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LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE<br />

LA SÈRIE LUKE E.HART<br />

Comment les catholiques vivent<br />

Section 6:<br />

Le Quatrième Commandement:<br />

La Morale Familiale et Sociale


Les Chevaliers de Colomb présentent<br />

La série Luke E. Hart<br />

Éléments de base de la Foi Catholique<br />

LE QUATRIÈME COMMANDEMENT:<br />

FAMILLE ET MORALE SOCIALE<br />

P A R T I E T R O I S • S E C T I O N S I X D E L A<br />

C H R É T I E N T É C A T H O L I Q U E<br />

Quelles sont les croyances d’un Catholique?<br />

Comment un Catholique prie-t-il?<br />

Comment un Catholique vit-il?<br />

Selon le<br />

Catéchisme de l’Église Catholique<br />

par<br />

Peter Kreeft<br />

Collection dirigée par<br />

la père Juan-Diego Brunetta, O.P.<br />

Directeur du Service d’information catholique<br />

Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb


Nihil obstat:<br />

La père Alfred McBride, O.Praem.<br />

Imprimatur:<br />

Le Cardinal Bernard Law<br />

19 décembre 2000<br />

Le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont des déclarations <strong>of</strong>ficielles qu’un livre ou un dépliant est<br />

libre d’erreurs doctrinales ou morales. Ces déclarations ne sous-entendent pas que les personnes<br />

qui ont accordé le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont en accord avec le contenu, les opinions ou les<br />

déclarations exprimés.<br />

Copyright © 2009 par le Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb. Tous droits réservés.<br />

Extraits du Catéchisme de l’Église Catholique, édition définitive, © Texte typique latin, Libreria<br />

Editrice Vaticana, Citta del Vaticano, 1997. Pour utilisation au Canada, copyright © Concacan<br />

Inc., 1998. Tous droits réservés. Reproduit avec la permission de la Conférence des évêques<br />

catholiques du Canada. Pour obtenir le texte complet, visitez : www.editionscecc.ca<br />

Les citations de l’Écriture sainte sont extraites de la version La Bible, traduction <strong>of</strong>ficielle de la<br />

liturgie, tel que présentée sur le site Internet Bible de la Liturgie, Copyright AELF - Paris -<br />

1980 - Tous droits réservés.<br />

Les extraits en langue latine et en langue anglaise du Droit Canon sont utilisés ici avec l'accord<br />

de l'éditeur © 1983 Société de droit canon d’Amérique, Washington D.C.<br />

Des citations tirées de documents <strong>of</strong>ficiels de l’Église, de Neuner, Josef, SJ et Dupuis, Jacques,<br />

SJ., éditeurs : The Christian Faith : Doctrinal Documents <strong>of</strong> the Catholic Church, 5e édition (New<br />

York : Alba House, 1993) Utilisation autorisée.<br />

Avec l’autorisation de l’éditeur, tous droits réservés, nous avons utilisé des extraits du Vatican<br />

<strong>Council</strong> II : The Conciliar and Post-Conciliar Document Revised Edition, édité par Austin Flannery<br />

OP, copyright © 1992, Costello Publishing Company, Inc., Northport, NY. Ces extraits, en<br />

tout ou en partie, ne sauraient être reproduits, ni stockés dans un système de gestion<br />

d'information, ni retransmis sous quelque forme ni par quelque moyen que ce soit, électronique,<br />

mécanique, photographique, magnétique, numérique ou tout autre, sans l'autorisation explicite<br />

de la Costello Publishing Company.<br />

Couverture : Ambrogio Lorenzetti (fl. C. 1311-1348), Le saint Nicholas de Bari <strong>of</strong>fre une dot à de<br />

pauvres filles. Louvre, Paris, France. ©Erich Lessing/Art Resource, New York.<br />

Toute représentation, transmission ou reproduction intégrale ou partielle de ce livre, sous<br />

quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photographique,<br />

magnétique, numérique ou tout autre, sans l’autorisation écrite de l’éditeur, est strictement<br />

interdite. Communiquer par écrit avec :<br />

<strong>Knights</strong> <strong>of</strong> <strong>Columbus</strong> <strong>Supreme</strong> <strong>Council</strong><br />

Catholic Information Service<br />

PO Box 1971<br />

New Haven, CT 06521-1971 USA<br />

www.k<strong>of</strong>c.org/informationcatholique<br />

cis@k<strong>of</strong>c.org<br />

Téléphone : 203-752-4267<br />

Télécopieur : 203-752-4018<br />

Imprimé aux États-Unis d’Amérique


U N M O T S U R C E T T E S É R I E<br />

Ce livret en est un d’une série de 30 livrets qui <strong>of</strong>frent une<br />

expression familière des principaux éléments du Catéchisme de<br />

l’Église Catholique. Le pape Jean-Paul II, sous l’autorité duquel le<br />

Catéchisme fut d’abord publié en 1992, exprima le désir que de<br />

telles versions soient publiées afin que chaque peuple et chaque<br />

culture puissent s’approprier son contenu comme le leur.<br />

Ces livrets ne remplacent pas le Catéchisme, mais sont<br />

<strong>of</strong>ferts seulement dans l’esprit de rendre son contenu plus<br />

