Evaluation de la douleur du patient non communicant - CNRD

Evaluation de la douleur du patient non communicant - CNRD Evaluation de la douleur du patient non communicant - CNRD

02.04.2014 Views

Maltraitance lors des soins et actes douloureux Dr Daniel Annequin - Unité Fonctionnelle de lutte contre la douleur Hôpital d’enfants Armand Trousseau 75012 Paris Ce n'est que depuis 20 ans que les médecins ont commencé à percevoir ce que savaient très bien les enfants, les jeunes infirmières, les jeunes étudiants en médecine à savoir que les hôpitaux pour les enfants étaient des véritables lieux de torture (1) La violence subie par les enfants (Témoignages reçus à www.pediadol.org) Une étudiante en IFSI février 2007 Je suis élève en 3ème année d’école d’infirmières. J’avais un projet professionnel en pédiatrie depuis de nombreuses années : en effet, j’ai repris mes études sur le tard, aujourd’hui, à 30 ans mon projet professionnel est plus que réfléchi... Pourtant, après avoir fait un stage dans un grand hôpital pédiatrique, j’ai changé de projet. J’ai assisté à des scènes insupportables pour moi : des enfants que l’on maintient pendant plus de trois quarts d’heure pour poser une voie veineuse, des hurlements dont ces enfants se souviendront toute leur vie, des réflexions désobligeantes de la part de l’équipe soignante (parce que la maman est livide lorsqu’on lui rend son enfant : cela fait une demi heure qu’elle l’entend hurler)... Questionnement d’une étudiante IFSI sept 2008 Margot nous supplie de la lâcher, d’arrêter de lui faire mal, de la laisser tranquille tout en hurlant et pleurant. Il m’est très difficile de supporter la douleur de cette enfant. Douleur que je ne calme absolument pas puisqu’au contraire, je risque de le blesser davantage en effectuant cette pression sur ses jambes. Ce soin me paraît, pour Margot, plus douloureux que sa maladie elle-même. Ma représentation de l’infirmière luttant inlassablement au soulagement de la souffrance s’écroule. Je me sens maltraitante, violente, même si le but de tout cela est de le soigner. Témoignage d’une maman décrivant le passage aux urgences d’un ami de son fils pour une plaie du cuir chevelu de 3-4 centimètres(2). ….Je demande à l'infirmière s'il va avoir du MEOPA. Elle me dit, sans même prendre la peine de me regarder, que c'est le médecin qui décidera…Je suis rassurée de reconnaître le médecin qui avait soigné mon fils avec tant d’humanité quelques mois auparavant. A force de plaisanteries et de questions anodines, l’équipe avait réussi à le faire rire pendant qu’on lui plâtrait le poignet…Mais là, à peine arrivé, le docteur attrape une grosse agrafeuse, comme celle que j'ai sur mon bureau. Chtak, il agrafe la plaie, à vif, encore endolorie par le nettoyage. Alex écarquille les yeux de surprise, d'effroi et de douleur, son corps se cabre. Il dit "s'il vous plaît, s'il vous plaît". J'ai envie de pleurer. Je sais que ce n'est que le début : vue la taille de la plaie, il va falloir plusieurs agrafes. Deux infirmières contiennent l’enfant. Pour elles, j’imagine que c’est du quotidien. L’habitude. Chtak, une deuxième, chtak une troisième. Alex ne crie plus, il râle. Un son rauque. Chtak quatrième. Je me sens tellement impuissante. … La maman d'Alex est pétrifiée. Chtak sixième. Chtak septième agrafe. C'est fini. La honte. Je m’en veux de n’être pas intervenue. La maman réconforte son bonhomme comme elle peut. Quand je me mets en colère, le médecin me dit « on va lui donner un antalgique maintenant ». Petit sourire mi-fatigué, mi-condescendant : « bah, il oubliera vite » me dit-il… Ce dernier témoignage est particulièrement emblématique car cette équipe disposait de moyens antalgiques efficaces (MEOPA) et ne les a pas utilisés…La question de la violence inutile infligée à l’enfant se pose de manière évidente. Les situations à risque L’utilisation de la force, de la contrainte physique, de la contention en pratique médicale est un sujet récent de préoccupation pour les professionnels. Chez l’enfant, plusieurs secteurs sont confrontés à ce type de « mauvaise » pratique : les services d’urgence (3, 4) , les échecs du MEOPA (5) , les soins intensifs, les examens, les actes ORL, les soins dentaires, les actes douloureux répétés (pansements, effractions cutanées…). 1

Maltraitance lors <strong>de</strong>s soins et actes douloureux<br />

Dr Daniel Annequin - Unité Fonctionnelle <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

Hôpital d’enfants Armand Trousseau 75012 Paris<br />

Ce n'est que <strong>de</strong>puis 20 ans que les mé<strong>de</strong>cins ont commencé à percevoir ce que savaient très bien les<br />

enfants, les jeunes infirmières, les jeunes étudiants en mé<strong>de</strong>cine à savoir que les hôpitaux pour les<br />

enfants étaient <strong>de</strong>s véritables lieux <strong>de</strong> torture (1)<br />

La violence subie par les enfants (Témoignages reçus à www.pediadol.org)<br />

Une étudiante en IFSI février 2007<br />

Je suis élève en 3ème année d’école d’infirmières. J’avais un projet professionnel en pédiatrie <strong>de</strong>puis<br />

<strong>de</strong> nombreuses années : en effet, j’ai repris mes étu<strong>de</strong>s sur le tard, aujourd’hui, à 30 ans mon projet<br />

professionnel est plus que réfléchi... Pourtant, après avoir fait un stage dans un grand hôpital<br />

pédiatrique, j’ai changé <strong>de</strong> projet. J’ai assisté à <strong>de</strong>s scènes insupportables pour moi : <strong>de</strong>s enfants que<br />

l’on maintient pendant plus <strong>de</strong> trois quarts d’heure pour poser une voie veineuse, <strong>de</strong>s hurlements dont<br />

ces enfants se souviendront toute leur vie, <strong>de</strong>s réflexions désobligeantes <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> l’équipe<br />

soignante (parce que <strong>la</strong> maman est livi<strong>de</strong> lorsqu’on lui rend son enfant : ce<strong>la</strong> fait une <strong>de</strong>mi heure<br />

qu’elle l’entend hurler)...<br />

Questionnement d’une étudiante IFSI sept 2008<br />

Margot nous supplie <strong>de</strong> <strong>la</strong> lâcher, d’arrêter <strong>de</strong> lui faire mal, <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>isser tranquille tout en hur<strong>la</strong>nt et<br />

pleurant. Il m’est très difficile <strong>de</strong> supporter <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong> cette enfant. Douleur que je ne calme<br />

absolument pas puisqu’au contraire, je risque <strong>de</strong> le blesser davantage en effectuant cette pression sur<br />

ses jambes. Ce soin me paraît, pour Margot, plus douloureux que sa ma<strong>la</strong>die elle-même. Ma<br />

représentation <strong>de</strong> l’infirmière luttant in<strong>la</strong>ssablement au sou<strong>la</strong>gement <strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance s’écroule. Je me<br />

sens maltraitante, violente, même si le but <strong>de</strong> tout ce<strong>la</strong> est <strong>de</strong> le soigner.<br />

Témoignage d’une maman décrivant le passage aux urgences d’un ami <strong>de</strong> son fils pour une<br />

p<strong>la</strong>ie <strong>du</strong> cuir chevelu <strong>de</strong> 3-4 centimètres(2). ….Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à l'infirmière s'il va avoir <strong>du</strong> MEOPA.<br />

Elle me dit, sans même prendre <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> me regar<strong>de</strong>r, que c'est le mé<strong>de</strong>cin qui déci<strong>de</strong>ra…Je suis<br />

rassurée <strong>de</strong> reconnaître le mé<strong>de</strong>cin qui avait soigné mon fils avec tant d’humanité quelques mois<br />

auparavant. A force <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isanteries et <strong>de</strong> questions anodines, l’équipe avait réussi à le faire rire<br />

pendant qu’on lui plâtrait le poignet…Mais là, à peine arrivé, le docteur attrape une grosse<br />

agrafeuse, comme celle que j'ai sur mon bureau.<br />

Chtak, il agrafe <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ie, à vif, encore endolorie par le nettoyage. Alex écarquille les yeux <strong>de</strong> surprise,<br />

d'effroi et <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>, son corps se cabre. Il dit "s'il vous p<strong>la</strong>ît, s'il vous p<strong>la</strong>ît".<br />

J'ai envie <strong>de</strong> pleurer. Je sais que ce n'est que le début : vue <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ie, il va falloir plusieurs<br />

agrafes. Deux infirmières contiennent l’enfant. Pour elles, j’imagine que c’est <strong>du</strong> quotidien.<br />

L’habitu<strong>de</strong>. Chtak, une <strong>de</strong>uxième, chtak une troisième. Alex ne crie plus, il râle. Un son rauque. Chtak<br />

quatrième. Je me sens tellement impuissante. … La maman d'Alex est pétrifiée. Chtak sixième. Chtak<br />

septième agrafe. C'est fini. La honte. Je m’en veux <strong>de</strong> n’être pas intervenue. La maman réconforte son<br />

bonhomme comme elle peut. Quand je me mets en colère, le mé<strong>de</strong>cin me dit « on va lui donner un<br />

antalgique maintenant ». Petit sourire mi-fatigué, mi-con<strong>de</strong>scendant : « bah, il oubliera vite »<br />

me dit-il…<br />

Ce <strong>de</strong>rnier témoignage est particulièrement emblématique car cette équipe disposait <strong>de</strong> moyens<br />

antalgiques efficaces (MEOPA) et ne les a pas utilisés…La question <strong>de</strong> <strong>la</strong> violence inutile infligée à<br />

l’enfant se pose <strong>de</strong> manière évi<strong>de</strong>nte.<br />

Les situations à risque<br />

L’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> force, <strong>de</strong> <strong>la</strong> contrainte physique, <strong>de</strong> <strong>la</strong> contention en pratique médicale est un sujet<br />

récent <strong>de</strong> préoccupation pour les professionnels.<br />

Chez l’enfant, plusieurs secteurs sont confrontés à ce type <strong>de</strong> « mauvaise » pratique : les services<br />

d’urgence (3, 4) , les échecs <strong>du</strong> MEOPA (5) , les soins intensifs, les examens, les actes ORL, les soins<br />

<strong>de</strong>ntaires, les actes douloureux répétés (pansements, effractions cutanées…).<br />

1


L’in<strong>du</strong>ction anesthésique a donné lieu une réflexion approfondie <strong>de</strong>s anesthésistes pédiatriques (6-9) .<br />

Que faites vous face à un enfant <strong>de</strong> 6 ans qui doit être opéré d’un strabisme et qui refuse<br />

l’anesthésie ? Telle est <strong>la</strong> question posée à 463 anesthésistes pédiatriques <strong>de</strong>s USA (10) : 80 %<br />

utilisent <strong>la</strong> « contrainte », <strong>la</strong> «force» pour réaliser l’anesthésie.<br />

Jenny Thomas (anesthésiste) s’est interrogée dans un éditorial sur <strong>la</strong> frontière entre maltraitance et<br />

contrainte physique (9). Faut-il <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un consentement, une autorisation aux parents<br />

préa<strong>la</strong>blement? Bien souvent il est possible d’i<strong>de</strong>ntifier les enfants à risque en réalisant une base <strong>de</strong><br />

données locales pour se donner les moyens d’éviter ces situations. Les comportements <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins<br />

sont aussi « améliorables » car un praticien fatigué, stressé, irascible aura <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> réponse<br />

nettement moins performantes pour faire face à ces épiso<strong>de</strong>s.<br />

Chez l’a<strong>du</strong>lte, l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> contention physique bien connue chez les personnes âgées (11) peut<br />

avoir <strong>de</strong>s effets délétères majeurs sur le <strong>patient</strong> (12, 13). L’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> contention dans les services<br />

<strong>de</strong> réanimation est très variable selon le type d’unité, selon le prescripteur (14). Une enquête récente<br />

suggère que <strong>la</strong> France serait un <strong>de</strong>s pays Européens les plus utilisateurs <strong>de</strong> contention (15).<br />

La variabilité <strong>de</strong>s pratiques antalgiques<br />

Alors que beaucoup d’équipes ont modifié positivement leurs pratiques, d’autres « restent sur <strong>la</strong><br />

touche ». Les bonnes pratiques apparaissent trop souvent « soignant dépendant ». La variabilité <strong>de</strong>s<br />

conditions d’utilisation <strong>du</strong> MEOPA (mé<strong>la</strong>nge équimo<strong>la</strong>ire oxygène protoxy<strong>de</strong> d’azote) en est<br />

particulièrement emblématique : tel mé<strong>de</strong>cin bloque son utilisation en invoquant <strong>de</strong>s risques infondés<br />

(toxicomanie…), tel autre gar<strong>de</strong> <strong>la</strong> bouteille enfermée dans son bureau et l’utilise avec parcimonie,<br />

telle instance hospitalière bloque l’utilisation <strong>du</strong> MEOPA en invoquant <strong>de</strong>s risques surdimensionnés<br />

<strong>de</strong> pollution pour le personnel, telle équipe <strong>de</strong>s urgences pourtant familière <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> l’utilise <strong>de</strong><br />

manière aléatoire (2)…alors que les données concernant <strong>la</strong> sécurité et l’efficacité <strong>du</strong> MEOPA sont<br />

particulièrement bien documentées (16-19) et que <strong>de</strong>s recommandations officielles existent (5).<br />

L’utilisation d’autres moyens antalgiques simples donne lieu à <strong>de</strong>s comportements aberrants (solutions<br />

sucrées bannies d’une maternité par une pédiatre <strong>non</strong> convaincue <strong>de</strong>s effets antalgiques pour les<br />

effractions cutanées chez le nouveau né; réserve <strong>de</strong> morphine interdite par <strong>la</strong> cadre d’un service<br />

d’urgence par crainte d’une agression…).<br />

En l’absence <strong>de</strong> couverture antalgique, l’enfant est immobilisé <strong>de</strong> force pour réaliser l’acte, le soin<br />

douloureux (3, 20, 21). Cette pratique ancienne <strong>du</strong> "passage en force" infligé aux enfants "pour leur<br />

bien " est encore régulièrement observée : sous prétexte <strong>de</strong> soins, d’actes "qui ne peuvent pas<br />

attendre". Bien <strong>de</strong>s violences sont commises sur les enfants. Tous les ingrédients (violence, terreur,<br />

<strong>douleur</strong>) sont réunis pour fabriquer un traumatisme psychique et générer chez certains, <strong>de</strong>s<br />

comportements phobiques vis à vis <strong>de</strong>s soins et <strong>de</strong>s soignants. Au final, beaucoup <strong>de</strong> perdants car ces<br />

pratiques néfastes à l’enfant provoquent également d’autres dégâts : chez les soignants (sentiment <strong>de</strong><br />

disqualification professionnelle) et chez les parents (culpabilité <strong>de</strong> ne pouvoir rien faire).<br />

La mise en perspective <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux problématiques soulève <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> maltraitance<br />

institutionnelle. Ce concept apparu dans les années 80, (22) concerne les popu<strong>la</strong>tions vulnérables :<br />

d’abord les institutions pour enfants en difficultés sociales (23) puis les structures psychiatriques et<br />

gériatriques. La définition (24), « toute action commise dans ou par une institution, ou toute absence<br />

d’action qui cause à l’enfant une souffrance physique ou psychologique inutile et/ou qui entrave son<br />

évolution ultérieure » pourrait parfaitement s’appliquer à ces situations.<br />

La <strong>non</strong> utilisation ou le blocage <strong>de</strong> moyen antalgique peut maintenant engager <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>s<br />

soignants et /ou <strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong> soin comme l’atteste une jurispru<strong>de</strong>nce récente (25).<br />

La condamnation d’un établissement hospitalier qui n’a pas utilisé <strong>de</strong> moyens antalgiques chez un<br />

<strong>patient</strong> illustre l’évolution <strong>de</strong>s normes sociales.<br />

2


Il serait illusoire <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser croire que tous les soins, tous les actes puissent se dérouler sans jamais<br />

recourir à une contention mais il est c<strong>la</strong>ir que beaucoup <strong>de</strong> ces actes pourraient se faire beaucoup plus<br />

« pacifiquement » moyennant une réflexion, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’objectifs précis (<strong>la</strong> contention<br />

représente un échec, elle ne peut être employée que <strong>de</strong> façon exceptionnelle après avoir utilisé<br />

plusieurs moyens antalgiques…). La réalisation d’audit local (CF l’audit Trousseau en annexe) permet<br />

<strong>de</strong> préciser combien d’enfants sont concernés par <strong>la</strong> contention forte et <strong>de</strong> susciter <strong>la</strong> réflexion au sein<br />

<strong>de</strong>s équipes et <strong>de</strong>s établissements<br />

Les réponses institutionnelles<br />

Une réflexion collégiale, nationale, pluridisciplinaire apparaît indispensable pour répondre aux<br />

principales questions:<br />

‣ Quel est l’état <strong>de</strong>s lieux ?<br />

‣ Comment i<strong>de</strong>ntifier ces situations ?<br />

‣ Quelles sont les popu<strong>la</strong>tions à risque ?<br />

‣ Quelles stratégies décisionnelles<br />

‣ Utilisation optimale <strong>de</strong>s antalgiques existants<br />

‣ Comment associer les stratégies médicamenteuses et re<strong>la</strong>tionnelles ?<br />

Conclusion<br />

La tolérance sociale vis à vis <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> moyens antalgiques est en train <strong>de</strong><br />

changer, faute <strong>de</strong> réactions collégiales et concertées <strong>de</strong>s professionnels concernés, il est probable que<br />

l’accusation <strong>de</strong> « maltraitance » puisse être portée à l’encontre <strong>de</strong> structures, <strong>de</strong> services, <strong>de</strong><br />

professionnels qui n’auront pas actualisé leurs connaissances, leurs pratiques pour mieux contrôler <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> provoquée par les soins.<br />

Annexe Audit local réalisé à l’hôpital Trousseau sur l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> contention (26)<br />

Cette étu<strong>de</strong> prospective a été menée <strong>du</strong>rant cinq jours consécutifs les soignants ont réalisé<br />

une cotation <strong>de</strong> <strong>la</strong> contention selon une échelle <strong>de</strong> 5 niveaux sur l’ensemble <strong>de</strong>s soins.<br />

o Niveau 0 : pas <strong>de</strong> contention l’enfant est calme et déten<strong>du</strong><br />

o Niveau 1 : « contention douce » : une partie <strong>du</strong> corps <strong>de</strong> l’enfant est juste maintenu<br />

(par une personne) sans réaction <strong>de</strong> retrait <strong>de</strong> l’enfant<br />

o Niveau 2 : « contention moyenne » une ou plusieurs parties <strong>du</strong> corps <strong>de</strong> l’enfant sont<br />

maintenues (par une personne) avec réaction <strong>de</strong> retrait <strong>de</strong> l’enfant<br />

o Niveau 3 : « contention forte » une ou plusieurs parties <strong>du</strong> corps <strong>de</strong> l’enfant sont maintenues<br />

fermement, (par plusieurs personnes) l’enfant proteste, crie, pleure<br />

o Niveau 4 : «contention très forte » une ou plusieurs parties <strong>du</strong> corps <strong>de</strong> l’enfant sont<br />

maintenues (par plusieurs personnes) avec réaction <strong>de</strong> retrait, agitation importante <strong>de</strong> l’enfant,<br />

se débat fortement malgré <strong>la</strong> contention.<br />

Résultats<br />

8 unités <strong>de</strong> soins ont participé à cet audit qui a concerné 296 gestes chez 212 enfants.<br />

Quarante-<strong>de</strong>ux % <strong>de</strong>s soins étaient <strong>de</strong>s ponctions veineuses ou pose <strong>de</strong> cathéter court, 17% <strong>de</strong><br />

ponctions capil<strong>la</strong>ires, 10% <strong>de</strong> pansements, 6% d’aspirations rhino pharyngées et 5% <strong>de</strong><br />

ponction lombaire.<br />

• 28 % <strong>de</strong> ces gestes ont un niveau entre « 2 » et « 4 »<br />

• 9% <strong>de</strong>s gestes ont nécessité une contention forte ou très forte (niveau 3 et 4)<br />

• les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans présentent un risque majoré <strong>de</strong> contention<br />

• pour 66% <strong>de</strong>s enfants ayant eu une contention importante un déficit d’analgésie<br />

(un seul moyen antalgique utilisé voir aucun.)<br />

• le soin qui se « déroule mal » n’est quasiment jamais arrêté.<br />

3


Références<br />

(1) Tomkiewicz S. Preface. T'as pas <strong>de</strong> raison d'avoir mal ! La Martinière; 2002.<br />

(2) Guichard D. Maltraitance institutionnelle ? Le témoignage d'une maman sur <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> aux urgences. www pediadol.org 2005.<br />

(3) Loryman B, Davies F, Chavada G, Coats T. Consigning "brutacaine" to history: a survey of<br />

pharmacological techniques to facilitate painful proce<strong>du</strong>res in children in emergency <strong>de</strong>partments in the<br />

UK. Emerg Med J 2006 Nov; 23(11): 838-40.<br />

(4) Benger J. "Brutacaine" vanquished, but pain remains. Emerg Med J 2006 Nov; 23(11):823.<br />

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(6) Mion LC. Physical Restraint in Critical Care Settings: Will They Go Away? Geriatric Nursing 2011<br />

Nov; 29(6): 421-3.<br />

(7) Przybylo HJ, Tarbell SE, Stevenson GW. Mask fear in children presenting for anesthesia: aversion,<br />

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Paediatr Anaesth 2005; 15(5): 421-5.<br />

(9) Thomas J. Brute force or gentle persuasion? Paediatr Anaesth 2005 May; 15(5): 355-7.<br />

(10) Lewis I, Burke C, Voepel-Lewis T, TAIT AR. Children who refuse anesthesia or sedation: a survey of<br />

anesthesiologists. Paediatr Anaesth 2007; 17(12):1134-42.<br />

(11) ANAES. Limiter les risques <strong>de</strong> <strong>la</strong> contention physique <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne âgée. 2000.<br />

(12) Mion LC. Establishing alternatives to physical restraints in the acute care setting: a conceptual<br />

framework to assist nurses' <strong>de</strong>cision making. AACN Clin Issues 1996 Nov; 7(4): 592-602.<br />

(13) Mion LC, Strumpf N. Use of physical restraints in the hospital setting: Implications for the nurse:<br />

Nurses must i<strong>de</strong>ntify the reasons restraints are being used and then search for alternatives. Geriatric<br />

Nursing 2005 May; 15(3): 127-31.<br />

(14) Mion LC. Physical restraint in critical care settings: will they go away? Geriatr Nurs 2008 Nov;<br />

29(6): 421-3.<br />

(15) Benbenbishty J, Adam S, Endacott R. Physical restraint use in intensive care units across Europe: The<br />

PRICE study. Intensive and Critical Care Nursing26 (5): 241-5.<br />

(16) Col<strong>la</strong>do V, Nico<strong>la</strong>s E, Faulks D, Hennequin M. A review of the safety of 50% nitrous oxi<strong>de</strong>/oxygen in<br />

conscious sedation. Expert Opin Drug Saf 2007 Sep; 6(5): 559-71.<br />

(17) Gall O, Annequin D, Benoit G, VanG<strong>la</strong>beke E, Vrancea F, Murat I. Adverse events of premixed nitrous<br />

oxi<strong>de</strong> and oxygen for proce<strong>du</strong>ral sedation in children. Lancet 2001; 358(9292):1514-5.<br />

(18) Giraud C, Galene E, Begue D, Tixier C, Clement P. Utilisation et effets indésirables <strong>du</strong> mé<strong>la</strong>nge<br />

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(20) Scottish Intercollegiate Gui<strong>de</strong>line Network. Safe sedation of chidren un<strong>de</strong>rgoing diagnostic and<br />

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(21) Royal College of Nursing. Restraining, holding still and containing children: guidance for good<br />

practice. London; 1999.<br />

(22) Creoff M. Maltraitances institutionnelles. Actualité et dossier en santé publique (adsp) 2000; 31:52-6.<br />

(23) Tomkiewicz S. [Violence and negligence to children and adolescents in institutions]. Child Abuse Negl<br />

1984; 8(3):319-35.<br />

(24) Tomkiewicz S, Vivet P. Aimer mal, châtier bien. Enquêtes sur les violences dans les institutions pour<br />

enfants et adolescents. Paris: Seuil; 1991.<br />

(25) Lelievre N. Absence <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et responsabilite d'un centre hospitalier. Douleurs<br />

2008; 8(6):342-4.<br />

(26) Lombart B, Annequin D, Cimerman P, Martret P, Tourniaire B, Galinski M. Prevalence of physical<br />

restraint in children for proce<strong>du</strong>ral pain. Poster 13 ème congres Montreal IASP (international<br />

association for study o pain; 2010.<br />

4


<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>du</strong> <strong>patient</strong> <strong>non</strong> <strong>communicant</strong><br />

Douleur <strong>de</strong>s personnes âgées<br />

B. Pradines. Service <strong>de</strong> Soins <strong>de</strong> Longue Durée <strong>du</strong> Centre Hospitalier d'Albi. 81013 ALBI Ce<strong>de</strong>x*<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

L’intérêt <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> résulte en une mobilisation médico-soignante accrue envers <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong>, une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> subjectivité <strong>de</strong> chaque professionnel, une meilleure appréciation <strong>de</strong><br />

l’intensité douloureuse, une augmentation <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> traitements adaptés et une augmentation <strong>du</strong><br />

nombre <strong>de</strong> réévaluations <strong>de</strong>s traitements (1). Cependant, les troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication verbale sont<br />

un obstacle à l’évaluation c<strong>la</strong>ssique chez <strong>de</strong>s personnes atteintes <strong>de</strong> démences sévères ou très sévères.<br />

De même, une comorbidité ou une autre pathologie <strong>non</strong> démentielle peuvent invali<strong>de</strong>r l’interrogatoire.<br />

Ce sujet est d’actualité, surtout <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> :<br />

- l'augmentation <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong>s personnes âgées et très âgées,<br />

- l'augmentation <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong>s personnes âgées souffrant <strong>de</strong> troubles cognitifs,<br />

- <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> fréquence <strong>de</strong>s pathologies douloureuses au grand âge. Par exemple, Lopez-Tourres (2)<br />

retrouve toujours une <strong>douleur</strong> chez trente-trois <strong>patient</strong>s déments en fin <strong>de</strong> vie.<br />

- l’éventualité <strong>de</strong> voir les personnes démentes parvenir plus régulièrement en phase avancée <strong>non</strong><br />

verbalisante <strong>du</strong> fait <strong>de</strong>s progrès réalisés dans leur prise en charge.<br />

Par « <strong>non</strong> <strong>communicant</strong> », on entend généralement l’impossibilité d’établir une re<strong>la</strong>tion, <strong>de</strong> transmettre<br />

une information, un message 1 . En mé<strong>de</strong>cine, l’interrogatoire revêt une importance que les progrès <strong>de</strong>s<br />

examens complémentaires n’ont pas supp<strong>la</strong>ntée. Le sujet âgé <strong>de</strong>meure heureusement <strong>communicant</strong><br />

dans <strong>la</strong> quasi-totalité <strong>de</strong>s cas par le « <strong>la</strong>ngage <strong>non</strong>-verbal ». Le néologisme <strong>de</strong> « dys<strong>communicant</strong> » (1)<br />

(3) ou le qualificatif <strong>de</strong> « <strong>non</strong>-verbalisant » sont sans doute mieux adaptés à <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> ces<br />

situations où le <strong>la</strong>ngage corporel seul est exploitable. Face à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, l’efficacité <strong>du</strong> traitement<br />

dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> l’évaluation qui doit être systématique afin <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépister.<br />

Principales échelles d’hétéro évaluation utilisées en France<br />

Qui sont les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s nécessitant une hétéro-évaluation ?<br />

L’hétéro-évaluation est requise quand les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s présentent une expression verbale qui n'est pas<br />

considérée comme crédible par l'observateur, ce qui équivaut à une incapacité à s'auto évaluer, même<br />

avec l’assistance <strong>du</strong> soignant.<br />

Items proposés dans les outils d’hétéro-évaluation<br />

Les grilles d'hétéro-évaluation utilisent <strong>de</strong>s termes variés. Pourtant, ces <strong>de</strong>rniers sont souvent<br />

i<strong>de</strong>ntiques ou comparables.<br />

Ces grilles ren<strong>de</strong>nt compte <strong>de</strong>s éléments suivants :<br />

- Observations <strong>du</strong> <strong>patient</strong> en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s soins et <strong>de</strong>s sollicitations.<br />

- Observations <strong>du</strong> <strong>patient</strong> pendant les soins et les sollicitations.<br />

- Retentissements <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> sur ses activités <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie quotidienne (AVQ).<br />

Le tableau 1 objective les items généralement cités dans <strong>la</strong> littérature.<br />

* Site web : http://www.geriatrie-albi.fr E-mail : bpradines@aol.com<br />

1 Encyclopædia Universalis 2006<br />

5


Tableau 1. Items notés selon leur intérêt par 46 soignants sollicités par nos soins en 2003.<br />

Les items en italique se retrouvent avec <strong>de</strong>s formu<strong>la</strong>tions comparables dans les trois grilles françaises<br />

Doloplus 2, ECPA-2 et ECS (échelle comportementale simplifiée).<br />

Item Note moyenne sur 20<br />

et écart-type<br />

Expression <strong>du</strong> visage : mimique et regard crispés 18,93 +/- 1,58<br />

P<strong>la</strong>intes <strong>non</strong> verbales exprimées pendant le soin telles que : cris,<br />

18,89 +/- 1,47<br />

gémissements, geignements, grognements, soupirs<br />

Réactions pendant <strong>la</strong> mobilisation à type <strong>de</strong> crispation 17,80 +/- 2,56<br />

Réactions pendant les soins <strong>de</strong>s zones suspectes à type <strong>de</strong> crispation 17,76 +/- 2,68<br />

P<strong>la</strong>intes <strong>non</strong> verbales exprimées en <strong>de</strong>hors <strong>du</strong> soin telles que : cris,<br />

gémissements, geignements, grognements, soupirs<br />

17,34 +/- 2,88<br />

Position spontanée au repos (position antalgique) 17,15 +/- 3,39<br />

Changement <strong>de</strong> comportement 16,67 +/- 2,95<br />

Protection, soutien, frottement, ou massage d'une zone suspecte 16,21 +/- 3,60<br />

Mouvements ré<strong>du</strong>its ou mobilité ré<strong>du</strong>ite, hors et/ou dans le lit 15,60 +/- 3,79<br />

Troubles <strong>du</strong> comportement à type d'agitation 15,5 +/- 3,72<br />

Anticipation anxieuse aux soins 14,43 +/- 4,26<br />

Sommeil perturbé 14,21 +/- 4,38<br />

Toilette et/ou habil<strong>la</strong>ge perturbés 13,97 +/- 3,90<br />

Signes neurovégétatifs tels que : tachycardie, hypertension, sueurs 13,63 +/- 4,06<br />

Perturbation <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion à autrui 13,60 +/- 3,85<br />

Appétit perturbé 13,45 +/- 4,62<br />

Les outils français<br />

Dans tous les cas, lorsque <strong>la</strong> personne âgée est <strong>communicant</strong>e et coopérante, il est logique d'utiliser les<br />

outils d'autoévaluation : en effet, nul ne connaît mieux sa <strong>douleur</strong> que le <strong>patient</strong> lui-même. Les trois<br />

outils d’hétéro évaluation les plus utilisés en France en 2010 comportent <strong>de</strong> nombreux items<br />

i<strong>de</strong>ntiques ou très proches : le Doloplus 2 (4), l’ECPA-2 (5), et l’Algoplus (6). En complément, le<br />

schéma corporel nous semble indispensable dans <strong>la</strong> prise en charge thérapeutique (7).<br />

Tout instrument <strong>de</strong> mesure, pour être utilisable en pratique, doit être validé. Ce qui revient à vérifier<br />

qu'il donne un résultat sensible, repro<strong>du</strong>ctible, fiable et spécifique.<br />

Il ne faut pas comparer les scores entre ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s. Seule l'évolution d'un <strong>patient</strong> donné nous intéresse :<br />

c’est <strong>la</strong> cinétique <strong>de</strong>s scores.<br />

Les grilles peuvent être divisées toutefois en <strong>de</strong>ux groupes : celles faisant état d’une <strong>de</strong>scription<br />

globale ou bien celles qui établissent une distinction nette entre le repos d’une part, les mouvements et<br />

les soins d’autre part.<br />

- Les grilles faisant état d’une <strong>de</strong>scription globale : en France, le Doloplus 2 et l'Algoplus.<br />

* le Doloplus 2 est validé <strong>de</strong>puis 2001 (8). Cette grille mesure <strong>de</strong>s symptômes regroupés en trois<br />

familles <strong>de</strong> retentissements comportant en tout dix items cotés <strong>de</strong> 0 à 3 :<br />

• retentissement somatique<br />

• retentissement psychomoteur<br />

• retentissement psychosocial<br />

L'utilisation nécessite un apprentissage. Il convient <strong>de</strong> coter en équipe pluridisciplinaire <strong>de</strong> préférence.<br />

Il ne faut pas coter en cas d'item inadapté. La cotation d'un item isolé n'a pas <strong>de</strong> sens. C'est le score<br />

global qui est à considérer. Si celui-ci se concentre sur les <strong>de</strong>rniers items, <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est peu probable,<br />

ce qui s’accor<strong>de</strong> avec les résultats <strong>de</strong> notre enquête <strong>de</strong> 2003 citée ci-<strong>de</strong>ssus. Le Doloplus 2 possè<strong>de</strong> le<br />

mérite <strong>de</strong> son ancienneté, <strong>de</strong> sa validation, <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>du</strong> site Internet le décrivant. Il est pourtant peu<br />

utilisé, souvent considéré comme long à mettre en œuvre et à coter.<br />

6


L’Algoplus (9) possè<strong>de</strong> le mérite d’une simplicité accrue : cinq items seulement appe<strong>la</strong>nt une réponse<br />

par oui ou par <strong>non</strong> :<br />

1 – Visage : froncement <strong>de</strong>s sourcils, grimaces, crispation, mâchoires serrées,<br />

visage figé,<br />

2 – Regard : regard inattentif, fixe, lointain ou suppliant, pleurs, yeux fermés,<br />

3 – P<strong>la</strong>intes : « Aie », « Ouille », « j’ai mal », gémissements, cris,<br />

4 – Corps : Retrait ou protection d’une zone, refus <strong>de</strong> mobilisation, attitu<strong>de</strong>s figées<br />

5 – Comportements : Agitation ou agressivité, agrippement.<br />

Sa brièveté pourrait assurer son succès, encore difficile à apprécier <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> sa nouveauté (2007).<br />

L'échelle Algoplus a été spécifiquement développée pour évaluer et permettre <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s<br />

<strong>douleur</strong>s aiguës chez un <strong>patient</strong> âgé pour tous les cas où une auto évaluation fiable n'est pas praticable<br />

(troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication verbale).<br />

L'utilisation d'Algoplus est ainsi particulièrement recommandée pour le dépistage et l'évaluation <strong>de</strong>s :<br />

- pathologies douloureuses aigues (ex : fractures, pério<strong>de</strong> post-opératoire, ischémie, lumbago, zona,<br />

rétentions urinaires...)<br />

- accès douloureux transitoires (ex : névralgies faciales, poussées douloureuses sur cancer...)<br />

- <strong>douleur</strong>s provoquées par les soins ou les actes médicaux diagnostiques.<br />

La présence d'un seul comportement dans chacun <strong>de</strong>s items suffit pour le coter « oui ».<br />

Chaque item coté « oui » est compté un point et <strong>la</strong> somme <strong>de</strong>s items permet d'obtenir un score total sur<br />

cinq. Un score égal ou supérieur à 3 est fortement évocateur : <strong>la</strong> présence d'une <strong>douleur</strong> est alors<br />

détectée avec une sensibilité <strong>de</strong> 87% et une spécificité <strong>de</strong> 80%. Il est ensuite nécessaire <strong>de</strong> pratiquer<br />

régulièrement <strong>de</strong> nouvelles cotations. La prise en charge est satisfaisante quand le score reste<br />

strictement inférieur à <strong>de</strong>ux. Testé tout d’abord aux Urgences, il pourrait constituer un outil simple <strong>de</strong><br />

dépistage <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et <strong>de</strong> suivi thérapeutique en institution gériatrique si l’on admet que les<br />

<strong>douleur</strong>s les plus fréquemment rencontrées sont aiguës, intermittentes et persistantes. Elles<br />

apparaissent presque toujours lors <strong>de</strong>s mobilisations et <strong>de</strong>s soins.<br />

L’Algoplus s’apparente à <strong>la</strong> grille CNPI 2 publiée par Feldt (10).<br />

- Les grilles évaluant <strong>de</strong>s items au repos et pendant le mouvement ou les soins.<br />

Parmi elles, l’échelle française ECPA-2 (Echelle Comportementale d'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> pour <strong>la</strong><br />

Personne Agée) validée <strong>de</strong>puis 2007 (11). Comme le Doloplus 2, l’ECPA-2 est recommandée par<br />

l’ANAES (12). L’ECPA-2 s’adresse aux personnes âgées d’âge égal ou supérieur à 65 ans souffrant <strong>de</strong><br />

troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication verbale. Tous les mots <strong>de</strong> l’échelle sont issus <strong>du</strong> vocabu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s<br />

soignants. Ainsi, l'ECPA-2 peut être utilisée aussi bien par <strong>de</strong>s infirmières, <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s-soignantes que<br />

par <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins. Elle comprend 8 items avec 5 modalités <strong>de</strong> réponses cotées <strong>de</strong> 0 à 4. Chaque niveau<br />

représente un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> croissante et est exclusif <strong>de</strong>s autres pour le même item. Le score total<br />

varie donc <strong>de</strong> 0 (absence <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>) à 32 (<strong>douleur</strong> totale).<br />

La cotation par une seule personne est possible. Le temps <strong>de</strong> cotation varie selon l’entraînement <strong>de</strong><br />

l’observateur : elle oscille entre 1 et 5 minutes.<br />

La seule mais indispensable précaution est <strong>de</strong> coter <strong>la</strong> dimension « observation avant les soins »<br />

réellement avant les soins et <strong>non</strong> pas <strong>de</strong> mémoire après ceux-ci. Il y aurait alors contamination <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>uxième dimension sur <strong>la</strong> première.<br />

La cotation douloureuse n’a pas <strong>de</strong> cadre restrictif : on peut l’effectuer à n’importe quel moment et <strong>la</strong><br />

répéter à volonté.<br />

- Le schéma corporel<br />

Le <strong>patient</strong> ne pouvant pas mettre en gar<strong>de</strong> les soignants quant à ses zones douloureuses, il est très utile<br />

<strong>de</strong> disposer d’un schéma corporel sur lequel elles sont consignées afin <strong>de</strong> pratiquer <strong>de</strong>s manipu<strong>la</strong>tions<br />

adaptées.<br />

2 Check list of Nonverbal Pain Indicators<br />

7


Ce renseignement simple est d’autant plus justifié que <strong>la</strong> rotation <strong>de</strong>s personnels et <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s est<br />

rapi<strong>de</strong> et que l’on se situe au début <strong>du</strong> séjour hospitalier. Les familles représentent <strong>la</strong> meilleure source<br />

d’information dans ce domaine. Aucune prémédication antalgique ne remp<strong>la</strong>cera un geste correct et<br />

doux effectué par <strong>de</strong>s soignants formés et informés.<br />

- Notre pratique <strong>de</strong>s outils :<br />

Le schéma corporel est diffusé auprès <strong>de</strong> tous les intervenants dès qu’une zone douloureuse est connue<br />

ou i<strong>de</strong>ntifiée. Nous avons utilisé en soins <strong>de</strong> longue <strong>du</strong>rée d’abord le Doloplus 2, puis l’ECPA-2,<br />

enfin l’Algoplus en mesurant un score au repos et un score lors <strong>de</strong>s mouvements et <strong>de</strong>s soins. Cette<br />

pratique, bien que rapi<strong>de</strong> et vite adoptée par les équipes soignantes, n’est pas validée. Elle est toutefois<br />

informative sur les <strong>douleur</strong>s les plus fréquentes dans ce type <strong>de</strong> services : les <strong>douleur</strong>s inci<strong>de</strong>ntes liées<br />

aux mouvements et aux soins.<br />

Discussion<br />

Caractéristiques <strong>de</strong>s sujets âgés <strong>non</strong> verbalisants<br />

Dans <strong>la</strong> situation <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication exclusivement <strong>non</strong> verbale, les <strong>patient</strong>s âgés souffrent le plus<br />

souvent <strong>de</strong> démence sévère ou très sévère (13). La phase ultime <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die démentielle est<br />

représentée par le sta<strong>de</strong> 7 <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssification GDS <strong>de</strong> Reisberg (14) : « toutes les capacités verbales<br />

sont per<strong>du</strong>es au cours <strong>de</strong> ce sta<strong>de</strong> ». Les sta<strong>de</strong>s moins tardifs peuvent être concernés, mais <strong>de</strong> manière<br />

moins constante. Une co-morbidité préa<strong>la</strong>ble ou simultanée peut empêcher ou altérer <strong>la</strong><br />

communication verbale, telle qu'une aphasie, une dysarthrie sévère ou une aphonie. Il en va <strong>de</strong> même<br />

d'un trouble sensoriel grave tel qu’une surdité totale (12) ou <strong>de</strong>s troubles visuels sévères qui interfèrent<br />

avec l'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> en interdisant l'usage <strong>de</strong> certains outils. Un état confusionnel<br />

empêchera le plus souvent toute autoévaluation pertinente.<br />

L’évaluation <strong>de</strong>s fonctions cognitives à l’ai<strong>de</strong> <strong>du</strong> MMSE (15) est souvent inférieure à 5, voire<br />

irréalisable, alors que ce test totalement réalisé aboutit à un score <strong>de</strong> 30 points. Toutefois, le score<br />

obtenu avec cet outil ne constitue pas un élément fiable pour départager les personnes relevant d’une<br />

autoévaluation et celles qui obligent à recourir à l’hétéro évaluation (16). Or, l’autoévaluation est<br />

toujours préférable : échelle numérique (EN) et échelle verbale simple (EVS) sont les seuls outils<br />

praticables dan ces situations. Les limites <strong>de</strong> leur utilisation restent encore à préciser : incohérence <strong>de</strong>s<br />

réponses aux qualificatifs <strong>de</strong> l’EVS, EVS et EN effectuées simultanément et concurremment, rappel<br />

<strong>de</strong> mots après tâche distractive (17) …<br />

La psychopathologie, dominée par les troubles <strong>de</strong> l’humeur (anxiété, dépression) et les pro<strong>du</strong>ctions<br />

(délire, hallucinations), doit impérativement être appréciée sous peine d’échec thérapeutique tant son<br />

lien avec <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est désormais bien établi.<br />

Les limites <strong>de</strong> l’hétéro évaluation<br />

Les outils peuvent donner l'illusion que les <strong>douleur</strong>s sont d'appréciation simple, alors que l’hétéro<br />

évaluation n'est qu'un élément <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, à l'instar <strong>de</strong> <strong>la</strong> détection, <strong>du</strong><br />

diagnostic et <strong>du</strong> traitement. Ils ne disent rien <strong>du</strong> diagnostic qu’ils ne doivent pas retar<strong>de</strong>r car l’attitu<strong>de</strong><br />

thérapeutique adéquate en dépend. Ils ne proposent pas une pondération <strong>de</strong> leurs items dont <strong>la</strong><br />

pertinence est variable, comme nous l’avons présumé à <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong>s réponses <strong>de</strong> l’enquête <strong>de</strong> 2003<br />

évoquée précé<strong>de</strong>mment. L'effet <strong>de</strong> nouveauté a pu con<strong>du</strong>ire à les privilégier par rapport à<br />

l’autoévaluation : le risque est <strong>de</strong> re<strong>non</strong>cer à <strong>la</strong> composante verbale quand elle est encore exploitable.<br />

Une autre dérive est <strong>la</strong> confiance excessive dans les scores dont découleraient <strong>de</strong>s protocoles <strong>de</strong><br />

soins stéréotypés : Grille => score => protocole => traitement standardisé<br />

Il convient aussi <strong>de</strong> ne pas conclure trop vite sur un ou <strong>de</strong>ux symptômes. Pour Regnard (18), il n’est<br />

pas possible <strong>de</strong> distinguer <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> parmi les autres inconforts majeurs dans une popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong><br />

ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s <strong>de</strong> soins palliatifs souffrant <strong>de</strong> troubles cognitifs sévères. Dans l’éventualité où un inconfort<br />

<strong>non</strong> douloureux ne peut pas être mis en évi<strong>de</strong>nce, un test antalgique pourrait trouver sa justification.<br />

Toutefois, il conviendra <strong>de</strong> conclure pru<strong>de</strong>mment.<br />

8


S’il est aisé <strong>de</strong> pratiquer un tel essai avec un médicament <strong>de</strong> palier 1, il n’en est pas <strong>de</strong> même avec le<br />

recours aux paliers 2 et 3 dont on connaît les effets secondaires sédatifs qui peuvent faire conclure à<br />

l’existence d’une <strong>douleur</strong> alors que les opioï<strong>de</strong>s agissent sur l’anxiété <strong>de</strong> manière <strong>non</strong> spécifique.<br />

Même l’utilisation <strong>du</strong> paracétamol sera sujette à caution <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> faible efficacité <strong>de</strong> cette<br />

substance : que dé<strong>du</strong>ire en l’absence <strong>de</strong> réponse ? Enfin, nous savons bien peu <strong>de</strong> choses <strong>de</strong> l’effet<br />

p<strong>la</strong>cebo dans ce contexte, effet trompeur donc <strong>non</strong> éthique.<br />

S’il n’est pas possible <strong>de</strong> comparer les scores entre ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s, sommes-nous assurés qu’une appréciation<br />

re<strong>la</strong>tive n’est toutefois pas opérée entre les p<strong>la</strong>intes <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s ? Pour Jean (19), le grand biais<br />

clinique <strong>de</strong> l'hétéro évaluation rési<strong>de</strong> dans <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> projetée <strong>de</strong> l'observateur lui-même : c’est ici le<br />

domaine <strong>de</strong> l’intersubjectivité.<br />

Par ailleurs, ces outils viennent s'ajouter à <strong>de</strong> multiples échelles d'évaluation dans les autres domaines<br />

<strong>de</strong>s soins. Ils sont re<strong>la</strong>tivement longs à mettre en œuvre au début <strong>de</strong> leur utilisation dans un service ou<br />

dans un EHPAD. Devant l’abondance <strong>de</strong>s exigences <strong>de</strong> soins, <strong>la</strong> définition indivi<strong>du</strong>elle <strong>de</strong>s priorités<br />

est <strong>de</strong> mise.<br />

De plus, il s'agit à l'heure actuelle d'outils <strong>non</strong> standardisés, variables selon les pays, dont <strong>la</strong> validation,<br />

quand elle existe, est d'appréciation complexe, souvent versus EVA. Les séries témoins sont<br />

constituées par <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s dont l’expression verbale est encore possible, par exemple présentant un<br />

MMSE inférieur à 18 sur 30. Or, <strong>la</strong> physiopathologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, modifiée par l’âge (20), est<br />

probablement mo<strong>du</strong>lée aussi par l’évolution démentielle, voire par le type <strong>de</strong> démence (21). Dans ces<br />

conditions, les <strong>patient</strong>s sont assurément différents et toute comparaison semble sujette à caution.<br />

Pour <strong>la</strong> société américaine <strong>de</strong> gériatrie (22), si les comportements évocateurs surviennent à <strong>la</strong><br />

mobilisation il s’agit bien d’une <strong>douleur</strong>. Cette affirmation implique une observation accrue <strong>du</strong> <strong>patient</strong><br />

lors <strong>de</strong>s mouvements et <strong>de</strong>s soins. Toutefois, l’anxiété réactionnelle à l’approche soignante est souvent<br />

liée à l’incompréhension <strong>du</strong> <strong>patient</strong> dément, par rapport au sens <strong>de</strong>s soins qui lui sont prodigués, qu’ils<br />

soient <strong>de</strong> nursing ou techniques. Surtout, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s manipu<strong>la</strong>tions, une manifestation d’inconfort<br />

peut en imposer pour <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>. Toute source <strong>de</strong> stress est susceptible <strong>de</strong> provoquer <strong>de</strong>s<br />

réactions comportementales atypiques, facteurs confondants avec <strong>de</strong>s symptômes évocateurs <strong>de</strong><br />

<strong>douleur</strong> : l’anxiété anticipatrice aux soins, <strong>la</strong> faim, <strong>la</strong> soif, <strong>la</strong> constipation, un prurit, une dyspepsie, une<br />

dyspnée, le besoin d’être <strong>la</strong>vé ou changé <strong>de</strong> linge <strong>de</strong> corps, <strong>la</strong> fatigue au fauteuil ou encore l’excès <strong>de</strong><br />

bruit, <strong>de</strong> lumière ou <strong>de</strong> chaleur, etc... Le diagnostic différentiel tient ici <strong>du</strong> contexte pathologique et<br />

environnemental, <strong>du</strong> caractère inopiné ou <strong>non</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> symptomatologie. Fort différentes sont les<br />

situations d’un <strong>patient</strong> dément présentant <strong>de</strong>s vocalisations <strong>non</strong> verbales au long cours d’une part et un<br />

ma<strong>la</strong><strong>de</strong> confus <strong>de</strong>puis quelques heures d’autre part.<br />

La biologie et l’imagerie reprennent souvent leurs droits <strong>de</strong>vant une clinique peu informative, même<br />

après un examen attentif. Par ailleurs, l’anxiété soignante est prévisible <strong>de</strong>vant un ma<strong>la</strong><strong>de</strong><br />

incompréhensible donc incompris dans un service d’urgences surchargé et souvent peu adapté à<br />

l’accueil gériatrique.<br />

L’illusion que tout peut être mesuré, quantifié, mis en données exploitables se heurte dans ce domaine<br />

à une complexité qui ne peut pas être ré<strong>du</strong>ite à un score. Le travail pluridisciplinaire à l’écoute <strong>de</strong><br />

l’observation par tous les témoins (soignants, familles, bénévoles, visiteurs) est certainement bien plus<br />

instructif. Pour utiliser une métaphore, le mé<strong>de</strong>cin prescripteur possè<strong>de</strong> une photographie <strong>du</strong> <strong>patient</strong>.<br />

Or, il convient <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r un film pour apprécier correctement les <strong>douleur</strong>s inci<strong>de</strong>ntes habituelles<br />

chez ces ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s.<br />

Apports potentiels <strong>de</strong> l’hétéro évaluation<br />

Des progrès récents sont survenus dans <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s <strong>non</strong> verbalisants au cours <strong>de</strong>s<br />

dix <strong>de</strong>rnières années, en particulier par <strong>la</strong> mise au point en cours d’échelles d'hétéro-évaluation<br />

<strong>de</strong>stinées aux <strong>patient</strong>s cantonnés à <strong>la</strong> composante comportementale <strong>non</strong> verbale.<br />

9


Ces <strong>de</strong>rnières comportent <strong>de</strong>s items moins empiriques, plus spécifiques qu'une observation <strong>non</strong><br />

guidée. Elles constituent une base constructive <strong>de</strong> discussion en équipe autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> suspicion ou <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’existence d’une <strong>douleur</strong>.<br />

Elles permettent <strong>la</strong> comparaison, voire <strong>la</strong> confrontation <strong>de</strong>s observations d'un même <strong>patient</strong>, mais aussi<br />

<strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> l'évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> sous traitement.<br />

