12.03.2014 Views

L'enfant, ses droits et nous - Pr Jean-Yves Hayez

L'enfant, ses droits et nous - Pr Jean-Yves Hayez

L'enfant, ses droits et nous - Pr Jean-Yves Hayez

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Claude Lelièvre<br />

Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

L’enfant,<br />

<strong>ses</strong> <strong>droits</strong> <strong>et</strong> <strong>nous</strong><br />

<strong>Pr</strong>éface de SAR Le <strong>Pr</strong>ince Laurent,<br />

<strong>Pr</strong>ésident de l’Institut royal pour la Gestion durable<br />

des Ressources naturelles <strong>et</strong> la <strong>Pr</strong>omotion des Technologies propres


La couverture reproduit le dessin du lutin magicien, souffleur de bulles, personnage<br />

dessiné à l’origine par Phil Skat, sur une idée d’Anne Fenaux. Qu’ils en soient tous<br />

les deux remerciés.<br />

L’enfant, <strong>ses</strong> <strong>droits</strong> <strong>et</strong> <strong>nous</strong><br />

Rapport annuel du Délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

– 2003-2004.<br />

Conseillers techniques :<br />

Fernand Uytterhaeghe, directeur honoraire<br />

de l’Administration de l’aide à la jeunesse.<br />

Adelin Pirlot, psycho-pédagogue,<br />

formateur d’enseignants à l’école normale de Nivelles<br />

©Copyright 2004 : Tournesol Conseils SA – Éditions Luc Pire<br />

Quai aux Pierres de taille, 37-39 – 1000 Bruxelles<br />

editions@lucpire.be<br />

http://www.lucpire.be<br />

Mise en page : ELP<br />

Couverture : Aplanos<br />

Illustration de couverture : Phil Skat<br />

Imprimerie : Grenz-Echo, Eupen<br />

ISBN : 2-87415-472-5<br />

Dépôt légal: D/2004/6840/101


Claude Lelièvre<br />

Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

L’enfant,<br />

<strong>ses</strong> <strong>droits</strong> <strong>et</strong> <strong>nous</strong><br />

Rapport annuel 2003-2004 du Délégué général<br />

de la Communauté française<br />

aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

<strong>Pr</strong>éface de SAR Le <strong>Pr</strong>ince Laurent,<br />

<strong>Pr</strong>ésident de l’Institut royal pour la Gestion durable<br />

des Ressources naturelles <strong>et</strong> la <strong>Pr</strong>omotion des Technologies propres


Table des matières<br />

<strong>Pr</strong>éface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9<br />

1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15<br />

2. L’ombusdman, médiateur institutionnel . . . . . . . . . . . . . .23<br />

3. Informations, plaintes <strong>et</strong> demandes de médiation<br />

concernant des enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .83<br />

• Tableau synthétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .83<br />

• Tableaux comparatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .86<br />

• Commentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .93<br />

4. Informations, plaintes <strong>et</strong> demandes de médiation<br />

concernant des services, des autorités ou des normes . . .107<br />

• Tableau synthétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .107<br />

• Commentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .110


6 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

5. <strong>Pr</strong>incipaux dossiers généraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .197<br />

• Lutte contre la maltraitance <strong>et</strong> les abus sexuels dont<br />

sont victimes les enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .197<br />

• Aide <strong>et</strong> protection de la jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . .201<br />

• Les mineurs d’âge candidats réfugiés<br />

politiques non accompagnés <strong>et</strong> les mineurs d’âge<br />

étrangers en situation illégale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .251<br />

• Affaires familiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .253<br />

• Sensibilisation <strong>et</strong> information des enfants de leurs <strong>droits</strong><br />

<strong>et</strong> obligations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .257<br />

• Maintien des relations personnelles<br />

entre les enfants <strong>et</strong> leurs parents détenus . . . . . . . . . . . . . .277<br />

• Nouvelles instances en vue d’un meilleur respect<br />

des <strong>droits</strong> de l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .279<br />

• Soins palliatifs – Euthanasie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .281<br />

• Droits des enfants sourds <strong>et</strong> malentendants . . . . . . . . . . . .283<br />

• Relations internationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .284<br />

6. Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .305


TABLE DES MATIÈRES 7<br />

7. Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .319<br />

• Décr<strong>et</strong> instituant un Délégué général<br />

de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant . . . . . .319<br />

• Arrêté du Gouvernement de la Communauté française<br />

relatif au Délégué général de la Communauté française<br />

aux <strong>droits</strong> de l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .324<br />

• <strong>Pr</strong>ésentation de l’institution du Délégué général<br />

de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant . . . . . .330


<strong>Pr</strong>éface<br />

Avec les premiers frimas de l’automne, un fois encore, le Rapport<br />

Annuel du Délégué général aux Droits de l’Enfant <strong>nous</strong> est proposé.<br />

Ce Rapport est tout d’abord un exercice de mémoire. Il fait l’inventaire<br />

– oh ! combien douloureux – <strong>et</strong> l’analyse des manquements<br />

aux enfants. C’est aussi un répertoire des initiatives qui ont été pri<strong>ses</strong><br />

ces derniers temps. Ce Rapport est donc – d’une certaine manière – un<br />

« instantané » de la situation en Communauté française de Belgique.<br />

Toutefois, il me paraît important de placer c<strong>et</strong> « instantané » à côté<br />

de ceux qui ont été publiés antérieurement, puisque <strong>nous</strong> en sommes<br />

à la 13 e édition. Déjà.<br />

C<strong>et</strong>te juxtaposition <strong>nous</strong> perm<strong>et</strong>tra de mesurer le chemin parcouru. Et<br />

– hélas – cela <strong>nous</strong> perm<strong>et</strong>tra d’entrevoir le chemin qui reste à parcourir.<br />

Car, malgré la volonté de l’immense majorité de la population,<br />

malgré l’engagement des parents, celui des Pouvoirs publics <strong>et</strong> judiciaires,<br />

celui des forces morales <strong>et</strong> des thérapeutes, malgré le dévouement<br />

des associations <strong>et</strong> des structures de médiations – telle celle<br />

dirigée par le Délégué général aux Droits de l’Enfant – certains, dans<br />

notre Société pourtant dite « civilisée », détruisent encore des enfants.<br />

Cela est vrai, <strong>nous</strong> le savons tous, <strong>et</strong> devons reconnaître avec lucidité<br />

la route qui reste à faire.<br />

D’un autre côté, un Rapport Annuel est aussi un exercice de prospective,<br />

<strong>et</strong> Claude Lelièvre s’y attache, avec son enthousiasme bien<br />

connu <strong>et</strong> reconnu.


10 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Nous <strong>nous</strong> sommes rencontrés à diver<strong>ses</strong> repri<strong>ses</strong>, à l’occasion d’événements<br />

organisés dans le cadre de l’IRGT, que j’ai l’honneur de présider.<br />

Nous trouvant « dans la nature » – accompagnés de Conseils communaux<br />

d’Enfants – <strong>nous</strong> avons évoqué les Droits de l’Enfant. Et, de c<strong>et</strong><br />

échange, est née l’idée qu’à côté des Droits fondamentaux de l’Enfant<br />

reconnus tant sur le plan international que dans notre Société, il en est un<br />

qui pourrait sans doute être mieux pris en compte: le Droit de pouvoir<br />

vivre dans un environnement durable <strong>et</strong> sur une « planète propre ».<br />

En eff<strong>et</strong>, la planète sera telle que <strong>nous</strong> la laisserons à nos enfants.<br />

Il est donc évident que les enfants ont le Droit d’avoir un héritage<br />

viable.<br />

C<strong>et</strong>te idée – que <strong>nous</strong> avons d’ailleurs partagé avec la collègue de<br />

Claude Lelièvre en Communauté flamande – <strong>nous</strong> avons décidé de la<br />

concrétiser dès 2004 par des actions communes.<br />

En un premier temps, ces actions porteront sur la problématique de<br />

l’accès à l’eau, car s’il est un bien public auquel ont droit les enfants<br />

– tant les nôtres que ceux du Sud – c’est effectivement celui de l’accès<br />

à l’eau.<br />

Mon vœu est par ailleurs que, dans tous les Conseils communaux<br />

d’Enfants, un « Échevin de l’Environnement » soit mis en place, chargé<br />

de la gestion du Développement durable, de la Solidarité Nord-Sud,<br />

dans la logique des Agendas 21 locaux du Somm<strong>et</strong> de la Terre de 1992.<br />

Le Délégué général aux Droits de l’Enfant souligne, dans son introduction,<br />

l’importance de l’éducation, liée intimement à la prévention.<br />

A mon sens, ceci est tout aussi vrai pour ce qui est communément<br />

appelé « l’Éducation relative à l’Environnement ». C’est grâce à elle<br />

que <strong>nous</strong> gagnerons l’adhésion des Jeunes afin de faire face, avec eux,<br />

aux défis environnementaux qui <strong>nous</strong> attendent tous.


PRÉFACE 11<br />

Les valeurs que défend le Délégué général aux Droits de l’Enfant<br />

– celles de la protection de l’enfance – sont universelles. Toute personne<br />

humaine digne de ce nom se doit d’adhérer aux principes du<br />

combat qu’il mène, avec tous ceux que j’ai cités plus haut. Nul effort<br />

n’est marginal lorsque l’intégrité ou la personnalité d’un enfant sont<br />

menacées. C’est notre devoir à tous : celui de transm<strong>et</strong>tre la dignité<br />

d’être homme.<br />

Ainsi que l’écrivait le Sénateur Lallemand dans une préface antérieure<br />

: « Les Droits de l’Homme ne survivent pas là où l’enfant est<br />

écrasé ou opprimé ».<br />

Parmi ces Droits, il y a celui d’être <strong>et</strong> de grandir sur une Planète<br />

durable. Là est le souhait que, à mon sens, <strong>nous</strong> partageons tous.<br />

Laurent de Belgique<br />


12 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

À la mémoire de Julie <strong>et</strong> Mélissa, Kim,<br />

Loubna, Katrien, Carola, Vinciane, Laurence,<br />

An <strong>et</strong> Eefje, David, Willy… <strong>et</strong> tous les autres enfants,<br />

victimes de la folie des hommes.<br />

Que nul n’oublie. Jamais.<br />

A Élisab<strong>et</strong>h, Ken, Nathalie, Gevrije,<br />

Liam, Sylvie, Ilse, Agnès<br />

<strong>et</strong> à tous les enfants disparus…<br />

Que l’on continue à chercher,<br />

sans relâche, avec obstination.<br />

À Cindy <strong>et</strong> Adèle…


L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS 13<br />

Le décès inopiné du <strong>Pr</strong>ofesseur André Kahn, responsable du<br />

service de pédiatrie de l’Hôpital Universitaire des enfants Reine<br />

Fabiola, <strong>nous</strong> a tous touché profondément.<br />

Depuis de nombreu<strong>ses</strong> années, le <strong>Pr</strong>ofesseur Kahn était associé<br />

aux travaux du Délégué général. Il faisait partie du Comité consultatif<br />

qui a pour objectif de favoriser une pratique professionnelle de l’institution<br />

la plus efficace possible au bénéfice des enfants 1 .<br />

Au sein de ce comité, le <strong>Pr</strong>ofesseur Kahn était particulièrement<br />

actif. Il avait notamment présidé une commission des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

hospitalisé, commission qui a débouché sur des recommandations<br />

transmi<strong>ses</strong> aux différentes autorités compétentes. Ses avis <strong>et</strong> conseils<br />

relatifs à l’éthique, aux <strong>droits</strong> des enfants malades <strong>et</strong>/ou hospitalisés,<br />

aux devoirs des professionnels de la santé étaient particulièrement<br />

appréciés.<br />

Nous dédions ce livre à c<strong>et</strong> homme de cœur qui, par sa gentillesse,<br />

sa disponibilité <strong>et</strong> son professionnalisme, était un modèle à suivre<br />

pour chacun d’entre <strong>nous</strong>.<br />

∆<br />

1. Les membres de ce Comité consultatif sont : Monsieur <strong>Jean</strong>-Pierre AGNEES-<br />

SENS : <strong>Pr</strong>ésident de chambre <strong>et</strong> Juge d’appel de la jeunesse à la Cour d’appel de<br />

Mons ; Madame Claire BRISSET : Défenseure des enfants, pour la France ;<br />

Madame Anne DE KERCHOVE : Chargé de cours à l’Université de Mons-<br />

Hainaut ; Monsieur <strong>Jean</strong>-Pierre DE LAUNOIT : <strong>Pr</strong>ésident de RTL-TVI ; Madame<br />

Françoise DIGNEFFE : <strong>Pr</strong>ofesseur <strong>et</strong> <strong>Pr</strong>ésidente de la faculté de criminologie de<br />

l’Université Catholique de Louvain ; Monsieur Fernand GEUBELLE : <strong>Pr</strong>ofesseur


14 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

honoraire de pédiatrie de l’Université de Liège ; Monsieur <strong>Yves</strong>-Hiram HAESE-<br />

VOETS : Psychologue clinicien, expert près des tribunaux, chargé de recherche <strong>et</strong><br />

maître de conférences à l’Université Libre de Bruxelles; Monsieur Roger LAL-<br />

LEMAND : Avocat, <strong>Pr</strong>ésident honoraire du Sénat ; Monsieur Pierre LAMBERT:<br />

Avocat ; Monsieur Alex LEFEBVRE : Psychologue, <strong>Pr</strong>ofesseur ordinaire à la<br />

Faculté des sciences psychologiques <strong>et</strong> de l’éducation de l’Université Libre de<br />

Bruxelles <strong>et</strong> à l’École de criminologie « Léon Cornil » ; Monsieur <strong>Jean</strong>-Denis<br />

LEJEUNE, papa de Julie ; Monsieur Patrick MANDOUX : Conseiller à la Cour<br />

d’appel de Bruxelles, <strong>Pr</strong>ofesseur de droit pénal <strong>et</strong> de procédure pénale à<br />

l’Université Libre de Bruxelles ; Monsieur Thierry MARCHANDISE : <strong>Pr</strong>ocureur<br />

du Roi à Charleroi ; Monsieur Adelin PIRLOT : Psychopédagogue, Formateur<br />

d’enseignants à l’École Normale de Nivelles (Communauté française) ; Monsieur<br />

Marc PREUMONT : Avocat, Chargé de cours à l’Université Libre de Bruxelles,<br />

<strong>Pr</strong>ésident de la Commission permanente de l’enfance maltraitée; Monsieur <strong>Jean</strong>-<br />

Paul PROCUREUR : Journaliste à la Radio-télévision belge de la Communauté<br />

française, Ex-animateur de l’émission « Cartes sur table », Parlementaire ;<br />

Madame Lise THIRY: Médecin ; Madame Maryse TONON : Créatrice d’Écoute-<br />

Enfants » ; Monsieur Philippe TOUSSAINT : Chroniqueur judiciaire, Rédacteur<br />

en chef du « Journal des <strong>Pr</strong>ocès » ; Monsieur Marc VAINSEL : <strong>Pr</strong>ésident du<br />

Comité de gestion du Fonds Houtman ; Monsieur Damien VANDERMEERSCH :<br />

Vice-<strong>Pr</strong>ésident du Tribunal de première instance <strong>et</strong> Juge d’Instruction à Bruxelles,<br />

<strong>Pr</strong>ofesseur de droit pénal <strong>et</strong> de procédure pénale à l’Université Catholique de<br />

Louvain ; Monsieur Pédro VEGA : <strong>Pr</strong>ésident de l’Union des Conseillers <strong>et</strong><br />

Directeurs de l’aide à la jeunesse ; Monsieur Juan VERLINDEN: Avocat, responsable<br />

de la section jeunesse du Barreau de Bruxelles.


– 1–<br />

Introduction<br />

Ce 1 er septembre 2004, à l’heure où c<strong>et</strong>te introduction à mon 13 e<br />

rapport annuel est rédigée, je me dis que celle-ci revêt un caractère<br />

bien particulier : c’est la première fois depuis 1991 que le rapport<br />

annuel est rédigé sous la responsabilité d’un intérimaire 1 .<br />

Il se pourrait donc que, le 20 novembre 2004, une autre personne<br />

rem<strong>et</strong>te le présent rapport annuel simultanément au Gouvernement <strong>et</strong><br />

au Parlement de la Communauté française, puis l’expose <strong>et</strong> le<br />

défende.<br />

On se souviendra que le précédent rapport, le 12 e , recelait la synthèse<br />

des recommandations émi<strong>ses</strong> aux différents Gouvernements <strong>et</strong><br />

Parlements depuis 1991 2 .<br />

Aujourd’hui, <strong>nous</strong> <strong>nous</strong> attacherons à les comparer avec les<br />

accords de Gouvernement du 9 juill<strong>et</strong> 2004.<br />

2004 fut l’année du procès Dutroux <strong>et</strong> consorts. Elle fut aussi celle<br />

de l’arrestation d’un autre prédateur d’enfants : Fournir<strong>et</strong>. C<strong>et</strong>te<br />

découverte doit faire comprendre à la population, mais aussi aux responsables<br />

politiques, que le combat – car c’est bien d’un combat qu’il<br />

s’agit – à l’égard des prédateurs d’enfants <strong>et</strong> contre la pédophilie doit<br />

être permanent <strong>et</strong> multidimensionnel car l’humanité produit <strong>et</strong> produira<br />

toujours des déviants <strong>et</strong> des monstres 3 .


16 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Faut-il rappeler le préambule du plan de lutte contre la pédophilie<br />

que j’ai remis au Roi Albert II en 1993 ? :<br />

À l’issue des travaux <strong>et</strong> à la lecture du rapport, l’envie de crier<br />

révolte <strong>et</strong> dégoût est toujours présente.<br />

Dans ce rapport, derrière les mots nuancés, à la recherche d’un<br />

hypothétique consensus entre spécialistes d’horizons divers, il y<br />

a des enfants victimes. Des enfants caressés, abusés, violés:<br />

enfants marqués au fer, à vie. D’autres, disparus, qu’on ne<br />

reverra plus. D’autres tués, massacrés, dépecés.<br />

La pédophilie frappe partout : dans les campagnes comme dans<br />

les villes. Elle concerne tous les milieux sociaux : les pauvres<br />

comme les riches, les intellectuels comme les manuels.<br />

L’acte de pédophilie est rarement isolé. Lorsqu’il est connu, il<br />

fait souvent partie d’un chapel<strong>et</strong> d’abus.<br />

La récidive est un phénomène courant, y compris lorsque la<br />

Justice a sévi, <strong>et</strong> même lorsque les thérapeutes sont intervenus.<br />

Tout au plus, en conjuguant les actions, espère-t-on réduire le<br />

phénomène.<br />

Nous sommes tous coupables d’indifférence <strong>et</strong> de laxisme parce<br />

que, jusqu’à présent, notre société a été incapable de m<strong>et</strong>tre en<br />

place une politique globale <strong>et</strong> coordonnée de lutte contre la<br />

pédophilie.<br />

La maltraitance d’enfants, dont les abus sexuels, ne sera sans doute<br />

jamais éradiquée car l’agressivité, l’instinct sexuel, <strong>et</strong> donc la violence<br />

font hélas partie de l’essence humaine.


INTRODUCTION 17<br />

<strong>Pr</strong>otéger les enfants reste d’abord le devoir des parents. Cela fait<br />

partie de l’éducation donnée aux enfants. C<strong>et</strong> apprentissage à la sécurité<br />

personnelle peut se comparer à celui de la sécurité routière : les<br />

parents apprennent à leurs enfants des réflexes de sécurité personnelle,<br />

à se méfier de certains adultes, comme ils leur enseignent la<br />

prudence face aux voitures <strong>et</strong> dans les passages cloutés.<br />

C<strong>et</strong>te protection des enfants, assurée par les parents, peut être<br />

complétée <strong>et</strong> corrigée par des actions de prévention, principalement<br />

dans les écoles. C’est une compétence qu’assume la Communauté<br />

française.<br />

Mais, contre les prédateurs d’enfants, l’éducation <strong>et</strong> la prévention<br />

n’ont que peu de poids. La protection des enfants contre ces agresseurs<br />

relève de la responsabilité de l’État. Ce sont les forces de<br />

l’ordre, la Justice, le pénitentiaire <strong>et</strong> le thérapeutique qui doivent<br />

assumer c<strong>et</strong>te charge <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te responsabilité : découvrir les enfants disparus,<br />

les sauver, protéger les enfants contre les abuseurs potentiels ou<br />

avérés, rechercher les prédateurs, les poursuivre, les sanctionner, les<br />

empêcher de nuire…<br />

Les politiques en c<strong>et</strong>te matière doivent donc aujourd’hui être à la<br />

fois coordonnées <strong>et</strong> cohérentes <strong>et</strong> revêtir aussi une dimension internationale.<br />

Face au respect des <strong>droits</strong> de l’Homme, les autorités seront<br />

confrontées à des conflits de valeurs : présomption d’innocence,<br />

intérêt supérieur de l’enfant, droit à la possibilité d’une libération<br />

conditionnelle, risque de récidive, libération en fin de peine, protection<br />

de l’enfant <strong>et</strong> contrôle social…<br />

Que l’on respecte enfin les <strong>droits</strong> de l’enfant ! Son intérêt supérieur<br />

doit prévaloir sur toutes autres considérations, fussent-elles idéologiquement<br />

séduisantes.


18 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

À c<strong>et</strong> égard, les autorités n’ont peut-être pas suffisamment perçu<br />

l’importance du 2 e congrès international francophone sur l’agression<br />

sexuelle qui s’est déroulé à Bruxelles en 2003 <strong>et</strong> qui a permis à plus<br />

de 700 participants de présenter <strong>et</strong> de confronter leurs pratiques. En<br />

2005, le Québec organisera le 3 e congrès sur l’agression sexuelle.<br />

Comme en 2001, l’institution du Délégué général de la Communauté<br />

française aux <strong>droits</strong> de l’enfant coordonnera le comité scientifique<br />

belge <strong>et</strong> son comité préparatoire afin que la Belgique francophone<br />

participe pleinement à c<strong>et</strong>te rencontre internationale au caractère<br />

scientifique très important.<br />

2004 fut aussi une année d’élections en Communauté française.<br />

Lors de sa rencontre avec le formateur, notre institution a insisté sur<br />

l’essentiel en liaison directe avec les <strong>droits</strong> de l’enfant dans le<br />

domaine institutionnel : la désignation d’un véritable ministre de<br />

l’enfance assumant les compétences de la p<strong>et</strong>ite enfance, de la politique<br />

de la jeunesse, de l’aide à la jeunesse <strong>et</strong> de la protection de la<br />

jeunesse, la mise en œuvre de la commission nationale des <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant, l’organisation des conférences interministérielles sur les<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant, le fonctionnement efficace de l’Observatoire de<br />

l’enfance de la jeunesse <strong>et</strong> de l’aide à la jeunesse ainsi que de l’institution<br />

du Délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong><br />

de l’enfant.<br />

L’exercice écoulé <strong>nous</strong> aura fait prendre d’avantage encore<br />

conscience de la difficulté à prendre en charge les cas de rapts parentaux<br />

particulièrement conflictuels <strong>et</strong> douloureux.<br />

Il n’y aura pas toujours un Ministre des Affaires étrangères disponible<br />

pour se rendre en Iran ou ailleurs pour y régler une procédure de<br />

conciliation entre parties. Et même s’ils l’étaient tous, comment pourraient-ils,<br />

de manière équitable, gérer les dizaines de situations familiales<br />

problématiques à travers le monde.


INTRODUCTION 19<br />

En raison des disponibilités <strong>et</strong> des moyens matériels nécessaires,<br />

notamment pour se rendre sur place à l’étranger, il n’est pas pensable<br />

que des institutions, comme le Délégué général de la Communauté française<br />

aux <strong>droits</strong> de l’enfant ou comme la Kinderrechtencommissaris,<br />

soit capable de prendre en charge toutes les situations de rapt parental<br />

pour lesquelles ils sont saisis légalement.<br />

Il est illusoire également de croire qu’une organisation comme<br />

Child Focus puisse régler ces problèmes, en raison notamment des<br />

pouvoirs restreints qui lui sont conférés.<br />

Nous rappelons donc notre proposition de créer, par une loi, des<br />

médiateurs internationaux dépendant directement du <strong>Pr</strong>emier Ministre<br />

<strong>et</strong> travaillant en concertation avec les autorités judiciaires saisies des<br />

dossiers de rapts parentaux <strong>et</strong> avec le soutien du Ministère des<br />

Affaires étrangères.<br />

Sans doute pourrions-<strong>nous</strong> aborder dans c<strong>et</strong>te introduction d’autres<br />

suj<strong>et</strong>s préoccupants comme l’adoption nationale <strong>et</strong> internationale. On<br />

suivra en tout cas avec attention la mise en œuvre de la Convention de<br />

La Haye <strong>et</strong> l’installation de l’autorité communautaire compétente<br />

pour veiller à son respect.<br />

Bien sûr, on pourrait encore s’inquiéter de la multiplication du<br />

nombre de places en milieu fermé pour mineurs délinquants soit à<br />

l’initiative du Ministère de la Justice 4 soit sous l’impulsion de la<br />

Communauté française 5 .<br />

Il y a une dizaine d’années, l’Union des magistrats de la jeunesse<br />

réclamait à corps <strong>et</strong> à cris 50 places en milieu fermé. En 2004, pas<br />

moins de 85 places sont occupées en permanence <strong>et</strong> à grands frais par<br />

décision des Juges de la jeunesse. Dans le même temps, les<br />

Conseillers <strong>et</strong> les Directeurs de l’aide à la jeunesse se lamentent en


20 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

raison du manque de lits disponibles pour accueillir des enfants en<br />

danger. Paradoxe ? Peut-être… À méditer de toutes manières.<br />

Enfin, on pourrait s’interroger sur les eff<strong>et</strong>s tangibles des États<br />

généraux des familles menés tambour battant par la Secrétaire d’État<br />

à la Famille avant les élections régionales <strong>et</strong> communautaires.<br />

L’affaire du Fonds de créances alimentaires <strong>nous</strong> laisse un goût amer.<br />

Allons ! Rien que pour ces matières, il y a du pain sur la planche<br />

pour l’institution du Délégué général de la Communauté française aux<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant, chargée de veiller au respect des <strong>droits</strong> <strong>et</strong> des intérêts<br />

des enfants en Communauté française de Belgique, de tous les<br />

enfants.<br />

Et donc, pour les autres domaines, elle devra aussi veiller au grain,<br />

autant que faire se peut.<br />

∆<br />

1. Le 2 e mandat du Délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

se terminait le 31 octobre 2003. A c<strong>et</strong>te date, la procédure de nomination du<br />

nouveau Délégué général ayant pris du r<strong>et</strong>ard, le Ministre-<strong>Pr</strong>ésident de la<br />

Communauté française, Monsieur Hervé Hasquin, chargea Claude Lelièvre d’assurer<br />

l’intérim pour la bonne continuation du service public. Au 31 août 2004, soit<br />

10 mois plus tard, l’intérim courrait toujours.<br />

Le Gouvernement de la Communauté française d’avant les élections 2004 avait<br />

pourtant déposé devant le Parlement de la Communauté française le proj<strong>et</strong> de<br />

décr<strong>et</strong> instituant un Délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant qui, une fois voté, a singulièrement affirmé les compétences, renforcé les<br />

pouvoirs <strong>et</strong> pérennisé l’institution.<br />

Il a encore doté l’institution de nouveaux locaux plus fonctionnels encore que par<br />

le passé.<br />

A ces égards, <strong>nous</strong> lui rendons hommage.


INTRODUCTION 21<br />

Mais ces points positifs ne peuvent occulter le fait que ce même Gouvernement<br />

n’a pu – ou voulu – terminer dans les délais – ou du moins dans des délais raisonnables<br />

– la procédure de nomination du Délégué général de la Communauté<br />

française aux <strong>droits</strong> de l’enfant, malgré qu’il ait été en pos<strong>ses</strong>sion du dossier du<br />

Parlement depuis le 21 janvier 2004.<br />

2. Le Gouvernement <strong>et</strong> le Parlement actuels sont les cinquièmes depuis le 1 er<br />

novembre 1991 avec différentes majorités : PS-PSC, MR-PS-ECOLO, PS-CDH.<br />

3. Depuis, il y a eu, en septembre 2004, devant les Assi<strong>ses</strong> de Saint-Brieux en France,<br />

le début du procès d’Alexandre Ferraud, c<strong>et</strong> animateur de 26 ans qui a avoué avoir<br />

abusé sexuellement d’une soixantaine d’enfants âgés entre 3 <strong>et</strong> 14 ans.<br />

En octobre 2004, il y a eu, en Grande-Br<strong>et</strong>agne, la condamnation à vie de William<br />

Goad, 60 ans, qui a violé, selon l’enquête, quelques 3000 jeunes garçons !<br />

4. Le célèbre Everberg <strong>et</strong> <strong>ses</strong> 26 enfermements réservés aux garçons francophones.<br />

5. L’institution de Braine-le-Château offre aujourd’hui, places d’urgences compri<strong>ses</strong>,<br />

43 places en milieu éducatif fermé pour les garçons <strong>et</strong> celle de Fraipont 11 places<br />

- Saint-Servais compte 5 lits réservés aux jeunes filles.