accessible. La série est à certains moments poétique, familière,<br />

enjouée et imaginative; en tout temps, elle s’efforce d’être fidèle<br />

à la foi.<br />

Le Service d’information catholique recommande de lire<br />

chaque mois au moins un livret de la série Hart afin d’obtenir une<br />

compréhension plus pr<strong>of</strong>onde, plus mature de la Foi.<br />

-iii-


T R O I S I È M E PA R T I E : C O M M E N T L E S<br />

C AT H O L I Q U E S V I V E N T ( M O R A L I T É )<br />

SECTION 6: LE QUATRIÈME<br />

COMMANDEMENT: FAMILLE<br />

ET MORALE SOCIALE<br />

Honore ton père et ta mère<br />

1. La morale sociale et politique catholique est fondée sur Dieu et sur la<br />

famille<br />

« [L]’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour »<br />

(Romains 13, 10). Les dix commandements précisent comment<br />

aimer. Les trois premiers commandements (la première table de la<br />

loi) nous dit comment aimer Dieu, et les sept dernières (la seconde<br />

table) comment aimer le prochain.<br />

De même que le premier commandement est le fondement de<br />

la première table de la loi, le quatrième est le fondement de la<br />

deuxième table. « Le quatrième commandement ouvre la seconde<br />

table. Il indique l’ordre de la charité. Dieu a voulu qu’après Lui,<br />

nous honorions nos parents à qui nous devons la vie et qui nous ont<br />

transmis la connaissance de Dieu. Nous sommes tenus d’honorer et<br />

de respecter tous ceux que Dieu, pour notre bien, a revêtus de son<br />

autorité. » (CÉC 2197) Cela inclut « tuteurs, maîtres, chefs,<br />

magistrats, gouvernants, […] tous ceux qui exercent une autorité<br />

sur autrui ou sur une communauté de personnes » (CÉC 2199).<br />

*CÉC = Catéchisme de l’Église Catholique<br />

-5-


Notre relation avec les autorités sociales et politiques<br />

s’enracine donc dans notre relation encore plus fondamentale avec<br />

nos parents, laquelle s’enracine elle-même dans la plus<br />

fondamentale de toutes les relations, celle avec notre Créateur. Il y a<br />

un ordre hiérarchique entre les trois, qui dérivent l’une de l’autre.<br />

Ce principe fondamental distingue radicalement la morale<br />

sociale et politique catholique des options séculières modernes.<br />

Presque toujours, la mise à l’écart séculière de Dieu et de son<br />

autorité va de pair avec une mise à l’écart de la famille, de son<br />

autorité et de sa priorité sur l’État. Les idéologies séculières ont une<br />

tendance naturelle à surestimer les États et à sous-estimer les<br />

familles parce que les États sont des réalisations humaines, qui<br />

prennent beaucoup de formes différentes, tandis que la famille est<br />

conçue par Dieu et non par l’homme, et ne peut pas être remaniée<br />

en pr<strong>of</strong>ondeur pour prendre diverses formes, même si c’est<br />

exactement ce que les sécularistes d’aujourd’hui essaient souvent de<br />

faire; par exemple, ils déclarent que l’union artificielle, temporaire<br />

et stérile de deux homosexuels ou plus est une « famille » tout<br />

autant que l’union naturelle, permanente et procréatrice du mari et<br />

de la femme.<br />

Avant d’expliquer les détails de l’enseignement catholique sur<br />

la famille privée (paragraphes 6 12) et la société publique<br />

(paragraphes 13-20), nous devons expliquer un principe<br />

fondamental qui régit les deux et qui est très souvent mal compris<br />

aujourd’hui : le sens de l’autorité et de l’obéissance et leur<br />

compatibilité avec l’égalité (paragraphes 2-5).<br />

2. Le sens de l’autorité<br />

Lorsque saint Paul résume dans ses épîtres la volonté de Dieu<br />

concernant l’ordre social humain, il mentionne habituellement<br />

quatre relations, les quatre relations naturelles qui persistent en tout<br />

temps, en tout lieu, dans toutes les cultures et dans tous les systèmes<br />

politiques : a) entre parents et enfants; b) entre mari et femme; c)<br />

entre dirigeants et citoyens; d) entre maîtres et serviteurs. Dans la<br />

Rome antique, cette dernière désignait la relation entre maîtres et<br />

-6-


esclaves; en langage moderne, il s’agit des employeurs et des<br />

employés. (On paie le plombier pour ses services.)<br />

L’autorité et l’obéissance sont des notions utilisées par presque<br />

toutes les cultures prémodernes pour décrire ces relations<br />

fondamentales, et la Bible et l’Église aussi les utilisent pour<br />

désigner des choses naturelles, convenables et bonnes. Toutefois, ces<br />

deux termes sont très souvent incompris aujourd’hui et rejetés en<br />

conséquence.<br />

Le premier point est que l’autorité des parents, des maris, des<br />

dirigeants et des maîtres n’est pas la même chose, mais quatre<br />

choses qui diffèrent grandement par leur nature et leur portée. On<br />

ne peut pas s’attendre à ce que l’autorité des dirigeants sur les<br />

citoyens soit fondée sur l’amour désintéressé du Christ, mais cet<br />

amour est le seul fondement donné par les Écritures pour justifier<br />

l’autorité du mari sur sa femme (Éphésiens 5, 22-25), et on l’attend<br />