Surtout, elles facilitent <strong>la</strong> sensibilisation et <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s intervenants, quelle que soit leur fonction :<br />

soignant, famille, bénévole. Leur pratique systématique permet une meilleure connaissance <strong>de</strong>s signes<br />

et symptômes à repérer afin <strong>de</strong> mieux détecter les <strong>patient</strong>s douloureux. Les diffuser <strong>la</strong>rgement<br />

n’augmentera pas l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>intes mais contribuera à une culture <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> propice à un<br />

dépistage précoce.<br />

Enfin, leur multiplicité stimule <strong>la</strong> recherche dans le domaine <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s chez <strong>la</strong> personne âgée <strong>non</strong><br />

verbalisante.<br />

L’expression <strong>du</strong> visage et <strong>du</strong> regard ainsi que les vocalisations à type <strong>de</strong> p<strong>la</strong>inte se p<strong>la</strong>cent au premier<br />

rang <strong>de</strong>s items à observer. Ceci <strong>de</strong>vrait avoir <strong>de</strong>s conséquences pratiques : si l’on est seul(e) à effectuer<br />

le soin, dispose-t-on d’un simple miroir pour observer <strong>la</strong> mimique lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> réfection d’un pansement<br />

d’escarres ? Lorsque l’on examine une zone douloureuse, se concentre-t-on uniquement sur celle -ci<br />

ou bien observe-t-on aussi le visage <strong>du</strong> <strong>patient</strong> et son attitu<strong>de</strong> ?<br />

Des étu<strong>de</strong>s ultérieures ne seraient-elles pas souhaitables dans l’optique d’une éventuelle pondération<br />

<strong>de</strong>s items d’hétéro évaluation ?<br />

Conclusion<br />

L’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chez <strong>la</strong> personne âgée <strong>non</strong> verbalisante ne peut pas se ré<strong>du</strong>ire au<br />

renseignement d’échelles standardisées, voire validées. Elle nécessite une approche clinique<br />

multifactorielle bien plus complexe que le simple renseignement d'une grille. Les outils en cours <strong>de</strong><br />

développement (23) trouvent leur principal intérêt dans le dépistage <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et dans le suivi en<br />

équipe <strong>de</strong> l'efficacité thérapeutique. Il serait instructif <strong>de</strong> déterminer les limites <strong>de</strong> l’autoévaluation et<br />

<strong>de</strong> s’interroger sur une éventuelle pondération <strong>de</strong>s items <strong>de</strong> l’hétéro évaluation.<br />

Si tous les intervenants s’approprient ces instruments, l’entourage soignant et familial sera impliqué<br />

dans une démarche pluridisciplinaire, pierre angu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte contre <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> dans cette<br />

popu<strong>la</strong>tion. Pourtant, <strong>de</strong> nombreux progrès <strong>de</strong>meurent encore à accomplir. Par exemple, le prescripteur<br />

<strong>de</strong>s antalgiques est encore trop rarement présent lors <strong>de</strong>s toilettes douloureuses, <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong><br />

kinésithérapie et même <strong>de</strong>s soins d'escarres. Une évaluation <strong>de</strong> qualité encouragera une attitu<strong>de</strong> <strong>non</strong><br />

médicamenteuse : douceur <strong>de</strong>s manipu<strong>la</strong>tions argumentée par <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong>s zones douloureuses<br />

avec le secours d’un schéma corporel, évitement <strong>de</strong>s positions inconfortables, habits spécialement<br />

adaptés ne nécessitant pas un déshabil<strong>la</strong>ge et un habil<strong>la</strong>ge en force, utilisation d’une douchette pour <strong>la</strong><br />

toilette <strong>de</strong>s localisations algiques. Une prémédication antalgique ajustée à l’agression nociceptive<br />

viendra éventuellement compléter <strong>la</strong> prise en charge optimale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> provoquée par les soins.<br />

L'écoute et <strong>la</strong> pluridisciplinarité ne sont pas seulement souhaitables. Elles sont indispensables,<br />

ici comme ailleurs en gériatrie.<br />

Références<br />

(1) Petrognani A. L’échelle Comportementale Simplifiée, un outil pour l’évaluation et <strong>la</strong> prise en<br />

charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>du</strong> <strong>patient</strong> dys<strong>communicant</strong>. 12è Congrès National. Société Française<br />

d'Accompagnement et <strong>de</strong> Soins Palliatifs. 15, 16 & 17 juin 2006. Montpellier. Poster 292.<br />

(2) Lopez-Tourres F, Lefebvre-Chapiro S, Guichardon M, Bur<strong>la</strong>ud A, Feteanu D, Trivalle C. Fin <strong>de</strong><br />

vie et ma<strong>la</strong>die d’Alzheimer : étu<strong>de</strong> rétrospective dans un service <strong>de</strong> gériatrie. NPG,<br />

Volume 10, numéro 55, février 2010, pages 37-42.<br />

(3) Bonnin-Koang HY, Froger J, Pel<strong>la</strong>s F, Laffont I, Pélissier J. <strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> chez le <strong>patient</strong> cérébro-lésé dys<strong>communicant</strong>. Symposium HAS - BMJ : Impact clinique <strong>de</strong>s<br />

programmes d'amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité (Clinical impact of quality improvement) - Nice, 19 avril<br />

2010.<br />

(4) La grille Doloplus 2 : http://www.doloplus.com/<br />

10


(5) La grille ECPA : http://geriatrie-albi.com/ECPA.html<br />

(6) http://www.doloplus.com/travaux/travaux4.php<br />

(7) http://geriatrie-albi.com/bonhomme<strong>douleur</strong>.html<br />

(8) Wary B, Serbouti S. « Doloplus : validation d'une échelle d'évaluation comportementale <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> chez <strong>la</strong> personne âgée ». Revue Douleurs, 2001, 2 ; 1 :35-38.<br />

(9) Rat P, Jouve E, Bonin-Guil<strong>la</strong>ume S, Donnarel, Michel M, Capriz F, Chapiro S, Gauquelin F,<br />

Firmin G, Di Vico L, Drouot AS, Piechnick JL, ElAouadi S et le Collectif DOLOPLUS. Présentation<br />

<strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> aiguë pour personnes âgées : ALGOPLUS. Douleurs<br />

Vol 8, N° HS1 - octobre 2007, pp. 45-46.<br />

(10) Feldt KS. The checklist of <strong>non</strong>verbal pain indicators (CNPI). Pain Manag Nurs.<br />

2000 Mar; 1 (1):13-21.<br />

(11) Morello R, Jean A, Alix M, Sellin-Peres D, Fermanian J. A scale to measure pain in <strong>non</strong>-verbally<br />

communicating ol<strong>de</strong>r <strong>patient</strong>s: the EPCA-2. Study of its psychometric properties. Pain. 2007 Dec 15;<br />

133(1-3): 87-98.<br />

(12) ANAES : Agence Nationale d'Accréditation et d'Évaluation en Santé. Recommandations<br />

d'octobre 2000 re<strong>la</strong>tives à l’évaluation et à <strong>la</strong> prise en charge thérapeutique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chez les<br />

personnes âgées ayant <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication verbale. Accessibles le 6 juin 2010 en<br />

téléchargement à l'adresse suivante : http://geriatrie-albi.com/ANAESoct2000doulpersag.pdf<br />

(13) Vel<strong>la</strong>s B, Gauthier S, Al<strong>la</strong>in H, Andrieu S, Aquino J-P, Berrut G, Berthel M, B<strong>la</strong>nchard F, Camus<br />

V, Dartigues J-F, Dubois B, Forette F. et al. Consensus sur <strong>la</strong> démence <strong>de</strong> type Alzheimer au sta<strong>de</strong><br />

sévère. La Revue <strong>de</strong> Gériatrie, Tome 30, n°9, novembre 2005, p 627-640.<br />

(14) Reisberg B, Ferris SH, <strong>de</strong> Leon MJ, Crook T. The Global Deterioration Scale for assessment of<br />

primary <strong>de</strong>generative <strong>de</strong>mentia. Am J Psychiatry 1982 Sep; 139(9): 1136-9.<br />

(15) Folstein MF, Folstein SE, McHugh PR. "Minimental state". A practical method for grading the<br />

cognitive state of <strong>patient</strong>s for the clinician. J Psychiatr Res 1975; 12:189-98.<br />

(16) Wynne CF, Ling SM, Remsburg R. Comparison of pain assessment instruments in cognitively<br />

intact and cognitively impaired nursing home resi<strong>de</strong>nts. Geriatr Nurs. 2000 Jan-Feb; 21(1): 20-3.<br />

(17) Buffum MD, Miaskowski C, Sands L, Brod M. A pilot study of the re<strong>la</strong>tionship between<br />

discomfort and agitation in <strong>patient</strong>s with <strong>de</strong>mentia. Geriatr Nurs. 2001 Mar-Apr; 22(2): 80-5.<br />

(18) Regnard C, Matthews D, Gibson L, C<strong>la</strong>rke C, Watson B. Difficulties in i<strong>de</strong>ntifying distress and<br />

its causes in people with severe communication problems. International Journal of Palliative Nursing,<br />

2003, 9(3): 173-6.<br />

(19) Jean A. et le groupe ECPA. L'hétéro-évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>du</strong> sujet âgé en institution<br />

gériatrique : l'échelle ECPA in La <strong>douleur</strong> <strong>de</strong>s femmes et <strong>de</strong>s hommes âgés. Sebag-Lanoë R., Wary B.,<br />

Mischlich D. MASSON, Paris 2002, Chapitre 15, pp 226-233.<br />

(20) Pickering G. Epidémiologie et modifications <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> au cours <strong>du</strong> vieillissement. Journée<br />

thématique <strong>douleur</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> SFETD. Douleur et Gériatrie. La <strong>douleur</strong> chez <strong>la</strong> personne âgée. 9 octobre<br />

2009, Paris.<br />

(21) Scher<strong>de</strong>r E, Oosterman J, Swaab D, Herr K, Ooms M, Ribbe M, Segeant J, Pickering G,<br />

Bene<strong>de</strong>tti F. Recent <strong>de</strong>velopments in pain in <strong>de</strong>mentia. British Medical Journal. 2005;26:330:461–<br />

464.<br />

(22) AGS. The management of persistent pain in ol<strong>de</strong>r person. AGS panel on persistent pain in ol<strong>de</strong>r<br />

persons. JAGS. 50/S205-S224, 2002, p 5.<br />

(23) Hadjistavropoulos T, Herr K, Turk DC, Fine PG, Dworkin RH, Helme R, Jackson K, Parmelee<br />

PA, Rudy TE, Lynn Beattie B, Chibnall JT, Craig KD, Ferrell B, Ferrell B, Fillingim RB, Gagliese L,<br />

Gal<strong>la</strong>gher R, Gibson SJ, Harrison EL, Katz B, Keefe FJ, Lieber SJ, Lussier D, Schma<strong>de</strong>r KE, Tait RC,<br />

Weiner DK, Williams J. An interdisciplinary expert consensus statement on assessment of pain in<br />

ol<strong>de</strong>r persons. Clin J Pain. 2007 Jan; 23(1 Suppl): S1-43.<br />

11


<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chez l’enfant polyhandicapé<br />

L’expérience <strong>du</strong> Centre Antoine <strong>de</strong> Saint Exupéry<br />

Dr Philippe PERNES, Neuropédiatre, et l’équipe <strong>du</strong> CLUD <strong>du</strong><br />

Centre <strong>de</strong> Soins Antoine <strong>de</strong> Saint Exupéry (62880 Vendin le Vieil)<br />

Cette intervention n’a pas pour objectif <strong>de</strong> présenter une nouvelle fois l’échelle d’Hétéro évaluation <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong> San Salvador (DESS), présentée à <strong>de</strong> nombreuses reprises lors <strong>de</strong> colloques antérieurs et<br />

maintenant bien connue : nous n’en ferons qu’un bref rappel. Nous nous intéresserons essentiellement<br />

à l’évaluation <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> cette échelle chez l’enfant polyhandicapé par les personnels <strong>de</strong> notre<br />

établissement, à partir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux audits cliniques effectués en 2009 dans le cadre <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> nos<br />

pratiques professionnelles.<br />

Présentation <strong>de</strong> l’Etablissement et étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion accueillie<br />

Le centre Antoine <strong>de</strong> Saint Exupéry est un établissement <strong>de</strong> Soins <strong>de</strong> Suite Spécialisé situé dans <strong>la</strong><br />

région Lensoise accueil<strong>la</strong>nt 82 enfants, adolescents et maintenant jeunes a<strong>du</strong>ltes polyhandicapés<br />

«médicalisés » et 12 enfants en état végétatif chronique ou pauci re<strong>la</strong>tionnel. Tous présentent une<br />

dépendance totale <strong>de</strong> l’a<strong>du</strong>lte pour tous les actes <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie quotidienne ; 97% présentent une<br />

quadriplégie et n’ont pas acquis <strong>la</strong> station assise voire même <strong>la</strong> tenue <strong>de</strong> tête, 90% ont <strong>de</strong>s troubles<br />

majeurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> déglutition entraînant <strong>la</strong> nécessité d’une nutrition entérale dans 69% <strong>de</strong>s cas, 78% une<br />

épilepsie, 31,4% une cécité, 72% une scoliose grave et 43 ,2% <strong>de</strong>s troubles respiratoires entraînant <strong>de</strong>s<br />

besoins en oxygène dans près <strong>de</strong> 25% <strong>de</strong>s cas. 8% sont porteurs d’une trachéo(s) tomie. 4% sont en<br />

venti<strong>la</strong>tion invasive ou <strong>non</strong> invasive.<br />

Un service <strong>de</strong> Psychiatrie <strong>de</strong> 26 lits accueille <strong>de</strong>s adolescents ou jeunes a<strong>du</strong>ltes présentant une<br />

psychose déficitaire.<br />

Douleur et Polyhandicap<br />

• Généralités<br />

L’existence <strong>de</strong> phénomènes douloureux fait partie <strong>du</strong> quotidien <strong>de</strong>s jeunes Polyhandicapés.<br />

La prise en charge <strong>de</strong> leur <strong>douleur</strong> constitue donc une priorité et doit faire l’objet d’un questionnement<br />

permanent dans <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> chaque geste <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie courante. Elle est une priorité car elle est un<br />

préa<strong>la</strong>ble obligatoire à toute prise en charge, quelle soit <strong>de</strong> nursing, é<strong>du</strong>cative ou réé<strong>du</strong>cative car elle<br />

peut bloquer un processus re<strong>la</strong>tionnel déjà limité.<br />

• Difficultés d’évaluation<br />

L’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est difficile chez ces enfants sans aucun <strong>la</strong>ngage verbal et aux possibilités<br />

<strong>de</strong> communication ré<strong>du</strong>ites. L'interrogatoire <strong>de</strong>s parents et <strong>de</strong> l'entourage revêtira ici une importance<br />

primordiale.<br />

L'existence <strong>de</strong> lésions neurologiques pourra <strong>de</strong> même diminuer ou empêcher l'expression d'un <strong>la</strong>ngage<br />

corporel. La possibilité <strong>de</strong> troubles <strong>du</strong> comportement et <strong>de</strong> <strong>la</strong> personnalité pourra aussi altérer <strong>la</strong><br />

compréhension <strong>de</strong> modifications comportementales liées à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

• Les signes particuliers <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chez l’enfant polyhandicapé<br />

Interrogatoire<br />

. Régression psychique = enfant triste prostré, perte <strong>de</strong> l’intérêt a l’environnement<br />

. Apparition ou accentuation <strong>de</strong>s manifestations psychotiques<br />

Examen clinique<br />

. Modalités ® environnement calme, examen plutôt à 2 personnes, utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> vidéo<br />

12


Résultats<br />

a) OBSERVATION<br />

• Pleurs et/ou cris<br />

• Gémissements – pleurs silencieux<br />

• Mimique = signe primordial<br />

• Attitu<strong>de</strong> antalgique spontanée ou dans le mouvement<br />

• Augmentation <strong>de</strong>s troubles <strong>du</strong> tonus et <strong>de</strong>s mouvements spontanés, schémas pathologiques,<br />

pathodystonie, spasticité, mouvements anormaux<br />

b) PALPATION<br />

• Réaction <strong>de</strong> défense<br />

• Protection <strong>de</strong>s zones présumées douloureuses<br />

• Troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensibilité = zones d’hyperesthésie cutanée<br />

Effleurement avec peluches ® zones d’allodynie ou d’hyperpathie = <strong>douleur</strong>s neuropathiques : y<br />

penser dans les encéphalopathies progressives, mais aussi dans les encéphalopathies fixées<br />

• L’échelle d’hétéro évaluation <strong>de</strong> San Salvadour (DESS) : Elle reprend tous ces éléments<br />

cliniques. Nous employons au centre cette échelle mise au point par l’équipe <strong>de</strong> l’Hôpital San<br />

Salvadour à Hyères <strong>de</strong>puis sa validation fin 1998. Elle est basée sur l’observation <strong>de</strong>s<br />

modifications <strong>du</strong> comportement <strong>de</strong> l’enfant par rapport à un état basal considéré comme <strong>non</strong><br />

douloureux. Nous l’employons également pour les <strong>patient</strong>s <strong>du</strong> Service <strong>de</strong> Psychiatrie.<br />

Rappelons que cette échelle comporte 10 items que l'on peut catégoriser en 3 groupes, chaque<br />

item tra<strong>du</strong>isant une caractéristique particulière <strong>du</strong> comportement <strong>de</strong> l'enfant algique.<br />

• Quand remplir une fiche <strong>douleur</strong> (exemples)<br />

• Devant toute suspicion <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>, même si évi<strong>de</strong>nte, spontanément, sans attendre une<br />

prescription médicale : intensité initiale – référence.<br />

• Devant tout comportement anormal (auto/hétéro agressivité, atonie psychique).<br />

• <strong>Evaluation</strong> et réévaluation régulière d’un traitement antalgique, médicamenteux ou <strong>non</strong>.<br />

• Lors <strong>de</strong> tout soin (vie quotidienne, réé<strong>du</strong>cation…) présumé douloureux ® efficacité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

prémédication.<br />

• Avant consultation <strong>du</strong> mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> réé<strong>du</strong>cation ou à sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

• Avant consultation multidisciplinaire avec le chirurgien orthopédiste (une échelle remplie<br />

3x/jour systématiquement 3 jours <strong>de</strong> suite avant <strong>la</strong> consultation).<br />

• Systématiquement au retour d’une hospitalisation, surtout après intervention chirurgicale.<br />

• La <strong>douleur</strong> liée aux soins chez l’enfant polyhandicapé :<br />

Il s’agit d’abord <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie quotidienne : soins au sens <strong>la</strong>rge <strong>de</strong> « prendre soin <strong>de</strong> » : toilette,<br />

transferts, mobilisations, alimentation, mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s appareil<strong>la</strong>ges, prises en charges réé<strong>du</strong>catives.<br />

Ne pas oublier à contrario que <strong>la</strong> <strong>non</strong> mobilisation <strong>de</strong>s enfants peut engendrer <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s et qu’ils<br />

doivent absolument être mobilisés régulièrement et bénéficier <strong>de</strong> changements <strong>de</strong> position fréquents.<br />

• Organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> au Centre St EXUPERY<br />

-CLUD <strong>de</strong>puis janvier 1997, multidisciplinaire, coordonné par un mé<strong>de</strong>cin Neuropédiatre. 6 réunions<br />

annuelles+ groupes <strong>de</strong> travail.<br />

Réalisations<br />

® Utilisation DESS <strong>de</strong>puis 1998, création <strong>du</strong> dossier <strong>de</strong> base <strong>de</strong> chaque enfant, é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong> <strong>la</strong> fiche<br />

<strong>de</strong> cotation, création d’une rubrique <strong>douleur</strong> dans chaque dossier <strong>de</strong> soins,<br />

® Réalisation <strong>de</strong> plusieurs cycles <strong>de</strong> formation interne sur <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

® Écrits, colloques régionaux et nationaux, réalisation <strong>du</strong> film « Le temps d’une toilette » en<br />

col<strong>la</strong>boration avec le <strong>CNRD</strong>, participation à l’écriture <strong>du</strong> livre « Vivre et grandir polyhandicapé »<br />

paru en 2010.<br />

® Formations extérieures (IFSI, IRTS, Hôpitaux, IME…)<br />

® Discussion <strong>de</strong> dossiers.<br />

® É<strong>la</strong>boration <strong>de</strong> protocoles :<br />

13


- En priorité <strong>non</strong> médicamenteux : alimentation, toilette, transferts, instal<strong>la</strong>tions, mise en<br />

p<strong>la</strong>ce d’appareil<strong>la</strong>ges…<br />

- Médicamenteux : Consensus médicaux, Protocoles pré établis, datés et signés par un<br />

mé<strong>de</strong>cin et que l’infirmière est habilitée à entreprendre.<br />

- Protocoles <strong>de</strong> soins infirmiers ou médico infirmiers.<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> DESS chez l’enfant polyhandicapé par les personnels <strong>du</strong> centre<br />

Etu<strong>de</strong> réalisée en 2009/2010 dans le cadre <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> pratiques professionnelles (EPP).<br />

Chaque dossier <strong>du</strong> <strong>patient</strong> comporte<br />

• Un dossier <strong>de</strong> base <strong>douleur</strong> reprenant chacun <strong>de</strong>s 10 items <strong>de</strong> <strong>la</strong> l’échelle DESS : Il est<br />

rempli après chaque admission et réévalué régulièrement.<br />

• L’Echelle DESS :<br />

• Une Fiche <strong>de</strong> cotation Douleur où sont reportés les scores <strong>douleur</strong>, ainsi que ses circonstances, sa<br />

<strong>du</strong>rée, les mesures prises…..<br />

I – Justification <strong>du</strong> choix <strong>du</strong> sujet<br />

- Sujet défini comme prioritaire pour notre popu<strong>la</strong>tion.<br />

- Fréquence <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s douloureux et <strong>de</strong>s causes potentielles <strong>de</strong> <strong>douleur</strong><br />

- Fiches <strong>de</strong> cotation <strong>douleur</strong> <strong>non</strong> remplies systématiquement et pas toujours suffisamment<br />

complétées dans <strong>la</strong> pratique quotidienne.<br />

- Personnel récemment embauché <strong>non</strong> formé à l’évaluation<br />

- Caractère multidisciplinaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

- Marge d’amélioration prévisible : documents existants insuffisamment utilisés ou remplis <strong>de</strong><br />

façon incomplète.<br />

II – Objectifs <strong>de</strong> l’évaluation<br />

- mieux évaluer <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>du</strong> <strong>patient</strong>, mieux <strong>la</strong> traiter et améliorer sa qualité <strong>de</strong> vie<br />

- mesurer les écarts entre <strong>la</strong> pratique et les protocoles validés<br />

- connaître les difficultés éprouvées par le personnel dans l’utilisation <strong>de</strong> l’échelle et dans le<br />

remplissage <strong>de</strong> <strong>la</strong> fiche <strong>de</strong> cotation<br />

- définir et mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s actions d’amélioration<br />

- former le personnel médical, paramédical ou é<strong>du</strong>catif <strong>non</strong> initialement formé et réactualiser les<br />

connaissances <strong>de</strong>s personnels par le biais <strong>de</strong> formations ciblées<br />

III – Réalisation<br />

III -1 Premier audit portant sur le remplissage <strong>de</strong>s fiches <strong>de</strong> cotation <strong>douleur</strong> : étu<strong>de</strong> sur 100<br />

Cotations.<br />

Lors <strong>de</strong> chaque évaluation d’une <strong>douleur</strong> chez un <strong>patient</strong>, une fiche <strong>de</strong> cotation est remplie : Elle<br />

comprend 12 items renseignant les caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> exprimée. La traçabilité <strong>de</strong> chaque<br />

item a été analysée.<br />

- critères d’inclusion : tout <strong>patient</strong> (ensemble <strong>de</strong>s services SSR et Psychiatrie) <strong>non</strong> communiquant pour<br />

lequel une évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> a été réalisée et une fiche <strong>de</strong>cotation remplie dans l’année qui<br />

précè<strong>de</strong> le recueil.<br />

- outils utilisés : grille <strong>de</strong> recueil é<strong>la</strong>borée par l’équipe <strong>du</strong> CLUD et comportant les 12 critères<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fiche <strong>de</strong> cotation<br />

• Éléments faisant évoquer l'existence d'une situation douloureuse notés :<br />

• Origine présumée ou certaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> notée :<br />

• Date <strong>de</strong> <strong>la</strong> cotation notée :<br />

• Heure <strong>de</strong> <strong>la</strong> cotation notée :<br />

• Pério<strong>de</strong> d'observation notée :<br />

• Observateur (s) notés :<br />

14


• Graphique correctement rempli<br />

• Total indiqué :<br />

• Traitement lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> cotation noté<br />

• Suite donnée notée<br />

• Épiso<strong>de</strong>(s) douloureux : circonstances notées<br />

• Épiso<strong>de</strong>(s) douloureux : <strong>du</strong>rée notée<br />

- type d’étu<strong>de</strong> : Audit clinique sur un mois -approche rétrospective<br />

- taille <strong>de</strong> l’échantillon : 100 cotations <strong>douleur</strong>, soit 20 par unité, les dossiers ayant été étudiés<br />

par ordre alphabétique,<br />

- recueil et analyse <strong>de</strong>s données : par l’équipe <strong>du</strong> CLUD<br />

Résultats<br />

Critères tracés % Commentaires<br />

1-Éléments faisant évoquer l'existence d'une situation douloureuse notés : 52.8%<br />

2 -Origine présumée ou certaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> notée : 50%<br />

3-Date <strong>de</strong> <strong>la</strong> cotation notée : 97% L’absence <strong>de</strong> date invali<strong>de</strong> <strong>la</strong> fiche<br />

4 -Heure <strong>de</strong> <strong>la</strong> cotation notée : 14%<br />

Les 2 critères 4 et 5 ne sont pas renseignés conjointement dans 7% <strong>de</strong>s observations, ce qui rend les<br />

fiches invali<strong>de</strong>s 5-Pério<strong>de</strong> d'observation notée : 88%<br />

6 -Observateur (s) notés : 89%<br />

7 -Graphique correctement rempli 96% Mais le score est à 0 dans 56%<strong>de</strong>s cas, donc tableau forcément<br />

correctement rempli dans ces cas<br />

8 -Total indiqué : 97% Dans 56 cas, le score est à 0, donc absence <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>. Dans ces cas les critères<br />

10, 11 et 12 ne doivent pas être notés. Ces trois critères sont donc comptabilisés sur un total <strong>de</strong> 44<br />

9-Traitement lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> cotation noté : 23% Faible score, mais beaucoup <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> cotations<br />

systématiques avant venue <strong>du</strong> chirurgien consultant chez <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s à priori sans traitement<br />

antalgique.<br />

10 -Suite donnée notée : 54.6%<br />

11-Épiso<strong>de</strong>(s) douloureux : circonstances notées 75%<br />

12 -Épiso<strong>de</strong>(s) douloureux : <strong>du</strong>rée notée 34.1% Fiche » exploitable « 81%<br />

Une fiche a été considérée comme exploitable si les critères 3, 4 ou 5, 7, 8, 11 sont conjointement<br />

renseignés : il y a eu <strong>douleur</strong>, elle est cotée, les circonstances sont notées, ainsi que <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

survenue ou plus précisément son horaire. Ces critères sont réunis dans 81% <strong>de</strong>s cas. Certains items<br />

sont insuffisamment tracés (critères 1, 2, 4, 9, 10 et 12) et peuvent nuire à l’appréciation <strong>de</strong> l’épiso<strong>de</strong><br />

douloureux par le mé<strong>de</strong>cin<br />

Commentaires<br />

Points forts : dans plus <strong>de</strong> 80% <strong>de</strong>s cas<br />

• La date et <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> d’observation sont mentionnées<br />

• Le nom <strong>de</strong> l’observateur est indiqué<br />

• Le graphique est correctement rempli avec traçabilité <strong>du</strong> score total<br />

Points faibles<br />

• Heure <strong>de</strong> cotation notée dans 14% <strong>de</strong>s cas<br />

• Traitement lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> cotation mentionné dans 23% <strong>de</strong>s cas (celui-ci peut être retrouvé dans<br />

<strong>la</strong> rubrique prescriptions médicales <strong>du</strong> dossier <strong>patient</strong> ou les p<strong>la</strong>ns <strong>de</strong> soins infirmiers)<br />

• Suite donnée décrite dans 54,6 % <strong>de</strong>s cas<br />

• Circonstances <strong>de</strong> l’épiso<strong>de</strong> douloureux dans 75% <strong>de</strong>s cas<br />

• Durée <strong>de</strong> l’épiso<strong>de</strong> douloureux dans 34,1% <strong>de</strong>s cas<br />

15


III 1 -2 Deuxième audit portant sur l’utilisation <strong>de</strong> l’échelle d’hétéro évaluation : auto<br />

questionnaire remis à l’ensemble <strong>du</strong> personnel<br />

- Outils utilisés : Questionnaire é<strong>la</strong>boré par les membres <strong>du</strong> CLUD en comportant 19 critères<br />

avec possibilités <strong>de</strong> commentaires libres.<br />

- Personnes concernées : l’ensemble <strong>du</strong> personnel soignant, réé<strong>du</strong>catif é<strong>du</strong>catif <strong>de</strong> l’établissement.<br />

- Recueil et analyse <strong>de</strong>s données: par l’équipe <strong>du</strong> CLUD<br />

- Pério<strong>de</strong> d’évaluation : sur un mois<br />

- Le questionnaire : présenté <strong>de</strong> manière simplifiée, faute <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce suffisante : peut être<br />

obtenu par <strong>de</strong>man<strong>de</strong> par mail : pernes@case-vendin.9tel.com<br />

Auto questionnaire distribué<br />

Centre <strong>de</strong> Soins Antoine <strong>de</strong> St Exupéry<br />

EVALUATION DE L’UTILISATION DE LA DESS CHEZ LA PERSONNE POLYHANDICAPEE<br />

PAR LES PERSONNELS DU CENTRE : AUTO QUESTIONNAIRE<br />

Unité <strong>de</strong> soins : Profession : Année d’entrée dans l’établissement :<br />

- Avez-vous eu <strong>de</strong>puis votre arrivée une formation interne sur l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> :<br />

oui / <strong>non</strong> / NR (Non Réponse)<br />

- Avez-vous lu les protocoles d’utilisation <strong>de</strong> l’échelle San Salvadour : oui / <strong>non</strong> / NR<br />

- En général pensez-vous que l’emploi <strong>de</strong> l’échelle soit utile dans le dépistage d’une <strong>douleur</strong> aigue :<br />

oui / <strong>non</strong> / NR<br />

- En général pensez-vous que l’emploi <strong>de</strong> l’échelle soit utile dans le dépistage d’une <strong>douleur</strong><br />

chronique : oui / <strong>non</strong> / NR<br />

- Pensez vous que les fiches <strong>de</strong> cotation soient toujours analysées par les mé<strong>de</strong>cins :<br />

oui / <strong>non</strong> / NR<br />

- Avez-vous déjà personnellement utilisé cette échelle : oui/<strong>non</strong><br />

- Si oui<br />

- En cas <strong>de</strong> suspicion <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> l’utilisez-vous : toujours / parfois / jamais<br />

- L’utilisez-vous le plus souvent :oui / en binôme / NR<br />

- L’utilisez-vous le plus souvent : spontanément / sur prescription médicale / NR<br />

- L’utilisez vous pour le suivi d’un traitement antalgique : oui / <strong>non</strong> / NR<br />

- Quel temps mettez-vous pour remplir une fiche <strong>de</strong> cotation : moins <strong>de</strong> 5mn / 5 à 10mn/plus<br />

<strong>de</strong> 10mn / NR<br />

- Vous référez vous au dossier <strong>de</strong> base <strong>douleur</strong> pour remplir <strong>la</strong> grille : oui / <strong>non</strong> / NR<br />

- Avez-vous <strong>de</strong>s difficultés à utiliser l’échelle : oui/ <strong>non</strong>/NR<br />

- Si oui quelles en sont les raisons :<br />

- Certains items vous semblent mal adaptés à notre popu<strong>la</strong>tion :<br />

Si oui cochez lesquels (une case pour chacun <strong>de</strong>s 10 items)<br />

- Certains items sont mal compris en raison <strong>de</strong> termes trop techniques<br />

- Si oui cochez lesquels : (une case pour chacun <strong>de</strong>s 10 items)<br />

- Le temps <strong>de</strong> remplissage vous parait trop long : oui / <strong>non</strong> / NR<br />

- <strong>la</strong> Fiche <strong>de</strong> cotation (doc. Joint) vous semble mal adaptée : oui / <strong>non</strong> / NR<br />

- Si oui, quelles propositions d’amélioration pouvez-vous proposer (commentaires libres)<br />

- Autres difficultés d’utilisation <strong>de</strong> l’échelle (commentaires libres)<br />

- En résumé, concernant l’utilisation <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> San Salvadour au centre, vous diriez vous ? :<br />

Très satisfait / satisfait /<br />

Moyennement satisfait / Peu satisfait / Non satisfait / NR<br />

- Quels autres commentaires souhaitez vous apporter à ce questionnaire ? (Commentaires libres)<br />

Analyse <strong>de</strong>s résultats : <strong>la</strong> grille complète <strong>de</strong>s résultats (avec analyse par catégories professionnelles)<br />

peut être obtenue par mail : pernes@case-vendin.9tel.com<br />

· Participation au questionnaire :<br />

Fonction Effectif global (organigramme)<br />

Répondants au questionnaire %<br />

16


Effectifs présents au moment <strong>du</strong> questionnaire % corrigé<br />

AS.AMP et Aux. 86 66 55% 74 104 63.5% IDE 34 120 30<br />

Psychomotriciens, Ergothérapeutes<br />

Orthophonistes E<strong>du</strong>cateurs Spécialisés et EJE 16 8 50% 13 61.5%<br />

TOTAL 136 74 54.4% 117 63 .25%<br />

• Les points forts :<br />

- Près <strong>de</strong> 90% <strong>de</strong>s soignants ont lu les protocoles d’utilisation <strong>de</strong> l’échelle San<br />

Salvadour<br />

- Concernant l’utilisation <strong>de</strong> l’échelle, <strong>la</strong> satisfaction globale est importante : 87.7% <strong>de</strong><br />

personnes très satisfaites, satisfaites ou moyennement satisfaites. Cependant les<br />

personnes moyennement satisfaites représentent un pourcentage élevé à 47.7%.<br />

- Près <strong>de</strong> 80% estiment son emploi utile dans le dépistage d’une <strong>douleur</strong> aigue et 88% ont déjà<br />

utilisé l’échelle<br />

- Près <strong>de</strong> 70% l’utilisent pour le suivi d’un traitement antalgique<br />

- Le temps <strong>de</strong> remplissage, estimé trop long dans un premier questionnaire datant <strong>de</strong><br />

1998, soit un an après sa mise en p<strong>la</strong>ce, est considéré, l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> remplir aidant,<br />

comme correct dans 60% <strong>de</strong>s cas.<br />

- La fiche <strong>de</strong> cotation apparaît adaptée dans 46,2%, contre 33.8% (<strong>non</strong> réponse 13.8%)<br />

· Les points faibles<br />

- L’utilisation spontanée (26.2%) est bien inférieure à celle sur prescription médicale<br />

(64.6%)<br />

- Près <strong>de</strong> 60% <strong>de</strong>s personnes disent ne pas avoir bénéficié <strong>de</strong> formation interne : ces<br />

chiffres sont un peu étonnants par rapport à <strong>la</strong> réalité.<br />

- Près <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>du</strong> personnel estime que les fiches <strong>de</strong> cotation ne sont pas analysées<br />

systématiquement par les mé<strong>de</strong>cins (mais pas <strong>de</strong> traçabilité actuellement)<br />

- 4/5 <strong>de</strong>s personnes questionnées rencontrent <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> remplissage <strong>de</strong> l’échelle, soit en raison<br />

d’items leur paraissant mal adaptés, bien que cette échelle soit spécifiquement é<strong>la</strong>borée pour cette<br />

popu<strong>la</strong>tion, ou trop techniques donc mal compris : par ordre <strong>de</strong> fréquence les items 4 (protection <strong>de</strong>s<br />

zones douloureuses) 6 (Intérêt pour l’environnement), 8 ( Capacité à interagir avec l’a<strong>du</strong>lte), 10<br />

(attitu<strong>de</strong> antalgique spontanée) paraissent mal adaptés, et l’item 9 (accentuation <strong>de</strong>s mouvements<br />

spontanés) trop technique.<br />

- L’échelle est moins employée par les é<strong>du</strong>cateurs et réé<strong>du</strong>cateurs (62,5% l’ont déjà employée) que par<br />

les soignants (90.9%), et son emploi n’est qu’occasionnel (100%) avec un temps <strong>de</strong> remplissage<br />

toujours supérieur à 5 min. et <strong>de</strong>s difficultés constantes <strong>de</strong> remplissage.<br />

Parmi les commentaires libres (par nombre décroissant <strong>de</strong> citations)<br />

1. l’échelle <strong>de</strong>vrait être plus courte avec quelques items mieux adaptés<br />

2. phrases plus simples<br />

3. items peu adaptés ou peu compréhensibles<br />

4. certains items sont répétitifs<br />

5. certains items se ressemblent trop<br />

6. l’échelle ne donne pas d’indications sur le siège <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

7. temps d’utilisation trop long / Manque <strong>de</strong> temps parfois<br />

8. difficultés pour <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> service <strong>de</strong> Psychiatrie<br />

9. <strong>du</strong>rée d’observation parfois trop longue : fiches mises en route <strong>de</strong>puis plusieurs semaines<br />

10. <strong>non</strong> adaptée si <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> se prolonge<br />

11. répétitions dans <strong>la</strong> fiche <strong>de</strong> cotation<br />

17


Propositions (par nombre décroissant <strong>de</strong> citations)<br />

1. Impliquer l’ensemble <strong>du</strong> personnel (impression <strong>de</strong>s AS et IDE que les techniciens les utilisent peu)<br />

2. organiser <strong>de</strong> nouvelles formations<br />

3. supprimer les items inutiles ou mal adaptés<br />

4. simplifier <strong>la</strong> grille<br />

5. créer une échelle interne avec le personnel concerné<br />

6. créer une échelle adaptée au Polyhandicap (!!)<br />

7. créer une courbe <strong>douleur</strong><br />

IV) Conclusion<br />

Nécessité <strong>de</strong> :<br />

- Sensibiliser le personnel médical et paramédical à l’emploi systématique d’une échelle d’évaluation<br />

validée <strong>de</strong>vant toute <strong>douleur</strong>.<br />

- Améliorer <strong>la</strong> compréhension et l’utilisation <strong>de</strong> l’échelle d’évaluation.<br />

- Améliorer <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> remplissage <strong>de</strong>s fiches <strong>de</strong> cotation et par ce biais améliorer leur lecture et leur<br />

interprétation par les mé<strong>de</strong>cins.<br />

- Instaurer <strong>la</strong> traçabilité (par signature horodatée) <strong>de</strong> <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong>s fiches <strong>de</strong> cotation par les<br />

mé<strong>de</strong>cins<br />

V Mise en p<strong>la</strong>ce d’actions d’amélioration<br />

• 1 former le personnel médical, paramédical et é<strong>du</strong>catif <strong>non</strong> initialement formé et réactualiser les<br />

connaissances <strong>de</strong>s personnels par le biais <strong>de</strong> formations ciblées :<br />

Pour ce faire, <strong>de</strong>s formations ouvertes à l’ensemble <strong>du</strong> personnel ont été réalisées par le prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong><br />

CLUD assisté <strong>de</strong> l’infirmière référente <strong>douleur</strong> lors <strong>de</strong> 5 séances <strong>de</strong> 3 heures<br />

Lors <strong>de</strong> ces séances <strong>de</strong> formation, mais également d’information, ont été abordés les thèmes<br />

suivants :<br />

• Présentation et analyse <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s 2 audits précé<strong>de</strong>mment mentionnés<br />

• Discussion avec le personnel sur les difficultés rencontrées : ces échanges très riches ont permis au<br />

personnel <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s propositions pertinentes reprises dans les nouvelles fiches <strong>de</strong> cotation et <strong>la</strong><br />

nouvelle échelle.<br />

• Reprise et explication <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s items (notamment les 4, 6 et 8)<br />

• Validation <strong>de</strong>s nouveaux outils : Version 2 – 2009 <strong>du</strong> Dossier <strong>de</strong> base <strong>douleur</strong>, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Fiche <strong>de</strong> cotation et <strong>de</strong> l’Echelle Douleur Enfant San Salvadour<br />

La participation à ces formations a été moyenne avec environ 50% <strong>de</strong> présence tous personnels<br />

confon<strong>du</strong>s, (par rapport à l’organigramme), pour 54% corrigés en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence effective <strong>de</strong>s<br />

personnels. En ce qui concerne les personnels <strong>non</strong> encore formés, les pourcentages sont équivalents.<br />

Actuellement seules 5 IDE sur 36 n’ont jamais bénéficié <strong>de</strong> formations (13,9%) contre 13 AS, AMP,<br />

ou Auxiliaires (15.1%) et 4 Techniciens ou é<strong>du</strong>cateurs. D’autres formations <strong>de</strong>vront être effectuées en<br />

2010, ciblées sur ces personnels <strong>non</strong> formés.<br />

• 2 –Simplifier et c<strong>la</strong>rifier l’é<strong>non</strong>cé <strong>de</strong> certains items <strong>de</strong> l’échelle<br />

Ceci a été réalisé pour les items 2, 9 et 10 et une nouvelle Echelle Douleur Enfant San Salvadour a été<br />

validée (Version 2 – 2009) et jointe en annexe à <strong>la</strong> version 2 <strong>du</strong> protocole d’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

<strong>de</strong> l’enfant Polyhandicapé (voir annexe 2). Le dossier <strong>de</strong> base <strong>douleur</strong> a également été simplifié et une<br />

version 2 é<strong>la</strong>borée<br />

18


Annexe 1<br />

ITEM 2 : Réaction <strong>de</strong> défense coordonnée ou <strong>non</strong> à l'examen d'une zone présumée douloureuse<br />

(l'effleurement, <strong>la</strong> palpation ou <strong>la</strong> mobilisation déclenchent une réaction motrice que l'on peut<br />

interpréter comme une réaction <strong>de</strong> défense).<br />

ITEM 9 : Accentuation <strong>de</strong>s mouvements spontanés (motricité volontaire ou <strong>non</strong>, coordonnée ou <strong>non</strong>).<br />

ITEM 10 : Attitu<strong>de</strong> antalgique spontanée (recherche active d'une posture inhabituelle qui semble<br />

sou<strong>la</strong>ger)<br />

•3 – Apporter <strong>de</strong>s modifications à <strong>la</strong> fiche <strong>de</strong> cotation :<br />

• En premier lieu instaurer <strong>la</strong> traçabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong>s fiches <strong>de</strong> cotation par les mé<strong>de</strong>cins : case<br />

avec <strong>la</strong> signature horodatée <strong>du</strong> mé<strong>de</strong>cin<br />

• Modification <strong>de</strong> l’é<strong>non</strong>cé <strong>de</strong> certains items : motif <strong>du</strong> remplissage, actions mises en p<strong>la</strong>ce,<br />

circonstances et <strong>du</strong>rée, suppression <strong>de</strong> l’heure <strong>de</strong> cotation….<br />

Une nouvelle fiche <strong>de</strong> cotation (Version 2 – 2009) a été validée et annexée au protocole (Annexe 3).<br />

VI Mesure <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s actions d’amélioration<br />

Une réévaluation est prévue <strong>du</strong>rant le <strong>de</strong>rnier trimestre 2010<br />

• Par réalisation d’un nouveau questionnaire sur l’utilisation <strong>de</strong> l’échelle d’hétéro évaluation,<br />

suivant les mêmes modalités : ce questionnaire permettra entre autres d’évaluer le nombre <strong>de</strong><br />

personnes formées après <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> formation ciblées sur les soignants ou<br />

techniciens <strong>non</strong> encore formés (22 personnes).<br />

• Par réalisation d’un nouvel audit <strong>de</strong> dossiers.<br />

La réalisation <strong>de</strong> ces actions sera suivie par l’équipe en charge <strong>de</strong> l’évaluation médicale et <strong>la</strong><br />

Commission EPP, en coordination avec <strong>la</strong> Cellule Qualité<br />

Référeces<br />

Collig<strong>non</strong> P., Guisiano B., Combe J.C. La <strong>douleur</strong> chez l’enfant polyhandicapé .In « La<br />

<strong>douleur</strong> chez l’enfant », Mé<strong>de</strong>cine Sciences F<strong>la</strong>mmarion, 1999,173-177.<br />

Pernes P. La <strong>douleur</strong> chez <strong>la</strong> personne polyhandicapé. 17èmes Journées d’étu<strong>de</strong> APF<br />

Formation, Paris, 21 au 23 Janvier 2004.<br />

Pernes P., Gourdin E., Présentation <strong>du</strong> Film « Le temps d’une toilette » 2èmes Journées <strong>du</strong><br />

<strong>CNRD</strong> Paris, Maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chimie,19 Octobre 2007.<br />

Rondi F., Marrimpoey P., Belot M., Gallois A., Leger J., Pambrun E., Jutand M-A. :<br />

Echelle EDAAP – 1. La <strong>douleur</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne polyhandicapée : <strong>la</strong> comprendre et évaluer<br />

ses spécificités d’expression par une échelle. Motricité Cérébrale 29 (2008) 45-52.<br />

Jutand M-A., Gallois A., Leger J., Pambrun E., Rondi F., Belot M., Marrimpoey P.<br />

Echelle EDAAP – 2. Validation statistique d’une grille d’évaluation <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> chez les a<strong>du</strong>ltes ou adolescents polyhandicapés. Motricité cérébrale 29 (2008) 93-100.<br />

Gatbois E., Annequin D., Prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong> l’enfant d’un mois à 15 ans<br />

Journal <strong>de</strong> Pédiatrie et <strong>de</strong> Puériculture, (2008), 21,20-36.<br />

Castle K.& al : Being in pain : a phenomenological study of young people in cerebral palsy<br />

Dev.Med.Child.Neurol. 2007, 49:445-449.<br />

Films :<br />

- Les ailes <strong>du</strong> regard, VHS réalisé par l’équipe <strong>de</strong> l’Hôpital <strong>de</strong> San Salvadour.<br />

- Le temps d’une toilette, DVD réalisé par l’équipe <strong>du</strong> CLUD <strong>du</strong> Centre A. <strong>de</strong> St Exupéry : dispo<br />

gratuitement sur le site <strong>du</strong> <strong>CNRD</strong> : www.cnrd.fr.<br />

- L’utilisation <strong>du</strong> mé<strong>la</strong>nge équimo<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> protoxy<strong>de</strong> d’azote et d’oxygène (MEOPA) chez l’enfant,<br />

l’a<strong>du</strong>lte et <strong>la</strong> personne âgée. Auteur Daniel Annequin Pro<strong>du</strong>ction A<strong>CNRD</strong>.<br />

19


Annexe 1<br />

Centre <strong>de</strong> soins Antoine <strong>de</strong> Saint Exupéry VENDIN-LE-VIEIL Version 2 – 2009<br />

DOSSIER DE BASE DOULEUR<br />

NOM : DATE :<br />

PRENOM : EXAMINATEUR :<br />

SERVICE :<br />

(1) L'enfant crie-t-il <strong>de</strong> façon habituelle ? Si oui, dans quelles circonstances ?<br />

.......................................................................................................................................................<br />

..................................................................................................................................................<br />

Pleure-t-il parfois ? Si oui, pour quelles raisons ?<br />

..................................................................................................................................................<br />

.......................................................................................................................................................<br />

(2) Existe-t-il <strong>de</strong>s réactions motrices habituelles lorsqu'on le touche ou le manipule ?<br />

Si oui, lesquelles (sursaut, accès toniques, tremblements, agitation, évitement ?)<br />

..................................................................................................................................................<br />

.......................................................................................................................................................<br />

(3) L'enfant est-il habituellement souriant ? Son visage est-il expressif ?<br />

............................................................................................................................................................<br />

............................................................................................................................................................<br />

(4) Est-il capable <strong>de</strong> se protéger avec les mains ?<br />

Si oui, a-t-il tendance à le faire lorsqu'on le touche ?<br />

............................................................................................................................................................<br />

............................................................................................................................................................<br />

(5) S'exprime-t-il par <strong>de</strong>s gémissements ? Si oui, dans quelles circonstances ?<br />

............................................................................................................................................................<br />

............................................................................................................................................................<br />

(6) S'intéresse-t-il à l'environnement ?<br />

Si oui, le fait-il spontanément ou doit-il être sollicité ?<br />

............................................................................................................................................................<br />

............................................................................................................................................................<br />

(7) Ses rai<strong>de</strong>urs sont-elles gênantes dans <strong>la</strong> vie quotidienne ?<br />

Si oui, dans quelles circonstances ? (donner <strong>de</strong>s exemples)<br />

............................................................................................................................................................<br />

............................................................................................................................................................<br />

(8) Est ce qu'il communique avec l'a<strong>du</strong>lte ?<br />

Si oui, recherche-t-il le contact ou faut-il le solliciter ?<br />

............................................................................................................................................................<br />

(9) A-t-il une motricité spontanée ?<br />

Si oui, s'agit-il <strong>de</strong> mouvements volontaires, <strong>de</strong> mouvements incoordonnés ?<br />

............................................................................................................................................................<br />

Si oui, s'agit-il <strong>de</strong> mouvements occasionnels ou d'une agitation incessante ?<br />

............................................................................................................................................................<br />

(10) Quelle est sa position <strong>de</strong> confort habituelle ?<br />

...........................................................................................................................................................<br />

Est-ce qu'il tolère bien <strong>la</strong> posture assise ?<br />

20


Annexe 2<br />

ECHELLE DOULEUR ENFANT SAN SALVADOUR<br />

Centre <strong>de</strong> soins Antoine <strong>de</strong> Saint-Exupéry Version 2 -2009 VENDIN-LE-VIEIL<br />

La cotation est établie <strong>de</strong> façon rétrospective sur 8 heures et selon le modèle suivant :<br />

0 Manifestations habituelles<br />

1 Modifications douteuse<br />

2 Modification présente<br />

3 Modification Importante<br />

4 Modification Extrême<br />

En cas <strong>de</strong> variation <strong>du</strong>rant cette pério<strong>de</strong>, tenir compte <strong>de</strong> l'intensité maximum <strong>de</strong>s signes. Lorsqu'un<br />

ITEM est dépourvu <strong>de</strong> signification pour le <strong>patient</strong> étudié, il est coté au niveau zéro.<br />

ITEM 1 : Pleurs et/ou cris (bruits <strong>de</strong> pleurs avec ou sans accès <strong>de</strong> <strong>la</strong>rmes).<br />

0 : Se manifeste comme d'habitu<strong>de</strong><br />

1 : Semble se manifester plus que d'habitu<strong>de</strong><br />

2 : Pleurs et/ou cris lors <strong>de</strong>s manipu<strong>la</strong>tions ou <strong>de</strong>s gestes potentiellement douloureux<br />

3 : Pleurs et/ou cris spontanés et tout à fait inhabituels<br />

4 : Même signe que 1, 2 ou 3 accompagné <strong>de</strong> manifestations neurovégétatives (tachycardie,<br />

bradycardie, sueurs, rash cutané ou<br />

accès <strong>de</strong> pâleur).<br />

ITEM 2 : Réaction <strong>de</strong> défense coordonnée ou <strong>non</strong> à l'examen d'une zone présumée douloureuse<br />

(l'effleurement, <strong>la</strong> palpation ou <strong>la</strong> mobilisation déclenchent une réaction motrice que l'on peut<br />

interpréter comme une réaction <strong>de</strong> défense).<br />

0 : Réaction habituelle<br />

1 : Semble réagir <strong>de</strong> façon inhabituelle<br />

2 : Mouvement <strong>de</strong> retrait indiscutable ou inhabituel<br />

3 : Même signe que 1 ou 2 avec grimace et/ou gémissement<br />

4 : Même signe que 1 ou 2 avec agitation, cris et pleurs<br />

ITEM 3 : Mimique douloureuse (expression <strong>du</strong> visage tra<strong>du</strong>isant <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, un rire paradoxal peut<br />

correspondre à un rictus douloureux).<br />

0 : Se manifeste comme d'habitu<strong>de</strong><br />

1 : Faciès inquiet inhabituel<br />

2 : Mimique douloureuse lors <strong>de</strong>s manipu<strong>la</strong>tions ou gestes potentiellement douloureux<br />

3 : Mimique douloureuse spontanée<br />

4 : Même signe que 1, 2 ou 3 accompagné <strong>de</strong> manifestations neurovégétatives (tachycardie,<br />

bradycardie, sueurs, rash cutané ou accès <strong>de</strong> pâleur)<br />

ITEM 4 : Protection <strong>de</strong>s zones douloureuses (protège <strong>de</strong> sa main <strong>la</strong> zone présumée douloureuse pour<br />