– 2 –<br />

L’ombudsman,<br />

médiateur institutionnel<br />

Le Délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant fut, en Europe, la première institution publique de défense<br />

des <strong>droits</strong> de l’enfant chargée de s’occuper de situations individuelles<br />

d’enfants <strong>et</strong> notamment de recevoir des demandes de médiation. Le<br />

développement de c<strong>et</strong>te pratique fut donc fatalement de nature prétorienne<br />

même si l’apport théorique <strong>et</strong> méthodologique reste indéniable.<br />

La confrontation des pratiques de médiation lors de rencontres avec<br />

des collègues soit au sein du réseau européen des ombudsmans des<br />

enfants (ENOC), soit au sein de l’Association des ombudsmans <strong>et</strong><br />

médiateurs de la francophonie (AOMF), soit avec les collègues belges<br />

(de kinderrechtencommissaris, le médiateur fédéral, le médiateur de<br />

la Région wallonne <strong>et</strong> la médiatrice de la Communauté française)<br />

<strong>nous</strong> a permis d’évoluer dans notre pratique de médiation.<br />

Nous n’avons pas la prétention d’être exhaustif dans notre exposé<br />

portant sur la médiation institutionnelle menée par le Délégué général,<br />

institution indépendante, dans le cadre de sa mission légale.<br />

Tout au plus, voulons-<strong>nous</strong> faire percevoir au lecteur la diversité <strong>et</strong> la<br />

particularité du champ d’intervention dans un cadre donné, balisé par les<br />

moyens d’actions fixés par le décr<strong>et</strong> du 20 juin 2002 instituant un<br />

Délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong><br />

par le respect des lois <strong>et</strong> des réglementations en vigueur. Tout cela avec<br />

notre éthique personnelle, soutenue par la Convention internationale des


24 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> les principes fondamentaux du fonctionnement<br />

démocratique, comme la séparation des pouvoirs, l’indépendance du<br />

pouvoir judiciaire, notamment dans <strong>ses</strong> investigations <strong>et</strong> <strong>ses</strong> décisions…<br />

Le Délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant a été créé par un arrêté du 10 juill<strong>et</strong> 1991, modifié par un<br />

arrêté du 22 décembre 1997 puis par le décr<strong>et</strong> du 20 juin 2002 instituant<br />

un Délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant. Il s’agit d’un ombudsman des <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

Dans l’exercice de sa mission, l’institution du Délégué général :<br />

1. assure la promotion des <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts de l’enfant <strong>et</strong> organise<br />

des actions d’informations sur ces <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts <strong>et</strong> leur<br />

respect effectif ;<br />

2. informe les personnes privées, physiques ou morales <strong>et</strong> les<br />

personnes de droit public, des <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts des enfants ;<br />

3. vérifie l’application correcte des lois, décr<strong>et</strong>s, ordonnances <strong>et</strong><br />

réglementations qui concernent les enfants ;<br />

4. soum<strong>et</strong> au Gouvernement, au Conseil <strong>et</strong> à toute autorité compétente<br />

à l’égard des enfants, toute proposition visant à adapter la<br />

réglementation en vigueur, en vue d’une protection plus complète<br />

<strong>et</strong> plus efficace des <strong>droits</strong> des enfants <strong>et</strong> fait en ces matières<br />

toute recommandation nécessaire ;<br />

5. reçoit, de toute personne physique ou morale intéressée, les<br />

informations, les plaintes ou les demandes de médiation relatives<br />

aux atteintes portées aux <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts des enfants ;<br />

6. mène à la demande du Conseil toutes les investigations sur le<br />

fonctionnement des services administratifs de la Communauté<br />

française concernés par c<strong>et</strong>te mission.<br />

Le Délégué général peut donc recevoir des demandes de médiation.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 25<br />

De manière générale, la médiation peut être définie comme un processus<br />

complémentaire de règlement des conflits caractérisé par l’intervention<br />

d’un tiers indépendant <strong>et</strong> impartial <strong>et</strong> sans pouvoir de décision.<br />

Insistons : l’ombudsman de la Communauté française est une institution<br />

publique créée par la loi. C<strong>et</strong>te affirmation peut paraître paradoxale<br />

en raison du fait qu’un ombudsman est souvent représenté<br />

comme faisant partie de la fonction publique, du secteur public. La<br />

mission d’un ombudsman est cependant tout autre que celle de l’administration.<br />

Elle se situe aux antipodes de l’esprit hiérarchique de la<br />

fonction publique.<br />

D’une manière générale, en matière administrative, lorsqu’un conflit<br />

oppose l’intérêt public, l’intérêt général <strong>et</strong> un intérêt privé, le mode de<br />

règlement est en principe soumis au principe de la publicité, de la transparence<br />

administrative. Dan ce conflit, l’administration occupe une<br />

position dominante vis-à-vis du particulier. L’administration agit de<br />

manière unilatérale, d’office; elle constate les faits, apprécie <strong>et</strong> décide<br />

unilatéralement d’appliquer le droit.<br />

La situation est toute différente dans le cadre d’une médiation organisée<br />

par un ombudsman. L’ombudsman <strong>et</strong> les particuliers sont placés<br />

dans un processus égalitaire alors que les intérêts en conflit opposent<br />

l’intérêt public <strong>et</strong> des intérêts particuliers. La question est donc de<br />

savoir comment imaginer une solution lorsqu’il s’avère concrètement<br />

que l’exercice d’un intérêt privé soit de nature à paralyser l’exercice<br />

d’un intérêt public, à savoir les <strong>droits</strong> de l’enfant. Par exemple, lorsque<br />

le Délégué général constate que la position d’un parent ou des parents<br />

est de nature à comprom<strong>et</strong>tre les <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

Un ombudsman est en eff<strong>et</strong> présenté comme un médiateur public,<br />

exerçant une mission d’intérêt général présentant les caractéristiques<br />

suivantes :<br />

• Le médiateur est sans pouvoir, hormis <strong>ses</strong> prérogatives prévues<br />

par la loi <strong>et</strong> l’autorité morale qui peut se dégager de l’institution 1 ;


26 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

• Le médiateur est indépendant ;<br />

• La médiation est évidemment porteuse d’autres valeurs que<br />

celles du droit, elle fait par exemple référence à l’équité, à l’intérêt<br />

de l’enfant ;<br />

• La médiation participe à un engagement en faveur du respect de<br />

la personne, de <strong>ses</strong> compétences <strong>et</strong> ressources ;<br />

• La médiation part d’une conception dynamique <strong>et</strong> positive du<br />

conflit <strong>et</strong> se présente comme un processus par lequel plusieurs<br />

personnes, plusieurs instances en conflit vont d’élaborer ellesmêmes<br />

une solution en présence d’un tiers ;<br />

• La médiation procède d’une culture démocratique dont l’objectif<br />

est de repenser des modèles d’autorité <strong>et</strong> de concevoir l’élaboration<br />

de la règle à partir d’une démarche contractuelle tendant à<br />

solliciter le concours de tous les participants.<br />

Si l’action du Délégué général se situe aux antipodes de l’action<br />

administrative classique, il reste néanmoins qu’il s’agit d’une institution<br />

publique dont l’objectif est évidemment de promouvoir les <strong>droits</strong><br />

de l’enfant. Il s’agit donc aussi d’une institution publique chargée de<br />

représenter l’intérêt général, l’intérêt public. Or, en l’espèce, l’intérêt<br />

public consiste à promouvoir, à penser les conditions objectives d’un<br />

État respectueux des <strong>droits</strong> de l’enfant. Le Délégué général assure<br />

donc son mandat en se référant sans cesse à la convention internationale<br />

relative aux <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

Relevons que les interventions du Délégué général sont gratuites<br />

pour les bénéficiaires. Le médiateur institutionnel est rémunéré par<br />

l’État, de manière régulière <strong>et</strong> stable. Le fonctionnement institutionnel<br />

n’est donc ni tributaire d’une subvention ou d’honoraires, ni du<br />

nombre de médiations menées. Dans ces conditions, le Délégué<br />

général peut prendre, en toute indépendance, le temps qu’il faut pour<br />

aménager la médiation dans les délais nécessaires sans pression budgétaire<br />

ni pour le médiateur, ni pour les parties <strong>et</strong> l’enfant.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 27<br />

Le médiateur institutionnel ne peut se voir imposer une obligation<br />

de résultat en raison de la nature même de son action de médiation :<br />

perm<strong>et</strong>tre aux personnes de s’investir personnellement pour rechercher<br />

une solution équitable, équilibrée <strong>et</strong> acceptée par chacun des participants<br />

à la médiation. Il est des médiations qui concernent des situations<br />

complexes impliquant de multiples facteurs contradictoires <strong>et</strong><br />

m<strong>et</strong>tant en relation des personnes aux positions <strong>et</strong> aux intérêts trop<br />

opposés. Dans ces conditions, on peut aboutir à des échecs, difficiles<br />

à vivre pour les personnes qui ont tant espéré du médiateur institutionnel.<br />

C’est une réalité à assumer.<br />

Les principes <strong>et</strong> prescrits de la convention internationale relative<br />

aux <strong>droits</strong> de l’enfant orientent les conduites du médiateur.<br />

Ainsi :<br />

Article 3, 1:<br />

«Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles<br />

soient le fait des institutions publiques ou privées de protection<br />

sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes<br />

législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération<br />

primordiale. »<br />

Article 12 :<br />

« 1. Les États parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement<br />

le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question<br />

l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment pri<strong>ses</strong> en<br />

considération eu égard à son âge <strong>et</strong> à son degré de maturité.<br />

2. À c<strong>et</strong>te fin, on donnera notamment à l’enfant la possibilité d’être<br />

entendu dans toute procédure judiciaire ou administrative l’intéressant,<br />

soit directement, soit par l’intermédiaire d’un représentant ou<br />

d’un organisme approprié, de façon compatible avec les règles de procédure<br />

de la législation nationale. »


28 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Article 9 :<br />

« 1. Les États parties veillent à ce que l’enfant ne soit pas séparé de<br />

<strong>ses</strong> parents contre leur gré, à moins que les autorités compétentes ne<br />

décident, sous réserve de révision judiciaire <strong>et</strong> conformément aux lois<br />

<strong>et</strong> procédures applicables, que c<strong>et</strong>te séparation est nécessaire dans l’intérêt<br />

supérieur de l’enfant. Une décision en ce sens peut être nécessaire<br />

dans certains cas particuliers, par exemple lorsque les parents maltraitent<br />

ou négligent l’enfant, ou lorsqu’ils vivent séparément <strong>et</strong> qu’une<br />

décision doit être prise au suj<strong>et</strong> du lieu de résidence de l’enfant.<br />

(…)<br />

3. Les États parties respectent le droit de l’enfant séparé de <strong>ses</strong><br />

deux parents ou de l’un d’eux d’entr<strong>et</strong>enir régulièrement des relations<br />

personnelles <strong>et</strong> des contacts directs avec <strong>ses</strong> deux parents, sauf si cela<br />

est contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant ».<br />

Article 10, 2 :<br />

« Un enfant dont les parents résident dans des État différents a le<br />

droit d’entr<strong>et</strong>enir, sauf circonstances exceptionnelles, des relations<br />

personnelles <strong>et</strong> des contacts directs réguliers avec <strong>ses</strong> deux parents ».<br />

Si le Délégué général est présenté comme médiateur, il reste néanmoins<br />

une institution publique <strong>et</strong> son action de médiation ne peut être<br />

identifiée à la médiation au sens classique.<br />

En eff<strong>et</strong>, la médiation institutionnelle n’est pas une médiation classique,<br />

traditionnelle dans laquelle le médiateur, se voulant <strong>et</strong> s’affichant<br />

neutre, extérieur au conflit, tente de trouver un accord équilibré<br />

Elle n’est pas non plus une médiation familiale 2 . Dans le cadre de<br />

la médiation familiale classique, les intérêts en présence sont surtout<br />

privés. En ce qui concerne le Délégué général, il peut y avoir opposition<br />

entre intérêts publics (les <strong>droits</strong> de l’enfant) <strong>et</strong> intérêts privés (les<br />

intérêts des parents en conflit conjugal). L’objectif du Délégué


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 29<br />

général est de faciliter l’élaboration de la norme (respect des <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant) en sollicitant la participation de tous.<br />

La médiation institutionnelle ne peut pas non plus s’apparenter à<br />

la médiation à visée restauratrice prévue, en protection de la jeunesse,<br />

à l’égard d’un mineur ayant commis un fait qualifié infraction 3 .<br />

La pratique de la médiation institutionnelle m<strong>et</strong> en cause l’intérêt<br />

public <strong>et</strong> des intérêts privés <strong>et</strong> doit dans la mesure du possible faire<br />

prévaloir l’intérêt public, l’application des <strong>droits</strong> de l’enfant, en sollicitant<br />

l’adhésion des parties.<br />

Le décr<strong>et</strong> du 20 juin 2002 prévoit certes que le Délégué général<br />

peut recevoir des demandes de médiation, mais aussi, <strong>et</strong> c’est fondamental,<br />

qu’il a pour mission de veiller à la sauvegarde des <strong>droits</strong> <strong>et</strong><br />

des intérêts des enfants.<br />

Le médiateur reste donc à la fois un protecteur <strong>et</strong> un défenseur.<br />

Dès lors, le médiateur n’est pas neutre puisque les résultats de la<br />

médiation viseront à respecter <strong>et</strong> à défendre les <strong>droits</strong> <strong>et</strong> les intérêts de<br />

l’enfant concerné par la demande.<br />

La médiation institutionnelle s’accompagne d’un soutien <strong>et</strong> du<br />

suivi de l’enfant en difficulté. La relation d’aide est présente.<br />

Le cheminement de la médiation :<br />

• La saisine<br />

L’enfant peut saisir personnellement <strong>et</strong> directement le Délégué<br />

général. Il peut le faire par écrit, c’est-à-dire par courrier postal, par<br />

télécopie ou par courriel. Il peut aussi saisir le Délégué général verbalement<br />

soit par téléphone – c’est le cas, par exemple, d’un mineur


30 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

placé dans une institution fermée ou le centre fermé d’Everberg – soit<br />

en se présentant directement dans les bureaux du Délégué général.<br />

Dans ces deux cas, un procès-verbal d’audition est rédigé.<br />

Un majeur 4 peut saisir le Délégué général au nom d’un enfant.<br />

Une institution ou une administration – un Conseiller de l’aide à la<br />

jeunesse, un Directeur de l’aide à la jeunesse, un Centre public d’aide<br />

sociale, le Centre pour l’égalité des chances <strong>et</strong> la lutte contre le<br />

racisme, le Ministère des Affaires étrangères, le Ministère de<br />

l’Intérieur ou la Justice 5 – peut solliciter l’intervention du médiateur<br />

institutionnel.<br />

L’autorité ou le professionnel à l’origine de la saisine de médiation<br />

n’est que le moteur engageant la procédure.<br />

L’accord formel de toutes les parties est indispensable avant d’entamer<br />

la médiation.<br />

La personne qui saisit le Délégué général reçoit, en règle générale,<br />

un accusé écrit formalisant l’ouverture du dossier au nom de l’enfant<br />

accompagné de la présentation de l’institution, en terme de compétences,<br />

de pouvoirs <strong>et</strong> de limites d’actions possibles.<br />

La saisine de médiation ne sera véritablement opérationnelle <strong>et</strong><br />

engagée qu’avec l’accord des parties dont l’enfant, si celui-ci est<br />

estimé capable de discernement.<br />

• La période d’investigation<br />

Pour comprendre la problématique, les investigations sont incontournables.<br />

Il s’en suit immanquablement des questionnements formulés<br />

principalement par le biais d’interpellations aux autorités en


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 31<br />

charge du dossier mais aussi par l’audition de toutes les parties y<br />

compris l’enfant concerné.<br />

Il est donc évident qu’on ne peut se lancer dans une médiation sans<br />

prendre un minimum de renseignements. C<strong>et</strong>te démarche s’effectue<br />

dans le respect de deux principes : la recherche de l’objectivité <strong>et</strong><br />

l’égalité des parties dans la procédure.<br />

C’est ici le respect de l’égalité entre les parties qui s’exprime <strong>et</strong> le<br />

droit de chacun de se faire entendre, de donner sa version des faits <strong>et</strong><br />

son point de vue<br />

Le médiateur agit ici selon les dispositions légales prévues dans le<br />

décr<strong>et</strong> du 20 juin 2002.<br />

L’efficacité de son action est garantie par la reconnaissance de certaines<br />

prérogatives.<br />

L’article 4 du décr<strong>et</strong> dispose : « Le délégué général adresse aux<br />

autorités fédérales, aux autorités de la Communauté, des Régions, des<br />

provinces, des communes ou à toute institution dépendant de ces autorités,<br />

les interpellations <strong>et</strong> demandes d’investigation nécessaires à<br />

l’accomplissement de sa mission.<br />

Dans les limites fixées par la Constitution, les lois, les décr<strong>et</strong>s <strong>et</strong><br />

arrêtés <strong>et</strong> dans celle de sa mission, le délégué général a accès librement<br />

durant les heures normales d’activité à tous les bâtiments des<br />

services publics communautaires ou aux bâtiments privés bénéficiant<br />

d’un subside de la Communauté française.<br />

Les responsables <strong>et</strong> les membres du personnel de ces services sont<br />

tenus de communiquer au délégué général les pièces <strong>et</strong> informations<br />

nécessaires à l’exercice de sa mission, à l’exception de celles qui sont


32 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

couvertes par le secr<strong>et</strong> médical ou dont ils ont pris connaissance en<br />

leur qualité de confident nécessaire.<br />

Le délégué général peut prévoir des délais impératifs de réponse<br />

dûment motivés aux personnes visées à l’alinéa 3. A défaut de<br />

réponse à la demande du délégué général dans les délais impartis, ou<br />

en cas de refus motivé, le délégué général dispose d’un recours auprès<br />

du Gouvernement qui est tenu de statuer dans le mois. En cas d’urgence<br />

spécialement motivée, le Gouvernement statue lors de sa prochaine<br />

séance.<br />

Durant le déroulement de c<strong>et</strong>te procédure, les parties sont tenues<br />

d’assurer la confidentialité de celle-ci. »<br />

C<strong>et</strong>te disposition légale ne s’applique cependant pas aux autorités<br />

judiciaires mais un protocole de collaboration a été mis en place avec<br />

les Parqu<strong>et</strong>s généraux dès 1991 lors d’une concertation. C<strong>et</strong>te disposition<br />

a fait l’obj<strong>et</strong> d’un texte 6 repris dans le rapport annuel du<br />

Délégué général déposé devant le Gouvernement de la Communauté<br />

française de l’époque puis transmis au Parlement de la Communauté<br />

française.<br />

• Les auditions<br />

Lors de la première audition d’une personne par le Délégué<br />

général, la présentation de l’institution est rappelée même si la présentation<br />

écrite a préalablement été communiquée au moment de la<br />

saisine.<br />

En règle générale, il est insisté sur le fait que le Délégué général<br />

n’est ni le Délégué général du père, ni de la mère ou d’une quelconque<br />

autorité mais celui de l’enfant. C<strong>et</strong>te déclaration est d’ailleurs<br />

devenue une sorte de rituel incontournable <strong>et</strong> immuable.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 33<br />

Lors de l’entr<strong>et</strong>ien avec l’enfant 7 , la même déclaration préalable<br />

est effectuée en des termes qui lui sont accessibles <strong>et</strong> compréhensibles.<br />

Il lui est d’ailleurs mentionné à plusieurs repri<strong>ses</strong> qu’en cas<br />

d’incompréhension, il peut interrompre le Délégué général <strong>et</strong> lui<br />

demander des explications ou une reformulation.<br />

Le respect de la dignité, de l’honneur des deux parties reste un principe<br />

directeur de la médiation. L’élément clé n’est pas la neutralité du<br />

médiateur vis-à-vis des parties. On sait maintenant que la médiation institutionnelle<br />

n’est pas neutre en raison de sa mission légale de défense<br />

<strong>et</strong> de protection de l’enfant. C’est aussi le respect de la personne des<br />

deux parties, même si des diagnostics objectifs – donc parfois sévères –<br />

doivent être posés <strong>et</strong> dits aux intéressés. Cela ne veut pas dire qu’ils<br />

doivent systématiquement être portés à leur connaissance.<br />

Dans des conflits entre personnes ou entre personnes <strong>et</strong> services, il<br />

importe de veiller au respect de la dignité de celles-ci. L’audition, <strong>et</strong><br />

surtout l’accord écrit, devraient toujours veiller à garantir l’honneur,<br />

surtout si la personne accepte des concessions qui lui coûtent, soit personnellement,<br />

soit du point de vue culturel.<br />

Les auditions respectent l’égalité des parties, mais en raison de la<br />

mission générale 8 du Délégué général, c’est l’enfant, doué de discernement,<br />

qui pourra, en sus, être entendu en entr<strong>et</strong>ien individuel. C<strong>et</strong>te<br />

audition se fait en dehors de la présence des parties ou des autorités<br />

concernées, sauf demande expresse de l’enfant.<br />

Celui-ci pourra même demander d’être entendu seul par le médiateur<br />

hors de la présence du collaborateur ou de la collaboratrice, gestionnaire<br />

de son dossier, au sein du service.<br />

En eff<strong>et</strong>, en règle générale, le médiateur est assisté par le gestionnaire<br />

du dossier qui prend des notes qui seront versées au dossier<br />

ouvert au nom de l’enfant.


34 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Ces notes sont internes, mais leur contenu peut servir de base à la<br />

rédaction d’un accord ou d’un rapport à une autorité.<br />

La médiation en général <strong>et</strong> la médiation institutionnelle sont en<br />

principe placées sous le sceau de la confidentialité. La situation du<br />

Délégué général doit néanmoins être nuancée. En fonction notamment<br />

de l’article 3 de la convention internationale relative aux <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant, le Délégué général doit faire prévaloir l’intérêt supérieur de<br />

l’enfant s’il s’avère impossible de le faire respecter par tout autre<br />

moyen que celui offert par la médiation. Le Délégué général sera particulièrement<br />

attentif au principe de la hiérarchie des valeurs, à savoir<br />

que, dans certaines situations (ex: maltraitance), l’obligation de<br />

dénoncer revêt un caractère impératif. Il est des situations où la notion<br />

du secr<strong>et</strong> peut céder devant des valeurs supérieures, l’intégrité physique<br />

<strong>et</strong> morale d’un enfant. Ainsi, dans certaines situations, il résulte<br />

qu’entre l’obligation légale du silence <strong>et</strong> l’obligation de divulguer aux<br />

autorités, c’est la primauté de l’obligation de divulguer qu’il faut faire<br />

prévaloir.<br />

Il n’existe pas de règles en ce qui concerne la durée de l’entr<strong>et</strong>ien<br />

avec l’enfant ou avec les différentes parties. Cependant, l’écoute<br />

d’une personne <strong>et</strong> la prise en considération de sa parole <strong>et</strong>, le cas<br />

échéant, de son état de victime, nécessitent du temps. Il n’est donc pas<br />

rare que l’entr<strong>et</strong>ien dure plus d’une heure, voire plusieurs heures.<br />

• La mise en présence des parties<br />

Le Délégué général peut, en cas de besoin, organiser un ou plusieurs<br />

entr<strong>et</strong>iens entre les parties concernées dans le but d’aboutir à un<br />

accord dans l’intérêt de l’enfant.<br />

Toutefois, il est déjà arrivé que les protagonistes vivent dans un<br />

contexte conflictuel tellement passionnel qu’ils demandent que la


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 35<br />

médiation ne se fasse qu’à la condition qu’ils ne soient pas obligés ni<br />

de voir l’autre, ni de lui parler.<br />

C<strong>et</strong>te astreinte matérielle entraîne des difficultés d’ordre organisationnel<br />

mais c<strong>et</strong>te relation triangulaire peut présenter l’avantage d’éliminer<br />

tout risque d’incident 9 d’ordre personnel puisque chaque partie<br />

a pour interlocuteur le médiateur qui porte la parole <strong>et</strong> la proposition<br />

de l’autre.<br />

Lorsque les parties ont confiance en l’objectivité du médiateur <strong>et</strong><br />

en sa neutralité vis-à-vis des parties ou par rapport aux autorités, il<br />

n’est d’ailleurs pas rare de communiquer par téléphone <strong>et</strong> par courrier,<br />

de manière à éviter les désagréments de déplacements 10 .<br />

• Les rapports envoyés aux autorités compétentes<br />

En règle générale, l’institution du Délégué général ne transm<strong>et</strong> pas de<br />

rapports à l’autorité administrative ou judiciaire si la médiation a abouti.<br />

L’accord de médiation suffit <strong>et</strong> peut même être déposé par une des<br />

parties sans l’intervention du Délégué général.<br />

Toutefois, il est parfois nécessaire d’envoyer aux autorités des rapports<br />

de médiation intermédiaires en raison d’impératifs : audiences,<br />

réunions de bilans…<br />

Le médiateur institutionnel n’est pas maître du calendrier de la<br />

médiation <strong>et</strong> le facteur-temps ne s’accommode pas toujours avec<br />

l’agenda de la Justice ou de l’Administration.<br />

Dans la mesure du possible, le rapport ne mentionnera que les éléments<br />

nécessaires à la compréhension de l’autorité. Il veillera, autant<br />

que faire se peut, d’om<strong>et</strong>tre les éléments susceptibles de réanimer les<br />

conflits. Le médiateur peut aussi être un confident.


36 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Cependant, il est exclu de cacher aux autorités les éléments<br />

contraires au respect des <strong>droits</strong> <strong>et</strong> des intérêts de l’enfant, surtout si<br />

des comportements le m<strong>et</strong>tent en danger.<br />

C<strong>et</strong>te dernière obligation déontologique que le Délégué général se<br />

fixe peut poser des problèmes par rapport au point de vue de l’une ou<br />

l’autre des parties 11 .<br />

Si une médiation est mandatée par une autorité judiciaire avec<br />

l’accord des parties, le médiateur institutionnel se fixe pour règle,<br />

surtout si l’enfant le demande, d’être présent aux audiences <strong>et</strong> donc<br />

d’être prêt à expliquer ou préciser <strong>ses</strong> écrits.<br />

• Les conclusions : l’accord signé entre les parties ou le constat<br />

de l’absence de consensus<br />

Aboutir à un accord de médiation demande de la part des parties <strong>et</strong><br />

de l’enfant concerné un minimum de capacités d’analyse de la situation,<br />

d’introspection <strong>et</strong> de remise en question personnelle. Une médiation<br />

ne peut aboutir si des rapports de force prédominent, perdurent <strong>et</strong><br />

si une des parties veut non seulement gagner, en justice ou ailleurs,<br />

mais aussi dominer l’autre, voire l’anéantir.<br />

Le facteur-temps doit être pris en considération dans le règlement<br />

d’un conflit, c’est-à-dire dans le processus de médiation.<br />

Il est souvent intéressant de débuter la médiation avant toute procédure<br />

judiciaire, mais il est tout à fait possible de l’entamer parallèlement<br />

à une procédure judiciaire en cours, même si cela complique<br />

les cho<strong>ses</strong>.<br />

Lorsqu’une procédure judiciaire est lancée, il est parfois judicieux<br />

d’attendre le moment opportun d’entrer dans la médiation extra-judiciaire<br />

ou pour finaliser la médiation. Paradoxalement, il est parfois


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 37<br />

utile d’utiliser les décisions judiciaires contraignantes qui bloquent la<br />

situation pour avancer 12 .<br />

Il est des concessions que l’on fait au médiateur extérieur qu’on ne<br />

fait pas vis-à-vis de l’autre partie ou à l’égard d’une autorité judiciaire<br />

pourtant toute puissante.<br />

Dans certaines situations conflictuelles, passionnelles où se mélangent<br />

amour <strong>et</strong> haine, certains sont prêts à se sacrifier pour leur cause,<br />

jusqu’à aller en prison. C<strong>et</strong>te sanction ultime est souvent la victoire du<br />

vaincu puisque l’enfant ne pardonnera pas à l’autre partie d’avoir été<br />

à l’origine ou d’être la cause de l’incarcération d’un parent aimé.<br />

Des médiations peuvent aussi être entamées notamment à la<br />

demande des autorités judiciaires vis-à-vis desquelles les parties se<br />

sentent obligées d’acquiescer. Mais la haine <strong>et</strong> le désir de vaincre à<br />

tout prix rattrapent parfois vite les bonnes intentions du départ. Ce<br />

sont alors les absences aux rendez-vous sous différents prétextes,<br />

l’absence de tout signe de vie ou la rupture brutale par courrier ou par<br />

téléphone.<br />

L’idéal est que l’accord de médiation soit formalisé par un écrit<br />

signé des parties, de l’enfant s’il le souhaite, <strong>et</strong> s’il a l’âge du discernement,<br />

des différentes autorités partenaires <strong>et</strong> concernées par le processus<br />

de médiation 13 <strong>et</strong> du Délégué général, acteur <strong>et</strong> coordinateur de<br />

la médiation.<br />

On réussit rarement une médiation seul, sans l’assistance ou le<br />

soutien d’un réseau concerné par la demande de médiation.<br />

C’est la politique des leviers. Il s’agit d’établir un groupe composé<br />

de personnes, de services, d’institutions ou d’autorités qui, mi<strong>ses</strong><br />

autour de la table, poursuivront un même objectif, conforme à l’intérêt<br />

supérieur du ou des enfants concernés. Il s’agit ici non seulement


38 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

de convaincre les parties mais aussi de renforcer la confiance dans la<br />

médiation par une cohérence des avis <strong>et</strong> des actions. Rien ne peut<br />

m<strong>et</strong>tre davantage en danger le processus de médiation que l’incohérence<br />

ou les divergences entre acteurs sociaux <strong>et</strong> judiciaires.<br />

De même, il est périlleux pour la bonne marche de la médiation de<br />

voir un acteur social ou judiciaire s’investir au côté d’une des parties<br />

<strong>et</strong> de s’identifier à sa cause 14 . A c<strong>et</strong> égard, l’avocat, conseil des parties<br />

ou de l’enfant, a un rôle extrêmement important à jouer. Il peut être<br />

non seulement un défenseur mais aussi un conseiller participateur.<br />

Défendre un enfant, un père ou une mère en justice ne soustrait pas<br />

l’avocat de son obligation éthique de veiller au respect de l’intérêt<br />

supérieur de l’enfant.<br />

Nous connaissons des affaires familiales où l’avocat, brillant plaideur<br />

<strong>et</strong> habile procédurier, a gagné des procès sans concession pour<br />

l’adversaire 15 mais après lesquels son ou sa cliente a perdu son enfant<br />

ou du moins son amour. Des victoires judiciaires peuvent renforcer la<br />

détermination d’un enfant <strong>et</strong> sceller définitivement des repri<strong>ses</strong> de<br />

contacts 16 .<br />

Quand donc comprendra-t-on qu’on ne règle pas les relations<br />

humaines <strong>et</strong> qu’on ne rétablit pas les liens entre des personnes qui<br />

vivent un conflit dans un contexte passionnel, à coups de simples<br />

mesures de contrainte <strong>et</strong> d’arrêts tranchés <strong>et</strong> tranchants s’accompagnant<br />

de menaces de sanctions ou de sanctions tout court (astreinte,<br />

peine d’incarcération avec sursis ou ferme, r<strong>et</strong>rait de l’hébergement<br />

principal, placement des enfants, r<strong>et</strong>rait de l’autorité parentale<br />

conjointe, déchéance de l’autorité parentale…)<br />

Les nouveaux enjeux démocratiques de notre société consistent à<br />

penser la pratique du conflit comme un processus coopératif. Cela<br />

signifie également que dans une société interculturelle, il n’est plus<br />

possible d’imposer un modèle unique ou impérialiste. Il faut adm<strong>et</strong>tre


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 39<br />

que le monde soit interprété diversement selon les différentes perspectives<br />

qu’adoptent les individus <strong>et</strong> les groupes <strong>et</strong> que dans le cadre<br />

de l’élaboration de la norme, d’un accord, les participants ne puissent<br />

espérer un accord de tous que dans la mesure où chacun s’efforce<br />

d’adopter le point de vue de l’autre.<br />

Le modèle proposé par Habermas consiste donc à imaginer une<br />

fondation intersubjective de la norme <strong>et</strong> à promouvoir une nouvelle<br />

pratique de construction de la norme. Pour c<strong>et</strong> auteur, le modèle du<br />

droit n’est plus celui d’un modèle imposé, mais d’un modèle de droit<br />

négocié. Le modèle procédural tel que qualifié par c<strong>et</strong>te pensée<br />

associe le destinataire de la décision. Le droit est donc créé « en situation<br />

» <strong>et</strong> non plus a priori, les normes <strong>et</strong> leur application sont mi<strong>ses</strong> en<br />

place dans un processus de négociation réunissant les personnes<br />

concernées par la situation concrète. L’objectif est de faire émerger de<br />

la rencontre des acteurs une solution aussi consensuelle que possible,<br />

assortie d’une meilleure acceptabilité <strong>et</strong> donc mieux exécutée. La<br />

médiation procède également de c<strong>et</strong>te culture, de ce passage d’un<br />

ordre juridique imposé vers un ordre négocié 17 .<br />

De même, il y aurait lieu pour les autorités à s’attacher davantage<br />

à la qualité des relations humaines, qu’on tente ou que l’on veut rétablir,<br />

plutôt qu’au nombre de rencontres ou de visites.<br />

Une visite par mois bien encadrée, bien soutenue vaut mieux que<br />

plusieurs rencontres successives <strong>et</strong> rapprochées avec des oppositions<br />

<strong>et</strong> des incidents. C’est toute l’importance de la qualité des services<br />

accompagnant la médiation <strong>et</strong> la reprise des contacts. Et l’on sait<br />

combien les espaces-rencontres, par exemple, sont sollicités en<br />

Communauté française.<br />

Il est par ailleurs faux de croire que les articles 9 <strong>et</strong> 10 de la<br />

convention internationale relative aux <strong>droits</strong> de l’enfant induiraient un<br />

droit absolu pour les parents de ne pas être séparés de leur enfant ou


40 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

d’entr<strong>et</strong>enir avec lui des relations personnelles régulières. Il importe<br />

surtout de tenir compte, avant tout, <strong>et</strong> l’article 3 le précise bien, de<br />

l’intérêt supérieur de l’enfant.<br />

Trop de magistrats ou de professionnels estiment encore qu’il faut<br />

tout tenter, même au prix de menaces <strong>et</strong> d’obligations, le pire étant<br />

l’organisation, au nom du bien de l’enfant, d’une maltraitance institutionnelle<br />

18 . Le droit d’un parent à maintenir des contacts avec son<br />

enfant doit toujours s’évaluer en fonction de l’intérêt supérieur de<br />

l’enfant 19 .<br />

• L’homologation par une autorité (le tribunal, le conseiller de<br />

l’aide à la jeunesse, le directeur de l’aide à la jeunesse)<br />

En cas d’accord de médiation, il est conseillé aux parties d’informer<br />

les autorités concernées de l’accord <strong>et</strong> de le faire homologuer<br />

officiellement.<br />

∆<br />

Voici quelques exemples de médiations menées par le Délégué<br />

général aux <strong>droits</strong> de l’enfant. Certaines ont abouti positivement,<br />

d’autres se sont malheureusement soldées par un échec. Le lecteur<br />

pourra suivre dans ces récits différentes formes de cheminement<br />

dans la médiation. Chaque situation est, en eff<strong>et</strong>, unique, originale <strong>et</strong><br />

particulière.<br />

1. Histoire de Dominic<br />

Un enfant naturel âgé de 10 ans est à la recherche de son père. Il vit très<br />

mal l’absence de celui-ci <strong>et</strong> à force d’insistance, sa mère lui indique<br />

Monsieur X comme géniteur (Monsieur X est marié, a d’autres enfants <strong>et</strong><br />

personne au sein de sa famille n’est au courant de la relation extraconjugale<br />

qu’il a entr<strong>et</strong>enu en son temps).