aussi des parents envers les enfants.<br />

Deuxième point : alors qu’il est dit aux femmes d’être<br />

« soumises » à leurs maris, il est également dit aux maris d’être<br />

« soumis » à leurs femmes : « soyez soumis les uns aux autres »<br />

(Éphésiens 5, 21).<br />

Troisième point : si les parents, les maris, les dirigeants et les<br />

maîtres détiennent l’autorité sur les enfants, les femmes, les citoyens<br />

et les serviteurs, il reste qu’ils ont des responsabilités envers ceux-ci.<br />

Les maris doivent aimer leurs femmes « comme le Christ a aimé<br />

l’Église » (Éphésiens 5, 25) et non pour être leurs maîtres. Dieu a<br />

conçu ces relations humaines sur le modèle d’une danse entre égaux<br />

qui jouent des rôles différents et non d’une lutte de pouvoir entre<br />

des personnes inégales qui convoitent le premier rôle. Ces relations<br />

doivent être comme la Trinité. Quand le Fils de Dieu s’est fait<br />

homme, Il nous a révélé la nature trinitaire de Dieu comme relation<br />

d’amour entre trois Personnes égales qui sont pourtant reliées par un<br />

ordre d’autorité et d’obéissance. Le Fils obéit au Père en toutes<br />

choses. Il a donc changé radicalement notre compréhension de<br />

l’autorité et de l’obéissance et a corrigé notre incompréhension<br />

naturelle.<br />

-7-


Cette incompréhension consiste à confondre l’autorité avec le<br />

pouvoir et l’obéissance avec l’infériorité, la faiblesse ou la servilité.<br />

Elle provient du fait qu’on adopte le point de vue du monde et non<br />

celui de Dieu. Le monde chérit le pouvoir; Dieu chérit la bonté.<br />

L’autorité au sens biblique n’est pas un terme de pouvoir mais un<br />

terme de bonté; il désigne le droit et non la force.<br />

Si on détient l’autorité sur quelqu’un, cela présuppose<br />

toujours qu’on est sous une autorité plus haute et qu’on la<br />

transmet fidèlement comme l’Église transmet l’Évangile du<br />

Christ. L’Église n’a pas l’autorité (c’est-à-dire le droit) d’inventer<br />

ou de changer ce qu’elle a reçu de Dieu; elle est le courrier de<br />

Dieu, pas son rédacteur ou son critique. L’autorité, c’est le droit<br />

de quelqu’un d’être obéi en raison de son obéissance, comme le<br />

centurion romain l’a dit au Christ en faisant appel à l’autorité<br />

qu’Il avait sur la maladie mortelle de son serviteur : « dis<br />

seulement un mot, et mon serviteur sera guéri. Moi qui suis un<br />

subalterne, j’ai des soldats sous mes ordres; à l’un, je dis : “Va”,<br />

et il va; à l’autre : “Viens”, et il vient » (Luc 7, 7-8). De même<br />

qu’il savait que son autorité découlait de son obéissance à César,<br />

le centurion savait que l’autorité du Christ découlait de son<br />

obéissance au Père. Le Christ avait autorité sur les démons et les<br />

maladies parce qu’Il pouvait dire en vérité : « je ne suis pas<br />

descendu du ciel pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté<br />

de celui qui m’a envoyé » (Jean 6, 38).<br />

3. Le sens de l’obéissance<br />

Cet exemple montre aussi que l’obéissance n’est pas un signe<br />

d’infériorité. Personne n’a jamais obéi à la volonté du Père plus<br />

complètement que le Christ; pourtant, le Christ était divin, égal au<br />

Père en toutes choses.<br />

C’est pourquoi, lorsque le quatrième commandement prescrit<br />

aux enfants d’obéir à leurs parents et lorsque le Nouveau Testament<br />

prescrit aux femmes d’obéir à leurs maris (Éphésiens 5, 22;<br />

Colossiens 3, 18; Tite 2, 5; 1 Pierre 3, 1), aux citoyens d’obéir à leurs<br />

dirigeants (Romains 13, 1; 1 Pierre 2, 13-14) et aux serviteurs<br />

d’obéir à leurs maîtres (Colossiens 3, 22; Tite 2, 9; 1 Pierre 2, 18),<br />

-8-


cela ne veut pas dire une relation entre inférieur et supérieur. En fait,<br />

cette fausse interprétation est expressément contredite : « Dieu ne<br />

fait pas de différence entre les hommes » (Colossiens 3, 25).<br />

4. Les formes sociales de l’autorité et de l’obéissance changent avec le temps<br />

Seule l’autorité de Dieu est absolue et immuable. Les quatre<br />

formes de l’autorité humaine sont tributaires des cultures et<br />

prennent, de façon légitime, des formes très différentes selon les<br />

lieux et les époques. L’Église ne veut pas plus un retour de<br />

l’humanité aux relations de style victorien entre mari et femme,<br />

entre parents et enfants ou entre maîtres et serviteurs qu’elle ne veut<br />

nous ramener à l’idéal médiéval de l’État monarchique.<br />

Toutefois, une certaine dimension verticale ou hiérarchique de<br />

l’autorité qui « descend » et de la réponse d’obéissance qui<br />

« remonte » est une dimension nécessaire de tout ordre social. La<br />

dimension horizontale de l’égalité entre tous les humains est tout<br />

aussi nécessaire. Sans autorité, le chaos règne; sans égalité, c’est la<br />

tyrannie. Les modes d’interaction entre ces deux dimensions<br />

changent avec les époques, les lieux et les cultures. L’essentiel est<br />

simplement que l’autorité ne contredit pas l’égalité et que l’égalité<br />