éviter tout contact).<br />

0 : Réaction habituelle<br />

1 : Semble redouter le contact d'une zone particulière<br />

2 : Protège une région précise <strong>de</strong> son corps<br />

3 : Même signe que 1 ou 2 avec grimace et/ou gémissement<br />

4 : Même signe que 1, 2 ou 3 avec agitation, cris et pleurs<br />

Cet ITEM est <strong>non</strong> pertinent lorsqu'il n'existe aucun contrôle moteur <strong>de</strong>s membres supérieurs<br />

21


ITEM 5 : Gémissement ou pleurs silencieux (gémit au moment <strong>de</strong>s manipu<strong>la</strong>tions ou spontanément <strong>de</strong><br />

façon intermittente ou permanente).<br />

0 : Se manifeste comme d'habitu<strong>de</strong><br />

1 : Semble plus geignard que d'habitu<strong>de</strong><br />

2 : Geint <strong>de</strong> façon inhabituelle<br />

3 : Gémissements avec mimique douloureuse<br />

4 : Gémissements entrecoupés <strong>de</strong> cris et <strong>de</strong> pleurs<br />

ITEM 6 : intérêt pour l'environnement (s'intéresse spontanément à l'animation ou aux objets qui<br />

l'environnent).<br />

0 : Se manifeste comme d'habitu<strong>de</strong><br />

1 : Semble moins intéressé que d'habitu<strong>de</strong><br />

2 : Baisse <strong>de</strong> l'intérêt, doit être sollicité<br />

3 : Désintérêt total, ne réagit pas aux sollicitations<br />

4 : Etat <strong>de</strong> prostration tout à fait inhabituel<br />

Cet ITEM est <strong>non</strong> pertinent lorsqu'il n'existe aucun intérêt pour l'environnement<br />

ITEM 7: Accentuation <strong>de</strong>s troubles <strong>du</strong> tonus (augmentation <strong>de</strong>s rai<strong>de</strong>urs, <strong>de</strong>s trému<strong>la</strong>tions, spasmes en<br />

hyper extension...).<br />

0 : Manifestations habituelles<br />

1 : Semble plus rai<strong>de</strong> que d'habitu<strong>de</strong><br />

2 : Accentuation <strong>de</strong>s rai<strong>de</strong>urs lors <strong>de</strong>s manipu<strong>la</strong>tions ou <strong>de</strong>s gestes potentiellement douloureux<br />

3 : Même signe que 1 et 2 avec mimique douloureuse<br />

4 : Même signe que 1, 2 ou 3 avec cris et pleurs<br />

ITEM 8 : Capacité à interagir avec l'a<strong>du</strong>lte (communique par le regard, <strong>la</strong> mimique ou les vocalises à<br />

son initiative ou lorsqu'il est sollicité).<br />

0 : se manifeste comme d'habitu<strong>de</strong><br />

1 : Semble moins impliqué dans <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

2 : Difficultés inhabituelles pour établir un contact<br />

3 : Refus inhabituel <strong>de</strong> tout contact<br />

4 : Retrait inhabituel dans une indifférence totale<br />

Cet ITEM est <strong>non</strong> pertinent lorsqu'il n'existe aucune possibilité <strong>de</strong> communication.<br />

ITEM 9 : Accentuation <strong>de</strong>s mouvements spontanés (motricité volontaire ou <strong>non</strong>, coordonnée ou <strong>non</strong>).<br />

0 : Manifestations habituelles<br />

1 : Recru<strong>de</strong>scence possible <strong>de</strong>s mouvements spontanés<br />

2 : Etat d'agitation inhabituel<br />

3 : Même signe que 1 ou 2 avec mimique douloureuse<br />

4 : Même signe que 1, 2 ou 3 avec cris et pleurs<br />

ITEM 10 : Attitu<strong>de</strong> antalgique spontanée (recherche active d'une posture inhabituelle qui semble<br />

sou<strong>la</strong>ger)<br />

0 : Position <strong>de</strong> confort habituelle<br />

1 : Semble moins à l'aise dans cette posture<br />

2 : Certaines postures ne sont plus tolérées<br />

3 : Sou<strong>la</strong>gé par une posture inhabituelle<br />

4 : Aucune posture ne semble sou<strong>la</strong>ger<br />

FAIRE LE TOTAL : A partir <strong>de</strong> 2, il y a un doute. A partir <strong>de</strong> 6, <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est certaine.<br />

22


Annexe 3<br />

Centre <strong>de</strong> soins Antoine <strong>de</strong> Saint Exupéry VENDIN-LE-VIEIL Version 2 – 2009<br />

FICHE DE COTATION DOULEUR<br />

NOM : PRENOM : DATE DE DEBUT DE COTATION :<br />

DATE DE NAISSANCE : POIDS : DATE DE FIN DE COTATION :<br />

UNITE :<br />

Motif <strong>de</strong> remplissage :<br />

__________________________________________________________________________________________________________________________<br />

COTATION DATE :<br />

COTATION<br />

4 TOTAL<br />

PERIODE D'OBSERVATION : 3<br />

OBSERVATEUR (S) 1<br />

2 :<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

EPISODE(S) DOULOUREUX :<br />

ITEMS<br />

- Circonstances et <strong>du</strong>rée : TRAITEMENT LORS DE LA COTATION :<br />

- Actions mises en p<strong>la</strong>ce (ex/ Changements <strong>de</strong> position, médicaments…) (ou mesures prises)<br />

- Commentaires -<br />

__________________________________________________________________________________________________________________________<br />

COTATION DATE :<br />

COTATION<br />

4 TOTAL<br />

PERIODE<br />

D'OBSERVATION :<br />

3<br />

2<br />

OBSERVATEUR (S) : 1<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

EPISODE(S) DOULOUREUX<br />

ITEMS<br />

TRAITEMENT<br />

LORS DE LA COTATION<br />

- Circonstances et <strong>du</strong>rée<br />

- Actions mises en p<strong>la</strong>ce (ex/ Changements <strong>de</strong> position, médicaments…) (ou mesures prises)<br />

- Commentaires<br />

__________________________________________________________________________________________________________________________<br />

COTATION DATE :<br />

COTATION<br />

4 TOTAL<br />

PERIODE<br />

D'OBSERVATION :<br />

3<br />

2<br />

OBSERVATEUR (S) : 1<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

EPISODE(S) DOULOUREUX :<br />

ITEMS<br />

- Circonstances et <strong>du</strong>rée TRAITEMENT LORS DE LA COTATION :<br />

- Actions mises en p<strong>la</strong>ce (ex/ Changements <strong>de</strong> position, médicaments…) (ou mesures prises)<br />

- Commentaires -<br />

Date et signature <strong>du</strong> Mé<strong>de</strong>cin<br />

23


L’expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chez l’a<strong>du</strong>lte et l’adolescent polyhandicapé - L’EDAAP<br />

MP Duhart – F Moncoucy - F Rondi Hôpital Marin APHP HENDAYE<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Cette communication se propose <strong>de</strong> présenter, l’échelle d’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne a<strong>du</strong>lte ou<br />

adolescente polyhandicapée (EDAAP), mise en p<strong>la</strong>ce à l’hôpital marin d’Hendaye (APHP), et validée<br />

statistiquement en 2007 par l’Institut <strong>de</strong> Santé publique d’Epidémiologie et <strong>de</strong> Développement<br />

(ISPED) <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux II.<br />

Polyhandicap – Douleur<br />

Le polyhandicap est défini comme un « handicap grave à expression multiple chez lequel <strong>la</strong> déficience<br />

mentale sévère est associée à <strong>de</strong>s troubles moteurs entraînant une restriction extrême <strong>de</strong> l’autonomie et<br />

<strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> perception, d’expression <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tion ». (1)<br />

Le <strong>patient</strong> polyhandicapé est très <strong>la</strong>rgement exposé à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> poly-pathologie qu’il<br />

présente. Le plus souvent, il y est exposé <strong>de</strong>puis sa naissance : séjour en réanimation, pose <strong>de</strong> son<strong>de</strong><br />

naso-gastrique, prélèvements sanguins, etc. L’image déformée que nous renvoie ce <strong>patient</strong> peut nous<br />

amener à ne pas voir l’inconfort et <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> qu’il subit.<br />

En effet, <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chez <strong>la</strong> personne polyhandicapée est une expérience subjective aggravée par <strong>de</strong>s<br />

difficultés <strong>de</strong> communication, au point que seule une échelle d’hétéro évaluation est possible. (2)<br />

Aussi, comment prendre en charge <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> d’un <strong>patient</strong> polyhandicapé <strong>non</strong> <strong>communicant</strong> lorsque<br />

aucun outil ne semble adapté ?<br />

Création d’un nouvel outil<br />

Notre réflexion sur <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s polyhandicapés a commencé en 1999, menée par le Comité<br />

<strong>de</strong> Lutte contre <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> (CLUD) en partenariat avec l’institut <strong>de</strong> santé publique, épidémiologie et <strong>de</strong><br />

développement (ISPED) <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> bor<strong>de</strong>aux.<br />

Nous avons ainsi soumis aux soignants un questionnaire concernant leur perception <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en<br />

charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chez les <strong>patient</strong>s polyhandicapés au sein <strong>de</strong> notre établissement. Beaucoup<br />

déploraient que « <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> soit mal prise en compte, sous évaluée, donc sous traitée… et qu’il<br />

n’existe pas d’outil adapté à l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>… ».<br />

En effet, une <strong>de</strong>s caractéristiques majeures <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne polyhandicapée est l’absence <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngage<br />

verbal. Afin <strong>de</strong> détecter et d’évaluer l’existence d’une <strong>douleur</strong>, nous sommes donc obligés d’utiliser<br />

une échelle d’hétéro évaluation. Celle ci va analyser l'expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, basée sur<br />

l'observation <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne. Ce que l’on observe est un mal-être, qu'il soit physique ou<br />

psychologique. C’est un décryptage <strong>de</strong>s signes corporels <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chez ces <strong>patient</strong>s qui ne parlent<br />

qu’avec leur corps.<br />

Après avoir listé les outils existants dans les autres établissements tels que l’échelle Doloplus 3 en<br />

gériatrie et l’échelle <strong>de</strong> San Salvadour 4 concernant <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong> l’enfant (DESS) ; il s’est avéré<br />

qu’aucune n’était adaptée à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> notre l’hôpital. En effet, nos <strong>patient</strong>s polyhandicapés<br />

âgées <strong>de</strong> 30 à 50 ans ne peuvent être considérés comme <strong>de</strong>s enfants, et encore moins <strong>de</strong>s déments et ce<br />

malgré leur lourd passé d’ « abandonnisme » et d’« hospitalisme ».<br />

Ainsi naissait notre projet dont l’objectif était <strong>de</strong> créer un outil d’évaluation propre à notre<br />

établissement.<br />

La logique vou<strong>la</strong>it que <strong>la</strong> construction <strong>de</strong> <strong>la</strong> grille ait été faite à partir <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux mêmes échelles<br />

reconnues et validées : DOLOPLUS et DESS, en l’adaptant à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s polyhandicapés<br />

a<strong>du</strong>ltes.<br />

3 Echelle Doloplus : échelle d’hétéro -évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne âgée <strong>non</strong> <strong>communicant</strong>e.<br />

4 Echelle <strong>de</strong> San .Salvadour : Cette échelle a été développée par Combe et Collig<strong>non</strong>, inspirée <strong>de</strong> <strong>la</strong> grille<br />

d’observation comportementale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Douleur <strong>de</strong> l’Enfant Gustave Roussy (DEGR). Il s’agit d’une échelle<br />

d’hétéro - évaluation, é<strong>la</strong>borée spécifiquement pour les enfants polyhandicapés.<br />

24


Validation<br />

2002 : Création <strong>de</strong> l’outil et pré test sur 169 <strong>patient</strong>s.<br />

2003 – 2004 : <strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> base faite pour 147 <strong>patient</strong>s <strong>non</strong> douloureux par 2 équipes (<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

soignants) distinctes en double aveugle au même moment. Ce test a permis <strong>de</strong> vérifier que le score<br />

total moyen varie entre 0 et 10. Il n’y a pas <strong>de</strong> différence <strong>de</strong> score moyen entre les services. 39 % <strong>de</strong>s<br />

couples d’évaluation sont concordants (l’évaluation <strong>de</strong> chaque item est i<strong>de</strong>ntique), 80 % ont au plus 2<br />

points d’écart.<br />

On peut donc en conclure que l’échelle est stable.<br />

Deuxième semestre 2004 – premier semestre 2006 : Toute situation potentiellement douloureuse est<br />

évaluée par <strong>de</strong>ux équipes différentes en double aveugle au même moment afin <strong>de</strong> confirmer <strong>la</strong> stabilité<br />

<strong>de</strong> l’échelle et donc <strong>de</strong> <strong>la</strong> vali<strong>de</strong>r dans son ensemble. Au total 342 scores ont été recueillis : 98,5 %<br />

étaient correctement c<strong>la</strong>ssés en considérant qu’un score inférieur à 7 définissait une situation basale et<br />

un score supérieur ou égal à 7 une situation <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

L’EDAAP est validée en mars 2007 par L’ISPED <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux II. (3)<br />

Fonctionnement <strong>de</strong> <strong>la</strong> grille<br />

L’évaluation mesure l’écart entre l’expression habituelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne (avec toutes ses particu<strong>la</strong>rités)<br />

et l’expression perturbée dans l’hypothèse d’une <strong>douleur</strong>.<br />

L’état basal est fait à l’entrée d’un <strong>patient</strong> dans le service et réactualisé annuellement pour tout <strong>patient</strong><br />

hospitalisé en long séjour.<br />

Composition <strong>de</strong> l’EDAAP<br />

Après plusieurs modifications, au final l’EDAAP se compose <strong>de</strong> 11 items répartis en <strong>de</strong>ux thèmes :<br />

retentissement somatiques (cris, pleurs, émissions vocales, changement <strong>de</strong> mimique, position<br />

antalgique, protection <strong>de</strong>s zones douloureuses, perturbations <strong>du</strong> sommeil) et retentissement<br />

psychomoteur et corporel (modifications <strong>du</strong> tonus, intérêt pour l’environnement, troubles <strong>du</strong><br />

comportement). Chaque item est coté <strong>de</strong> 0, 3,4, ou 5.<br />

Un score peut être déterminé à partir <strong>de</strong> cette échelle. Il correspond à <strong>la</strong> somme <strong>de</strong>s cotations <strong>de</strong><br />

chaque item et a une valeur entre 0 et 41.<br />

L’existence d’une <strong>douleur</strong> sera affirmée pour tout score supérieur ou égal 7 et confirmée par un retour<br />

progressif <strong>de</strong> l’expression habituelle <strong>du</strong> <strong>patient</strong> après prise en charge ou mise en p<strong>la</strong>ce d’un traitement<br />

efficace.<br />

Utilisation<br />

Elle se veut simple, facile à utiliser. Elle nécessite cependant un apprentissage. Elle peut- être utilisée<br />

par les professionnels <strong>de</strong> santé sans <strong>la</strong> présence <strong>du</strong> mé<strong>de</strong>cin et permet <strong>de</strong> dépister <strong>de</strong>s situations<br />

douloureuses. Il est essentiel que cette évaluation se fasse par un binôme <strong>de</strong> soignants dont un<br />

infirmier.<br />

En amont, une évaluation <strong>de</strong> l’état basal <strong>du</strong> <strong>patient</strong> <strong>non</strong> douloureux est indispensable <strong>du</strong> fait <strong>de</strong><br />

l’existence potentielle <strong>de</strong> certains troubles <strong>du</strong> comportement habituels chez les <strong>patient</strong>s. Chaque<br />

<strong>patient</strong> est différent, on ne peut donc comparer les scores. Si un item ne correspond pas, on le cote 0.<br />

La grille ne cote pas directement <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> mais l’expression <strong>de</strong> cette <strong>douleur</strong> basée sur l’observation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> personne. (4)<br />

Difficultés <strong>de</strong> mise en p<strong>la</strong>ce un nouvel outil<br />

Depuis sa mise en p<strong>la</strong>ce dans tous les dossiers <strong>de</strong> soins, nous avons rencontrés plusieurs difficultés :<br />

Non reconnaissance <strong>de</strong> l’EDAAP « on peut s’en passer, on les connaît…on sait… » => absence<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong>ngage commun donc transmissions imprécises (<strong>douleur</strong> ++/<strong>douleur</strong>++) d’où actions<br />

différentes en fonction <strong>du</strong> soignant en p<strong>la</strong>ce.<br />

Sous utilisation « méconnaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> grille par manque <strong>de</strong> formation initiale ? Manque <strong>de</strong><br />

motivation ? Manque d’implication ? » D’où actions différentes en fonction <strong>du</strong> soignant en p<strong>la</strong>ce<br />

= conflit d’équipe (bons et mauvais soignants).<br />

25


La politique <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, impulsée par le CLUD et les soins infirmiers ont permis<br />

au fil <strong>de</strong>s années une nette amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong> nos <strong>patient</strong>s<br />

polyhandicapés ainsi que <strong>la</strong> valorisation <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> cette échelle grâce à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s<br />

transmissions ciblées, <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation continue, <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> nos pratiques professionnelles et<br />

<strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> paroles.<br />

Conclusion<br />

Ce travail <strong>de</strong> longue haleine a permis à l’hôpital marin d’HENDAYE <strong>de</strong> se doter d’une échelle fiable<br />

d’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, validée statistiquement par l’ISPED <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux II.<br />

Publiée dans Motricité Cérébrale et présentée lors <strong>de</strong> divers congrès, l’EDAAP a contribué à faire<br />

avancer <strong>la</strong> reconnaissance et l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> dans le domaine <strong>du</strong> polyhandicap.<br />

En effet, elle répond à <strong>la</strong> difficulté rencontrée par d’autres équipes <strong>de</strong> Maisons d’accueil spécialisée et<br />

d’établissements hospitaliers. De plus, cet outil donne <strong>la</strong> possibilité à tous les intervenants <strong>de</strong> travailler<br />

en interdisciplinarité, en utilisant un <strong>la</strong>ngage commun permettant une prise en charge globale <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

personne polyhandicapée.<br />

Références<br />

1) CTNERHI. Les multi handicapés. Enfants atteints <strong>de</strong> handicaps associés. Rapport d’un groupe<br />

d’étu<strong>de</strong>. PARIS : P.U.F ; 1985.<br />

2) Collig<strong>non</strong> P, Guisiano B, Jimeno MT, Combe JC, Thirion X, Posmogue E ; Une échelle<br />

d’hétéroévaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chez l’enfant polyhandicapé. La <strong>douleur</strong> chez l’enfant : échelle<br />

d’évaluation, traitements médicamenteux. Collection : Recherche clinique et décision thérapeutique,<br />

PARIS : Springer Ver<strong>la</strong>g ; 1993.<br />

3) M-A. Jutand, A.Gallois, J.Léger, E.Pambrun, F.Rondi, M.Belot, P.Marrimpoey. Echelle EDAAP 2 :<br />

validation statistique d’une grille d’évaluation <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chez les a<strong>du</strong>ltes ou<br />

adolescents polyhandicapés. MOTRICITE CEREBRALE. READAPTATION. NEUROLOGIE DU<br />

DEVELOPPEMENT,29 (2008) 93-100.<br />

4) F.Rondi, P.Marrimpoey, M.Belot, A.Gallois, J.Léger, E.Pambrun, M-A.Jutand, Echelle EDAAP 1.<br />

La <strong>douleur</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne polyhandicapée: <strong>la</strong> comprendre et évaluer ses spécificités d’expression par<br />

une échelle. MOTRICITÉ CEREBRALE. READAPTATION. NEUROLOGIE DU<br />

DEVELOPPEMENT.29 (2008) 45-52.<br />

26


<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> en réanimation<br />

Jean-François PAYEN 1 , Gérald CHANQUES 2<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

L’essentiel <strong>de</strong>s soins prodigués à un <strong>patient</strong> <strong>de</strong> réanimation vise à lutter contre <strong>la</strong> ou les défail<strong>la</strong>nces<br />

viscérales qui sont l’objet <strong>de</strong> l’admission et/ou <strong>du</strong> maintien <strong>du</strong> <strong>patient</strong> en réanimation. Cependant, cette<br />

prise en charge génère une situation pénible pour le <strong>patient</strong>, accompagnée <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s fréquentes et<br />

intenses. Des recommandations <strong>de</strong>s sociétés savantes nord-américaines et françaises (1, 2) et <strong>de</strong><br />

nombreuses mises au point (3, 4 , 5 , 6 , 7 , 8) attestent <strong>de</strong> l’importance mais aussi <strong>de</strong> <strong>la</strong> réelle<br />

difficulté à prendre en charge <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> en réanimation. Trois raisons peuvent expliquer ce<strong>la</strong> : 1) <strong>de</strong>s<br />

causes multiples <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> liées à <strong>la</strong> pathologie <strong>du</strong> <strong>patient</strong> et les soins inhérents à son état ; 2) une<br />

difficulté pour évaluer <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chez un <strong>patient</strong> <strong>non</strong> <strong>communicant</strong> ; 3) <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s inappropriées <strong>de</strong><br />

prescription d’analgésiques. Enfin, le terme « sédation » peut prêter à confusion puisqu’il englobe <strong>la</strong><br />

baisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce (hypnose) et l’analgésie ; or <strong>la</strong> baisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce, in<strong>du</strong>ite par une pathologie<br />

cérébrale ou par un traitement pharmacologique (hypnotiques), n’a pas <strong>de</strong> lien direct avec l’analgésie.<br />

Il faut donc dissocier les termes « sédation » et « analgésie ». Ce chapitre se limite à l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> chez l’a<strong>du</strong>lte en venti<strong>la</strong>tion mécanique, en <strong>de</strong>hors <strong>du</strong> contexte <strong>de</strong> <strong>la</strong> neuro-sédation.<br />

Epidémiologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> en réanimation<br />

2.1. Inci<strong>de</strong>nce et intensité<br />

Il est connu <strong>de</strong>puis longtemps que <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est un phénomène fréquent et intense en réanimation.<br />

Près <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s questionnés à leur sortie <strong>de</strong> réanimation ont décrit leur <strong>douleur</strong> comme<br />

modérée à sévère, au repos ou au cours <strong>de</strong> soins douloureux (9-12).<br />

1 Pôle d’Anesthésie Réanimation, Hôpital Michalon, GRENOBLE<br />

2 Département d’Anesthésie Réanimation B, Hôpital Saint Eloi, MONTPELLIER<br />

Dans une cohorte <strong>de</strong> 100 <strong>patient</strong>s admis plus <strong>de</strong> 24h en réanimation, l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s<br />

modérées à fortes (échelle numérique > 3, behavioral pain scale > 5), en <strong>de</strong>hors d’une stimu<strong>la</strong>tion<br />

douloureuse, a été <strong>de</strong> 63% malgré un emploi <strong>non</strong> restreint <strong>de</strong> fentanyl ou <strong>de</strong> morphine (13).<br />

2.2. Causes <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> en réanimation<br />

Les causes <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> sont nombreuses en réanimation, liées aux lésions tissu<strong>la</strong>ires (fractures <strong>non</strong><br />

stabilisées, oedème <strong>de</strong>s parties molles, brûlures, chirurgie ostéoarticu<strong>la</strong>ire, thoracique ou abdominale),<br />

et aux soins. Ces soins sont nécessaires pour le <strong>patient</strong>, mais ils peuvent être une source <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> par<br />

leur répétition au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée et/ou leur caractère intense. Ainsi, <strong>la</strong> mobilisation <strong>du</strong> <strong>patient</strong> au<br />

cours <strong>de</strong>s pansements (mise en décubitus <strong>la</strong>téral), l’aspiration trachéale et l’ab<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s drains<br />

thoraciques sont rapportées comme étant les gestes les plus douloureux, avec <strong>de</strong>s valeurs mesurées par<br />

EVA comprises entre 30 et 100 mm (14). On peut y ajouter l’extubation trachéale, procé<strong>du</strong>re ayant<br />

généré une <strong>douleur</strong> modérée à forte mesurée par EVA (EVA > 30 mm) chez plus <strong>de</strong> 40% <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s<br />

(15).<br />

Le mécanisme <strong>de</strong> ces <strong>douleur</strong>s est dominé par l’excès <strong>de</strong> nociception (dé<strong>la</strong>brements tissu<strong>la</strong>ires,<br />

fractures, oedème <strong>de</strong>s parties molles, soins). Des <strong>douleur</strong>s neuropathiques peuvent être également<br />

présentes (compression, étirement ou section <strong>de</strong>s nerfs périphériques, lésion mé<strong>du</strong>l<strong>la</strong>ire ou<br />

tha<strong>la</strong>mique). Dans le syndrome <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>in-Barré, les <strong>patient</strong>s se p<strong>la</strong>ignent <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s<br />

neuropathiques, avec principalement <strong>de</strong>s myalgies et <strong>de</strong>s radicu<strong>la</strong>lgies, <strong>de</strong>s dysesthésies <strong>de</strong>s extrémités<br />

(allodynie, hyperalgésie). Il est possible que ces <strong>de</strong>ux mécanismes (excès <strong>de</strong> nociception, neuropathie)<br />

soient à l’origine <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s rési<strong>du</strong>elles. Quel que soit le mécanisme, <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> en réanimation<br />

évolue sur un mo<strong>de</strong> voisin <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> postopératoire: un fond continu auquel s’ajoutent <strong>de</strong>s pics<br />

douloureux lors <strong>de</strong> procé<strong>du</strong>res douloureuses.<br />

1<br />

Pôle d’Anesthésie Réanimation, Hôpital Michalon GRENOBLE<br />

2 Département d’anesthésie Réanimation, Hôpital Saint Eloi, MONTPELLELIER<br />

27


2.3. Conséquences <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> en réanimation<br />

Une <strong>de</strong>s conséquences immédiates <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est <strong>de</strong> générer un état d’agitation chez le <strong>patient</strong> <strong>non</strong><br />

<strong>communicant</strong>, au même titre que <strong>de</strong>s troubles métaboliques, un sepsis, une hypoxémie, une défail<strong>la</strong>nce<br />

cardio-vascu<strong>la</strong>ire, une lésion intracrânienne, un syndrome <strong>de</strong> sevrage. Cet état d’agitation peut être<br />

sévère, à l’origine d’extubations trachéales acci<strong>de</strong>ntelles et d’ab<strong>la</strong>tions inopinées <strong>de</strong> cathéters, d’un<br />

allongement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong> séjour en réanimation, et d’une augmentation <strong>de</strong>s<br />

posologies d’hypnotiques et <strong>de</strong> morphiniques (16, 17).<br />

L’analyse <strong>de</strong>s souvenirs gardés par les <strong>patient</strong>s après leur séjour en réanimation est difficile en raison<br />

<strong>de</strong> troubles fréquents <strong>de</strong> mémoire ; environ 30% <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s ne gar<strong>de</strong>nt aucun souvenir <strong>de</strong> leur séjour<br />

en ranimation. Pour les autres <strong>patient</strong>s, les souvenirs les plus désagréables sont d’ordre physique<br />

(<strong>douleur</strong>, troubles <strong>du</strong> sommeil, impossibilité <strong>de</strong> communiquer et <strong>de</strong> déglutir, soif) et psychologique<br />

(terreurs, cauchemars, sentiment d’abandon, dépression, angoisse) (18).<br />

La <strong>douleur</strong> et l’intubation endo-trachéale ont été c<strong>la</strong>irement rapportées comme source importante<br />

d’inconfort et d’angoisse (18 , 19). Ce<strong>la</strong> étant, <strong>la</strong> persistance <strong>de</strong> troubles neuropsychiques à l’issue <strong>du</strong><br />

séjour en réanimation (cauchemars, hallucinations, souvenirs pénibles) serait plutôt à rapporter à <strong>la</strong><br />

<strong>du</strong>rée <strong>de</strong> séjour en réanimation qu’à une sédation et/ou analgésie insuffisante (20).<br />

Les <strong>patient</strong>s <strong>de</strong> réanimation sont aussi exposés au risque <strong>de</strong> développer un syndrome <strong>de</strong> stress posttraumatique<br />

(PTSD) dans 4 à 25% <strong>de</strong>s cas (21). Le PTSD est défini au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 3 mois après le séjour<br />

en réanimation par l’association <strong>de</strong> cauchemars et insomnies, un état d’anxiété permanente et <strong>de</strong>s<br />

réactions <strong>de</strong> panique pour tout ce qui rappelle l’événement initial. La sédation par hypnotiques<br />

intraveineux n’a aucun rôle protecteur vis-à-vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> survenue <strong>du</strong> PTSD (22, 23). En fait, le PTSD<br />

serait favorisé par <strong>de</strong> nombreux facteurs, en particulier <strong>la</strong> sédation prolongée, <strong>de</strong>s troubles<br />

psychologiques préa<strong>la</strong>bles, <strong>de</strong>s hallucinations post-réanimation (24).<br />

De manière logique, ces troubles neuropsychiques figurent parmi les facteurs responsables d’une<br />

baisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> vie mesurée 6 mois après le séjour en réanimation (25). Les autres facteurs <strong>de</strong><br />

baisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> vie sont d’ordres physiques et mentaux, étroitement associés à l’âge et à <strong>la</strong><br />

gravité initiale, mais <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> physique pourrait y contribuer également. (26).<br />

En somme, <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> en réanimation figure parmi les souvenirs désagréables d’un séjour en<br />

réanimation. Mais l’existence d’une re<strong>la</strong>tion causale entre <strong>douleur</strong> (ou insuffisance d’analgésie)<br />

pendant le séjour en réanimation et survenue <strong>de</strong> désordres neuropsychiques n’est pas prouvée<br />

actuellement.<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

3.1. Pratiques médicales<br />

Des enquêtes déc<strong>la</strong>ratives par envoi postal ont été effectuées dans plusieurs pays (27-30). L’inci<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> sédation (vigi<strong>la</strong>nce) a été déterminée, mais aucune <strong>de</strong> ces enquêtes n’a testé<br />

l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>. D’après une enquête téléphonique auprès <strong>de</strong> 30 centres <strong>de</strong><br />

réanimation en Ile-<strong>de</strong>-France, 4 mé<strong>de</strong>cins sur 30 utilisent une échelle <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> (31).<br />

L’enquête Dolorea a été menée à partir <strong>de</strong>s pratiques médicales observées chez 1381 <strong>patient</strong>s en<br />

venti<strong>la</strong>tion mécanique, admis dans 44 centres français, les données <strong>de</strong> chaque <strong>patient</strong> étant enregistrées<br />

à J2, J4 et J6 <strong>du</strong> séjour en réanimation (32). Dans cette enquête, l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> a été mesurée<br />

chez 40% <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s, bien en <strong>de</strong>çà <strong>du</strong> pourcentage <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s recevant <strong>de</strong>s antalgiques morphiniques<br />

(80%). De plus, l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> au cours d’un soin douloureux (mobilisation, aspiration<br />

trachéale) a été effectuée dans 35% <strong>de</strong>s cas seulement.<br />

28


3.2. Outils d’évaluation<br />

La <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s outils d’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> en réanimation a été récemment détaillée (33, 34).<br />

Il est impératif <strong>de</strong> distinguer <strong>douleur</strong> et sédation (ou état <strong>de</strong> vigi<strong>la</strong>nce) et pour ce<strong>la</strong>, d’utiliser <strong>de</strong>s outils<br />

d’évaluation bien distincts pour apprécier séparément l’état d’analgésie (réponse à un stimulus<br />

douloureux) et <strong>de</strong> sédation (réponse à un stimulus d’éveil). Pour évaluer l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, il<br />

faut choisir un outil <strong>de</strong> mesure adapté à l’état <strong>de</strong> vigi<strong>la</strong>nce <strong>du</strong> <strong>patient</strong>.<br />

Chez le <strong>patient</strong> coopérant et <strong>communicant</strong>, l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> par autoévaluation est<br />

évi<strong>de</strong>mment <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>la</strong> plus fiable : EVA, échelle verbale simple, échelle numérique. Ceci est<br />

possible, y compris chez le <strong>patient</strong> en venti<strong>la</strong>tion mécanique. Ainsi, le développement d’une réglette<br />

d’échelle numérique (0-10) <strong>de</strong> dimension <strong>la</strong>rge (30 x 10 cm) a permis <strong>de</strong> mesurer l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> chez 25% <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s intubés et ventilés, et 70% <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s <strong>non</strong> intubés (13).<br />

La présence <strong>de</strong> troubles <strong>de</strong> conscience in<strong>du</strong>its par <strong>la</strong> prescription d’hypnotiques rend nécessaire<br />

l’utilisation d’échelles comportementales <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> (hétéro évaluation), car l’estimation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

par les proches <strong>du</strong> <strong>patient</strong> ou par les soignants est correcte dans moins <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong>s cas (35). Ces<br />

échelles sont basées sur l’expression corporelle à l’état <strong>de</strong> repos et en réponse à un stimulus<br />

douloureux (aspiration endotrachéale, mobilisation <strong>du</strong> <strong>patient</strong>): Behavioral Pain Scale (BPS) (36),<br />

Adaptation To the Intensive Care Environnent (ATICE) (37), Critical Care Pain Observation Tool<br />

(CPOT) (38). Ces échelles sont dotées <strong>de</strong> tous les critères métrologiques <strong>de</strong> qualité : validité,<br />

sensibilité, fiabilité (39). Dans l’enquête Dolorea, l’échelle BPS a été <strong>la</strong> plus utilisée à J2 (45% <strong>de</strong>s<br />

<strong>patient</strong>s évalués), tandis que l’EVA était employée dans 15% <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s évalués (32). L’échelle BPS<br />

comporte l’observation <strong>de</strong> 3 critères: l’expression <strong>du</strong> visage, le tonus <strong>de</strong>s membres supérieurs, et<br />

l’adaptation au venti<strong>la</strong>teur. Ainsi, chez <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s profondément sédatés, avec un score <strong>de</strong> Ramsay 4-<br />

6, <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res douloureuses (aspiration trachéale, mobilisation pour pansement) ont provoqué une<br />

augmentation significative <strong>du</strong> score <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> par rapport à <strong>la</strong> situation <strong>de</strong> repos, 4 fois plus<br />

importante que les variations entraînées par les soins <strong>non</strong> douloureux (pansement <strong>de</strong> voie veineuse<br />

centrale, pose <strong>de</strong> bas <strong>de</strong> contention) (36).<br />

Par <strong>la</strong> suite, d’autres travaux ont confirmé <strong>la</strong> pertinence diagnostique <strong>de</strong> l’échelle BPS (40, 41, 42).<br />

Une adaptation <strong>de</strong> l’échelle BPS (BPS-NI) vient d’être validée pour <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s <strong>non</strong> intubés,<br />

insuffisamment <strong>communicant</strong>s pour pouvoir être évalués par EVA ou par l’échelle numérique<br />

(Chanques et al, Intensive Care Med, in press). En réanimation pédiatrique, l’échelle comportementale<br />

<strong>de</strong> Comfort est <strong>la</strong> plus utilisée (43). Cette échelle a été récemment modifiée pour ne plus prendre en<br />

compte les variables physiologiques (pression artérielle, fréquence cardiaque) (44).<br />

Les techniques <strong>de</strong> quantification <strong>de</strong> <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l’anesthésie ont aussi été testées en réanimation<br />

pour évaluer <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ou le niveau <strong>de</strong> sédation : variabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> fréquence cardiaque, analyse<br />

quantitative <strong>de</strong> l’EEG (spectre <strong>de</strong> puissance), potentiels évoqués auditifs, indice bispectral (BIS).<br />

Aucune <strong>de</strong> ces métho<strong>de</strong>s ne peut remp<strong>la</strong>cer les échelles cliniques. Ainsi, <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> BIS est très<br />

variable d’un <strong>patient</strong> à l’autre (<strong>de</strong> 20 à 100), sans être corrélée avec le niveau clinique <strong>de</strong> sédation (45)<br />

Le seul intérêt <strong>du</strong> BIS pourrait être <strong>de</strong> mesurer l’effet d’un bolus <strong>de</strong> morphinique d’action courte<br />

(alfentanil, rémifentanil) pour abolir l’éveil cortical au moment d’un geste douloureux (46).<br />

3.3. Modalités d’utilisation<br />

Il n’y a pas <strong>de</strong> données dans <strong>la</strong> littérature sur les règles d’utilisation <strong>de</strong> ces outils d’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong>. Néanmoins, quelques éléments peuvent être proposés. Il faut mesurer l‘intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

au repos et au moment d’un stimulus douloureux (aspiration trachéale, mobilisation, pansement<br />

complexe). En effet, le pourcentage <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s ayant une <strong>douleur</strong> modérée à forte est<br />

systématiquement plus élevé au cours d’un soin douloureux par rapport à l’état <strong>de</strong> repos. Ceci a été<br />

montré dans l’enquête Dolorea pour 293 <strong>patient</strong>s ayant été évalués avant et pendant un soin<br />

douloureux (32).<br />

29


L’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est à répéter 3 à 6 fois par 24 heures, et après changement important <strong>du</strong><br />

traitement antalgique (modification <strong>de</strong> <strong>la</strong> posologie, intro<strong>du</strong>ction ou retrait d’un analgésique<br />

morphinique). En cas d’inconfort ou d’agitation, <strong>la</strong> recherche d’une insuffisance d’analgésie doit être<br />

<strong>la</strong> première démarche dans <strong>la</strong> décision thérapeutique. Pour faciliter l’adhésion <strong>de</strong> l’équipe soignante à<br />

<strong>la</strong> démarche, il est préférable d’utiliser les mêmes outils <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> pour l’ensemble <strong>du</strong><br />

service <strong>de</strong> réanimation. L’utilisation <strong>de</strong> protocoles écrits est une ai<strong>de</strong> pour l’équipe soignante. Dans<br />

l’enquête Dolorea, les centres qui utilisaient un protocole écrit ont eu un nombre plus élevé <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s<br />

évalués pour <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>: 60% versus 25% en l’absence <strong>de</strong> protocole (32).<br />

Ces outils <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> permettent <strong>de</strong> définir un seuil au-<strong>de</strong>là <strong>du</strong>quel <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est<br />

modérée, forte ou extrême. Pour l’EVA et l’échelle numérique, le seuil retenu par l’OMS a été fixé à<br />

40 mm (ou 4 sur une échelle 0-10). Pour les échelles développées en réanimation (BPS, ATICE), le<br />

seuil est plus difficile à déterminer. Dans un collectif <strong>de</strong> 130 <strong>patient</strong>s, <strong>de</strong>s valeurs d’échelle BPS >5<br />

et/ou d’échelle numérique >3 ont été retenues pour déclencher une série <strong>de</strong> mesures spécifiques : avis<br />

médical, recherche d’une cause, administration d’antalgiques, réévaluation <strong>de</strong> l’efficacité<br />

thérapeutique (13). Pour l’échelle ATICE, <strong>la</strong> prescription <strong>de</strong> fentanyl a été effectuée quand le <strong>patient</strong><br />

avait un score <strong>de</strong> tolérance (visage, quiétu<strong>de</strong>, adaptation au venti<strong>la</strong>teur) inférieur à 4 (47).<br />

3.4. Impact <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

L’impact <strong>de</strong> <strong>la</strong> sédation /analgésie sur le <strong>de</strong>venir <strong>du</strong> <strong>patient</strong> est désormais bien documenté. Une<br />

utilisation excessive <strong>de</strong>s hypnotiques allonge <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion mécanique et <strong>de</strong> séjour en<br />

réanimation (48, 49), augmente l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s pneumopathies nosocomiales (50), et expose le <strong>patient</strong><br />

au risque d’un syndrome <strong>de</strong> sevrage (51) et d’une confusion mentale (52). Pour l’essentiel, ces<br />

conséquences peuvent être prévenues par l’utilisation <strong>de</strong> protocoles écrits permettant une évaluation<br />

systématique et régulière <strong>du</strong> niveau <strong>de</strong> vigi<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s. Ainsi, l’imp<strong>la</strong>ntation <strong>de</strong> protocoles et<br />

algorithmes dans les unités <strong>de</strong> réanimation a permis <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire les <strong>du</strong>rées <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong> séjour en<br />

réanimation par le biais d’une diminution <strong>de</strong> 30-50% <strong>de</strong>s posologies journalières <strong>de</strong>s agents<br />

hypnotiques (47, 50).<br />

L’impact <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> sur le <strong>de</strong>venir <strong>du</strong> <strong>patient</strong> a été évalué dans une seule étu<strong>de</strong>,<br />

monocentrique : l’évaluation systématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> a ré<strong>du</strong>it l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s fortes et <strong>de</strong>s<br />

états d’agitation, et a été associée à une ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion mécanique (13). En<br />

reprenant les résultats <strong>de</strong> l’enquête Dolorea chez les <strong>patient</strong>s recevant un traitement analgésique au<br />

2 ème jour <strong>de</strong> leur admission en réanimation, nous ve<strong>non</strong>s <strong>de</strong> montrer que l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> a<br />

été associée à <strong>de</strong>s modifications significatives <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge en sédation/analgésie. Les <strong>patient</strong>s<br />

évalués pour <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> (513/1144 <strong>patient</strong>s) ont eu aussi une évaluation <strong>de</strong> leur niveau <strong>de</strong> vigi<strong>la</strong>nce<br />

(sédation) plus fréquente, une utilisation plus faible <strong>de</strong>s hypnotiques, <strong>de</strong>s posologies journalières plus<br />

faibles <strong>de</strong> midazo<strong>la</strong>m, une utilisation plus importante <strong>de</strong> co-analgésiques (paracétamol, néfopam), et<br />

une plus gran<strong>de</strong> attention à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> liée aux soins (Tableau 1) (53).<br />

Après ajustement sur <strong>de</strong> nombreuses co-variables, l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> a été un facteur<br />

indépendant <strong>de</strong> diminution <strong>de</strong> 3-5 jours dans <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion mécanique et <strong>de</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> séjour.<br />

Ces résultats soulignent l’importance <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sédation, afin d’optimiser<br />

l’administration <strong>de</strong>s analgésiques et <strong>de</strong>s hypnotiques aux besoins réels <strong>du</strong> <strong>patient</strong>.<br />

Conclusion<br />

La <strong>douleur</strong> en réanimation est distincte <strong>de</strong> <strong>la</strong> sédation ou baisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce. La sédation et<br />

l’analgésie en réanimation doivent trouver un juste équilibre, ni insuffisante (<strong>douleur</strong>, agitation), ni<br />

excessive (allongement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> séjour, surcoût). L’effort actuel doit porter sur le maintien à un<br />

niveau le plus faible possible <strong>de</strong> <strong>la</strong> sédation pharmacologique (hypnotiques), sur l’évaluation et le<br />

traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> au moment <strong>de</strong>s soins douloureux, et sur l’utilisation <strong>de</strong> protocoles écrits pour<br />

<strong>la</strong> gestion quotidienne <strong>de</strong> <strong>la</strong> sédation et <strong>de</strong> l’analgésie en réanimation.<br />

30


Tableau 1.<br />

Principales données <strong>de</strong> l’enquête Dolorea selon <strong>la</strong> notion d’une évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

au 2 ème jour d’admission en réanimation<br />

Pas d’évaluation <strong>douleur</strong><br />

(n=631)<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>douleur</strong><br />

(n=513)<br />

Indice <strong>de</strong> Gravité Simplifiée II<br />

Morphiniques (%) :<br />

sufentanil (%)<br />

fentanyl (%)<br />

Non morphiniques (%)<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>douleur</strong> aux soins (%)<br />

Traitement <strong>douleur</strong> aux soins (%)<br />

<strong>Evaluation</strong> sédation (%)<br />

Hypnotiques (%) :<br />

midazo<strong>la</strong>m (%)<br />

midazo<strong>la</strong>m (mg/kg/j)<br />

propofol<br />

Curares (%)<br />

44 (31-56)<br />

95<br />

40<br />

28<br />

29<br />

4<br />

17<br />

30<br />

86<br />

65<br />

1,5 (0,8-2,6)<br />

21<br />

13<br />

43 (33-54)<br />

92<br />

35<br />

36*<br />

42*<br />

68*<br />

26*<br />

91*<br />

75*<br />

57*<br />

1,1 (0,6-2,0)*<br />

17<br />

7*<br />

31


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34


Recherche clinique – Quel type d’étu<strong>de</strong>?<br />

Michel Galinski, Patricia Cimerman - Centre National <strong>de</strong> Ressources <strong>de</strong> lutte<br />

contre <strong>la</strong> Douleur Hôpital -Trousseau - Paris<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Avant <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r comment faire une recherche clinique on pourrait s’interroger sur l’intérêt <strong>de</strong><br />

faire une recherche? La participation à une recherche clinique améliore <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s soins. Une<br />

équipe qui participe à <strong>de</strong>s enquêtes ou <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> recherche s’occupe mieux <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s.<br />

Simplement parce qu’elle est a priori concernée par l’amélioration <strong>de</strong>s soins et se tient au courant <strong>de</strong><br />

ce qui se fait <strong>de</strong> mieux au temps présent. L’objectif d’une démarche <strong>de</strong> recherche est l’amélioration à<br />

plus ou moins long terme <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s, <strong>de</strong>s soins qui leur sont proposés. Pour ce<strong>la</strong><br />

il est nécessaire <strong>de</strong> mesurer une réalité, <strong>de</strong>s faits.<br />

Quelle pourrait être <strong>la</strong> démarche ?<br />

Exemple:<br />

On s’intéresse à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> aiguë dans une structure <strong>de</strong> soin.<br />

La première question à se poser pourrait être :<br />

- Quel est le taux <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s douloureux ?<br />

La <strong>de</strong>uxième, qui découle <strong>de</strong> <strong>la</strong> réponse à cette première question :<br />

- Quel est le taux <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s dont <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est traitée ?<br />

Et <strong>la</strong> troisième :<br />

- Quel est le taux <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s sou<strong>la</strong>gés ?<br />

Les résultats obtenus pourront alors être analysés à plusieurs niveaux :<br />

1 – Pourquoi le taux <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s douloureux est-il celui-ci ?<br />

2 – Pourquoi le taux <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s traités pour <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est-il celui-ci ?<br />

3 – Pourquoi le taux <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s sou<strong>la</strong>gés est-il celui-ci ?<br />

Démarche <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche<br />

Les réponses aux questions seront justes et interprétables si et seulement si <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong><br />

l’information a été précise et rigoureuse. Dans ce cadre, <strong>la</strong> connaissance <strong>du</strong> sujet, <strong>la</strong> réalisation d’un<br />

protocole <strong>de</strong> recherche précis et l’organisation pratique <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche (qui fait quoi et comment ?)<br />

sont fondamentales pour une recherche bien con<strong>du</strong>ite et efficace.<br />

Il est important <strong>de</strong> comprendre que dans cette recherche clinique l’information recueillie ne peut se<br />

résumer à <strong>la</strong> question principale. Dans le cadre <strong>de</strong> l’exemple d’enquête ci-<strong>de</strong>ssus sur <strong>la</strong> prise en charge<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, les résultats seront intéressants et éventuellement généralisables (exportables à d’autres)<br />

uniquement si <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion analysée est correctement décrite : distribution <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses d’âge, sex<br />

ratio, pathologies concernées, etc.<br />

En général une question est soulevée à partir <strong>de</strong> l’observation d’une popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s qui<br />

fréquentent une structure <strong>de</strong> soin donnée. L’idéal serait <strong>de</strong> pouvoir analyser <strong>de</strong>s données provenant <strong>de</strong><br />

l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion pour répondre à cette question. Ce n’est pas réalisable en pratique et<br />

surtout ce n’est pas nécessaire. Cette popu<strong>la</strong>tion dite cible, sera représentée par un échantillon. Mais<br />

lors <strong>du</strong> recueil cet échantillon <strong>de</strong>vra être complet.<br />

Toujours dans le cadre <strong>de</strong> notre enquête sur <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, sur notre popu<strong>la</strong>tion<br />

cible, on déci<strong>de</strong> d’évaluer un échantillon représentatif <strong>de</strong> 100 personnes. Mais on ne peut finalement<br />

en inclure que 50. Parmi ces 50 personnes, il manque dans <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s cas 50% <strong>de</strong>s réponses.<br />

Comment interpréter <strong>de</strong>s résultats portant sur 25 sujets (25%) alors qu’il s’agit d’un échantillon et<br />

qu’il faudrait ensuite les généraliser à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion cible ?<br />

35


Il s’agit là d’une <strong>de</strong>s difficultés majeures <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche clinique : obtenir tous les représentants <strong>de</strong><br />

l’échantillon choisi.<br />

Popu<strong>la</strong>tion cible<br />

N=3000<br />

Echantillon prévu<br />

N=100<br />

Inclusion<br />

N=50<br />

Patients analysables<br />

N=25<br />

Manquants<br />

N=50<br />

Interprétation<br />

<strong>de</strong>s résultats ?<br />

Exemple :<br />

Dans une popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s on déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> s’intéresser uniquement aux <strong>patient</strong>s ayant une <strong>douleur</strong><br />

thoracique. Ci-<strong>de</strong>ssous (Figure 1) est présenté le cheminement <strong>du</strong> tri <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s avec <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong><br />

départ, <strong>la</strong> sélection <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s douloureux, puis ceux ayant une <strong>douleur</strong> thoracique et ceux ne<br />

pouvant être analysés par manque <strong>de</strong> données.<br />

Figure 1 : Description <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion évaluée et évolution <strong>du</strong> tri en fonction <strong>de</strong>s critères d’inclusion<br />

et <strong>de</strong>s informations manquantes.<br />

Patients transportés par une unité mobile hospitalière N=1364<br />

Patient avec <strong>douleur</strong> aiguë N=659<br />

Patients ayant une <strong>douleur</strong> thoracique et inclus N=305<br />

Absence <strong>de</strong> rapport médical N=56<br />

Absence <strong>de</strong> diagnostic fiable dans le rapport médical N=2<br />

Absence <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> l’intensité douloureuse N = 3<br />

Patients analysés N=244<br />

Les différents types <strong>de</strong> recherche<br />

Il n’y a pas <strong>de</strong> bon ou <strong>de</strong> mauvais type <strong>de</strong> recherche. Il doit simplement être adapté à <strong>la</strong> question<br />

posée. Une recherche peut-être publiée dans une gran<strong>de</strong> revue médicale (critère <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

recherche effectuée), quelle que soit sa nature (épidémiologique ou expérimentale).<br />

Syndrome Coronaires Aigus (SCA) N=110 Pas <strong>de</strong> Syndrome Coronaire Aigu (NSCA) N=134<br />

On peut appeler recherche toute action qui vise à répondre à une question. Ce<strong>la</strong> peut être un simple<br />

audit, une évaluation <strong>de</strong>s pratiques jusqu’à un essai randomisé contrôlé multicentrique. Le point<br />

commun <strong>de</strong> tous c’est <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> procé<strong>du</strong>re.<br />

SCA avec sus déca<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> ST N=50 SCA sans sus déca<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> ST N=60<br />

Les différents types <strong>de</strong> recherche<br />

Il n’y a pas <strong>de</strong> bon ou <strong>de</strong> mauvais type <strong>de</strong> recherche. Il doit simplement être adapté à <strong>la</strong> question<br />

posée. Une recherche peut-être publiée dans une gran<strong>de</strong> revue médicale (critère <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

recherche effectuée), quelle que soit sa nature (épidémiologique ou expérimentale).<br />

36


On peut appeler recherche toute action qui vise à répondre à une question. Ce<strong>la</strong> peut être un simple<br />

audit, une évaluation <strong>de</strong>s pratiques jusqu’à un essai randomisé contrôlé multicentrique. Le point<br />

commun <strong>de</strong> tous c’est <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> procé<strong>du</strong>re.<br />