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 41<br />

Dominic, soutenu dans sa démarche par son pédopsychiatre, <strong>nous</strong> a<br />

demandé de l’aider à rencontrer son papa. Il souhaite lui parler mais ne veut<br />

pas perturber sa vie, ni révéler son existence à la famille de Monsieur X.<br />

Dominic sollicite donc le Délégué général pour qu’il entame une médiation<br />

discrète avec son père.<br />

Après plusieurs réunions avec Dominic, sa mère <strong>et</strong> le pédopsychiatre, le<br />

Délégué général a invité Monsieur X, en toute discrétion par rapport à sa<br />

famille, à le rencontrer pour lui faire part de la demande de l’enfant.<br />

A l’issue de l’entr<strong>et</strong>ien, Monsieur X allait réfléchir <strong>et</strong> prendre conseil<br />

auprès de professionnels pour savoir quelle attitude il devait adopter par<br />

rapport à la situation.<br />

Monsieur X a maintenu des contacts avec la collaboratrice du Délégué<br />

général en charge du dossier durant de longs mois. Le médiateur a<br />

continué à sensibiliser le père biologique qui a finalement lui-même<br />

proposé à la mère de Dominic de rencontrer <strong>et</strong> de faire connaissance avec<br />

son fils.<br />

Des rencontres ont alors eu lieu entre Dominic <strong>et</strong> son père. Le climat est<br />

apaisé <strong>et</strong> positif.<br />

2. Histoire de Cylia<br />

Le Délégué général a été saisi en novembre 2002 par le Centre pour l’égalité<br />

des chances <strong>et</strong> la lutte contre le racisme <strong>et</strong> le Ministre de l’Intérieur de<br />

la situation de Cylia qui se trouvait au Centre fermé 127 de Zaventem<br />

depuis 2 mois. C<strong>et</strong>te enfant était notamment dépressive <strong>et</strong> l’on craignait<br />

des passages à l’acte de type suicidaire.<br />

Le Délégué général s’est rendu au Centre fermé 127 avec l’avocat de l’enfant<br />

<strong>et</strong> le Conseiller de l’aide à la jeunesse pour y rencontrer Cylia.<br />

La mère de Cylia était en situation illégale sur notre territoire <strong>et</strong> donc l’enfant<br />

entrée illégalement en Belgique, ne pouvait lui être confiée. Pour les<br />

autorités belges, elle devait rentrer en Turquie, mais Cylia s’y opposait. De<br />

plus, comment s’assurer qu’elle y serait bien accueillie puisque le père<br />

était marié à une autre femme que la mère biologique ? Si un r<strong>et</strong>our en<br />

Turquie était inévitable, Cylia demandait cependant à pouvoir revenir en


42 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Belgique, ce que sa mère souhaitait également. Son père, quant à lui, n’y<br />

s’opposait pas.<br />

La mère refusait de se présenter au Centre pour voir son enfant de peur<br />

d’être arrêtée <strong>et</strong> expulsée. Une médiation fut entamée avec le Ministre de<br />

l’Intérieur car l’enfant souhaitait revoir sa mère <strong>et</strong> sa famille maternelle<br />

avant de r<strong>et</strong>ourner en Turquie. Le Délégué général s’engageait à favoriser<br />

<strong>et</strong> à suivre toutes les procédures nécessaires pour régulariser la situation de<br />

Cylia lui perm<strong>et</strong>tant de vivre avec sa mère en Belgique.<br />

Le Ministre de l’Intérieur a donné l’autorisation au Délégué général de<br />

sortir Cylia du Centre 127, pour autant que celui-ci s’engage à revenir<br />

avec elle pour un r<strong>et</strong>our en Turquie. Cylia, sa mère, sa grand-mère <strong>et</strong> son<br />

avocat sont venus dans nos locaux en décembre 2002. Le père était associé<br />

à la rencontre via un interprète par téléphone. C<strong>et</strong>te visite permit de<br />

conclure un accord avec le Service de l’aide à la jeunesse afin que Cylia<br />

soit placée officiellement chez sa grand-mère pendant quelques jours.<br />

Voici c<strong>et</strong> accord en substance :<br />

COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE BELGIQUE<br />

Conseiller de l’aide à la Jeunesse<br />

ACCORD RELATIF AU PROGRAMME D’AIDE<br />

conclu dans le cadre du décr<strong>et</strong> du 4.03.1991 relatif<br />

à l’aide à la Jeunesse<br />

Entre le Conseiller de l’aide à la Jeunesse, la mère, le père <strong>et</strong> la grand-mère maternelle<br />

Concernant : Cylia<br />

Suite à la demande d’aide introduite le… novembre 2002 par l’enfant auprès du<br />

Conseiller de l’aide à la Jeunesse, orientée par le Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

Il est décidé le placement de Cylia en famille d’accueil chez sa grand-mère, pour<br />

une durée de 6 jours.<br />

La grand-mère est ainsi officiellement agréée « Famille d’Accueil » par la<br />

Communauté française.<br />

(…)


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 43<br />

Chaque partie s’engage à respecter les termes du présent accord qui témoigne de<br />

la bonne volonté des intéressés pour améliorer la situation de Cylia <strong>et</strong> s’engagent<br />

à la rem<strong>et</strong>tre au Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant le ... décembre 2002 afin<br />

qu’elle r<strong>et</strong>ourne auprès de son père en Turquie.<br />

Fait à Bruxelles le....<br />

Cylia La maman le papa via interprète, par<br />

téléphone<br />

L’avocat de Cylia la grand-mère le Délégué général<br />

En décembre 2002, à la date de fin du placement, le Délégué général a été<br />

rechercher Cylia chez sa grand-mère pour la confier à la Directrice du<br />

Centre 127, afin qu’elle puisse prendre l’avion pour rejoindre son père en<br />

Turquie.<br />

Le Délégué général a fait part du bon déroulement de la situation au<br />

Ministre des Affaires étrangères, au Ministre de l’Intérieur, à l’Office des<br />

Étrangers, à la Directrice du Centre pour l’égalité des chances <strong>et</strong> la lutte<br />

contre le racisme, au Conseiller de l’aide à la jeunesse, à l’avocat de la<br />

mère ainsi qu’à l’avocat de l’enfant, tout en leur demandant de le tenir<br />

informé de son r<strong>et</strong>our en Belgique afin de pouvoir aller l’accueillir avec<br />

sa famille. L’Ambassade de Turquie a également été informée de c<strong>et</strong>te<br />

situation.<br />

Le Ministre de l’Intérieur s’est engagé en janvier 2003 à <strong>nous</strong> tenir<br />

informé du r<strong>et</strong>our de Cylia en Belgique. Le Ministre des Affaires étrangères<br />

prit bonne note de ce souhait <strong>et</strong> indiqua, fin janvier 2003, qu’il avait<br />

demandé à l’Ambassade de Belgique à Ankara de l’informer de la date de<br />

délivrance du visa de Cylia <strong>et</strong> les données de vol qu’elle emprunterait pour<br />

revenir en Belgique.<br />

Dans le même temps, l’avocat de la mère s’est engagé à entamer les procédures<br />

adéquates afin de perm<strong>et</strong>tre sa régularisation. Le Ministre de<br />

l’Intérieur s’est engagé à faciliter c<strong>et</strong>te régularisation dans le cadre de la<br />

législation en la matière.


44 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

En janvier 2003, l’avocat de la mère se heurtant à des difficultés avec<br />

l’Office des Étrangers, le Directeur général de l’Office des Étrangers ainsi<br />

que le Ministre de l’Intérieur en ont été avertis.<br />

En février 2003, le Ministre de l’Intérieur a été interpellé afin de savoir où<br />

en était la situation. Ce dernier a répondu qu’il serait informé des décisions<br />

de manière à pouvoir s’assurer qu’une suite diligente <strong>et</strong> sérieuse avait été<br />

réservée à la demande. C<strong>et</strong>te information fut transmise aux avocats ainsi<br />

qu’à la mère.<br />

En mars 2003, le Ministre de l’Intérieur indiqua que l’Office des Étrangers<br />

avait fait part à l’avocat de la mère du fait qu’elle devait se présenter personnellement<br />

à l’administration communale de son lieu de résidence afin<br />

d’y demander l’établissement, en sa qualité de descendante, de sa propre<br />

mère (grand-mère de Cylia, d’origine turque qui a la nationalité belge). Le<br />

médiateur des enfants fit part de c<strong>et</strong>te information à l’avocat de la mère<br />

ainsi qu’à la mère.<br />

Fin avril 2003, la proposition fut faite au Directeur général de l’Office des<br />

Étrangers d’une rencontre à sa meilleure convenance. A la mi-mai 2003,<br />

une collaboratrice du Directeur général indiqua par téléphone qu’elle donnerait<br />

les instructions nécessaires le jour même pour la régularisation de la<br />

mère.<br />

En mai 2003, l’Office des Étrangers indiqua officiellement qu’après<br />

réexamen compl<strong>et</strong> du dossier de la mère de Cylia, il avait décidé de l’autoriser<br />

au séjour dans le Royaume <strong>et</strong> qu’instruction avait été donnée à l’administration<br />

communale d’inscrire la mère au registre des étrangers <strong>et</strong> de<br />

lui délivrer un certificat d’inscription à ce registre sur production des<br />

documents adéquats.<br />

L’Office des Étrangers signala en outre que, dès que la mère de Cylia<br />

serait effectivement inscrite au registre des étrangers, l’enfant pourrait<br />

introduire une demande de visa dans le cadre du regroupement familial<br />

auprès du poste diplomatique ou consulaire belge compétent pour le lieu<br />

de sa résidence ou de son séjour.<br />

En juin 2003, le père de Cylia fut contacté une nouvelle fois <strong>et</strong> réaffirma,<br />

via un interprète, qu’il était d’accord pour que sa fille revienne en<br />

Belgique <strong>et</strong> indiqua que sa fille demandait quand elle pourrait revenir. Il<br />

lui fut également signalé les documents qu’il devait déjà rassembler en vue


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 45<br />

de la demande de visa pour regroupement familial qu’il devrait introduire<br />

auprès de l’Ambassade belge en Turquie.<br />

Quelques jours plus tard, l’avocat de la mère indiquait que c<strong>et</strong>te dernière<br />

s’était présentée à son administration communale, mais qu’elle n’avait pu<br />

y introduire sa demande d’établissement car son passeport n’était plus<br />

valable. Elle s’était alors rendue au Consulat de Turquie pour proroger son<br />

passeport, où on lui avait demandé de produire un document de séjour<br />

valable en Belgique sinon, elle devait r<strong>et</strong>ourner en Turquie pour demander<br />

la prolongation de son passeport. Le Délégué général, déjà informé de la<br />

situation par une amie de la mère, pris contact avec l’Office des Étrangers<br />

qui indiqua qu’il suffisait qu’elle se fasse envoyer les documents.<br />

A la mi-septembre, n’ayant plus de nouvelles de l’avocat de la mère, le<br />

médiateur des enfants l’a réinterpellé afin d’avoir des informations quant à<br />

l’évolution de la situation. Celui-ci a indiqué que la mère avait déposé tous<br />

les documents demandés par l’administration communale pour lui rem<strong>et</strong>tre<br />

son certificat d’inscription au registre des étrangers, mais que l’administration<br />

avait indiqué qu’elle attendait les instructions de l’Office des Étrangers.<br />

L’Office des Étrangers a dès lors été averti de c<strong>et</strong>te situation.<br />

En octobre 2003, l’avocat de la mère signala que celle-ci avait enfin pu<br />

obtenir son certificat d’inscription au registre des étrangers.<br />

La mère a envoyé copie de son certificat de domicile ainsi que la copie de<br />

sa carte de séjour à Cylia pour qu’elle puisse introduire sa demande de visa<br />

pour regroupement familial en Turquie <strong>et</strong> revenir en Belgique. C<strong>et</strong>te<br />

demande a été introduite par Cylia fin octobre 2003.<br />

En janvier 2004, l’Office des étrangers a donné instruction à l’Ambassade<br />

de Belgique à Ankara de délivrer un visa à Cylia en vue du regroupement<br />

familial. Il ne manquait plus que l’accord écrit du père.<br />

C’est après ce long parcours du combattant de plus d’un an qu’en<br />

février 2004, Cylia est arrivée en Belgique pour r<strong>et</strong>rouver enfin sa mère.<br />

Le Délégué général a été l’accueillir à l’aéroport avec toute sa famille.<br />

Depuis lors, Cylia est inscrite dans une école <strong>et</strong> suit des cours de français<br />

plusieurs fois par semaine.


46 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

3. Histoire de Marie<br />

Le Délégué général a été saisi en septembre 2002 de la situation de Marie,<br />

4 ans, dont la mère, qui disposait de l’hébergement principal, se trouvait<br />

en Belgique tandis que le père, qui bénéficiait du droit aux relations personnelles,<br />

résidait aux États-Unis.<br />

Lors d’un r<strong>et</strong>our de droit de visite aux États-Unis, Marie fit des révélations<br />

d’abus sexuels qui se seraient déroulés chez son père. Suite à ces révélations,<br />

sa mère ne voulut plus qu’elle se rende chez le père en droit de visite<br />

<strong>et</strong> entama des procédures judiciaires en Belgique afin de supprimer tout<br />

droit aux relations personnelles entre Marie <strong>et</strong> son père. Elle fit également<br />

examiner Marie par différents pédo-psychiatres spécialisés en la matière,<br />

aussi bien en Belgique qu’aux États-Unis. Enfin, elle déposa une requête<br />

au tribunal de la jeunesse de Liège <strong>et</strong> le Conseiller de l’aide à la jeunesse<br />

traita aussi ce dossier.<br />

Le père de Marie entama une procédure aux États-Unis visant à obtenir la<br />

garde de sa fille <strong>et</strong> obtint en février 2002, un jugement ordonnant le r<strong>et</strong>our<br />

de Marie chez lui. La mère de Marie n’exécutant pas de manière volontaire<br />

ce jugement, son père introduisit en Belgique une procédure d’exequatur<br />

du jugement rendu aux États-Unis. En août 2002, le tribunal de première<br />

instance a déclaré exécutoire le jugement prononcé aux États-Unis.<br />

En mai, 2 003 la Cour d’appel confirma la décision du tribunal de première<br />

instance.<br />

En juin 2003, Marie fut reprise de force par les autorités de police, alors<br />

qu’elle se trouvait chez sa mère. Il s’agissait de l’exécution forcée de la<br />

décision judiciaire accordant la garde au père 20 .<br />

Après c<strong>et</strong>te exécution forcée, le Délégué général a interpellé le <strong>Pr</strong>ocureur<br />

général afin d’avoir de plus amples informations à propos de c<strong>et</strong>te situation.<br />

Le <strong>Pr</strong>ocureur général a indiqué que la reprise par la force avait été<br />

exécutée sur décision du Ministre de la Justice <strong>et</strong> qu’il fallait s’adresser à<br />

ce dernier pour obtenir des informations. Le <strong>Pr</strong>ocureur général a également<br />

signalé qu’il ne pouvait dire où se trouvait Marie ni quand elle serait<br />

renvoyée à l’étranger.<br />

Des explications furent alors demandées à l’avocat du père <strong>et</strong> au Ministre<br />

de la Justice pour savoir où se trouvait Marie afin de la rencontrer pour<br />

vérifier si la procédure se déroulait dans le respect de <strong>ses</strong> <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 47<br />

<strong>et</strong>, pour donner à sa mère tous <strong>ses</strong> apaisements en la matière, mais cela<br />

sans succès.<br />

Si le Délégué général ne conteste pas <strong>et</strong> ne s’oppose pas à la décision judiciaire,<br />

c’est la méthode utilisée de l’exécution forcée d’une décision judiciaire<br />

qui pose un problème.<br />

En outre, concernant les possibilités d’exécution forcée de la décision<br />

judiciaire, s’il n’est pas contesté que les différentes possibilités aient été<br />

examinées de manière extrêmement approfondie avec les autorités judiciaires<br />

<strong>et</strong> de police, les autres instances n’ont pas été concertées malgré<br />

leurs compétences <strong>et</strong> implications dans ce dossier : Conseiller de l’aide à<br />

la jeunesse, Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant. Le Ministre de la<br />

Justice aurait pu, comme l’ont déjà fait certaines autorités judiciaires,<br />

recourir à l’institution de défense des enfants afin qu’elle tente une ultime<br />

médiation.<br />

Le Délégué général reste donc convaincu que le Ministère de la Justice <strong>et</strong><br />

l’avocat du père n’ont pas utilisé tous les moyens mis à sa disposition pour<br />

arriver à une exécution de la décision judiciaire moins brutale <strong>et</strong> traumatisante<br />

pour l’enfant.<br />

En outre, le Délégué général se demande quelles sont les garanties que le<br />

Ministre de la Justice a reçues quant au fait que les <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts de<br />

Marie seraient respectés à l’étranger en conformité avec la convention<br />

internationale des <strong>droits</strong> de l’enfant de 1989, étant donné que le pays<br />

étranger où elle a été conduite ne l’a pas signée. En juin 2003, la question<br />

fut posée au Ministre de la Justice qui n’y a pas répondu.<br />

Il fut également demandé au Ministre de la Justice si Marie avait eu des<br />

contacts téléphoniques avec sa mère dans le but d’être rassurée autant que<br />

faire se peut, <strong>et</strong> si la mère avait reçu des nouvelles de sa fille depuis le jour<br />

où elle lui a été r<strong>et</strong>irée <strong>et</strong> par qui. Le cabin<strong>et</strong> du Ministre de la Justice a<br />

indiqué, en juin 2003, par téléphone, que d’après lui toutes les nouvelles<br />

concernant Marie étaient positives <strong>et</strong> que la mère pourrait bénéficier d’un<br />

droit de visite sous surveillance.<br />

A la mi-juin 2003, la mère de Marie est partie la rejoindre aux États-Unis<br />

pour exercer un droit de visite. En août 2003, la belle-sœur de la mère a<br />

indiqué qu’une audience devait avoir lieu fin août devant les juridictions<br />

américaines.


48 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

En janvier 2004, la mère a rendu visite au Délégué général afin de lui faire<br />

part de l’état de la situation. Elle a notamment indiqué que lorsqu’elle téléphonait<br />

à Marie la conversation était écoutée. Elle ne pouvait dire à sa fille<br />

qu’elle lui manquait qu’un certain nombre de fois sinon l’écoutant interrompait<br />

la communication. En outre, lorsqu’elle rencontrait sa fille, c’était<br />

sous surveillance armée, payée d’avance par elle-même.<br />

En août 2004, le Délégué général a été contacté par la Ministre de la Santé,<br />

de l’Enfance <strong>et</strong> de l’Aide à la jeunesse suite à un contact qu’elle avait eu<br />

avec la mère de Marie. En eff<strong>et</strong>, la mère avait été informée suite à un entr<strong>et</strong>ien<br />

téléphonique avec sa fille qu’elle se trouvait en vacances en France.<br />

Elle aurait donc aimé pouvoir revoir sa fille qu’elle n’avait plus vue depuis<br />

plus de 5 mois.<br />

Le Délégué général a contacté la mère ainsi que l’avocat du père en<br />

Belgique afin d’examiner les possibilités d’une rencontre entre Marie <strong>et</strong> sa<br />

mère. Le Délégué général a également contacté la Défenseure des enfants en<br />

France afin de lui demander sa collaboration si un accord avait lieu pour que<br />

Marie puisse rencontrer sa maman. La Défenseure des enfants a indiqué<br />

qu’elle prenait acte de notre demande mais souhaitait des précisions sur la<br />

ville ou le département où se trouvait Marie. Elle a également indiqué<br />

qu’elle tâcherait de joindre le correspondant territorial concerné. L’avocat<br />

belge du père ne savait pas où était son client. Il a contacté l’avocat américain<br />

du père qui lui a indiqué ne pas être en mesure de le joindre.<br />

N’ayant su établir de contact avec le père de Marie, aucune rencontre entre<br />

Marie <strong>et</strong> son père n’a pu être organisée.<br />

Fin août 2004, l’avocat de la mère a sollicité le Délégué général afin qu’il<br />

organise une réunion avec la Ministre de la Justice <strong>et</strong> la Ministre de la Santé,<br />

de l’Enfance <strong>et</strong> de l’Aide à la jeunesse. Le Délégué général a proposé à<br />

l’avocat de la mère d’organiser une réunion de coordination regroupant les<br />

collaborateurs de la Ministre de la Justice, de la Ministre de l’Aide à la jeunesse<br />

<strong>et</strong> du Ministère des Affaires étrangères qui gèrent ce dossier.<br />

4. Histoire de Caroline<br />

Le Délégué général a été saisi en décembre 1998 de la situation de<br />

Caroline dont la mère devait se présenter devant le tribunal correctionnel<br />

pour non représentation d’enfant. L’enfant refusait d’aller chez son père


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 49<br />

qui n’avait pas exercé son droit de visite <strong>et</strong> n’avait donné aucun signe de<br />

vie pendant plusieurs mois.<br />

Le Délégué général a entrepris d’organiser une médiation entre la mère, le<br />

père, leur fille <strong>et</strong> les autorités judiciaires.<br />

En novembre 1999, la mère a été condamnée par le tribunal correctionnel<br />

à 6 mois de prison avec un sursis, <strong>et</strong> 50 000 FB de dommages <strong>et</strong> intérêts.<br />

Elle a interj<strong>et</strong>é appel de c<strong>et</strong>te décision.<br />

En octobre 2000, la Cour d’appel confirma la condamnation à 6 mois de<br />

prison, ferme c<strong>et</strong>te fois, pour non représentation d’enfant. La mère a alors<br />

introduit un recours en grâce auprès Roi <strong>et</strong> du Ministre de la Justice. Le<br />

Délégué général a appuyé c<strong>et</strong>te demande auprès du Roi <strong>et</strong> du Parqu<strong>et</strong><br />

général <strong>et</strong> interpellé le Ministre de la Justice.<br />

En décembre 2001, la mère a obtenu le sursis de sa condamnation jusqu’en<br />

octobre 2003 par arrêté royal en raison de la médiation entamée <strong>et</strong> de son<br />

déroulement positif pour l’enfant <strong>et</strong> les parties.<br />

Durant ces nombreu<strong>ses</strong> années, le Délégué général a rencontré les parties<br />

à de nombreu<strong>ses</strong> repri<strong>ses</strong>.<br />

Ainsi, en octobre 2000, le Délégué général recevait, dans le cadre d’un<br />

entr<strong>et</strong>ien préparatoire, Caroline ainsi que sa mère. En novembre 2000,<br />

c’était au tour du père. En décembre 2000, lors d’un entr<strong>et</strong>ien avec<br />

Caroline, celui-ci a marqué son accord pour revoir son père par l’intermédiaire<br />

du Délégué général. C<strong>et</strong>te rencontre fut programmée en mai 2001<br />

mais fut annulée par le père en dernière minute. <strong>Pr</strong>éalablement à cela, le<br />

Délégué général avait à nouveau reçu les parents de Caroline en mai <strong>et</strong> à<br />

c<strong>et</strong>te occasion, le père avait d’ailleurs adressé à la mère vingt mille francs<br />

au titre de pension alimentaire pour les enfants. En juin 2001, lors de la<br />

rencontre convenue avec sa fille, le père ne s’est pas présenté <strong>et</strong> n’a pas<br />

prévenu de son absence. En août 2001, la nouvelle entrevue décidée entre<br />

le père <strong>et</strong> Caroline n’a pu se dérouler dans de bonnes conditions, dans la<br />

mesure où ce dernier est arrivé avec plus d’une heure de r<strong>et</strong>ard. Le<br />

Délégué général a ensuite soumis trois propositions au père sans jamais<br />

obtenir de réponse.<br />

Par la suite, le père ne donnera plus de <strong>ses</strong> nouvelles si ce n’est lors d’entr<strong>et</strong>iens<br />

téléphoniques avec notre institution en août 2001 <strong>et</strong> en sep-


50 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

tembre 2001, entr<strong>et</strong>iens au cours desquels le père s’est montré assez<br />

agressif envers la mère.<br />

En janvier 2002, Caroline a souhaité rencontrer le Délégué général afin de<br />

lui communiquer son désarroi face aux procédures judiciaires en cours à<br />

l’encontre de sa mère, mais également en vue de signaler son inquiétude<br />

par rapport au déroulement de son audition par le magistrat en charge du<br />

dossier.<br />

En mars 2002 ainsi qu’en avril 2002, le père ne s’est pas présenté pour<br />

l’exercice de son droit aux relations personnelles. La mère s’était cependant<br />

assurée de l’exactitude des dates de visite en prenant contact en<br />

mars 2002 avec le Tribunal de la jeunesse.<br />

En mars 2002, le Délégué général a rencontré Caroline. Celle-ci souhaitait<br />

lui faire part de son inquiétude face à une reprise de contact avec son<br />

père tous les premiers <strong>et</strong> troisièmes dimanches du mois. Elle s’inquiétait<br />

d’une reprise de contact abrupte <strong>et</strong> aurait préféré le faire par l’intermédiaire<br />

du Délégué général, comme il en était question en début de<br />

médiation. Caroline était toutefois disposée à se plier à la décision du<br />

tribunal pour éviter que sa maman soit incarcérée pour non-représentation<br />

d’enfant.<br />

A c<strong>et</strong> égard, le Délégué général a signalé au <strong>Pr</strong>ocureur général qu’à son<br />

sens, une reprise de contact sans encadrement était risquée dans le<br />

contexte du moment, les relations entre le père <strong>et</strong> son enfant étant trop<br />

tendues pour espérer que les intéressés renouent un dialogue pacifique.<br />

En septembre 2002, la Cour d’appel confia au Délégué général, avec l’accord<br />

des parties, une mission de médiation entre Caroline, sa mère <strong>et</strong> son<br />

père, relative à l’hébergement subsidiaire de l’enfant. Le Délégué général<br />

a, durant sa médiation, rencontré à plusieurs repri<strong>ses</strong> les parties <strong>et</strong> abordé<br />

tous les problèmes liés à la séparation. Toutes les pistes de solutions ont<br />

été explorées afin d’éviter que le conflit ne débouche sur de nouvelles procédures<br />

judiciaires. Durant la médiation, le Délégué général a pu observer<br />

que les revendications du père relatives à l’exercice de son droit aux relations<br />

personnelles avec son enfant étaient liées à la pension alimentaire.<br />

Les exigences du père étaient vécues par l’enfant comme un chantage <strong>et</strong><br />

comme des menaces à l’emprisonnement de sa mère ce qui provoquait<br />

chez Caroline une grande souffrance <strong>et</strong> un blocage quant à une reprise de<br />

contact avec son père.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 51<br />

Lors du bilan de c<strong>et</strong>te médiation avec les parents à la mi-septembre 2003,<br />

les parents ont signé un accord relatif à l’hébergement secondaire de leur<br />

enfant ainsi qu’à la pension alimentaire. C<strong>et</strong> accord prévoyait que les<br />

parties s’engageaient à faire un nouveau bilan durant la seconde quinzaine<br />

du mois de janvier 2004 chez le Délégué général. C<strong>et</strong> accord a été soumis<br />

à la Cour d’appel en septembre 2003 <strong>et</strong> fut entériné par c<strong>et</strong>te même Cour.<br />

Une réouverture des débats fut prévue pour le mois de mars 2004.<br />

Voici en substance la convention signée par les parties :<br />

CONVENTION<br />

Nous soussignés, le père, né le ...., la mère, née le ..., parents de Caroline, sommes<br />

d’accord de m<strong>et</strong>tre en application la convention suivante :<br />

1. Relations personnelles entre Caroline, née le... <strong>et</strong> son père :<br />

- Que la demande de Caroline à son père, formulée en présence du Délégué<br />

général aux <strong>droits</strong> de l’enfant, de suspendre <strong>ses</strong> relations personnelles tant qu’elle<br />

s’y opposera, soit respectée par le papa, Caroline restant libre de renouer des<br />

contacts avec lui à tout moment si elle le souhaite.<br />

2. Pension alimentaire <strong>et</strong> solde restant dû des impayés.<br />

- La mère, constatant les difficultés budgétaires du papa pour faire droit à <strong>ses</strong><br />

obligations, propose de diminuer le montant de la saisie à la somme de<br />

150 euros. C<strong>et</strong>te diminution prendra <strong>ses</strong> eff<strong>et</strong>s dès le mois d’octobre 2003 <strong>et</strong> ce<br />

jusqu’au mois de janvier 2004 inclus.<br />

- La mère propose de ne pas faire effectuer de saisie sur les congés payés de 2004,<br />

habituellement payés en juin.<br />

- Le père accepte c<strong>et</strong>te proposition.<br />

3. Les parties s’engagent à faire le bilan de ces accords dans la deuxième quinzaine<br />

du mois de janvier 2004 chez le Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong><br />

d’envisager à c<strong>et</strong>te occasion toute autre éventualité.<br />

Fait à Bruxelles, le…<br />

Pour accord,<br />

Le père La mère Le Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant


52 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Ci-dessous, le rapport relatif à la médiation entre le père, la mère <strong>et</strong><br />

Caroline qui a été remis aux autorités en septembre 2003.<br />

Rapport relatif à la médiation<br />

entre la mère, le père <strong>et</strong> Caroline<br />

Par un arrêt d’octobre 2002, la Cour d’appel a décidé que le Délégué général aux<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant poursuive sa mission de médiation entre Caroline, sa mère <strong>et</strong><br />

son père au suj<strong>et</strong> de leurs différends relatifs à l’hébergement subsidiaire de<br />

Caroline par son père.<br />

Dès après l’audience de septembre 2002 au cours de laquelle le principe de la<br />

continuité de la mission de médiation du Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant a<br />

été décidé, celui-ci a invité les parties <strong>et</strong> a pu rencontrer les parties, soit séparément,<br />

soit ensemble :<br />

• Fin septembre 2002 : Le père.<br />

• Mi-octobre 2002 : Caroline, seule, <strong>et</strong> la mère.<br />

• Fin octobre 2002 : rendez-vous fixé avec le père. Celui-ci n’est pas venu.<br />

• Mi-novembre 2002 : Le père.<br />

• Début décembre 2002 : Caroline, seule, la mère, rencontre entre le père <strong>et</strong><br />

Caroline, le père, seul.<br />

• Fin janvier 2003 : Caroline, seule <strong>et</strong> la mère <strong>et</strong> la sœur de Caroline.<br />

• Mi-février 2003 : Le père.<br />

• Mi-avril 2003 : Caroline, seule, <strong>et</strong> la mère.<br />

• Début juin 2003 : Le père.<br />

• Mi-juill<strong>et</strong> 2003 : Caroline, seule <strong>et</strong> la mère.<br />

• Mi-septembre 2003 : La mère <strong>et</strong> le père.<br />

En plus de ces divers entr<strong>et</strong>iens en mon service, la mère <strong>et</strong> le père ont pu s’entr<strong>et</strong>enir<br />

téléphoniquement à de nombreu<strong>ses</strong> repri<strong>ses</strong> avec ma collaboratrice, juriste.<br />

Il est évident que les revendications du père relatives à la pension alimentaire <strong>et</strong><br />

au solde restant dû des impayés liées, par lui, étroitement à l’exercice de son droit


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 53<br />

aux relations personnelles avec sa fille, ont pesé sur la médiation. Celles-ci ont<br />

été vécues par Caroline comme un chantage <strong>et</strong> comme des menaces à l’emprisonnement<br />

de sa mère qui provoquent une très grande souffrance chez l’enfant,<br />

bloquent <strong>et</strong> empêchent toute reprise de contacts librement consentis par Caroline.<br />

Je remercie toutes les parties, père, mère <strong>et</strong> enfant, d’avoir répondu à mes<br />

demandes d’entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> de visite même lorsque cela s’est avéré conflictuel,<br />

pénible émotionnellement.<br />

Je remercie le père <strong>et</strong> la mère d’avoir fait les concessions nécessaires dans l’intérêt<br />

supérieur de leur enfant, Caroline.<br />

Je vous prie de trouver ci-joint la Convention que la mère <strong>et</strong> le père ont signé en<br />

septembre en mes locaux.<br />

Caroline m’a écrit à la mi-septembre 2003 <strong>et</strong> m’indique « que pendant la médiation,<br />

comme le droit de visite était suspendu, je me suis sentie soulagée <strong>et</strong> je<br />

n’étais bien sûr plus stressée, maintenant, je vis mieux (…) J’espère que le juge<br />

de la jeunesse acceptera de suspendre le droit de visite. »<br />

Le Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

Au mois de février 2004, le Délégué général rencontra chacun des parents<br />

afin de faire le bilan des accords. Un nouvel accord fut signé entre les<br />

parties <strong>et</strong> fut soumis à la Cour d’appel. Le père indiqua qu’il avait vendu<br />

sa maison ce qui allait lui perm<strong>et</strong>tre de rembourser la mère. Il s’engagea<br />

donc à payer le solde restant dû de la pension alimentaire. En outre, il<br />

proposa de lui-même d’écrire au juge d’instruction afin de lui indiquer<br />

qu’il ne désirait pas que la condamnation à 6 mois d’emprisonnement pour<br />

non-représentation d’enfant à l’égard de la mère soit appliquée <strong>et</strong> qu’il<br />

soutenait le recours en grâce introduit par la mère. La mère s’engagea à<br />

diminuer le montant de la pension alimentaire. Concernant le droit aux<br />

relations personnelles entre Caroline <strong>et</strong> son père, ce dernier continue à<br />

accepter la demande de suspension du droit de visite de sa fille tant qu’elle


54 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

s’y opposera. C<strong>et</strong> accord fut transmis à la Cour d’appel pour l’audience du<br />

mois de mars 2004. C<strong>et</strong> accord fut entériné de manière définitive à c<strong>et</strong>te<br />

audience.<br />

5. Histoire de Léa <strong>et</strong> Léo<br />

En décembre 2003, une audience s’est déroulée au tribunal de la jeunesse,<br />

audience à laquelle ni le père, ni les enfants n’étaient présents, ceux-ci<br />

n’ayant pas reçu leur convocation, selon leurs dires. Le tribunal décida de<br />

placer les enfants hors du milieu familial de vie au motif que les enfants<br />

ne voulaient plus voir leur mère.<br />

Le père fît opposition de ce jugement. L’opposition fut déclarée irrecevable<br />

car non-dénoncée à la mère. L’erreur de l’huissier ne put être réparée<br />

En eff<strong>et</strong>, bien que présente à l’audience, la mère a refusé de comparaître<br />

volontairement.<br />

Il apparut donc que ni le père, ni les enfants n’ont pu s’exprimer à l’audience<br />

quant à la mesure de placement. Les enfants en demande d’audition<br />

n’ont pas été entendus.<br />

Il faut cependant souligner qu’au niveau civil, les enfants se rendaient<br />

dans un service « espace-rencontre » pour rencontrer leur mère, sans pour<br />

autant accepter de lui parler.<br />

C’est dans ce cadre que le père <strong>nous</strong> a saisi de la situation de <strong>ses</strong> deux<br />

enfants, Léa <strong>et</strong> Léo, en février 2004.<br />

En mars 2004, le Délégué général a reçu Léa <strong>et</strong> Léo. Ceux-ci lui ont<br />

demandé de faire une médiation entre leur mère <strong>et</strong> eux afin d’éviter un placement<br />

imminent.<br />

Après avoir entendu les enfants, le Délégué général s’est entr<strong>et</strong>enu par<br />

téléphone avec la Directrice de l’aide à la jeunesse afin de comprendre la<br />

situation de Léa <strong>et</strong> Léo pour lesquels un placement immédiat s’accompagnerait<br />

d’un changement d’école <strong>et</strong> de la suppression de leurs activités<br />

extrascolaires. Or, <strong>nous</strong> entrions dans la période d’examens scolaires.<br />

Pourquoi les enfants étaient-ils placés 4 mois après le jugement alors que<br />

celui-ci stipulait que « l’intégrité physique <strong>et</strong> psychologique des enfants<br />

est actuellement <strong>et</strong> gravement compromise » ? Il s’agissait aussi de vérifier<br />

l’adéquation du service choisi pour prendre en charge la probléma-


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 55<br />

tique de ces enfants. Il lui fut également demandé si on avait tenu compte<br />

du rapport d’expertise diligenté par le Tribunal des référés qui spécifiait<br />

que « les deux adolescents ne sont pas en danger, la mesure de placement<br />

pourrait aller à l’encontre de l’intérêt des enfants ». Ce rapport avait été<br />

déposé en février 2004.<br />

Celle-ci répondit que c’était un jugement définitif <strong>et</strong> donc qu’elle devait<br />

l’appliquer, que les places étaient rares <strong>et</strong> qu’elle ne pouvait prendre le<br />

risque de « perdre » des places difficiles à obtenir auprès des services<br />

privés d’hébergement. Elle ne semblait pas avoir eu connaissance du<br />

rapport de l’expert, <strong>et</strong> ne souhaitait pas en tenir compte puisque cela relevait<br />

du civil. Elle affirmait ensuite qu’elle n’avait pas à traiter le cas en<br />

urgence car il n’y avait pas d’urgence.<br />

Le Délégué général reçut alors le père qui expliqua la situation des<br />

enfants.<br />

Au terme de l’entr<strong>et</strong>ien, Léa, Léo, <strong>et</strong> leur père ont rédigé, séparément, une<br />

demande écrite à l’intention du Délégué général.<br />

Léa écrivait : « Je souhaite que Monsieur Lelièvre organise une médiation<br />

avec les autorités, mon papa, ma mère, Léo <strong>et</strong> moi (Léa). Je suis tout à fait<br />

contre le placement ! ».<br />

Léo rédigeait également une demande : « J’attends de Monsieur Lelièvre<br />

qu’il essaie de faire une médiation entre : mon père, ma mère, Léa, moi <strong>et</strong><br />

les autorités. Afin d’empêcher le placement <strong>et</strong> de ne pas changer d’école,<br />

mais pour cela, il faut que tout le monde y m<strong>et</strong>te du sien. Si la médiation<br />

fonctionne, il est certain que Léa <strong>et</strong> moi resterons chez papa <strong>et</strong> ainsi l’institution<br />

<strong>et</strong> le changement d’école ira droit à la poubelle. Si cela ne fonctionne<br />

pas, l’institution <strong>et</strong> le changement d’école seront réalisables ».<br />

Le père quant à lui écrivait : « Par la présente, je marque mon accord pour<br />

la tenue d’une médiation sous la direction du délégué général aux <strong>droits</strong><br />

des enfants. Je m’engage à conduire les enfants, Léa <strong>et</strong> Léo lors de la tenue<br />

de c<strong>et</strong>te médiation ainsi qu’à collaborer à la reprise de contact des enfants<br />

avec leur maman ».<br />

Suite à ces propositions, la mère fut conviée à venir rencontrer le Délégué<br />

général.