n’abolit pas l’autorité. « Dieu a institué la famille humaine et l’a<br />

dotée de sa constitution fondamentale. Ses membres sont des<br />

personnes égales en dignité. » (CÉC 2203) Pourtant, en même<br />

temps, l’Écriture insiste à maintes reprises sur l’autorité et<br />

commande l’obéissance entre ces « personnes égales en dignité ».<br />

Tel est le dessein de Dieu, et c’est un fait qu’aucun homme ne<br />

peut changer parce qu’aucun homme ne l’a inventé. « Dieu a<br />

institué la famille humaine et l’a dotée de sa constitution<br />

fondamentale » (CÉC 2203) : voilà le fondement le plus solide<br />

possible de l’égalité, ainsi que du fait, également ordonné par Dieu,<br />

que « [t]oute communauté humaine a besoin d’une autorité qui la<br />

régisse » 3 (CÉC 1898).<br />

5. Récompenses de l’obéissance au quatrième commandement<br />

Saint Paul remarque que « c’est le premier commandement<br />

assorti d’une promesse » (Éphésiens 6, 2). « Le respect de ce<br />

-9-


commandement procure, avec les fruits spirituels, des fruits<br />

temporels de paix et de prospérité. Au contraire, l’inobservance de<br />

ce commandement entraîne de grands dommages pour les<br />

communautés et pour les personnes humaines. » (CÉC 2200)<br />

L’histoire confirme cette promesse. Dans l’histoire de<br />

l’humanité, les trois sociétés les plus stables, les plus durables et<br />

jouissant de la plus grande paix interne existent toujours; les<br />

fondements moraux essentiels de ces communautés ont été établis<br />

par Moïse (il y a plus de 3 500 ans), par Confucius (il y a plus de 2<br />

500 ans) et par Mahomet (il y a plus de 1 300 ans). Les trois sont<br />

fondées sur une très haute considération pour les familles et sur la<br />

pratique d’une éducation morale constante.<br />

Le Christ n’a pas fondé une nouvelle société civile, mais Il a<br />

réaffirmé et accompli la Loi de Moïse, que Dieu n’a pas promulguée<br />

seulement pour Israël, mais pour le monde entier. Non seulement le<br />

judaïsme, mais toute société civile peut prospérer en prenant<br />

comme fondement les dix commandements.<br />

6. Qu’est-ce que la famille?<br />

Le Catéchisme définit trois caractéristiques essentielles de la<br />

famille : son essence, son origine et sa fin.<br />

(1) « Un homme et une femme unis en mariage forment avec<br />

leurs enfants une famille. » (CÉC 2202) Voilà la définition<br />

simple et évidente des parties constituantes d’une famille.<br />

(2) L’origine première de la famille est le dessein de Dieu,<br />

mais son origine immédiate est le libre choix d’un homme<br />

et d’une femme qui décident de créer une nouvelle personne<br />

morale, « une seule chair ». « La communauté conjugale<br />

est établie sur le consentement des époux. » (CÉC 2201)<br />

(3) La famille a deux fins essentielles : « Le mariage et la famille<br />

sont ordonnés au bien des époux et à la procréation et à<br />

l’éducation des enfants. » (CÉC 2201)<br />

Ainsi, deux hommes ou plus, deux femmes ou plus, un couple<br />

non marié, des personnes mariées par contrainte, deux personnes qui<br />

se sont mariées sans avoir un minimum de bienveillance l’une pour<br />

-10-


l’autre et les personnes qui refusent à perpétuité d’avoir des enfants<br />

manquent à l’une des conditions essentielles d’une famille.<br />

7. Priorité de la famille sur l’État<br />

(1) La famille est supérieure à l’État par son origine, et donc par<br />

ses droits. L’État n’a pas inventé la famille et ne lui a pas<br />

donné sa constitution ni ses droits; il n’a donc pas le<br />

pouvoir de la dissoudre ni de la réinventer. « Cette<br />

disposition [la famille] précède toute reconnaissance par<br />

l’autorité publique; elle s’impose à elle. » (CÉC 2202) La<br />

famille n’a pas reçu ses droits de l’État, mais de Dieu,<br />

puisqu’elle tient de Lui son existence et sa « constitution<br />

fondamentale » (structure essentielle).<br />

(2) La famille est supérieure à l’État par sa fin ou sa raison<br />

d’être. L’État existe pour promouvoir le bien des familles<br />

et des personnes, et non l’inverse.<br />

(3) La famille est supérieure à l’État en importance, car elle est<br />

l’unité de base fondamentale de toute société, « la cellule<br />

originelle de la vie sociale » (CÉC 2207). En conséquence,<br />

« [s]uivant le principe de subsidiarité [voir le paragraphe<br />

18], les communautés plus vastes se garderont d’usurper<br />

ses pouvoirs ou de s’immiscer dans sa vie » (CÉC 2209).<br />

8. Devoirs spécifiques de l’État envers la famille<br />

« La communauté politique a le devoir d’honorer la famille, de<br />

l’assister, de lui assurer notamment :<br />

[1] la liberté de fonder un foyer,<br />

[2] d’avoir des enfants<br />

[3] et de les élever en accord avec ses propres convictions<br />

morales et religieuses [cela s’applique spécialement aux<br />

écoles publiques];<br />

[4] la protection de la stabilité du lien conjugal […];<br />

[5] la liberté de pr<strong>of</strong>esser sa foi, de la transmettre, d’élever ses<br />