On distingue :<br />

Etu<strong>de</strong> observationnelle<br />

Pas d’intervention<br />

Aucun contrôle sur l’évènement<br />

ex : <strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong>s pratiques<br />

professionnelles<br />

Etu<strong>de</strong> expérimentale<br />

Il y a une intervention<br />

Tout est sous contrôle<br />

ex : Essai contrôlé randomisé ou <strong>non</strong><br />

Choix <strong>de</strong>s paramètres observés :<br />

L’événement : une pathologie ou un symptôme<br />

L’exposition : un facteur <strong>de</strong> risque<br />

Choix <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

Choix <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque<br />

Choix <strong>de</strong> l’intervention<br />

Choix <strong>de</strong>s paramètres observés<br />

1 Etu<strong>de</strong>s observationnelles<br />

On peut p<strong>la</strong>cer dans ce registre les évaluations <strong>de</strong>s pratiques professionnelles. En effet il s’agit <strong>de</strong><br />

situation où il va falloir recueillir sans intervention <strong>de</strong>s informations sur une popu<strong>la</strong>tion donnée pour<br />

répondre à une question précise et principale. Plusieurs métho<strong>de</strong>s ont été é<strong>la</strong>borées parmi lesquelles<br />

l’audit, revue <strong>de</strong> pertinence <strong>de</strong>s soins ….<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong>s pratiques professionnelles :<br />

« L’objectif est l’amélioration continue <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité et <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s soins. Il ne s’agit pas seulement<br />

d’évaluer mais d’intégrer à <strong>la</strong> pratique clinique <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> prise en charge actualisées et<br />

harmonisées» [Haute Autorité <strong>de</strong> Santé : www.has-sante.fr].<br />

Mais concernant un thème d’étu<strong>de</strong>, il y a plusieurs abords possibles. Il est donc fondamental, d’être<br />

c<strong>la</strong>ir sur <strong>la</strong> question posée.<br />

Par exemple, concernant <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, que voulons nous savoir ?<br />

- Qualité <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s ?<br />

ou<br />

- Connaissance <strong>de</strong>s soignants sur <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ?<br />

Si on s’intéresse aux <strong>patient</strong>s, il y a plusieurs possibilités:<br />

- <strong>Evaluation</strong> prospective : les <strong>patient</strong>s sont suivis pendant un temps donné et les informations sont<br />

recueillies au fur et à mesure : il faut prévoir à l’avance les informations qu’on veut recueillir et<br />

analyser. Toutes les informations dont on a besoin <strong>de</strong>vraient être recueillies. Les inconvénients sont<br />

qu’il faut recruter un certain nombre <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s (il faut <strong>du</strong> temps) et recruter tous les <strong>patient</strong>s<br />

concernés par l’étu<strong>de</strong>, ne pas en « louper » (il faut être exhaustif).<br />

- <strong>Evaluation</strong> rétrospective : Il s’agit là <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s dossiers médicaux et <strong>de</strong> soins <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s. C’est<br />

une modalité très fréquemment utilisée dans le cadre <strong>de</strong> ces audits. Mais les informations manquantes<br />

ne sont pas récupérables. Son intérêt est que l’information est disponible tout <strong>de</strong> suite, il suffit d’aller<br />

chercher dans les dossiers.<br />

En pratique, <strong>la</strong> réponse à une question peut être dans un premier temps recherchée dans les dossiers<br />

(rétrospectif). Le résultat <strong>de</strong> cette première recherche peut amener à aller plus loin pour le confirmer,<br />

l’infirmer ou le comprendre.<br />

37


Exemple<br />

Nous constatons que <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est peu renseignée dans les dossiers <strong>de</strong> soins et que les <strong>patient</strong>s<br />

douloureux reçoivent peu d’antalgique. Ce résultat doit être consolidé par une démarche prospective<br />

puisque les informations manquantes sont nombreuses. On ne peut pas savoir si les <strong>patient</strong>s sont<br />

réellement peu traités ou si c’est l’information sur le traitement donné qui n’est pas renseignée.<br />

L’étape suivante sera une évaluation prospective, observationnelle lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s<br />

<strong>patient</strong>s.<br />

Concernant le soignant <strong>la</strong> démarche est i<strong>de</strong>ntique. On peut choisir <strong>de</strong> l’interroger sur sa pratique, sur<br />

ce qu’il connaît <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, par exemple. Dans ce premier cas <strong>de</strong> figure il y a<br />

plusieurs manières <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r :<br />

1 - Questionnaire simple sur ses connaissances avec mises en situation théorique.<br />

Le taux <strong>de</strong> réponse est dépendant <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne volonté <strong>du</strong> soignant interrogé.<br />

Le médium utilisé est fondamental. Un contact direct, en vis à vis ou par téléphone, permettra un<br />

meilleur taux <strong>de</strong> réponse qu’un contact indirect, par courrier postal ou électronique. Les réponses<br />

spontanées par courrier viendront le plus souvent <strong>de</strong> soignants s’intéressant déjà au sujet traité.<br />

D’une part le taux <strong>de</strong> répondants sera bas et d’autre part les résultats obtenus surévalueront <strong>la</strong> réalité.<br />

2 – Enquête prospective observationnelle en situation réelle.<br />

La qualité <strong>de</strong> l’information recueillie et sa fiabilité seront d’autant plus importantes que<br />

l’investissement <strong>de</strong>s enquêteurs sera grand.<br />

Etu<strong>de</strong> épidémiologique<br />

Les enquêtes épidémiologiques se décomposent en enquête <strong>de</strong>scriptive et enquêtes étiologiques.<br />

Enquêtes étiologiques Il s’agit d’enquêtes « Cas témoins » ou d’enquêtes <strong>de</strong> « Cohorte ».<br />

Elles comparent <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> sujets pour mettre en évi<strong>de</strong>nce l’association entre une exposition et<br />

une ma<strong>la</strong>die ou pour préciser cette association.<br />

Exemples d’enquêtes étiologiques :<br />

Enquête <strong>de</strong> cohorte : Une enquête <strong>de</strong> cohorte compare <strong>la</strong> fréquence d’une ma<strong>la</strong>die chez <strong>de</strong>s sujets dits<br />

exposés (exposition au tabac (fumeurs), par exemple ) à celle <strong>de</strong>s sujets dits <strong>non</strong> exposés (ne fumant<br />

pas) pris comme témoins.<br />

Exemple historique [1] : Enquête <strong>de</strong> cohorte <strong>de</strong> Framingham débutée en 1948. Les sujets (N=5209)<br />

ont été suivis, avec un bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> santé tous les 2 ans, pendant plusieurs années. Après quelques<br />

années, les sujets qui ont eu une pathologie cardiovascu<strong>la</strong>ire ont été comparés à ceux n’en n’ayant<br />

pas eu. Ainsi un certain nombre <strong>de</strong> facteurs ont été associés au risque <strong>de</strong> survenue d’une pathologie<br />

cardiovascu<strong>la</strong>ire. Par exemple, les fumeurs avaient plus souvent une pathologie cardiovascu<strong>la</strong>ire<br />

que les <strong>non</strong> fumeurs.<br />

Les enquêtes <strong>de</strong> cohorte doivent concerner <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies re<strong>la</strong>tivement fréquentes.<br />

Enquêtes cas témoin: Des sujets ayant une ma<strong>la</strong>die définie (un type <strong>de</strong> cancer par exemple), appelés<br />

les cas, sont comparés à <strong>de</strong>s sujets n’ayant pas cette ma<strong>la</strong>die (les témoins). L’interrogatoire <strong>de</strong>s 2<br />

groupes a pour objectif <strong>de</strong> retrouver dans le passé <strong>de</strong>s sujets toutes les expositions potentielles.<br />

La fréquence <strong>de</strong> ces expositions est ensuite comparée entre les <strong>de</strong>ux groupes. Un facteur sera dit à<br />

risque s’il est plus souvent présent chez les cas que chez les témoins. Les cas et les témoins doivent<br />

être semb<strong>la</strong>bles ou proche notamment en terme <strong>de</strong> sexe, d’âge, d’environnement (appariement).<br />

Exemple historique [2] : étu<strong>de</strong> cas-témoin <strong>de</strong> Doll et Hill, 1950: Comparaison <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s ayant un<br />

cancer pulmonaire avec <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s n’en ayant pas; 1465 <strong>patient</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s étaient appariés (même<br />

âge, même sexe) à 1465 <strong>patient</strong>s n’ayant pas <strong>de</strong> cancer. Les <strong>patient</strong>s étaient interrogés sur leurs<br />

antécé<strong>de</strong>nts, leurs habitu<strong>de</strong>s etc.<br />

38


Les <strong>patient</strong>s ayant un cancer fumaient plus que ceux n’ayant pas <strong>de</strong> cancer. L’étu<strong>de</strong> concluait que<br />

l’usage <strong>de</strong> cigarettes était le facteur le plus associé au cancer pulmonaire.<br />

Les étu<strong>de</strong>s cas témoins concernent <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies plutôt peu fréquentes.<br />

Enquête <strong>de</strong>scriptive Il s’agit d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cohorte ou d’étu<strong>de</strong>s transversales. Elles sont utilisées pour<br />

connaître l’importance d’une pathologie et/ou d’une exposition. La fréquence d’une pathologie peut<br />

être variable. L’objectif <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s est <strong>de</strong> reconnaître les facteurs <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> cette ma<strong>la</strong>die à partir<br />

<strong>de</strong> l’observation <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> sa fréquence. Ces enquêtes se rapprochent <strong>de</strong>s audits et évaluation<br />

<strong>de</strong> pratiques professionnelles abordées plus haut.<br />

Exemple d’enquête <strong>de</strong>scriptive [3] :<br />

Le <strong>CNRD</strong> a observé en 2010 tous les gestes pratiqués chez <strong>de</strong>s personnes âgées admises dans<br />

différents types <strong>de</strong> structures <strong>de</strong> soin. Le recueil <strong>de</strong> données a été réalisé 24 h sur 24 pendant 5 jours<br />

<strong>de</strong> suite. Cette enquête a permis <strong>de</strong> décrire les gestes effectués chez ces personnes et <strong>de</strong> mesurer<br />

l’intensité douloureuse associée à chacun <strong>de</strong> ces gestes. A partir <strong>de</strong> ces informations les facteurs<br />

associés à <strong>la</strong> survenue d’une <strong>douleur</strong> peuvent être mis en évi<strong>de</strong>nce.<br />

Pour réaliser cette étu<strong>de</strong> incluant plusieurs centaines <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s, il a fallu informer et former tout le<br />

personnel <strong>de</strong> chaque structure concernée sur les modalités <strong>de</strong> recueil <strong>de</strong>s données et <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong>. Il a été nécessaire <strong>de</strong> faire appel à 3 attachés <strong>de</strong> recherche clinique.<br />

S’il est nécessaire <strong>de</strong> se donner les moyens <strong>de</strong> réaliser une recherche, il faut aussi adapter le projet et<br />

ses objectifs aux moyens disponibles.<br />

Etu<strong>de</strong>s expérimentales<br />

Les étu<strong>de</strong>s expérimentales ont pour objectifs <strong>de</strong> contrôler tous les paramètres concernant les <strong>patient</strong>s<br />

(age, sexe, pathologie, traitement…). Ce<strong>la</strong> permet <strong>de</strong> contrôler le ou les paramètres à faire varier pour<br />

en mesurer l’effet.<br />

Essai contrôlé randomisé : Il s’agit <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> expérimentale <strong>de</strong> référence en recherche clinique.<br />

L’exemple typique est <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> l’effet d’un médicament. Ce médicament est comparé à un<br />

p<strong>la</strong>cebo ou à un médicament <strong>de</strong> référence. Les sujets sont i<strong>de</strong>ntiques en tout sauf pour le traitement<br />

reçu, un groupe <strong>de</strong> sujets recevant le traitement étudié et l’autre groupe le traitement <strong>de</strong> référence.<br />

Ainsi, s’il existe une différence concernant les paramètres mesurant l’effet <strong>du</strong> médicament, ce<strong>la</strong> ne<br />

peut être <strong>du</strong> qu’au traitement. Les sujets sont répartis au hasard dans l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux groupes<br />

(Randomisation) et <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s différents paramètres se fait dans l’ignorance totale <strong>du</strong> groupe<br />

d’appartenance (Aveugle).<br />

Exemple [4]: Une étu<strong>de</strong> a mesuré l’efficacité <strong>du</strong> sufentanil (morphinique) en mé<strong>de</strong>cine d’urgence<br />

extrahospitalière. On le compare au morphinique <strong>de</strong> référence dans ce contexte, <strong>la</strong> morphine.<br />

L’hypothèse <strong>de</strong> départ était que le sufentanil permettait d’obtenir une meilleure analgésie à 30<br />

minutes <strong>de</strong> <strong>la</strong> première injection. Dès qu’un <strong>patient</strong> rencontre les critères d’inclusion <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, on lui<br />

attribue, au hasard (randomisation), un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux traitements. Ni le soignant, ni le <strong>patient</strong> ne<br />

connaissent le traitement reçu (double aveugle). Cette étu<strong>de</strong> a montré que le sufentanil et <strong>la</strong> morphine<br />

avaient <strong>la</strong> même efficacité dans ce contexte d’analgésie extrahospitalière.<br />

Au total, le type d’étu<strong>de</strong> choisi dépend <strong>la</strong>rgement <strong>de</strong> <strong>la</strong> question posée. La qualité <strong>du</strong> résultat est liée à<br />

<strong>la</strong> qualité <strong>du</strong> recueil <strong>de</strong> l’information. Ceci est conditionné par un projet bien conçu et une<br />

organisation pratique permettant <strong>de</strong> respecter le protocole <strong>de</strong> recherche.<br />

Pour en savoir plus<br />

Dubart AE, Jabre P, Ricard-Hibon A, Thys F. Gui<strong>de</strong> pratique <strong>de</strong> recherche clinique:<br />

S-editions, Milon-La-Chapelle, 2008.<br />

39


Bouyer J, Hémon D, Cordier S, Derriennic F, Stücker I, Stengel B, C<strong>la</strong>vel J et al.<br />

Epidémiologie : principes et métho<strong>de</strong>s quantitatives. Paris : Les éditions INSERM ;1995<br />

Références<br />

1 Kannel WB, Dawber TR, Kagan A, Revotskie N, Stokes J 3rd. Factors of risk in the<br />

<strong>de</strong>velopment of coronary heart disease-six year follow-up experience. The Framingham study.<br />

Ann Intern Med 1961 ;55 :33-50.<br />

2 Doll R, Hill AB. Smoking and carcinoma of the lung. Preliminary report. BMJ 1950;ii: 739-<br />

48.<br />

3 Cimerman P, Galinski M, Thibault P, Boudier C, Annequin D, Carbajal R et le groupe REGARDS<br />

Résultats préliminaires : Etu<strong>de</strong> REGARDS, Recueil épidémiologique en Gériatrie <strong>de</strong>s Actes<br />

Ressentis comme Douloureux et Stressants . Journée <strong>CNRD</strong> 2010. www.cnrd.fr<br />

4 Bounes V, Barthelemy R, Diez O, Charpentier S, Montastruc JL, Ducassé JL. Sufentanil is<br />

not superior to morphine for treatment of acute traumatic pain in an emergency setting: a<br />

randomized, double-blind, out-of-hospital trial. Ann Emerg Med;2010 [Epub ahead of print]<br />

40


Annexe 1<br />

Exemple <strong>de</strong> questionnaire <strong>de</strong>stiné au <strong>patient</strong> (<strong>patient</strong> a<strong>du</strong>lte, service <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine) :<br />

enquête un jour donné<br />

Date <strong>de</strong> l’enquête : N° Patient :<br />

Date d'admission : Service :<br />

Date <strong>de</strong> naissance : Sexe : F M<br />

1. Avez vous ressenti une <strong>douleur</strong> <strong>de</strong>puis votre admission dans notre établissement ?<br />

OUI<br />

NON<br />

2. Avez vous reçu <strong>de</strong>s informations sur <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> au cours <strong>de</strong> votre hospitalisation ?<br />

OUI NON NE SAIT PAS<br />

3. Vous a t'on prévenu que vous pourriez avoir mal au cours <strong>de</strong> votre hospitalisation ?<br />

OUI NON NE SAIT PAS<br />

4. Vous a-t-on <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> signaler <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> à chaque fois que vous avez mal ?<br />

OUI NON NE SAIT PAS<br />

5. A t'on évalué l'intensité <strong>de</strong> votre <strong>douleur</strong> entre 0 et 10 ou avec une réglette?<br />

OUI NON NE SAIT PAS<br />

6. Avez vous <strong>de</strong>mandé un traitement pour sou<strong>la</strong>ger votre <strong>douleur</strong> ?<br />

OUI NON Si OUI, au bout <strong>de</strong> combien <strong>de</strong> temps l’avez vous obtenu ?<br />

Moins <strong>de</strong> 15 minutes<br />

<strong>de</strong> 15 à 30 minutes<br />

De 30 à 60 minutes plus d’une heure je n’ai rien obtenu<br />

7. Entourez d’un cercle le chiffre qui correspond le mieux à votre <strong>douleur</strong> <strong>la</strong> plus forte (sévère, intense) <strong>de</strong>puis<br />

votre admission à l'hôpital<br />

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

<br />

pas <strong>de</strong><br />

<strong>douleur</strong><br />

<br />

<strong>douleur</strong><br />

maximale<br />

8. Entourez d’un cercle le niveau <strong>de</strong> sou<strong>la</strong>gement procuré par les médicaments ou les autres traitements<br />

proposés pour sou<strong>la</strong>ger votre <strong>douleur</strong><br />

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

<br />

pas <strong>de</strong><br />

sou<strong>la</strong>gement<br />

<br />

sou<strong>la</strong>gement<br />

total<br />

9. Vous a-t-on <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> signaler aux infirmières ou aux mé<strong>de</strong>cins, les désagréments <strong>du</strong> traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> ? (nausées, vomissements, constipation)<br />

OUI NON NE SAIT PAS<br />

10. En cas <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> importante, craigniez vous qu’on vous administre <strong>de</strong> <strong>la</strong> morphine ?<br />

OUI<br />

NON<br />

Si OUI, pourquoi ? (Plusieurs réponses possibles)<br />

Peur <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir toxicomane<br />

Peur <strong>de</strong> ne plus pouvoir l’arrêter<br />

Peur <strong>de</strong>s effets désagréables <strong>de</strong> <strong>la</strong> morphine<br />

Peur d’être atteint d’une ma<strong>la</strong>die incurable<br />

Autres raisons<br />

11. Entourez d’un cercle le chiffre qui correspond à votre satisfaction vis à vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon dont votre <strong>douleur</strong> a<br />

été prise en charge<br />

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

<br />

Pas<br />

satisfait<br />

<br />

Très<br />

satisfait<br />

12. Si vous n’êtes pas satisfait <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon dont votre <strong>douleur</strong> a été prise en charge, pouvez vous nous expliquer<br />

pourquoi en quelques mots?<br />

41


Annexe 2<br />

Exemple <strong>de</strong> questionnaire <strong>de</strong>stiné au soignant<br />

Date <strong>de</strong> l’enquête : Service :<br />

Quelle est votre fonction dans le service ?<br />

IDE/IADE/IBODE Cadre <strong>de</strong> santé Puéricultrice Ai<strong>de</strong>-Soignante<br />

Kinésithérapeute Ergothérapeute Autres, précisez …………………………………..<br />

1. Quelle est votre tranche horaire <strong>de</strong> travail ?<br />

Jour Gar<strong>de</strong> Nuit<br />

2. Avez-vous bénéficié d'une formation spécifique sur <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ?<br />

Oui Non Si OUI, <strong>la</strong>quelle ?<br />

Formation continue<br />

Formation au sein <strong>du</strong> service Congrès D.U. / Capacité <strong>douleur</strong><br />

Autres, précisez : ……………………………………………………….<br />

3. Deman<strong>de</strong>z-vous aux <strong>patient</strong>s <strong>de</strong> signaler leur <strong>douleur</strong> ?<br />

Jamais Rarement Souvent Toujours<br />

4. Effectuez-vous une évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ?<br />

Oui Non Si OUI quand? :<br />

Systématiquement pour toute p<strong>la</strong>inte<br />

Ponctuellement, face à certaines p<strong>la</strong>intes<br />

Uniquement sur prescription médicale<br />

5. Par quels moyens effectuez-vous cette évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ?<br />

Observation<br />

Interrogation simple<br />

Echelle numérique (EN)<br />

Echelle verbale simple (EVS)<br />

Echelle Visuelle Analogique (EVA)<br />

ECPA<br />

DOLOPLUS<br />

ALGOPLUS<br />

Autres, précisez ………………………………………………………<br />

6. Notez-vous cette évaluation par écrit ?<br />

Oui Non Si OUI, Sur quel support notez-vous <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ?<br />

Dossier <strong>de</strong> Soins Diagramme spécifique Autres, précisez<br />

7. Existe-t-il <strong>de</strong>s protocoles dans le service pour traiter <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ?<br />

Oui Non Ne sait pas<br />

8. Evaluez-vous l'efficacité <strong>de</strong>s traitements prescrits ?<br />

Oui Non<br />

9. Lorsque vous avez besoin d'un renseignement, d'un conseil, d'une prescription, l'obtenez-vous<br />

facilement ?<br />

Oui Non<br />

10. Etes-vous réticent à l'exécution d'une prescription <strong>de</strong> morphine ?<br />

Oui Non Si oui, pourquoi? (Plusieurs réponses possibles)<br />

Risque d'effets secondaires graves<br />

Risque que le <strong>patient</strong> <strong>de</strong>vienne dépendant<br />

Risque <strong>de</strong> masquer le (les) symptômes<br />

Autres, précisez : ……………………………………………….<br />

Non applicable (<strong>non</strong> concerné)<br />

11. Pensez-vous connaître les principaux effets secondaires <strong>de</strong>s médicaments <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ?<br />

Aucun Quelques uns Les principaux Tous<br />

12. Comment se fait <strong>la</strong> transmission entre les services <strong>de</strong> l'établissement, pour <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s<br />

<strong>patient</strong>s douloureux ?<br />

Oralement Par écrit Les <strong>de</strong>ux Ne sait pas<br />

13. Existe-t-il <strong>de</strong>s freins à l'analgésie dans le service ?<br />

Oui Non Si OUI, cochez les raisons principales :<br />

Manque <strong>de</strong> formation <strong>du</strong> personnel médical<br />

Manque <strong>de</strong> formation <strong>du</strong> personnel paramédical<br />

Défaut <strong>de</strong> communication entre mé<strong>de</strong>cins<br />

Défaut <strong>de</strong> personnel soignant<br />

Mé<strong>de</strong>cins <strong>non</strong> motivés<br />

Personnels soignant <strong>non</strong> motivés<br />

Défaut <strong>de</strong> communication entre les services<br />

Défaut <strong>de</strong> communication entre les équipes soignantes<br />

Manque <strong>de</strong> matériel<br />

Manque <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce<br />

Morphinique difficilement accessibles<br />

Autre<br />

42


I<strong>de</strong>ntifier les problèmes? Quelle métho<strong>de</strong> pour y répondre ?<br />

Illustration <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> apportée par le <strong>CNRD</strong><br />

Patricia Cimerman, Infirmière <strong>de</strong> recherche clinique, Dr Galinski Michel - <strong>CNRD</strong>- Paris<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Le <strong>CNRD</strong> (Centre National <strong>de</strong> Ressources <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> Douleur) a comme objectif principal l'ai<strong>de</strong><br />

à <strong>la</strong> prévention et l'amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> provoquée par les soins, chez<br />

l'enfant, l'a<strong>du</strong>lte et <strong>la</strong> personne âgée. Il s'adresse aux personnels médicaux et paramédicaux <strong>de</strong> tous les<br />

secteurs d'activité : public, privé et libéral. Une <strong>de</strong> ses missions est d'apporter une ai<strong>de</strong> logistique et<br />

méthodologique aux professionnels <strong>de</strong> santé pour <strong>la</strong> réalisation d'audits, l'évaluation <strong>de</strong>s pratiques<br />

professionnelles, <strong>la</strong> con<strong>du</strong>ite <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> recherche, l'é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong> protocoles dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> aiguë en pratique quotidienne. Les équipes soignantes sont parfois confrontées à <strong>de</strong>s<br />

problèmes d'ordre méthodologique entravant leurs projets <strong>de</strong> recherche, qui bien souvent n'aboutissent<br />

pas. Or, pour mener à bien un projet et quelle que soit sa nature, il est nécessaire <strong>de</strong> respecter<br />

certaines règles et tout comme dans le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> route, il faut connaître les différents "panneaux"<br />

indispensables à une bonne méthodologie.<br />

"Le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> méthodologie"<br />

- Les obligations <strong>du</strong> travail <strong>de</strong> recherche<br />

1/ Question <strong>de</strong> recherche et hypothèse<br />

L'hypothèse doit répondre à une question principale et à une seule. Cette question doit avoir un<br />

objectif limité pour que <strong>la</strong> réponse soit c<strong>la</strong>ire et utile. L'objectif doit être pertinent pour justifier un<br />

travail <strong>de</strong> recherche clinique et être précis. Le type d'étu<strong>de</strong> dépendra <strong>de</strong> <strong>la</strong> question <strong>de</strong> recherche<br />

posée.<br />

2/ Recensement <strong>de</strong> l'existant<br />

Un travail <strong>de</strong> recherche documentaire en amont est nécessaire afin <strong>de</strong> connaître l'état actuel <strong>de</strong>s<br />

connaissances sur le sujet. En effet, il faut toujours se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si d'autres équipes ont déjà émis <strong>la</strong><br />

même hypothèse, si <strong>la</strong> réponse à <strong>la</strong> question <strong>de</strong> recherche est déjà connue, si <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s antérieures ont<br />

déjà été réalisées. Cette veille documentaire va permettre <strong>de</strong> ne pas recommencer ce qui a déjà été<br />

effectué mais <strong>de</strong> s'appuyer sur les résultats obtenus, <strong>de</strong> reprendre si besoin <strong>la</strong> méthodologie et <strong>de</strong><br />

l'appliquer dans un contexte nouveau.<br />

Ces points sont une base essentielle <strong>de</strong> démarrage avant <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> tout projet. En résumé, il<br />

faut se poser <strong>la</strong> bonne question, bien cerner <strong>la</strong> problématique, être sur qu'il y ait un problème à<br />

résoudre, une réponse à apporter. En effet, bon nombre <strong>de</strong> projets n'aboutissent pas car <strong>la</strong> question <strong>de</strong><br />

recherche est mal posée au départ, le problème est mal i<strong>de</strong>ntifié ou inexistant.<br />

lllustrations liées à <strong>la</strong> question <strong>de</strong> recherche :<br />

a) Une équipe d'un hôpital pédiatrique, souhaite é<strong>la</strong>borer une nouvelle échelle d'autoévaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> chez l'enfant car un audit réalisé dans l'établissement a montré que les enfants n'étaient pas<br />

suffisamment évalués.<br />

D'emblée, on s'interroge sur <strong>la</strong> création d'une nouvelle échelle d'autoévaluation chez l'enfant, au vu <strong>de</strong><br />

l'existence <strong>de</strong> diverses échelles validées. Le projet ne nous dit pas pourquoi les enfants ne sont pas<br />

évalués, les outils sont ils méconnus? Les outils d'évaluation sont ils mal utilisés? Les soignants sont<br />

ils formés à l'évaluation?<br />

L'ai<strong>de</strong> <strong>du</strong> <strong>CNRD</strong> en 1 er lieu a été d'apporter toutes les ressources existantes en matière d'évaluation <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong> l'enfant, (revue <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature sur les échelles validées, recommandations HAS en<br />

matière d'évaluation, protocoles d'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>) puis d'orienter le travail dans une autre<br />

direction afin <strong>de</strong> répondre à <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong> cette équipe.<br />

Nous avons donc suggéré dans un 1 er temps <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s formations en matière d'évaluation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, adaptées aux différents services <strong>de</strong> pédiatrie, aux situations cliniques (urgences, <strong>douleur</strong><br />

post-opératoire, <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ites par les soins, enfants <strong>non</strong> <strong>communicant</strong>s…) et d'é<strong>la</strong>borer un nouveau<br />

projet dont l'objectif serait <strong>de</strong> mesurer l'impact <strong>de</strong>s formations effectuées sur l'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

43


L'hypothèse <strong>de</strong> départ étant que <strong>de</strong>s soignants bien formés à l'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> évaluent <strong>de</strong><br />

façon efficace les enfants.<br />

Le critère <strong>de</strong> jugement principal était : le nombre d'évaluations réalisées sur 24h avec un outil validé.<br />

Le type d'étu<strong>de</strong> proposée a été un audit sur dossier, un jour donné, concernant <strong>la</strong> traçabilité <strong>de</strong><br />

l'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> dans les services où les soignants ont reçu <strong>la</strong> formation.<br />

b) Le CLUD d'une clinique chirurgicale a comme projet l'amélioration <strong>de</strong>s pratiques lors <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

réfection <strong>de</strong>s pansements, l'objectif est <strong>de</strong> comparer 4 protocoles antalgiques afin <strong>de</strong> standardiser les<br />

pratiques lors <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> méchage/déméchage dans les services <strong>de</strong> chirurgie viscérale, urologique et<br />

gynécologique lors <strong>de</strong>s pansements d'abcès sur <strong>la</strong>parotomies, lâchage <strong>de</strong> sutures, abcès <strong>de</strong> <strong>la</strong> marge<br />

anale, ab<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong>me <strong>de</strong> Delbey. Les médicaments à comparer sont le paracétamol, le néfopam, le<br />

chlorydate d'oxycodone, et <strong>la</strong> lidocaïne.<br />

On note qu'il y a plusieurs questions en même temps, que l'étu<strong>de</strong> est prévue dans 4 services différents<br />

où les types <strong>de</strong> pansements sont différents et qu'il n'y a pas d'argumentaire quant au choix <strong>de</strong>s 4<br />

antalgiques à comparer.<br />

L'ai<strong>de</strong> <strong>du</strong> <strong>CNRD</strong> a consisté à :<br />

- recenser l'existant en matière <strong>de</strong> protocoles antalgiques sur l'établissement (un protocole antalgique<br />

existait mais peu appliqué et jamais évalué (Paracétamol 1 g +20 mg <strong>de</strong> Néfopam 30 min. avant le<br />

soin + Lidocaïne 1%).<br />

- <strong>de</strong> recentrer le travail sur un seul service (chirurgie viscérale) et un seul type <strong>de</strong> pansements<br />

- <strong>de</strong> modifier l'objectif <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> en évaluant dans un 1 er temps, l'efficacité <strong>du</strong> protocole antalgique<br />

actuel avec comme critère <strong>de</strong> jugement principal, l'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> liée à <strong>la</strong> réfection <strong>du</strong><br />

pansement (échelle numérique) à 3 moments <strong>du</strong> soin, avant (5'), pendant (<strong>douleur</strong> maximale) et en fin<br />

<strong>de</strong> pansement. Les critères secondaires étaient <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> pénibilité <strong>du</strong> geste pour le <strong>patient</strong> et le<br />

soignant (échelle numérique), <strong>la</strong> présence ou <strong>non</strong> d'effets secondaires liés aux traitements antalgiques.<br />

Cette première étu<strong>de</strong> va permettre d'évaluer l'efficacité <strong>de</strong>s moyens antalgiques actuels. Elle constitue<br />

un point <strong>de</strong> départ à l'amélioration <strong>de</strong>s pratiques. En effet, peu d'étu<strong>de</strong>s existent sur <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite<br />

par les pansements (méchage/déméchage) lors <strong>de</strong>s abcès <strong>de</strong> <strong>la</strong> marge anale, kystes sacro-coccygien,<br />

fistules anales, or les soignants sont en difficulté lors <strong>de</strong> ce geste fréquent et répété.<br />

3/ Critères <strong>de</strong> jugement et calcul <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> sujets nécessaires<br />

L'hypothèse formulée permet <strong>de</strong> définir le critère <strong>de</strong> jugement principal, il est nécessaire <strong>de</strong> définir<br />

les modalités <strong>de</strong> mesure ou d'évaluation <strong>de</strong> ce critère principal.<br />

Par exemple, si l'objectif d'un projet est <strong>de</strong> mesurer l'efficacité <strong>du</strong> MEOPA lors <strong>de</strong>s mobilisations vers<br />

le service <strong>de</strong> radiologie chez <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s traumatisés à l'arrivée aux urgences, le critère <strong>de</strong> jugement<br />

est le score <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> sur EVA mesuré à 3 temps : avant <strong>la</strong> mobilisation, au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mobilisation et 5 min. après.<br />

L'hypothèse est <strong>la</strong> suivante : les <strong>patient</strong>s recevant <strong>du</strong> MEOPA 3 min. avant <strong>la</strong> mobilisation et pendant<br />

<strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilisation ont une diminution <strong>de</strong> 13 mm sur une EVA comparée aux <strong>patient</strong>s n'en<br />

bénéficiant pas.<br />

En fonction <strong>de</strong> l'hypothèse <strong>de</strong> départ, le nombre <strong>de</strong> sujets nécessaires est calculé (test statistique) pour<br />

obtenir une puissance d’étu<strong>de</strong> suffisante, c’est à dire ne pas passer à côté d’une différence entre les<br />

groupes <strong>du</strong> fait d’un nombre insuffisant <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s. Ce nombre <strong>de</strong> sujets nécessaires varie donc en<br />

fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> réponse atten<strong>du</strong>e (dans cet exemple, différence <strong>de</strong> 13 mm sur les scores moyens <strong>de</strong><br />

<strong>douleur</strong> avec EVA).<br />

Pour résumer, il faut choisir le critère qui semble le plus pertinent par rapport au contexte. Est-il plus<br />

pertinent <strong>de</strong> comparer <strong>de</strong>s scores moyens <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> ou <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> sou<strong>la</strong>gement obtenus après<br />

administration <strong>du</strong> MEOPA? Le nombre <strong>de</strong> sujets à inclure en dépendra et <strong>la</strong> significativité <strong>de</strong>s<br />

résultats aussi.<br />

44


4/ Rédaction <strong>du</strong> protocole <strong>de</strong> recherche<br />

C'est l'étape incontournable pour tout projet <strong>de</strong> recherche clinique. Le protocole permet <strong>de</strong> préciser les<br />

différentes étapes <strong>du</strong> projet. Il est le document <strong>de</strong> référence tout au long <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>.<br />

Il permet entre autres, <strong>de</strong> décrire <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>, les critères d'inclusion et <strong>de</strong> <strong>non</strong> inclusion,<br />

les variables mesurées. Il définit le déroulement précis <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>, le rôle et les fonctions <strong>de</strong> chaque<br />

participant, (cf. Annexe 2).<br />

5/ Rédaction <strong>du</strong> cahier d'observation<br />

Toutes les données recueillies doivent être exploitables pour l'analyse et les résultats <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>. Elles<br />

sont re<strong>la</strong>tives aux caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion étudiée (âge, sexe, motif <strong>de</strong> consultation,<br />

traitements antalgiques…) et aux variables mesurées pour évaluer le critère <strong>de</strong> jugement principal,<br />

(Scores EVA à différents temps, type <strong>de</strong> traitement, posologie, effets secondaires…).<br />

Néanmoins, si le cahier d'observation est centré sur les variables étudiées, il est impératif qu'il soit<br />

adapté au contexte, son remplissage réaliste et faisable. Par exemple, si un recueil <strong>de</strong>s constantes<br />

physiologiques est <strong>de</strong>mandé toutes les minutes pendant 45 min., il faut être sûr <strong>de</strong> l'utilité <strong>de</strong> ces<br />

mesures. Toutes les données recueillies seront elles exploitables et serviront elles à l'analyse <strong>de</strong>s<br />

résultats?<br />

6/ Traitement <strong>de</strong>s données : saisie, analyse, diffusion <strong>de</strong>s résultats<br />

Il faut penser au traitement <strong>de</strong>s données dès <strong>la</strong> rédaction <strong>du</strong> protocole, se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s'il est nécessaire<br />

ou <strong>non</strong> <strong>de</strong> travailler avec un biostatisticien et prévoir le p<strong>la</strong>n d'analyse <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>.<br />

7/ Faisabilité <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong><br />

Cette réflexion est indispensable, même si on a posé une question <strong>de</strong> recherche pertinente avec un<br />

objectif précis, on doit également s'assurer que le lieu où doit se dérouler <strong>la</strong> recherche a toutes les<br />

capacités nécessaires pour que le projet puisse être mené à bien. Par exemple, si un nombre <strong>de</strong> 60<br />

<strong>patient</strong>s à inclure a été jugé nécessaire, il faut vérifier si les services concernés ont les moyens <strong>de</strong><br />

réaliser le nombre d'inclusions prévues. Il faut recenser toutes les ressources existantes (capacités<br />

logistiques, moyens humains, environnement, charge <strong>de</strong> travail…)<br />

Illustration liée à <strong>la</strong> faisabilité<br />

a) Dans un établissement gériatrique, une équipe a comme projet <strong>de</strong> réaliser une étu<strong>de</strong> randomisée<br />

comparative entre 2 métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> réfection <strong>de</strong> pansements d'ulcères <strong>de</strong> jambe. L'objectif est <strong>de</strong><br />

démontrer l'efficacité <strong>du</strong> froid (utilisation <strong>de</strong> Physiopack 1 ) sur <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong>s scores <strong>de</strong> <strong>douleur</strong><br />

comparée à une réfection <strong>de</strong> pansements c<strong>la</strong>ssique.<br />

Le projet ne comporte pas les éléments suivants : Existence ou <strong>non</strong> d'une procé<strong>du</strong>re d'utilisation <strong>de</strong>s<br />

cold pack, pour quelles indications? sur quel type d'ulcères (veineux ou artériels), pour quel profil <strong>de</strong><br />

<strong>patient</strong>s? Absence <strong>de</strong> critère <strong>de</strong> jugement principal, absence <strong>de</strong> précisions sur les évaluations <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong>. L'ai<strong>de</strong> <strong>du</strong> <strong>CNRD</strong> a consisté en premier lieu à recenser les ressources existantes, il s'est avéré<br />

que les cold pack n'avaient jamais été utilisés et étaient en cours <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>, qu'aucune fiche<br />

technique d'utilisation lors <strong>de</strong>s pansements n'avait été é<strong>la</strong>borée, qu'il n'y avait pas <strong>de</strong> démarche<br />

d'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> dans l'établissement. Il n'existait pas <strong>de</strong> protocoles concernant les<br />

prescriptions d'antalgiques. Un travail <strong>de</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d'un dossier <strong>patient</strong> unique (dossier<br />

prescriptions, dossier médical, dossier infirmier) était en cours.<br />

En second lieu, nous avons apporté <strong>de</strong>s compléments bibliographiques sur le sujet, aidé à l'écriture<br />

d'une procé<strong>du</strong>re d'utilisation <strong>de</strong>s cold pack en col<strong>la</strong>boration avec <strong>la</strong> DSSI, les cadres <strong>de</strong> santé et les<br />

infirmières. Puis, nous avons aidé à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d'une démarche d'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> dans<br />

l'établissement par l'intégration <strong>de</strong> l'ECPA 2 dans tous les dossiers <strong>de</strong> soins. Enfin le <strong>CNRD</strong> a conseillé<br />

<strong>de</strong> réécrire le projet, <strong>de</strong> réaliser une étu<strong>de</strong> pilote pour évaluer <strong>la</strong> technique <strong>de</strong>s cold pack avant <strong>de</strong><br />

procé<strong>de</strong>r à une étu<strong>de</strong> comparative.<br />

1 Poches remplies d'un gel spécifique utilisées en thermothérapie et cryothérapie<br />

2 Echelle comportementale <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne âgée<br />

45


8/ <strong>Evaluation</strong> financière et estimation <strong>de</strong>s coûts liés au projet <strong>de</strong> recherche<br />

Elle est nécessaire afin <strong>de</strong> pouvoir anticiper et faire une recherche <strong>de</strong> financements.<br />

En conclusion, les panneaux d'interdiction existent aussi dans le "co<strong>de</strong> <strong>de</strong> méthodologie". En effet<br />

pourquoi aller dans le sens contraire ou dans une direction opposée à une bonne méthodologie?<br />

Pourquoi vouloir essayer <strong>de</strong> démontrer l'efficacité d'une métho<strong>de</strong> psycho corporelle par exemple, sur<br />

<strong>la</strong> diminution <strong>de</strong>s scores <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> lors <strong>du</strong> prélèvement veineux chez les enfants s'ils n'ont pas mal et<br />

si ce geste est réalisé <strong>de</strong> façon systématique sous Meopa et Em<strong>la</strong>? Pourquoi entreprendre un travail qui<br />

n'est pas justifié car <strong>la</strong> problématique concerne très peu <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s ou encore car <strong>la</strong> fréquence <strong>du</strong> geste<br />

estimé douloureux est tellement faible que le projet n'apportera aucune réponse ?<br />

Pour résumer, nous sommes conscients que tout travail <strong>de</strong> recherche clinique implique une charge <strong>de</strong><br />

travail supplémentaire et nécessite une organisation rigoureuse. Néanmoins, en respectant quelques<br />

règles et principes <strong>de</strong> base, toute équipe est en mesure <strong>de</strong> mener à bien un projet. Il est évi<strong>de</strong>nt que<br />

toute participation à une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> recherche est susceptible d'entraîner <strong>de</strong>s modifications en pratique<br />

quotidienne. Elle peut également susciter une réflexion au sein <strong>de</strong>s équipes soignantes, même si<br />

parfois les résultats obtenus n'ont pas forcément confirmé l'hypothèse <strong>de</strong> départ. L'investissement dans<br />

un travail <strong>de</strong> recherche permet <strong>de</strong> renforcer <strong>la</strong> volonté et <strong>la</strong> motivation <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> santé dans<br />

d'amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s dont ils ont <strong>la</strong> charge. Il est bien établi<br />

désormais que <strong>la</strong> participation à un projet <strong>de</strong> recherche améliore les pratiques.<br />

Références<br />

Légis<strong>la</strong>tion<br />

- Bulletin Officiel, Bonnes Pratiques Cliniques : Avis aux promoteurs et aux investigateurs pour les<br />

essais cliniques <strong>de</strong>s médicaments, Paris, 1987.<br />

- Loi n° 88-1138 <strong>du</strong> 20 décembre 1988 (dite loi "Huriet - Sérusc<strong>la</strong>t") modifiée par <strong>la</strong> loi n° 2004-806<br />

<strong>du</strong> 9 août 2004 re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> santé publique et son décret d'application n° 2006-477 <strong>du</strong> 26<br />

avril 2006.<br />

Ouvrages<br />

- F<strong>la</strong>mant R, Ma<strong>la</strong><strong>de</strong> ou cobaye, p<strong>la</strong>idoyer pour les essais cliniques, ALBIN MICHEL, Paris,<br />

décembre 1994, 214 p.<br />

- Eschwege E, Bouvenot G, Doyon F, Lacroux A, Essais Thérapeutiques : mo<strong>de</strong> d’emploi, INSERM,<br />

Le Quotidien <strong>du</strong> Mé<strong>de</strong>cin, Paris, 1990, 275 p.<br />

Articles<br />

- Roy PM et col Gui<strong>de</strong> pratique <strong>de</strong> recherche clinique; SFMU-mai 2008; 119-126.<br />

- Chambaretaud V, L’infirmière hospitalière et <strong>la</strong> recherche biomédicale, Soins-Encadrement-<br />

Formation N°29, 1 er trimestre 1999<br />

- Dielenseger P, Leleu D, L’infirmière et <strong>la</strong> recherche clinique, SOINS, N°611, décembre 1996,<br />

- Morel G, La recherche biomédicale : Rôle et fonction <strong>de</strong> l’infirmière, Revue <strong>de</strong> l'infirmière, N°9,<br />

Mai 1996<br />

Sites web<br />

Université <strong>de</strong> Rouen<br />

http://www.unirouen.fr/servlet/com.univ.utils.LectureFichierJoint?CODE=1181655975339&LANGU<br />

E=0<br />

Département <strong>de</strong> <strong>la</strong> Recherche Clinique et <strong>du</strong> Développement<br />

www.drrc.ap-hop-paris.fr<br />

www.rechercheclinique.com<br />

46


Annexe 1<br />

47


Annexe 2<br />

PLAN TYPE DE REDACTION D'UN PROTOCOLE DE RECHERCHE<br />

- Roy PM et col Gui<strong>de</strong> pratique <strong>de</strong> recherche clinique; SFMU-mai 2008; 119-126<br />

Titre et noms <strong>de</strong>s investigateurs<br />

Résumé <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> (objectif, popu<strong>la</strong>tion ciblée, critères évalués, résultats atten<strong>du</strong>s)<br />

Justification <strong>du</strong> choix <strong>du</strong> sujet et état <strong>de</strong> <strong>la</strong> question (revue <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature)<br />

Hypothèse et but <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche<br />

P<strong>la</strong>n expérimental (type d'étu<strong>de</strong>, randomisation ou <strong>non</strong>..)<br />

Popu<strong>la</strong>tion étudiée (critères d'inclusion et <strong>de</strong> <strong>non</strong> inclusion)<br />

Description <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its étudiés (médicament) ou <strong>de</strong> l'intervention réalisée<br />

Description <strong>de</strong>s données collectées et <strong>de</strong>s variables mesurées<br />

Déroulement <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> (rôle <strong>de</strong>s différents acteurs, processus <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong>s sujets,<br />

processus <strong>de</strong> randomisation éventuel, suivi <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s, logistique et gestion technique)<br />

Analyse statistique (gestion <strong>de</strong>s données, type d'analyse…)<br />

Aspects éthiques, déontologiques et réglementaires (CPP, déc<strong>la</strong>ration aux autorités<br />

compétentes AFSSAPS, CNIL, Assurance, information et consentements <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s,<br />

modalités <strong>de</strong> fin d'étu<strong>de</strong>, archivage…)<br />

Communication et publication <strong>de</strong>s résultats<br />

Budget <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong><br />

Références bibliographiques<br />

Annexes (cahier d'observation, formu<strong>la</strong>ires d'information et <strong>de</strong> consentement <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s)<br />

48


Annexe 3 : Glossaire<br />

Bonnes Pratiques Cliniques (BPC) : Elles sont définies par l’ensemble <strong>de</strong>s dispositions à mettre en p<strong>la</strong>ce pour<br />

assurer à <strong>de</strong>s essais cliniques l’authenticité et <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s données scientifiques générées, elles s’intègrent dans<br />

un système d’assurance <strong>de</strong> qualité et définissent le rôle respectif et les responsabilités <strong>de</strong> chacun. Le responsable<br />

<strong>de</strong> l’essai clinique (investigateur) a une obligation d'information vis à vis <strong>de</strong> l’équipe médicale et paramédicale<br />

qui participe au protocole et doit également assurer une formation si nécessaire.<br />

Investigateur : Personne physique, qui dirige <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche.<br />

Protocole : Document décrivant <strong>la</strong> justification, les objectifs, <strong>la</strong> méthodologie et les métho<strong>de</strong>s d’analyse<br />

statistique d’un essai thérapeutique. Il précise également les conditions dans lesquelles cet essai doit être réalisé<br />

et géré.<br />

Hypothèse : En recherche biomédicale, l'hypothèse décrit <strong>la</strong> proposition que l'on veut confirmer ou infirmer à<br />

l'ai<strong>de</strong> <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> recherche.<br />

Critère d'évaluation/<strong>de</strong> jugement: Tout projet <strong>de</strong> recherche nécessite <strong>la</strong> définition préa<strong>la</strong>ble <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong><br />

jugement. Il peut s'agir <strong>de</strong> critères d'efficacité ou <strong>de</strong> critères <strong>de</strong> tolérance. Il doit correspondre à l'hypothèse <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

recherche et à l'objectif principal, il sert à calculer dans un essai comparatif le nombre <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s à inclure.<br />

Critère d'inclusion : Critères positifs décrivant les caractéristiques que doivent présenter les sujets ou les<br />

<strong>patient</strong>s pour être inclus.<br />

Critères <strong>de</strong> <strong>non</strong> inclusion : Critères négatifs décrivant les caractéristiques que ne doivent pas présenter les<br />

sujets ou les <strong>patient</strong>s pour être inclus.<br />

Biais : Un biais est une erreur <strong>de</strong> raisonnement ou <strong>de</strong> procé<strong>du</strong>re qui risque <strong>de</strong> fausser <strong>la</strong> réalité <strong>de</strong>s résultats dans<br />

une recherche biomédicale. Il existe une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> biais. Les principaux sont :<br />

les biais <strong>de</strong> sélection, intro<strong>du</strong>isant selon le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s une erreur systématique qui risque <strong>de</strong><br />

fausser les résultats <strong>de</strong> l'essai<br />

les biais d'information, intro<strong>du</strong>isant selon le mo<strong>de</strong> d'information <strong>du</strong> sujet ou <strong>du</strong> <strong>patient</strong> ou <strong>du</strong> mé<strong>de</strong>cin<br />

investigateur une erreur systématique qui risque <strong>de</strong> fausser les résultats <strong>de</strong> l'essai<br />

les biais d'interprétation, intro<strong>du</strong>isant une erreur dans le mo<strong>de</strong> d'analyse <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l'essai.<br />

Randomisation : Anglicisme, <strong>de</strong> l'ang<strong>la</strong>is random : hasard. Ce terme désigne l'attribution aléatoire (par tirage au<br />

sort) d'un traitement, d'une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> traitement, d'une intervention pour un <strong>patient</strong> dans un essai clinique. La<br />

randomisation permet <strong>la</strong> répartition équilibrée entre les groupes <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s, elle permet <strong>de</strong> constituer <strong>de</strong>s groupes<br />

"homogènes". C'est une <strong>de</strong>s garanties contre les biais.<br />

Essai en aveugle : Se dit, dans un essai, lorsque le <strong>patient</strong> ne sait pas quel pro<strong>du</strong>it lui est effectivement<br />

administré.<br />

P<strong>la</strong>cebo/Effet p<strong>la</strong>cebo : Forme pharmaceutique ne renfermant pas <strong>de</strong> principe pharmacologiquement actif<br />

mais qui ressemble en tous points à un médicament contenant un principe actif. Traitement présenté au sujet<br />

ou au <strong>patient</strong> comme "efficace" alors qu'il est dénué <strong>de</strong> principe pharmacologiquement actif.<br />

L'administration d'un p<strong>la</strong>cebo entraîne chez l'homme l'apparition d'un effet mesurable, appelé "effet<br />

p<strong>la</strong>cebo" dont l'origine est subjective et correspond à <strong>la</strong> confiance qu'a le <strong>patient</strong> dans les effets potentiels<br />

d'un médicament. L'effet p<strong>la</strong>cebo inclut également les effets résultant <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>du</strong> <strong>patient</strong> par les<br />

professionnels <strong>de</strong> santé (mé<strong>de</strong>cin, infirmier, pharmacien, etc.)<br />

Comités <strong>de</strong> Protection <strong>de</strong>s Personnes (CPP): Ils sont composés <strong>de</strong> manière à garantir leur indépendance et <strong>la</strong><br />

diversité <strong>de</strong>s compétences dans le domaine biomédical et à l’égard <strong>de</strong>s questions éthiques, sociales,<br />

psychologiques et juridiques. Ils donnent leur avis sur les conditions <strong>de</strong> validité <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche au regard <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

protection <strong>de</strong>s personnes et notamment sur <strong>la</strong> pertinence générale <strong>du</strong> projet, l’adéquation entre les objectifs<br />

poursuivis et les moyens humains et techniques mis en œuvre, <strong>la</strong> qualification <strong>de</strong>s investigateurs, <strong>la</strong> protection<br />

<strong>de</strong>s participants, notamment quant à leur sécurité, les modalités <strong>de</strong> l’information <strong>de</strong>s personnes avant et pendant<br />

<strong>la</strong> recherche, les modalités <strong>de</strong> recueil <strong>du</strong> consentement.<br />

49


Mise en p<strong>la</strong>ce d’un Audit sur <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> au sein d’un centre<br />

hospitalier<br />

Dr G. André, Consultation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> – Centre Hospitalier <strong>du</strong> Puy-en-Ve<strong>la</strong>y – 43000<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

En 2003, le Centre Hospitalier Emile Roux <strong>du</strong> Puy-en-Ve<strong>la</strong>y ne disposait d’aucune structure, ni<br />

groupe <strong>de</strong> réflexion organisée pour améliorer <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>,<br />

conformément aux différents p<strong>la</strong>ns <strong>douleur</strong> en vigueur à l’époque dans notre pays.<br />

Dans le cadre <strong>du</strong> p<strong>la</strong>n <strong>douleur</strong> 2002-2005 (1), il a été décidé <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce une démarche<br />

d’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> sur l’établissement.<br />

Mais par où fal<strong>la</strong>it il commencer ? Et quelles métho<strong>de</strong>s fal<strong>la</strong>it il adopter ?<br />