56 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Nous avons, dans le même temps, interpellé par courrier le Service de protection<br />

judiciaire ainsi que la Direction générale de l’aide à la jeunesse afin<br />

de recevoir de plus amples informations au suj<strong>et</strong> notamment de la teneur<br />

des décisions qui avaient été pri<strong>ses</strong> par la Directrice de l’aide à la jeunesse.<br />

Le dossier compl<strong>et</strong> du service de protection judiciaire a été envoyé par fax<br />

quelques jours après la demande.<br />

Le Délégué général a par ailleurs interpellé le service d’hébergement dans<br />

lequel devaient être placés Léa <strong>et</strong> Léo pour vérifier si leur service était<br />

adéquat pour traiter la problématique des enfants.<br />

Le Délégué général a également interpellé le préf<strong>et</strong> de l’école de Léa <strong>et</strong><br />

Léo quant à l’intégration des enfants dans l’école <strong>et</strong> afin d’avoir son avis<br />

sur le changement d’école en cours d’année. Celui-ci <strong>nous</strong> répondit dès le<br />

lendemain « (…) je peux vous assurer que Léa <strong>et</strong> Léo sont bien intégrés<br />

dans leur classe <strong>et</strong> ils y sont épanouis. Leur participation aux cours est<br />

active <strong>et</strong> leurs résultats scolaires sont bons ».<br />

Le Délégué général, au vu des nouveaux éléments en sa pos<strong>ses</strong>sion<br />

(rapport d’expertise, acceptation d’une médiation entre les enfants <strong>et</strong> leur<br />

mère, engagement du père de collaborer à la reprise de contact) a saisi le<br />

<strong>Pr</strong>ocureur du Roi afin de recommander au parqu<strong>et</strong> de solliciter une nouvelle<br />

audience auprès du tribunal de la jeunesse par citation sur la base de<br />

l’article 60 de la loi du 8 avril 1965 relative à la protection de la jeunesse.<br />

Par ailleurs, l’avocate des enfants a décidé d’introduire un recours sur la<br />

base de l’article 37 du décr<strong>et</strong> du 4 mars 1991 relatif à l’aide à la jeunesse,<br />

procédure qui fut fixée à la mi-avril 2004.<br />

En raison de ce recours, <strong>et</strong> étant donné la proposition du Délégué général<br />

d’appliquer l’article 60 de la loi du 8 avril 195 relative à la protection de<br />

la jeunesse, le Délégué général proposa à la Directrice de l’aide à la jeunesse<br />

de postposer l’admission des enfants en institution en attendant<br />

l’issue des deux procédures.<br />

Dès le lendemain, l’admission des enfants était postposée par décision de<br />

la Directrice de l’aide à la jeunesse.<br />

Fin mars 2004, le Délégué général eut un entr<strong>et</strong>ien avec la mère de Léa <strong>et</strong><br />

Léo. Lors de celui-ci, la mère a accepté de rencontrer <strong>ses</strong> enfants en<br />

avril 2004. Il a été convenu qu’à la suite de la rencontre avec <strong>ses</strong> enfants,


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 57<br />

la mère indiquerait si elle souhaitait ou pas d’entamer une médiation en<br />

fonction des résultats de la rencontre.<br />

Le lendemain, le Délégué général a informé les enfants, le père, les autorités<br />

judiciaires (<strong>Pr</strong>ocureur général <strong>et</strong> <strong>Pr</strong>ocureur du Roi) <strong>et</strong> le Service de<br />

protection Judiciaire que la mère avait accepté une rencontre avec <strong>ses</strong><br />

enfants en avril 2004.<br />

Il confirma cela à la mère ainsi que les propositions qu’elle mit en évidence<br />

lors de l’entr<strong>et</strong>ien : report des audiences afin que Léa <strong>et</strong> Léo terminent<br />

l’année scolaire, implication des grands-parents paternels dans la<br />

médiation, visite avec les enfants au domicile de la maman. Si le placement<br />

devait avoir lieu, la maman proposait un internat scolaire plutôt<br />

qu’un établissement du secteur de l’aide à la jeunesse <strong>et</strong> préconisait un<br />

encadrement psychothérapeutique pour les enfants <strong>et</strong> les membres de la<br />

famille.<br />

Le même jour, <strong>nous</strong> recevions une télécopie du conseil de la mère annulant<br />

la rencontre prévue en avril 2004 entre les enfants <strong>et</strong> leur mère, celleci<br />

décidant de refuser immédiatement toute médiation <strong>et</strong> poursuivre les<br />

procédures judiciaires.<br />

Toutefois, le Délégué général avait déjà prévenu les parties ainsi que les<br />

autorités de l’accord de la mère.<br />

Début avril 2004, le Délégué général s’est entr<strong>et</strong>enu avec le père des<br />

enfants, lui annonçant le refus de la mère. Celui-ci réitéra sa demande:<br />

« J’ai pris bonne note de la maman de vouloir poursuivre les procédures<br />

judiciaires plutôt que de poursuivre une médiation par le biais du délégué<br />

général aux <strong>droits</strong> de l’enfant. En ce qui me concerne, je maintiens ma proposition<br />

de poursuivre une médiation en vue de rétablir des relations personnelles<br />

entre la maman <strong>et</strong> les enfants. Pour ce faire, je ne vois aucun<br />

inconvénient à ce que les enfants soient, le cas échéant, accompagnés chez<br />

la mère par le Délégué général ».<br />

Le Délégué général a informé le Juge de la jeunesse des éléments du<br />

dossier pour la future audience relative au recours introduit sur la base de<br />

l’article 37 du décr<strong>et</strong> relatif l’aide à la jeunesse.<br />

Il a également informé la Directrice de l’aide à la jeunesse du désistement<br />

de la mère.


58 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Quelques jours plus tard, l’avocate de la mère indiqua au Délégué général<br />

que la mère n’avait jamais accepté de rencontrer <strong>ses</strong> enfants en avril, ce<br />

qui était contraire à la vérité.<br />

Le bâtonnier en a dès lors été informé.<br />

A la mi-avril 2004, Le Délégué général interpella à nouveau le service<br />

d’hébergement dans lequel les enfants devaient être placés afin d’obtenir<br />

leur proj<strong>et</strong> pédagogique. Ce proj<strong>et</strong> fut envoyé par fax dès le lendemain non<br />

sans quelques réticences de la part de l’institution qui s’estimait harcelée.<br />

L’audience du Tribunal de la jeunesse sur la base de l’article 37 eut lieu.<br />

La demande fut déclarée irrecevable. Le placement fut donc confirmé <strong>et</strong> le<br />

Service de protection judiciaire mandaté pour rendre le placement effectif.<br />

Entre-temps, le service d’hébergement initial s’est désisté, les places réservées<br />

aux enfants étant pri<strong>ses</strong> par d’autres admissions.<br />

En juin 2004, <strong>nous</strong> avons interpellé le Service de protection judiciaire<br />

suite à l’annonce par le père du placement imminent de Léa <strong>et</strong> Léo ainsi<br />

que la nouvelle institution de placement pour prendre connaissance de son<br />

proj<strong>et</strong> pédagogique.<br />

L’institution préconisée a envoyé son proj<strong>et</strong> pédagogique <strong>et</strong> <strong>nous</strong> a<br />

expliqué la façon dont il appréhendait la réalité des deux enfants. L’équipe<br />

a expliqué avoir rencontré les enfants <strong>et</strong> les parents <strong>et</strong> qu’à l’issue de c<strong>et</strong>te<br />

rencontre, elle pensait qu’il était possible que, en fonction de leur proj<strong>et</strong><br />

pédagogique, l’aide de leur équipe soit apportée dans la problématique<br />

présentée.<br />

Le 1 er juill<strong>et</strong> 2004, les enfants étaient effectivement placés dans l’optique<br />

de rétablir des contacts avec leur mère. Le Délégué général leur a écrit afin<br />

de leur apporter soutien <strong>et</strong> écoute s’ils le souhaitaient.<br />

En août 2004, à la demande des enfants, ceux-ci ont rencontré le Délégué<br />

général afin de lui expliquer la façon dont se passait le placement. Ils<br />

disaient être bien intégrés mais refusaient toujours les contacts avec la<br />

maman. Ils écrivaient également que : « Je souhaite qu’à la réunion du<br />

27 août 2004, soit présent un membre de l’équipe de Monsieur Lelièvre ».<br />

Fin août, une réunion fut organisée au sein de l’institution en présence des<br />

parents, l’avocate des enfants, la Directrice de l’aide à la jeunesse, des


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 59<br />

membres de l’équipe de l’institution <strong>et</strong> une collaboratrice du Délégué<br />

général.<br />

Tous les éléments d’analyse de la situation des enfants furent donnés lors<br />

de la réunion. Il fut constaté que les sentiments négatifs des enfants à<br />

l’égard de la maman ont fait place à de l’indifférence. Le travail de reconstruction<br />

des liens est donc difficile. Il est indiqué que si les enfants restent<br />

placés cela pourra être identifié à de la maltraitance institutionnelle.<br />

L’éloignement supplémentaire n’apporterait rien de plus à la situation des<br />

enfants.<br />

La Directrice de l’aide à la jeunesse décide alors de demander la levée de<br />

mesure au juge de la jeunesse. Elle dit confier les enfants au père dès le<br />

31 août dans l’attente de la décision du tribunal.<br />

6. Histoire de Nathalie<br />

En février 2003, le Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant a été saisi par<br />

Nathalie, âgée de 13 ans <strong>et</strong> demi, par le biais d’un courriel. Dans son courriel,<br />

la jeune fille demandait au Délégué général de l’aider à récupérer des<br />

eff<strong>et</strong>s personnels qu’elle avait laissés chez son père dans le passé.<br />

Le Délégué général a pris contact avec le père de Nathalie afin de<br />

connaître son point de vue concernant la situation de sa fille. Le père a<br />

répondu par écrit sa stupéfaction à la démarche de sa fille <strong>et</strong> a dénoncé la<br />

manipulation de la mère. Il indiquait également dans son courrier bénéficier<br />

d’un droit de visite classique sur base d’une ordonnance du Tribunal<br />

des Référés de novembre 1999 <strong>et</strong> ne plus avoir revu sa fille depuis<br />

mai 2001.<br />

Le Délégué général a alors reçu Nathalie dans <strong>ses</strong> bureaux. P<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it, il<br />

est apparu que la véritable démarche de l’enfant était de rétablir des<br />

contacts avec son père. Il fut convenu de demander au père un rendez-vous<br />

à son domicile. La jeune fille <strong>et</strong> le Délégué général ont convenu que celuici<br />

reçoive le père afin de préparer au mieux la visite de la jeune fille au<br />

domicile paternel.<br />

Pendant le traj<strong>et</strong> en voiture, Nathalie s’est confiée longuement au Délégué<br />

général <strong>et</strong> lui a explicitement indiqué son souhait de quitter le domicile<br />

maternel pour se voir confier à la garde de son père vis-à-vis duquel elle<br />

se disait très attachée. L’enfant se disait victime d’un chantage affectif de


60 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

la part de sa mère <strong>et</strong> voulait sortir de ce conflit de loyauté qui lui était de<br />

plus en plus insupportable.<br />

En août 2003, Nathalie s’est rendue chez son père avec le Délégué général.<br />

Le lendemain de sa visite, le Délégué général recevait la jeune fille <strong>et</strong> sa<br />

maman au sein de <strong>ses</strong> bureaux. Le Délégué général, au cours de l’entr<strong>et</strong>ien,<br />

a expliqué à la mère le souhait de sa fille de r<strong>et</strong>ourner en droit de<br />

visite chez son père. La mère a signalé à sa fille que si elle revoyait son<br />

père tout serait fini entre elles. Elle a finalement accepté la demande de sa<br />

fille.<br />

Un droit de visite de trois jours chez le père a été organisé à la mi-août<br />

2003. Nathalie a passé le week-end chez son père. Dès son r<strong>et</strong>our de weekend,<br />

elle a demandé au Délégué général qu’il organise un nouveau weekend<br />

entre elle <strong>et</strong> son père. Le Délégué général a pris contact avec la maman<br />

<strong>et</strong> lui a exposé le souhait de Nathalie, ce qu’elle a accepté. Nathalie est<br />

r<strong>et</strong>ournée en droit de visite chez son père à la fin du mois d’août 2003.<br />

Le Délégué général a organisé avec l’accord des deux parents <strong>et</strong> de<br />

Nathalie le droit aux relations personnelles de la jeune fille pour le mois<br />

de septembre (droit de visite classique).<br />

En octobre 2003, Nathalie a eu un entr<strong>et</strong>ien avec le Délégué général au<br />

sein de <strong>ses</strong> bureaux. Le Délégué général a également reçu le père <strong>et</strong> la<br />

belle-mère. Le père a pris conscience qu’il devait introduire un recours<br />

auprès du Tribunal de la jeunesse pour faire droit à la demande de sa fille,<br />

c’est-à-dire pour obtenir l’hébergement principal de sa fille.<br />

Quelques jours plus tard, Nathalie a fugué de chez sa maman <strong>et</strong> invoqué<br />

le fait qu’elle ne voulait plus aller vivre chez elle. Elle est r<strong>et</strong>ournée chez<br />

sa maman pour quelques jours.<br />

Peu de temps après, la médiation du Délégué général aboutit à un accord<br />

de médiation entre les parents de la jeune fille.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 61<br />

Voici en substance l’accord :<br />

Convention<br />

La mère autorise sa fille, Nathalie, à aller vivre au domicile de son père, dès la<br />

mi- octobre 2003 à 18 heures, aux conditions suivantes :<br />

- La mère versera au père sur le compte..... la pension alimentaire de 152 euros<br />

mensuellement.<br />

- Nathalie sera domiciliée chez son père.<br />

- Nathalie sera inscrite sur la mutuelle de son père.<br />

- Nathalie pourra avoir des contacts avec sa mère, en fonction de <strong>ses</strong> besoins, par<br />

l’intermédiaire du service du Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

- Nathalie sera inscrite dans l’enseignement général avec une orientation vers les<br />

sciences <strong>et</strong> elle suivra le cours de morale laïque. Sa mère sera tenue mensuellement<br />

informée de <strong>ses</strong> résultats scolaires <strong>et</strong> recevra une copie de son bull<strong>et</strong>in à<br />

chaque période. La mère s’oppose à ce que sa fille aille en recours contre l’école<br />

si elle doit recommencer son année scolaire.<br />

- Nathalie sera présentée au Centre P.M.S. de la nouvelle école. Celui-ci prendra<br />

contact avec celui de l’Athénée provincial de ....<br />

- Nathalie sera suivie dans un Centre de guidance proche du domicile de son père.<br />

Le Centre prendra contact avec le médecin psychiatre ....<strong>et</strong> le Docteur ..., pour<br />

information du dossier médical.<br />

- Nathalie sera suivie chez un orthopédiste pour des problèmes de scoliose <strong>et</strong> de<br />

bascule de bassin. La mère déposera les radios dans le service du Délégué<br />

général aux <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

- La maman souhaite que Nathalie continue le patinage artistique.<br />

- La maman souhaite communiquer notamment par e-mail avec Nathalie.<br />

- C<strong>et</strong> accord de médiation vise à exclure toute procédure judiciaire inutile puisqu’il<br />

y a accord entre les parties.<br />

Pour accord, établi à Bruxelles le ...<br />

La maman<br />

Le papa<br />

En présence du Délégué général


62 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Nathalie a été entendue par le Juge de la jeunesse en février 2004. En<br />

mars 2004, le Tribunal de la jeunesse entérinait l’accord de médiation<br />

signé par les parents chez le Délégué général.<br />

Actuellement, Nathalie vit chez son père <strong>et</strong> poursuit normalement sa<br />

scolarité.<br />

7. L’histoire de Sfia <strong>et</strong> Soufiane<br />

En janvier 2003, le Délégué général a été saisi <strong>et</strong> informé de la situation<br />

relative à deux enfants, Sfia <strong>et</strong> Soufiane, domiciliés à Agadir au Maroc,<br />

par le courrier que lui a adressé leur mère. C’est via le site Intern<strong>et</strong> du<br />

Délégué général qu’une connaissance de la mère des enfants a trouvé les<br />

coordonnées de l’institution.<br />

La mère indiquait que son domicile familial avait été incendié. Son mari,<br />

deux de leurs trois enfants <strong>et</strong> elle-même étaient victimes de brûlures<br />

graves. Elle demandait alors de l’aide afin que <strong>ses</strong> deux enfants soient pris<br />

en charge chirurgicalement.<br />

Après avoir pris conseil auprès du Ministre de la Défense, compétent à<br />

l’égard de l’Hôpital militaire de Neder-Over-Hembeek, spécialisé dans le<br />

traitement des grands brûlés, le Délégué général a saisi l’Ambassadeur de<br />

Belgique au Maroc afin d’obtenir de plus amples informations concernant<br />

c<strong>et</strong>te situation. Le Consul de Belgique à Agadir lui a indiqué dans un courrier<br />

qu’il s’était rendu sur les lieux du sinistre, au domicile de la famille,<br />

<strong>et</strong> qu’il confirmait les faits.<br />

Une collaboration s’est établie entre le Délégué général, l’asbl<br />

« Pinocchio », le Service des brûlés de l’Hôpital militaire Reine Astrid, les<br />

Ministres de la Défense, de l’Intérieur <strong>et</strong> des Affaires étrangères ainsi que<br />

la Ministre de l’Aide à la jeunesse de la Communauté française afin de<br />

faire venir Sfia, Soufiane <strong>et</strong> leur famille en Belgique. Le Délégué général<br />

a pris contact avec différents mécènes afin d’obtenir une intervention<br />

financière dans la prise en charge des soins. En collaboration avec le<br />

Chœur de « la Noucelles », l’asbl « l’Atout » de l’IPPJ de Wauthier-<br />

Braine, le Délégué général a organisé un concert philanthropique en<br />

faveur de Sfia <strong>et</strong> Soufiane.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 63<br />

Les enfants <strong>et</strong> leur famille sont arrivés en Belgique le 6 mai 2003. Ils sont<br />

logés dans une maison de fonction de l’IPPJ de Braine-le-Château <strong>et</strong> sont<br />

pris en charge par le CPAS de c<strong>et</strong>te commune.<br />

Les soins ont commencé dans le courant du mois de juin 2003. Sfia <strong>et</strong><br />

Soufiane se sont fait opérer des mains en juill<strong>et</strong> 2003. En septembre 2003<br />

les enfants se sont à nouveau fait opérer des mains. Sfia a été opérée du<br />

visage en octobre 2003. Des soins ambulatoires sont prévus.<br />

Les soins de Soufiane sont terminés. Sfia devra se faire opérer des mains<br />

<strong>et</strong> du visage en décembre 2004 à l’Hôpital universitaire des enfants<br />

« Reine Fabiola ».<br />

La famille dispose d’un visa humanitaire jusqu’au 5 mai 2005.<br />

8. Histoire de Fatima<br />

En mai 2001, le Délégué général a été saisi de la situation de Fatima par<br />

le père de celle-ci.<br />

Depuis 1995, Fatima avait été placée par sa mère dans un centre pédiatrique<br />

car elle souffrait de problèmes d’asthme. Elle y a suivi un enseignement<br />

spécial de type 5 (maladies graves <strong>et</strong> chroniques).<br />

Au cours de l’année scolaire 2000-2001, la jeune fille, alors élève en première<br />

année, est r<strong>et</strong>ournée durant les vacances de Pâques chez son père en<br />

Tunisie <strong>et</strong> a souhaité rester vivre auprès de lui.<br />

Le risque de voir ce dossier se transformer en rapt parental était grand, car<br />

la mère envisageait de déposer plainte pour enlèvement d’enfant.<br />

Le Délégué général a mené une médiation entre les parents.<br />

Il a entendu la mère de Fatima <strong>et</strong> son avocat en Belgique <strong>et</strong> les a convaincues<br />

de ne pas déposer plainte avant d’avoir entamé une médiation ou, à<br />

tout le moins, d’avoir mené des investigations en Tunisie.<br />

Il a donc saisi le Délégué à la protection de l’enfance tunisien compétent<br />

dans le gouvernorat afin que la situation de l’enfant puisse être vérifiée par<br />

les instances locales. Le défenseur des enfants s’est ensuite rendu sur place<br />

afin d’entendre Fatima <strong>et</strong> de rencontrer son père <strong>et</strong> sa belle-mère.


64 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Au regard de l’évolution de Fatima <strong>et</strong> vu son souhait de rester avec son<br />

père, le Délégué général a obtenu l’accord de la mère pour que sa fille<br />

reste en Tunisie.<br />

La jeune fille est rentrée en congé, chez sa mère, en Belgique <strong>et</strong> un suivi<br />

des contacts mère-enfant a été mis en place par le bais du Service de l’aide<br />

à la jeunesse, à la demande du Délégué général.<br />

En 2001-2002, Fatima a brillamment réussi une formation en informatique<br />

au sein d’une école privée tunisienne mais a éprouvé des difficultés à<br />

rentrer dans le système scolaire tunisien en raison de difficultés administratives<br />

liées à sa nationalité belge <strong>et</strong> au fait qu’elle ne portait pas le nom<br />

de son géniteur.<br />

Devant ces difficultés liées à des problèmes d’intégration dans sa nouvelle<br />

famille, Fatima est définitivement rentrée vivre en Belgique auprès de sa<br />

mère à la fin de l’année 2002. Âgée de 15 ans, elle était toujours soumise<br />

à l’obligation scolaire. Le Délégué général s’est dès lors adressé au service<br />

d’information sur les études <strong>et</strong> les professions (SIEP), lequel <strong>nous</strong> a renseigné<br />

sur les différentes études qu’elle pouvait entreprendre. Elle souhaitait<br />

s’orienter vers des études de boulangerie <strong>et</strong> pâtisserie.<br />

Elle a été inscrite au sein d’une école en janvier 2003 <strong>et</strong> a réussi son année.<br />

9. Histoire d’Irina <strong>et</strong> Besim<br />

En 2000, le Délégué général a été saisi par une mère au suj<strong>et</strong> de la situation<br />

de <strong>ses</strong> deux enfants Irina <strong>et</strong> Besim. Ensuite, elle a demandé au<br />

Délégué général de suspendre son intervention pour laisser aux autorités<br />

judiciaires belges le soin d’agir pour récupérer <strong>ses</strong> enfants.<br />

Les parents d’Irina <strong>et</strong> Besim sont séparés <strong>et</strong> la mère dispose de l’hébergement<br />

principal <strong>et</strong> le père d’un droit aux relations personnelles. En<br />

juill<strong>et</strong> 2000, à l’occasion de l’exercice de son droit aux relations personnelles,<br />

le père a emmené <strong>ses</strong> enfants au Kosovo, son pays d’origine dont<br />

il a également la nationalité. Le père, la mère <strong>et</strong> les enfants ont tous deux<br />

la nationalité belge.<br />

Le père a été condamné à dix mois d’emprisonnement pour non représentation<br />

d’enfants <strong>et</strong> il fait l’obj<strong>et</strong> d’un mandat d’arrêt international.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 65<br />

En août 2003, le Délégué général fut informé du r<strong>et</strong>our en Belgique du<br />

père. En eff<strong>et</strong>, celui-ci a vu son mandat d’arrêt international levé provisoirement<br />

afin de lui perm<strong>et</strong>tre de se rendre en Belgique pour m<strong>et</strong>tre en ordre<br />

sa situation judiciaire.<br />

A c<strong>et</strong>te occasion, le Parqu<strong>et</strong> a invité le Délégué général à une réunion avec<br />

les parties, à l’issue d’une audience au tribunal de la jeunesse en vue<br />

d’amorcer une médiation.<br />

Dans un premier temps l’intervention du Délégué général a consisté à<br />

servir d’intermédiaire dans le rétablissement de contacts téléphoniques<br />

entre la mère <strong>et</strong> <strong>ses</strong> enfants. Ceux-ci n’ont cependant pas pu se poursuivre.<br />

En août 2003 est rendu un jugement du Tribunal de la jeunesse qui prévoit<br />

notamment : une visite de trois jours au moins de la mère à <strong>ses</strong> enfants au<br />

Kosovo, au frais du père, accompagnée le cas échéant de la personne de<br />

son choix ; un r<strong>et</strong>our des enfants en Belgique pour fin octobre 2003 au plus<br />

tard ; la suspension du droit aux relations personnelles du père.<br />

La mère a sollicité le Délégué général pour qu’il l’accompagne pour<br />

rendre visite à <strong>ses</strong> enfants au Kosovo.<br />

Le père interj<strong>et</strong>te appel de la décision.<br />

Face au refus du père de perm<strong>et</strong>tre à la mère de rendre visite à <strong>ses</strong> enfants<br />

au Kosovo, le Délégué général a proposé au père de se rendre seul au<br />

Kosovo afin d’y rencontrer les enfants.<br />

En janvier 2004, grâce au soutien du Ministre de la Défense, qui autorise<br />

l’utilisation de vols militaires, <strong>et</strong> au soutien du Ministère des Affaires<br />

étrangères qui, par le biais de son bureau de liaison à <strong>Pr</strong>istina, assure l’hébergement,<br />

le séjour, les déplacements intérieurs <strong>et</strong> l’interprétariat, le<br />

Délégué général s’est rendu au Kosovo durant une semaine. Il a pu rencontrer<br />

le père, sa famille ainsi que Besim <strong>et</strong> Irina. A l’issue de sa mission,<br />

il a remis un rapport aux parties <strong>et</strong> aux autorités judiciaires. Des photos <strong>et</strong><br />

une cass<strong>et</strong>te vidéo ont été remis à la mère.<br />

Ce rapport m<strong>et</strong> notamment en évidence qu’au niveau des conditions de<br />

vie, les enfants n’apparaissent pas en situation de danger. Ils semblent en<br />

bonne santé. En ce qui concerne la situation scolaire des enfants, ceux-ci<br />

fréquentent régulièrement une école proche de leur domicile. Les relations


66 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

affectives avec le père semblent positives. Par ailleurs, il convient de noter<br />

la présence de deux nouvelles p<strong>et</strong>ites sœurs pour Besim <strong>et</strong> Irina, sœurs<br />

auxquelles les enfants paraissent attachés. Irina <strong>et</strong> Besim semblent être<br />

attachés aussi à la nouvelle femme du père.<br />

En terme de perspective, le Délégué général, a rappelé que son intervention<br />

ne s’inscrivait pas dans le cadre de l’exécution des procédures judiciaires<br />

en cours tant au niveau civil que pénal. Son objectif est de trouver<br />

une solution, acceptée par le père <strong>et</strong> par la mère, praticable, <strong>et</strong> la meilleure<br />

possible dans l’intérêt des enfants <strong>et</strong> dans le respect de leurs <strong>droits</strong> tant visà-vis<br />

du père que de la mère.<br />

Au niveau de la médiation entamée, trois scénarii ont été mis en évidence,<br />

en guise de propositions :<br />

1 les enfants reviennent vivre en Belgique chez leur mère <strong>et</strong> le père<br />

dispose quant à lui d’un droit de visite (visites <strong>et</strong> vacances), en Belgique<br />

<strong>et</strong> au Kosovo ;<br />

2 le père reste au Kosovo avec <strong>ses</strong> enfants <strong>et</strong> la mère dispose à l’égard de<br />

Besim <strong>et</strong> Irina d’un droit aux relations personnelles (visites <strong>et</strong> vacances) ;<br />

3 le père revient en Belgique avec sa famille <strong>et</strong> la mère dispose d’un droit<br />

aux relations personnelles (visites <strong>et</strong> vacances), à élargir progressivement<br />

vers une garde alternée.<br />

La bonne exécution d’un de ces accords, signés par le père <strong>et</strong> la mère,<br />

devrait pouvoir suspendre l’exécution de la condamnation du père <strong>et</strong> du<br />

mandat d’arrêt international lancé à son égard.<br />

Dans un plus court terme, le père s’est montré disposé à ce que le Délégué<br />

général revienne le voir ainsi que les enfants au Kosovo <strong>et</strong> il a accepté qu’à<br />

c<strong>et</strong>te occasion, les enfants puissent recevoir la visite de leur mère.<br />

Au r<strong>et</strong>our du Délégué général en Belgique, une nouvelle mission de<br />

médiation est mise sur pied afin de perm<strong>et</strong>tre à la mère de pouvoir rencontrer<br />

<strong>ses</strong> enfants au Kosovo.<br />

C<strong>et</strong>te mission s’organise en coordination avec les autorités judiciaires, le<br />

Ministère des Affaires étrangères <strong>et</strong> Child Focus.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 67<br />

La mère ayant manifesté le souhait de se voir soutenue à l’occasion de ce<br />

voyage au Kosovo, elle sera accompagnée d’un agent du Ministère des<br />

Affaires étrangères.<br />

La mission a lieu en mars 2004 <strong>et</strong> à l’issue de celle-ci, un nouveau rapport<br />

est transmis aux parties <strong>et</strong> aux autorités judiciaires, accompagné d’une<br />

convention signée par les parents <strong>et</strong> les instances présentes.<br />

Au cours de c<strong>et</strong>te mission, la mère, accompagné du Délégué général, a pu<br />

dans un premier temps rencontrer le père. Ensuite, une deuxième journée<br />

a été consacrée au rétablissement de relations entre la mère <strong>et</strong> <strong>ses</strong> enfants.<br />

Enfin, le troisième jour, le père <strong>et</strong> les enfants ont rejoint la mère <strong>et</strong> le<br />

Délégué général.<br />

Les deux parents de Besim <strong>et</strong> Irina <strong>et</strong> la famille du père ont œuvré de<br />

manière positive à la réussite de la mission de renouement des contacts<br />

entre la mère <strong>et</strong> <strong>ses</strong> enfants. Comme convenu, la mère a, par ailleurs, pu se<br />

concerter régulièrement avec son mari resté en Belgique.<br />

Pour l’avenir, la proposition de r<strong>et</strong>our progressif en Belgique a été<br />

accueillie favorablement par le père <strong>et</strong> une convention a été préparée en ce<br />

sens. L’objectif est aussi de faciliter une reprise de contact en profondeur<br />

entre la mère <strong>et</strong> <strong>ses</strong> enfants. C<strong>et</strong>te convention a été présentée aux parties à<br />

la mi-mars 2004 <strong>et</strong> signée par ceux-ci.<br />

Délégué général de la Communauté française<br />

aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

Convention<br />

La présente convention est rédigée à l’issue de la mission au Kosovo (en<br />

mars 2004) du Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant, <strong>et</strong> d’un agent du SPF<br />

Affaires étrangères. Elle s’inscrit dans le suivi du rapport de médiation numéro ...<br />

du ... janvier 2004 du Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> précisément dans<br />

le processus de médiation visant à un r<strong>et</strong>our en Belgique du père avec sa famille,<br />

la mère, disposant d’un droit aux relations personnelles (visites <strong>et</strong> vacances) de<br />

plus en plus étendu.