enfants en elle […];<br />

[6] le droit à la propriété privée,<br />

-11-


[7] la liberté d’entreprendre,<br />

[8] d’obtenir un travail,<br />

[9] un logement,<br />

[10] le droit d’émigrer;<br />

[11] selon les institutions des pays, le droit aux soins<br />

médicaux, à l’assistance pour les personnes âgées, aux<br />

allocations familiales;<br />

[12] la protection de la sécurité et de la salubrité, notamment<br />

à l’égard des dangers comme la drogue, la pornographie,<br />

l’alcoolisme, etc.;<br />

[13] la liberté de former des associations avec d’autres familles<br />

et d’être ainsi représentées auprès des autorités civiles. » 1<br />

(CÉC 2211)<br />

[14] « Premiers responsables de l’éducation de leurs enfants,<br />

les parents ont le droit de choisir pour eux une école qui<br />

correspond à leurs propres convictions. Ce droit est<br />

fondamental. » (CÉC 2229)<br />

9. Famille et morale<br />

« La famille est la communauté dans laquelle, dès l’enfance, on<br />

peut apprendre les valeurs morales » (CÉC 2207).<br />

« Le foyer est un lieu approprié à l’éducation des vertus. Celleci<br />

requiert l’apprentissage de l’abnégation, d’un sain jugement,<br />

de la maîtrise de soi, conditions de toute liberté véritable. Les<br />

parents enseigneront aux enfants à subordonner “les dimensions<br />

physiques et instinctives aux dimensions intérieures et<br />

spirituelles” » 3 (CÉC 2223).<br />

10. Famille et religion<br />

« La famille est la communauté dans laquelle, dès l’enfance, on<br />

peut […] commencer à honorer Dieu » (CÉC 2207). « “[P]our cette<br />

raison, (…) elle doit être désignée comme une église domestique.” 2<br />

Elle est une communauté de foi, d’espérance et de charité. » (CÉC<br />

2204) Elle est le seul endroit où la plupart d’entre nous apprennent<br />

la leçon la plus importante de la vie : la charité (agapè), l’amour qui<br />

-12-


est la nature même de Dieu (1 Jean 4, 16). C’est le lieu où les enfants<br />

découvrent que cette charité, et donc ce Dieu, n’est pas seulement<br />

un idéal abstrait, mais une réalité concrète. Ainsi, la plupart d’entre<br />

nous découvrent que Dieu existe par la médiation de nos parents,<br />

qui nous transmettent la réalité de Dieu (la charité).<br />

La famille enseigne aux enfants qu’ils sont aimés de façon égale<br />

et sans limite, qu’ils soient faibles ou forts, en santé ou malades,<br />

« normaux » ou « handicapés », car ils ne sont pas aimés comme dans<br />

le monde, pour leur degré de réussite dans l’accomplissement d’une<br />

tâche physique ou mentale, pour leur travail, pour leur excellence<br />

artistique ou sportive, mais simplement pour ce qu’ils sont : des<br />

enfants de Dieu et de parents dont l’amour, comme celui de Dieu, a<br />

été la cause plutôt que la conséquence de leur existence et de leur<br />

valeur; cet amour leur a dit : « vous êtes précieux parce que vous êtes<br />

aimés », et non « vous êtes aimés en raison de votre valeur ».<br />

Puisque la famille est le premier endroit où les enfants<br />

connaissent cet amour sans condition, sans limite et sans fin, elle est<br />

appelée à juste titre une église, un corps du Christ visible, car cet<br />

amour est précisément celui du Christ, qui devient réellement présent,<br />

sous une forme différente mais tout aussi réelle que dans<br />

l’Eucharistie.<br />

11. Les devoirs des enfants<br />

a. Les devoirs fondamentaux des enfants<br />

« La paternité divine est la source de la paternité<br />

humaine; 2 c’est elle qui fonde l’honneur des parents. »<br />

(CÉC 2214) « Dieu le Père » n’est pas une métaphore,<br />

une copie ou une image de la paternité humaine; la<br />

paternité divine est le fait primordial, et la paternité<br />

humaine en est l’image ou la copie.<br />

b. Quatre devoirs fondamentaux<br />

1) Respect : « Le respect des enfants, mineurs ou adultes,<br />

pour leurs père et mère 3 se nourrit [d’une part] de<br />

l’affection naturelle née du lien qui les unit. Il est<br />

demandé [d’autre part] par le précepte divin. » 4<br />

-13-


(CÉC 2214) Il est à la fois naturel et surnaturel. « Le<br />

respect filial favorise l’harmonie de toute la vie<br />

familiale, il concerne aussi les relations entre frères et<br />

sœurs. » (CÉC 2219)<br />

2) Reconnaissance : « Le respect pour les parents […] est<br />

fait de reconnaissance à l’égard de ceux qui, par le don de<br />

la vie, leur amour et leur travail, ont mis leurs enfants<br />

au monde et leur ont permis de grandir » (CÉC 2215).<br />

« Souviens-toi que tu leur dois la naissance, comment<br />

leur rendras-tu ce qu’ils ont fait pour toi? » (Sirac 7, 28)<br />

3) Obéissance : « Le respect filial se révèle par […]<br />

l’obéissance » (CÉC 2216). « Aussi longtemps que<br />

l’enfant vit au domicile de ses parents, l’enfant doit<br />

obéir à toute demande des parents motivée par son bien<br />

ou par celui de la famille. » (CÉC 2217) « L’obéissance<br />

envers les parents cesse avec l’émancipation des enfants<br />

[quand ils quittent la maison], mais non point le<br />

respect qui reste dû à jamais. » (CÉC 2217)<br />

4) Soutien : « Le quatrième commandement rappelle aux<br />

enfants, devenus grands, leurs responsabilités envers les<br />

parents. Autant qu’ils le peuvent, ils doivent leur<br />

donner l’aide matérielle et morale, dans les années de<br />

vieillesse, et durant le temps de maladie, de solitude et<br />

de détresse. » 2 (CÉC 2218)<br />

12. Les devoirs des parents<br />

1) « La fécondité de l’amour conjugal ne se réduit pas à la<br />

seule procréation des enfants »,<br />

2) « mais doit s’étendre à leur éducation morale et à leur<br />

formation spirituelle. “Le rôle des parents dans l’éducation est<br />

d’une telle importance qu’il est presque impossible de les<br />

remplacer.” » 1 (CÉC 2221)<br />

3) « Les parents doivent regarder leurs enfants comme des<br />

enfants de Dieu et les respecter comme des personnes<br />

humaines. » (CÉC 2222)<br />

-14-


4) Les parents devraient corriger leurs enfants, mais non les<br />

provoquer (Éphésiens 6, 4).<br />

5) « Par la grâce du sacrement de mariage, les parents ont reçu<br />

la responsabilité et le privilège d’évangéliser leurs enfants. Ils<br />

les initieront dès le premier âge aux mystères de la foi »<br />

(CÉC 2225).<br />

6) « Les parents veilleront à ne contraindre leurs enfants ni<br />

dans le choix d’une pr<strong>of</strong>ession, ni dans celui d’un conjoint.<br />