Méthodologie<br />

1 – Absence <strong>de</strong> structure bien définie sur notre Etablissement :<br />

Mise en p<strong>la</strong>ce dès 2003 d’un groupe <strong>douleur</strong> composé <strong>de</strong> personnels médical, paramédical et<br />

administratif pour réfléchir à <strong>la</strong> politique d’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> sur notre Etablissement.<br />

2 – Quelle méthodologie appliquer pour une efficacité optimum ?<br />

Fal<strong>la</strong>it-il écrire <strong>de</strong>s protocoles à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> certains services ?<br />

Fal<strong>la</strong>it-il mettre en p<strong>la</strong>ce une politique plus globale afin <strong>de</strong> faire progresser l’ensemble <strong>de</strong><br />

l’Etablissement ?<br />

La solution retenue fut d’améliorer l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et nous avons<br />

procédé en 2 temps :<br />

a/ Recueil <strong>de</strong>s différents travaux <strong>de</strong>s CLUD ou structures équivalentes existantes dans les centres<br />

hospitaliers français.<br />

Cette recherche s’est déroulée sur <strong>de</strong>s sites dédiés à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> (SFETD, SFASP, <strong>CNRD</strong> avec <strong>de</strong>s mots<br />

clés comme <strong>douleur</strong>, CLUD, protocoles, travaux, audits).<br />

Après cette première étape <strong>de</strong> recueil <strong>de</strong> l’existant qui a <strong>du</strong>ré quatre mois, nous avons pu passer à <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>uxième phase.<br />

b/ Lecture critique <strong>de</strong>s différents documents et recommandations existantes, plusieurs questionnaires<br />

ont été lus et <strong>de</strong>ux ont particulièrement retenus notre attention pour alimenter notre réflexion. (3,4)<br />

Nous avons finalement retenu <strong>de</strong>ux pistes <strong>de</strong> travail :<br />

1- Un état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> notre prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> au sein <strong>de</strong> l’établissement.<br />

2- Une recherche sur le taux <strong>de</strong> prévalence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chez les <strong>patient</strong>s hospitalisés. (2)<br />

I -Questionnaire soignants, mé<strong>de</strong>cins et <strong>patient</strong>s :<br />

Afin <strong>de</strong> réaliser l’état <strong>de</strong>s lieux, il a été décidé d’é<strong>la</strong>borer <strong>de</strong>s questionnaires <strong>de</strong>stinés aux mé<strong>de</strong>cins,<br />

soignants et <strong>patient</strong>s. L’é<strong>la</strong>boration <strong>du</strong> questionnaire fut l’occasion d’exprimer et <strong>de</strong> mettre à jour une<br />

hétérogénéité <strong>de</strong> problématiques <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> au sein <strong>de</strong> notre Etablissement.<br />

En effet, chaque membre <strong>du</strong> groupe vou<strong>la</strong>it voir aboutir une question concernant les difficultés <strong>de</strong> son<br />

service ou rencontrée <strong>du</strong>rant son expérience professionnelle.<br />

1- Objectifs :<br />

Les objectifs étaient <strong>de</strong> mieux connaître:<br />

- le type <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s rencontrées au sein <strong>de</strong> nos services.<br />

- l’existence d’une formation spécifique concernant <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

- l’existence d’une évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, sa fréquence, et les outils utilisés.<br />

- les éventuels freins à une prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

50


2-E<strong>la</strong>boration <strong>du</strong> questionnaire<br />

Le premier questionnaire construit comportait 28 questions. Après plusieurs discussions avec les<br />

membres <strong>du</strong> <strong>CNRD</strong> (5) en particulier P.Cimerman, infirmière <strong>de</strong> Recherche Clinique, notre<br />

questionnaire ne comprenait plus que 16 questions correspondant à nos objectifs.<br />

1 er exemple : Nous voulions connaître l’existence ou <strong>non</strong> d’un référent <strong>douleur</strong> dans tous les services.<br />

Notre premier questionnaire comprenait 3 questions :<br />

a) Êtes vous référent <strong>douleur</strong> ? OUI – NON<br />

b) Existe-t-il un référent <strong>douleur</strong> dans votre service ? OUI - NON- ne sais pas.<br />

c) Si oui, faites vous appel à lui ?<br />

Après discussion, nous sommes arrivés à une seul question : Existe-t-il dans votre<br />

service un référent <strong>douleur</strong> ? Oui – Non – Ne sais pas.<br />

La première question <strong>de</strong> notre questionnaire initial n’apportait rien à notre interrogation.<br />

La troisième question était prématurée puisque nous voulions connaître l’état <strong>de</strong>s lieux dans les<br />

services et <strong>non</strong> le fonctionnement <strong>du</strong> service. En effet, il nous fal<strong>la</strong>it savoir d’abord si tous les services<br />

étaient pourvus d’un référent <strong>douleur</strong> et <strong>non</strong> pas si le référent <strong>douleur</strong> était utile.<br />

2 ème exemple : Nous voulions savoir s’il existait <strong>de</strong>s protocoles dans les services. Dans le questionnaire<br />

initial, nous avions rajouté à <strong>la</strong> question principale: Existe- t-il <strong>de</strong>s protocoles dans le service pour<br />

traiter <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> aiguë : Oui – Non – Ne sais pas. Quatre sous questions :<br />

a) Sont ils utilisés ? Oui – Non – Ne sais pas. Si <strong>non</strong>, Pourquoi ?<br />

b) Si oui, qui a participé à leurs rédactions ?<br />

c) Avez-vous directement participé à leurs rédactions ? Oui – Non<br />

d) Avez- vous connaissance <strong>du</strong> contenu <strong>de</strong> ces protocoles ? Oui – Non<br />

Là encore, après échange avec le <strong>CNRD</strong> et le groupe <strong>douleur</strong>, nous avions conclu que les sous<br />

questions étaient sans intérêt lors d’un premier audit. Il nous fal<strong>la</strong>it gar<strong>de</strong>r seulement <strong>la</strong> question :<br />

Existe-t-il <strong>de</strong>s protocoles dans le service pour traiter <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> aiguë ?<br />

3 ème exemple : En ce qui concerne le questionnaire <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s, il <strong>de</strong>vait être court et qu’il puisse<br />

répondre à <strong>de</strong>ux questions essentielles :<br />

Existe-il au sein <strong>de</strong> notre établissement <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s douloureux hospitalisés?<br />

Comment était évaluée cette <strong>douleur</strong> auprès <strong>de</strong>s personnes hospitalisées ?<br />

Avec seulement quatre questions nous avions répon<strong>du</strong> à ces interrogations.<br />

Premièrement : Avez-vous ressenti <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s au cours <strong>de</strong> votre hospitalisation ? Oui – Non ?<br />

Ceci nous permettait d’avoir un pourcentage <strong>de</strong> personnes douloureuses hospitalisées le jour J sur<br />

notre établissement <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 48 heures?<br />

Les trois autres questions nous permettaient <strong>de</strong> juger <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> auprès <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s<br />

hospitalisés. 2-a) L’avez-vous exprimé ? Oui – Non.<br />

2-b) Vous a-t-on <strong>de</strong>mandé spontanément si vous aviez mal dans le service ? Oui – Non<br />

et <strong>de</strong> quelle manière ? Question simple ? Par <strong>de</strong>s chiffres ? Avec une règle?<br />

Ceci nous a permis avec peu <strong>de</strong> questions d'obtenir le pourcentage <strong>de</strong> personnes évaluées <strong>de</strong> façon<br />

systématique pour <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et <strong>de</strong> connaître le type d’auto-évaluation proposé aux <strong>patient</strong>s. Ensuite,<br />

nous avions prévu quelques questions <strong>de</strong>stinées uniquement aux personnes douloureuses, afin<br />

d’affiner <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

Ce qui est important dans ces exemples :<br />

1 - Pertinence <strong>de</strong>s questions permettant <strong>de</strong> répondre à l’interrogation <strong>de</strong> l’équipe.<br />

2 - Eviter les questions sans lien avec notre interrogation <strong>de</strong> départ.<br />

51


A <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> l'é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong>s questionnaires et afin d’obtenir un taux <strong>de</strong> réponses optimal, 3<br />

réunions préparatoires ont été réalisées avec les cadres <strong>de</strong> santé pour expliquer l’objectif <strong>de</strong> cette<br />

action.<br />

Il a été décidé que le questionnaire soignant serait remis dans chaque service par l’intermédiaire <strong>de</strong> ces<br />

<strong>de</strong>rniers. Une lettre accompagnait celui-ci et une formation prévenant le personnel avait été publiée<br />

dans notre bulletin d’établissement Info CHER. Le questionnaire <strong>de</strong>stiné aux mé<strong>de</strong>cins a été adressé<br />

directement avec une lettre explicative jointe.<br />

Un dé<strong>la</strong>i d’un mois a été <strong>de</strong>mandé pour le retour <strong>de</strong>s questionnaires, plusieurs re<strong>la</strong>nces ont été<br />

nécessaires.<br />

En effet, une information détaillée sur les objectifs <strong>de</strong> l’audit et une pério<strong>de</strong> courte <strong>de</strong> recueil se<br />

révèlent être les garants d’un bon taux <strong>de</strong> réponse.<br />

À partir <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux enquêtes, le Groupe Douleur <strong>du</strong> Centre Hospitalier a été en mesure<br />

<strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>ux actions :<br />

- Mise en p<strong>la</strong>ce d’un référent <strong>douleur</strong> i<strong>de</strong>ntifié dans chaque service.<br />

- Mise en p<strong>la</strong>ce d’une évaluation systématique et d’une réévaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> pour toutes les<br />

personnes hospitalisées dans notre Etablissement sur un support <strong>de</strong> soins homogène.<br />

II Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> prévalence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> le 27/02/2004 sur le CHER<br />

1 - Objectifs<br />

- Connaître <strong>la</strong> prévalence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> un jour donné.<br />

- Réaliser une évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> le jour <strong>de</strong> l’enquête.<br />

2 -Méthodologie :<br />

- E<strong>la</strong>boration <strong>du</strong> questionnaire :<br />

Un questionnaire <strong>de</strong> 16 questions a tout d'abord été é<strong>la</strong>boré, <strong>de</strong>stiné aux <strong>patient</strong>s hospitalisés. Par <strong>la</strong><br />

suite il a été finalisé en 7 questions.<br />

Au départ, nous avions voulu mettre en p<strong>la</strong>ce un questionnaire unique pour tous les <strong>patient</strong>s<br />

hospitalisés. Après discussion, il nous a paru plus judicieux <strong>de</strong> poser seulement 4 questions pour tous<br />

les <strong>patient</strong>s hospitalisés et <strong>de</strong> rajouter 5 questions complémentaires pour les <strong>patient</strong>s douloureux nous<br />

permettant ainsi, d’affiner <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> leur <strong>douleur</strong>.<br />

Les questions ouvertes ont été finalement supprimées car elles étaient inexploitables.<br />

- Réalisation <strong>de</strong> l’enquête<br />

L'objectif consistait à interroger tous les <strong>patient</strong>s <strong>communicant</strong>s hospitalisés <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 48 heures<br />

sur l’établissement. Pour <strong>la</strong> pédiatrie, nous avions convenu que les parents pouvaient répondre si<br />

l’enfant n’était pas en âge <strong>de</strong> le faire.<br />

Il est très important, d’adapter les questionnaires à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion cible. En effet, nous n’avions pas<br />

inclus délibérément dans ce questionnaire toute <strong>la</strong> partie gériatrique, car nous jugions que les questions<br />

n’étaient pas adaptées à cette popu<strong>la</strong>tion ayant <strong>de</strong>s troubles cognitifs importants.<br />

Comme nous avions prévu dans cette enquête une évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, il nous a semblé très<br />

formateur que ce soit les élèves <strong>de</strong> 3 ème année <strong>de</strong> l’IFSI <strong>du</strong> CHER qui effectuent cette enquête.<br />

Après concertation avec l’IFSI, <strong>de</strong>ux cadres enseignants furent chargés <strong>de</strong> préparer cette enquête.<br />

Pour ne pas mettre en difficulté nos jeunes enquêteurs, un test <strong>de</strong> faisabilité <strong>du</strong> questionnaire a été<br />

réalisé au préa<strong>la</strong>ble par les <strong>de</strong>ux enseignants d'IFSI dans les services.<br />

Résultats<br />

Tous les résultats <strong>de</strong> cet audit sont disponibles sur le site <strong>du</strong> <strong>CNRD</strong> - travaux <strong>du</strong> CLUD – Région<br />

Auvergne. (6)<br />

52


Bi<strong>la</strong>n<br />

Les différents audits ont permis au groupe <strong>douleur</strong> :<br />

1 – d’avoir une réflexion commune<br />

2 - d’é<strong>la</strong>borer <strong>de</strong>s méthodologies nous permettant <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à l’amélioration <strong>de</strong> notre prise<br />

en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

Les résultats pour notre établissement ont permis <strong>de</strong> :<br />

‣ Prendre conscience <strong>de</strong> l'absence <strong>de</strong> référent <strong>douleur</strong> c<strong>la</strong>irement i<strong>de</strong>ntifié au niveau <strong>de</strong>s différents services,<br />

aussi bien par les soignants que par les mé<strong>de</strong>cins.<br />

‣ Démontrer que 73 % <strong>de</strong>s évaluations sont décidées par les soignants eux mêmes ou les mé<strong>de</strong>cins et <strong>non</strong><br />

<strong>de</strong> façon systématique .<br />

‣ Mettre en évi<strong>de</strong>nce une trop faible réévaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> après prescription d’antalgiques.<br />

A partir <strong>de</strong> ces trois conclusions, un p<strong>la</strong>n d’amélioration a été mis en œuvre sur cinq ans, qui se<br />

terminera en 2011, comprenant :<br />

2009 Mise en p<strong>la</strong>ce d’un (e) référent <strong>douleur</strong> dans chaque service<br />

2010 Création d’un CLUD<br />

2011 Protocole d’auto évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et traçabilité dans les dossiers <strong>de</strong> soins.<br />

2012 Campagne <strong>de</strong> sensibilisation <strong>de</strong>s IDE par affichage (1er prix poster<br />

journée inter CLUD Ardèche/Loire/Haute Loire fondation APICIL) et<br />

formation<br />

2013 Nous espérons voir les fruits <strong>de</strong> ce long travail mené avec le CLUD et l’ai<strong>de</strong> <strong>du</strong><br />

<strong>CNRD</strong> dans les critères <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> prise en charge avec le TRD (traçabilité <strong>de</strong><br />

l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>)<br />

Des protocoles spécifiques à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> services sont désormais mis en p<strong>la</strong>ce. Néanmoins, il nous<br />

est apparu au vu <strong>de</strong> nos audits qu’il ne fal<strong>la</strong>it pas sauter l’étape <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

traçabilité dans tous les dossiers. Les premiers résultats <strong>de</strong>s indices qualités 2008 2009 nous confortent<br />

dans notre choix et nous souhaitons d'ici fin 2011 atteindre nos objectifs.<br />

En conclusion<br />

Le groupe <strong>douleur</strong> avait au départ évalué <strong>de</strong>s questionnaires vou<strong>la</strong>nt répondre à une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

questions. Le <strong>CNRD</strong> nous a permis dans un premier temps <strong>de</strong> reprendre et <strong>de</strong> réfléchir aux priorités <strong>de</strong><br />

ce premier audit. Il nous a aidé à entreprendre un projet prenant appui sur une démarche<br />

méthodologique rigoureuse.<br />

Premièrement : Quelle est <strong>la</strong> problématique que nous recherchons ?<br />

Deuxièmement : Existe-t-il déjà <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, une bibliographie concernant cette problématique ?<br />

Troisièmement : Quelles sont les questions pertinentes pour répondre à cette problématique ?<br />

Quatrièmement : Prendre gar<strong>de</strong> en débutant un travail <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> ne pas abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> nombreuses<br />

thématiques et <strong>de</strong> vérifier que les popu<strong>la</strong>tions ciblées correspon<strong>de</strong>nt bien à notre questionnement.<br />

Le <strong>CNRD</strong> a donc apporté à notre groupe <strong>douleur</strong> qui était plein <strong>de</strong> bonne volonté, une rigueur et un<br />

apprentissage <strong>de</strong> ces techniques qui nous ont permis <strong>de</strong> pouvoir exploiter ces différents audits. Il est<br />

extrêmement important que les groupes <strong>douleur</strong> et CLUD puissent publier leurs différents travaux. En<br />

effet, en 2003, nous avons <strong>la</strong>rgement bénéficié <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong>s CLUD déjà existants, en particulier <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> région parisienne, <strong>de</strong> Toulouse et <strong>de</strong> St Etienne.<br />

Il est important également que nous puissions rapi<strong>de</strong>ment trouver ces différents travaux sur un site<br />

dédié, et le <strong>CNRD</strong> me parait le site tout désigné pour publier ou faire nos recherches.<br />

53


Références<br />

1) Le programme national <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> 2002-2005 est disponible sur le site Internet <strong>du</strong> Ministère <strong>de</strong><br />

l'Emploi et <strong>la</strong> Solidarité http//www.sante.gouv.fr - dossier "<strong>douleur</strong>".<br />

2) Rapport enquête sur <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> à l’hôpital Avicenne, CHU <strong>de</strong> Bobigny – CLUD – 2003 – MF. Couilliot***,<br />

Jimmy Razafimamonjy***, G. Briche**, MT. Gatt*, Groupe évaluation <strong>du</strong> CLUD, et les IFSI d’Avicenne et <strong>de</strong><br />

Jean Verdier.<br />

*** Unité hospitalo-universitaire <strong>de</strong> Santé Publique, ** SSI d’Avicenne, * CLUD<br />

3) Questionnaire et résultats <strong>de</strong> l’enquête auprès <strong>de</strong>s soignants en gérontologie et en réé<strong>du</strong>cation orthopédique<br />

1999 - CLUD Corentin.Celton<br />

4) Audit prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> au CHU – <strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> au CHU <strong>de</strong><br />

Toulouse – Arseguet Evelyne – IDE Chirurgie digestive - Purpan, Lopez Ghys<strong>la</strong>ine – IDE anesthésiste SAU –<br />

déchocage - Rangueil, Chassaigne Marie-Christine – Cadre supérieur <strong>de</strong> santé.<br />

5) <strong>CNRD</strong> : Centre National <strong>de</strong> Ressources <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> Douleur : http://www.cnrd.fr/<br />

6) <strong>CNRD</strong> : Travaux <strong>du</strong> CLUD région Auvergne http://www.cnrd.fr/Enquete-<strong>douleur</strong>-<strong>du</strong>-CLUD-<strong>du</strong>-Puy-en.html<br />

54


Les usagers peuvent-ils améliorer <strong>la</strong> prise en charge<br />

De <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite par les soins ?<br />

Gilles Gaebel<br />

* Vice prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fédération AVIAM et <strong>de</strong> L’AFVD, Membre <strong>du</strong> CISS, Fondateur <strong>du</strong> CIANE et<br />

Membre <strong>de</strong> l’ADES<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Cette communication se propose <strong>de</strong> présenter les actions misent en œuvre <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses<br />

années par les associations <strong>de</strong> défense <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>s usagers à l’intention <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s.<br />

Notre préoccupation quotidienne est centrée sur <strong>la</strong> question suivante : que faire contre <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

in<strong>du</strong>ite par les soins ?<br />

Il est important <strong>de</strong> dire et redire qu’un acte médical est le déploiement d’un acte technique dans le<br />

cadre d’une re<strong>la</strong>tion humaine. En <strong>de</strong>hors d’une fonction d’alerte et d’ai<strong>de</strong> au diagnostic, <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

est inutile, voir nuisible. Enfin, nous sommes inégaux face à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

Notre vision <strong>de</strong> <strong>la</strong> Douleur en tant qu’usager.<br />

La <strong>douleur</strong> liée aux affections et aux traumatismes est différente <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> liée aux soins et aux<br />

actes diagnostiques.<br />

La prise en compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance psychique est trop souvent absente dans les pratiques et les<br />

protocoles <strong>de</strong> soins ou d’examens.<br />

Notre engagement actuel<br />

La <strong>non</strong> prise en charge d’une <strong>douleur</strong> prévisible, provoquée par <strong>de</strong>s soins et <strong>de</strong>s actes diagnostiques est<br />

inacceptable. La <strong>non</strong> prise en compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance psychique lors d’actes invasifs ou touchant à<br />

l’intimité ne l’est pas plus.<br />

Cette communication nous offre l’opportunité <strong>de</strong> présenter les diverses associations d’usagers<br />

engagées dans <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite par les soins et l’accompagnement actuel auprès<br />

<strong>de</strong>s usagers pour défendre leur droit à <strong>la</strong> santé. Nous présenterons les diverses manières <strong>de</strong> s’impliquer<br />

ou <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s entités associatives. De même comment en tant qu’usager « Etre force <strong>de</strong><br />

proposition », « Intervenir au coeur <strong>du</strong> système » et « Agir sur le terrain ».<br />

Qui sommes nous ?<br />

L’ AFVD est une Association Francophone pour Vaincre les Douleurs. Cette association est issue d’un<br />

collectif d’association l’ADES (Alliance Douleur En Souffrance). L’Association et le collectif sont<br />

dédiés spécifiquement à <strong>la</strong> problématique <strong>douleur</strong>.<br />

Les objectifs poursuivis sont <strong>de</strong> lutter pour <strong>la</strong> reconnaissance et <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> dans<br />

les parcours <strong>de</strong> soins. Il est important également d’informer les <strong>patient</strong>s et leur entourage, sur les<br />

moyens existants pour faire reculer <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et vivre dans <strong>la</strong> dignité.<br />

Enfin, nous aidons les <strong>patient</strong>s et leur entourage, à travers l’écoute, le partage d’expérience et<br />

l’accompagnement.<br />

Le CISS, collectif inter associatif sur <strong>la</strong> santé, est un groupement <strong>de</strong> 34 associations. Le CISS a été<br />

fondé pour suivre <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong> réforme hospitalière <strong>de</strong> 1996, et pour constituer une force <strong>de</strong><br />

proposition en matière sanitaire et sociale.<br />

Le CIANE, collectif Inter associatif « Autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Naissance », est un groupement <strong>de</strong> 35<br />

associations. Le CIANE a été fondé en Juin 2003 pour participer aux Etats Généraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Naissance,<br />

et pour constituer une force <strong>de</strong> proposition en matière <strong>de</strong> naissance et <strong>de</strong> parentalité.<br />

Leur volonté est <strong>de</strong> s’investir sur l’ensemble <strong>de</strong>s problématiques concernant <strong>la</strong> santé et <strong>la</strong> naissance.<br />

L’ampleur actuelle <strong>de</strong>s enjeux économiques, <strong>de</strong> santé publique, d’organisation médicale, sociale et<br />

hospitalière, ou d’accès aux droits impose <strong>de</strong>s changements dans le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> décision et dans <strong>la</strong><br />

con<strong>du</strong>ite <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> santé. Ces collectifs ont pour règle, l’indépendance et l’efficacité.<br />

55


Les associations membres <strong>du</strong> CISS et celles membres <strong>du</strong> CIANE, disposent <strong>de</strong> Sites WEB.<br />

Pour le CISS : http://www.leciss.org (1)<br />

Pour le CIANE : http://wiki.naissance.asso.fr/in<strong>de</strong>x.php/Ciane/ (2).<br />

Objectifs: Impliquer ou créer <strong>de</strong>s entités associatives<br />

Le CISS a crée un Groupe <strong>de</strong> Travail en décembre 2006 appelé « GT DOULEUR ». Cette entité<br />

implique 13 associations et définit un p<strong>la</strong>n d’action concernant 5 domaines liés à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

Le CIANE a crée une cellule en mars 2003 pour travailler sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>te-forme <strong>de</strong> propositions en 40<br />

points, dont 12 d’entre elles portent sur <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> provoquée par les pratiques obstétricales.<br />

Ce document constitue <strong>la</strong> contribution <strong>du</strong> CIANE aux Etats Généraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Naissance <strong>de</strong> juin 2003.<br />

En novembre 2006 est fondée l’AFVD, association dédiée spécifiquement à <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong>. Un pôle <strong>de</strong> travail l’AFVD se consacre plus particulièrement à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite. Dès 2008,<br />

l’AFVD initie <strong>la</strong> création d’un Collectif d’associations, nommé A.D.E.S. (Alliance Douleur En<br />

Souffrance) afin <strong>de</strong> coordonner et <strong>de</strong> renforcer les actions associatives.<br />

Etre force <strong>de</strong> proposition<br />

Notre contribution au “Livre B<strong>la</strong>nc” <strong>de</strong>s Etats Généraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Douleur <strong>de</strong> juin 2005 s’est effectuée à<br />

partir <strong>de</strong> février 2003, en prenant appui sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>te-forme <strong>de</strong>s propositions <strong>du</strong> CIANE (40 points, dont<br />

12 concernent <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite par les soins). Puis en novembre 2003, avec <strong>la</strong> p<strong>la</strong>te-forme <strong>de</strong><br />

propositions <strong>du</strong> CISS (58 points dont 36 concernent <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite). (Annexe 1).<br />

En janvier 2005 <strong>la</strong> contribution <strong>du</strong> CISS a constitué en l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong> 3ème P<strong>la</strong>n Douleur 2006 –<br />

2010 (Annexe 2).<br />

Intervenir au cœur <strong>du</strong> système<br />

Les associations d’usagers sont parties prenante <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années au niveau institutionnel.<br />

Nous présentons ci-<strong>de</strong>ssous une synthèse <strong>de</strong>s différentes actions entreprises <strong>de</strong>puis 2003.<br />

De 2003 à 2010, ces associations ont participé aux groupes <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> <strong>la</strong> Direction Générale <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Santé et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Direction <strong>de</strong> l’Hospitalisation et <strong>de</strong> l’Organisation <strong>de</strong>s Soins (Groupe <strong>de</strong> rédaction ou <strong>de</strong><br />

lecture). Elles sont membre <strong>du</strong> Comité <strong>de</strong> Suivi <strong>du</strong> 2ème et 3ème P<strong>la</strong>n Douleur ainsi que <strong>du</strong> Comité<br />

d’Organisation <strong>de</strong>s Etat Généraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Douleur <strong>de</strong> 2005 et <strong>de</strong> 2010.<br />

De 2004 à 2010, ces associations ont été nommées à <strong>de</strong>s postes d’experts au Conseil Scientifique <strong>de</strong><br />

l’Agence Nationale d’Accréditation et d’<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> Santé (ANAES), da les Commissions <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Haute Autorité <strong>de</strong> Santé (HAS) (CE2S, C2ESP, CVR) et ont participé aux groupes <strong>de</strong> travail portant<br />

sur les Recommandations pour les Pratiques Cliniques (RPC) et les Etu<strong>de</strong>s Economiques.<br />

En 2005, <strong>la</strong> Saisine <strong>de</strong> l’ANAES par le CIANE a permis d’obtenir 4 RPC concernant certaines<br />

pratiques obstétricales (épisiotomie, déclenchement, expression abdominale et travail sous ocytocique<br />

<strong>de</strong> synthèse).<br />

En 2006, le CISS a saisi l’HAS pour <strong>de</strong>s RPC concernant <strong>la</strong> prévention <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite<br />

provoquée par les actes invasifs. Ces <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s ont été refusées en décembre 2006. Par contre elles ont<br />

été suivies <strong>de</strong> propositions d’une RPC concernant <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong> <strong>la</strong> sédation vigile par <strong>de</strong>s <strong>non</strong><br />

anesthésistes dans le cadre <strong>de</strong>s endoscopies digestives (Inscrite au programme 2009).<br />

En 2007, le CISS a déposé un dossier <strong>de</strong> 2 saisines à l’HAS pour obtenir <strong>de</strong>s RPC sur <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong>s<br />

biopsies hépatiques et <strong>de</strong>s ponctions lombaires. Celles-ci ont été rejetées. Une nouvelle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> a été<br />

faite en 2010.<br />

56


Agir sur le terrain<br />

Voici quelques exemples synthétisant les actions entreprises par le CISS.<br />

- 1998 - Rédaction <strong>du</strong> livret <strong>douleur</strong><br />

- 2001 - Intégration <strong>du</strong> Comité Etats Généraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Douleur<br />

- 2003 - P<strong>la</strong>teforme avec propositions <strong>de</strong> 58 points<br />

- 2004 – Participation au Comité <strong>du</strong> 2ème p<strong>la</strong>n Douleur<br />

- 2005 - Participation aux Etats Généraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Douleur<br />

- 2006 - Comité Etats Généraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Douleur.<br />

- Implication dans les Commissions Régionales <strong>de</strong> Conciliation et d’In<strong>de</strong>mnisation (CRCI) et dans <strong>la</strong><br />

défense <strong>du</strong> PRETIUM DOLORIS (désigne une cause <strong>de</strong> préjudice en réparation <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> victime<br />

obtient une compensation financière).<br />

- Ai<strong>de</strong> à l’initiative juridique<br />

En conclusion<br />

Nous posons <strong>de</strong> bonnes questions pour pouvoir répondre aux vôtres.<br />

Toutes les associations membres <strong>du</strong> CISS sont citées sur son site : http://www.leciss.org<br />

Toutes les associations membres <strong>du</strong> CIANE sont citées sur son site :<br />

http://wiki.naissance.asso.fr/in<strong>de</strong>x.php/Ciane/<br />

Blog <strong>du</strong> CIANE : http://www.ciane.info/<br />

57


Annexe 1<br />

Amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge et <strong>du</strong> traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite par les actes<br />

médicaux : dispositions <strong>du</strong> troisième p<strong>la</strong>n <strong>douleur</strong> 2006-2010<br />

Exposé <strong>de</strong>s motifs :<br />

La Loi <strong>du</strong> 4 mars 2002 a été un révé<strong>la</strong>teur, r<br />

mettant en évi<strong>de</strong>nce le souci <strong>du</strong> légis<strong>la</strong>teur l<br />

<strong>de</strong> fixer<br />

<strong>de</strong>s règles r<br />

en matière responsabilité <strong>de</strong>s praticiens dans <strong>la</strong> prévention, <strong>la</strong> prise en charge et le<br />

traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

L’article L. 1110-5 5 crée e <strong>de</strong> fait une obligation <strong>de</strong> moyen incontournable :<br />

« Toute personne a le droit <strong>de</strong> recevoir <strong>de</strong>s soins visant à sou<strong>la</strong>ger sa <strong>douleur</strong>. Celle-ci doit être<br />

en toute circonstance prévenue,<br />

évaluée, prise en compte et traitée.<br />

»<br />

A plus forte raison, quand ces <strong>douleur</strong>s et souffrances psychiques s sont in<strong>du</strong>ites par <strong>de</strong>s actes<br />

<strong>de</strong> soins et <strong>de</strong> diagnostic, car elles sont parfaitement connues, donc prévisibles, et toutes les<br />

techniques existent pour les prévenir et les traiter. Il y a donc aujourd’hui une obligation <strong>de</strong><br />

proposer systématiquemen<br />

matiquement <strong>de</strong>s solutions <strong>de</strong> prise en charge et <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

in<strong>du</strong>ite, charge au <strong>patient</strong> d’accepter d<br />

ou refuser selon sa sensibilité à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

Cette disposition légis<strong>la</strong>tive l<br />

est le premier étage d’un d<br />

dispositif qu’il convient <strong>de</strong> compléter. Le<br />

<strong>de</strong>uxième niveau, celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> réglementation r<br />

est quasiment inexistant ; quant au troisième,<br />

celui <strong>de</strong>s recommandations professionnelles, il est fragmentaire, hétérogène et n’a n a pas <strong>la</strong><br />

transversalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure légis<strong>la</strong>tive.<br />

l<br />

Le 3ème 3<br />

P<strong>la</strong>n Douleur 2006 – 2010, piloté par <strong>la</strong> DHOS (Bureau E2) a bien i<strong>de</strong>ntifié cette<br />

problématique et tente <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce une réflexion r<br />

et <strong>de</strong>s mesures sur <strong>de</strong>s thèmes ciblés<br />

(odontologie, endoscopie, soins infirmiers, actes potentiellement t douloureux).<br />

Notre réflexion r<br />

concerne donc toutes les <strong>douleur</strong>s aiguës s in<strong>du</strong>ites par les soins et examens,<br />

qu’elles touchent les enfants, les adolescents, les a<strong>du</strong>ltes ou les personnes âgées. Ce sujet est<br />

si tabou, <strong>la</strong> prise en charge tellement passée e sous silence, qu’en réalitr<br />

alité, , si rien <strong>de</strong> pragmatique<br />

n’est fait c’est c<br />

probablement l’él<br />

’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> jurispru<strong>de</strong>nce civile et administrative qui viendra<br />

combler ce vi<strong>de</strong> et écrire dans <strong>la</strong> contrainte les règles r<br />

que les instances médicales m<br />

rechignent à<br />

formaliser.<br />

A titre d’exemple, d<br />

<strong>la</strong> France comporte <strong>de</strong> graves <strong>la</strong>cunes par rapport à nos voisins européens<br />

ens<br />

en matière <strong>de</strong> sédations<br />

dation-analgésique.<br />

Le Pr Thierry PONCHON, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> SFED – Société Française aise d’Endoscopie d<br />

Digestive – le<br />

prétend, lorsqu’il parle d’ d « une exception française<br />

aise ! » lors <strong>de</strong>s journées d’Henri d<br />

Mondor <strong>du</strong> 08<br />

septembre 2000 :<br />

« L’endoscopie digestive, , dit-il,<br />

il, est con<strong>du</strong>ite en France <strong>de</strong> façon quasi-institutionnelle institutionnelle selon<br />

<strong>de</strong>ux modalités : avec anesthésie sie générale ou sans médication pendant le geste » .<br />

Publié sur Internet (SFED.org), son éditorial 2001 est très édifiant.<br />

58


Annexe 2<br />

P<strong>la</strong>te-forme <strong>de</strong> propositions en 58 points <strong>du</strong> C.I.S.S<br />

« Pour une politique volontaire <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> »<br />

Version 8 (approuvée en réunion plénière <strong>du</strong> 18/11/03)<br />

http://www.leciss.org/uploads/tx_cissdocuments/P<strong>la</strong>teForme_CISS_Coegd_V8.pdf<br />

Principales mesures concernant <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

19. Soins, examens et interventions douloureuses et/ou source <strong>de</strong> souffrances psychiques<br />

La mé<strong>de</strong>cine est <strong>de</strong>venue très performante dans beaucoup <strong>de</strong> domaines grâce au développement<br />

scientifique et à ses prolongements techniques. Ces performances sont malheureusement souvent<br />

associées à <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res et à <strong>de</strong>s gestes invasifs, à l’origine <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s et <strong>de</strong> souffrances dites «<br />

iatrogènes ».<br />

Le dictionnaire médical F<strong>la</strong>mmarion donne comme définition au terme iatrogène :<br />

« Qui est provoqué par le praticien ou ses thérapeutiques ».<br />

La meilleure attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> restera toujours <strong>de</strong> ne pas <strong>la</strong> provoquer quand on peut<br />

l’éviter. Mais « provoqué » ne signifie pas voulu intentionnellement, cependant « provoqué » sousentend<br />

prévisible. Compte tenu <strong>de</strong>s moyens préventifs existants, ne pas prendre en charge <strong>de</strong> façon<br />

adaptée ces <strong>douleur</strong>s et ces souffrances in<strong>du</strong>ites, relève <strong>de</strong> <strong>la</strong> négligence, voir <strong>de</strong> <strong>la</strong> maltraitance. Et<br />

partant <strong>du</strong> principe « que là où il y a une volonté, il y a un chemin », nous <strong>de</strong>mandons :<br />

20. Sauf urgence vitale, l’interdiction absolue <strong>de</strong>s entraves et contentions physiques ou chimiques,<br />

lors <strong>de</strong> soins ou examens douloureux et/ou invasifs, au profit d’une réelle prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> et <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> conscience :<br />

Cette mesure est urgente en soins pédiatriques et en néonatalogie (5).<br />

(5) Jusqu’au début <strong>de</strong>s années 90, beaucoup d’opérations sur les nouveaux-nés et jeunes enfants<br />

étaient pratiqués avec « curarisation » (paralysie provoquée), mais sans anesthésie. En c<strong>la</strong>ir, ils<br />

étaient paralysés chimiquement par <strong>du</strong> curare pour qu’ils ne bougent pas, mais ils subissaient<br />

pleinement conscients <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> liée à <strong>la</strong> chirurgie. Ces actes ont été constatés par une revue<br />

médicale ang<strong>la</strong>ise « The Lancet » en 1987. Voir aussi <strong>la</strong> revue « L’im<strong>patient</strong> » n° 162 <strong>de</strong> mai 1991 ;<br />

« La <strong>douleur</strong> chez l’enfant » d’Annie Gauvain-Piquard et d’Evelyne Pichard-Landri. Ed. Med-si –<br />

McGraw – Hill. , et les travaux énumérés ci-<strong>de</strong>ssous au point (8).<br />

21. Le renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> codification concernant les réponses adaptées à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> provoquée :<br />

Modification dans ce sens <strong>du</strong> co<strong>de</strong> <strong>de</strong> Déontologie Médicale – articles 2, 37, 38 et 41 et <strong>du</strong> Co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Santé Publique. Voir site : http://ordmed.org/<strong>de</strong>onto.html.<br />

22. La création <strong>de</strong> protocoles médicaux à l’échelon national, selon <strong>la</strong> « c<strong>la</strong>ssification commune <strong>de</strong>s<br />

actes médicaux » (CCAM) (6) :<br />

Incluant <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> (nociceptive) et contre <strong>la</strong> souffrance psychique (en cas<br />

d’atteinte à l’intégrité, à l’intimité, à l’image <strong>de</strong> soi, … - articles 36 et 37 <strong>du</strong> Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> Déontologie<br />

Médicale, portant sur l’obligation <strong>du</strong> praticien <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> dignité <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne).<br />

(6) – Cette C<strong>la</strong>ssification Commune <strong>de</strong>s Actes Médicaux a fait l’objet d’une signature entre <strong>la</strong> CNAM<br />

et quatre<br />

syndicats professionnels. Elle porte sur <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> l’acte médical et son contenu, et <strong>non</strong> plus sur <strong>la</strong><br />

spécialité liée à <strong>la</strong> pathologie. Cette c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong>vrait servir <strong>de</strong> base à l’établissement <strong>de</strong><br />

protocoles techniques et cliniques au niveau national et interdisciplinaire (en incluant <strong>la</strong> participation<br />

<strong>de</strong>s usagers). A ce jour, chaque spécialité (via leurs Sociétés savantes), chaque hôpital ou groupe<br />

hospitalier édite ses propres protocoles, d’où une hétérogénéité <strong>de</strong>s approches et <strong>de</strong>s réponses,<br />

notamment en terme <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance psychique.<br />

59


23. L’extension et <strong>la</strong> normalisation <strong>de</strong>s traitements et <strong>de</strong> <strong>la</strong> chirurgie, en mo<strong>de</strong> ambu<strong>la</strong>toire<br />

Chaque fois que ce mo<strong>de</strong> est usité et reconnu comme positif pour <strong>la</strong> personne ; et création <strong>de</strong><br />

protocoles nationaux à l’acte dans ce sens.<br />

24. La mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> protocoles à l’acte et <strong>de</strong> règles <strong>de</strong> bonnes pratiques, à l’échelon national<br />

Concernant les actes chirurgicaux entraînant <strong>de</strong>s muti<strong>la</strong>tions ou ab<strong>la</strong>tions d’organes (7) : ces<br />

chirurgies, comportant <strong>de</strong>s ab<strong>la</strong>tions complètes (vs chirurgie conservatrice <strong>du</strong> sein, <strong>de</strong>s traitements,…),<br />

<strong>de</strong>s <strong>la</strong>paratomies ou <strong>la</strong>rges champs opératoires (vs coeliochirurgie, hystérectomie par voie basse,<br />

traitements alternatifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> prostate, …) doivent être encadrées et leur nombre limité, quand les <strong>de</strong>ux<br />

mo<strong>de</strong>s opératoires coexistent et dépen<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> choix <strong>de</strong>s praticiens (7).<br />

Ces disparités entre établissements et le faible taux d’utilisation <strong>de</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s opératoires,<br />

notamment dans les CHU, con<strong>du</strong>isent <strong>de</strong> nombreux <strong>patient</strong>s à subir <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s post-opératoires, <strong>de</strong>s<br />

souffrances psychiques (cas <strong>de</strong>s ab<strong>la</strong>tions <strong>du</strong> sein, <strong>de</strong> l’utérus, <strong>de</strong> <strong>la</strong> prostate, au regard <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction repro<strong>du</strong>ctrice et <strong>de</strong> l’image <strong>de</strong> soi), <strong>de</strong>s complications (infections nosocomiales, …), <strong>de</strong>s<br />

chirurgies réparatrices douloureuses et onéreuses (imp<strong>la</strong>nts mammaires, cures d’éventration, …) et <strong>de</strong>s<br />

temps d’hospitalisation, aujourd’hui évitables. Cette sinistralité doit être impérativement ré<strong>du</strong>ite.<br />

(7) – Voir dossier «Le Point » d’août 2001, pages 66, 68 et – sources : Ministère Délégué à <strong>la</strong> Santé –<br />

PMSI - « Le traitement <strong>de</strong>s hernies <strong>de</strong> l’aine en 1998 : un exemple <strong>de</strong> disparité <strong>de</strong>s pratiques».<br />

Direction <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> l’évaluation et <strong>de</strong>s statistiques, n° 92, Novembre 2000 – «<br />

Faits marquants, assurance-ma<strong>la</strong>die.<br />

Des soins <strong>de</strong> qualité pour tous », édition 2001, « l’hystérectomie chez <strong>la</strong> jeune femme ». Voir aussi «<br />

Sciences & Avenir » décembre 2002, page 34 l’article : « Cancer, en finir avec l’ab<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> sein » où<br />

<strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s portant sur <strong>de</strong>ux décennies, l’une italienne et l’autre américaine, démontrent que<br />

l’ab<strong>la</strong>tion complète <strong>du</strong> sein ou l’excision limitée à <strong>la</strong> tumeur (chirurgie conservatrice) ne connaissent<br />

aucune différence significative en terme <strong>de</strong> décès. « Il est donc temps, p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>nt les auteurs <strong>de</strong> ces<br />

travaux, que les <strong>de</strong>ux techniques soient considérées d’efficacité égale », conclut l’article.<br />

L’expression «efficacité égale » ne prend pas en compte les conséquences col<strong>la</strong>térales immédiates et à<br />

long terme <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion complète <strong>du</strong> sein : chirurgie lour<strong>de</strong> nécessitant une hospitalisation (vs<br />

chirurgie conservatrice souvent en ambu<strong>la</strong>toire), complications accrues (infections nosocomiales,<br />

phlébite, …), <strong>douleur</strong>s et souffrances psychiques supplémentaires (atteintes psychoaffectives sur <strong>la</strong><br />

sexualité, l’image <strong>de</strong> soi), nécessité d’interventions ultérieures en chirurgie p<strong>la</strong>stique et esthétique<br />

(avec leurs propres risques, et surtout leurs coûts souvent prohibitifs).<br />

25. La prévention systématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong>s suites opératoires :<br />

Information, évaluation, protocoles, pompe à analgésie rég<strong>la</strong>ble par les intéressés eux-mêmes, patchs,<br />

…, et <strong>de</strong>s soins qui y sont liés (pansements, mobilisations <strong>de</strong> <strong>la</strong>mes, <strong>de</strong> drains, …) ; et création <strong>de</strong><br />

protocoles nationaux à l’acte dans ce sens.<br />

26. La prévention systématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> en kinésithérapie lors <strong>de</strong>s soins :<br />

Postures, manipu<strong>la</strong>tions, appareil<strong>la</strong>ges, attelles, par l’information, l’évaluation, <strong>de</strong>s protocoles adaptés,<br />

l’analgésie, notamment chez les enfants (attelles <strong>de</strong> nuit souvent source <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s insupportables,<br />

(…) et les personnes handicapées ; et création <strong>de</strong> protocoles nationaux à l’acte dans ce sens.<br />

27. L’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>ire n° 83-24 <strong>du</strong> 01 août 1983 concernant « l’hospitalisation <strong>de</strong>s<br />

enfants » :<br />

Notamment privilégier les soins à domicile ou une hospitalisation courte, favoriser l’admission <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mère ou <strong>du</strong> père au côté <strong>de</strong> l’enfant et rendre illégaux les obstacles et les refus <strong>de</strong> leur présence à ses<br />

côtés, s’il le souhaite, lors <strong>de</strong>s soins ou examens. De telles entraves, <strong>non</strong> justifiées par l’intérêt direct<br />

<strong>de</strong> l’enfant, doivent pouvoir faire l’objet <strong>de</strong> sanctions.<br />

60


28. La prévention <strong>de</strong>s escarres :<br />

Dont beaucoup surviennent à l’hôpital, et qui sont, entre autres, très douloureuses. Le sou<strong>la</strong>gement<br />

systématique (protocoles) <strong>de</strong> cette souffrance notamment lors <strong>de</strong>s soins.<br />

29. La lutte contre les prescriptions <strong>de</strong> routine comportant <strong>de</strong>s prélèvements sanguins, <strong>de</strong>s<br />

sondages, <strong>de</strong>s explorations à répétition :<br />

La remise systématique d’une copie <strong>de</strong>s résultats et comptes-ren<strong>du</strong>s d’examens et d’analyses au<br />

<strong>patient</strong> lui-même afin qu’il constitue un dossier médical exhaustif évitant les investigations «doublons<br />

» (nous rappelons que ces documents le concernent, sont payés par lui, et lui reviennent légalement).<br />

30. Ll’obligation légale <strong>de</strong> proposer :<br />

- au minimum une analgésie locale en cas <strong>de</strong> ponction veineuse, dons <strong>du</strong> sang, (ou à défaut l’emploi<br />

d’épicrânienne), en cas <strong>de</strong> suture cutanée, … ;<br />

- au minimum une anesthésie locale et une sédation vigile légère (MEOPA) en cas <strong>de</strong> ponction<br />

artérielle ou lombaire, <strong>de</strong> biopsie, <strong>de</strong> pose <strong>de</strong> voie centrale (en interdisant <strong>la</strong> fixation <strong>du</strong> cathéter par fil<br />

cousu à même <strong>la</strong> peau), …, sauf impossibilité liée à une urgence vitale.<br />

Cette prévention doit aussi et surtout s’appliquer en néonatalogie et en pédiatrie pour tous<br />

gestes douloureux (drain, cathéter, intubation, prélèvement sanguin, biopsie, exploration,<br />

venti<strong>la</strong>tion mécanique, circoncisions, …), lors d’actes invasifs sur les foetus in utéro (8) ; et<br />

création <strong>de</strong> protocoles nationaux à l’acte dans ce sens.<br />

(8) – Voir les travaux <strong>de</strong> K.J.S. ANAND, <strong>de</strong> D. ANNEQUIN, D. MAHIEU et Coll. Hôpital<br />

NECKER, PARIS, T. DEBILLON et coll. Pavillon Mère et Enfant, CHU <strong>de</strong> Nantes, V. ZUPAN et coll.<br />

Hôpital A. BECLERE, CLAMART, J. SIZUN et coll., Unité pédiatrique, CHU <strong>de</strong> BREST.<br />

31. L’obligation légale <strong>de</strong> proposer au minimum une analgésie locale et une sédation vigile<br />

(MEOPA ou autres) en cas d’examens invasifs douloureux et/ou touchant à l’intimité :<br />

Ex : endoscopie, fibroscopie, cystoscopie, hystéroscopie,…), sauf en cas d’urgence vitale ; et création<br />

<strong>de</strong> protocoles nationaux à l’acte dans ce sens (9).<br />

(9) – Dans les fiches «informations aux <strong>patient</strong>s » (voir par exemple le site : www.e-santé.fr), les<br />

phrases <strong>du</strong> style : «désagréable, mais pas douloureux », «peu ou rarement douloureux» relèvent <strong>de</strong><br />

l’interprétation, qui facilite <strong>la</strong> «pratique» <strong>de</strong>s professionnels. Or <strong>de</strong> droit, c’est au <strong>patient</strong> d’en<br />

déci<strong>de</strong>r, d’où <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s mesures analgésiques et sédatives.<br />

32. A chaque fois que possible et sauf préoccupations ou contraintes esthétiques consenties,<br />

privilégier l’utilisation <strong>de</strong> fils résorbables pour les sutures superficielles :<br />

L’emploi <strong>de</strong> fils <strong>non</strong> résorbables relève <strong>du</strong> consentement, car ce<strong>la</strong> crée une obligation <strong>de</strong> fait d’avoir<br />

une nouvelle consultation. De plus l’ab<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s fils est souvent source <strong>de</strong> souffrance.<br />

Privilégier l’emploi <strong>de</strong>s colles biologiques (sauf problème d’allergies) et <strong>de</strong>s points autocol<strong>la</strong>nts, style<br />

«stéristrip ».<br />

33. La suppression <strong>de</strong>s pinces pour contrôle <strong>du</strong> taux d’oxygénation et remp<strong>la</strong>cement par <strong>de</strong>s<br />

capteurs <strong>non</strong> agressifs.<br />

61


Les <strong>douleur</strong>s faites aux femmes<br />

Entretien Martin. WINCKLER (Dr Marc Zafran) et Dr. Daniel ANNEQUIN<br />

Cet entretien s’est déroulé en juin 2010 à Paris. M Winckler a accepté <strong>de</strong> rencontrer D Annequin pour<br />

échanger sur un sujet qui lui est cher, « Le chœur <strong>de</strong>s femmes ».<br />

D.A : Mé<strong>de</strong>cin et écrivain, vous avez une soli<strong>de</strong> expérience <strong>de</strong> <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine générale, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

gynécologie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> contraception, vous êtes une « référence ».<br />

Régulièrement vous avez évoqué, dé<strong>non</strong>cé les <strong>douleur</strong>s que subissent les femmes.<br />

Comment améliorer, éviter, diminuer ces <strong>douleur</strong>s, spécifiques aux femmes ?<br />

M.W : Il y a énormément <strong>de</strong> chose à améliorer, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> consultation gynécologique. La première<br />

situation qui me mettait mal à l’aise c’est <strong>de</strong> voir les femmes arriver dans le box <strong>de</strong> se déshabiller<br />

tout naturellement, comme s’il était prévu <strong>de</strong> leur sauter <strong>de</strong>ssus et <strong>de</strong> leur poser un spéculum pour<br />

faire un examen. J’avais pris l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire asseoir les femmes, <strong>de</strong> leur dire qu’avant <strong>de</strong> vous<br />

examiner il faut qu’on discute pour savoir si c’est nécessaire <strong>de</strong> vous examiner, qu’est-ce qu’on va<br />

examiner, dans quelle condition et que je vous explique comment je vais vous examiner, car<br />

beaucoup <strong>de</strong> femmes en particulier les jeunes femmes qui n’ont jamais vu un mé<strong>de</strong>cin ou un<br />

gynécologue ne savent pas comment ça se passe. Tout ce<strong>la</strong> est évi<strong>de</strong>mment un générateur d’angoisse,<br />

en plus si on leur a raconté que c’était désagréable. Comme l’angoisse abaisse le seuil <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>,<br />

si l’on peut prévenir l’angoisse on est alors très performant pour <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

Après réflexion, j’ai décidé d’utiliser d’autres métho<strong>de</strong>s. Tout d’abord <strong>de</strong> les mettre en confiance, les<br />

inviter à s’asseoir et <strong>de</strong> savoir si c’était nécessaire <strong>de</strong> les examiner et s’il était essentiel <strong>de</strong> faire cette<br />

consultation, <strong>de</strong> leur préciser ce qu’on <strong>de</strong>vait rechercher, dans quelles conditions et leur expliquer le<br />

déroulement <strong>de</strong>s investigations.<br />

La <strong>de</strong>uxième chose très importante, est <strong>la</strong> contraception, toutes les étu<strong>de</strong>s et les travaux<br />

existants à ce jour, démontrent que lorsqu’on prescrit une 1 ère contraception à une jeune adolescente,<br />

on n’a pas besoin <strong>de</strong> l’examiner. C’est une chose qu’il faut dire aux femmes, car c’est aussi une<br />

manière <strong>de</strong> les rassurer et <strong>de</strong> diminuer les <strong>douleur</strong>s. En effet à partir <strong>du</strong> moment ou dans certaines<br />

circonstances les femmes vont parfaitement bien, on leur donne un conseil contraceptif. Dans ce cas<br />