68 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

La bonne exécution de c<strong>et</strong> accord signé par le père <strong>et</strong> la mère devrait pouvoir suspendre<br />

l’exécution de la condamnation du père pour enlèvement d’enfants <strong>et</strong> du<br />

mandat d’arrêt international délivré à son égard.<br />

Après son exécution, la présente convention ne fait cependant pas obstacle à la<br />

poursuite de l’application des décisions judiciaires pénales <strong>et</strong> civiles sauf nouvel<br />

accord pris entre les parties, entériné par les autorités judiciaires.<br />

Accord<br />

Nous soussignés, le père <strong>et</strong> la mère, tous les deux de nationalité belge, conscients<br />

de l’intérêt supérieur de nos enfants Besim <strong>et</strong> Irina, acceptons <strong>et</strong> m<strong>et</strong>trons en<br />

œuvre sous la coordination <strong>et</strong> la supervision du Délégué général aux <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant, <strong>et</strong> l’appui du SPF Affaires étrangères, la convention suivante :<br />

1. Les enfants Besim <strong>et</strong> Irina viendront en Belgique avec leur père accompagné<br />

par son épouse <strong>et</strong> leurs deux enfants Katia <strong>et</strong> Senka, aux mois de juin <strong>et</strong><br />

juill<strong>et</strong> 2004 pour une période de 30 jours environ à convenir en fonction des<br />

disponibilités de transport, d’accueil <strong>et</strong> de prise en charge.<br />

2. Le père, s’engage à m<strong>et</strong>tre tout en œuvre pour faciliter les contacts <strong>et</strong> relations<br />

personnelles de <strong>ses</strong> enfants Besim <strong>et</strong> Irina avec leur mère sur proposition du<br />

Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant, en ce compris de confier les enfants à<br />

leur mère hors de sa présence ou de son épouse.<br />

3. La mère, s’engage à collaborer à l’action du Délégué général visant à rétablir<br />

des relations personnelles harmonieu<strong>ses</strong> avec <strong>ses</strong> enfants Besim <strong>et</strong> Irina.<br />

L’intéressée s’engage en outre à respecter les accords pris devant le Délégué<br />

général pour l’exercice de ce droit aux relations personnelles <strong>et</strong> à ne pas faire<br />

obstacle au r<strong>et</strong>our des enfants au Kosovo avec leur père, à l’issue de la présente<br />

convention.<br />

4. La famille sera logée dans la famille du père fixée en Belgique ou dans tout<br />

autre endroit choisi avec l’accord du Délégué général. En outre, les frais de<br />

séjour seront assumés par le père.<br />

5. Pendant son séjour, le père <strong>et</strong> la mère éclairciront avec l’aide du Délégué<br />

général leur situation financière en rapport avec le remboursement des crédits<br />

hypothécaires relatifs à l’achat de biens situés .... Les intéressés tenteront de


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 69<br />

trouver les solutions les plus praticables pour remplir leurs obligations résultant<br />

de ces différents emprunts.<br />

6. Pendant son séjour, le père éclaircira avec l’aide du Délégué général sa situation<br />

financière relative à <strong>ses</strong> impôts <strong>et</strong> tentera de trouver les solutions les plus<br />

praticables pour remplir <strong>ses</strong> obligations fiscales.<br />

7. Le Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> le SPF Affaires étrangères s’engagent<br />

à présenter la présente convention aux autorités judiciaires compétentes<br />

de manière à obtenir les garanties perm<strong>et</strong>tant son application sans arrestation<br />

<strong>et</strong> incarcération du père <strong>et</strong> sans que les décisions judiciaires pri<strong>ses</strong> au niveau<br />

civil, c’est-à-dire l’hébergement principal de Besim <strong>et</strong> Irina à la mère sans droit<br />

aux relations personnelles avec le père, ne soient mi<strong>ses</strong> en œuvre par une exécution<br />

forcée. A l’issue de l’application de la convention, les enfants Besim <strong>et</strong><br />

Irina, pourront rentrer au Kosovo avec la famille du père.<br />

8. Le Bureau de liaison belge à <strong>Pr</strong>istina prendra les contacts nécessaires avec<br />

l’Ambassade belge à Belgrade pour obtenir les passeports ou visas nécessaires<br />

aux différentes personnes bénéficiant de la présente convention afin de leur<br />

perm<strong>et</strong>tre d’accéder au territoire belge.<br />

9. Le Délégué général s’engage à prendre les contacts nécessaires pour s’informer<br />

auprès du Ministère de la Défense, les possibilités de prise en charge du<br />

transport de la famille du père (aller <strong>et</strong> r<strong>et</strong>our) par l’armée. Il s’informera également<br />

auprès de Child Focus sur les possibilités d’intervention financière de<br />

la dite instance dans l’achat des bill<strong>et</strong>s d’avion auprès d’une compagnie<br />

aérienne civile.<br />

Fait à <strong>Pr</strong>istina le ... mars 2004<br />

Le père La mère L’épouse du père<br />

Représentant<br />

du Bureau de liaison de <strong>Pr</strong>istina<br />

Agent<br />

du SPF Affaires étrangères<br />

Délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant


70 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Conformément à la convention signée, le père est venu en Belgique avec<br />

Irina <strong>et</strong> Besim, son épouse <strong>et</strong> <strong>ses</strong> deux enfants pendant 18 jours en<br />

juin 2004. Durant tout le séjour, soit le Délégué général personnellement,<br />

soit un membre du service, ont assumé l’encadrement des rencontres <strong>et</strong><br />

des réunions en se rendant presque quotidiennement à Liège. En outre,<br />

suite un accord passé par les parents au Service de l’aide à la jeunesse, un<br />

éducateur d’une équipe d’aide en milieu ouvert (AMO) a également<br />

accompagné la mère <strong>et</strong> sa famille.<br />

Un rapport relatif au séjour des enfants en Belgique a été remis <strong>et</strong> présenté<br />

à l’audience du Tribunal de la jeunesse qui s’est tenue à la mi-juin 2004 à<br />

l’issue du séjour.<br />

Dans ce rapport on r<strong>et</strong>iendra plus particulièrement certaines observations<br />

<strong>et</strong> considérations générales ainsi que des propositions.<br />

Observations <strong>et</strong> considérations générales<br />

Durant les contacts, directs ou téléphoniques avec les différentes parties, on a pu<br />

observer une volonté, ou à tout le moins un espoir, de régler les problèmes rencontrés<br />

même si, au niveau affectif <strong>et</strong> émotionnel, on note l’émergence régulière<br />

de tensions qui nécessitent à chaque fois l’intervention du médiateur pour apaiser<br />

les conflits <strong>et</strong> éviter que ceux-ci ne dégénèrent.<br />

Une des raisons importantes des conflits qui sont apparus sont des difficultés de<br />

communication liées à la langue. Ceci est valable tant pour les adultes entre-eux,<br />

que pour les relations entre les enfants <strong>et</strong> les adultes.<br />

La mauvaise compréhension des propos tenus par les autres adultes, induit une<br />

mauvaise interprétation qui entraîne presque systématiquement le sentiment que<br />

l’autre cherche à nuire. Il existe entre les adultes un climat de suspicion évident<br />

<strong>et</strong> permanent. Ce climat s’est détérioré avec le temps.<br />

Ce qui vaut pour le langage verbal vaut tout autant pour certaines attitudes.<br />

D’aucun, cherchant à adopter une attitude trop ambitieuse ou trop idéale, en<br />

arrive au résultat inverse à celui escompté.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 71<br />

Par ailleurs, on peut noter, tant chez le père que chez la mère, une grande peur<br />

que leurs attitudes soient mal interprétées, ce qui entraîne une crainte de poser<br />

certains gestes, tant à l’égard des adultes qu’à l’égard des enfants.<br />

Dès lors, on a pu observer que lors d’activités communes pour les deux familles,<br />

si celles-ci participaient effectivement à la même activité, elles se révélaient quasiment<br />

incapables d’avoir des échanges, tant entre adultes, qu’avec les enfants de<br />

l’autre partie.<br />

Besim, Irina <strong>et</strong> leur père ont passé une vingtaine de jours en Belgique.<br />

Il était illusoire d’espérer pouvoir, dans un aussi court laps de temps, r<strong>et</strong>isser des<br />

liens après une séparation de quatre années consécutive à un enlèvement, luimême<br />

intervenant après une crise conjugale grave.<br />

Le temps passé par Irina <strong>et</strong> Besim en Belgique a permis de réaliser un travail<br />

d’observation important notamment au niveau des contacts que les enfants ont eu<br />

avec leur mère. Il a aussi permis de constater la volonté de ne pas rompre la<br />

médiation. Enfin, pour les enfants eux-mêmes, il aura permis de donner une matérialité<br />

à l’existence actuelle de leur mère en Belgique.<br />

Il est indéniable que les enfants n’ont pas vécu pendant les quatre années passées<br />

au Kosovo dans une bulle dont la mère serait absente. Même si les contacts<br />

directs ont été quasi inexistants, il n’en demeure pas moins que la mère occupe<br />

toujours une place auprès de Besim <strong>et</strong> Irina.<br />

Les enfants sont dans une situation de souffrance psychologique importante.<br />

L’enlèvement des enfants – quelles que soient les responsabilités de chacune des<br />

parties dans le conflit ayant entraîné la rupture conjugale <strong>et</strong> même si on peut<br />

déplorer l’absence d’intervention des services qui auraient pu intervenir à l’époque<br />

– n’est pas acceptable car l’absence de contacts entre les enfants <strong>et</strong> leur mère laisse<br />

<strong>et</strong> laissera des traces. Et il serait faux pour le père de penser qu’un r<strong>et</strong>our des enfants<br />

avec lui au Kosovo leur perm<strong>et</strong>trait de vivre dans une bulle, isolés du problème. Les<br />

symptômes liés à la souffrance pourront apparaître <strong>et</strong> les enfants lui demanderont<br />

des comptes plus tard.


72 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

<strong>Pr</strong>opositions<br />

Vu la souffrance <strong>et</strong> les tensions constatées, il est nécessaire d’entreprendre dans<br />

les meilleurs délais une prise en charge thérapeutique, tant pour la mère que pour<br />

le père <strong>et</strong> les enfants eux-mêmes, en Belgique <strong>et</strong> au Kosovo ; prise en charge qui<br />

n’entre pas dans les compétences du médiateur.<br />

Idéalement, il conviendrait aussi que l’ensemble des personnes concernées, à<br />

savoir les enfants, la mère <strong>et</strong> le père, fassent aussi l’obj<strong>et</strong> d’une étude sociale <strong>et</strong><br />

d’un examen médico-psychologique - démarche qui n’entre toutefois pas dans les<br />

missions <strong>et</strong> compétences du médiateur.<br />

Un tel examen, qui demande par ailleurs du temps, nécessiterait que les enfants<br />

<strong>et</strong> le père reviennent régulièrement en Belgique pour s’y soum<strong>et</strong>tre. Ce pourrait<br />

donc être un des motifs de r<strong>et</strong>our des enfants dans l’avenir.<br />

Le processus sera long en raison des difficultés observées. La prochaine étape<br />

devrait être un r<strong>et</strong>our du père à brève échéance afin d’amorcer le processus de<br />

l’examen médico-psychologique. Par ailleurs, eu égard aux particularités de la<br />

situation – éloignement des milieux de vie des parents – la mission d’expertise<br />

pourrait être confiée à un collège d’experts, l’un en Belgique, l’autre au Kosovo,<br />

choisis en dehors des parties.<br />

Ces deux experts devraient pouvoir rencontrer les différents protagonistes en<br />

fonction des séjours de chacun en Belgique <strong>et</strong> au Kosovo.<br />

Si ce travail thérapeutique à l’égard des enfants <strong>et</strong> des parties n’a pas lieu <strong>et</strong> si le<br />

tribunal n’est pas éclairé dans le même temps par une étude sociale <strong>et</strong> un examen<br />

médico-psychologique indépendants, mon institution ém<strong>et</strong> un pronostic défavorable<br />

quant aux chances du règlement de la situation.<br />

En tout cas, une décision autoritaire immédiate, qui figerait d’ores <strong>et</strong> déjà la<br />

situation en donnant raison à l’une des parties <strong>et</strong> tort à l’autre, sans ce travail<br />

d’expertise <strong>et</strong> de thérapie, anéantirait les efforts déployés non seulement par le<br />

médiateur mais aussi par les autres autorités <strong>et</strong> instances impliquées : Ministère<br />

de la Justice, Ministère des Affaires étrangères, autorités judiciaires, secteur de<br />

l’aide à la jeunesse.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 73<br />

Suite à l’audience devant le Tribunal de la jeunesse de Liège, un jugement<br />

est rendu en juill<strong>et</strong> 2004.<br />

Ce jugement, suivant dans <strong>ses</strong> attendus les propositions du Délégué<br />

général, stipule notamment que les enfants sont hébergés à titre principal<br />

chez le père chez lequel ils sont provisoirement domiciliés, que la mère<br />

rencontrera les enfants durant le séjour que les enfants feront en<br />

Belgique durant le mois d’août 2004, le père est invité à organiser ce<br />

séjour de telle manière que les enfants restent en Belgique au moins deux<br />

semaines <strong>et</strong> que le père est invité en outre à organiser des séjours des<br />

enfants en Belgique de manière à faciliter la réalisation des mesures<br />

d’instruction.<br />

Le jugement prévoit en outre la réalisation d’une étude sociale <strong>et</strong> d’une<br />

expertise psychologique, l’assistant de justice <strong>et</strong> l’expert étant invité à<br />

prendre contact avec le Délégué général afin de bénéficier de son aide<br />

dans le cadre de l’exécution matérielle de leur mission.<br />

A l’initiative du Parqu<strong>et</strong> de la jeunesse, une réunion a eu lieu avec la mère<br />

<strong>et</strong> les avocats des parties en vue d’organiser le déroulement du r<strong>et</strong>our des<br />

enfants <strong>et</strong> de leur père au mois d’août. Le Délégué général n’a pas été<br />

associé à c<strong>et</strong>te réunion.<br />

En suite à c<strong>et</strong>te réunion, le Parqu<strong>et</strong> de la jeunesse a sollicité l’intervention<br />

du Service de l’aide à la jeunesse dans la mesure où le tribunal n’avait pas<br />

précisé les modalités de rencontres entre la mère <strong>et</strong> <strong>ses</strong> enfants durant le<br />

mois d’août.<br />

Après l’arrivée des enfants <strong>et</strong> leur père en Belgique, une réunion a lieu au<br />

Service d’aide à la jeunesse. Constatant la nécessité de l’intervention<br />

d’une tierce personne pour l’organisation des rencontres, il fait appel au<br />

Délégué général qui accepte d’encadrer les rencontres mère/enfants. C<strong>et</strong><br />

accord est formalisé devant le Conseiller de l’aide à la jeunesse.<br />

Initialement, le père n’avait envisagé de rester qu’une semaine en<br />

Belgique avec <strong>ses</strong> enfants. Durant le séjour, il a indiqué qu’il était disposé<br />

à postposer d’une semaine son r<strong>et</strong>our au Kosovo. C<strong>et</strong>te proposition a fait<br />

l’obj<strong>et</strong> d’un accord écrit signé par les parties.


74 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Délégué général de la Communauté française<br />

aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

Accord<br />

Entre d’une part la maman <strong>et</strong> d’autre part le papa concernant l’exercice du droit<br />

aux relations personnelles entre les enfants Irina <strong>et</strong> Besim <strong>et</strong> leur maman entre le<br />

....août <strong>et</strong> le .... août 2004 par l’intermédiaire des services du Délégué général aux<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

Vu la bonne évolution des relations entre les enfants <strong>et</strong> leur mère dans un climat<br />

de plus en plus apaisant, le père a proposé, de sa propre initiative, de prolonger<br />

son séjour en Belgique, cela, dans un souci de bonne volonté <strong>et</strong> afin de montrer<br />

qu’il ne veut pas se soustraire aux recommandations du tribunal de rester deux<br />

semaines en Belgique avec <strong>ses</strong> enfants. Irina <strong>et</strong> Besim resteront donc en Belgique<br />

une semaine de plus <strong>et</strong> le départ au Kosovo est reporté au .... août prochain. Le<br />

vol est prévu le .... août à l’aéroport militaire de Melsbroek à 10h45. Le père <strong>et</strong><br />

les enfants doivent arriver à l’aéroport à 8h30.<br />

Irina <strong>et</strong> Besim rencontreront leur maman selon les dispositions <strong>et</strong> modalités déterminées<br />

avec l’institution du Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant en tenant<br />

compte de l’avis des enfants <strong>et</strong> de leur état psychologique <strong>et</strong> affectif.<br />

Par ailleurs, l’institution du Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant est à la disposition<br />

de l’assistante de justice (chargée de l’étude sociale) <strong>et</strong> de l’expert (chargé<br />

de l’expertise médico-psychologique) pour leur porter une assistance matérielle<br />

pour l’exercice de leur mission pendant c<strong>et</strong>te période.<br />

Pour accord,<br />

Le père<br />

La mère<br />

Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

A l’issue du séjour, un rapport a été dressé à l’attention des parties <strong>et</strong> des<br />

autorités judiciaires.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 75<br />

Celui-ci m<strong>et</strong> en évidence que, malgré les difficultés rencontrées, liées à la<br />

dynamique familiale conflictuelle <strong>et</strong> au conflit de loyauté des enfants, la<br />

mère a pu rencontrer <strong>ses</strong> enfants, à chaque reprise pendant plusieurs<br />

heures. Lorsque la mère était avec Besim <strong>et</strong> Irina, le père se tenait en<br />

général à l’écart dans un autre endroit de la maison. Les enfants ont pu voir<br />

une maman ni en pleurs, ni en colère. Il est important de souligner que<br />

Besim <strong>et</strong> Irina ont pu prendre conscience que leur mère pouvait avoir avec<br />

eux des attitudes maternelles. La mère a pu profiter du droit aux relations<br />

personnelles pour donner d’elle une image plus sereine. Les enfants ont pu<br />

jouer avec leur maman. Ils ont eu des actes de tendresse (échanges réciproques<br />

de cadeaux <strong>et</strong> de baisers).<br />

Il est à noter que, durant ce séjour, les enfants n’ont été vus ni par l’assistante<br />

de justice ni par l’expert.<br />

L’assistante sociale chargée de l’étude sociale a néanmoins déjà pu rencontrer<br />

les parents.<br />

Il convient à présent que l’étude sociale se poursuive <strong>et</strong> que l’expertise<br />

psychologique puisse débuter dans les meilleurs délais afin de pouvoir<br />

éclairer le tribunal notamment sur les modalités d’hébergements à fixer<br />

afin que les enfants entr<strong>et</strong>iennent des relations les plus épanouissantes <strong>et</strong><br />

sécurisantes possibles avec leurs deux parents.<br />

Conclusion<br />

Voici donc présentés quelques exemples de médiation menées par<br />

l’institution du Délégué général.<br />

Notre objectif était de faire toucher du doigt le processus de<br />

médiation. Celui-ci se révèle à chaque fois particulier parce que<br />

chaque situation d’enfant est unique en raison des multiples cau<strong>ses</strong> <strong>et</strong><br />

facteurs qui y sont liés.<br />

Nous sommes <strong>et</strong> restons ouvert à tout questionnement, toute<br />

recommandation ou remise en question concernant la pratique de la<br />

médiation institutionnelle spécifique du Délégué général de la<br />

Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant.


76 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Les ombudsmans apparaissent donc comme porteurs de nouvelles<br />

pratiques démocratiques, comme promoteurs de nouvelles ba<strong>ses</strong> de<br />

participation entre le citoyen <strong>et</strong> les instances publiques<br />

(Gouvernement, administration) <strong>et</strong> comme instigateurs de nouvelles<br />

sources de normativité. L’objectif est ne pas imposer une décision<br />

mais de solliciter l’adhésion des personnes à l’application du droit, en<br />

l’occurrence les <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

De manière à présenter la fonction du médiateur institutionnel, au<br />

début de toute médiation développée par l’institution du Délégué<br />

général, il sera communiqué une information reprenant les principes<br />

directeurs de la médiation.<br />

Les principes de la médiation institutionnelle du Délégué général<br />

sont les suivants :<br />

1. Au début de chaque médiation, le Délégué général rem<strong>et</strong> aux<br />

personnes un texte rappelant les missions de son institution <strong>et</strong><br />

les principes directeurs de la médiation.<br />

2. La médiation doit être acceptée par toutes les personnes. Elle<br />

est l’œuvre <strong>et</strong> l’émanation des personnes.<br />

3. Les personnes s’engagent à accorder une priorité à la situation<br />

des enfants concernés. L’examen de certains problèmes comme<br />

par exemple la situation patrimoniale (biens, pension alimentaire…)<br />

peuvent être abordés dans la mesure où ils facilitent le<br />

traitement de la situation des enfants.<br />

4. Si l’une des personnes décide de m<strong>et</strong>tre fin à la médiation, elle<br />

s’engage d’en aviser le Délégué général <strong>et</strong> de convenir une<br />

réunion de clarification informant l’ensemble des participants<br />

des raisons de sa décision.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 77<br />

5. La pratique de la médiation est confidentielle. Toutefois, si le<br />

Délégué constate que les <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts de l’enfant ne sont<br />

pas respectés <strong>et</strong> une impossibilité de traiter la situation, il<br />

appréciera s’il y a lieu d’en informer les autorités compétentes.<br />

6. Si la médiation s’effectue à l’initiative des autorités judiciaires<br />

ou administratives, ou si elle intervient dans le cadre de procédures<br />

judiciaires ou administratives, le Délégué général peut<br />

déposer un rapport intermédiaire ou complémentaire.<br />

7. A la fin de la médiation, le Délégué peut soum<strong>et</strong>tre à la signature<br />

des participants un texte reprenant leurs accords. Si nécessaire,<br />

le texte signé est transmis aux autorités compétentes soit<br />

par le Délégué général, soit par les personnes elles-mêmes.<br />

∆<br />

1. Cfr. Le soutien du Comité consultatif du Délégué général composé de personnalités<br />

éminentes ; la reconnaissance des autorités, des médias <strong>et</strong> de l’opinion<br />

publique.<br />

2. La médiation familiale est un processus de gestion des conflits familiaux par lesquels<br />

les personnes demandent ou acceptent l’intervention d’un médiateur neutre,<br />

objectif <strong>et</strong> qualifié pour les aider à trouver un accord durable <strong>et</strong> mutuellement<br />

acceptable. C<strong>et</strong> accord participe à la réorganisation familiale <strong>et</strong> personnelle de chacun.<br />

Cfr. Justin LEVESQUE, Méthodologie de la médiation familiale, Eres, 1997<br />

3. En protection de la jeunesse, la médiation prononcée dans le cadre de la prise en<br />

charge d’un mineur délinquant vise à offrir à ce jeune, <strong>ses</strong> parents <strong>et</strong> la victime,<br />

d’envisager ensemble, avec l’aide d’un médiateur neutre, les possibilités de rencontrer<br />

les conséquences relationnelles <strong>et</strong> matérielles du délit.<br />

4. Les exemples les plus courants sont des pères ou des mères vivant des situations<br />

de séparation parentale difficiles, voire conflictuelles. Un parent peut s’adresser à<br />

<strong>nous</strong> sans que son dossier ne soit judiciarisé. Il tente une médiation avant de saisir<br />

le tribunal au civil ou avant de déposer plainte au pénal. Un professionnel peut<br />

saisir, par signalement, le Délégué général : un éducateur, un enseignant, un assistant<br />

social…


78 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

5. Le tribunal ou le Ministère public.<br />

6. Extraits du rapport annuel du Délégué général 1999-2000 : Défenseur des enfants,<br />

pp 232-235.<br />

D’autres collaborations ont été mi<strong>ses</strong> en place en ce qui concerne les situations<br />

individuelles d’enfants dont est saisi le Délégué général <strong>et</strong> pour lesquelles des procédures<br />

judiciaires sont en cours. Ces procédures ont été élaborées au regard des<br />

missions <strong>et</strong> des pouvoirs conférés au Délégué général dans le cadre de l’arrêté du<br />

10 juill<strong>et</strong> 1991.<br />

Ainsi l’article 2, alinéa 3,3° prévoit que le Délégué général a pour mission de vérifier<br />

l’application des lois, des décr<strong>et</strong>s, des ordonnances <strong>et</strong> des réglementations qui<br />

concernent les jeunes <strong>et</strong>, s’il y a lieu d’en informer le procureur du Roi.<br />

Le Conseil d’État a estimé que l’extension aux lois <strong>et</strong> ordonnances, qui ne relèvent<br />

pas de la compétence des Communautés, était admissible étant donné que le<br />

Délégué général n’a pas de pouvoir de décision, d’exécution ou d’injonction.<br />

Par ailleurs, l’article 3 de l’arrêté prévoit que le Délégué général adresse aux autorités<br />

de l’État, de la Communauté, de la Région, des provinces, des communes ou<br />

à toute institution qui en dépend, les demandes d’interpellation ou d’investigation<br />

nécessaires à l’accomplissement de sa mission.<br />

Le Conseil d’État a estimé que les demandes adressées aux autres autorités que la<br />

Communauté (État, Région) n’impliquent pour celles-ci aucune obligation de<br />

répondre.<br />

Le Délégué général compte donc accomplir sa mission en tenant compte du statut,<br />

du rôle <strong>et</strong> des missions de chacun.<br />

Concernant les autorités judiciaires, il convient donc de tenir compte, d’une part<br />

de la hiérarchie existant entre le Parqu<strong>et</strong> <strong>et</strong> le Parqu<strong>et</strong> général, d’autre part de l’indépendance<br />

individuelle des Juges de la jeunesse.<br />

A) Cas individuels - demande de pièces du dossier judiciaire<br />

Comme convenu avec les Parqu<strong>et</strong>s généraux, lorsque le Délégué général souhaite<br />

obtenir copie des pièces du dossier judiciaire ou des informations au suj<strong>et</strong> d’un<br />

dossier judiciaire, il s’adresse au <strong>Pr</strong>ocureur général.<br />

B) Cas individuels - suggestions du Délégué général<br />

Deux cas de figure peuvent se présenter :<br />

1/ Lorsque, après investigations, le Délégué général souhaite faire une suggestion<br />

spécifique dans le traitement d’un dossier, il adresse celle-ci au <strong>Pr</strong>ocureur du Roi<br />

avec copie pour information au Juge de la jeunesse <strong>et</strong> à l’avocat de l’enfant.<br />

Toutefois, certains Juges de la jeunesse ayant manifesté le souhait de travailler en<br />

ligne directe avec le Délégué général, la suggestion pourra leur être envoyée directement<br />

avec copie pour information au <strong>Pr</strong>ocureur du Roi.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 79<br />

2/. Lorsque le Délégué général souhaite faire une suggestion générale de révision<br />

du dossier ouvert, suite aux informations qu’il donne, il s’adresse directement au<br />

Juge de la jeunesse, avec copie pour information au <strong>Pr</strong>ocureur du Roi <strong>et</strong> à l’avocat<br />

de l’enfant.<br />

En outre, il est souhaitable, lorsque le Délégué général fait des suggestions aux<br />

autorités judiciaires, que ce soit celles-ci qui le tiennent informé du suivi du dossier<br />

<strong>et</strong> non les intéressés eux-mêmes.<br />

C) Demande de pièces du dossier ouvert auprès du Délégué général<br />

Si les autorités judiciaires souhaitent obtenir des pièces du dossier du Délégué<br />

général, elles lui en demandent copie.<br />

Ces procédures concertées avec les autorités judiciaires sont d’application générale<br />

mais, avec le temps, elles ont fait l’obj<strong>et</strong> de certaines adaptations.<br />

C’est ainsi que certains Juges de la jeunesse demandent parfois à travailler en ligne<br />

directe avec le Délégué général, sans passer par l’intermédiaire du Parqu<strong>et</strong>.<br />

Par ailleurs, dans certaines situations d’urgence, le contact est directement établi<br />

avec le procureur du Roi ou son substitut, avec information au <strong>Pr</strong>ocureur général.<br />

7. « Actuellement, beaucoup de médiateurs hésitent encore à impliquer l’enfant dans<br />

le processus de médiation <strong>et</strong> c’est dommage, au vu de toute la richesse qu’un<br />

enfant peut apporter quand il décide de s’exprimer. » HAYEZ J-Y, KINOO P.,<br />

Hébergement alterné <strong>et</strong> autorité parentale conjointe, 2004, p. 6 – « L’idée essentielle<br />

est donc que, plus que jamais, on écoute le point de vue de l’adolescent <strong>et</strong><br />

qu’on en tienne compte toutes les fois où l’on pense que, ce qu’il veut, ce n’est pas<br />

surtout échapper à la loi. », idem, p.10<br />

8. Veiller à la sauvegarde des <strong>droits</strong> <strong>et</strong> des intérêts des enfants.<br />

9. Nous <strong>nous</strong> souvenons d’avoir secouru un Directeur de l’aide à la jeunesse agressé<br />

<strong>et</strong> étranglé dans notre institution par une mère déchaînée <strong>et</strong> en colère, en raison de<br />

la perte de <strong>ses</strong> enfants, placés par son intermédiaire.<br />

10. Il faut parfois demander congé ou justifier son absence : le traj<strong>et</strong> peut être long <strong>et</strong><br />

les contraintes familiales existent…<br />

11. Dans un dossier traité par la Cour d’appel de Mons pour lequel le Délégué général<br />

s’était vu confier une mission de médiation, une partie, mécontente du rapport<br />

de médiation qui le rem<strong>et</strong>tait en question en tant que père, a déposé plainte contre<br />

le Délégué général devant les autorités judiciaires pour maltraitance d’enfant.<br />

C<strong>et</strong>te médiation avait pourtant abouti dans un premier temps à une rencontre entre<br />

l’enfant <strong>et</strong> son père qu’elle n’avait plus vu depuis 4 ans. Le père a également saisi<br />

la Commission de déontologie de l’aide à la jeunesse <strong>et</strong> a tenté de saisir un certain<br />

nombre d’instances comme le Médiateur de la Communauté française. Il a<br />

mené une véritable politique de harcèlement de l’institution du Délégué général.<br />

Ainsi, il a notamment contacté discrètement <strong>ses</strong> membres du personnel pour obtenir<br />

des dénonciations de leur part <strong>et</strong> a lancé une pétition sur Intern<strong>et</strong> contre la


80 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

reconduction possible du Délégué général. En sus des multiples courriers envoyés<br />

au Délégué général, il a menacé plusieurs Ministres de déposer plainte contre la<br />

Communauté française si ceux-ci ne le sanctionnaient pas.<br />

A partir du moment où ces agissements visant à porter préjudice à la personne du<br />

Délégué général sont devenus publics (appel sur Intern<strong>et</strong>), une plainte avec constitution<br />

de partie civile a été déposée contre c<strong>et</strong>te personne du chef de harcèlement,<br />

calomnie, diffamation <strong>et</strong> injures.<br />

A c<strong>et</strong> égard, le commentaire suivant sur l’aliénation parentale est particulièrement<br />

intéressant : « Des associations composées de parents refusés – en grande partie<br />

des pères – prétendent haut <strong>et</strong> fort que, pour chacune de leurs situations particulières,<br />

on se trouve bel <strong>et</strong> bien dans le cadre de l’aliénation parentale. Et elles se<br />

sont souvent constituées en véritables lobbies, cherchant à influencer les scientifiques,<br />

les magistrats, l’opinion publique, <strong>et</strong>c. Or, la composition de ces groupes<br />

est plus complexe qu’il n’en a l’air : à côté d’une présence minoritaire de parents<br />

réellement victimes d’injustice <strong>et</strong> d’aliénation, il y en a davantage qui sont en<br />

bagarre <strong>et</strong> en rivalité perdurant avec leur ex-conjoint : sortes d’énormes bras de fer<br />

où ce qui compte, ce n’est pas vraiment le bonheur de l’enfant, mais plutôt finir<br />

par l’emporter sur l’autre. Ces lobbies sont souvent intellectuellement puissants <strong>et</strong><br />

leurs membres ont des statuts sociaux forts <strong>et</strong> donc leurs revendications <strong>et</strong> leurs<br />

pressions sur les idées de la communauté sont efficaces. » HAYEZ J-Y, KINOO<br />

P., Aliénation parentale : un concept à haut risque, 2004, pp. 8-9.<br />

12. Un bill<strong>et</strong> d’écrou peut être un élément déclencheur pour autant qu’il ne soit pas<br />

exécuté suite à l’intervention du médiateur.<br />

13. Les Affaires étrangères, le Conseiller de l’aide à la jeunesse, par exemple.<br />

14. On se souvient d’un assistant du service d’aide aux victimes qui relayait de<br />

manière inconditionnelle <strong>et</strong> peu raisonnable les revendications de son « protégé ».<br />

15. Hébergement principal, autorité parentale exclusive, peine de prison ferme pour<br />

l’autre partie, astreinte mirobolante.<br />

16. « Jusqu’à quel point insister pour faire obéir le parent gardien lorsqu’elle/il<br />

demeure rétif même aux jugements des Tribunaux ? (...) Envoyer le parent gardien<br />

en prison dans ce contexte constitue pour l’enfant un traumatisme psychique grave<br />

quasi systématique. Ne pas envoyer le parent en prison est aussi un choix d’intelligence<br />

prospective: imagine-t-on vraiment que l’enfant puisse un jour aimer le<br />

parent refusé qu’il associe inévitablement à une décision aussi barbare?»,<br />

HAYEZ J-Y, KINO, P., Aliénation parentale: un concept à haut risque, 2004,<br />

p. 19.<br />

17. voir Jürgen HABERMAS <strong>et</strong> John RAWLS, Débat sur la Justice Politique,<br />

Humanités, Éditions du CERF, Paris, 1997, p. 24.<br />

18. Cf. LELIEVRE C., Droits de l’homme, <strong>droits</strong> de l’enfant : même combat, Éditions<br />

Labor, 2003, pp. 58-61.