Ce devoir de réserve ne leur interdit pas, bien au contraire,<br />

de les aider par des avis judicieux » (CÉC 2230). Les<br />

parents sont de loin l’influence la plus importante sur<br />

l’enfant lorsqu’il fait les trois choix les plus importants de<br />

sa vie : quel Dieu adorer, quel conjoint marier et quelle<br />

pr<strong>of</strong>ession embrasser.<br />

7) « C’est une grave responsabilité pour les parents de donner<br />

de bons exemples à leurs enfants. » (CÉC 2223) C’est de<br />

loin la manière la plus efficace d’enseigner la morale et la<br />

religion.<br />

8) « En sachant reconnaître devant eux leurs propres défauts,<br />

ils seront mieux à même de les guider et de les corriger »<br />

(CÉC 2223). Les enfants doivent apprendre que les parents,<br />

eux aussi, sont soumis à la même loi et à la même autorité<br />

divines.<br />

13. Morale sociale catholique : le fondement de la communauté sociale est<br />

Dieu en tant que fin commune<br />

Comme l’individu humain, une société humaine est « à la fois<br />

visible et spirituelle » (CÉC 1880). Une société, comme un corps,<br />

est visible, mais son principe d’unité, comme une âme, est spirituel.<br />

Pour être une communauté, elle doit avoir un principe commun<br />

d’unité. « Une société est un ensemble de personnes liées de façon<br />

organique par un principe d’unité qui dépasse chacune d’elles. »<br />

(CÉC 1880)<br />

Ce principe d’unité est sa fin. « Chaque communauté se<br />

définit par son but » (CÉC 1881). Dans La Cité de Dieu, saint<br />

-15-


Augustin a défini la cité ou la communauté comme un groupe de<br />

personnes « réunies par un amour commun » [traduction]. « Car là<br />

où est votre trésor [l’objet de votre amour], là aussi sera votre cœur<br />

[votre centre, votre identité]. » (Luc 12, 34) Un grand nombre de<br />

personnes deviennent une communauté en étant présentes les unes<br />

aux autres par leur adhésion à un objectif commun. Elles<br />

s’identifient l’une à l’autre lorsqu’elles s’identifient toutes à la même<br />

fin.<br />

14. Dieu est le fondement ultime de l’égalité<br />

Par-dessus tout, cet « objectif commun » est Dieu. « Tous les<br />

hommes sont appelés à la même fin, Dieu Lui-même. » (CÉC 1878)<br />

En raison de cette fin commune, les hommes ont une dignité<br />

commune.<br />

La même conclusion — notre dignité et notre valeur<br />

communes — découle aussi de notre origine commune : « Créés à<br />

l’image du Dieu unique, dotés d’une même âme raisonnable, tous<br />

les hommes ont même nature et même origine. » (CÉC 1934) Voilà<br />

le vrai fondement de l’égalité des hommes; aucun autre fondement<br />

(comme l’opinion ou le consensus des hommes) n’est absolument<br />

protégé des conceptions humaines changeantes de race « supérieure »<br />

ou de groupes « indésirables ». Dieu seul est immuable.<br />

15. Dieu est le fondement de la dignité de la personne humaine<br />

Presque tous admettent l’égalité des humains et leur dignité,<br />

et comprennent l’importance de ces vérités pour une société juste,<br />

mais tous n’admettent pas que Dieu est le seul fondement valable et<br />

la seule garantie de ces vérités.<br />

Une société juste reconnaît la valeur intrinsèque de chaque<br />

personne, mais cette valeur est transcendante et ne peut être révoquée<br />

par aucune autorité humaine, pour la seule raison qu’elle n’émane<br />

d’aucune autorité humaine, mais de Dieu. « La justice sociale ne<br />

peut être obtenue que dans le respect de la dignité transcendante de<br />

l’homme. » (CÉC 1929) « Le respect de la personne humaine<br />

implique celui des droits qui découlent de sa dignité de créature [de<br />

-16-


Dieu]. Ces droits sont antérieurs à la société et s’imposent à elle. »<br />

(CÉC 1930)<br />

16. Les devoirs des citoyens<br />

1) Obéissance : « Le quatrième commandement de Dieu nous<br />

ordonne aussi d’honorer tous ceux qui, pour notre bien, ont<br />

reçu de Dieu une autorité dans la société. » (CÉC 2234)<br />

Cela ne veut pas dire qu’il existe un « droit divin des rois »,<br />

d’un certain gouvernement ou d’une certaine forme de<br />

gouvernement; cela veut dire que Dieu a conçu l’homme<br />

en tant que créature sociale et politique, et donc qu’en<br />

obéissant aux autorités sociales légitimes, nous obéissons au<br />

dessein de Dieu. Il nous est dit : « Soyez soumis à toute<br />

institution humaine, à cause du Seigneur » (1 Pierre 2, 13;<br />

voir aussi Romains 13, 1).<br />

Sont également moralement obligatoires :<br />

2) « le paiement des impôts »,<br />

3) « l’exercice du droit de vote »,<br />

4) « la défense du pays » (CÉC 2240).<br />

5) Nous avons aussi l’obligation d’être vigilants et d’avoir<br />

l’esprit critique. Notre « collaboration loyale comporte le<br />

droit, parfois le devoir d’exercer une juste remontrance sur<br />