<strong>de</strong> figure, on n’a pas besoin <strong>de</strong> les toucher, donc on ne va pas créer <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s puisqu’on en est sûr.<br />

La troisième circonstance, c’est lorsqu’on doit faire un geste. Par exemple, en gynécologie<br />

courante je faisais un certain nombre <strong>de</strong> gestes qui étaient extrêmement simples et ne présentant pas <strong>de</strong><br />

complexité technique extraordinaire : faire un frottis, poser un imp<strong>la</strong>nt contraceptif, poser un stérilet,<br />

poser un dispositif intra-utérin (stérilet). Chacun <strong>de</strong> ces trois gestes peut être douloureux. En prenant<br />

l’exemple <strong>du</strong> frottis ; le frottis en lui-même n’est pas douloureux, mais poser un spéculum peut-être<br />

très douloureux si on le pose n’importe comment.<br />

Pour un poser spéculum, <strong>la</strong> première chose qu’un mé<strong>de</strong>cin doit faire avant <strong>de</strong> poser un spéculum,<br />

c’est d’abord <strong>de</strong> montrer ce qu’est un spéculum, expliquer pourquoi on pose un spéculum.<br />

J’avais toujours <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nches anatomiques à dimension humaine qui faisait que je pouvais glisser le<br />

spéculum dans <strong>la</strong> partie qui représentait le vagin pour expliquer à quoi ça servait.<br />

Je le glissais dans ma main et je l’écartais pour montrer le principe. J’expliquai ensuite, qu’il était<br />

possible d’utiliser un lubrifiant pour que ça ne fasse pas mal. Maintenant les spéculums sont en<br />

p<strong>la</strong>stique, ils ne sont pas froids. Quand j’avais un spéculum en métal, je le mettais sur un radiateur qui<br />

fonctionnait à minima et quand je sortais le spéculum <strong>de</strong> <strong>la</strong> boîte, il était tiè<strong>de</strong>.<br />

Ce sont ces petites astuces qu’il faut utiliser. De <strong>la</strong> même manière lorsqu’on examine un enfant, on<br />

réchauffe son stéthoscope au lieu <strong>de</strong> le mettre tout froid sur le thorax.<br />

La première chose c’est d’expliquer aux femmes ce que l’on envisage <strong>de</strong> faire, avant <strong>de</strong> pratiquer les<br />

gestes. Ce<strong>la</strong> a un effet dédramatisant et probablement, limite l’angoisse et les contractures. Parce<br />

qu’une femme qui n’est pas prévenue est un peu « maltraitée » ou » secouée par l’examen, évi<strong>de</strong>ment<br />

elle risque d’avoir une contracture vaginale. Elle aura donc mal si on force cette contracture vaginale.<br />

62


Rien que pour le frottis, apprendre à poser un spéculum et à le poser <strong>de</strong> manière indolore, c’est-à-dire<br />

<strong>non</strong> pas à <strong>la</strong> « hussar<strong>de</strong> » mais tout simplement en le faisant glisser doucement avec <strong>du</strong> lubrifiant.<br />

Un autre point me semble très important, c’est d’expliquer aux femmes qu’il est possible pour les<br />

examiner d’adopter une autre position que celle couramment utilisée en gynécologique c<strong>la</strong>ssique<br />

sur le dos. On peut réaliser un frottis sur le côté. Il y a <strong>de</strong>s femmes qui n’ont pas envie d’écarter les<br />

cuisses, ça les gêne, c’est pénible. Il est tout à fait possible d’expliquer aux femmes qu’il y a une une<br />

position plus discrète où on ne <strong>la</strong> regar<strong>de</strong> pas quand elle est sur le côté. Poser un spéculum en<br />

décubitus <strong>la</strong>téral c’est très simple. Le vagin, s’ouvre à partir <strong>du</strong> moment ou on écarte les gran<strong>de</strong>s<br />

lèvres. Si le spéculum est p<strong>la</strong>cé correctement, ce n’est pas plus douloureux <strong>de</strong> le poser sur une femme<br />

qui est position gynécologique.<br />

On le pratique couramment auprès <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es paraplégiques, qui ne peuvent pas se mettre en<br />

position gynécologique. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas le faire avec <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es qui ne le<br />

sont pas. Donner ce choix, implique évi<strong>de</strong>ment d’avoir une table suffisamment <strong>la</strong>rge.<br />

Autre point très important, c’est <strong>la</strong> pose et le retrait <strong>de</strong> l’imp<strong>la</strong>nt contraceptif. J’ai vu et commencé à<br />

poser <strong>de</strong>s imp<strong>la</strong>nts à partir <strong>de</strong> 2001. L’imp<strong>la</strong>nt contraceptif, est un petit appareil en polypropylène qui a <strong>la</strong><br />

taille d’une allumette, situé dans un p<strong>la</strong>stique poreux et imprégné d’un progestatif. Il se glisse avec une<br />

aiguille, sous <strong>la</strong> peau <strong>du</strong> bras. Ce geste peut être parfaitement indolore, à condition <strong>de</strong> poser une crème<br />

anesthésiante avant.<br />

Je prescrivais toujours <strong>la</strong> crème en même temps que l’imp<strong>la</strong>nt sur <strong>la</strong> même ordonnance De cette façon, les<br />

femmes appliquaient <strong>la</strong> crème avant <strong>de</strong> partir <strong>de</strong> chez elle, ainsi en arrivant dans <strong>la</strong> salle d’attente avant <strong>de</strong><br />

rentrer dans mon cabinet, une heure à une heure et <strong>de</strong>mi s’était écoulée et l’antalgique commençait à faire<br />

effet. De cette façon, ce geste est absolument indolore. De <strong>la</strong> même manière, pour retirer un imp<strong>la</strong>nt, c’est<br />

très simple. On dit à <strong>la</strong> femme <strong>de</strong> poser <strong>de</strong> <strong>la</strong> crème une heure avant, en plus d’une anesthésie locale à<br />

l’aiguille, l’imp<strong>la</strong>nt se retire en 35 secon<strong>de</strong>s.<br />

Mais j’ai vu un très grand nombre <strong>de</strong> femmes venir chez moi pour me dire « on m’a posé l’imp<strong>la</strong>nt, sans<br />

me faire une anesthésie locale et on a voulu me retirer l’imp<strong>la</strong>nt sans me faire d’anesthésie locale en me<br />

faisant un « mal <strong>de</strong> chien », ou en essayant <strong>de</strong> le retirer à un endroit alors qu’il était à un autre parce qu’il<br />

n’avait pas repéré là où il était ».<br />

Evi<strong>de</strong>mment ça parait monstrueux, mais c’est très fréquent que <strong>de</strong>s praticiens pensent que c’est absolument<br />

inutile <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r où est l’imp<strong>la</strong>nt, d’anesthésier et <strong>de</strong> l’enlever correctement.<br />

Ils n’apprennent pas à le faire, alors que c’est très simple et en plus ça les « enquiquine ».<br />

De fait ces préa<strong>la</strong>bles prennent <strong>du</strong> temps. Donc ils ne le font pas, et comme ils ne veulent pas le faire,<br />

quand les femmes leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> le faire et qu’ils se sentent obligés <strong>de</strong> le faire, ils le font mal et donc<br />

ils leurs font mal…<br />

Le 3 ème geste très important c’est <strong>la</strong> pose <strong>du</strong> Dispositif Intra-utérin, (DIU), mal nommé Stérilet.<br />

La pose <strong>du</strong> DIU, est un geste qui peut être extrêmement simple, extrêmement facile, absolument indolore<br />

ou très peu douloureux, à condition <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r <strong>de</strong> manière adéquate et pertinente.<br />

D’abord ne pas « sauter sur <strong>la</strong> femme » lorsqu’ elle arrive, mais lui expliquer ce qu’on va faire, lui montrer<br />

un DIU, lui montrer comment c’est fait.<br />

Mes boîtes mesurent environ 30 cm, le DIU à peu près 10 cm, il y a un tube, elles ne l’ont même pas vu.<br />

On leur montre tout ce<strong>la</strong> dans l’embal<strong>la</strong>ge stérile. On leur explique comment c’est posé. J’avais toujours un<br />

DIU <strong>de</strong> démonstration avec les p<strong>la</strong>nches ou bien un faux utérus transparent dans lequel je leur montrai<br />

comment j’insérai le DIU. Je leur <strong>de</strong>mandai <strong>de</strong> prendre le DIU dans <strong>la</strong> main, c’est en p<strong>la</strong>stique vous le<br />

sentez à peine dans votre main. A partir <strong>du</strong> moment où il est bien p<strong>la</strong>cé vous ne le sentirez pas, il n’y aura<br />

pas <strong>de</strong> contraction <strong>de</strong> l’utérus, vous ne le sentirez pratiquement pas, ce<strong>la</strong> ne va pas vous faire mal.<br />

C’est très important <strong>de</strong> montrer aux femmes ce qu’on va leur faire et <strong>de</strong> présenter le dispositif qui va<br />

insérer à l’intérieur <strong>de</strong> leur corps. C’est pareil pour l’imp<strong>la</strong>nt contraceptif. Je leur montrai que c’était<br />

souple, et que ce ne pouvait pas traumatisant. C’est très important <strong>de</strong> leur montrer, car ça diminue<br />

gran<strong>de</strong>ment l’angoisse et <strong>du</strong> coup facilite l’examen dans tous les cas.<br />

63


Admettons que <strong>la</strong> femme soit en position <strong>de</strong> décubitus dorsale, donc en position gynécologique, l’axe <strong>du</strong><br />

vagin, est en avant et vers le bas, l’utérus est coudé, c’est-à-dire que le col est en avant et le corps presque à<br />

<strong>la</strong> verticale ou tourné en avant.<br />

Il y a un dogme qui dit qu’il faut tirer, il faut prendre une pince <strong>de</strong> POZZI, l’accrocher sur <strong>la</strong> lèvre<br />

antérieure ou postérieure <strong>du</strong> col en fonction <strong>de</strong> l’orientation <strong>de</strong> l’utérus, tirer <strong>de</strong>ssus et à ce moment<br />

intro<strong>du</strong>ire le tube d’insertion jusqu’au fond et puis déposer le stérilet à l’intérieur. Tous ces mouvements<br />

sont très douloureux et ce n’est pas indispensable.<br />

La pince <strong>de</strong> POZZI, est une pince qui se termine par <strong>de</strong>ux crochets pointus, pour moi c’est comme<br />

« un croc <strong>de</strong> boucher. », c’est une horreur absolue. Les Ang<strong>la</strong>is n’ont pas <strong>de</strong> pince <strong>de</strong> POZZI. Ils ont <strong>de</strong>s<br />

pinces p<strong>la</strong>tes qui peuvent faire mal quand on les applique un peu trop vite, mais qui ne font pas <strong>de</strong> trou dans<br />

le col <strong>de</strong> l’utérus. Il n’est pas obligatoire d’utiliser <strong>la</strong> pince, dans 90% <strong>de</strong>s cas, quand je posais un DIU,<br />

je ne l’utilisais pas. J’utilisais une pince dans 10% <strong>de</strong>s cas, si j’étais avec une <strong>patient</strong>e qui en général avait<br />

eu trois ou quatre grossesses et avait un col un peu dévié dont je ne voyais pas l’orifice, l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pince dans ce cas était un peu indispensable. Il était nécessaire d’aller effectivement chercher le col<br />

délicatement pour le mettre dans l’axe, parce qu’autrement on ne peut pas poser le DIU.<br />

Ou pour les femmes qui sont en grand surpoids, évi<strong>de</strong>ment c’est plus difficile <strong>de</strong> trouver leur col et on est<br />

obligé parfois d’aller chercher le col avec une pince. Mais on n’est pas obligé <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> pince <strong>de</strong>ssus car<br />

ça fait très mal.<br />

Quand on est contraint <strong>de</strong> poser une pince, on peut tout d’abord si on a peur et si <strong>la</strong> femme vous dit que <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>rnière fois « ça lui a fait un mal <strong>de</strong> chien », on peut faire une anesthésie locale. Ce<strong>la</strong> prend 5 minutes <strong>de</strong><br />

plus, mais ça vaut <strong>la</strong> peine, parce qu’un col et un utérus qui se contracte parce que <strong>la</strong> femme a eu mal, c’est<br />

un col et un utérus qui rejettent le DIU.<br />

Si on veut être efficace et lui <strong>la</strong>isser le DIU en p<strong>la</strong>ce, il vaut mieux qu’elle n’est pas <strong>de</strong> contraction réflexe<br />

parce qu’elle a mal.<br />

Il y a toujours <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> faire une anesthésie locale. On peut aussi procé<strong>de</strong>r doucement et prendre son<br />

temps en particulier quand on a utilisé <strong>la</strong> pince <strong>de</strong> POZZI ou <strong>la</strong> pince p<strong>la</strong>te. Ce sont <strong>de</strong>s pinces qui ont les<br />

bras crantés. Si on pince trop fort, ça peut être très douloureux. Tandis que si on appuie sur les crans<br />

progressivement, c’est-à-dire en appliquant une pression progressive et <strong>non</strong> pas brutale, le geste <strong>de</strong>vient<br />

beaucoup moins douloureux pour <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e.<br />

Il est vrai qu’il y a <strong>de</strong>s femmes qui ont plus mal que d’autres. La <strong>douleur</strong> très souvent (mais ce n’est pas<br />

toujours vrai) est plus importante chez les très jeunes femmes qui n’ont jamais eu <strong>de</strong> grossesse ou jamais<br />

accouchées ou chez les femmes qui ont eu trois ou quatre grossesses. Le col di<strong>la</strong>té à <strong>de</strong> nombreuses<br />

reprises, est moins sensible. Mais j’ai vu <strong>de</strong>s femmes qui ont quatre enfants qui avaient mal et <strong>de</strong>s femmes<br />

très jeunes qui n’avaient pas mal quand on leur posait le DIU.<br />

Peut-on ne pas poser une pince ?<br />

Parce que dans <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> habituellement prônée pour <strong>la</strong> pose un DIU, il faudrait absolument tirer le DIU<br />

dans le tube d’insertion pour que le DIU ne dépasse plus. En théorie on vous dit qu’il faut enfoncer le tube<br />

d’insertion jusqu’au fond utérin et avec un petit mandrin poussoir pousser le DIU pendant qu’on tire sur le<br />

tube d’insertion, ensuite on <strong>la</strong>isse le DIU en p<strong>la</strong>ce. Le diamètre <strong>du</strong> tube d’insertion peut-être supérieur au<br />

diamètre <strong>de</strong> l’orifice cervical. Si on force avec ou sans pince, ça fait mal et ça crée une contraction réflexe<br />

un spasme <strong>du</strong> col.<br />

Par conséquent j’ai utilisé <strong>la</strong> technique suivante: quand j’intro<strong>du</strong>isais le tube d’insertion, je ne le<br />

poussais jamais jusqu’au bout, si je butais et qu’il rentrait tout seul comme pour les femmes qui ont déjà<br />

eu trois ou quatre grossesses, leur col est perméable on peut aller mettre le tube jusqu’au fond <strong>de</strong> l’utérus.<br />

Mais si je butais je ne forçais pas, en revanche je retenais mon mandrin poussoir je le mettais à l’intérieur<br />

<strong>du</strong> tube et je poussai le stérilet (dont le diamètre est évi<strong>de</strong>ment inférieur), à l’intérieur <strong>de</strong> l’utérus.<br />

Alors on me dit comment tu peux être sûr qu’il est au fond ?<br />

Bien sûr qu’il est au fond, à partir <strong>du</strong> moment ou on a poussé le stérilet à l’intérieur et qu’il n’y a plus que<br />

le fil qui dépasse, c’est qu’il a passé l’orifice cervical et le canal cervical et qu’il est à l’intérieur.<br />

64


Est-ce qu’il est au fond ? Ça n’a strictement aucune importance pour <strong>de</strong>ux raisons : d’abord l’utérus se<br />

contracte donc le DIU va suivre les contractions <strong>de</strong> l’utérus, il va monter, il va rester à l’intérieur puis ce<br />

qui diffuse d’un DIU, c’est-à-dire soit <strong>du</strong> cuivre soit <strong>de</strong> l’hormone ça diffuse dans toutes les cavités<br />

utérines, qu’il soit au fond en travers, <strong>la</strong> tête en bas peu importe, il sera efficace <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière.<br />

La seule chose qui ne faut pas faire, c’est <strong>la</strong>isser <strong>la</strong> tige inférieure <strong>du</strong> DIU dépasser <strong>du</strong> col, parce qu’il<br />

risque d’être expulsé par les contractions réflexes qui sont douloureuses en elles- même.<br />

Alors on m’a dit est-ce que tu es sur que les femmes expulsent leur stérilet après ?<br />

Quand je posais <strong>de</strong>s DIU, je disais toujours aux femmes si il y a quoi que ce soit, passez-moi un coup <strong>de</strong> fil<br />

ou revenez consulter. Je ne les ai jamais vu revenir, ou alors 3 ans plus tard pour faire leur frottis. Ceci<br />

parce que leur DIU était resté en p<strong>la</strong>ce. Si elles avaient eu une expulsion après <strong>la</strong> pose <strong>du</strong> DIU, les femmes<br />

le sentent, parce que ça fait mal, elles seraient revenues me voir, je l’aurai vu sur le dossier.<br />

Je sais que <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> est au moins aussi efficace que <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nte. Désormais, il y a un gros<br />

avantage, c’est que les femmes n’ont pas mal.<br />

Ça m’est arrivé à <strong>de</strong> nombreuses reprises d’avoir <strong>de</strong>s étudiants avec moi, qui me disaient <strong>la</strong> chose qui me<br />

fait le plus peur, c’est <strong>de</strong> poser un DIU. Alors je leur disais mais pourquoi ?<br />

Il répondait : « A chaque fois que je vois à <strong>la</strong> maternité <strong>de</strong>s gynécologues poser un DIU, les femmes<br />

« sautent au p<strong>la</strong>fond ». Je leur disais vous allez voir comment je fais. Je ne compte pas le nombre <strong>de</strong> fois où<br />

les femmes préparées par tout ce que j’avais dit auparavant, c'est-à-dire l’explication, les démonstrations<br />

sur le papier. Les femmes s’allongeaient, je posais le DIU et je leur disais qu’il était en p<strong>la</strong>ce.<br />

Les femmes disaient, « ça y est, c’est fait ? ». Je répondais « oui, vous avez senti quelques choses ? » Elles<br />

répondaient « Non juste une petite contraction comme au début <strong>de</strong> mes règles ».<br />

En particulier chez les jeunes femmes ce qu’elles ressentent c’est ce<strong>la</strong>. Je leur dis « vous allez sentir une<br />

petite contraction comme si vous alliez avoir vos règles ».<br />

Une autre chose que je faisais très souvent et presque systématiquement chez les femmes qui avaient peur<br />

d’avoir mal ou qui avaient déjà eu mal à <strong>la</strong> pose d’un DIU, était <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong> l’IBUPROFENE, 2 ou 3<br />

heures avant <strong>de</strong> venir, parce que je sais que si elles ont une contraction <strong>du</strong> col au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> pose, elles<br />

auront beaucoup moins mal.<br />

L’effet anti-inf<strong>la</strong>mmatoire d’IBUPROFENE, associé à l’effet p<strong>la</strong>cebo « je vous ai donné quelque chose<br />

qui va vous empêcher d’avoir mal », s’est révélé avoir un effet tout à fait positif.<br />

Je peux juger <strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>du</strong> caractère indolore par le fait que lorsque j’ai commencé à<br />

poser <strong>de</strong>s DIU à <strong>de</strong>s très jeunes femmes, c’est-à-dire à <strong>de</strong>s femmes qui avaient très peu d’examens<br />

gynécologiques et qui n’avaient bien enten<strong>du</strong> pas accouché, j’ai vu après, ces jeunes femmes m’envoyer<br />

leur amie. On n’envoie pas ses copines à un type qui vous fait mal.<br />

Il y a 30 ans, les femmes subissaient ce que les mé<strong>de</strong>cins disaient. De plus en plus, elles exigent d’être<br />

traitées correctement et quand elles sont maltraitées par quelqu’un, elles n’envoient pas leur copine se faire<br />

poser un DIU. Je pense qu’il est très important <strong>de</strong> savoir que l’utilisation <strong>de</strong> gestes aussi simples, peut soit<br />

prévenir <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> soit <strong>la</strong> limiter <strong>la</strong>rgement.<br />

Références<br />

Martin Winckler publie régulièrement <strong>de</strong>s articles, <strong>de</strong>s préfaces sur notamment <strong>la</strong> contraception, les<br />

séries TV, les re<strong>la</strong>tions mé<strong>de</strong>cin/<strong>patient</strong>…<br />

« Winckler’s Webzine », le site personnel <strong>de</strong> Martin Winckler, http://martinwinckler.com/ permet<br />

d’accé<strong>de</strong>r à toutes ses pro<strong>du</strong>ctions.<br />

Ses principaux ouvrages sont chez l’éditeur POL<br />

La Vacation (1989)<br />

La Ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> Sachs, 1998<br />

Légen<strong>de</strong>s, 2002<br />

Plumes d’Ange, 2004<br />

Les Trois Mé<strong>de</strong>cins, 2004<br />

Histoires en l’air, 2008.<br />

Le Choeur <strong>de</strong>s femmes 2009<br />

Depuis 2009, il est chercheur invité au Centre <strong>de</strong> Recherches en éthique à l'Université <strong>de</strong> Montréal<br />

(CREUM).<br />

65


<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> l’utilisation <strong>du</strong> MEOPA lors <strong>de</strong>s hystéroscopies :<br />

Résultats préliminaires<br />

Bénédicte Lombart 1 , Patricia Martret 1 , Daniel Annequin 1 , Annie Ol<strong>la</strong>ry 2 , Isabelle Paitry 2 , Myriam<br />

Bou<strong>la</strong>is 2 , Jean-Louis Bénif<strong>la</strong> 2 , Laura Prat-Ellenberg 2 , Mathil<strong>de</strong> Piketty 2 , Patricia Pedretti 2 , Michel<br />

Galinski 3 .<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

L’hystéroscopie diagnostique est un geste fréquent en gynécologie. Cet examen particulièrement<br />

anxiogène et douloureux ne bénéficie pourtant pas d’une stratégie antalgique standardisée. Les<br />

modalités <strong>de</strong> prise en charge proposées vont <strong>de</strong> l’anesthésie générale à aucune analgésie particulière.<br />

Ce constat est confirmé par <strong>la</strong> littérature et les données locales.<br />

Dans notre établissement jusqu’à présent, l’anesthésie générale n’était proposée que lorsque <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e<br />

ne tolérait pas l’examen réalisé dans les conditions conventionnelles. Afin d’améliorer <strong>la</strong> prise en<br />

charge <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s une réflexion a été menée pour adopter <strong>la</strong> modalité apportant le meilleur rapport<br />

bénéfice risque.<br />

L’anesthésie générale systématique est une procé<strong>du</strong>re lour<strong>de</strong> dont le rapport bénéfice/risque n’est pas<br />

optimum (1). L’anesthésie locale est d’efficacité variable en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> technique utilisée et<br />

nécessite une sélection <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es (2, 3).<br />

Le Mé<strong>la</strong>nge Equimo<strong>la</strong>ire Oxygène Protoxy<strong>de</strong> d’Azote (MEOPA) est un gaz dont les effets sont une<br />

sédation, une analgésie et une anxiolyse. Son efficacité a été reconnue dans <strong>de</strong> nombreuses<br />

indications, chez l’a<strong>du</strong>lte comme chez l’enfant, notamment pour les <strong>douleur</strong>s peu intenses. C’est ce<br />

mo<strong>de</strong> antalgique qu’a retenu l’équipe pour améliorer l’analgésie lors <strong>de</strong> cet examen. Ce projet a<br />

bénéficié <strong>de</strong> <strong>la</strong> conjonction <strong>de</strong> plusieurs éléments: l’intégration <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle maternité au sein <strong>du</strong><br />

CLUD <strong>de</strong> l’établissement suite au déménagement <strong>de</strong> <strong>la</strong> maternité sur ce nouveau site, <strong>la</strong> motivation <strong>de</strong><br />

l’équipe médicale et paramédicale ainsi que <strong>de</strong> l’implication <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

Objectif <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> :<br />

Améliorer le confort (analgésie et anxiolyse) <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es lors d’une hystéroscopie diagnostique en<br />

utilisant le MEOPA avec ou sans accompagnement re<strong>la</strong>tionnel spécifique.<br />

Métho<strong>de</strong>s<br />

Type d’étu<strong>de</strong><br />

Il s’agissait d’une étu<strong>de</strong> longitudinale observationnelle prospective en soins courants.<br />

Critères d’inclusion<br />

Toutes les <strong>patient</strong>es ayant une hystérectomie et acceptant une analgésie par MEOPA.<br />

Critères <strong>de</strong> <strong>non</strong> inclusion<br />

Contre-indication au MEOPA, refus <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e<br />

Critère <strong>de</strong> jugement principal<br />

Le critère <strong>de</strong> jugement principal était l’intensité <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> ressentie lors <strong>du</strong> geste. L’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> était mesurée avec une échelle numérique.<br />

Modalités <strong>de</strong> prise en charge et variables mesurées<br />

L’examen est réalisé par un mé<strong>de</strong>cin gynécologue assisté d’une infirmière qui se charge à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>patient</strong>e et <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>du</strong> matériel d’endoscopie. La disponibilité directe <strong>de</strong> l’IDE « à <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>patient</strong>e » est impossible car celle-ci ai<strong>de</strong> l’opérateur à réaliser l’examen.<br />

1 Unité <strong>douleur</strong> – Hôpital Trousseau – 75012 Paris<br />

2 Département <strong>de</strong> Gynécologie et obstétrique – Hôpital Trousseau – 75012 Paris<br />

3 <strong>CNRD</strong> – Hôpital Trousseau – 75012 Paris<br />

66


Le MEOPA est proposé à chaque femme après une explication <strong>du</strong> médicament et <strong>de</strong> son mo<strong>de</strong><br />

d’administration. Un accompagnement hypnotique spécifique a été proposé aux <strong>patient</strong>es en fonction<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> disponibilité <strong>de</strong> l’unité <strong>douleur</strong>. Dans ce cas le soignant <strong>de</strong> l’unité <strong>douleur</strong> se positionne à <strong>la</strong><br />

tête <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e.<br />

Dans un premier temps on lui suggère <strong>de</strong>s images qui favorisent le calme, <strong>la</strong> détente, le bien être. On<br />

renforce l’impression <strong>de</strong> dissociation : être en même temps ici et ailleurs, dans un endroit agréable. Au<br />

cours <strong>du</strong> geste on propose <strong>de</strong>s suggestions d’hypno analgésie plus précises que diminuent <strong>la</strong><br />

perception <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>. L’inha<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> MEOPA augmente <strong>la</strong> suggestibilité et <strong>la</strong> dissociation ce qui<br />

ai<strong>de</strong> les femmes à se <strong>la</strong>isser porter par l’imaginaire.<br />

Recueil <strong>de</strong>s données<br />

L’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et <strong>de</strong> l’anxiété a été mesurée à l’ai<strong>de</strong> d’une échelle numérique (EN) <strong>de</strong> 0 à 10.<br />

Pour l’anxiété, il était <strong>de</strong>mandé à <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e : « Est ce que vous pouvez donner une note entre 0 et 10<br />

à l’anxiété que vous ressentiez avant l’examen ?» (0 pas d’anxiété <strong>du</strong> tout, 10 très anxieuse).<br />

Analyses statistiques<br />

Les variables quantitatives sont données en moyenne et déviation standard (DS). Les variables<br />

qualitatives sont présentées en pourcentage. Pour les comparaisons, les variables quantitatives <strong>de</strong><br />

distribution normale étaient comparées avec un test t <strong>de</strong> Stu<strong>de</strong>nt et les variables <strong>non</strong> paramétriques<br />

avec un test <strong>de</strong> Mann-Whitney. Les variables qualitatives étaient comparées avec un test <strong>de</strong> Khi <strong>de</strong>ux.<br />

Résultats<br />

Cent quatorze femmes ont été incluses entre le 29 Mars et le 30 juillet 2010 et dans<br />

24 cas, l’hystéroscopie était effectuée avec l’accompagnement d’un membre <strong>de</strong> l’équipe <strong>douleur</strong>.<br />

Age moyen <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s était <strong>de</strong> 40.2 (8,3) ans.<br />

L’intensité moyenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> peur ressentie avant le geste était <strong>de</strong> 4,3 (2,7).<br />

L’intensité moyenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ressentie lors <strong>du</strong> geste était en moyenne <strong>de</strong> 3,8 (2,7).<br />

Il existe une faible corré<strong>la</strong>tion (r=0,2) entre le niveau <strong>de</strong> peur initial et <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ressentie lors <strong>du</strong><br />

geste (p=0,02).<br />

L’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> peur en fonction d’un accompagnement ou <strong>non</strong> par l’unité <strong>douleur</strong> est<br />

présentée dans le tableau 1. L’intensité douloureuse était plus importante dans le groupe sans<br />

accompagnement. L’âge moyen entre les groupes avec et sans accompagnement était respectivement<br />

<strong>de</strong> 41,4 (7,5) et 39,9 (8,6), sans différence significative.<br />

Tableau 1: Comparaison <strong>de</strong>s scores <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> et <strong>de</strong> peur en fonction <strong>de</strong> l’accompagnement ou <strong>non</strong><br />

par l’unité <strong>douleur</strong>. Test <strong>non</strong> paramétrique <strong>de</strong> Mann Whitney ; signification pour p≤0,05.<br />

Avec accompagnement Sans accompagnement p<br />

hypnotique (N=24) spécifique (N=90)<br />

EN <strong>douleur</strong> - Moy (DS) 2.8 (1,9) 4,1 (2,8) 0,03<br />

EN peur – Moy (DS) 4,2 (2,7) 4,3 (2,7) ns<br />

Deux praticiens ont réalisé 71% <strong>de</strong>s hystéroscopies (N=81), soit 40 pour l’un et 41 pour<br />

l’autre (33 données manquantes). Les scores <strong>de</strong> peur étaient respectivement <strong>de</strong> 4,3 (2,7) et 4,3<br />

(2,7) et les score <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong> 3,5 (2,5) et 4,3 (2,7), sans différence significative entre les<br />

groupes.<br />

Discussion<br />

Cette étu<strong>de</strong> préliminaire montre que malgré le MEOPA, l’hystéroscopie reste, modérément,<br />

douloureuse. Il est à noter que l’on ne retrouve pas <strong>de</strong> littérature concernant l’analgésie <strong>de</strong> cet examen<br />

par le MEOPA.<br />

67


La présence d’un accompagnement spécifique à un impact sur le niveau <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> alors que l’anxiété<br />

initiale n’est pas différente.<br />

Les scores <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> obtenus sont comparables à ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature. Lors <strong>de</strong>s hystéroscopies les<br />

scores moyens <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> varient entre 3.4 à 6.3/10 (DS = 2.2 à 3.4) [2]. L’efficacité <strong>de</strong> l’anesthésie<br />

locale dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> technique utilisée, le bloc para cervical apparaissant comme <strong>la</strong> meilleure<br />

technique [2].<br />

Cette étu<strong>de</strong> montre que l’accompagnement a un impact significatif sur l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>. Lang<br />

et al ont montré que lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalisation d’un examen endovascu<strong>la</strong>ire chez <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s ayant tous<br />

accès à une analgésie et sédation à volonté, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>xation hypnotique ré<strong>du</strong>isait à <strong>la</strong> fois l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> et les score d’anxiété par rapport aux <strong>patient</strong>s ayant une prise en charge standard [4]. Nos<br />

résultats vont dans ce sens. Au total lors d’une hystérectomie une prise en charge multimodale<br />

comprenant MEOPA et accompagnement hypnotique est un moyen antalgique efficace et re<strong>la</strong>tivement<br />

simple.<br />

References<br />

1 Hassan L, Gan<strong>non</strong> MJ. Anaesthesia and analgesia for ambu<strong>la</strong>tory hysteroscopy surgery.<br />

BPRCOG 2005; 19 (5):681-91.<br />

2 Cooper NAM, Khan KS, C<strong>la</strong>rk TJ. Local anaesthesia for pain control <strong>du</strong>ring out<strong>patient</strong><br />

hysterectomy: systematic review and meta-analysis. BMJ 2010;340:c1130<br />

doi:10.1136/bmj.c1130<br />

3 Yang J, Vil<strong>la</strong>novan B. Pain control in out<strong>patient</strong> hysteroscopy. Obstetrical Gynaecological<br />

Survey 2002:57(10): 693-702<br />

4 Lang EV, Benotsch EG, Fick LJ, Lutgendorf S, Berbaum ML, Berbaum KS, Logan H,<br />

Spiegel D. Adjunctive <strong>non</strong>-pharmacological analgesia for invasive medical proce<strong>du</strong>res: a<br />

randomised trial. Lancet 2000; 355:1486-90<br />

68


Prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite au mammotome en Imagerie Médicale<br />

C’est tellement plus beau…Quand on n’a pas mal…<br />

Brigitte Terrier*, Emmanuelle Berger** Service d’Imagerie Médicale. CHRA : Centre Hospitalier<br />

Régional d’Annecy (74)<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Prévenir, Evaluer et Sou<strong>la</strong>ger <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> sont aujourd’hui une obligation professionnelle et un<br />

<strong>de</strong>voir éthique pour tout soignant.<br />

La <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite par les gestes invasifs pratiqués en Imagerie Médicale et sa prise en charge sont<br />

mal connues. Dans notre pratique, force est <strong>de</strong> constater en effet que, lors <strong>de</strong> ces examens invasifs<br />

radiologiques, les soignants sont souvent désemparés <strong>de</strong>vant « cette <strong>douleur</strong> » exprimée, autant<br />

physique que psychique, génératrice d’anxiété et <strong>de</strong> stress ou majorée par ces mêmes troubles<br />

émotionnels. Les radiologues, semblent démunis <strong>de</strong>vant ce<strong>la</strong> et sont <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> protocoles<br />

antalgiques. Partant <strong>de</strong> ce constat, nous avons dans un 1 er temps réalisé un état <strong>de</strong>s lieux sur <strong>la</strong> prise en<br />

charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> dans notre service.<br />

Contexte :<br />

Dans notre nouvel hôpital ouvert en mai 2008, le service d’imagerie médicale occupe une superficie<br />

importante et est constitué <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière suivante : un p<strong>la</strong>teau technique avec 2 scanners, 5 salles <strong>de</strong><br />

radiologie dont 2 salles d’urgence, 3 salles d’échographie, 1 salle <strong>de</strong> mammographie, 1 salle <strong>de</strong><br />

mammotome. Le personnel paramédical et médical se composent <strong>de</strong> : 2 infirmières (dont une référente<br />

<strong>douleur</strong>), 29 manipu<strong>la</strong>teurs en radiologie dont une référente <strong>douleur</strong> et formée au mammotome, 4<br />

agents logistiques, 2 cadres <strong>de</strong> santé, 9 secrétaires, 10 mé<strong>de</strong>cins radiologues pratiquant le<br />

mammotome.<br />

Première étape : février 2009<br />

Pendant 6 mois nous avons recensé les actes potentiellement douloureux et anxiogènes réalisés dans<br />

notre service. Au total 369 actes ont été réalisés dont 17% <strong>de</strong> ponctions, 15% d'infiltration et 14%<br />

d'actes <strong>de</strong> repérage dans le sein.<br />

Deuxième étape : mars 2009<br />

A <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> cette 1 ère étape, nous avons mis en p<strong>la</strong>ce une enquête d'opinion auprès <strong>de</strong>s soignants<br />

médicaux et paramédicaux sur leur perception <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> liée aux actes <strong>de</strong> radiologie.<br />

Une liste <strong>de</strong> 13 actes a été proposée et chacun <strong>de</strong>vait estimer <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et l’anxiété liées au geste selon<br />

une échelle numérique <strong>de</strong> 0 à 10. Chaque soignant <strong>de</strong>vait donner également son propre <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

satisfaction par rapport à <strong>la</strong> prise en charge actuelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> dans le service. Nous avons obtenu<br />

un taux <strong>de</strong> réponse <strong>de</strong> 95%, aucun <strong>de</strong>s actes listés n'a été estimé ni complètement indolore ni<br />

complètement <strong>non</strong> anxiogène. 52,8% <strong>de</strong>s répondants étaient satisfaits à très satisfaits <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en<br />

charge actuelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite par les actes en imagerie interventionnelle.<br />

La macro biopsie <strong>du</strong> sein a été estimée douloureuse entre 4 et 5/10 dans 57% <strong>de</strong>s cas et ≥ 6 dans 31%<br />

<strong>de</strong>s cas. Les biopsies mammaires (micro et macro) ont été estimées anxiogènes ≥ à 6 dans 76% <strong>de</strong>s<br />

cas. Ces résultats concordaient avec les témoignages <strong>de</strong> plusieurs <strong>patient</strong>es et nous ont incité à<br />

poursuivre notre démarche d'amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> lors <strong>de</strong> nos actes en<br />

sénologie.<br />

*Infirmière référente <strong>douleur</strong><br />

** Manipu<strong>la</strong>trice en Imagerie, référente <strong>douleur</strong><br />

69


Troisième étape : avril 2009-début 2010<br />

Nous avons choisi d'axer notre travail autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> macro biopsie mammaire sur table dédiée, plus<br />

communément appelé Mammotome. Cet examen est effectué en général, à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mammographie <strong>de</strong> dépistage qui s’est avérée « douteuse ». En effet, <strong>la</strong> présence d’images évocatrices<br />

<strong>de</strong> cancer entraîne un prélèvement tel que <strong>la</strong> macro biopsie. Cet examen ne nécessite pas<br />

d’hospitalisation. Il se déroule <strong>de</strong> 2 manières différentes selon <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> <strong>la</strong> lésion à biopsier :<br />

- Sous contrôle mammographique (stéréotaxie) :<br />

La <strong>patient</strong>e est allongée à p<strong>la</strong>t ventre sur une table d’examen. Une ouverture dans <strong>la</strong> table permet le<br />

passage <strong>du</strong> sein pour son immobilisation. L’équipe médicale localise alors <strong>la</strong> lésion sur l’écran<br />

informatique à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s clichés mammographiques.<br />

- Sous guidage échographique :<br />

La <strong>patient</strong>e est allongée sur le dos, le radiologue repère <strong>la</strong> lésion sur l’écran <strong>de</strong> son échographe grâce à<br />

une son<strong>de</strong> échographique mammaire. Dans les 2 cas, après une anesthésie locale et une courte<br />

incision, l’aiguille est intro<strong>du</strong>ite dans <strong>la</strong> zone choisie, les prélèvements sont recueillis avant d’être<br />

analysés. La procé<strong>du</strong>re <strong>du</strong>re entre 20 et 45 min.<br />

Objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> troisième étape<br />

1 - Evaluer les conditions <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> macro biopsie <strong>du</strong> sein<br />

2 - Mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s mesures correctives afin d’en améliorer <strong>la</strong> prise en charge.<br />

3 - Mesurer le niveau <strong>de</strong> satisfaction <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es ayant bénéficié <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> correction<br />

Méthodologie<br />

Notre projet a été é<strong>la</strong>boré et réalisé par les référentes <strong>douleur</strong>, soutenues par les infirmiers ressources<br />

<strong>douleur</strong> (IRD) <strong>de</strong> l’antenne <strong>douleur</strong> <strong>de</strong> l’établissement et aidées sur le p<strong>la</strong>n méthodologique par le<br />

<strong>CNRD</strong>.<br />

1- Repérage <strong>de</strong>s manques et dysfonctionnements :<br />

A chaque temps, AVANT, PENDANT et APRES : nous avons effectué une <strong>de</strong>scription détaillée <strong>du</strong><br />

rôle <strong>de</strong> chaque intervenant, <strong>de</strong>s modalités d’accueil, <strong>de</strong> l’information donnée au <strong>patient</strong>, <strong>de</strong><br />

l’instal<strong>la</strong>tion, <strong>de</strong> l’environnement, <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> confort, <strong>du</strong> déroulement <strong>de</strong> l’examen (matériel,<br />

parcours <strong>patient</strong>, manipu<strong>la</strong>tions), <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, <strong>de</strong>s moyens médicamenteux ou <strong>non</strong> à<br />

visée antalgique ou sédative utilisés, <strong>de</strong>s facteurs humains et environnementaux. (Cf. Annexe 1)<br />

Cette réflexion nous a permis <strong>de</strong> repérer les manques et/ou dysfonctionnements et <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce<br />

les actions correctives (en fonction <strong>de</strong>s ressources et <strong>de</strong>s moyens <strong>du</strong> service) selon un échéancier<br />

d’objectifs à atteindre ; certains ont été réalisés, d’autres sont en cours. (Cf. Annexe 1 Bis)<br />

2 - Mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s axes d’amélioration :<br />

Moyens médicamenteux :<br />

E<strong>la</strong>boration d'un nouveau protocole d’anesthésie locale : Lidocaïne et bicarbonate <strong>de</strong> sodium.<br />

Une enquête préa<strong>la</strong>ble effectuée en Avril 2009 sur 12 biopsies (micro et macro) mammaires confirmait<br />

<strong>la</strong> présence d’une sensation <strong>de</strong> brûlure et d’inconfort lors <strong>de</strong> l’anesthésie locale avec <strong>la</strong> Xylocaïne<br />

seule (toutes les <strong>patient</strong>es étaient unanimes et donnaient un score moyen <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> à 4 sur une échelle<br />

numérique <strong>de</strong> 0 à 10). Les IRD <strong>de</strong> l’antenne <strong>douleur</strong> nous ont communiqué un protocole utilisé dans<br />

un établissement <strong>de</strong> santé voisin. Nous l’avons testé avec succès, adopté et fait vali<strong>de</strong>r pour le CHRA.<br />

(Cf. Annexe 2)<br />

Environnement :<br />

Des améliorations ont été apportées au sein <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong>stiné à <strong>la</strong> mammographie : Un salon<br />

d’attente convivial a été créé, avec <strong>de</strong>s revues, <strong>de</strong>s fleurs et <strong>du</strong> café à disposition.<br />

Les portes <strong>de</strong>s salles d’examen ont été agrémentées <strong>de</strong> stickers floraux ; les cabines ont été équipées<br />

<strong>de</strong> miroir, <strong>de</strong> patères et <strong>de</strong> revues.<br />

70


La salle d’examen possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’eau froi<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s cales et <strong>de</strong>s mousses ainsi qu’une couverture po<strong>la</strong>ire<br />

pour le confort <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es. Dés que possible <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>trice qui réalise l’examen sera secondée par<br />

une collègue pour une prise en charge optimale <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es.<br />

Formations <strong>du</strong> personnel :<br />

Pratique <strong>du</strong> Mammotome : 5 manipu<strong>la</strong>trices seulement <strong>du</strong> service d’imagerie médicale d’Annecy<br />

sont formées à <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong> cet examen.<br />

Utilisation <strong>du</strong> MEOPA : 2 infirmières, 27 manipu<strong>la</strong>teurs sur 29 sont formés par les IRD <strong>de</strong> l’antenne<br />

<strong>douleur</strong>, à l’utilisation <strong>du</strong> MEOPA (mé<strong>la</strong>nge équimo<strong>la</strong>ire d’oxygène et <strong>de</strong> protoxy<strong>de</strong> d’azote) <strong>de</strong>puis<br />

novembre 2009 (toutes celles qui pratiquent le mammotome ont bénéficié <strong>de</strong> cette formation).<br />

Techniques <strong>non</strong> pharmacologiques : Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> formations collectives ou indivi<strong>du</strong>elles<br />

« hypnose » n’ont pas été retenues au p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> formation 2010, n’étant pas une priorité dans les axes<br />

retenus pour l’établissement.<br />

DU <strong>douleur</strong> : Cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> formation pour <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>trice référente n’a également pas été<br />

retenue pour l’année 2010, par <strong>la</strong> formation continue <strong>de</strong> l’établissement. Actuellement, nous<br />

sollicitons <strong>la</strong> fondation APICIL pour financer <strong>de</strong>s formations à l’hypnoanalgésie afin <strong>de</strong> d’optimiser<br />

notre projet.<br />

3 - Mesure <strong>du</strong> niveau <strong>de</strong> satisfaction <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es<br />

Une enquête auprès <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es ayant eu une macro ou micro biopsie a été réalisée sur une pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> 4 mois (mi-février à fin mai 2010) pour évaluer l’impact <strong>de</strong>s améliorations entreprises. Un<br />

questionnaire spécifique a été é<strong>la</strong>boré, il recueil<strong>la</strong>it l'âge <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es, l'information reçue au<br />

préa<strong>la</strong>ble, le type <strong>de</strong> prémédication, le type d'examen, l'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, <strong>de</strong> l'anxiété et le taux<br />

<strong>de</strong> satisfaction global vis à vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

L'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et <strong>de</strong> l'anxiété a été mesurée à l'ai<strong>de</strong> d'une échelle numérique. (0= absence<br />

<strong>de</strong> <strong>douleur</strong>/d'anxiété; 10=<strong>douleur</strong>/anxiété majeure). Une EN ≤ 3/10 correspondait à une anxiété faible<br />

ou absente, une EN≥ 4/10 correspondait à une anxiété présente, modérée pour une EN entre 4 et 6 et<br />

forte à très forte au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> 7. Il était <strong>de</strong>mandé aux <strong>patient</strong>es d'évaluer leur anxiété par rapport au geste<br />

lui-même et par rapport aux résultats <strong>de</strong> l'examen. L'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> a été réalisée à 3 temps<br />

<strong>de</strong> l'examen : T 0, 5' avant l'instal<strong>la</strong>tion sur <strong>la</strong> table, T1, au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> biopsie et T2, 5' après le<br />

retrait <strong>de</strong> l'aiguille. (Cf. Annexe 3).<br />

Résultats<br />

Parmi les 23 <strong>patient</strong>es incluses, 16 avaient eu une macro biopsie mammaire (M) et 7 une micro biopsie<br />

mammaire (m). L'âge moyen <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es était <strong>de</strong> 58 ans (extrêmes: 18-84). Parmi ces <strong>patient</strong>es, 96 %<br />

avaient reçu une information avant l'examen, écrite et orale dans 35% <strong>de</strong>s cas.<br />

Les 16 <strong>patient</strong>es (M) avaient pris un traitement homéopathique les 2 jours précédant l'examen selon le<br />

protocole en vigueur dans le service. (Arnica 9CH, Bellis Perennis 9 CH, Gelsemium 15 CH, Ignatia<br />

15 CH).<br />

Les 7 <strong>patient</strong>es (m) n'avaient rien reçu, cet examen étant souvent pratiqué dans les suites immédiates<br />

d’une mammographie.<br />

Toutes les <strong>patient</strong>es ont eut une anesthésie locale selon le nouveau protocole, (lidocaïne + bicarbonate<br />

<strong>de</strong> sodium).<br />

71


Tableau 1 : <strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong> l’anxiété mesurée par EN<br />

EN Anxiété vis à vis <strong>du</strong> geste Anxiété vis à vis <strong>du</strong> résultat<br />

(M+m)<br />

n=23<br />

(M seule)<br />

n=16<br />

(m seule)<br />

n=7<br />

(M+m)<br />

n=21<br />

(M seule)<br />

n=14<br />

(m seule)<br />

n=7<br />

≤ 3/10 – N (%) 12 (52) 9 (56) 3 (43) 7 (33) 4 (28) 3 (43)<br />

≥ 4/10 – N(%)<br />

Entre 4 et 6/10<br />

≥ 7/10<br />

11 (48)<br />

8<br />

3<br />

7 (44)<br />

5<br />

2<br />

4 (57)<br />

3<br />

1<br />

14 (67)<br />

6<br />

8<br />

Sans réponse –N (%) 2 2<br />

EN : Echelle Numérique, M : macro biopsies, m : micro biopsies<br />

10 (72)<br />

5<br />

5<br />

4 (57)<br />

1<br />

3<br />

Tableau 2 : Mesure <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

N= 23 T0 T1 T2<br />

EN – Moy [extrêmes] 1,6 [0-3] 3,4 [0-10] 2 [0-3]<br />

Concernant <strong>la</strong> satisfaction globale vis à vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, 21 <strong>patient</strong>es<br />

ont été satisfaites à très satisfaites. Aucune n’a signalé <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> liée à l’anesthésie locale.<br />

Discussion conclusion<br />

Ce travail a montré que le mammotome est source <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> et d’anxiété pour les <strong>patient</strong>es,<br />

particulièrement pour l'anxiété liée aux résultats puisque 8 <strong>patient</strong>es sur 21 (38%) ont un score<br />

supérieur ou égal à 7/10. Cette enquête ne concerne qu'un petit échantillon <strong>de</strong> <strong>patient</strong>es mais nous<br />

encourage à poursuivre nos actions d'amélioration. Une attitu<strong>de</strong> observationnelle puis<br />

interventionnelle ciblée, re<strong>la</strong>tivement simple a permis l'amélioration <strong>de</strong> nos pratiques. La réflexion doit<br />

se poursuivre car tout n’est pas résolu. Comment, en effet, limiter cette anxiété liée aux résultats?<br />

Voilà un autre défi !<br />

Au total, réflexion, questionnement, analyses, recherches <strong>de</strong> solutions ont été les ingrédients qui ont<br />

fait évoluer <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> et <strong>de</strong> l’anxiété qu’engendrent les biopsies mammaires.<br />

À notre connaissance, peu <strong>de</strong> services d’Imagerie Médicale se sont intéressés à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite.<br />

Pourtant, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s gestes invasifs en radiologie interventionnelle, ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus<br />

en plus nécessaire. Le développement <strong>de</strong>s compétences dans <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>du</strong> <strong>patient</strong><br />

est bien plus difficile et complexe que <strong>la</strong> seule maîtrise <strong>du</strong> geste pour les soignants.<br />

La prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est gage <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s soins (HAS ; critère qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> certification<br />

<strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong> santé) ; le sou<strong>la</strong>gement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est un <strong>de</strong>s 3 indicateurs particulièrement<br />

significatifs, dits « traceurs » qu'il faut respecter envers les <strong>patient</strong>s, au même titre que les droits à<br />

l’information et au respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> dignité (actes <strong>de</strong> bienveil<strong>la</strong>nce).<br />

La <strong>douleur</strong> et/ou l’anxiété in<strong>du</strong>ite(s) par les actes invasifs en imagerie médicale n’échappe pas à cette<br />

règle. Elle permet et permettra <strong>de</strong> travailler dans un climat <strong>de</strong> confiance, <strong>de</strong> confort, <strong>de</strong> sérénité et <strong>de</strong><br />

sécurité pour le « bien-être » <strong>de</strong> tous, soignés comme soignants. La satisfaction (recherchée) <strong>de</strong>s<br />

<strong>patient</strong>s ne pourra, par ailleurs, qu’améliorer l’image <strong>du</strong> secteur publique trop souvent décriée…<br />

72


Ce travail initié autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> macro biopsie mammaire (<strong>de</strong> part l’é<strong>la</strong>n qu’il a généré au sein <strong>de</strong><br />

l’équipe, à vouloir « faire mieux » et <strong>de</strong> <strong>la</strong> satisfaction exprimée par une majorité <strong>de</strong> <strong>patient</strong>es sur les<br />

conditions <strong>de</strong> prise en charge) doit nous servir <strong>de</strong> tremplin pour é<strong>la</strong>rgir et améliorer d’autres pratiques<br />

radiologiques in<strong>du</strong>isant une <strong>douleur</strong>, d’é<strong>la</strong>rgir au service <strong>de</strong>s urgences (en re<strong>la</strong>tion directe avec nous)<br />

et enfin à <strong>de</strong> nombreux services <strong>de</strong> l’hôpital.<br />

Le rêve d’une administration <strong>non</strong> soumise à d’éternelles contraintes budgétaires, pourrait nous former<br />