L’OMBUDSMAN, MÉDIATEUR INSTITUTIONNEL 81<br />

19. « Obliger l’enfant à aller vivre en permanence chez le parent refusé sera rarement<br />

une solution. Obligation qui, de facto, commencera bien souvent par une violence<br />

institutionnelle traumatisante (des intervenants le conduisent de force du domicile<br />

du parent gardien à celui du parent refusé). Le fait que, dans le passé, le<br />

parent jusqu’alors gardien aurait lui-même soustrait unilatéralement l’enfant à <strong>ses</strong><br />

contacts avec le parent refusé ne justifie pas la mise en place d’une loi du talion!<br />

Dans ce type de situations à implication multifactorielle, on ne peut accepter les<br />

affirmations généralisantes faites par la mouvance Gardner, qui affirment que des<br />

enfants déracinés de chez le parent gardien redeviennent très vite heureux chez le<br />

parent refusé. Ce pourrait être le cas dans les situations ou le parent gardien <strong>et</strong> lui<br />

seul était franchement toxique. En dehors de cela, le pseudo bonheur de l’enfant<br />

est une forme de conformisme sous la terreur. (...) Et si cela échoue ? Tant pis, il<br />

faut se souvenir du jugement de Salomon, où la « vraie mère » est celle qui lâche<br />

l’enfant, <strong>et</strong> se résigner éventuellement à ne pas voir l’enfant pendant une durée<br />

indéterminée, précisément parce qu’on l’aime » HAYEZ J-Y, KINOO P.,<br />

Aliénation parentale : un concept à haut risque, 2004, p. 20.<br />

20. En octobre 2003, l’émission de la RTBF de « Au nom de la loi » a produit un<br />

reportage édifiant sur c<strong>et</strong>te affaire. Il révéla une maltraitance institutionnelle<br />

organisée.


– 3 –<br />

Informations, plaintes<br />

<strong>et</strong> demandes de médiation<br />

concernant des enfants<br />

Tableau synthétique<br />

Nombre d’enfants concernés : 1398<br />

Secteurs <strong>Pr</strong>oblématiques Nombre de<br />

situations<br />

Transport scolaire 1<br />

Inscription scolaire 14<br />

Pédagogie <strong>et</strong> méthodologie 1<br />

Absentéisme scolaire 4<br />

Enseignement : 61 Orientation scolaire 13<br />

Décrochage scolaire 6<br />

Renvoi scolaire 13<br />

Violence scolaire 9<br />

Disparition/Enlèvement 4<br />

Négligences 87<br />

Violence <strong>et</strong> mauvais traitements 203<br />

En raison de Abus sexuel entre enfants 13<br />

particuliers : 576 Abus sexuel intra-familial 125<br />

Pédophilie 42<br />

Enlèvement parental 54<br />

Comportement du jeune 46<br />

Intégrité Abus d’autorité 1<br />

compromise : 639 Morts d’enfants 1<br />

Pédophilie 6<br />

En raison Abus d’autorité 36<br />

d’un service : 63 Négligences 2<br />

Violence <strong>et</strong> mauvais traitements 19


84 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Pension alimentaire 10<br />

Abandon 5<br />

Situation de divorce ou de Garde 178<br />

parents séparés : 519 Garde <strong>et</strong> visite 109<br />

Visite 202<br />

Intégration des<br />

populations d’origine<br />

étrangère : 81<br />

Exercice de l’autorité parentale 15<br />

Statut réfugié politique 10<br />

Illégaux 41<br />

<strong>Pr</strong>oblèmes administratifs 30<br />

Maintien en milieu de vie 14<br />

Relations personnelles<br />

entre enfants 9<br />

Réintégration familiale 4<br />

Mesures de placement Placement en institution 171<br />

d’enfants : 248 Famille d’accueil 30<br />

Enfermement en IPPJ 8<br />

Enfermement à Everberg 8<br />

Placement en internat 4<br />

Adoption : 12 12<br />

Légalisation de<br />

documents/Allocations<br />

familiales/Mutuelle/Sécurité 15<br />

sociale/Assurances/Impôts/<br />

<strong>Pr</strong>oblèmes d’ordre Aide sociale/Succession<br />

administratif : 17<br />

Subsidiation du<br />

placement/<strong>Pr</strong>ise en charge/ 2<br />

Parts contributives<br />

Agissements des forces<br />

Administration de l’ordre 16<br />

de la Justice : 22 Suivi des services du secteur<br />

de l’aide à la jeunesse <strong>et</strong><br />

des autorités judiciaires 5<br />

Désignation d’un avocat 1


86 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Tableaux comparatifs<br />

Tableau I<br />

98<br />

387 589<br />

628 802<br />

1713<br />

1471<br />

2006<br />

1797<br />

1645<br />

1688<br />

1729<br />

1398<br />

115<br />

486<br />

738<br />

782<br />

937<br />

2093<br />

1852<br />

2034<br />

2134<br />

2231<br />

2494<br />

2445<br />

1709


INFORMATIONS, PLAINTES... DES ENFANTS 87<br />

Tableau II<br />

2003/2004<br />

2002/2003<br />

2001/2002<br />

2000/2001<br />

1999/2000


88 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Tableau III<br />

47 144 270320<br />

426<br />

980 1124<br />

868<br />

1001<br />

959<br />

972<br />

719<br />

639<br />

14<br />

158 251<br />

259<br />

552<br />

18 6898<br />

84 93<br />

212 361<br />

345<br />

290<br />

257<br />

290<br />

243<br />

248<br />

3 1939<br />

58<br />

4378<br />

76<br />

43 66<br />

71 100<br />

96<br />

81<br />

33 97<br />

71<br />

69 116<br />

271<br />

228<br />

234<br />

232<br />

232 258<br />

242<br />

222<br />

552<br />

552<br />

519<br />

622<br />

578<br />

615<br />

611<br />

705


INFORMATIONS, PLAINTES... DES ENFANTS 89<br />

Tableau IV<br />

11<br />

10 1015<br />

32<br />

26 28<br />

28<br />

28 28,4<br />

28,8<br />

27,4<br />

29,8<br />

30,4<br />

38,8<br />

37,4<br />

41 45<br />

47<br />

45<br />

45<br />

42,7<br />

44,9<br />

43,6<br />

7<br />

5<br />

4<br />

2 3<br />

3,25<br />

3,3<br />

4,4 5,2<br />

4,7<br />

9 1213<br />

14,5<br />

14,25<br />

12 13<br />

13,1<br />

14,5<br />

9<br />

10,5<br />

11,4<br />

11 11,6<br />

13,1<br />

13


90 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Tableau V


INFORMATIONS, PLAINTES... DES ENFANTS 91<br />

Tableau VI


92 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Tableau VII


INFORMATIONS, PLAINTES... DES ENFANTS 93<br />

Commentaires 1<br />

Les situations <strong>et</strong> dossiers individuels, tels qu’ils sont explicités traditionnellement,<br />

c’est-à-dire par le biais d’un tableau statistique <strong>et</strong> de<br />

commentaires, ne peuvent représenter complètement le temps d’engagement<br />

personnel effectivement presté <strong>et</strong> la masse nécessaire de<br />

travail administratif.<br />

Les collaborateurs prennent une place importante sur l’échiquier<br />

de l’accueil <strong>et</strong> de l’écoute où se mêlent journellement une multitude<br />

d’appels de tous ordres, de courriers en tous genres 2 <strong>et</strong> de visites programmées<br />

ou impromptues.<br />

Il n’est pas toujours simple, ni facile de donner une réponse<br />

adaptée à toutes les situations qui se présentent mais les membres de<br />

l’équipe se veulent accueillants, ouverts <strong>et</strong> disponibles au sein d’un<br />

service pourtant souvent surchargé, parfois confronté à des problèmes<br />

imprévisibles, particulièrement délicats, périlleux ou dangereux pour<br />

les personnes.<br />

Les situations repri<strong>ses</strong> au présent tableau synthétique ne correspondent<br />

pas à la quantité de sollicitations reçues par le Délégué<br />

général. Conformément à la philosophie d’action de l’institution,<br />

nombre d’intervenants sont directement réorientés vers les services ou<br />

autorités compétents : Centres publics d’aide sociale, avocats,<br />

Conseillers de l’aide à la jeunesse, autorités communales, Ministres,<br />

autorités judiciaires… Ainsi, en est-il notamment lorsque la personne<br />

sollicite le Délégué général sans s’être préalablement adressée au<br />

service ou à l’autorité directement compétente pour traiter la situation.<br />

La médiation prend du temps, exige patience <strong>et</strong> obstination<br />

parfois 3 .


94 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Le suivi d’une situation requiert des demandes d’information, de<br />

précisions, des rappels, des documents 4 .<br />

Et puis, il y a l’écoute des personnes, enfants ou adultes impliqués<br />

dans l’histoire de l’enfant.<br />

C’est la lecture d’écrits souvent étonnamment longs <strong>et</strong> précis, pas<br />

toujours cohérents mais exprimant un vécu dont il faut tenir compte,<br />

vécu fait de souffrances souvent, de joies parfois, d’interrogations <strong>et</strong><br />

d’espoir toujours.<br />

C’est l’écoute patiente de longs récits racontés par téléphone.<br />

C’est aussi l’entr<strong>et</strong>ien réalisé soit dans le service soit chez la personne<br />

concernée.<br />

C’est enfin la nécessité de se déplacer pour aller personnellement<br />

entendre un enfant, un adulte ou une autorité, défendre un dossier,<br />

convaincre…<br />

Des enfants appellent aussi le Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

en ligne directe…<br />

Les chiffres <strong>et</strong> descriptions du tableau statistique relatif aux situations<br />

individuelles correspondent uniquement à des dossiers ouverts<br />

où il y a intervention écrite du Délégué général, sans exclure une<br />

action plus importante de médiation (entr<strong>et</strong>iens, déplacements,<br />

remi<strong>ses</strong> de conclusions). Les problématiques mentionnées concernent<br />

donc des signalements <strong>et</strong> des motifs de saisine puis d’investigations.<br />

Elles ne préjugent en rien de la véracité des motifs de l’intervention,<br />

des résultats, des propositions ou des conclusions du Délégué général.<br />

Lorsqu’une situation de maltraitance est signalée, c’est-à-dire<br />

lorsque l’intégrité physique ou psychique d’un enfant peut être actuel-


INFORMATIONS, PLAINTES... DES ENFANTS 95<br />

lement <strong>et</strong> directement compromise, un écrit est rédigé informant le<br />

service d’aide sociale compétent (l’équipe « SOS-Enfants » ou le<br />

Conseiller de l’aide à la jeunesse…) <strong>et</strong>/ou le Parqu<strong>et</strong>.<br />

Lors de la première année d’exercice, 98 enfants ont bénéficié de<br />

l’intervention du Délégué général suite à une information, une plainte<br />

ou une demande de médiation. Mais il s’agissait d’abord d’installer<br />

l’institution sur des fondations solides, de la faire connaître, <strong>et</strong> de la<br />

faire reconnaître, comme une autorité morale tout entière vouée à la<br />

cause de l’enfance. Pendant la deuxième année d’activités, le nombre<br />

d’enfants concernés est passé à 387. Les bilans de la troisième, de la<br />

quatrième <strong>et</strong> de la cinquième années ont révélé le traitement de dossiers<br />

concernant respectivement 589, 628 <strong>et</strong> 802 enfants. La tendance<br />

a été à la hausse de manière régulière. Mais l’année qui a suivi la<br />

Marche blanche, le Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant est intervenu<br />

en faveur de 1713 enfants. C<strong>et</strong>te explosion des pri<strong>ses</strong> en charge<br />

individuelles correspond à une augmentation des cas individuels de<br />

plus de 100 %: 802 enfants concernés la cinquième année pour 1713<br />

lors du sixième exercice (voir tableau I).<br />

La cause en était très claire. C’était d’abord le résultat, la conséquence<br />

de l’affaire des enfants disparus <strong>et</strong> de la Marche blanche.<br />

Les tabous sont tombés. Les gens ne se taisent plus. Ils revendiquent.<br />

Ils s’unissent, quittent des positions traditionnelles de soumission<br />

devant des autorités comme la Justice ou l’Administration. De<br />

nombreux intervenants n’hésitent d’ailleurs pas à rappeler le Délégué<br />

général à <strong>ses</strong> devoirs, demandent des comptes ou exigent des explications<br />

sur, d’une part, la lenteur des dossiers, ou, d’autre part, le<br />

manque de résultats probants.<br />

A côté de la chute des tabous, concernant prioritairement la maltraitance<br />

<strong>et</strong> plus particulièrement les abus sexuels dont la pédophilie,<br />

il y a indéniablement le fait que suite à ces affaires, le Délégué général


96 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

a été placé en première ligne par <strong>et</strong> dans les médias. Il y a donc eu une<br />

information, diffusée au gré des circonstances ; indiquant qu’il existait<br />

une institution en Communauté française de Belgique pour défendre<br />

les enfants.<br />

Par ailleurs, le Délégué général avait déjà mis en évidence, dès<br />

1994-1995, le problème des abus sexuels dont sont victimes les<br />

enfants <strong>et</strong> plus précisément la pédophilie. Souvenons-<strong>nous</strong> du plan de<br />

lutte contre la pédophilie <strong>et</strong> de la pétition remise au Roi, au <strong>Pr</strong>emier<br />

Ministre <strong>et</strong> à la Ministre-<strong>Pr</strong>ésidente de la Communauté française. Tout<br />

cela a mis en lumière le rôle <strong>et</strong> l’action du Délégué général sans qu’on<br />

puisse l’accuser d’opportunisme ou de manœuvre intéressée au<br />

moment de l’éclatement de l’affaire Dutroux.<br />

C’est sans doute ce faisceau de circonstances qui a expliqué le<br />

nombre important de pri<strong>ses</strong> en charge individuelles, l’immense élan<br />

des gens vers l’institution défendant les <strong>droits</strong> des enfants. Ce mouvement<br />

de sympathie, de solidarité <strong>et</strong> d’encouragement était tel qu’il fut<br />

nécessaire, à c<strong>et</strong>te époque, de m<strong>et</strong>tre en place une équipe d’écoutants<br />

bénévoles chargés d’entendre les réactions des gens se rapportant à<br />

l’affaire Dutroux mais aussi d’écouter les personnes qui souhaitaient<br />

longuement s’exprimer soit au niveau de leur situation individuelle,<br />

soit vis-à-vis d’enfants tiers pour lesquels ils intervenaient.<br />

C<strong>et</strong>te augmentation du nombre de situations individuelles ne s’est<br />

pas ralentie au cours du septième exercice puisque le nombre d’enfants<br />

concernés fut de 2006, pour 2494 situations différenciées (voir<br />

tableau I).<br />

Pour le huitième exercice, la courbe des progressions s’est enfin<br />

arrêtée : 1797 enfants concernés <strong>et</strong> 2245 situations traitées ont été pris<br />

en charge dans les services du Délégué général (voir tableau I).


INFORMATIONS, PLAINTES... DES ENFANTS 97<br />

Pour la première fois depuis 1991, le flot ininterrompu d’informations,<br />

de plaintes <strong>et</strong> de demandes de médiation était en diminution.<br />

C<strong>et</strong>te stabilisation du nombre des dossiers doit être analysée <strong>et</strong><br />

peut faire l’obj<strong>et</strong> d’hypothè<strong>ses</strong> : l’impact de l’affaire des enfants disparus<br />

<strong>et</strong> assassinés se dilue avec le temps; le public connaît de mieux<br />

en mieux les possibilités <strong>et</strong> les limites du Délégué général aux <strong>droits</strong><br />

de l’enfant, institution de dernière ligne ; le travail d’information <strong>et</strong> de<br />

sensibilisation au suj<strong>et</strong> des services de première ligne (Écoute-<br />

Enfants, Téléphone vert de la Communauté française, équipes SOS-<br />

Enfants, Centres de guidance, Conseillers de l’aide à la jeunesse…)<br />

porte des fruits ; le chiffre noir des situations difficiles <strong>et</strong> conflictuelles<br />

liées à des incohérences, des lacunes, des dysfonctionnements, a tendance<br />

à diminuer grâce à des réformes des pratiques <strong>et</strong> à une remise<br />

en cause en profondeur des mentalités, notamment dans le domaine de<br />

la Justice ; on constate les avancées de la victimologie grâce à l’impact<br />

de la Marche blanche.<br />

Pour les dixième <strong>et</strong> onzième exercices (voir tableau I) le nombre<br />

total de dossiers pris en charge a recommencé à augmenter légèrement.<br />

Pour le dixième exercice, c<strong>et</strong>te situation résulte de l’ouverture<br />

plus importante de nouveaux dossiers (voir tableau II). Pour le<br />

onzième exercice, c’est plutôt la continuation de la gestion de nombreux<br />

dossiers ouverts les années précédentes qui explique l’augmentation<br />

totale (voir tableau II).<br />

Les chiffres de la dixième année de fonctionnement confirment<br />

indéniablement c<strong>et</strong>te stabilisation puisque 1688 enfants ont été<br />

concernés en un an.<br />

Pour le onzième exercice qui porte sur dix mois, 1441 enfants ont<br />

été concernés ce qui correspond à une légère augmentation mensuelle<br />

des dossiers individuels.


98 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Pour la douzième année d’exercice, le nombre global de dossiers<br />

pris en charge (anciens <strong>et</strong> nouveaux) est de 1471 dossiers. 1398<br />

enfants sont concernés pour le treizième exercice 2003-2004 relativement<br />

à 1709 situations. Qu’en déduire ?<br />

D’abord, le nombre de dossiers clôturés augmente de manière<br />

significative depuis 2001-2002. Ensuite, le nombre de dossiers<br />

ouverts (957) pendant le treizième exercice est n<strong>et</strong>tement plus important<br />

qu’en 2002-2003 (890), ce qui représente une augmentation de<br />

7,5 % 5 .<br />

La caractéristique principale de ce treizième exercice est donc que<br />

l’on a clôturé un grand nombre de dossiers alors que dans le même<br />

temps, il y a une augmentation des saisines, c’est-à-dire d’ouverture<br />

de nouveaux dossiers (voir tableau II).<br />

On peut considérer aujourd’hui que l’impact de l’affaire Dutroux<br />

sur le nombre de saisines du Délégué général ne joue plus.<br />

Il est à présent intéressant d’observer la répartition des différentes<br />

situations individuelles pri<strong>ses</strong> en charge au cours de ce treizième<br />

exercice.<br />

Les trois secteurs sensibles, à savoir la maltraitance, les enfants<br />

victimes de la séparation des parents <strong>et</strong> du r<strong>et</strong>rait du milieu familial<br />

sont toujours là, de manière récurrente depuis 13 ans (voir tableaux III<br />

<strong>et</strong> IV).<br />

Il apparaît que le problème principal reste encore le problème de<br />

la maltraitance en général, y compris la maltraitance physique, la<br />

négligence, la maltraitance psychologique <strong>et</strong> les abus sexuels dont<br />

sont victimes les enfants, c’est-à-dire principalement l’inceste <strong>et</strong> la<br />

pédophilie. Mais le nombre de saisines dans ces matières diminue fortement<br />

(voir tableau III).


INFORMATIONS, PLAINTES... DES ENFANTS 99<br />

Le deuxième problème mis en exergue, à partir des situations individuelles<br />

répertoriées, concerne, <strong>et</strong> cela confirme les tendances<br />

passées, les enfants qui souffrent du divorce ou de la séparation de<br />

leurs parents. En pourcentage, c<strong>et</strong>te problématique prend de l’ampleur<br />

d’année en année (voir tableau IV).<br />

Le troisième problème regarde le r<strong>et</strong>rait du milieu familial de vie,<br />

c’est-à-dire le placement des enfants hors de leur milieu familial. Ce<br />

problème est statistiquement constant.<br />

Deux grands domaines se détachent, comme d’habitude de l’ensemble<br />

des situations mi<strong>ses</strong> en cause : celles relatives à la maltraitance<br />

des enfants (639 situations, soit 37,4 %) ainsi que celles résultant de<br />

la séparation ou du divorce des parents (519 situations, soit 30,4 %)<br />

(voir tableaux III <strong>et</strong> IV). Par ordre d’importance, vient ensuite la problématique<br />

de la mesure de placement (248 situations, soit 14,5 %)<br />

ou, autrement dit, celle relative principalement au r<strong>et</strong>rait de l’enfant<br />

de son milieu familial (voir tableaux III <strong>et</strong> IV). En clair, ces trois problématiques<br />

concernent plus de 80 situations sur 100. Des conflits<br />

parentaux peuvent dégénérer en rapts parentaux. Des mesures de prévention<br />

peuvent utilement être pri<strong>ses</strong> <strong>et</strong> <strong>nous</strong> plaidons pour la création<br />

de médiateurs internationaux.<br />

Les dossiers relatifs aux mineurs étrangers, dont les mineurs étrangers<br />

non accompagnés en situation illégale (voir tableau III <strong>et</strong> IV),<br />

continuent à <strong>nous</strong> interpeller. A c<strong>et</strong> égard, il n’est pas admissible que<br />

de très jeunes enfants non accompagnés, notamment des africains,<br />

restent plusieurs semaines en centre fermé en attendant une expulsion<br />

éventuelle. Et il est inadmissible que des enfants soient renvoyés sans<br />

accompagnement <strong>et</strong> sans accueil prévu dans le pays d’origine.<br />

Le nombre d’interventions dans des domaines techniques d’ordre<br />

administratif diminue fortement. L’apparition sur le terrain du média-


100 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

teur fédéral, du médiateur de la Région wallonne <strong>et</strong> de la médiatrice<br />

de la Communauté française en serait-elle la cause ?<br />

L’étude du tableau IV indique de manière précise <strong>et</strong> significative<br />

les grandes tendances.<br />

A l’analyse des 1709 situations, on remarque que la majorité des<br />

cas de maltraitance dénoncés concernent les parents ou les membres<br />

de la famille au sens large (voir tableau VI).<br />

On constate aussi que les recours des grands-parents, relatifs à la<br />

garde <strong>et</strong> aux relations personnelles avec leurs p<strong>et</strong>its-enfants, peuvent<br />

s’ajouter aux requêtes inhérentes au divorce ou à la séparation des<br />

parents. Les refus ou oppositions à l’égard d’une mesure du r<strong>et</strong>rait<br />

familial sont également nombreux.<br />

Il s’ensuit que plus de 75 % des situations traitées concernent le<br />

système familial au sens large (voir tableau VI).<br />

Il est utile aussi, dans c<strong>et</strong>te matière, de prendre conscience du<br />

nombre de conflits familiaux où interviennent les grands-parents, personnes<br />

qui, si elles ne font pas partie du noyau familial, n’en restent<br />

pas moins extrêmement présentes <strong>et</strong> agissantes, pas toujours dans un<br />

souci de médiation ou d’apaisement des conflits.<br />

Une autre donnée chiffrée pose question : 173 situations traitées<br />

concernent des allégations d’abus sexuels, dont 48 relatifs à la pédophilie<br />

(27,75 %) <strong>et</strong> 125 relatifs à des d’abus sexuels intra-familiaux<br />

(72,25 %).<br />

Parmi les 48 situations d’abus sexuels ne relevant pas du contexte<br />

familial, 6 cas concernent des accusations à l’égard d’un adulte faisant<br />

partie d’un service du secteur de l’enfance ou pouvant impliquer une<br />

prise en charge d’enfants. On notera à c<strong>et</strong> égard que le secteur de l’en-


INFORMATIONS, PLAINTES... DES ENFANTS 101<br />

seignement est touché par 1 cas <strong>et</strong> que l’aide à la jeunesse est mise en<br />

cause à 2 repri<strong>ses</strong>.<br />

Il est également à noter la confirmation d’un phénomène nouveau<br />

apparu après l’affaire Dutroux, à savoir un nombre non négligeable de<br />

13 situations qui dénoncent des abus sexuels entre mineurs d’âge.<br />

Dans les conflits liés à la séparation ou au divorce des parents,<br />

l’obj<strong>et</strong> des demandes concerne en général l’un des points suivants :<br />

• la suspension du droit aux relations personnelles <strong>et</strong> l’expression<br />

d’une crainte, d’un soupçon ou d’une accusation dans son exercice<br />

(négligence, maltraitance, comportement incestueux, mauvai<strong>ses</strong><br />

fréquentations…) ;<br />

• l’élargissement ou le bon exercice du droit aux relations personnelles<br />

;<br />

• les lenteurs de la justice ou l’incompréhension du système<br />

judiciaire ;<br />

• le fait qu’on ne tienne pas compte de l’avis de l’enfant ou qu’on<br />

refuse de l’entendre.<br />

Lorsque le Délégué général reçoit ce type de plainte, il rappelle<br />

dans un premier temps qu’il n’est pas le Délégué général aux <strong>droits</strong><br />

des parents mais bien aux <strong>droits</strong> des enfants. Seul l’intérêt de ces derniers<br />

importe 6 . Il n’entrera en aucun cas dans le conflit opposant les<br />

adultes. Trop souvent encore, l’enfant, malgré l’intérêt bien légitime<br />

que les adultes lui portent, ne constitue qu’un enjeu, certes fondamental,<br />

sur lequel les adultes focalisent leurs conflits. Pire encore,<br />

l’enfant apparaît parfois comme l’obj<strong>et</strong> principal sur lequel les adultes<br />

s’appuient pour régler leurs comptes.


102 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

L’étude du tableau VII relatif à la répartition des dossiers par<br />

arrondissement judiciaire démontre que ceux-ci se répartissent géographiquement<br />

selon les tendances déjà observées les 12 années précédentes,<br />

c’est-à-dire que Bruxelles se dégage n<strong>et</strong>tement devant trois<br />

arrondissements judiciaires importants : Charleroi, Mons <strong>et</strong> Liège.<br />

Puis, viennent en ordre décroissant, les autres arrondissements.<br />

Pour gérer beaucoup de situations individuelles, une collaboration<br />

étroite a été mise en place avec les autorités judiciaires.<br />

Depuis 1991, le Délégué général a ainsi pu, soit intervenir dans des<br />

situations par la médiation, soit attirer l’attention d’un <strong>Pr</strong>ocureur du<br />

Roi sur une situation de danger, soit tout simplement informer un<br />

grand nombre de personnes sur les procédures judiciaires.<br />

Il a entendu bon nombre d’enfants <strong>et</strong> leur a prioritairement apporté<br />

un soutien moral, une disponibilité, une possibilité d’appel à l’aide en<br />

cas de besoin, cela pendant plusieurs années s’il le fallait. Il a pu<br />

rendre compte de ces auditions aux autorités judiciaires, ce qui a sans<br />

doute permis d’éclairer le magistrat dans certaines situations très problématiques.<br />

Dans certains cas, l’intervention du Délégué général a effectivement<br />

permis d’informer le <strong>Pr</strong>ocureur du Roi en charge du dossier de<br />

faits dont il n’avait pas eu connaissance.<br />

A l’heure où des voix continuent à s’élever pour dénoncer les institutions<br />

<strong>et</strong> leur dysfonctionnement, notamment au niveau des autorités<br />

judiciaires, soulignons les procédures de collaboration mi<strong>ses</strong> en<br />

place avec les Parqu<strong>et</strong>s généraux de Liège, Mons <strong>et</strong> Bruxelles 7 .<br />

Le Délégué général a pu également dépassionner des situations en<br />

renvoyant par exemple les demandeurs vers un service de médiation


INFORMATIONS, PLAINTES... DES ENFANTS 103<br />

familiale, d’aide aux victimes ou vers un centre de guidance, de santé<br />

mentale ou de planning familial.<br />

Dans certaines situations très complexes <strong>et</strong> très conflictuelles, la<br />

Justice a parfois demandé au Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

de tenter lui-même une médiation 8 .<br />

Nous continuons aujourd’hui à ouvrir trop de dossiers scolaires<br />

(renvoi scolaire, inscription scolaire, orientation scolaire…), suite à<br />

des plaintes individuelles ou des demandes de médiation. Les saisines<br />

relatives à des questions administratives dans l’enseignement de la<br />

Communauté française sont dorénavant orientées vers la médiatrice<br />

de la Communauté française.<br />

Au niveau du traitement des cas individuels, le nombre de plaintes<br />

peut parfois être mis en relation avec un problème d’ordre législatif<br />

ou réglementaire. Il ne faudrait pas que les actions du Délégué général<br />

s’apparentent à la simple pose de sinapismes éternellement recommencée.<br />

C’est pourquoi, l’examen de ces dossiers individuels peut<br />

déboucher sur des propositions générales de modifications législatives.<br />

L’analyse des plaintes peut donc faire l’obj<strong>et</strong> de différentes propositions<br />

aux pouvoirs exécutif ou législatif 9 .<br />

Le Délégué général ne reçoit pas systématiquement le résultat de<br />

<strong>ses</strong> démarches. Il ne le demande d’ailleurs pas pour toutes les situations<br />

qu’il traite, l’important ayant été d’attirer l’attention des responsables<br />

<strong>et</strong> de solliciter un réexamen de la situation en fonction des éléments<br />

qu’il a apportés.<br />

Il est aussi intéressant de constater que certains problèmes posés<br />

au Délégué général se règlent avant même qu’il n’intervienne. Il n’est<br />

pas rare d’entendre des plaignants souligner qu’on traite leur dossier<br />

avec diligence <strong>et</strong> attention lorsqu’ils mentionnent qu’ils viennent de<br />

saisir le Délégué général du problème. Par ailleurs, la situation


104 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

inverse a aussi été constatée lors du traitement de dossiers par une<br />

autorité administrative ou judiciaire. Des plaignants affirment encore<br />

parfois se voir reprocher par les autorités judiciaires <strong>et</strong> administratives,<br />

voire par des avocats, d’avoir saisi le Délégué général.<br />

Enfin, il importe de rappeler les limites liées aux compétences,<br />

prérogatives <strong>et</strong> pouvoirs du médiateur des enfants. Il ne faudrait pas<br />

confondre l’institution de défense des <strong>droits</strong> de l’enfant avec une instance<br />

d’enquête (juge d’instruction, police…), de décision (Juge de la<br />

jeunesse, Directeur de l’aide à la jeunesse) ou de recours (Cour<br />

d’appel).<br />

Certaines personnes – plus souvent des adultes que des enfants –<br />

qui saisissent le Délégué général le considèrent comme tout puissant,<br />

aux pouvoirs absolus, capable de régler leur problème selon leur<br />

conviction <strong>et</strong> leur vision des cho<strong>ses</strong>, cela sans délai.<br />

Cela s’avère évidemment impossible, d’autant que toutes les saisines<br />

ne sont pas nécessairement fondées.<br />

Toutes les allégations, notamment celles d’abus sexuels révélées<br />

dans le cadre d’une séparation ou d’un divorce, ne sont pas établies.<br />

Enfin, un ombudsman, sans véritable pouvoir de contrainte analogue<br />

à celui de la Justice, ne peut se voir imposer une obligation de<br />

résultat. Il se présente des dossiers où les avis <strong>et</strong> recommandations du<br />

Délégué général ne sont pas suivis. Il est des médiations qui échouent.<br />

Il est des médiations qui concernent des situations complexes impliquant<br />

de multiples facteurs contradictoires <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tant en relation des<br />

personnes aux positions <strong>et</strong> aux intérêts trop opposés. Dans ces conditions,<br />

on peut aboutir à des échecs, difficiles à vivre pour les personnes<br />

qui ont tant espéré du médiateur institutionnel. C’est une<br />

réalité à assumer.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES ENFANTS 105<br />

En outre, la vérité judiciaire n’est pas forcément la vérité vécue par<br />

les gens, notamment par les victimes.<br />

Et puis, ces vérités ne sont pas nécessairement la vérité tout court.<br />

Dans ces conditions, on peut comprendre <strong>et</strong> reconnaître tout l’intérêt<br />

des services d’écoute <strong>et</strong> de soutien comme les Services d’aide<br />

aux victimes mais aussi d’autres associations qui se m<strong>et</strong>tent à la disposition<br />

des personnes qui s’estiment lésées, victimes d’une justice<br />

imparfaite, d’administrations impersonnelles ou d’instances n’ayant<br />

pu répondre à leurs espoirs, y compris l’institution du Délégué général<br />

aux <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

∆<br />

1. En raison de l’obligation décrétale de déposer conjointement le rapport annuel<br />

devant le Gouvernement <strong>et</strong> le Parlement de la Communauté française le<br />

20 novembre, Journée internationale des <strong>droits</strong> de l’enfant, les statistiques portent<br />

dorénavant du 1 er septembre au 31 août.<br />

2. Il y a eu 5921 courriers entrants soit 25 par jour <strong>et</strong> 6161 courriers sortants indicatés<br />

(sans compter donc les envois de grande envergure relatifs aux campagnes d’information<br />

ou de sensibilisation) soit 25 par jour au cours de ce treizième exercice.<br />

A titre indicatif, <strong>nous</strong> avons reçu 227 demandes d’intervention du Cabin<strong>et</strong> du Roi,<br />

soit près de 1 par jour. A c<strong>et</strong> égard, il convient de souligner que, de plus en plus,<br />

une part non négligeable de ces demandes se rapportent à des dossiers déjà ouverts<br />

chez le Délégué général.<br />

3. Voir à c<strong>et</strong> égard, le chapitre consacré au médiateur institutionnel.<br />

Par ailleurs, des récits de médiations du Délégué général ont été écrits en 1996 par<br />

Claude Lelièvre <strong>et</strong> <strong>Jean</strong>-Claude Matgen dans le livre « Les Ailes de la Liberté »<br />

publié aux Éditions Luc Pire. Les <strong>droits</strong> d’auteur de Claude Lelièvre sont intégralement<br />

consacrés à la cause de l’enfance.<br />

Un compte n° 000-1237342-10 a été ouvert à la poste en date du 17 septembre<br />

1996 suite à la sortie du livre.<br />

Ce compte est destiné à recevoir les <strong>droits</strong> d’auteur ainsi que l’argent de la vente<br />

de livres lors des conférences du Délégué général. Les bénéfices obtenus sont


106 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

entièrement reversés à des aides ponctuelles dans le cadre de dossiers individuels<br />

traités par le service du Délégué général <strong>et</strong> à des opérations en faveur des enfants.<br />

Au 30 septembre 2004, le solde du compte était de 7953,30 euros.<br />

Le livre « Les Ailes de la Liberté » qui a obtenu le prix littéraire-actualité-<br />

« Scriptores Christiani » 1998 est épuisé <strong>et</strong> n’est plus disponible en librairie. Il<br />

peut cependant encore être obtenu dans le service du Délégué général aux <strong>droits</strong><br />

de l’enfant.<br />

4. Au cours de c<strong>et</strong> exercice, <strong>nous</strong> avons envoyé 517 courriers aux Conseillers de l’aide<br />

à la jeunesse <strong>et</strong> aux Directeurs de l’aide à la jeunesse, ce qui représente plus de<br />

2 l<strong>et</strong>tres par jour, accusés de réception compris. Nous avons reçu de ces mêmes<br />

autorités 289 l<strong>et</strong>tres ou rapports soit plus d’1 par jour.<br />

Par ailleurs, le treizième exercice a été marqué par des campagnes dirigées vers les<br />

enfants qui ont nécessité des milliers d’envois vers les écoles <strong>et</strong> les particuliers.<br />

C<strong>et</strong>te lourde tâche a été assumée par toute l’équipe du Délégué général.<br />

5. Soit 80 dossiers ouverts mensuellement.<br />

6. Cfr le chapitre « L’ombudsman, médiateur institutionnel ».<br />

7. 630 courriers ont été adressés aux autorités judiciaires, la plupart du temps via les<br />

Parqu<strong>et</strong>s généraux, soit plus de 2 l<strong>et</strong>tres par jour, accusés de réception compris.<br />

Dans le même temps, <strong>nous</strong> avons reçu 440 courriers des autorités judiciaires soit<br />

plus d’1 l<strong>et</strong>tre par jour.<br />

En termes de relations épistolaires <strong>et</strong> d’échanges de rapports écrits, les autorités<br />

judiciaires sont donc des partenaires importants du Délégué général au même titre<br />

que les Conseillers <strong>et</strong> Directeurs de l’aide à la jeunesse.<br />

8. Par exemple, la Cour d’appel de Mons sollicite le Délégué général pour effectuer<br />

une médiation dans des situations où le conflit parental était exacerbé <strong>et</strong> où les<br />

décisions judiciaires n’étaient pas appliquées, pouvant ainsi entraîner la spirale des<br />

sanctions pénales.<br />

Par exemple, le Parqu<strong>et</strong> de Liège a sollicité l’intervention du Délégué général dans<br />

un dossier de rapt parental au Kosovo.<br />

9. Le rapport précédent 2002-2003 reprend en synthèse sous la rubrique « dossiers<br />

généraux » les différentes recommandations formulées aux autorités depuis 12<br />

ans. On pense, par exemple, à la recommandation de créer des médiateurs internationaux<br />

pour s’occuper des cas de rapts parentaux, de plus en plus nombreux <strong>et</strong><br />

problématiques.