ce qui [nous] paraîtrait nuisible à la dignité des personnes<br />

et au bien de la communauté » (CÉC 2238).<br />

6) Parfois, nous avons même le devoir de désobéir : « Le<br />

citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les<br />

prescriptions des autorités civiles quand ces préceptes sont<br />

contraires aux exigences de l’ordre moral » (CÉC 2242).<br />

« S’il arrive aux dirigeants d’édicter des lois injustes ou de<br />

prendre des mesures contraires à l’ordre moral, ces<br />

dispositions ne sauraient obliger les consciences. » (CÉC<br />

1903) Les lois sociales humaines doivent être jugées d’après<br />

la loi naturelle, qui leur est supérieure (voir la partie III,<br />

section 2, paragraphe 2). En fait, c’est seulement s’il existe<br />

une telle loi supérieure que des protestations contre les lois<br />

-17-


humaines peuvent être morales ou justes. Le séculariste<br />

moderne qui nie l’existence d’une loi naturelle, de par sa<br />

logique, doit, soit admettre que toutes les lois humaines<br />

sont à l’abri des critiques et être un conservateur<br />

immobiliste, soit les rejeter sans faire appel à une morale<br />

supérieure et être un hors-la-loi qui s’appuie seulement sur<br />

la force et non sur le droit.<br />

7) Charité : « “[L]e sentier, souvent étroit, entre la lâcheté qui<br />

cède au mal et la violence qui, croyant le combattre,<br />

l’aggrave” 5 […] est le chemin de la charité, c’est-à-dire de<br />

l’amour de Dieu et du prochain. La charité représente le plus<br />

grand commandement social. […] Elle inspire une vie de<br />

don de soi » (CÉC 1889). Elle n’est pas un « supplément »<br />

louable réservé aux saints, mais une nécessité pour toute<br />

famille ou société fonctionnelle.<br />

17. Les devoirs des nations<br />

« Les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant<br />

que faire se peut l’étranger en quête de la sécurité et des ressources<br />

vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine. » (CÉC 2241)<br />

Les nations riches sont également tenues en charité d’aider les<br />

nations pauvres, particulièrement dans le cas d’un besoin immédiat<br />

tel qu’une famine.<br />

Les familles devraient aussi, tout autant que les particuliers<br />

et les nations, faire preuve de charité envers d’autres familles. Si<br />

la charité individuelle et familiale fonctionnait comme il se doit,<br />

les bureaucraties gouvernementales impersonnelles pourraient<br />

être moins lourdes, moins coûteuses et moins indiscrètes. « La<br />

participation [à la société] se réalise d’abord dans la prise en<br />

charge des domaines dont on assume la responsabilité personnelle :<br />

par le soin apporté à l’éducation de sa famille, par la conscience<br />

dans son travail » 3 (CÉC 1914). On ne doit pas négliger ces<br />

devoirs concrets et immédiats en faveur de causes abstraites et<br />

éloignées qui donnent l’illusion d’être très idéaliste et moral.<br />

-18-


Le Christ nous a commandé d’aimer notre prochain, pas<br />

« l’humanité ».<br />

18. Subsidiarité et socialisation<br />

D’une part, la « “socialisation” exprime […] la tendance<br />

naturelle qui pousse les humains à s’associer, en vue d’atteindre des<br />

objectifs qui excèdent les capacités individuelles » (CÉC 1882).<br />

D’autre part, « [l]a socialisation présente aussi des dangers.<br />

Une intervention trop poussée de l’État peut menacer la liberté et<br />

l’initiative personnelles. La doctrine de l’Église a élaboré le principe<br />

dit de subsidiarité. Selon celui-ci, “une société d’ordre supérieur<br />

[plus vaste] ne doit pas intervenir dans la vie interne d’une société<br />

d’ordre inférieur [moins vaste] en lui enlevant ses compétences,<br />

mais elle doit plutôt la soutenir” » 3 (CÉC 1883). Ce principe<br />

s’applique spécialement aux familles.<br />

Le modèle du principe de subsidiarité est le gouvernement<br />

exercé par Dieu sur l’univers. « Dieu n’a pas voulu retenir pour Lui<br />

seul l’exercice de tous les pouvoirs. Il remet à chaque créature les<br />

fonctions qu’elle est capable d’exercer, selon les capacités de sa<br />

nature propre. Ce mode de gouvernement doit être imité dans la vie<br />

sociale. Le comportement de Dieu dans le gouvernement du monde,<br />

qui témoigne de si grands égards pour la liberté humaine, devrait<br />

inspirer la sagesse de ceux qui gouvernent les communautés<br />

humaines. » (CÉC 1884) Le Créateur de l’univers se retire, de<br />

manière humble et anonyme, et laisse ses créatures recueillir la<br />

gloire; selon la maxime médiévale, « la grâce ne remplace pas la<br />

nature mais la perfectionne ». Le philosophe chinois antique Lao-<br />

Tseu, dans le Dao De Jing, a observé le même principe dans<br />

l’univers, qui est gouverné par le Tao invisible et effacé, ou la « voie »<br />

de la nature, et il a aussi appliqué ce principe au gouvernement<br />

humain.<br />