à <strong>de</strong>s techniques <strong>non</strong> médicamenteuses (hypno analgésie par exemple) dont l’efficacité n’est plus à<br />

prouver dans ces situations et qui ne feraient qu’optimiser <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> cet examen très<br />

anxiogène. C’est un besoin, pour ne pas dire une nécessité, afin d’entretenir, entre autres, <strong>la</strong> motivation<br />

qui nous « habite » encore.<br />

Nous tenions à remercier :<br />

- le <strong>CNRD</strong> pour l’attention portée à notre projet et Patricia Cimerman qui par son ai<strong>de</strong><br />

méthodologique et <strong>de</strong> nombreux échanges, nous a permis <strong>de</strong> réaliser ce travail.<br />

- Tony Nathiez pour son ai<strong>de</strong> précieuse et l’antenne <strong>douleur</strong> pour son appui inconditionnel.<br />

- Nos cadres, nos chefs <strong>de</strong> service, toute l’équipe <strong>de</strong> l’Imagerie Médicale qui nous ont encouragé dans<br />

notre démarche et ont contribué aux différentes enquêtes et aux recueils <strong>de</strong> données sans oublier le<br />

service <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité (S.Marc et A.Chesnau) pour le traitement <strong>de</strong> celles-ci.<br />

Références<br />

- Revue psycho-oncologie, Édition Springer Paris : Intérêt <strong>de</strong> l’hypnose en sénologie.<br />

Volume 1, N°2/Juin 2007, pages 105 à 108. V. Bouté, Y.Halfon, F.Gagean.<br />

- Journal <strong>de</strong> radiologie, volume 88, N°10, p13 84, Octobre 2007 : Intérêt <strong>de</strong> l’hypnose dans <strong>la</strong><br />

prise en charge <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es ayant <strong>de</strong>s macrobiopsies <strong>du</strong> sein pour <strong>de</strong>s lésions infracliniques<br />

- P<strong>la</strong>nète Mammotome, lettre d’information <strong>de</strong> mars 2010:<br />

- Thurley P. et al, « Patient satisfaction and efficacy of vacuum-assisted excision biopsy of<br />

fibroa<strong>de</strong>nomas », ClinicalRadiology (2009)64 ; pp 381-385 ,<br />

- Fine R.E et al., « Low risk palpable breast masses removed using a vacuum-assisted handheld<br />

<strong>de</strong>vice », The American Journal of Surgery 186 (2003); pp 362-367.<br />

- Krainick-Strobel U. et al.; “Complete extirpation of benign breast lesions with an<br />

ultrasound-gui<strong>de</strong>d vacuum biopsy system”, Ultrasound Obstet Gynecol (2007) 29; pp 342-<br />

346.<br />

- Steib A, Bartier JC : utilisation <strong>du</strong> Meopa en radiologie interventionnelle, Douleurs, 2005,<br />

6,4-Cahier 2<br />

- P<strong>la</strong>n <strong>douleur</strong> 2002-2006, 2006-2010 accessible sur le site <strong>du</strong> Ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé et <strong>de</strong>s<br />

Sports http://www.sante-sports.gouv.fr/<strong>la</strong>-<strong>douleur</strong>.html<br />

- Circu<strong>la</strong>ire DGS/DH/DASN°99/84 <strong>du</strong> 11.02.1999<br />

- Thibault P ; Cimerman.P (2008), « Douleur liée aux soins : prévention et prise en charge »<br />

Objectif Soins (166) :34-39.<br />

- Thibault P, Cimerman.P (2008) « Douleur liée aux soins » L’infirmière magazine. Cahier<br />

<strong>de</strong> formation continue (236) : I-XIX.<br />

73


Annexe 1, 1 bis<br />

74


Annexe 2<br />

75


Annexe 3<br />

Douleurs faites aux femmes :<br />

76


Douleurs faites aux femmes :<br />

Interruption volontaire <strong>de</strong> grossesse et épisiotomies<br />

Docteur Franck LEONARD Service <strong>de</strong> gynéco obstétrique - Centre Hospitalier <strong>de</strong> CAHORS<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

En France, chaque année, 200.000 femmes ont recours à l’Interruption Volontaire <strong>de</strong> Grossesse<br />

(IVG), et sur les 700.000 naissances qui ont lieu, 180.000 nécessitent le recours à une épisiotomie.<br />

Deux moments dans <strong>la</strong> vie d’une femme, <strong>de</strong>ux situations très différentes, qui pourtant se rejoignent,<br />

car sont génératrices <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s ayant un impact potentiellement négatif sur <strong>la</strong> féminité.<br />

Et pourtant, <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> occasionnée par ces gestes quotidiens reste mal étudiée. Il existe peu d’articles<br />

spécifiques scientifiques qui s’intéressent à ces <strong>de</strong>ux sujets.<br />

Ce travail a pour objectif, à partir d’une revue <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature <strong>de</strong>s données existantes et d’une<br />

expérience personnelle, <strong>de</strong> proposer divers protocoles et pistes <strong>de</strong> réflexion, afin d’améliorer <strong>la</strong> prise<br />

en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> au cours <strong>de</strong> l’IVG et <strong>de</strong> l’épisiotomie.<br />

Seront également présentés les différents types <strong>de</strong> possibilités <strong>de</strong> traitement chirurgical liés aux<br />

<strong>douleur</strong>s chroniques et dyspareunies, séquel<strong>la</strong>ires d’une épisiotomie.<br />

1 - Interruptions volontaires <strong>de</strong> grossesse : Prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

Il existe 3 techniques permettant <strong>de</strong> réaliser une interruption volontaire <strong>de</strong> grossesse :<br />

- L’interruption volontaire <strong>de</strong> grossesse par métho<strong>de</strong> médicamenteuse.<br />

- L’interruption volontaire <strong>de</strong> grossesse par métho<strong>de</strong> chirurgicale sans anesthésie générale.<br />

- L’interruption volontaire <strong>de</strong> grossesse par métho<strong>de</strong> chirurgicale avec anesthésie générale.<br />

IVG par métho<strong>de</strong> médicamenteuse<br />

La réalisation d’une interruption volontaire <strong>de</strong> grossesse par métho<strong>de</strong> médicamenteuse répond à <strong>de</strong>s<br />

protocoles simples dont les règles ont été présentées par l’ANAES dans son rapport <strong>de</strong> 2001. Pour<br />

mémoire, il s’agit <strong>de</strong> donner un comprimé <strong>de</strong> Mifépristone 200 mg (mifegyne ® ), puis, 48 heures plus<br />

tard, 800 mg <strong>de</strong> Misoprostol (Cytotec ® ) par voie orale ou intra-vaginale. La <strong>douleur</strong> est <strong>du</strong>e aux<br />

contractions utérines que ces médicaments provoquent. Le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est <strong>la</strong>issé libre, à<br />

l’appréciation <strong>du</strong> clinicien, il est généralement conseillé <strong>de</strong> prescrire un antalgique <strong>de</strong> niveau 1 (type<br />

Paracétamol) associé à un anti-inf<strong>la</strong>mmatoire <strong>non</strong> stéroïdien. Plusieurs étu<strong>de</strong>s randomisées ont montré<br />

que, les effets secondaires liés à l’administration <strong>de</strong> Misoprostol étaient moindres par voie vaginale<br />

que par voie orale. Il est donc conseillé <strong>de</strong> prescrire l’administration <strong>de</strong> Misoprostol par voie vaginale.<br />

Peu d’étu<strong>de</strong>s se sont intéressées à l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> lors d’une IVG par métho<strong>de</strong><br />

médicamenteuse. Il n’existe à ce jour aucune étu<strong>de</strong> randomisée ayant comparé différents protocoles<br />

pour évaluer leur efficacité concernant l’administration d’antalgique au cours d’une IVG par métho<strong>de</strong><br />

médicamenteuse.<br />

Une étu<strong>de</strong> prospective française a été menée à St Laurent <strong>du</strong> Maroni (Guyane française) concernant <strong>la</strong><br />

pratique <strong>de</strong> l’IVG médicamenteuse chez <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es dont le terme <strong>de</strong> grossesse est situé entre 9 et 14<br />

semaines d’aménorrhée, bien au-<strong>de</strong>là <strong>du</strong> terme préconisé par l’ANAES dans son rapport <strong>de</strong> 2001. Le<br />

protocole anatalgique utilisait <strong>de</strong> <strong>la</strong> Nalbuphine à <strong>la</strong> posologie <strong>de</strong> 0,3 mg /kg en comprimé sublingual.<br />

Dans l’effectif assez faible <strong>de</strong> <strong>patient</strong>es incluses, <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> a été très<br />

satisfaisante bien que les termes soient supérieurs à ceux pratiqué habituellement en France<br />

(métropolitaine).<br />

Nous n’avons aucune expérience personnelle sur l’utilisation <strong>de</strong> dérivés opiacés en systématique, dans<br />

le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> liée à l’IVG médicamenteuse. Il serait très intéressant <strong>de</strong> mener une étu<strong>de</strong><br />

randomisée comparant différents protocoles thérapeutiques (traitement standard versus opiacés) dans<br />

cette indication.<br />

77


Dans notre service, nous utilisons le protocole suivant :<br />

Mifépristone 200 mg par voie orale 48 heures avant <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> 2 comprimés <strong>de</strong> Misoprostol à 200 mg<br />

par voie vaginale, associés à <strong>la</strong> prise systématique, dès <strong>la</strong> prise <strong>de</strong>s comprimés <strong>de</strong> Misoprostol, <strong>de</strong><br />

Paracétamol 1gr x 3 pendant 48 heures, Ibuprofène 400 mg x 3 pendant 48 heures, et Lexomil ½<br />

comprimé au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> Misoprostol.<br />

Nous allons prochainement démarrer une étu<strong>de</strong> prospective afin d’évaluer les <strong>douleur</strong>s liées à l’IVG<br />

par métho<strong>de</strong> médicamenteuse, avec le protocole actuel.<br />

IVG par métho<strong>de</strong> chirurgicale<br />

L’IVG par métho<strong>de</strong> chirurgicale peut se faire avec ou sans anesthésie générale.<br />

La littérature est pauvre sur ce sujet. Les experts <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cochrane Data Base ont publié en 2009 une<br />

revue exhaustive <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature sur <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> au cours d’une IVG par métho<strong>de</strong><br />

chirurgicale.<br />

Ce travail montre que plusieurs traitements semblent efficaces pour diminuer <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> liée à<br />

l’aspiration. Le premier d’entre eux est bien évi<strong>de</strong>mment l’anesthésie générale.<br />

Lorsque l’IVG est pratiquée sans anesthésie générale, plusieurs traitements sont efficaces :<br />

- Les traitements <strong>non</strong> médicamenteux et notamment l’écoute <strong>de</strong> musique pendant le geste chirurgical.<br />

- La prise d’anxiolytique dans l’heure précédant le geste (Diazépam et ses dérivés), <strong>la</strong> prise d’antiinf<strong>la</strong>mmatoires<br />

nos stéroïdiens 1 heure avant <strong>de</strong> débuter le geste (Kétoprofène, Ibuprofène).<br />

La pratique systématique d’un bloc para-cervical ne permet pas <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire <strong>de</strong> façon significative <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> engendrée par <strong>la</strong> di<strong>la</strong>tation cervicale et l’aspiration. Cependant, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s postérieures à ce<br />

travail montrent qu’une infiltration plus profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lidocaïne et qu’une augmentation <strong>de</strong>s doses<br />

améliore significativement <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> ressentie pendant le geste. L’application <strong>de</strong> Lidocaïne en gel<br />

sur le col avant l’aspiration a été étudiée dans un essai randomisé. Celle-ci n’apporte pas<br />

d’amélioration significative quant à <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s. Cependant, on peut regretter que le<br />

geste soit pratiqué dans un dé<strong>la</strong>i trop court après l’application <strong>de</strong> Lidocaïne. D’autres étu<strong>de</strong>s<br />

mériteraient d’être menées en augmentant le dé<strong>la</strong>i entre <strong>la</strong> pose <strong>du</strong> gel et le début <strong>de</strong> l’aspiration.<br />

La pratique <strong>de</strong> l’IVG par métho<strong>de</strong> chirurgicale sans anesthésie générale <strong>de</strong>vrait être encouragée et<br />

enseignée en France. En effet, il est connu <strong>de</strong>puis longtemps que lorsqu’une aspiration est nécessaire,<br />

l’anesthésie générale augmente <strong>de</strong> façon très significative le risque <strong>de</strong> complication post-opératoire à<br />

type <strong>de</strong> perforation, péritonite, hémorragie, sans amélioration <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l’IVG ou diminution <strong>du</strong><br />

taux d’échecs.<br />

Il paraît intéressant <strong>de</strong> suivre l’exemple <strong>de</strong> nos confrères guyanais et d’étendre <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong> l’IVG<br />

par métho<strong>de</strong> médicamenteuse, pour les <strong>patient</strong>es qui le souhaitent, au-<strong>de</strong>là <strong>du</strong> dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> 9 semaines<br />

d’aménorrhée, recommandée actuellement en France.<br />

Dans notre service, l’IVG par métho<strong>de</strong> médicamenteuse est systématiquement proposée aux <strong>patient</strong>es<br />

jusqu’au terme <strong>de</strong> 8 semaines d’aménorrhée révolues. Au-<strong>de</strong>là, nous utilisons les métho<strong>de</strong>s<br />

chirurgicales. Les IVG sont pratiquées, pour les <strong>patient</strong>es qui le souhaitent, sans anesthésie générale<br />

jusqu’à 12 semaines d’aménorrhée.<br />

Le protocole utilisé est le suivant :<br />

Prise <strong>de</strong> Mifépristone 48 heures avant le geste le matin <strong>de</strong> l’intervention, prise d’1/2 comprimé <strong>de</strong><br />

Lexomil ® associé à un comprimé <strong>de</strong> Profénid ® 100 mg et à 2 comprimés <strong>de</strong> Paracétamol.<br />

Il est également <strong>de</strong>mandé à <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e <strong>de</strong> p<strong>la</strong>cer 2 comprimés <strong>de</strong> Misoprostol à l’intérieur <strong>du</strong> vagin 2<br />

heures avant <strong>la</strong> réalisation <strong>du</strong> geste.<br />

Une étu<strong>de</strong> est en cours afin d’évaluer <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> liée à <strong>la</strong> pratique d’une IVG par métho<strong>de</strong> chirurgicale.<br />

Les résultats préliminaires montrent une EVA entre 3 et 4, et 2 au moment <strong>de</strong> l’aspiration. L’EVA est<br />

à 3, une heure après le geste chirurgical et à 2, vingt-quatre heures après. Nous n’avons interrompu<br />

aucune procé<strong>du</strong>re à cause <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s ressenties par <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e. Sur 30 <strong>patient</strong>es, 2 ont dû bénéficier<br />

78


d’une aspiration chirurgicale dans les 10 jours suivant le geste opératoire, l’un pour saignements,<br />

l’autre pour rétention intra-cavitaire.<br />

Conclusion<br />

Les points suivant peuvent être retenus :<br />

Il existe un manque <strong>de</strong> donnée assez criant sur le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> liée à l’IVG par métho<strong>de</strong><br />

médicamenteuse. Il est nécessaire <strong>de</strong> soutenir et <strong>de</strong> favoriser le développement <strong>de</strong> l’IVG chirurgicale<br />

sans anesthésie générale, technique qui permet une IVG complète avec <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s acceptables, mais<br />

qui restent encore trop méconnues à ce jour en France.<br />

2 - Prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> lors d’une épisiotomie<br />

En France, près <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong>s accouchements nécessitent <strong>la</strong> pratique d’une épisiotomie médio-<strong>la</strong>térale<br />

droite. Ces valeurs sont nettement supérieures à celles recommandées par le Collège National <strong>de</strong>s<br />

Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF).<br />

Les recommandations émises en 2006 fixent en effet le seuil à 30 % <strong>de</strong>s accouchements pratiqués par<br />

les voies naturelles. Ceci semble tout à fait réalisable puisque certaines équipes ayant cette culture <strong>de</strong><br />

l’accouchement sans épisiotomie, le Centre Hospitalier Universitaire <strong>de</strong> Besançon rapporte <strong>de</strong>s taux à<br />

3,5 %. Dans notre équipe, actuellement, 18 % <strong>de</strong>s accouchements sont associés à <strong>la</strong> pratique d’une<br />

épisiotomie. Actuellement en France, <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>la</strong> plus efficace contre les <strong>douleur</strong>s liées à<br />

l’épisiotomie, c’est à dire « l’absence d’épisiotomie », est <strong>la</strong> moins utilisée.<br />

Il faut ensuite distinguer plusieurs cas <strong>de</strong> figure :<br />

- <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> aiguë entraînée par l’épisiotomie.<br />

- les <strong>douleur</strong>s <strong>du</strong> post-partum immédiat.<br />

- les <strong>douleur</strong>s chroniques et les dyspareunies (<strong>douleur</strong> lors <strong>de</strong>s rapports).<br />

La <strong>douleur</strong> aiguë générée par l’épisiotomie est en général bien prise en charge puisqu’elle est réalisée<br />

<strong>la</strong> plupart <strong>du</strong> temps sous péri<strong>du</strong>rale.<br />

Cependant, il existe un certain nombre <strong>de</strong> situations (souhait <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e, travail rapi<strong>de</strong>, anesthésiste<br />

<strong>non</strong> disponible) où l’épisiotomie est réalisée sans analgésie péri<strong>du</strong>rale. C’est dans cette situation que<br />

<strong>la</strong> pratique d’une analgésie <strong>de</strong>s nerfs honteux peut trouver sa p<strong>la</strong>ce. Celle-ci est re<strong>la</strong>tivement simple à<br />

pratiquer, l’injection <strong>de</strong> 10 mg <strong>de</strong> Xilocaïne ® 1 % adrénalinée à proximité <strong>de</strong> l’épine sacro sciatique<br />

<strong>du</strong> nerf honteux. Il n’existe pas d’étu<strong>de</strong> à ma connaissance évaluant <strong>de</strong> façon indiscutable le bénéfice<br />

d’une ai<strong>de</strong> analgésique.<br />

Cependant, dans <strong>la</strong> pratique personnelle, l’analgésie <strong>du</strong> nerf honteux pratiquée chez <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es sans<br />

analgésie péri<strong>du</strong>rale et pour lesquelles une extraction instrumentale est nécessaire, s’avère<br />

re<strong>la</strong>tivement efficace puisque <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> l’épisiotomie et <strong>la</strong> suture <strong>de</strong> celle-ci ne<br />

nécessitent pas d’anesthésie locale par infiltration <strong>de</strong>s berges <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ie par Xilocaïne ® secondaire.<br />

Malheureusement, cette pratique, pourtant bien connue <strong>de</strong> nos prédécesseurs est tombée en désuétu<strong>de</strong><br />

et reste peu utilisée. Il serait donc intéressant d’évaluer son efficacité, et, une fois celle-ci confirmée,<br />

d’enseigner sa réalisation et <strong>de</strong> favoriser sa diffusion.<br />

Pour le post-partum immédiat, l’existence d’une épisiotomie est génératrice <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s.<br />

Cette <strong>douleur</strong> est parfois <strong>non</strong> ou mal traitée, surtout en raison d’un al<strong>la</strong>itement maternel concomitant.<br />

Il a été réalisé une <strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong>s Pratiques Professionnelles concernant « Douleurs et Al<strong>la</strong>itement à<br />

l’Hôpital <strong>de</strong> Cahors ». Celle-ci a permis l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> dans le post-partum et <strong>la</strong> mise en<br />

p<strong>la</strong>ce d’un protocole permettant le traitement efficace <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s <strong>du</strong> post-partum, qui, semblent<br />

majoritairement liées à l’épisiotomie. Ces résultats montrent que, chez les <strong>patient</strong>es souhaitant al<strong>la</strong>iter<br />

et, à fortiori, chez celle qui ne le souhaitent pas, une prise en charge efficace <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est possible.<br />

Cependant, les <strong>douleur</strong>s les plus invalidantes posées par les épisiotomies ne sont pas <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s<br />

aiguës mais <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s chroniques et <strong>de</strong>s dyspareunies que celles-ci peuvent entraîner. La fréquence<br />

<strong>de</strong> l’épisiotomie et <strong>de</strong>s séquelles douloureuses qu’elle peut provoquer n’est pas proportionnelle à<br />

l’intérêt scientifique qu’elle suscite. A distance <strong>de</strong> l’accouchement, environ 10 % <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es se<br />

p<strong>la</strong>ignent <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s liées à l’épisiotomie ou <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s pendant les rapports les empêchant <strong>de</strong><br />

reprendre une vie sexuelle normale. Dans cette popu<strong>la</strong>tion, environ <strong>la</strong> moitié présente <strong>de</strong>s lésions<br />

79


organiques séquel<strong>la</strong>ires à type <strong>de</strong> rétraction fibreuse ou <strong>de</strong> bri<strong>de</strong>s périnéales qui sont à l’origine <strong>de</strong>s<br />

<strong>douleur</strong>s ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> dyspareunie.<br />

Lorsqu’il n’existe pas <strong>de</strong> lésions anatomiques visibles, les thérapeutiques efficaces reposent sur <strong>la</strong><br />

réé<strong>du</strong>cation <strong>du</strong> périnée faisant notamment appel à <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> kinésithérapie à base <strong>de</strong> re<strong>la</strong>xation<br />

et <strong>de</strong> sophrologie.<br />

Lorsqu’il existe <strong>de</strong>s lésions rétractiles, <strong>de</strong>ux interventions chirurgicales permettent <strong>de</strong> sou<strong>la</strong>ger les<br />

<strong>patient</strong>es. Il s’agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> vulvo-pério-p<strong>la</strong>stie et <strong>de</strong> périnéotomie médiane. Ces interventions sont<br />

simples, pratiquées en ambu<strong>la</strong>toire ou lors d’une courte hospitalisation. Elles permettent <strong>de</strong> sou<strong>la</strong>ger <strong>la</strong><br />

quasi-totalité <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es lorsque leur indication est bien posée.<br />

Il est donc primordial que ces <strong>patient</strong>es bénéficient d’une consultation pré-opératoire, auprès d’un<br />

chirurgien ayant l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces lésions. En effet, le succès <strong>de</strong> l’intervention est proportionnel à <strong>la</strong><br />

bonne indication <strong>du</strong> geste opératoire.<br />

Conclusion :<br />

L’épisiotomie est génératrice <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s et <strong>de</strong> séquelles ayant <strong>de</strong>s conséquences potentiellement<br />

négatives sur l’avenir <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es.<br />

La première <strong>de</strong>s mesures à mettre en œuvre est <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire le plus possible le taux d’épisiotomie<br />

pratiqué au sein <strong>de</strong>s maternités françaises. Malgré les recommandations <strong>du</strong> CNGOF les taux restent<br />

hé<strong>la</strong>s trop souvent supérieurs à 30 %.<br />

Lorsqu’une épisiotomie est pratiquée, <strong>de</strong>s moyens efficaces existent permettant <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire les <strong>douleur</strong>s<br />

aiguës. Ceux-ci doivent systématiquement être mis en œuvre et au mieux répondre à un protocole <strong>de</strong><br />

service.<br />

En ce qui concerne les dyspareunies et les <strong>douleur</strong>s séquel<strong>la</strong>ires à distance d’une épisiotomie, <strong>la</strong><br />

<strong>patient</strong>e doit être adressée vers un chirurgien rompu aux interventions chirurgicales permettant<br />

d’améliorer <strong>la</strong> situation (vulvo-pério-p<strong>la</strong>stie, périnéotomie médiane).<br />

Il ne faut jamais proposer une intervention chirurgicale et <strong>la</strong> réaliser lorsqu’on ne constate pas <strong>de</strong><br />

lésion organique visible. Il est préférable <strong>de</strong> diriger <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e vers <strong>de</strong>s traitements médicaux et<br />

notamment <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong> re<strong>la</strong>xation périnéale.<br />

80


Dépose <strong>du</strong> matériel <strong>de</strong> curiethérapie utilisé dans les cancers gynécologiques :<br />

Prévention et amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

Mme C. Toulouse, Centre Huguenin- St Cloud<br />

1. Présentation <strong>du</strong> geste<br />

Le matériel (colpostat) est posé au bloc opératoire sous anesthésie générale et immobilisé en position<br />

par <strong>de</strong>ux mèches vaginales par le curie thérapeute.<br />

Le matériel est déposé ainsi que les mèches, en chambre par le personnel paramédical (IDE) sans<br />

anesthésie.<br />

La dépose consiste à retirer les mèches vaginales une par une avec une pince sans griffe, puis à retirer<br />

le colpostat « à <strong>la</strong> main» en le mobilisant et en tirant <strong>de</strong>ssus pour l'expulser <strong>du</strong> vagin.<br />

La <strong>patient</strong>e est hospitalisée dans une chambre seule avec visites limitées afin <strong>de</strong> ne pas faire <strong>du</strong>rer le<br />

traitement, en effet celui-ci est interrompu à chaque ouverture <strong>de</strong> porte.<br />

81


Fig. 10.5. Instal<strong>la</strong>tion type en curiethérapie gynécologique<br />

2. Dépose <strong>du</strong> matériel <strong>de</strong> curiethérapie « à travers le temps » :<br />

Il y a 28 ans, aucun antalgique n’était donné<br />

Ceci générait une angoisse avant le geste, <strong>de</strong>s cris voire <strong>de</strong>s hurlements <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e. Le geste<br />

provoquait <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s intenses souvent accompagnées d’un ma<strong>la</strong>ise avec sueurs, une perte <strong>de</strong><br />

connaissance et pleurs.<br />

La <strong>douleur</strong> était à type <strong>de</strong> sensation « d'accouchement sans le bonheur <strong>de</strong> l'enfant », d’arrachement, <strong>de</strong><br />

viol, <strong>de</strong> brûlures…Le soignant est lui aussi angoissé à l'idée <strong>de</strong> pratiquer le geste<br />

II y a 20 ans, <strong>du</strong> paracétamol associé à <strong>du</strong> <strong>de</strong>xtropropoxyphene est administré :<br />

La <strong>douleur</strong> aiguë était toujours présente mais moins violente et <strong>non</strong> accompagnée <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>ise bien que<br />

sueurs, pleurs, sensation d'arrachement et brûlures soient toujours présentes.<br />

Les <strong>patient</strong>es interrogées 6 semaines après, lors <strong>de</strong> leur consultation, décrivaient le geste comme très<br />

traumatisant.<br />

Il y a 10 ans, une prémédication avec <strong>du</strong> midazo<strong>la</strong>m sub lingual était proposée.<br />

La <strong>douleur</strong> toujours présente était décrite comme «supportable» mais avec une amnésie à 24 heures et <strong>la</strong><br />

<strong>patient</strong>e était plus déten<strong>du</strong>e lors <strong>de</strong>s soins <strong>du</strong> fait d’une semi somnolence avec un relâchement<br />

muscu<strong>la</strong>ire. Le geste semble moins difficile pour le soignant.<br />

Depuis 2000, un Mé<strong>la</strong>nge équimo<strong>la</strong>ire d’oxygène et <strong>de</strong> protoxy<strong>de</strong> d’azote (MEOPA) est<br />

administré.<br />

Une enquête a été réalisée <strong>de</strong> 2005 à 2006 sur l’efficacité <strong>du</strong> MEOPA chez 26 <strong>patient</strong>es et sur l'impact<br />

pour l'équipe soignante.<br />

Lors <strong>de</strong> l'ab<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s mèches, 46% <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es avaient aucune <strong>douleur</strong>, 42% une <strong>douleur</strong> faible et 11%<br />

une <strong>douleur</strong> importante. Ce<strong>la</strong> représentait une amélioration <strong>de</strong> 50%.<br />

Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépose <strong>du</strong> matériel, 42% n'avaient aucune <strong>douleur</strong>, 42% une <strong>douleur</strong> faible et 15% une<br />

<strong>douleur</strong> importante. 88% d'entre elles pensaient que le MEOPA était utile et 7% estimaient que c'était<br />

désagréable.<br />

82


Quant aux soignants, ils pensaient que <strong>la</strong> procé<strong>du</strong>re était utile dans 88% <strong>de</strong>s cas et insuffisante<br />

dans 3% <strong>de</strong>s cas. Les difficultés rencontrées pour l'administration <strong>de</strong> MEOPA ont été <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée<br />

<strong>du</strong> soin, <strong>la</strong> nécessité d'être 2 soignants, <strong>la</strong> gêne <strong>du</strong> masque pour <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e, <strong>la</strong> prescription.<br />

3. Projet d'amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

L'objectif est <strong>de</strong> tendre vers une absence totale <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> car 55 % <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>es expriment encore une<br />

<strong>douleur</strong> faible à importante et 6 % <strong>de</strong>s soignants sont insatisfaits <strong>de</strong> leur soin. Notre objectif est <strong>de</strong> parvenir<br />

à convaincre tous les intervenants <strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessité <strong>du</strong> MEOPA (prescription) et d'y associer <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

complémentaires médicamenteuses et <strong>non</strong> pharmacologiques afin <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire <strong>la</strong> pénibilité <strong>du</strong> geste.<br />

Un protocole lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépose <strong>de</strong> curiethérapie a été é<strong>la</strong>boré :<br />

- information écrite et explicative <strong>du</strong> geste<br />

- 45 minutes avant le geste 10 mg <strong>de</strong> MORPHINE per os (ACTISKENAN)<br />

- MEOPA lors <strong>du</strong> geste.<br />

Nous souhaitons d'une part, évaluer l'efficacité <strong>de</strong> ce protocole en mesurant l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> à 2 temps (ab<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s mèches et ab<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> matériel) et d'autre part recueillir<br />

l'opinion <strong>de</strong>s soignants sur l'efficacité <strong>de</strong> ce nouveau protocole et <strong>la</strong> nécessité ou <strong>non</strong> d'y<br />

associer une métho<strong>de</strong> <strong>non</strong> pharmacologique (re<strong>la</strong>xation, hypno analgésie…)<br />

Notre projet est en cours d'é<strong>la</strong>boration, nous faisons appel au <strong>CNRD</strong> afin <strong>de</strong> nous apporter<br />

une ai<strong>de</strong> méthodologique <strong>la</strong>quelle permettrait d'améliorer les compétences soignantes pour<br />

une optimisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s soins.<br />

83


Annexe 1<br />

Procé<strong>du</strong>re actuelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépose <strong>du</strong> colpostat<br />

Préparation <strong>du</strong> matériel : temps <strong>de</strong> préparation (5 min.)<br />

- seringue <strong>de</strong> 10 ml (ballonnet <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong>)<br />

- pot à prélèvement pour culture <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> urinaire<br />

- ciseaux ou bistouri stériles<br />

- pince sans griffe<br />

- canule vaginale, eau stérile, Bétadine gynéco, et poche à irrigation<br />

- Doigtier pour le TV<br />

- Préparation <strong>du</strong> MEOPA : bonbonne, masque, filtre<br />

Prémédication et information <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e 10 à 15 minutes<br />

- 30 à 40 minutes avant avec ré-explication <strong>du</strong> geste auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e<br />

- Reprise d’explication sur les principes <strong>du</strong> MEOPA<br />

- « tentative » <strong>de</strong> re<strong>la</strong>xation<br />

Le soin: <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> 20 à 30 minutes<br />

- débrancher le curiethron<br />

- installer le MEOPA et débuter le traitement au masque<br />

- mettre <strong>de</strong>s gants<br />

- vi<strong>de</strong>r <strong>la</strong> poche à urines<br />

- se <strong>la</strong>ver les mains et remettre <strong>de</strong>s gants<br />

- retirer <strong>la</strong> son<strong>de</strong> urinaire, mettre le bout <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> en culture dans le pot à prélèvement pour culture<br />

- installer <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e sur le bassin<br />

- prendre <strong>la</strong> pince<br />

- retirer <strong>la</strong> mèche vaginale postérieure<br />

- retirer <strong>la</strong> mèche vaginale antérieure tout en contrô<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> respiration <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>patient</strong>e<br />

- sortir le colpostat en tirant vers le haut (geste <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuillère)<br />

- faire l'irrigation vaginale au décours à l'eau à température ambiante (effet antalgique et sou<strong>la</strong>ge <strong>la</strong><br />

sensation <strong>de</strong> brûlure)<br />

- faire faire le toucher vaginal <strong>de</strong> contrôle par le mé<strong>de</strong>cin si possible pendant l'imprégnation au<br />

MEOPA.<br />

CE GESTE PEUT AVOIR LIEU A N'IMPORTE QUELLE HEURE DU JOUR OU DE LA NUIT<br />

84


Annexe 2<br />

Questionnaire <strong>de</strong>stiné aux <strong>patient</strong>es<br />

Entourez d’un cercle le chiffre qui correspond le mieux à votre <strong>douleur</strong> (0 = pas <strong>de</strong><br />

<strong>douleur</strong>, 10= <strong>douleur</strong> maximale) ?<br />

Lors <strong>de</strong> l'ab<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s mèches<br />

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

<br />

pas <strong>de</strong><br />

<strong>douleur</strong><br />

<br />

<strong>douleur</strong><br />

maximale<br />

Lors <strong>de</strong> l'ab<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> matériel<br />

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10<br />

<br />

pas <strong>de</strong><br />

<strong>douleur</strong><br />

<br />

<strong>douleur</strong><br />

maximale<br />

85


Intérêt <strong>de</strong>s manœuvres <strong>de</strong> réconfort pour <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> lors <strong>de</strong>s<br />

aspirations trachéales chez les nouveau-nés intubés et ventilés<br />

Ramey D 1 , Deville V 1 , Letroublon M 1 , Giraudo V 1 , Dageville C 1 , Boutte P 1 , Berard E 1 , Galinski M 2 ,<br />

Cimerman P 2 , Carbajal R 2, 3<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

La prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> provoquée par les soins chez les nouveau-nés en réanimation est<br />

l’objet <strong>de</strong> nombreux travaux. Récemment, une gran<strong>de</strong> étu<strong>de</strong> épidémiologique multicentrique a permis<br />

<strong>de</strong> c<strong>la</strong>sser <strong>la</strong> fréquence <strong>de</strong>s gestes montrant que l’aspiration trachéale était le geste considéré comme<br />

douloureux le plus pratiqué par les soignants après l’aspiration nasale [1].<br />

La réanimation est un environnement stressant et les stimu<strong>la</strong>tions sont souvent excessives.<br />

L’aspiration trachéale est un geste <strong>de</strong> « routine » qui peut paraître anodin sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

Mais c’est <strong>de</strong> par sa répétition qu'il provoque certainement un inconfort. Chez le nouveau-né, il semble<br />

impossible <strong>de</strong> différencier inconfort et <strong>douleur</strong>, « à cet âge, il est totalement submergé par un vécu<br />

global <strong>de</strong> l’agression qu’il subit, dont il ne peut discriminer les composantes » (Entendre <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>du</strong><br />

nouveau-né, aux confins <strong>de</strong> l’oubli, FRESCO Olivier, 2004).<br />

Notre volonté <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire le plus possible voire supprimer les <strong>douleur</strong>s liées aux soins a affiné notre<br />

sens <strong>de</strong> l’observation notamment <strong>du</strong> comportement <strong>de</strong>s enfants lors <strong>de</strong>s aspirations trachéales. Il<br />

semblerait que chez les enfants hospitalisés et intubés <strong>de</strong>puis plusieurs semaines les réactions et<br />

manifestations d’opposition sont les plus marquées. Aussi, nous avons réfléchi aux moyens dont nous<br />

disposions afin <strong>de</strong> diminuer et supprimer cet inconfort pouvant con<strong>du</strong>ire à ce refus <strong>de</strong> soin. En 2005,<br />

nous avions mené une étu<strong>de</strong> au sein <strong>du</strong> service dont l'objectif était <strong>de</strong> mesurer l’efficacité <strong>de</strong><br />

l’analgésie par solution sucrée et tétine (saccharose à 24 %) au cours <strong>de</strong> l’aspiration trachéale.<br />

Dix-sept nouveau-nés avaient été inclus dans cette étu<strong>de</strong> préliminaire en crossover 1 .<br />

Si l’aspiration trachéale était effectivement associée à une augmentation significative <strong>de</strong> l’intensité<br />

douloureuse (p


Un opérateur effectue le geste alors que « l’assistant » réalise les manœuvres <strong>de</strong> réassurance. Le<br />

nouveau-né est dans le besoin vital d’être enveloppé, contenu, maintenu, pour que soit supportable<br />

l’angoissante perte <strong>de</strong> limites, <strong>de</strong> résistance aux mouvements, <strong>de</strong> pression contre sa peau qu’il<br />

rencontrait dans le ventre maternel. Le maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité <strong>du</strong> confort postural (instal<strong>la</strong>tion<br />

confortable) passe par différents moyens (doudou, cocon, regroupement). Ces techniques permettent<br />

d'assurer un environnement apaisant et sécurisant pour un nouveau né prématuré : évitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> surstimu<strong>la</strong>tion,<br />

maintien contenant et enveloppant, pratique <strong>du</strong> peau à peau, proposition <strong>de</strong> succion <strong>non</strong><br />

nutritive, d’agrippement.<br />

L’environnement est également pris en compte, tout est étudié pour favoriser le bien être par <strong>la</strong><br />

présence <strong>de</strong> cache couveuse, lumière <strong>de</strong> faible intensité dans les pièces <strong>de</strong> soins, limitation <strong>de</strong>s<br />

nuisances sonores (contrôle <strong>de</strong>s a<strong>la</strong>rmes, chuchotement dans les salles). Chaque enfant est monitoré et<br />

installé dans <strong>de</strong>s couveuses adaptées au terme et au poids. Il est positionné dans un cocon (fait <strong>de</strong><br />

jersey et coton), qui permet <strong>de</strong> le mettre dans <strong>de</strong>s positions <strong>de</strong> regroupement, permettant ainsi <strong>de</strong><br />

recréer l’utérus maternel. Les enfants intubés dans le service <strong>de</strong> réanimation nécessitent une<br />

surveil<strong>la</strong>nce étroite, <strong>de</strong>s soins répétés toutes les 4 heures que nous essayons <strong>de</strong> regrouper en fonction<br />

<strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s nouveau-nés et en respectant leur confort.<br />

Hypothèse : La <strong>douleur</strong> observée et évaluée lors <strong>de</strong> l'aspiration trachéale chez le nouveau-né<br />

prématuré et à terme est ré<strong>du</strong>ite par l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> réassurance « regroupement<br />

contenant et le travail en binôme ».<br />

Critères d’inclusion : Tous les nouveaux-nés prématurés ou à terme, intubés et ventilés <strong>de</strong>puis au<br />

moins 24 h nécessitant <strong>de</strong>s aspirations trachéales au moins toutes les 4 h.<br />

Critères <strong>de</strong> <strong>non</strong> inclusion : Nouveau-né admis pour souffrance neurologique<br />

Critère principal <strong>de</strong> jugement : <strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> avant, pendant et après l'aspiration<br />

trachéale par l’intermédiaire <strong>de</strong>s grilles DAN 2 et PIPP 3 .<br />

Déroulement <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong><br />

Chaque nouveau né a eu une 1ère séquence d’aspiration sans manœuvre <strong>de</strong> réassurance (S1) c'est-àdire<br />

cocon dans incubateur, diminution <strong>de</strong>s nuisances sonores et visuelles comme à l’accoutumée, puis<br />

une 2 ème séquence avec <strong>la</strong> manœuvre <strong>de</strong> réassurance (S2) : cocon dans incubateur, diminution <strong>de</strong>s<br />

nuisances sonores et visuelles et technique <strong>de</strong> positionnement par regroupement / contenant en<br />

binôme. Dans <strong>la</strong> mesure <strong>du</strong> possible, les 2 séquences d’aspiration trachéale ont été réalisées par <strong>la</strong><br />

même infirmière ou puéricultrice et <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> réassurance réalisée par <strong>la</strong> même assistante (IDE<br />

ou AP).<br />

Toutes les séquences d'aspiration ont été filmées à partir d'un protocole standardisé afin <strong>de</strong> recréer les<br />

mêmes conditions à chaque séance <strong>de</strong> film et à 3 temps <strong>du</strong> geste :<br />

- avant: 1 à 2 minutes lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> préparation par l’infirmière qui va faire le soin<br />

- pendant : débranchement <strong>du</strong> respirateur, passage <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> et rebranchement)<br />

- après: réinstal<strong>la</strong>tion et pendant 1 minute.<br />

Pour chaque nouveau né, une feuille <strong>de</strong> recueil <strong>de</strong> données a été remplie concernant l'âge gestationnel,<br />

<strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion mécanique, l'alimentation entérale ou <strong>non</strong>, les traitements antalgiques ou <strong>non</strong> et<br />

les constantes physiologiques (FC et SatO2).<br />

L'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> avec les échelles DAN 1 et PIPP 2 a été effectuée par 2 puéricultrices<br />

indépendantes <strong>du</strong> service <strong>de</strong> réanimation à partir <strong>de</strong>s enregistrements vidéo.<br />

Résultats<br />

Entre septembre 2007 et juillet 2009, 61 nouveau-nés ont été inclus dans l'étu<strong>de</strong>, 55 d'entre eux ont été<br />

retenus pour l'analyse. 3 enregistrements vidéo ont été égarés et 3 étaient <strong>de</strong> qualité insuffisante pour<br />

permettre l'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> avec les échelles DAN et PIPP.<br />

Les caractéristiques démographiques <strong>de</strong>s nouveau-nés inclus sont décrites dans le tableau 1.<br />

1 DAN : (échelle comportementale d’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> aiguë <strong>du</strong> nouveau-né) : Carbajal R., Paupe A., Hoenn E.,<br />

Lenclen R., Olivier Martin M.. Arch Pediatr 1997, 4 : 623-628.<br />

2 PIPP (Premature Infant Pain Profile) : Stevens B., Johnston C., Petryshen P., Taddio A. Clin J Pain 1996 ; 12 : 13-22.<br />

Bal<strong>la</strong>ntyne M., Stevens B., McAllister M., Dionne K., Jack A. Validation of the premature infant profile in the clinical<br />

setting. Clin J Pain 1999 ; 15 : 297-303<br />

87


Tableau 1 : Caractéristiques démographiques <strong>de</strong>s 55 nouveau-nés inclus dans l'étu<strong>de</strong><br />

Caractéristiques<br />

Valeurs<br />

Garçons, n (%) 28 (51)<br />

Terme <strong>de</strong> naissance (SA), n (%)<br />

25-28 32 (58)<br />

29-32 11 (20)<br />

33-36 5 (9,1)<br />

37-41 7 (13)<br />

Age gestationnel, jours à S1* moy (DS)<br />

7,4 (8)<br />

[extrêmes]<br />

[1-37]<br />

Durée <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion, h à S1 moy (DS)<br />

118 (110)<br />

[extrêmes]<br />

[24-583]<br />

Nutrition entérale, n (%) 20 (36)<br />

Traitements antalgiques et/ou sédatifs n (%)<br />

15 (27)<br />

Midazo<strong>la</strong>m<br />

10 (18)<br />

Sufentanil<br />

2 (4)<br />

Nalbuphine<br />

6 (11)<br />

Paracétamol<br />

2 (4)<br />

* S1 : 1 ère séquence d'aspiration trachéale<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

L'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> a été réalisée pour les 2 séances d'aspiration trachéale (S1 et S2) avec<br />

l'échelle DAN et <strong>la</strong> PIPP à 3 temps avant (1 à 2'), pendant (débranchement <strong>du</strong> respirateur, passage <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> son<strong>de</strong> et rebranchement) et après (1').<br />

Les scores moyens (DS) <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> avec <strong>la</strong> DAN et <strong>la</strong> PIPP sont présentés dans le tableau N°2. Le<br />

premier constat est que, quelque soit <strong>la</strong> modalité <strong>de</strong> mesure, DAN ou PIPP, l’aspiration est associée à<br />

une augmentation significative <strong>de</strong>s scores <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> par rapport à <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> pré-aspiration trachéale<br />

(p < 0.0001). De même, l’arrêt <strong>de</strong> l’aspiration est associé à une diminution significative <strong>de</strong>s scores <strong>de</strong><br />

<strong>douleur</strong> (p < 0.0005). Par contre, on ne trouve pas <strong>de</strong> différence significative concernant les scores <strong>de</strong><br />

<strong>douleur</strong> lors <strong>de</strong> l’aspiration entre les pério<strong>de</strong>s S1 et S2 (Tableau 2).<br />

Tableau 2 : Evolution et comparaison <strong>de</strong> l’intensité douloureuse (DAN et PIPP) avant, pendant et après le soin, sans<br />

(S1) puis avec manœuvre <strong>de</strong> réassurance (S2) ; test t apparié, signification pour p≤ 0.05<br />

DAN – moy (DS) p PIPP- moy (DS) p<br />

S1 S2 S1 S2<br />

Avant 1.9 (2.8) 1.8 (2.4) 0.8 5.6 (2.6) 5.5 (1.9) 0.9<br />

Pendant 4.7 (3.3) 4.0 (3.2) 0.2 9.5 (3.2) 9.1 (3.0) 0.5<br />

Après 2.4 (3.0) 2.0 (2.5) 0.3 7.1 (3.1) 7.4 (2.3) 0.5<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong>s constantes physiologiques<br />

Si <strong>la</strong> réalisation <strong>du</strong> geste et son arrêt sont associés à <strong>de</strong>s variations significatives (p


Le tableau 4 présente l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> DAN en fonction <strong>de</strong> l’âge gestationnel (> ou ≤ 28SA).<br />

Les scores DAN aux pério<strong>de</strong>s S1 et S2 sont significativement plus faibles chez les grands prématurés<br />

(≤ 28SA) comparativement au groupe >28SA (respectivement p=0,05 et 0,02).<br />

Tableau 4 : Evolution et comparaison <strong>de</strong> l’intensité douloureuse (DAN) avant, pendant et après le soin, sans (S1)<br />

puis avec manœuvre <strong>de</strong> réassurance (S2) en fonction <strong>de</strong> l’âge gestationnel (> ou ≤ 28SA); test t apparié, signification<br />

pour p≤ 0.05<br />

DAN Age > 28 SA (N=23) p Age ≤ 28 SA (N=32) p<br />

S1 S2 S1 S2<br />

Avant 2.1 (3.0) 1.7 (1.9) 0.6 1.8 (2.8) 1.9 (2.7) 0.9<br />

Pendant 5.7 (3.4) 5.2 (3.1) 0.5 2.8 (3.1) 3.1 (2.8) 0.2<br />

Après 2.3 (3.0) 2.5 (2.6) 0.5 2.5 (3.1) 1.7 (2.3) 0.2<br />

Traitement antalgique<br />

Quinze nouveau-nés recevaient un traitement antalgique lors <strong>du</strong> soin. Le tableau 5 présente une<br />

comparaison <strong>du</strong> score <strong>de</strong> DAN selon que les nouveau-nés recevaient un traitement ou <strong>non</strong>. Que<br />

l’enfant reçoive une analgésie ou <strong>non</strong> lors <strong>de</strong> l’aspiration, les scores DAN n’était pas différents, quelle<br />

que soit <strong>la</strong> pério<strong>de</strong>, S1 ou S2.<br />

Tableau 5 : Comparaison <strong>du</strong> score DAN à chaque pério<strong>de</strong> (S1 et S2) entre les nouveau-nés traités et <strong>non</strong> traités ;<br />

test t, signification p ≤ 0.05.<br />

Pas <strong>de</strong> traitement (N=40) Traitement (N=15) p<br />

DAN Avant S1 2.3 (3.1) 0.8 (1.5) 0.07<br />

DAN Pendant S1 4.5 (3.3) 5.1 (3.4) 0.6<br />

DAN Après S1 2.6 (3.1) 1.9 (2.8) 0.4<br />

DAN Avant S2 1.7 (2.4) 2.0 (2.5) 0.7<br />

DAN Pendant S2 3.8 (2.9) 4.6 (3.9) 0.4<br />

DAN Après S2 1.8 (2.4) 2.6 (2.7) 0.3<br />

Les nouveau-nés <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 28 SA (48%) recevaient significativement plus souvent une analgésie que<br />

les grands prématurés, 48% versus 12%, respectivement (p=0,002).<br />

Durée <strong>de</strong> <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion<br />

Concernant <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion, (en heures, moyenne (DS)), il n’y a pas <strong>de</strong> différence significative<br />

entre les nouveau-nés > 28 SA et ceux ≤ 28, avec respectivement 97 (87) heures et 148 (141) (p=0,1).<br />

Les <strong>patient</strong>s ont été regroupés selon que <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion était supérieure ou inférieure à 86 h<br />

(médiane). Les scores DAN <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux groupes n’étaient pas différents, quelle que soit <strong>la</strong> pério<strong>de</strong>, S1<br />

ou S2 (p=0,4 et p=0,2 respectivement).<br />

Durée <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion Durée <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion p<br />

≤ 80 h (N=29)<br />

> 80 h (N=28)<br />

DAN Avant S1 2.1 (3.1) 1.7 (2.6) 0.6<br />

DAN Pendant S1 4.6 (3.6) 3.4 (3.0) 0.9<br />

DAN Après S1 2.4 (3.4) 2.4 (2.6) 0.9<br />

DAN Avant S2 1.9 (2.6) 1.7 (2.3) 0.7<br />

DAN Pendant S2 4.0 (3.2) 3.9 (3.3) 0.9<br />

DAN Après S2 2.3 (2.9) 1.7 (1.9) 0.3<br />

Discussion<br />

Quelle que soit <strong>la</strong> modalité <strong>de</strong> mesure, DAN ou PIPP, l’aspiration est associée à une augmentation<br />

significative <strong>de</strong>s scores <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> par rapport à <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> pré-aspiration trachéale. De même, l’arrêt<br />

<strong>de</strong> l’aspiration est associé à une diminution significative <strong>du</strong> score <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

Par contre, les manœuvres <strong>de</strong> réassurance n’ont pas eu d’impact sur l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, quel que<br />

soit l’âge <strong>de</strong> l’enfant, <strong>du</strong> traitement antalgique reçu ou <strong>non</strong>, <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion.<br />

89


En réanimation l’aspiration trachéale est un geste très fréquemment réalisé. Carbajal et al ont montré<br />

dans une étu<strong>de</strong> multicentrique chez 430 nouveau-nés suivis pendant 14 jours qu’en réanimation<br />

néonatale, c’était le geste douloureux le plus souvent réalisé après les aspirations nasales<br />

(respectivement 23% et 29%) [1]. Lors <strong>de</strong>s aspirations trachéales, une analgésie, pharmacologique<br />

et/ou <strong>non</strong> pharmacologique, était administrée dans 6.6% <strong>de</strong>s cas [1]. Finalement les facteurs associés à<br />

<strong>la</strong> présence d’une analgésie spécifique lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalisation d’un geste douloureux étaient <strong>la</strong><br />

prématurité, <strong>la</strong> présence <strong>de</strong>s parents, les nouveau-nés opérés, <strong>la</strong> journée, l’hospitalisation entre J2 et<br />

J14. Donc, <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> ce geste <strong>de</strong>vrait se faire selon <strong>de</strong>ux axes. Le premier concerne<br />

l’analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> fréquence <strong>de</strong>s aspirations trachéales. Sont-elles toutes indispensables ? Ne peut-on pas<br />

ré<strong>du</strong>ire leur fréquence ? Car ces gestes semblent trop systématiques dès lors que les enfants sont<br />

intubés et ventilés.<br />

Or, comme le confirme notre travail, ce geste est douloureux. Un travail récent a montré qu’une<br />

gestion différente <strong>de</strong>s détresses respiratoires <strong>du</strong> prématuré pouvait être à l’origine d’une diminution<br />

<strong>de</strong>s gestes douloureux. En effet, ce travail a comparé <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s, 2000 et 2005 en ce qui concerne<br />

<strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s prématurés en réanimation. Un <strong>de</strong>s grands changement a été <strong>la</strong> ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> taux<br />

<strong>de</strong> venti<strong>la</strong>tion invasive (avec intubation trachéale) au profit <strong>de</strong> <strong>la</strong> venti<strong>la</strong>tion <strong>non</strong> invasive, chez <strong>de</strong>s<br />

<strong>patient</strong>s <strong>de</strong> gravité i<strong>de</strong>ntique. La conséquence a été une diminution significative <strong>du</strong> besoin d’aspiration<br />

trachéale et donc <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s associées à ce geste [7].<br />

Donc, le <strong>de</strong>uxième axe concerne les modalités <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong> cette <strong>douleur</strong> dans <strong>la</strong> mesure où on<br />

admet que le geste est effectué à bon escient. Anand et al ont trouvé une diminution <strong>de</strong>s scores <strong>de</strong><br />