– 4 –<br />

Informations, plaintes<br />

<strong>et</strong> demandes de médiation<br />

concernant des services,<br />

des autorités ou des normes<br />

Tableau synthétique<br />

Secteurs <strong>Pr</strong>oblématiques Nombre de<br />

saisines<br />

Conditions d’accueil<br />

<strong>et</strong> de prise en charge<br />

dans le secteur privé 5<br />

Manque de moyens dans le<br />

secteur de l’aide à la jeunesse 3*<br />

Manque de moyens dans le<br />

secteur de la protection<br />

de la jeunesse 3*<br />

Groupe des IPPJ 10<br />

Adoption 2<br />

Aide <strong>et</strong> protection<br />

Victimes majeures<br />

de la jeunesse : 44 de pédophiles 2<br />

Éverberg 12<br />

Recherche livr<strong>et</strong>s d’épargne 2<br />

Organisation administrative<br />

<strong>et</strong> application du décr<strong>et</strong> 1<br />

Dénonciations de pédophile 1<br />

<strong>Pr</strong>ise en charge<br />

de cas psychiatriques 3


108 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Conditions d’accueil <strong>et</strong> de<br />

P<strong>et</strong>ite enfance : 2 prise en charge 1<br />

Victimes majeures<br />

de pédophile 1<br />

Abus d’autorité 2<br />

Violence<br />

<strong>et</strong> mauvais traitements 3<br />

Enseignement : 15 Conditions d’accueil 3<br />

Dénonciations<br />

de pédophiles 2<br />

Auditions d’enfants dans<br />

les procédures d’inspection 4*<br />

Accès à la pornographie 1<br />

Maintien des relations<br />

Justice : 5 personnelles 1<br />

Dénonciation de pédophile 1<br />

Expertise 1*<br />

Service des créances<br />

alimentaires 2<br />

Mouvements<br />

Violence <strong>et</strong><br />

de jeunesse : 5 mauvais traitements 5<br />

Enfants étrangers<br />

en situation illégale : 2 Centres fermés 2<br />

Agissements des forces<br />

Police : 1 de l’ordre 1<br />

Sectes : 2 2<br />

Accès à la pornographie 1<br />

Accès à la pornographie<br />

infantile 15<br />

Dénonciations de pédophiles 5<br />

Mœurs<br />

Victimes majeures<br />

<strong>et</strong> maltraitance : 42 de pédophiles 8<br />

Victimes majeures d’abus<br />

sexuels intra-familial 6<br />

Dénonciations de mauvais<br />

traitements 3<br />

Contrôle social des<br />

délinquants sexuels 4


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 109<br />

Médias : 5<br />

Médias audio-visuels/<br />

presse écrite 5<br />

Travail des enfants<br />

<strong>et</strong> mendicité : 6 6*<br />

Environnement,<br />

infrastructures <strong>et</strong> sécurité: 2 Sécurité routière 2<br />

Manque de places 2<br />

Abus sexuels<br />

entre handicapés 1<br />

Santé : 6 <strong>Pr</strong>i<strong>ses</strong> en charge 1<br />

Enfants sourds 1<br />

Maladie orpheline 1<br />

Espaces-rencontres : 3 Abus d’autorité 3*<br />

Sport : 2 2<br />

Racisme : 2 2<br />

<strong>Pr</strong>oblèmes d’ordre<br />

administratif : 3 3<br />

Divers : 9 9<br />

Totaux 156<br />

(*) C<strong>et</strong>te problématique fait l’obj<strong>et</strong> de nombreu<strong>ses</strong> plaintes non écrites difficilement comptabilisables.


110 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Commentaires 1<br />

Il s’agit ici d’informations ou de plaintes relatives à un service, une<br />

autorité ou une disposition réglementaire ou légale sans qu’elles<br />

concernent directement un enfant en particulier. La démarche tend à<br />

la défense de la collectivité sans qu’une victime particulière soit identifiée<br />

: le Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant a été saisi à de multiples<br />

repri<strong>ses</strong> fois dans ce cadre. Cependant, il ne <strong>nous</strong> est pas possible<br />

de comptabiliser toutes les plaintes qui affluent dans certains<br />

domaines sensibles lors de moments de crise : <strong>nous</strong> pensons principalement<br />

au Centre d’Everberg, au mal-être du secteur de l’aide à la jeunesse,<br />

aux places en milieu éducatif fermé réclamées par les Juges de<br />

la jeunesse, aux besoins en terme de prise en charge psychiatrique…<br />

De plus, plusieurs personnes qui informent ou saisissent le Délégué<br />

général souhaitent garder l’anonymat par crainte de représailles de la<br />

part de leur hiérarchie.<br />

La mission de vérifier l’application correcte des lois <strong>et</strong> des réglementations<br />

prend ici toute son importance.<br />

Il ne faut pas confondre c<strong>et</strong>te démarche avec des demandes<br />

d’intervention en faveur d’un service particulier. Le Délégué<br />

général n’intervient donc nullement auprès d’une autorité ministérielle<br />

ou administrative pour soutenir un dossier particulier de<br />

demande de subsides, de reconnaissance ou d’agrément. Le demandeur,<br />

dans ce cas, est systématiquement orienté vers le pouvoir<br />

exécutif compétent.<br />

Le lecteur trouvera ci-après des suj<strong>et</strong>s ayant fait l’obj<strong>et</strong> de plaintes<br />

ou d’interpellations.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 111<br />

L’aide <strong>et</strong> la protection de la jeunesse<br />

Le secteur le plus remis en cause reste celui de l’aide <strong>et</strong> de la protection<br />

de la jeunesse, d’autant que nombre de plaintes ou récriminations<br />

n’ont pas été répertoriées car non déposées par écrit. Il s’agit<br />

c<strong>et</strong>te année tant de particuliers que de professionnels, dans le dernier<br />

cas principalement les autorités de placement.<br />

Le mal-être du secteur de l’aide à la jeunesse perdure d’autant plus<br />

que la crise des moyens demeure <strong>et</strong> que de nouvelles problématiques<br />

touchent l’aide à la jeunesse <strong>et</strong> ne peuvent laisser les acteurs indifférents<br />

: les toxicomanes, les cas psychiatriques, les mineurs étrangers<br />

en situation illégale, l’adoption, les rapts parentaux, les séparations <strong>et</strong><br />

les divorces <strong>et</strong> leurs conséquences sur les enfants…<br />

L’aide à la jeunesse en mal-être, en requestionnement, est à la croisée<br />

d’autres chemins d’autant qu’au Gouvernement fédéral des réformes<br />

s’animent: la prise en charge de la délinquance juvénile <strong>et</strong> la réforme des<br />

affaires familiales avec l’instauration d’un tribunal des familles.<br />

Une des tentatives d’amélioration de la circulation de l’information<br />

<strong>et</strong> de la coordination dans le secteur de l’aide <strong>et</strong> de la protection<br />

de la jeunesse est la mise en place d’une cellule d’information,<br />

d’orientation <strong>et</strong> de coordination au sein de la Direction générale de<br />

l’aide à la jeunesse mais c<strong>et</strong>te instance ne remplit que partiellement<br />

son rôle espéré par les autorités administratives <strong>et</strong> judiciaires.<br />

La cellule d’information, d’orientation <strong>et</strong> de coordination<br />

En sa séance du 10 octobre 2002, le Gouvernement de la<br />

Communauté française a décidé de créer une cellule d’information,<br />

d’orientation <strong>et</strong> de coordination des demandes d’admission adressées


112 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

aux institutions publiques de protection de la jeunesse par les autorités<br />

judiciaires.<br />

C<strong>et</strong>te cellule composée de quatre personnes <strong>et</strong> située à l’IPPJ de<br />

Wauthier-Braine est opérationnelle depuis le 3 mars 2003 <strong>et</strong> doit<br />

assurer les missions suivantes :<br />

- disposer au jour le jour <strong>et</strong> en temps réel du nombre de places disponibles<br />

dans chacune des IPPJ <strong>et</strong> ce, pour chaque type de<br />

section, ainsi qu’au Centre fermé d’Everberg.<br />

- informer sept jours sur sept, trois cent soixante-cinq jours par an,<br />

de 8 heures à 19 heures en semaine <strong>et</strong> de 9 heures à 17 heures le<br />

week-end, les magistrats de la jeunesse de l’ensemble des places<br />

disponibles dans chacune des IPPJ, section par section, ainsi<br />

qu’au Centre fermé d’Everberg.<br />

- en l’absence de place disponible dans la section ou à l’IPPJ souhaitée,<br />

proposer, le cas échéant, la meilleure orientation d’un<br />

mineur délinquant dans une IPPJ ou dans tout autre service<br />

adéquat <strong>et</strong> ce, dans les meilleurs délais.<br />

- à moyen terme, disposer, au jour le jour, <strong>et</strong> en temps réel, du<br />

nombre de places disponibles dans les services agréés de l’aide à<br />

la jeunesse dont les proj<strong>et</strong>s pédagogiques proposent la prise en<br />

charge de mineurs difficiles <strong>et</strong>/ou délinquants dans le secteur<br />

résidentiel (CAS, CAU, SPEP).<br />

Comment ce service, déjà recommandé en 1998 dans le rapport<br />

du groupe de travail « Le Traitement de la délinquance juvénile par<br />

le Groupe des institutions publiques de protection de la jeunesse à<br />

régimes éducatifs ouvert <strong>et</strong> fermé : constats <strong>et</strong> perspectives », évolu<strong>et</strong>-il<br />

?<br />

Lors de la réunion de concertation entre les magistrats de la jeunesse,<br />

le Ministère de la Justice <strong>et</strong> le Ministère de la Communauté<br />

française du 24 octobre 2003, les résultats de l’évaluation de la mise


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 113<br />

en place de la cellule d’information, d’orientation <strong>et</strong> de coordination<br />

ont été présentés.<br />

La cellule a reçu 603 appels depuis sa mise en place (le 3 mars<br />

2003), dont 57 % de l’arrondissement de Bruxelles, soit 3,01 appels<br />

par jour. L’essentiel des demandes concerne les sections d’accueil des<br />

IPPJ.<br />

La cellule travaille 365 jours par an, de 8h00 à 19h00 en semaine<br />

<strong>et</strong> de 9h00 à 17h00 le week-end <strong>et</strong> les jours fériés. Le week-end, il y<br />

a peu d’appels.<br />

Dans la pratique, il semblerait que tous les magistrats ne connaissent<br />

pas l’existence ou les missions de la cellule. Par ailleurs, certains<br />

magistrats préfèreraient s’adresser directement aux IPPJ, en raison de<br />

l’instauration d’une bonne collaboration.<br />

Lors de la réunion de concertation entre les magistrats de la jeunesse,<br />

le Ministère de la Justice <strong>et</strong> le Ministère de la Communauté<br />

française du 5 mars 2004, l’Union des magistrats a indiqué qu’il rej<strong>et</strong>ait<br />

la proposition de désigner un magistrat de référence, au motif<br />

qu’aucune disposition légale n’existait perm<strong>et</strong>tant à un magistrat<br />

d’avoir autorité sur d’autres. Les magistrats ont par ailleurs décidé<br />

qu’il n’y aurait pas de liste d’attente pour les sections d’accueil des<br />

IPPJ <strong>et</strong> que les ordonnances « groupe » ne bénéficieraient pas d’un<br />

traitement prioritaire.<br />

Selon la Direction générale de l’aide à la jeunesse, il semble, à<br />

l’heure actuelle, que le système informatique mis en application au<br />

sein de chaque IPPJ n’est pas encore optimal. Le traitement varie<br />

d’une institution à l’autre en fonction des personnes qui savent ou qui<br />

peuvent l’utiliser ou qui en ont la responsabilité.


114 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

En ce qui concerne la collaboration de la cellule avec les services<br />

privés, l’Arrêté-cadre du 15 mars 1999 ne comprend plus l’obligation<br />

pour ces services de communiquer journellement leurs disponibilités.<br />

C<strong>et</strong> état de fait astreint quotidiennement les membres du personnel de<br />

la cellule à contacter chaque centre d’accueil d’urgence (CAU), afin<br />

de connaître l’état de leur population <strong>et</strong> cela, malgré la demande faite<br />

spécifiquement aux CAU d’envoyer un fax journalier à la cellule.<br />

Face aux demandes croissantes des Magistrats, des Services de<br />

l’aide à la jeunesse <strong>et</strong> des Services de protection judiciaire, le service<br />

offert par la cellule d’information, d’orientation <strong>et</strong> de coordination<br />

paraît particulièrement restreint puisque la cellule ne peut que renseigner<br />

aux autorités les disponibilités des IPPJ, des CAU des CAS<br />

(centres d’accueil spécialisés) <strong>et</strong> des PPP (services qui m<strong>et</strong>tent en<br />

œuvre un proj<strong>et</strong> pédagogique particulier), pour autant que la cellule en<br />

fasse la demande auprès des trois derniers services cités.<br />

Toutefois, en cas d’urgence, la cellule recherche des solutions<br />

d’accueil dans les services résidentiels. Cependant elle agit sans réelle<br />

connaissance des disponibilités existantes dans ce secteur, ce qui rend<br />

la tâche fastidieuse.<br />

Nous ne pouvons dès lors que regr<strong>et</strong>ter le manque d’ambition au<br />

niveau des compétences <strong>et</strong> des responsabilités à exercer par c<strong>et</strong>te<br />

cellule.<br />

Nous recommandons que c<strong>et</strong>te cellule soit mise en adéquation<br />

avec l’avant-proj<strong>et</strong> de loi modifiant la législation relative à la protection<br />

de la jeunesse <strong>et</strong> qu’un magistrat de référence soit désigné.<br />

Par ailleurs, <strong>nous</strong> recommandons que les services privés aient<br />

l’obligation de communiquer journellement leurs disponibilités à la<br />

cellule.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 115<br />

Nous recommandons enfin une extension des compétences <strong>et</strong> des<br />

responsabilités de c<strong>et</strong>te cellule non seulement pour répondre aux<br />

besoins des autorités (Juges de la jeunesse, Conseillers de l’aide à la<br />

jeunesse, Directeurs de l’aide à la jeunesse), mais aussi pour s’adapter<br />

ou se conformer aux nécessités liées à la réforme de la loi du 8 avril<br />

1965 relative à la protection de la jeunesse.<br />

Le manque de disponibilité dans les services privés pour la prise<br />

en charge de mineurs dans un délai raisonnable<br />

C<strong>et</strong>te question est liée à l’efficacité de la cellule d’information,<br />

d’orientation <strong>et</strong> de coordination.<br />

Le mouvement de revendications des autorités de placement,<br />

Conseillers de l’aide à la jeunesse, Directeurs de l’aide à la jeunesse<br />

<strong>et</strong> Juges de la jeunesse ne désarme pas. Le Délégué général a été<br />

saisi à plusieurs repri<strong>ses</strong> concernant le manque de disponibilité dans<br />

les divers services pour la prise en charge de mineurs dans un délai<br />

raisonnable.<br />

En eff<strong>et</strong>, le Délégué général est informé que des mineurs sont<br />

maintenus « en famille » sans aide adaptée alors qu’ils font l’obj<strong>et</strong><br />

d’une mesure d’hébergement hors du milieu familial.<br />

Il est également saisi de situations inver<strong>ses</strong> où le mineur est placé<br />

<strong>et</strong> les autorités mandantes ne trouvent pas de services ad hoc, perm<strong>et</strong>tant<br />

une prise en charge plus adéquate <strong>et</strong> un rétablissement des<br />

contacts parents-enfant. Ce problème concerne non seulement des<br />

adolescents mais aussi de jeunes enfants <strong>et</strong> tous les types de services :<br />

SAAE (service d’accueil <strong>et</strong> d’aide éducative), SAIE (service d’aide <strong>et</strong><br />

d’intervention éducative), COE (centre d’orientation éducative),<br />

accueil ONE, IMP (institut médico-pédagogique), SFP (service de<br />

placement familial), CAU (centre d’accueil d’urgence)…


116 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Le Délégué général compte aborder une nouvelle fois c<strong>et</strong>te question<br />

à l’occasion d’une prochaine réunion de concertation entre les<br />

magistrats de la jeunesse, le Ministère de la Justice <strong>et</strong> le Ministère de<br />

la Communauté française.<br />

L’aide à la jeunesse<br />

Les Services d’aide à la jeunesse <strong>et</strong> de protection judiciaire en<br />

demande<br />

Les critiques formulées soulèvent le manque de moyens <strong>et</strong> la surcharge<br />

de travail des Services d’aide à la jeunesse <strong>et</strong> de protection<br />

judiciaire.<br />

Nombreux sont ceux qui continuent à dénoncer le manque de<br />

moyens <strong>et</strong> d’effectifs qui provoquent dans certains cas l’instauration<br />

d’une véritable maltraitance institutionnelle à l’égard d’enfants qui ne<br />

peuvent soit être pris en charge dans des délais raisonnables soit<br />

obtenir des répon<strong>ses</strong> adéquates à leurs besoins réels.<br />

Souvenons-<strong>nous</strong> de l’article 10 du code de déontologie qui stipule<br />

que les bénéficiaires doivent recevoir l’aide adéquate dans des délais<br />

raisonnables.<br />

La mise en cause du fonctionnement des services d’aide <strong>et</strong> de<br />

protection judiciaire<br />

Le Délégué général est régulièrement saisi de situations où les particuliers<br />

se plaignent des relations qu’ils ont notamment avec les services<br />

de l’aide à la jeunesse <strong>et</strong> les services de protection judiciaire.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 117<br />

Leurs plaintes concernent le manque de communication entre les<br />

services <strong>et</strong> eux-mêmes (peu d’entr<strong>et</strong>iens, pas de répon<strong>ses</strong> aux courriers,<br />

pas de répon<strong>ses</strong> aux appels téléphoniques). Elles dénoncent également<br />

les mauvai<strong>ses</strong> relations humaines avec le travailleur social en<br />

charge du dossier.<br />

Quand il s’agit d’une mesure d’aide (service de l’aide à la jeunesse),<br />

les plaignants estiment souvent qu’on leur m<strong>et</strong> le couteau sous<br />

la gorge car ils sont menacés de renvoi vers le Tribunal. Dans ces<br />

conditions, ils acceptent l’aide mais sans y adhérer véritablement.<br />

Quand il s’agit du service de protection judiciaire, ils considèrent<br />

être peu ou pas entendus quant aux modalités de mise en application<br />

de la décision prise par le Tribunal.<br />

La compétence territoriale des Directeurs de l’aide à la jeunesse<br />

Le Délégué général a été saisi de la question de la compétence territoriale<br />

des Directeurs de l’aide à la jeunesse lorsque les parents d’un<br />

enfant déménagent <strong>et</strong> changent par la même occasion d’arrondissement<br />

judiciaire en cours d’application de mesures.<br />

Un Directeur refusait de se dessaisir du dossier d’un enfant alors<br />

que les parents avaient déménagé <strong>et</strong> se trouvaient dans un autre arrondissement<br />

judiciaire.<br />

Le Délégué général a interpellé la Direction générale de l’aide à la<br />

jeunesse à ce suj<strong>et</strong>.<br />

La Direction générale a tout d’abord rappelé que la compétence<br />

territoriale du directeur suit celle du tribunal. Elle a précisé que lorsqu’un<br />

changement de résidence intervient au cours de l’exécution des<br />

mesures ordonnées par jugement, le Directeur transm<strong>et</strong> le dossier


118 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

d’exécution à son collègue <strong>et</strong> en avertit le <strong>Pr</strong>ocureur du Roi. Ce<br />

dernier transm<strong>et</strong> le dossier du tribunal au parqu<strong>et</strong> compétent. Bien<br />

entendu, tout doit être mis en œuvre pour qu’il n’y ait pas d’interruption<br />

dans la gestion des dossiers. Le Directeur nouvellement saisi<br />

assure aussitôt le suivi de la situation.<br />

Le Délégué général a fait part de c<strong>et</strong>te information au Directeur<br />

concerné. Celui-ci a répondu qu’il pensait que tant qu’il n’y avait pas<br />

lieu à renouvellement, la question du changement de Directeur devait<br />

se réfléchir au cas par cas.<br />

Le Délégué général constate donc que la position de ce Directeur<br />

n’est pas en conformité avec celle déterminée par son administration.<br />

L’organisation des réunions du corps des Conseillers <strong>et</strong> des<br />

Directeurs de l’aide à la jeunesse avec le Délégué général sous<br />

l’égide de la Direction générale de l’aide à la jeunesse<br />

Dans les précédents rapports annuels, <strong>nous</strong> avions évoqué la question<br />

de la collaboration entre la Direction générale de l’aide à la jeunesse<br />

<strong>et</strong> le Délégué général. C<strong>et</strong>te question visait principalement les<br />

échanges avec le corps des Conseillers <strong>et</strong> Directeur de l’aide à la jeunesse<br />

organisé par l’administration centrale de la Direction générale<br />

de l’aide à la jeunesse.<br />

Ainsi, en 2000-2001 il était indiqué qu’après plus d’un an sans<br />

contact, un nouveau mode de collaboration <strong>et</strong> d’échange d’informations<br />

avait pu s’instaurer entre le Délégué général <strong>et</strong> la Direction<br />

générale de l’aide à la jeunesse <strong>et</strong> <strong>ses</strong> services extérieurs, suite à une<br />

initiative de l’Administrateur général de l’aide à la jeunesse de la<br />

santé <strong>et</strong> du sport visant à sortir de l’impasse.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 119<br />

Toutefois, pour l’année d’exercice 2002-2003, force était de<br />

constater qu’une seule véritable réunion de coordination <strong>et</strong> d’échange<br />

d’informations avait eu lieu en novembre 2002 <strong>et</strong> que, depuis c<strong>et</strong>te<br />

date, plus aucune rencontre de coordination n’a eu lieu en présence<br />

des Conseillers <strong>et</strong> Directeurs de l’aide à la jeunesse.<br />

En date du 8 septembre 2004, suite à l’installation du nouveau<br />

Gouvernement de la Communauté française, le Délégué général a rencontré<br />

la Ministre de la Santé, de l’Enfance <strong>et</strong> de l’Aide à la jeunesse,<br />

afin de lui présenter son institution <strong>et</strong> son fonctionnement. Différentes<br />

questions relatives à l’articulation entre le Délégué général <strong>et</strong> les compétences<br />

que la Ministre assume au sein du Gouvernement ont été<br />

abordées.<br />

Parmi ces questions, la collaboration avec le secteur de l’Aide à la<br />

jeunesse, tant au niveau de l’administration centrale que des services<br />

extérieurs a été évoquée à partir d’extraits des rapports annuels précédents<br />

du Délégué général.<br />

Peu après c<strong>et</strong>te rencontre, l’Administrateur général, interpellé par<br />

le Secrétaire général, a écrit au Délégué général. Il a proposé d’organiser<br />

une nouvelle réunion à la mi-novembre <strong>et</strong> a invité le Délégué<br />

général à lui transm<strong>et</strong>tre les points souhaités pour l’ordre du jour.<br />

En réponse, il fut indiqué à l’Administrateur général, le contexte<br />

dans lequel la question la collaboration entre le Délégué général <strong>et</strong> la<br />

Direction générale de l’aide à la jeunesse <strong>et</strong> <strong>ses</strong> services extérieurs<br />

avait été abordé avec la Ministre de l’Aide à la jeunesse.<br />

Il faut bien remarquer que les réunions placées sous l’égide de<br />

l’administration centrale ont clairement montré leurs limites en terme<br />

de coordination <strong>et</strong> d’échange mutuel d’informations. En eff<strong>et</strong>, force<br />

était de constater que plus aucune réunion n’a eu lieu depuis près de<br />

deux ans. Ainsi, par exemple, alors qu’un certain nombre de nou-


120 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

veaux Conseillers ou Directeurs ou adjoints sont entrés en fonction,<br />

de même que de nouveaux membres dans les équipes de direction de<br />

certaines IPPJ, le Délégué général n’a pas été informé de leur désignation<br />

<strong>et</strong> n’a pas eu l’occasion de les rencontrer personnellement.<br />

Cependant, l’Administrateur général de l’aide à la jeunesse a souhaité<br />

le rétablissement des réunions qu’il avait initiées en son temps.<br />

L’objectif est de perm<strong>et</strong>tre au Délégué général des rencontres régulières<br />

avec le secteur public de l’aide <strong>et</strong> de la protection de la jeunesse<br />

sur des questions générales qui nécessitent concertation.<br />

La proposition pourrait être expérimentée en concluant ensuite sur<br />

ce qui pourrait être amélioré puisque l’organisation interne des services<br />

de la Direction générale de l’aide à la jeunesse relève de la responsabilité<br />

de l’Administration, au même titre que celle des services<br />

du Délégué général relève de sa seule autorité.<br />

Si le bilan de c<strong>et</strong>te nouvelle tentative d’ouvrir un dialogue ouvert<br />

<strong>et</strong> clair, à partir de l’organisation de l’administration centrale, devait<br />

à nouveau montrer <strong>ses</strong> limites, le Délégué général n’aurait plus qu’à<br />

rechercher à développer un nouveau processus d’échange d’informations<br />

<strong>et</strong> de coordination avec les services publics extérieurs du<br />

secteur de l’aide à la jeunesse, dans le cadre de <strong>ses</strong> compétences <strong>et</strong><br />

prérogatives.<br />

L’accueil d’enfants issus de pays tiers <strong>et</strong> séjournant en Belgique<br />

durant les vacances scolaires pour des raisons humanitaires<br />

Le Délégué général a été sollicité concernant la situation des<br />

enfants issus de la région de Tchernobyl <strong>et</strong> de Biélorussie accueillis<br />

durant les grandes vacances scolaires par des familles belges.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 121<br />

L’expérience <strong>nous</strong> enseigne que les associations s’occupant d’accueillir<br />

des enfants de la région de Tchernobyl travaillent en dehors<br />

de tout cadre institutionnel <strong>et</strong> assurent parfois l’accueil d’enfants en<br />

difficultés.<br />

On observe par ailleurs certains problèmes quant au respect des<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

Par exemple, à plusieurs repri<strong>ses</strong>, certains enfants ont été r<strong>et</strong>enus<br />

en Belgique dans les familles d’accueil qui se proposaient ensuite<br />

d’entamer une procédure d’adoption.<br />

En outre, plusieurs cas de maltraitance ont été dénoncés.<br />

Le Délégué général a dès lors institué un groupe de travail sur la<br />

problématique des enfants issus de pays tiers <strong>et</strong> séjournant en<br />

Belgique durant les vacances scolaires pour des raisons humanitaires.<br />

Il s’agit de proposer un accueil offrant des garanties respectueu<strong>ses</strong> du<br />

droit des personnes <strong>et</strong> de la situation spécifique des enfants.<br />

Ce groupe de travail s’est réuni le 16 mai <strong>et</strong> le 25 août 2003. Ce<br />

groupe fut composé de représentants de certaines organisations<br />

accueillant les enfants de Tchernobyl, du Secrétariat général de la<br />

Communauté française, de l’Administration de l’ONE, de<br />

l’Administration générale de l’aide à la jeunesse, de la santé <strong>et</strong> du<br />

sport, de l’Autorité communautaire pour l’adoption internationale, du<br />

Ministère des Affaires étrangères, du kinderrechtencommissaris, de<br />

l’Université de Mons <strong>et</strong> de l’école des parents <strong>et</strong> éducateurs.<br />

L’objectif est d’élaborer un cadre institutionnel visant à garantir un<br />

accueil de qualité en s’inspirant de l’esprit de la Convention internationale<br />

relative aux <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> d’encourager des pratiques de<br />

coopération internationale.


122 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Ce proj<strong>et</strong> ne doit cependant pas comprom<strong>et</strong>tre les initiatives extrêmement<br />

positives de certaines associations <strong>et</strong> doit éviter qu’une réglementation<br />

trop pointilleuse soit de nature à dissuader l’accueil d’enfants<br />

issus de régions défavorisées. Il ressort de l’avis de nombreux<br />

médecins que de tels séjours s’avèrent très bénéfiques pour les enfants<br />

issus de ces régions.<br />

En suite des réunions du groupe de travail, le Délégué général a<br />

élaboré un proj<strong>et</strong> d’arrêté qu’il a ensuite transmis aux différents participants<br />

du groupe. A la veille du changement de législature, le<br />

Délégué général a reçu l’ensemble des observations émanant des différentes<br />

associations.<br />

Un proj<strong>et</strong> d’arrêté relatif à l’accueil d’enfants issus de pays tiers<br />

<strong>et</strong> séjournant en Belgique durant les vacances scolaires pour des<br />

raisons humanitaires est en cours de finalisation pour être soumis à<br />

l’avis du Conseil communautaire de l’aide à la jeunesse. Il sera<br />

ensuite communiqué aux instances politiques compétentes en guise<br />

de recommandations.<br />

La protection de la jeunesse : les institutions publiques<br />

de protection de la jeunesse <strong>et</strong> le centre d’Everberg<br />

Les autorités judiciaires, comme les conseillers <strong>et</strong> les directeurs de<br />

l’aide à la jeunesse se plaignent de manque de moyens notamment<br />

dans le secteur de l’hébergement du secteur privé <strong>et</strong> du secteur public.<br />

Le secteur public (IPPJ <strong>et</strong> Everberg) a été principalement l’obj<strong>et</strong> de<br />

saisines préci<strong>ses</strong>.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 123<br />

L’éducation sexuelle <strong>et</strong> affective visant à la parenté responsable au<br />

sein des IPPJ <strong>et</strong> du centre fermé d’Everberg: état de la question<br />

Le 3 octobre 2003, la Ministre de l’Aide à la jeunesse <strong>et</strong> de la<br />

Santé annonçait, par voie de presse, qu’elle souhaitait organiser des<br />

cours d’éducation sexuelle dans les écoles pour pallier les carences<br />

éducatives des jeunes. Elle annonçait la mise en place de proj<strong>et</strong>s<br />

pilotes dans certaines écoles à partir de janvier 2004.<br />

Le 10 octobre 2003, le Délégué général a dès lors interpellé les<br />

directions des cinq IPPJ ainsi que celle du centre fermé d’Everberg<br />

afin d’être informé des différentes actions menées en vue de donner<br />

aux jeunes une éducation affective <strong>et</strong> sexuelle visant à la parenté responsable.<br />

Voici les répon<strong>ses</strong> apportées à ce questionnement :<br />

Au sein de l’IPPJ de Wauthier-Braine :<br />

La question est abordée sous deux aspects :<br />

1. L’acte physique en tant que tel fait l’obj<strong>et</strong> de séances d’informations<br />

dispensées par le service médical. Un programme a été<br />

remis à l’institution dans les années 1990 par un infirmier en vue<br />

de sensibiliser les jeunes de l’IPPJ à une sexualité responsable.<br />

C<strong>et</strong>te formation a un double objectif : a) prémunir les jeunes<br />

contre les maladies sexuellement transmissibles (info-sida); b)<br />

expliquer aux jeunes les modifications qu’ils ressentent physiquement<br />

<strong>et</strong> qu’ils ont souvent du mal à aborder avec l’adulte.<br />

2. Dans leurs attributions, les conseillers philosophiques ont à sensibiliser<br />

les jeunes à c<strong>et</strong>te question sur le plan moral. Chacun, en<br />

fonction de son idéologie, tente de faire découvrir au jeune le<br />

respect de l’autre <strong>et</strong> de lui montrer que l’acte physique n’est pas<br />

une fin en soi. A c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, ils utilisent leurs cours de religion/morale<br />

pour atteindre c<strong>et</strong> objectif.