L’enseignement catholique est équitable, équilibré et complet<br />

à ce sujet comme sur tout autre point. D’une part, « [l]e principe de<br />

subsidiarité s’oppose à toutes les formes de collectivisme. Il trace les<br />

limites de l’intervention de l’État. » (CÉC 1885) D’autre part, la<br />

-19-


socialisation est humanisante, et l’État est nécessaire non seulement<br />

pour maintenir l’ordre public, mais aussi pour assurer une<br />

« couverture sociale » des besoins humains essentiels comme la<br />

nourriture, le logement, les possibilités d’emploi et les soins<br />

médicaux de base à ceux qui ne bénéficient pas d’initiatives privées,<br />

de la charité individuelle ou d’une famille.<br />

19. Le personnalisme, clé de politiques bénéfiques<br />

« L’inversion des moyens et des fins, 2 qui aboutit à donner<br />

valeur de fin ultime à ce qui n’est que moyen d’y concourir, ou à<br />

considérer des personnes comme de purs moyens en vue d’un but,<br />

engendre des structures injustes » (CÉC 1887).<br />

« Le bien commun est toujours orienté vers le progrès des<br />

personnes : “L’ordre des choses doit être subordonné à l’ordre des<br />

personnes, et non l’inverse.” » 2 (CÉC 1912) La raison d’être de tout<br />

gouvernement public, des impôts, des armées et des lois est le<br />

bonheur des particuliers et des familles.<br />

Et leur bonté aussi. Voici une définition très simple d’une<br />

bonne société : « une bonne société est une société qui rend facile<br />

d’être bon » [traduction] (Dorothy Day citant Peter Maurin).<br />

Une bonne société est une société où chacun reconnaît « dans<br />

toute personne humaine, un fils ou une fille de […] “notre Père”.<br />

Par là, nos relations avec notre prochain sont reconnues d’ordre<br />

personnel. Le prochain n’est pas un “individu” de la collectivité<br />

humaine; il est “quelqu’un” » (CÉC 2212). « Les communautés<br />

humaines sont composées de personnes. [En conséquence], [l]eur bon<br />

gouvernement ne se limite pas à la garantie des droits et à<br />

l’accomplissement des devoirs, ainsi qu’à la fidélité aux contrats. De<br />

justes relations entre employeurs et employés, gouvernants et<br />

citoyens, supposent la bienveillance naturelle » (CÉC 2213). De<br />

bonnes gens et de bonnes relations rendent bonne la pire société; de<br />

mauvaises gens et de mauvaises relations rendent mauvaise la<br />

meilleure société.<br />

-20-


20. Personnes et institutions<br />

D’une part, aucune justice sociale ni aucun progrès ne peut<br />

être réalisé simplement de l’extérieur, par des institutions<br />

impersonnelles, mais il doit venir de l’intérieur, des personnes, du<br />

cœur et d’un libre choix. « Il faut alors faire appel aux capacités<br />

spirituelles et morales de la personne et à l’exigence permanente de<br />

sa conversion intérieure, afin d’obtenir des changements sociaux qui<br />

soient réellement à son service. » (CÉC 1888) C’est pourquoi le<br />

Nouveau Testament parle toujours de conversion et de morale<br />

personnelles et non de réforme des institutions; il s’attaque à la<br />

racine.<br />

D’autre part, « [l]a priorité reconnue à la conversion du cœur<br />

n’élimine nullement, elle impose, au contraire, l’obligation<br />

d’apporter aux institutions et aux conditions de vie [extérieures]<br />

[…] les assainissements convenables » (CÉC 1888).<br />

Certains lecteurs trouveront les principes de ce livret trop<br />

d’extrême droite; d’autres les trouveront trop d’extrême gauche.<br />

C’est exactement ce à quoi il faut s’attendre s’ils viennent de Dieu<br />

et non des hommes, qui, comme un train emballé, a quitté la voie<br />

de Dieu de bien des manières opposées. La morale sociale et<br />

politique catholique ne se conforme totalement à aucun<br />

establishment séculier populaire. Elle n’est ni un libertarianisme<br />

anarchique et individualiste, ni un socialisme collectiviste; elle n’est<br />

ni un optimisme utopique ni un pessimisme cynique; elle n’est ni<br />

droitiste ni gauchiste; elle ne s’identifie ni au programme du Parti<br />

conservateur, ni à celui du Parti libéral. Elle n’est pas non plus un<br />

vague compromis entre les deux. Elle est une voie plus haute et plus<br />

complète, fondée sur la réalité essentielle de la nature humaine et<br />

non sur les modes capricieuses d’une idéologie humaine.<br />

________________________<br />

Notes dans les citations du catéchisme<br />

3 Cf. Léon XIII, enc. « Diuturnum illud »; enc. « Immortale Dei ».<br />

1 Cf. FC 46.<br />

3 CA 36.<br />

-21-


2 FC 21; cf. LG 11.<br />

2 Cf. Ep 3, 15.<br />

3 Cf. Pr 1, 8; Tb 4, 3-4.<br />

4 Cf. Ex 20, 12.<br />

2 Cf. Mc 7, 10-12.<br />

1 GE 3.<br />

5 CA 25.<br />

3 Cf. CA 43.<br />

3 CA 48; cf. Pie XI, enc. « Quadragesimo anno ».<br />

2 Cf. CA 41.<br />

2 GS 26, § 3.<br />

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