<strong>douleur</strong> (Premature Infant Pain Profil (PIPP) lors <strong>de</strong> l’aspiration trachéale chez <strong>de</strong>s prématurés<br />

recevant <strong>de</strong> <strong>la</strong> morphine en continu versus p<strong>la</strong>cebo [2]. Simons et al par contre n’ont trouvé aucune<br />

différence dans les mêmes conditions expérimentales, avec trois échelles <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> différentes<br />

(Neonatal Infant Pain Scale, PIPP et l’Echelle Visuelle Analogique par l’infirmière) [3]. Plus<br />

récemment, il a été montré qu’un bolus <strong>de</strong> morphine avant d’effectuer l’aspiration trachéale ne<br />

modifiait pas <strong>non</strong> plus les scores <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s mesurés avec 3 échelles différentes, Bernese pain Scale<br />

for Neonates (BPSN), <strong>la</strong> PIPP et l’EVA [4].<br />

D’autres moyens médicamenteux avaient été évalués comme l’alfentanyl, un morphinique d’action<br />

rapi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> <strong>du</strong>rée d’action courte. A <strong>la</strong> posologie <strong>de</strong> 20µg/kg il était observé une diminution<br />

significative <strong>de</strong> l’intensité douloureuse lors <strong>de</strong> l’aspiration trachéale par rapport au p<strong>la</strong>cebo ou une<br />

posologie plus faible mais au prix d’une rigidité muscu<strong>la</strong>ire sévère [8]. De même, <strong>la</strong> kétamine, à<br />

différentes posologies (0.5, 1 ou 2mg/kg) n’est pas plus efficace [9].<br />

Des moyens <strong>non</strong> pharmacologiques ont été évalués, <strong>la</strong> technique <strong>du</strong> « regroupement » est l’une d’entre<br />

elles. Dans une popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> 40 grands prématurés <strong>de</strong> très faible poids, cette technique avaient été<br />

montrée efficace lors <strong>de</strong>s aspirations trachéales [5]. En effet les scores <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> (PIPP) étaient<br />

significativement plus faibles lors <strong>de</strong>s manoeuvres <strong>de</strong> regroupement (p


Plusieurs pistes existent comme <strong>la</strong> ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s gestes via <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong>s intubations (favoriser <strong>la</strong><br />

venti<strong>la</strong>tion <strong>non</strong> invasive, ce qui est déjà actuellement <strong>la</strong>rgement le cas dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s<br />

réanimations), indivi<strong>du</strong>aliser le geste (éviter toute systématisation), associer les modalités<br />

thérapeutiques notamment <strong>non</strong> pharmacologiques, regroupement, administration <strong>de</strong> solutions sucrées<br />

per os et présence <strong>de</strong>s parents.<br />

Conclusion<br />

Dans notre étu<strong>de</strong>, les manoeuvres <strong>de</strong> regroupement n’ont pas eu d’impact significatif sur l’intensité <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong>s prématurés, quel que soit leur âge gestationnel. Des prises en charges multimodales<br />

associant regroupement, solutions sucrées et présence <strong>de</strong>s parents par exemple pourraient être évaluées<br />

dans <strong>de</strong>s essais ultérieurs.<br />

Par ailleurs les bonnes pratiques <strong>de</strong> réanimation avec <strong>de</strong>s aspirations trachéales adaptées au nouveauné<br />

et <strong>non</strong> pas systématiques ainsi qu’un développement <strong>de</strong> modalités venti<strong>la</strong>toires <strong>non</strong> invasives<br />

participent aussi à <strong>la</strong> ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s provoquées par ce geste.<br />

Références<br />

1 Carbajal R, Rousset A, Danan C, Coquery S et al Epi<strong>de</strong>miology and treatment of painful proce<strong>du</strong>res<br />

in neonates in intensive care units. JAMA 2008;300(1):60-70).<br />

2 Anand KJS, McIntosh N, Lagercrantz H, Young TE, Vasa R, Barton BA. Analgesia and sedation in<br />

preterm neonates who require venti<strong>la</strong>tory support. results from NEOPAIN trial. Arch Pediatr Adolesc<br />

Med 1999;153:331-8.<br />

3 Simon SHP, van Dijk M, Roofthooft D, Duivenvoor<strong>de</strong>n HJ et al Routine morphine infusion in<br />

preterm newborns who received venti<strong>la</strong>tory support. JAMA 2003;290 :2419-2427<br />

4 Cignacco E, Hamers JP, van Lingen RA, Zimmermann LJI, Muller R, Gessler P, Nelle M. Pain<br />

relief in venti<strong>la</strong>ted preterm infants <strong>du</strong>ring endotracheal suctioning: a randomised controlled trial.<br />

Swiss Med Wkly 2008;138:635-45.<br />

5 Ward-Larson C, Horn RA, Gosnell F. The efficacy of facilitated tucking for relieving proce<strong>du</strong>ral<br />

pain of endotracheal suctioning in very low birthweight infants. MCN Am J Mater Child Nurs<br />

2004 ;29 :151-6.<br />

6 Axelin A, Sa<strong>la</strong>ntera S, Lehtonen L. Facilitated tucking by parents in pain management of preterm<br />

infants - a randomized crossover trial. Early Human Development 2006 ;82 :241-7.<br />

7 Axelin A, Ojajärvi U, Viitanen J, Lehtonen L. Promoting shorter <strong>du</strong>ration of venti<strong>la</strong>tor treatment<br />

<strong>de</strong>crease the number of painful proce<strong>du</strong>res in preterm infants. Acta paediatrica 2009 ;1751-5<br />

8 Saarenmaa E, Huttunen P, Leppäluoato, Fellman V. Alfentanil as proce<strong>du</strong>ral pain relief in newborn<br />

infants. Arch Dis Child 1996 ;75 :F103-F107<br />

9 Saarenmaa E, Neuvonen PJ, Huttunen P, Fellman V. Ketamine for proce<strong>du</strong>ral pain relief in newborn<br />

infants. Arch Dis Child 2001;85 :F53-F56<br />

10 Carbajal R, Lenclen R, Gajdos V, Jugie M, Paupe A. Crossover trial of analgesic efficacy of<br />

glucose and pacifier in very preterm neonates <strong>du</strong>ring subcutaneous injections. Pediatrics<br />

2002;110:389-93.<br />

91


Douleurs in<strong>du</strong>ites par les transferts : comparaison <strong>de</strong> différentes techniques <strong>de</strong> transfert<br />

Capucine Fauquembergue Ergothérapeute<br />

CLUD Centre « Hélène BOREL », Raimbeaucourt (59)*<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Les <strong>patient</strong>s en centre <strong>de</strong> réé<strong>du</strong>cation et réadaptation fonctionnelle ou en foyer d’accueil médicalisé,<br />

<strong>du</strong> fait <strong>de</strong> leur handicap, nécessitent une ai<strong>de</strong> plus ou moins importante lors <strong>de</strong> leur mobilisation et <strong>de</strong><br />

leur transfert d’un lieu à un autre. La <strong>douleur</strong> potentiellement provoquée par ces transferts a été très<br />

peu étudiée. …. Par ailleurs plusieurs techniques pour ces transferts sont utilisées, en fonction <strong>du</strong><br />

<strong>patient</strong> et <strong>de</strong> son handicap. Au quotidien, le constat <strong>de</strong>s soignants et <strong>de</strong>s réé<strong>du</strong>cateurs est que ces<br />

transferts semblent in<strong>du</strong>ire une <strong>douleur</strong> ou majorer une <strong>douleur</strong> préexistante. L’objectif <strong>de</strong> notre travail<br />

était <strong>de</strong> mesurer <strong>la</strong> prévalence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> provoquée par les transferts et <strong>de</strong> déterminer les différents<br />

facteurs associés à cette <strong>douleur</strong>.<br />

Métho<strong>de</strong><br />

Il s’agit d’une étu<strong>de</strong> observationnelle prospective réalisée au Centre Hélène Borel <strong>de</strong> Raimbeaucourt.<br />

Présentation <strong>du</strong> centre :<br />

Le Centre Hélène BOREL comprend, entre autres structures, un Centre <strong>de</strong> Réé<strong>du</strong>cation et <strong>de</strong><br />

Réadaptation Fonctionnelle A<strong>du</strong>ltes (CRRF) <strong>de</strong> 44 lits, et un Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM) <strong>de</strong> 57<br />

lits. La popu<strong>la</strong>tion y est en gran<strong>de</strong> majorité neurologique : 100% pour le FAM et 70% pour le CRRF.<br />

A <strong>la</strong> date <strong>du</strong> 1 er septembre 2008, 82% <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts <strong>du</strong> FAM et 69% <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s neurologiques <strong>du</strong><br />

CRRF étaient plus ou moins dépendants pour les transferts, nécessitant soit une ai<strong>de</strong> humaine<br />

(transferts par pivot), soit une ai<strong>de</strong> humaine et technique (lève ma<strong>la</strong><strong>de</strong> ou rail au p<strong>la</strong>fond).<br />

Mise en p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> projet :<br />

Le Comité <strong>de</strong> Lutte contre <strong>la</strong> Douleur (CLUD) a constitué un groupe <strong>de</strong> travail composé <strong>de</strong> soignants<br />

et <strong>de</strong> réé<strong>du</strong>cateurs, <strong>du</strong> FAM et <strong>du</strong> CRRF, qui se sont posé un certain nombre <strong>de</strong> questions :<br />

‣ Quelle est <strong>la</strong> fréquence <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s in<strong>du</strong>ites ou aggravées par les transferts ?<br />

‣ Les transferts avec ai<strong>de</strong> technique in<strong>du</strong>isent-ils plus fréquemment <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s que les<br />

transferts avec ai<strong>de</strong> humaine ?<br />

‣ Le matériel utilisé est-il en cause ?<br />

‣ Les <strong>douleur</strong>s in<strong>du</strong>ites sont-elles plus fréquentes chez les <strong>patient</strong>s qui ont un sentiment<br />

d’insécurité ?<br />

Ethique<br />

Recueil préa<strong>la</strong>ble <strong>du</strong> consentement écrit <strong>du</strong> <strong>patient</strong> sur un formu<strong>la</strong>ire (cf annexe 1)<br />

Critères d’inclusion <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s :<br />

Les <strong>patient</strong>s <strong>du</strong> FAM et les <strong>patient</strong>s neurologiques <strong>du</strong> CRRF :<br />

- dépendants pour les transferts<br />

- en capacité <strong>de</strong> s’auto évaluer<br />

- en capacité <strong>de</strong> donner leur consentement éc<strong>la</strong>iré<br />

* Foyer d’Accueil Médicalisé, Dr Dubus, neurologue, Centre <strong>de</strong> Réé<strong>du</strong>cation et <strong>de</strong> Réadaptation Fonctionnelle,<br />

Avec <strong>la</strong> participation <strong>du</strong> personnel <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux structures, <strong>de</strong>s membres <strong>du</strong> CLUD et le soutien <strong>du</strong> Dr Galinski,<br />

<strong>CNRD</strong><br />

92


Déroulement <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> :<br />

Transferts ciblés :<br />

- Selon <strong>la</strong> nature :<br />

Lit - Fauteuil Rou<strong>la</strong>nt et FR – lit pour les soignants<br />

FR – table <strong>de</strong> travail et table <strong>de</strong> travail – FR pour les réé<strong>du</strong>cateurs<br />

- Selon <strong>la</strong> technique :<br />

Avec ai<strong>de</strong> humaine : transfert par pivot<br />

Avec ai<strong>de</strong> technique + ai<strong>de</strong> humaine :<br />

Transfert au lève ma<strong>la</strong><strong>de</strong><br />

Transfert avec rail au p<strong>la</strong>fond<br />

- Pour chaque <strong>patient</strong> sont étudiés les transferts :<br />

→ Sur 5 jours consécutifs (<strong>du</strong> lundi au vendredi)<br />

→ Selon <strong>la</strong> même technique<br />

Formation <strong>du</strong> personnel :<br />

Avant <strong>de</strong> débuter l’étu<strong>de</strong>, afin <strong>de</strong> s’assurer d’une bonne maîtrise <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> transfert et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

bonne utilisation <strong>de</strong>s réglettes EVA par le personnel, les /soignants et les réé<strong>du</strong>cateurs ont bénéficié<br />

d’une formation interne, par les membres <strong>du</strong> CLUD ayant pour support un diaporama. Ce diaporama<br />

a ensuite été mis à disposition <strong>de</strong> l’ensemble <strong>du</strong> personnel, dans <strong>la</strong> bibliothèque informatique.<br />

Recueil <strong>de</strong>s données :<br />

Une fiche <strong>de</strong> recueil <strong>de</strong>s données (annexe 2) a été spécifiquement constitué pour l’étu<strong>de</strong> et comprend<br />

l’enregistrement <strong>de</strong>s variables suivantes :<br />

- EVA avant et pendant le transfert<br />

- Sentiment <strong>de</strong> sécurité pendant le transfert<br />

- Sexe<br />

- Age<br />

- Pathologie<br />

- Ancienneté <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépendance aux transferts<br />

- Existence ou <strong>non</strong> <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s chroniques<br />

- Profession <strong>du</strong> soignant participant au transfert (soignant, réé<strong>du</strong>cateur) et son statut (titu<strong>la</strong>ire ou<br />

intérimaire)<br />

Critère principal :<br />

La <strong>douleur</strong> a été mesurée avec l’échelle visuelle analogique (EVA) pour tous les <strong>patient</strong>s inclus. La<br />

variation <strong>de</strong> l’EVA a été calculée à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence entre l’EVA avant transfert et l’EVA<br />

pendant transfert.<br />

La <strong>douleur</strong> a été définie par une variation <strong>de</strong> l’EVA supérieure ou égale à 13 mm (Todd et al. Clinical<br />

significance of reported changes in pain severity. Ann Emerg Med 1996; 27:485-9).<br />

Critère secondaire<br />

Sentiment <strong>de</strong> sécurité (total, partiel, nul)<br />

Analyse Statistique :<br />

Des statistiques <strong>de</strong>scriptives standards ont été utilisées pour analyser les données démographiques, les<br />

caractéristiques <strong>de</strong>s transferts, le sentiment <strong>de</strong> sécurité et <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> liée aux transferts.<br />

Moyenne, déviation standard et proportions ont été utilisées en fonction <strong>de</strong> leur indication.<br />

93


Une analyse uni variée a été utilisée pour comparer les caractéristiques démographiques, les<br />

pathologies entre les <strong>patient</strong>s douloureux et les <strong>patient</strong>s <strong>non</strong> douloureux lors <strong>de</strong>s transferts.<br />

La prévalence est exprimée en pourcentage avec son intervalle <strong>de</strong> confiance. Les variables<br />

quantitatives appariées (EVA avant transfert et pendant) ont été comparées avec un test t apparié.<br />

Les variables qualitatives ont été comparées avec un test <strong>de</strong> Chi 2. Tous les tests statistiques étaient<br />

bi<strong>la</strong>téraux et le seuil <strong>de</strong> signification était p ≤ 0,05.<br />

L’analyse a été réalisée avec l’ai<strong>de</strong> <strong>du</strong> logiciel SAS 9.1 (SAS institute Inc., Cary, NC).<br />

Résultats<br />

Entre le 2 Février et le 18 Septembre 2009, 88 <strong>patient</strong>s ont été inclus : 31 au FAM et 57 au CRRF. Au<br />

total, 1327 transferts ont été inclus, 259 au FAM et 1068 au CRRF.<br />

Caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion :<br />

Les principales caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion sont présentées dans le tableau 1<br />

Tableau 1 : Caractéristiques <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s inclus<br />

CRRF N= 57 FAM N= 31<br />

Sexe M – N(%) 28 (49) 16 (52)<br />

Age (ans) - Moy (DS) 65 (11) 49 (12)<br />

Durée dépendance (j) - Moy (DS) 106 (178) 6139 (6315)<br />

Pathologies – N (%)<br />

AVC<br />

SEP<br />

IMC<br />

Autres*<br />

Douleur chronique – N (%)<br />

neuropathique<br />

nociceptive<br />

40 (70)<br />

8 (14)<br />

0 (0)<br />

9 (16)<br />

18 (32)<br />

7 (12)<br />

4 (13)<br />

9 (29)<br />

8 (26)<br />

10 (32)<br />

9 (29)<br />

6 (19)<br />

3 (10)<br />

11 (19)<br />

Traitement médicamenteux – N (%) 18 (32) 6 (19)<br />

* encéphalopathie carentielle, HSD opéré, myopathie <strong>de</strong> Duchenn, spina bifida, sd <strong>de</strong> Lesh-Nyhan, paraparésie,<br />

hydrocéphalie/syringomyélie, hémiplégie, métastase frontale, neuropathies périphériques, Xéro<strong>de</strong>rmie pigmentosum.<br />

Présentation <strong>de</strong>s transferts :<br />

1327 transferts ont été réalisés chez les 88 <strong>patient</strong>s, soit une moyenne <strong>de</strong> 15 transferts par <strong>patient</strong><br />

(extrêmes : 4 –39).<br />

Trois modalités <strong>de</strong> transfert ont été pratiquées et évaluées : pivot, lève ma<strong>la</strong><strong>de</strong> et rail au p<strong>la</strong>fond<br />

Les caractéristiques <strong>de</strong>s différents transferts sont résumées dans le tableau 2.<br />

94


Tableau 2 :<br />

Distribution <strong>de</strong>s différentes variables en fonction <strong>du</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transfert.<br />

Pivot<br />

Rail Lève Ma<strong>la</strong><strong>de</strong><br />

N = 1008 N=259<br />

N=60<br />

Total – N(%) 1008 (76) 259 (19) 60 (5)<br />

Site – N (%)<br />

RRF N=1068<br />

900 (84) 168 (16)<br />

0<br />

FOYER N=259<br />

108 (42) 91 (35)<br />

60 (23)<br />

Pathologies N (%)<br />

AVC N=748<br />

SEP N=244<br />

IMC N=70<br />

Autres* N=286<br />

Soignants N=1027<br />

Réé<strong>du</strong>cateurs N=300<br />

Nature <strong>du</strong> transfert N(%)<br />

Lit-fauteuil rou<strong>la</strong>nt-N= 523<br />

Fauteuil Rou<strong>la</strong>nt-Table-N=148<br />

Table –Fauteuil Rou<strong>la</strong>nt-N=149<br />

661 (88)<br />

126 (52)<br />

28 (40)<br />

193 (73)<br />

708 (69)<br />

300 (100)<br />

362 (69)<br />

148 (100)<br />

149 (100)<br />

81 (11)<br />

110 (45)<br />

0<br />

68 (26 )<br />

259 (25)<br />

0<br />

133 (25)<br />

0<br />

0<br />

6 (1)<br />

8 (3)<br />

42 (60)<br />

4 (1)<br />

60 (6)<br />

0<br />

28 (5)<br />

0<br />

0<br />

Fauteuil Rou<strong>la</strong>nt-Lit-N=507<br />

349 (69) 126 (25)<br />

32 (6)<br />

* Autres : encéphalopathie carentielle (15), HSD opéré (16), myopathie <strong>de</strong> Duchenne (6), spina bifida (10), sd <strong>de</strong> Lesh-<br />

Nyhan (8), hydrocéphalie/syringomyelie (39), hémiplégie (27), métastase frontale (9), neuropathies périphériques (38)<br />

Paraparésie (40), Xéro<strong>de</strong>rmie pigmentosum (10).<br />

Taux <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s douloureux lors <strong>de</strong>s transferts<br />

Sur les 1327 transferts, 50 étaient associés une variation <strong>de</strong> EVA ≥ 13 mm, soit un taux <strong>de</strong> 3.8% [IC =<br />

2.8 - 4.8] <strong>de</strong> transferts douloureux.<br />

Le taux <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> transfert était respectivement pour le pivot, le rail<br />

et le lève-ma<strong>la</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong> 2.8, 4.2 et 18.3%, ces différences étant significatives (p


<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong>s transferts chez les <strong>patient</strong>s douloureux chroniques :<br />

378 transferts (28%) ont concerné <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s ayant une <strong>douleur</strong> chronique.<br />

Si ces <strong>patient</strong>s ont une intensité douloureuse significativement plus importante que les <strong>non</strong> douloureux<br />

chroniques sur le p<strong>la</strong>n statistique (EVA = 16.7 (25.7) versus 6.8 (23.1), p


Cette association n’est pas retrouvée lors <strong>de</strong>s transferts par pivot (respectivement, 2 et 3%) ni par lèvema<strong>la</strong><strong>de</strong>.<br />

Mais il y a dans ce <strong>de</strong>rnier cas très peu <strong>de</strong> transferts concernés (3 <strong>non</strong> rassurés, dont 2<br />

douloureux).<br />

Au CRRF il n’ y a pas <strong>de</strong> différence concernant le taux <strong>de</strong> transferts douloureux selon qu’ils sont<br />

« <strong>non</strong> rassurés » ou « rassurés » (respectivement 4 et 2%).<br />

Au FAM, les transferts sont significativement plus douloureux parmi les « <strong>non</strong> rassurés »<br />

comparativement aux « rassurés » avec respectivement 6/31 (19%) et 18/228 (8%) (p=0.04).<br />

Discussion<br />

Notre étu<strong>de</strong> a évalué 1327 transferts, chez 88 <strong>patient</strong>s ayant une pathologie neurologique : 31 au<br />

FAM, 57 au CRRF, selon nos critères d’inclusion. Le nombre <strong>de</strong> <strong>patient</strong>s inclus au CRRF est<br />

supérieur à celui <strong>du</strong> FAM en raison d’un « turn over » plus important. Les transferts au CRRF sont<br />

plus fréquents qu’au FAM, compte tenu <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong> réé<strong>du</strong>cation multiples dans <strong>la</strong> journée.<br />

Nous avons comparé 3 types <strong>de</strong> transferts et par déontologie nous avions choisi, <strong>de</strong> n’utiliser qu’un<br />

seul type <strong>de</strong> transfert par <strong>patient</strong>. En effet, il était difficile d’imposer à un <strong>patient</strong> un transfert avec<br />

ai<strong>de</strong> matérielle lorsque le pivot est possible. Par ailleurs, il est impossible <strong>de</strong> réaliser un pivot pour <strong>de</strong>s<br />

<strong>patient</strong>s complètement dépendants.<br />

Cette étu<strong>de</strong> a permis <strong>de</strong> faire 5 constatations :<br />

‣ Le taux <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s in<strong>du</strong>ites par les transferts est faible (3,8%), et les <strong>douleur</strong>s in<strong>du</strong>ites sont <strong>de</strong><br />

faible intensité. La nature <strong>du</strong> transfert n’a pas d’inci<strong>de</strong>nce.<br />

‣ Le transfert par lève-ma<strong>la</strong><strong>de</strong> in<strong>du</strong>it plus <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s que les <strong>de</strong>ux autres types <strong>de</strong> transfert. Ceci<br />

s’explique probablement par les à-coups occasionnés lors <strong>de</strong>s dép<strong>la</strong>cements <strong>de</strong> l’appareil. Le rail, qui<br />

utilise le même système <strong>de</strong> sangle, propose un dép<strong>la</strong>cement beaucoup plus flui<strong>de</strong>. De plus, le lèvema<strong>la</strong><strong>de</strong><br />

n’a été utilisé qu’au FAM où <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion est globalement plus invalidée qu’au CRRF, en<br />

raison <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s affections neurologiques, avec souvent <strong>de</strong>s complications orthopédiques<br />

associées.<br />

‣ Un sentiment d’insécurité a été relevé dans 8% <strong>de</strong>s cas. Il était plus fréquent dans les transferts par<br />

rail, au FAM, et il existe une association entre <strong>douleur</strong> lors <strong>du</strong> transfert et sentiment d’insécurité.<br />

Les rails <strong>de</strong> transfert p<strong>la</strong>fonnier sont d’instal<strong>la</strong>tion récente au CRRF comme au FAM. Le sentiment<br />

d’insécurité est peut-être en partie lié :<br />

o au manque d’expérience <strong>du</strong> personnel<br />

o au changement d’ai<strong>de</strong> technique, pour certains <strong>patient</strong>s <strong>du</strong> FAM, dépendants aux transferts <strong>de</strong>puis <strong>de</strong><br />

nombreuses années, <strong>de</strong>puis toujours pour certains<br />

o peut-être un manque d’information et <strong>de</strong> préparation <strong>du</strong> <strong>patient</strong> à l’utilisation <strong>du</strong> rail.<br />

‣ Chez les <strong>patient</strong>s douloureux chroniques (378 transferts), l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> n’était pas<br />

modifiée lors <strong>du</strong> transfert.<br />

Pour les transferts au lève-ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, l’augmentation <strong>de</strong> l’EVA était par contre significative.<br />

‣ Le critère principal <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> était <strong>la</strong> mise en évi<strong>de</strong>nce d’une <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite par le transfert avec<br />

variation <strong>de</strong> l’EVA ≥ à 13 mm. Il faut néanmoins signaler qu’il existe dans l’étu<strong>de</strong> un faible taux <strong>de</strong><br />

transferts, associé à une diminution <strong>de</strong> l’EVA, indépendante <strong>du</strong> type <strong>de</strong> transfert.<br />

Le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> 2002-2005 définit comme priorité <strong>de</strong> prévenir et traiter <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

provoquée par les soins.<br />

Le p<strong>la</strong>n 2006-2010 priorise l’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s personnes les plus vulnérables.<br />

Ces <strong>de</strong>ux p<strong>la</strong>ns ont suscité <strong>la</strong> réalisation d’étu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> travaux. Malheureusement nous n’avons pas pu<br />

comparer nos résultats avec d’autres étu<strong>de</strong>s :<br />

‣ Les étu<strong>de</strong>s concernent surtout les personnes âgées, les enfants, les <strong>patient</strong>s en soin palliatifs, les<br />

<strong>patient</strong>s atteints <strong>de</strong> cancers, les <strong>patient</strong>s accueillis aux urgences ou en réanimation.<br />

97


‣ Les étu<strong>de</strong>s sur <strong>douleur</strong>s in<strong>du</strong>ites par les soins concernent surtout les actes infirmiers, surtout les<br />

soins d’escarre et pansements en milieu chirurgical.<br />

‣ Il y a peu d’étu<strong>de</strong>s et articles consacrés exclusivement aux <strong>douleur</strong>s in<strong>du</strong>ites par les transferts, et<br />

nous n’en avons pas trouvé comparant les techniques <strong>de</strong> transfert, ni traitant d’un public a<strong>du</strong>lte<br />

handicapé.<br />

Conclusion<br />

L’étu<strong>de</strong> a montré que les transferts in<strong>du</strong>isaient peu <strong>de</strong> <strong>douleur</strong>s, même chez les <strong>patient</strong>s douloureux<br />

chroniques, et qu’elles étaient <strong>de</strong> faible intensité. Il n’y a jamais eu d’indication à <strong>la</strong> prise d’un<br />

traitement médicamenteux avant le transfert. Le rail <strong>de</strong> transfert in<strong>du</strong>it moins <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> que le lèvema<strong>la</strong><strong>de</strong>.<br />

Bien que nous n’ayons pas encore réalisé d’enquête auprès <strong>du</strong> personnel (programme d’action <strong>du</strong><br />

CLUD 2011), il semble que l’instal<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s rails <strong>de</strong> transferts p<strong>la</strong>fonniers ait également amélioré les<br />

conditions <strong>de</strong> travail <strong>du</strong> personnel en ce qui concerne <strong>la</strong> sécurité, l’effort physique et les dép<strong>la</strong>cements.<br />

Le transfert avec le rail in<strong>du</strong>it toutefois, selon notre étu<strong>de</strong>, un sentiment d’insécurité dont le<br />

pourcentage n’est pas négligeable. Nous nous proposons <strong>de</strong> réévaluer ce sentiment d’insécurité dans<br />

un an au FAM (meilleure maîtrise <strong>du</strong> personnel, et familiarisation <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s), et d’encourager le<br />

personnel <strong>du</strong> CRRF à une meilleure information <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s. Cette étu<strong>de</strong> va encourager <strong>la</strong> structure à<br />

abandonner l’utilisation <strong>du</strong> lève-ma<strong>la</strong><strong>de</strong> au profit <strong>de</strong> l’instal<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> rails <strong>de</strong> transferts.<br />

Cette étu<strong>de</strong> a été réalisée en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> tout conflit d’intérêt.<br />

Références<br />

Collectif, S. DONNADIEU, et al. (2005). Les <strong>douleur</strong>s in<strong>du</strong>ites. RUEIL-MALMAISON, INSTITUT<br />

UPSA DE LA DOULEUR.<br />

Douleur provoquée chez <strong>la</strong> personne âgée, Dr Henri-Pierre CORNU, Douleur provoquée par les soins,<br />

1 ère journée <strong>du</strong> <strong>CNRD</strong>, 2006<br />

PELISSIER, J., E. VIEL, et al. (2006). Douleur et soins en mé<strong>de</strong>cine physique et <strong>de</strong> réadaptation.,<br />

SAURAMPS Médical.<br />

LHUILLERY, D. and G. COSQUERIC (2007). "Douleurs in<strong>du</strong>ites par les soins : données sur cinq ans<br />

d'une enquête <strong>de</strong> prévalence d'un hôpital gériatrique." DOULEURS <strong>Evaluation</strong> - Diagnostic -<br />

Traitement 8(HS1): 1S72-73.<br />

Prise en Charge et prévention <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite par les soins en MPR, P. Ribinik, B. Barrois, M.C.<br />

Neusy, 2007<br />

Douleurs provoquées par les manutentions, dans le cadre <strong>du</strong> brancardage, dans un institut <strong>de</strong><br />

cancérologie, J.M. NEBBAK, Villejuif, Douleur provoquée par les soins, 1 ère journée <strong>du</strong> <strong>CNRD</strong>, 2006<br />

98


Résultats préliminaires : Etu<strong>de</strong> REGARDS<br />

Recueil épidémiologique en Gériatrie <strong>de</strong>s Actes Ressentis comme Douloureux et<br />

Stressants<br />

P.Cimerman, M.Galinski, P. Thibault, C.Boudier, D.Annequin, R.Carbajal et le groupe "REGARDS".<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Des travaux récents montrent que <strong>la</strong> personne âgée est confrontée <strong>de</strong> façon fréquente à <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

Cette <strong>douleur</strong> peut être <strong>de</strong> nature prolongée ou chronique mais aussi engendrée par les actes et gestes<br />

réalisés par les soignants. En ce qui concerne <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> prolongée, les étu<strong>de</strong>s montrent que <strong>la</strong><br />

prévalence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chez les personnes âgées varie <strong>de</strong> 40 à 85 % selon les situations et les étu<strong>de</strong>s,<br />

avec <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s intenses à sévères dans 2/3 <strong>de</strong>s cas. En Suè<strong>de</strong>, une enquête déjà ancienne (1996)<br />

avait trouvé une prévalence <strong>de</strong>s <strong>douleur</strong>s modérées ou sévères <strong>de</strong> 68% au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> 85 ans [1].<br />

Parallèlement, <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong>s personnes âgées douloureuses correctement sou<strong>la</strong>gées ne dépasse pas<br />

50 %, voire inférieure à 20 % lorsqu’il s’agit d’une personne âgée démente et présentant <strong>de</strong>s algies<br />

<strong>non</strong> cancéreuses.<br />

Par ailleurs, l’impact <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> sur <strong>la</strong> vie quotidienne double entre <strong>la</strong> tranche d’âge 50-59 (16%) et<br />

80 ans et plus (35%) [2].<br />

Quant aux <strong>douleur</strong>s provoquées par les soins, elles semblent <strong>la</strong>rgement présentes en gériatrie, y<br />

compris pour <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s âgés qui bénéficient uniquement <strong>de</strong> soins quotidiens <strong>de</strong> confort et <strong>de</strong> bien<br />

être [3, 4]. Elles pourraient être particulièrement sévères lors <strong>de</strong> soins longs et répétés. Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

souffrance physique et émotionnelle, <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> délétère, a un retentissement sur <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> vie, est<br />

sous estimée et sous évaluée. A l’heure actuelle il n’existe aucune enquête épidémiologique <strong>la</strong>rge sur<br />

<strong>la</strong> <strong>douleur</strong> in<strong>du</strong>ite par les soins chez les personnes âgées [5].<br />

Une étu<strong>de</strong> pilote menée dans un EHPAD 1 en 2008 avait montré que 69% <strong>de</strong>s gestes concernaient les<br />

soins d'hygiène à <strong>la</strong> personne [6]. Aucun geste ou soin n'avait été réalisé avec une analgésie spécifique<br />

au préa<strong>la</strong>ble. Cette étu<strong>de</strong> monocentrique ne permet pas <strong>de</strong> généraliser ces résultats à l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion gériatrique en institution. En effet, les différentes structures accueil<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s personnes âgées<br />

sont extrêmement variables en terme d’organisation et <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s.<br />

Objectifs <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong><br />

- Réaliser un état <strong>de</strong>s lieux, un recensement qualitatif, quantitatif <strong>de</strong> tous les gestes douloureux,<br />

potentiellement douloureux et stressants pratiqués chez <strong>de</strong>s personnes âgées <strong>de</strong> 65 ans et plus admises<br />

en EHPAD, USLD 2 , SSR 3 et UCS gériatrique 4 .<br />

- Evaluer l'intensité douloureuse et recenser <strong>la</strong> prise en charge analgésique <strong>de</strong>s gestes réalisés.<br />

Métho<strong>de</strong>s<br />

Centres participants : 30 centres <strong>de</strong> <strong>la</strong> région Ile-<strong>de</strong>-France ont été tirés au sort parmi une liste<br />

exhaustive <strong>de</strong> tous les établissements recevant <strong>de</strong>s personnes âgées (EHPAD, USLD, SSR gériatrique,<br />

UCS gériatrique).<br />

Déroulement <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> : Pour chaque <strong>patient</strong> (résidant), un recueil <strong>de</strong> données a été effectué <strong>du</strong>rant 5<br />

jours, <strong>du</strong> lundi au vendredi, 24h/24h. Ont été notés sur un cahier d'observation, tous les gestes réalisés,<br />

leur <strong>du</strong>rée, les moyens antalgiques administrés spécifiquement pour les gestes, les traitements<br />

antalgiques et sédatifs <strong>de</strong> fond, le nombre <strong>de</strong> tentatives pour mener à bien le geste, les résultats <strong>de</strong><br />

l'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> liée au geste (EN 5 ) <strong>patient</strong>, EN soignant, ALGOPLUS [7, 8])<br />

1. Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes.<br />

2. Unité <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> longue <strong>du</strong>rée<br />

3. Soins <strong>de</strong> Suite et <strong>de</strong> Réadaptation<br />

4. Unité <strong>de</strong> court séjour gériatrique<br />

5. Echelle numérique<br />

99


<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>de</strong>s gestes<br />

- Une autoévaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> a été effectuée avec l'échelle numérique (EN) en <strong>de</strong>mandant au<br />

<strong>patient</strong> <strong>de</strong> donner un score <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> entre 0 et 10, 0 correspondant à aucune <strong>douleur</strong> et 10 à <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> maximale imaginable. Seuls les <strong>patient</strong>s (résidants) estimés capables <strong>de</strong> s'auto évaluer par le<br />

mé<strong>de</strong>cin coordonnateur ont utilisé cette métho<strong>de</strong>.<br />

- Une hétéro évaluation a été réalisée systématiquement par le soignant pratiquant le geste chez tous<br />

les <strong>patient</strong>s, lors <strong>de</strong> tous les gestes. Cette évaluation a été effectuée selon 2 modalités :<br />

- avec l'échelle ALGOPLUS qui est une échelle d’évaluation comportementale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

aiguë chez le sujet âgé présentant <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication verbale, constituée <strong>de</strong> 5<br />

items. Les scores varient <strong>de</strong> 0 à 5, où 0 indique l'absence <strong>de</strong> <strong>douleur</strong> et 5 <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> maximale<br />

[7, 8].<br />

- avec l'échelle numérique, où était <strong>de</strong>mandé au soignant d'attribuer un score entre 0 et 10 pour<br />

évaluer <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>du</strong> geste qu'il venait <strong>de</strong> réaliser.<br />

Ethique: Le Comité <strong>de</strong> Protection <strong>de</strong>s Personnes (CPP) Ile <strong>de</strong> France V a examiné le projet. Il a jugé<br />

que cette recherche épidémiologique n’entrait pas dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi sur <strong>la</strong> recherche biomédicale<br />

et ne nécessitait donc pas l’avis d’un CPP.<br />

Résultats<br />

L'étu<strong>de</strong> s'est déroulée <strong>du</strong> 11 janvier au 19 février 2010 dans 28 centres dont 7 EHPAD, 7 SSR, 6<br />

USLD et 8 unités <strong>de</strong> gériatrie aiguë. Au total, 1265 <strong>patient</strong>s ont été inclus. Le nombre moyen (DS 6 ) <strong>de</strong><br />

<strong>patient</strong>s inclus dans les EHPAD, SSR, USLD et UCS a été respectivement <strong>de</strong> : 80 (25) ; 36 (13) ; 48<br />

(15) et 21 (9). L'âge moyen (DS) était <strong>de</strong> 85 (8) ans et 74% <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s (n = 936) étaient <strong>de</strong>s femmes.<br />

Les caractéristiques démographiques <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion sont décrites dans le tableau 1.<br />

Tableau 1 : Caractéristiques <strong>de</strong>s 1265 <strong>patient</strong>s inclus par type <strong>de</strong> structure<br />

Caractéristiques<br />

EHPAD<br />

N=561<br />

SSR<br />

N=249<br />

USLD<br />

N=288<br />

UCS<br />

N=167<br />

Sexe féminin - N (%) 429 (76) 187 (75) 204 (71) 116 (69)<br />

Age<br />

Moyenne (DS)<br />

Valeurs extrêmes<br />

86 (8)<br />

65-103<br />

84 (8)<br />

65-104<br />

85 (8)<br />

65-105<br />

85 (7)<br />

65-102<br />

Ancienneté d'admission (ans)<br />

Moyenne (DS)<br />

Valeurs extrêmes<br />

3,2 (3,3)<br />

0-48<br />

0,2 (0,6)<br />

0-9<br />

3,2 (3,5)<br />

0-29<br />

0,02(0,02)<br />

0-0,02<br />

Patients ayant eu 5j <strong>de</strong> recueil - N (%) 554 (99) 232 (93) 281 (98) 103 (62)<br />

Score GIR (Groupe Iso-Ressource) -N (%)<br />

GIR1<br />

GIR2<br />

GIR3<br />

GIR4<br />

GIR5<br />

GIR6<br />

103 (18)<br />

222 (40)<br />

78(14)<br />

106(19)<br />

30 (5)<br />

22 (4)<br />

31 (13)<br />

52 (22)<br />

49 (21)<br />

59 (26)<br />

25 (11)<br />

17 (7)<br />

98 (34)<br />

139 (48)<br />

27 (9)<br />

19 (7)<br />

5 (2)<br />

0 (0)<br />

43 (29)<br />

42 (28)<br />

22 (15)<br />

25 (17)<br />

9 (6)<br />

7 (5)<br />

1 critère <strong>de</strong> fragilité présent - N (%) 538 (96) 244 (98) 280 (97) 4 (2)<br />

Au moins 1 antalgique <strong>de</strong> fond - N (%) 229 (41) 177 (71) 145 (50) 115 (69)<br />

Patients traités par oxygène - N (%) 12 (2) 21 (8) 21 (7) 38 (23)<br />

Incapacité à l'autoévaluation - N (%) 315 (56) 86 (35) 217 (75) 70 (42)<br />

Décédé pendant l'étu<strong>de</strong> - N (%) 0 2(1) 4 (1) 8 (5)<br />

Concernant les antalgiques <strong>de</strong> fond, <strong>de</strong>s antalgiques <strong>de</strong> niveau 1 ont été prescrits dans 38% <strong>de</strong>s cas<br />

(487), <strong>de</strong> niveau 2 dans 13% <strong>de</strong>s cas (159) et <strong>de</strong> niveau 3 dans 8% <strong>de</strong>s cas (108).<br />

Nombre <strong>de</strong> gestes et type <strong>de</strong> gestes<br />

Au total, 35686 gestes ont été effectués <strong>du</strong>rant les 5 jours <strong>de</strong> recueil pour l'ensemble <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s.<br />

6<br />

DS : déviation standard<br />

100


Tableau 2<br />

Nature <strong>de</strong>s gestes effectués par ordre <strong>de</strong> fréquence décroissante.<br />

Gestes<br />

Total<br />

N (%)<br />

Soins d’hygiène, d’ai<strong>de</strong> et <strong>de</strong> confort 27259 (76.4)<br />

Mobilisation, transferts, ai<strong>de</strong> aux dép<strong>la</strong>cements, kinésithérapie 2570 (7.2)<br />

Prise <strong>de</strong> pression artérielle, <strong>de</strong> constantes 1697 (4.7)<br />

Injection et/ou perfusion sous-cutanées 1237 (3.5)<br />

Ponction digitale 974 (2.7)<br />

Piqûre avec accès vascu<strong>la</strong>ire 513 (1.4)<br />

Soins <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ies, pansements, chirurgie mineure 334 (0.9)<br />

Son<strong>de</strong>s et aspirations 190 (0.5)<br />

Autres piqûres sans accès vascu<strong>la</strong>ire 28 (0.08)<br />

Autres 884 (2.5)<br />

Total 35686 (100)<br />

Sur les 35686 gestes, 33472 (96 %) ont été effectués en une seule tentative.<br />

En EHPAD, les gestes sont réalisés par un (e) ai<strong>de</strong> soignant(e) dans 45 % <strong>de</strong>s cas (3269), un (e)<br />

infirmier (e) dans 7 % <strong>de</strong>s cas (539) et une auxiliaire <strong>de</strong> vie dans 25 % <strong>de</strong>s cas (2042). En SSR, les<br />

gestes sont effectués par un (e) ai<strong>de</strong> soignant(e) dans 58% <strong>de</strong>s cas (4443) et un (e) infirmier(e) dans<br />

28% <strong>de</strong>s cas (2151). En USLD, les gestes sont effectués par un (e) ai<strong>de</strong> soignant(e) dans 81 % <strong>de</strong>s cas<br />

(11813) et un (e) infirmier(e) dans 6 % <strong>de</strong>s cas (884) et en UCS, par un(e) ai<strong>de</strong> soignant (e) dans 49 %<br />

<strong>de</strong>s cas (2893) et un (e) Infirmier(e) dans 45 % <strong>de</strong>s cas (2691).<br />

Traitements lors <strong>de</strong>s gestes<br />

0.9 % <strong>de</strong>s gestes (329) ont été effectués avec une analgésie spécifique pour le geste.<br />

<strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> lors <strong>de</strong>s gestes<br />

L’échelle numérique (EN) a été utilisée par les <strong>patient</strong>s pour 25 % <strong>de</strong>s gestes (8883). L’EN a été<br />

utilisée par les soignants pour 82% <strong>de</strong>s gestes (29207). L’échelle ALGOPLUS a été utilisée pour 88%<br />

<strong>de</strong>s gestes (31344).<br />

Discussion<br />

Ce travail a permis pour <strong>la</strong> première fois <strong>de</strong> quantifier et <strong>de</strong> décrire les gestes effectués<br />

quotidiennement par les soignants chez les personnes âgées en institution. Il montre notamment <strong>la</strong><br />

nature <strong>de</strong>s gestes et mesure précisément les intensités douloureuses associées. Par ailleurs, cette<br />

popu<strong>la</strong>tion est particulièrement vulnérable puisque 70 à 90% ont un score GIR ≤3 et plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié<br />

est incapable d’effectuer une autoévaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>.<br />

Il faut noter que moins <strong>de</strong> 1% <strong>de</strong>s <strong>patient</strong>s ou résidants avaient une analgésie spécifique pour le geste.<br />

Lors <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> pilote réalisée dans un EHPAD en 2008, 3363 gestes avaient été recensés chez 88<br />

résidants inclus. Les distributions trouvées alors, est confirmée avec notamment <strong>la</strong> prédominance <strong>de</strong>s<br />

soins d’hygiène (69%). De même les soignants avaient pu effectuer une évaluation <strong>de</strong> l’intensité<br />

douloureuse avec l'échelle numérique pour 83% <strong>de</strong>s gestes et avec l'échelle ALGOPLUS pour 97%<br />

<strong>de</strong>s gestes. Aucun geste ou soin n'avait été réalisé avec une analgésie spécifique au préa<strong>la</strong>ble.<br />

En conclusion, ces premiers résultats indiquent que <strong>de</strong> nombreux gestes sont quotidiennement<br />

effectués chez ces personnes âgées dont <strong>la</strong> majorité n'est pas <strong>communicant</strong>e et qu'une évaluation<br />

régulière <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> est possible avec un outil adapté.<br />

Ce recensement quantitatif et qualitatif <strong>de</strong>s gestes va permettre aux équipes d'é<strong>la</strong>borer <strong>de</strong>s stratégies<br />

<strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> provoquée selon <strong>la</strong> nature <strong>du</strong> geste, <strong>la</strong> fragilité <strong>du</strong> <strong>patient</strong> et le type <strong>de</strong><br />

structure.<br />

L'équipe <strong>du</strong> <strong>CNRD</strong> adresse ses remerciements à <strong>la</strong> Fondation CNP-Assurances et à <strong>la</strong> Fondation <strong>de</strong><br />

France, aux attachés <strong>de</strong> recherche clinique Mr Blon<strong>de</strong>l P, Melle Dalodier L, Mme Salomé Roux A,<br />

et à tous les soignants ayant participé à l'étu<strong>de</strong>.<br />

101


"Groupe REGARDS" :<br />

EHPAD : Dr Gibiot, Mme Clément R, Mr Mattias - Rési<strong>de</strong>nce Médicis-Vanves (92); Dr Garrigue ,<br />

Mme Quenet V; Mr Fareau - Rési<strong>de</strong>nce MAPI-Les Amandiers-Paris; Dr Jar<strong>de</strong>z, Mme Couteaux M,<br />

Mme Gilles - Rési<strong>de</strong>nce Tiers Temps-Le Plessis Bouchard (95); Dr Samson, Dr Champenois- Romain,<br />

Mme Herlin, Mme Chardot- CH <strong>de</strong> Versailles (78), Dr Dupuy, Mme Lemaire J, Mme Sitek -<br />

Rési<strong>de</strong>nce Hotelia - Noisy Le Grand (93), Dr Guillemette, Mme Laurent D, Mme Zine - Rési<strong>de</strong>nce<br />

Santé Hérold- Paris, Dr Assogba, Mme Roy I, Mme Le Noan- Rési<strong>de</strong>nce Le Parc Fleuri- Gonesse<br />

(95).<br />

SSR : Dr Maillet Gouret, Mme Cosquer N - Hôpital National <strong>de</strong> Saint Maurice (94); Dr Cangini, Mme<br />

Martinez MP - Centre <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> suite <strong>de</strong> Sartrouville (78); Dr Philippe Charru, Mr Bourdin L -<br />

Hôpital Louis Mourier - Colombes (92); Dr Lemeur, Mme Champernau C - Clinique Gériatrique <strong>de</strong><br />

Brunoy - Les Vallées (91); Dr Perilliat JG, Mme Lançon A - Hôpital Dupuytren - Draveil (93); Dr<br />

Mery, Mme Furstoss S - Centre Gériatrique Denis Forestier - La Verrière (78); Dr Fardjal<strong>la</strong>ah, Mme<br />

Trouillet M - Centre Hospitalier Intercommunal <strong>de</strong>s Portes <strong>de</strong> l'Oise - Beaumont/Oise (95).<br />

USLD : Dr Thorez, Mme Coulibally M - Hôpital Chardon Lagache - Paris; Dr Champollion, Mme<br />

Monjot A - Hôpital Corentin-Celton (92); Dr Thubert, Mme Rimbault - Centre <strong>de</strong> gérontologie <strong>de</strong><br />

Chevreuse (78); Dr Mezouani, Dr Benhabib, Mme Genestie, Mme Andreo - Centre Hospitalier Sud<br />

Essonne - Etampes (91); Dr Kemlin, Mme Chapey N - C<strong>la</strong>ire Demeure - Versailles (78); Dr Mekki,<br />

Mme Chouil<strong>la</strong>rd L - Hôpital <strong>de</strong> Montfort L'Amaury (78).<br />

UCS gériatrique : Dr Monguen, Mme Rol<strong>la</strong>nd B - Hôpital Gérontologique P<strong>la</strong>isir Grig<strong>non</strong> (78); Dr<br />

Grancher, Dr Leclercq, Mr Roques D - Hôpital Rothschild - Paris; Dr Burdin, Mme Kongo-Bacari -<br />

Centre Hospitalier Sud Francilien-Site Gilles <strong>de</strong> Corbeil (91); Dr Greffard, Mme Moysan E, Mme<br />

Papas A - Groupe hospitalier Pitié salpétrière - Paris; Dr Moulias, Mme Rivière S - Hôpital Ambroise<br />

Paré - Boulogne Bil<strong>la</strong>ncourt (92); Dr Fossey-Diaz, Mme Garo E - Hôpital Bretonneau - Paris; Dr<br />

Bentabak, Dr Andrieu, Mme Chéron, Mme Christiens - Hôpital René Muret -Bigottini - Sevran (93);<br />

Dr Descombes, Mme Stievenart - Centre hospitalier René Dubos - Cergy Pontoise (95).<br />

Références<br />

1 Brattberg G, Parker MG, Thorslund M.The prevalence of pain among the ol<strong>de</strong>st old in swe<strong>de</strong>n. Pain<br />

1996 ;67 :29-34<br />

2 Thomas E, Mottram S, Peat G, Wilkie R, Croft P. The effect of age on the onset of pain interference in a<br />

general popu<strong>la</strong>tion of ol<strong>de</strong>r a<strong>du</strong>lts: prospective findings from the North Staffordshire Osteoarthritis Project<br />

(NorStOP). Pain 2007;129:21-7.<br />

3 Cornu HP, Chah-Wakilian A, Lambert C. Emile Roux, un jour <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>. Enquête <strong>de</strong> prévalence<br />

dans un hôpital gérontologique<br />

4 Cornu HP Douleur provoquée par les soins, 1 re journée <strong>du</strong> <strong>CNRD</strong> 17/10/2006 : Douleur provoquée<br />

chez <strong>la</strong> personne âgée : données épidémiologiques - Sevran (93)<br />

5 Donnadieu S. Douleurs in<strong>du</strong>ites par les soins chez les personnes âgées. Douleurs 2008 ;9 :22-27<br />

6 Carbajal R et al. Présentation <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> Pilote REGARDS. 4 ème Journée <strong>du</strong> <strong>CNRD</strong> 2009<br />

7 Rat P, E. Jouve, S. Bonin-Guil<strong>la</strong>ume, L. Donnarel, M. Michel, F. Capriz, S. Chapiro, F. Gauquelin, G. Firmin,<br />

L. Di Vico, AS. Drouot, JL. Piechnick, S. El Aouadi, et le Collectif DOLOPLUS. Présentation <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> aiguë pour personnes âgées : ALGOPLUS" Douleurs Vol 8, N°HS1 - octobre 2007 pp. 45-46<br />

8 Rat P, E. Jouve, Pickering G, Donnarel L, Nguyen L, Michel M, Capriz F, Lefebvre-Chapiro S,<br />

Gauquelin F, Bonin-Guil<strong>la</strong>ume S. Validation of an acute pain-behavior scale for ol<strong>de</strong>r persons with<br />

inability to communicate verbally: ALGOPLUS. Eur J Pain (2010), doi: 10.1016/j.ejpain.2010.06.012<br />

102


Annexes<br />

SCORE GIR<br />

Risque <strong>de</strong> fragilité<br />

GIR 1 : Dépendance totale, mentale et corporelle. Albuminémie ≤ 30 g/l<br />

GIR 2 : Gran<strong>de</strong> dépendance Nombre <strong>de</strong> traitements concomitants≥ 5<br />

GIR 3 : Dépendance corporelle Nombre <strong>de</strong> comorbidités ≥ 3<br />

GIR 4 : Dépendance corporelle partielle.<br />

Age ≥ 80 ans<br />

GIR 5 : Dépendance légère.<br />

C<strong>la</strong>irance <strong>de</strong> <strong>la</strong> créatinine < 60ml/mn<br />

GIR 6 : Pas <strong>de</strong> dépendance notable<br />

Présence d'1 critère = <strong>patient</strong> fragile<br />

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