <strong>verset</strong>. Il dissocie<br />
strophe et rime dans <strong>Vents</strong>. Certes, le retour régulier <strong>de</strong> certaines<br />
rimes, telles que « vivant / dans le vent / instant », ou le motif<br />
secondaire « esprit / cri », notamment aux premier et troisième livres,<br />
en position liminaire ou en conclusion du chant produit un<br />
phénomène d’assonance et d’allitération démultiplié. La majorité <strong>de</strong>s<br />
rimes tournent autour <strong>de</strong>s nasales telles que « an », et « on », ou du<br />
« i », <strong>de</strong>s consonnes « v » et « r ». Mais la dissémination aléatoire <strong>de</strong><br />
ces rimes ne plai<strong>de</strong> pas pour leur caractère métrique, même si elles<br />
apparaissent en germe dans le paradigme sonore <strong>de</strong> la première<br />
strophe du premier chant. Certes, il existe bien une assonance<br />
généralisée <strong>de</strong>s distiques <strong>de</strong> III, 6 (229-230) : terre / transhumance,<br />
radiolaires / nouvelle, dièdres / busaigles, éprise / schistes, ar<strong>de</strong>ntes /<br />
présence. Mais ce procédé, qui accentue le caractère métrique du<br />
distique, <strong>de</strong>meure l’exception. <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse avance dans <strong>Vents</strong><br />
une alternative à la rime, soit une construction syntaxique serrée <strong>de</strong><br />
la strophe. Or cette construction syntaxique relève du stylistique,<br />
dans la mesure où elle est, d’une part, variable et multiforme, et<br />
d’autre part non métrique, à rebours <strong>de</strong> la rime, propre au système du<br />
vers. De plus, il semble difficile <strong>de</strong> la distinguer d’une stylistique<br />
globale <strong>de</strong> la répétition.<br />
On renverra au livre <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>leine Frédéric, La Répétition et<br />
ses structures dans l’œuvre poétique <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse 14 , pour<br />
l’étu<strong>de</strong> globale <strong>de</strong> ce qui relève d’une poétique dans l’œuvre <strong>de</strong><br />
<strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse. La nouveauté <strong>de</strong>puis Exil rési<strong>de</strong> dans l’intervention<br />
<strong>de</strong> la répétition au niveau <strong>de</strong> la strophe et du <strong>verset</strong>. Néanmoins, s’il<br />
14 Ma<strong>de</strong>leine Frédéric, La Répétition et ses structures dans l’œuvre poétique <strong>de</strong><br />
<strong>Saint</strong>-<strong>John</strong> Perse, Gallimard, 1984.