124 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Ces objectifs ne peuvent être atteints que si les personnes collaborent<br />

leurs actions.<br />

Malheureusement, l’infirmier a été absent pour maladie <strong>et</strong> a<br />

ensuite quitté l’institution. Son remplacement ne s’est pas effectué<br />

tout de suite. La personne qui est actuellement en fonction a dû<br />

prendre le temps de faire connaissance avec l’institution avant de<br />

s’engager plus avant dans ce type de programme. L’écartement récent<br />

de l’infirmière de Braine-le-Château oblige l’infirmier de Wauthier-<br />

Braine à assumer également sa fonction médicale au sein de l’IPPJ de<br />

Braine-le-Château. Il lui est donc difficile de s’investir activement<br />

dans la question de l’éducation sexuelle.<br />

De même, la conseillère laïque jouait un rôle majeur dans c<strong>et</strong>te<br />

réflexion. Cependant, celle-ci a prit une pause carrière <strong>et</strong> sa remplaçante<br />

a dû prendre <strong>ses</strong> repères avant de pouvoir aborder en profondeur<br />

un suj<strong>et</strong> aussi important <strong>et</strong> délicat.<br />

A l’heure actuelle, la conseillère laïque en titre a repris son service<br />

<strong>et</strong> prépare activement son intervention dans ce domaine.<br />

Actuellement, les principaux acteurs sont en place <strong>et</strong> travaillent à<br />

l’élaboration d’un nouveau programme. Dans les grandes lignes, l’infirmière<br />

compte introduire le suj<strong>et</strong> à partir du vaste domaine de la<br />

prophylaxie générale. Elle collabore avec les éducateurs à des séances<br />

de sensibilisation des jeunes dans les groupes. C<strong>et</strong>te expérience n’est<br />

pas tout à fait structurée <strong>et</strong> a pour objectif d’affiner la méthode de<br />

communication.<br />

D’un point de vue pratique, c<strong>et</strong>te information sera donnée dans le<br />

cadre d’un module. Cela perm<strong>et</strong>tra de toucher tous les jeunes <strong>et</strong><br />

d’orienter l’action en fonction des observations faites <strong>et</strong> rapportées<br />

aux réunions pluridisciplinaires par les intervenants.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 125<br />

Par ailleurs, l’IPPJ de Wauthier-Braine a pris contact avec des professionnels<br />

du suj<strong>et</strong> (ASBL REPERES - Formation promotion santé)<br />

dans l’intention de suivre leurs ateliers.<br />

Au sein de l’IPPJ de Fraipont :<br />

L’IPPJ de Fraipont est sensibilisée à c<strong>et</strong>te problématique depuis<br />

bientôt 20 ans <strong>et</strong> ce, en concomitance avec le développement du sida.<br />

L’institution a fait appel à des spécialistes extérieurs.<br />

Malheureusement, très vite, le personnel a constaté que les jeunes<br />

étaient très peu réceptifs <strong>et</strong> tournaient le suj<strong>et</strong> en dérision.<br />

L’institution a donc opté pour une individualisation de l’information<br />

par le service médical, très souvent dans un contexte de pathologie<br />

avérée.<br />

Au sein de l’IPPJ de Saint-Servais :<br />

La question est abordée sous trois aspects :<br />

1. Actions individuelles sur les jeunes : c’est l’infirmière qui<br />

aborde ces questions dans le cadre de <strong>ses</strong> missions individuelles.<br />

Les conseillers laïque <strong>et</strong> religieux assurent aussi ce suivi dans<br />

leur fonction d’assistance individuelle.<br />

2. Actions sur les groupes de jeunes : a) un cours de nursing est<br />

organisé pour toutes les élèves à raison d’une heure par<br />

semaine ; b) un atelier « planning familial » se déroule durant<br />

toute l’année scolaire en collaboration avec le centre de<br />

Namur ; c) une participation au proj<strong>et</strong> « Sid’Arts » mené pour<br />

les écoles de la région s’articule sur les cours de nursing <strong>et</strong><br />

d’arts appliqués.


126 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

3. Actions de formation du personnel : dans un contexte plus large,<br />

qui vise la nécessaire attention que les équipes doivent avoir<br />

dans leur prise en charge, l’IPPJ a organisé, en 2002-2003, une<br />

formation des personnels éducatif <strong>et</strong> enseignant intitulée « cycle<br />

de sensibilisation à la vie affective <strong>et</strong> sexuelle des<br />

adolescentes » en collaboration avec deux psychologues <strong>et</strong> un<br />

médecin de « Aimer à l’ULB ».<br />

Au sein de l’IPPJ de Braine-le-Château :<br />

Le 21 octobre 2003, à l’initiative du service médical de l’institution,<br />

une information sur le sida a été donnée à tous les jeunes présents<br />

par des bénévoles d’info-sida. L’expérience sera reconduite de<br />

manière régulière.<br />

En outre, l’IPPJ a réfléchi à une réforme de l’enseignement. Dans<br />

ce cadre, des contacts ont été pris avec divers organismes susceptibles<br />

de proposer des interventions centrées sur l’éducation sexuelle <strong>et</strong><br />

affective. C<strong>et</strong>te démarche visait à la fois l’animation des groupes <strong>et</strong> la<br />

formation du personnel.<br />

Momentanément, ce second axe est abandonné au profit du premier,<br />

les problématiques actuellement pri<strong>ses</strong> en charge à Braine-le-Château<br />

étant essentiellement des faits de mœurs commis par des jeunes. Ainsi,<br />

à partir d’octobre 2004, des intervenants du « planning familial » de<br />

Braine-l’Alleud rencontreront les jeunes des quatre sections; après<br />

avoir exposé le cadre de ces discussions (secr<strong>et</strong> professionnel, règles à<br />

respecter…), ils aborderont avec eux les thèmes qui émergeront des<br />

différentes questions posées, de manière anonyme par les jeunes.<br />

Le rythme des interventions variera en fonction des durées de placement.<br />

Suite à ces animations <strong>et</strong> pour autant que les intervenants de<br />

l’IPPJ en expriment le besoin, des séances d’intervision pourraient<br />

être programmées avec les animateurs concernés.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 127<br />

Par ailleurs, à partir de janvier 2005, des modules pris en charge<br />

par une ancienne assistante sociale de l’IPPJ <strong>et</strong> sexologue, pourraient<br />

être organisés pour les sections d’éducation. La demande doit encore<br />

être introduite auprès de la Direction générale de l’aide à la jeunesse.<br />

La section d’accueil, quant à elle, bénéficierait toujours des animations<br />

du planning familial pour autant que l’évaluation prévue<br />

début 2005 soit possible.<br />

Au sein de l’IPPJ de Jum<strong>et</strong> :<br />

La politique en matière d’éducation sexuelle <strong>et</strong> affective s’articule<br />

autour des objectifs suivants :<br />

• la création <strong>et</strong>/ou maintien d’un contexte favorable à la discussion<br />

<strong>et</strong> à l’échange où les jeunes s’expriment en confiance, dans le<br />

non-jugement ;<br />

• l’apprentissage du respect de soi <strong>et</strong> de l’autre ;<br />

• la réflexion quant aux conditions optimales pour l’établissement<br />

de relations affectives saines, respectueu<strong>ses</strong> <strong>et</strong> épanouissantes ;<br />

• l’aide à la recherche <strong>et</strong> à la compréhension de l’information ;<br />

• l’apport de connaissance par rapport au corps, à l’hygiène <strong>et</strong> aux<br />

besoins fondamentaux de l’être humain ;<br />

• l’explication adaptée de la reproduction, de la contraception, des<br />

maladies sexuellement transmissibles, de la protection face à ces<br />

maladies.<br />

Les différents membres du personnel pédagogique, social, médical<br />

<strong>et</strong> philosophique sont concernés, dans le respect de la fonction, par ces


128 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

objectifs. Par le biais de l’infirmière, ils entr<strong>et</strong>iennent des contacts<br />

réguliers avec des associations spécialisées de la région de Charleroi.<br />

La méthodologie de fonctionnement est basée sur :<br />

1. des séances d’information organisées par l’infirmière, dans un<br />

souci de participation volontaire du jeune ;<br />

2. la participation à des groupes de paroles, toujours sur la base du<br />

volontariat, avec les éducateurs ;<br />

3. la mise à disposition des jeunes de l’information par le biais de<br />

livres, brochures, B.D…;<br />

4. les partenariats privilégiés avec l’enseignant ;<br />

5. les ateliers de réflexion avec la psychologue sur l’intégrité physique<br />

<strong>et</strong> l’atteinte à celle-ci ;<br />

6. les recherches sur Intern<strong>et</strong> ;<br />

7. les échanges directs, en particulier lors de visites <strong>et</strong> rendez-vous<br />

médicaux.<br />

En date du 7 septembre 2004, la Direction de l’IPPJ de Jum<strong>et</strong> <strong>nous</strong><br />

a transmis un bilan de la méthodologie.<br />

En ce qui concerne les séances d’information, celles-ci ont été réalisées<br />

une fois par mois <strong>et</strong> réparties de manière inégale entre les deux<br />

sections à la défaveur de la section d’orientation. Elles sont loin d’être<br />

institutionnalisées. Les jeunes sont souvent déscolarisés ou sortis du<br />

réseau scolaire fondamental. Ils souffrent d’un manque cruel de<br />

connaissances en anatomie, en sciences en général, même si leur<br />

esprit critique <strong>et</strong> leur curiosité naturelle sont ceux de tous les adoles-


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 129<br />

cents. Ils ont manifesté le désir de recevoir la formation aux premiers<br />

secours de la Croix-Rouge, formation en préparation.<br />

Des échanges avec les éducateurs ont eu lieu essentiellement au<br />

cours de participation en groupe à des lectures en commun, à des jeux<br />

de société ou à des manifestations mi<strong>ses</strong> en place par des partenaires<br />

extérieurs à l’institution.<br />

Des ateliers-jeux ont été réalisés avec les jeunes comme « Sac-<br />

Ado », « Tom <strong>et</strong> Lucy », « Love in Fun », « Câlins-Malins », les expositions<br />

« Les jeunes, c’est leur santé qui compte » <strong>et</strong> « Le Sida <strong>et</strong><br />

vous : exprimez-vous ».<br />

Quant à la mise à disposition de l’information, un questionnaire a<br />

été proposé aux jeunes afin de déterminer leurs envies au niveau des<br />

outils utilisés pour les ateliers. Les répondants ont déclaré préférer les<br />

jeux de société, les lectures d’extraits de livres ou de brochures en<br />

commun <strong>et</strong> l’utilisation de supports vidéo. Un système de prêts de<br />

livres relatifs à la jeunesse <strong>et</strong> de brochures a été mis en place à partir<br />

de l’infirmerie.<br />

Quant à la possibilité pour les jeunes d’effectuer des recherches sur<br />

Intern<strong>et</strong>, ceux-ci se rendent régulièrement au centre « Energy » à Gilly<br />

où ils peuvent apprendre à utiliser Intern<strong>et</strong>.<br />

Des ateliers de réflexion sur le respect de l’autre <strong>et</strong> de son intégrité<br />

physique, en particulier celle de la femme ont été organisés à partir de<br />

jeux réalisés avec les jeunes. Des ateliers de relaxation ont été mis en<br />

place ; l’objectif étant d’installer un climat favorable entre les adultes<br />

<strong>et</strong> les jeunes <strong>et</strong> de perm<strong>et</strong>tre à ces derniers d’apprendre à prendre<br />

conscience de leur corps.<br />

Le partenariat privilégié avec l’enseignant reste encore à développer,<br />

mais cela constitue une priorité pour l’année à venir.


130 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Les échanges, en particulier lors des examens <strong>et</strong> visites médicales,<br />

se font plus facilement. Les jeunes expriment leurs craintes <strong>et</strong> leurs<br />

difficultés, demandent des préservatifs, se renseignent sur le test du<br />

sida, <strong>et</strong>c. Ces demandes sont toujours accompagnées d’un dialogue<br />

avec l’adolescent (infirmière, médecin).<br />

Au sein du centre fermé d’Everberg :<br />

Vu la courte durée de placement (durée moyenne de 26 jours), ce<br />

point ne fait pas l’obj<strong>et</strong> d’une action proprement dite.<br />

Ces éléments sont parfois abordés lors des activités culturelles, lesquelles<br />

sont suivies de débats.<br />

Mais c’est surtout dans le cadre des entr<strong>et</strong>iens individuels <strong>et</strong> par<br />

rapport au vécu personnel du jeune que ce thème est approché.<br />

Le centre fermé d’Everberg a mis en place une collaboration avec<br />

les équipes d’Aide-Info-Sida, celles-ci étant composées de bénévoles<br />

séropositifs travaillant également dans les établissements scolaires.<br />

C<strong>et</strong>te collaboration s’est donc déroulée durant les vacances scolaires.<br />

La Direction du centre fermé d’Everberg s’est rendu compte de la<br />

pertinence <strong>et</strong> surtout de la nécessité de telles rencontres au vu du<br />

manque total d’information des jeunes en la matière.<br />

De plus, les formateurs du centre donnent régulièrement des informations<br />

concernant la sexualité <strong>et</strong> la contraception par le biais de brochures<br />

éditées par le Service Information <strong>Pr</strong>évention Sida (SIPS), de<br />

bandes dessinées, de documentaires <strong>et</strong> de films.<br />

En conclusion, au vu des répon<strong>ses</strong> reçues, il apparaît que les<br />

actions, visant à fournir aux jeunes une éducation affective <strong>et</strong><br />

sexuelle, menées au sein des différentes institutions sont très dispa-


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 131<br />

rates. Elles mériteraient plus de cohérence ainsi qu’une approche<br />

coordonnée.<br />

Le respect des convictions philosophiques <strong>et</strong> religieu<strong>ses</strong> des<br />

jeunes placés en Institutions publiques de protection de la jeunesse<br />

<strong>et</strong> au centre fermé d’Everberg<br />

En 2003, le Délégué général avait été saisi par l’aumônier catholique<br />

des IPPJ de Wauthier-Braine <strong>et</strong> de Braine-le-Château qui estimait<br />

que la Direction de l’IPPJ de Braine-le-Château avait abusé de<br />

son pouvoir en s’ingérant dans le contenu de son accompagnement<br />

philosophique des mineurs <strong>et</strong> en n’acceptant pas le fait que les aumôniers<br />

appliquent le secr<strong>et</strong> non partagé.<br />

A la suite de c<strong>et</strong> incident, le Délégué général a proposé au<br />

Secrétariat général de la Communauté française de créer un groupe de<br />

travail relatif aux rôles <strong>et</strong> aux fonctions des conseillers religieux <strong>et</strong><br />

laïques des IPPJ <strong>et</strong> de la section francophone du centre fermé<br />

d’Everberg afin de garantir au mieux le respect des convictions philosophiques<br />

<strong>et</strong> religieu<strong>ses</strong> des jeunes.<br />

Le Secrétaire général a approuvé c<strong>et</strong>te initiative en demandant que<br />

le groupe de travail soit présidé par l’administration <strong>et</strong> que le Délégué<br />

général soit étroitement associé à <strong>ses</strong> travaux 2 .<br />

Ce groupe de travail s’est donné pour principale mission d’examiner<br />

in concr<strong>et</strong>o la manière dont les dispositions juridiques relatives<br />

au respect des convictions philosophiques <strong>et</strong> religieu<strong>ses</strong> des jeunes<br />

sont mi<strong>ses</strong> en œuvre dans les IPPJ <strong>et</strong> au centre fermé d’Everberg, ainsi<br />

que les éventuelles difficultés qu’elles peuvent susciter (par exemple,<br />

sur le plan de la déontologie).


132 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Une réunion préparatoire s’est tenue le 3 février 2004 afin de fixer<br />

le calendrier <strong>et</strong> la méthode de travail.<br />

Il a été décidé d’organiser trois réunions séparées, une avec les<br />

conseillers laïques <strong>et</strong> le Centre d’action laïque (9 mars 2004), une<br />

avec les conseillers musulmans <strong>et</strong> l’Exécutif des musulmans de<br />

Belgique (12 mars 2004) <strong>et</strong> une avec les conseillers catholiques <strong>et</strong><br />

l’Aumônerie générale de Belgique (23 mars 2004).<br />

Lors de ces réunions, les directions de chaque IPPJ <strong>et</strong> du centre<br />

fermé d’Everberg ont exposé la manière dont sont organisées <strong>et</strong> s’accomplissent<br />

les missions des conseillers laïques <strong>et</strong> confessionnels<br />

(assistance individuelle aux jeunes, la dispense des cours de morale<br />

ou de religion, l’exercice du culte, la participation aux activités institutionnelles).<br />

Ensuite un temps de débat était prévu. Enfin, <strong>nous</strong> entamions<br />

une discussion sur le profil de fonction.<br />

Le 4 mai 2004, une réunion du groupe restreint s’est tenue afin<br />

de dresser un premier bilan <strong>et</strong> d’organiser la suite des travaux. Lors<br />

de c<strong>et</strong>te réunion, il a été convenu d’organiser une réunion plénière le<br />

21 septembre 2004 consacrée à la finalisation du profil de fonction.<br />

Des questions spécifiques ont été soulevées par des conseillers ou<br />

leur autorité hiérarchique lors des différentes réunions du groupe de<br />

travail :<br />

1. Le manque d’intégration des conseillers au sein des institutions<br />

publiques de protection de la jeunesse <strong>et</strong> du centre fermé<br />

d’Everberg<br />

Différentes pistes ont été avancées pour répondre à ce désagrément.<br />

Toutes les directions sont prêtes à accroître leurs efforts pour améliorer<br />

l’intégration des conseillers dans leur institution <strong>et</strong> pour


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 133<br />

informer mieux encore l’ensemble du personnel sur leur rôle <strong>et</strong> leurs<br />

missions.<br />

Une note qui reprendrait les éléments essentiels du profil de fonction<br />

du conseiller pourrait être communiquée à tous les membres du<br />

personnel <strong>et</strong> surtout faire l’obj<strong>et</strong> d’une discussion lors d’une réunion<br />

institutionnelle.<br />

Par ailleurs, la Direction générale de l’aide à la jeunesse veillera à<br />

ce que le vol<strong>et</strong> relatif au respect des convictions morales <strong>et</strong> religieu<strong>ses</strong><br />

des jeunes dans le programme de formation de base des éducateurs<br />

soit plus étoffé <strong>et</strong> que les missions exercées par les conseillers laïques<br />

<strong>et</strong> confessionnels soient explicitées.<br />

La Direction générale de l’aide à la jeunesse <strong>et</strong> les directions des<br />

IPPJ souhaitent :<br />

- que l’autorité ou le groupement représentatif concerné recommande<br />

à <strong>ses</strong> candidats à la fonction de conseiller de solliciter un<br />

contact avec la direction de l’institution afin qu’ils prennent la<br />

mesure de l’environnement de travail <strong>et</strong> des missions spécifiques<br />

d’une IPPJ ;<br />

- que les conseillers nouvellement désignés soient présentés à la<br />

direction de l’institution par leur autorité ou groupement représentatif<br />

au cours d’une entrevue ;<br />

- que les conseillers participent effectivement à la vie institutionnelle<br />

<strong>et</strong>, en particulier, à certaines réunions qui s’y déroulent.<br />

2. Les comportements <strong>et</strong> attitudes à caractère raciste ou xénophobe<br />

de la part de certains membres du personnel à l’égard<br />

des mineurs hébergés au sein des IPPJ <strong>et</strong> du centre d’Everberg<br />

Le groupe de travail fut très sensible à ce témoignage.


134 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Pour rappel, le rapport du Comité pour la prévention de la torture<br />

<strong>et</strong> des peines ou traitements inhumains <strong>et</strong> dégradants avait dénoncé<br />

ce type de pratiques. Le 9 décembre 2002, la Direction générale de<br />

l’aide à la jeunesse avait dès lors adressé aux directions des IPPJ <strong>et</strong><br />

du centre d’Everberg une note précisant les dispositions que de tels<br />

comportements <strong>et</strong> attitudes enfreignaient, ainsi que les sanctions<br />

encourues.<br />

Au-delà du rappel des sanctions prévues <strong>et</strong> de l’application de<br />

ces sanctions, des initiatives, qui donnent l’occasion aux agents de<br />

faire connaissance avec d’autres cultures, ont été pri<strong>ses</strong> <strong>et</strong> seront<br />

généralisées.<br />

3. Manque de respect des convictions religieu<strong>ses</strong> du jeune pendant<br />

la période du ramadan<br />

Des incidents ont été rapportés de la part des conseillers musulmans.<br />

En eff<strong>et</strong>, ils indiquent que parfois, lorsqu’un jeune « craque »<br />

pendant le ramadan (il a fumé ou il a mangé), certains éducateurs<br />

décident d’autorité que le jeune n’a plus le droit de poursuivre le jeûne<br />

du ramadan.<br />

Un règlement prévoyant la rupture automatique du jeûne est en<br />

vigueur à l’IPPJ de Wauthier-Braine. Ce règlement est excessif.<br />

Dès lors, la Direction générale de l’aide à la jeunesse, en accord<br />

avec les directions, a décidé que c’était au responsable de la section <strong>et</strong><br />

au conseiller musulman, de commun accord, de décider de laisser ou<br />

non le jeune poursuivre le ramadan ; à défaut d’accord, le conseiller<br />

musulman sollicite l’intervention de la direction, laquelle motivera<br />

par écrit sa décision en cas de désaccord persistant.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 135<br />

4. Excès dans la prise en charge des jeunes d’une autre option<br />

philosophique<br />

Plusieurs conseillers ont relevé le fait qu’ils avaient l’obligation de<br />

prendre en charge des jeunes d’une autre option philosophique, lors<br />

de diver<strong>ses</strong> activités.<br />

La Direction générale de l’aide à la jeunesse a rappelé aux directeurs<br />

qu’ils ne pouvaient être question d’imposer à un conseiller de<br />

prendre en charge les jeunes des autres options philosophiques ou religieu<strong>ses</strong>.<br />

5. Autres problèmes soulevés par les conseillers<br />

Divers problèmes furent cités sans que la Direction générale de<br />

l’aide à la jeunesse prenne position: l’absence de locaux appropriés<br />

pour l’exercice du culte musulman, le manque de respect du régime<br />

alimentaire musulman, le refus pour certains mineurs musulmans de<br />

prendre une douche commune, les problèmes de locaux dans certaines<br />

institutions <strong>et</strong> les difficultés dues au respect du secr<strong>et</strong> professionnel.<br />

Lors de la réunion restreinte du 20 août 2004, les directions des<br />

IPPJ, la Direction générale de l’aide à la jeunesse ainsi que le Délégué<br />

général ont tenté de r<strong>et</strong>ravailler le profil de fonction des conseillers.<br />

Par ailleurs, selon les statistiques des options philosophiques ou<br />

religieu<strong>ses</strong> des jeunes placés dans les IPPJ en 2003, 31 % des mineurs<br />

placés ont choisi la morale laïque, 32 % ont choisi la religion islamique,<br />

18 % la religion catholique <strong>et</strong> 17 % n’ont choisi aucune option.<br />

Par ailleurs, à l’heure actuelle, 4 conseillers laïques sont engagés<br />

dans les IPPJ. Le Centre d’action laïque (CAL) demande que la<br />

Communauté française engage un cinquième conseiller laïque.


136 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Toutefois, il y aurait un risque de diminution du nombre de conseillers<br />

dans les autres options.<br />

Enfin, la Communauté française rétribue le travail des conseillers<br />

selon le barème des employés de niveau 2. Or la majorité des<br />

conseillers est universitaire <strong>et</strong> devrait donc bénéficier de primes.<br />

La dernière réunion a eu lieu le 20 septembre 2004 en présence des<br />

directions des cinq institutions publiques de protection de la jeunesse,<br />

de la direction pédagogique du centre fermé d’Everberg ainsi que des<br />

représentants des différentes confessions. Lors de c<strong>et</strong>te réunion, la<br />

Direction générale de l’aide à la jeunesse a présenté le nouveau profil<br />

de fonction des conseillers laïques ou confessionnels auprès de IPPJ<br />

repris ci-dessous.<br />

I. DESCRIPTIF DE FONCTION<br />

Les conseillers laïques <strong>et</strong> confessionnels apportent au jeune une<br />

aide personnelle spécifique, basée sur les valeurs référentielles de<br />

leur option philosophique.<br />

Elle se réalise en étroite collaboration avec l’ensemble des intervenants<br />

de l’IPPJ (direction, psychologues, assistants sociaux,<br />

enseignants, éducateurs…).<br />

II. MISSIONS<br />

- Le conseiller offre son assistance à tout jeune qui en exprime la<br />

demande, qu’il ait opté ou non pour ce choix d’assistance.<br />

Cependant, lorsque le jeune n’a pas opté pour ce choix d’assistance,<br />

le conseiller saisi informe le conseiller compétent de la<br />

nature de son intervention dans le cadre du secr<strong>et</strong> professionnel<br />

partagé.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 137<br />

Le conseiller offre son assistance selon diver<strong>ses</strong> modalités dans<br />

<strong>et</strong>, éventuellement, hors de l’IPPJ, en concertation avec la direction<br />

<strong>et</strong> avec les autres intervenants.<br />

Dans sa fonction d’assistance morale ou religieuse, le conseiller<br />

est lié par le secr<strong>et</strong> professionnel.<br />

- Le conseiller réalise auprès des jeunes un travail d’écoute, de<br />

dialogue, d’information <strong>et</strong> de réflexion. Il participe par ce travail<br />

à la responsabilisation <strong>et</strong> à l’insertion de jeunes se trouvant de<br />

manière ponctuelle ou chronique en marge de la société.<br />

D’un point de vue pratique, le conseiller :<br />

- participe aux activités quotidiennes <strong>et</strong> à certaines activités spécifiques<br />

(conférences-débats, activités culturelles <strong>et</strong> de loisirs,<br />

activités humanitaires ou philanthropiques…) ;<br />

- participe aux réunions traitant du fonctionnement institutionnel<br />

(par exemple, les réunions d’information au personnel) en y<br />

apportant la spécificité propre à sa fonction <strong>et</strong> à son appartenance<br />

philosophique <strong>et</strong>, par extension, contribue au travail de<br />

réflexion que l’IPPJ mène en permanence sur <strong>ses</strong> missions, <strong>ses</strong><br />

méthodes <strong>et</strong> sur la politique générale de l’aide à la jeunesse ;<br />

- participe, dans toute la mesure du possible <strong>et</strong> en fonction de son<br />

temps de prestation, aux réunions pédagogiques (comités pédagogiques,<br />

réunions pluridisciplinaires) ; il peut participer aux<br />

réunions de synthèse (discussion de cas) lorsqu’un jeune lui en a<br />

formulé la demande <strong>et</strong> après en avoir informé la direction ;<br />

- assure la charge des cours correspondant à son appartenance<br />

philosophique au bénéfice des jeunes qui ont opté pour c<strong>et</strong>te<br />

appartenance. Le conseiller détermine librement le contenu de


138 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

son cours, en concertation avec son autorité ou son groupement<br />

représentatif compétents. Son proj<strong>et</strong> éducatif <strong>et</strong> son programme<br />

pédagogique sont portés à la connaissance de la direction de<br />

l’IPPJ. Lorsque celle-ci estime que le contenu du cours, ou la<br />

méthodologie qui est adoptée, sont contraires à l’intérêt du jeune<br />

ou menacent le bon fonctionnement institutionnel, elle sollicite<br />

un entr<strong>et</strong>ien de concertation avec le conseiller <strong>et</strong> l’autorité ou le<br />

groupement représentatif concernés ;<br />

- peut être amené à jouer un rôle de conciliateur entre les différentes<br />

composantes à l’intérieur du système institutionnel<br />

(jeunes, personnel éducatif, scientifique…) ; vis-à-vis de l’extérieur<br />

(parents, juge, institutions, services), <strong>ses</strong> interventions<br />

éventuelles, en ce compris les interventions post institutionnelles,<br />

sont soumi<strong>ses</strong> à l’avis de la direction, sous forme d’accord ou de<br />

mandat;<br />

- peut apporter une assistance morale ou religieuse aux membres<br />

du personnel de l’institution qui le souhaitent.<br />

III. CAPACITÉS REQUISES<br />

Le conseiller réalise un travail auprès d’un public spécifique dans<br />

un cadre particulier.<br />

Le placement en IPPJ résulte d’une décision judiciaire qui vise des<br />

jeunes ayant commis des faits qualifiés infraction.<br />

Les IPPJ constituent des institutions fortement structurées regroupant<br />

de nombreux intervenants (personnel administratif, éducatif<br />

<strong>et</strong> pédagogique, social <strong>et</strong> psychologique, médical…).<br />

La qualité première sera dès lors la faculté d’adaptation à un tel<br />

environnement <strong>et</strong> la capacité de s’intégrer de manière souple, pro-


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 139<br />

gressive mais décidée, afin d’être perçu <strong>et</strong> reconnu clairement dans<br />

<strong>ses</strong> missions par les jeunes <strong>et</strong> par l’ensemble des intervenants.<br />

Le conseiller présentera également les capacités suivantes :<br />

- capacités d’écoute <strong>et</strong> d’ouverture à l’égard des jeunes <strong>et</strong> des<br />

membres du personnel de l’IPPJ, dans un constant souci de neutralité<br />

vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas <strong>ses</strong> options philosophiques<br />

;<br />

- capacité de gérer des relations interpersonnelles avec des adolescents<br />

souvent carencés sur le plan affectif, avec la prudence,<br />

la transparence <strong>et</strong> l’aisance indispensables ;<br />

- capacité de gérer les règles déontologiques <strong>et</strong> en particulier celle<br />

de la confidentialité des informations portées à sa connaissance ;<br />

- capacité d’affronter des situations de crise ;<br />

- capacités pédagogiques ;<br />

- capacité d’acquisition <strong>et</strong> de mise en œuvre de connaissances sur<br />

l’environnement juridique, psycho-social <strong>et</strong> thérapeutique du<br />

secteur de l’aide à la jeunesse ;<br />

- capacité de dialoguer avec tous les intervenants, de manière<br />

constructive, en ce compris ceux qui ne partagent pas <strong>ses</strong> convictions<br />

philosophiques.<br />

Ce descriptif de fonction est mis en fonction depuis le 20 septembre<br />

2004. Il sera transmis officiellement aux directions des IPPJ <strong>et</strong><br />

annexé aux contrats de travail de tous les conseillers laïques ou<br />

confessionnels auprès de IPPJ.


140 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

La mixité du personnel au sein des institutions publiques de protection<br />

de la jeunesse : un plus pour les jeunes ?<br />

En 1998, le Délégué général a mis sur pied un groupe de travail<br />

consacré au « traitement de la délinquance juvénile par le groupe des<br />

Institutions publiques de protection de la jeunesse à régimes éducatifs<br />

ouverts <strong>et</strong> fermé », groupe de travail où la Direction générale de l’aide<br />

à la jeunesse était invitée <strong>et</strong> représentée.<br />

Lors des réunions de ce groupe de travail, la question de la mixité<br />

dans le personnel éducatif des IPPJ a été abordée. Il a été question du<br />

rôle de l’éducateur en fonction qu’il soit un homme ou une femme, un<br />

père ou une mère.<br />

En eff<strong>et</strong>, la place, le rôle de l’éducateur dans l’équipe est différent<br />

selon qu’il est un homme ou une femme. Par rapport aux interventions<br />

de la gente féminine en cas d’incidents, de passages à l’acte agressifs,<br />

de cri<strong>ses</strong>, <strong>nous</strong> avons toujours pensé que si, physiquement, le mode<br />

d’intervention des femmes peut paraître moins efficace en raison<br />

d’une force physique moindre, l’intervention, la présence d’une<br />

femme pourrait être plus sécurisante <strong>et</strong> apaisante en raison du côté<br />

maternel de son intervention.<br />

La mixité du personnel dans les institutions publiques fut instaurée<br />

par le Ministre de la Fonction publique à partir du 1 er septembre 2002.<br />

Nous avons reçu l’information que des difficultés se présentaient<br />

dans l’intégration du personnel féminin dans le fonctionnement institutionnel.<br />

Le 22 septembre 2004, <strong>nous</strong> avons interpellé les directions des<br />

cinq IPPJ afin de connaître l’évolution de l’expérience de la mixité du<br />

personnel au sein des institutions publiques de protection de la jeunesse.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 141<br />

La direction de l’IPPJ de Wauthier-Braine <strong>nous</strong> indique que le<br />

nombre d’éducatrices actuellement en service est de 3 dans une<br />

section « éducation » <strong>et</strong> 2 dans la seconde. Elles sont capables d’effectuer<br />

le travail seule, soit le matin ou le soir. Les relations avec les<br />

mineurs sont normales <strong>et</strong> peu de problèmes se sont posés quant à l’intervention<br />

de ces éducatrices lorsqu’elles sont seules.<br />

L’apport de ces éducatrices (relations avec les mineurs, autre<br />

approche des jeunes, présence d’une « grande sœur », activités diversifiées…)<br />

est un plus pour le personnel masculin.<br />

La direction de l’IPPJ de Jum<strong>et</strong> <strong>nous</strong> informe que la mixité du personnel<br />

a débuté le 1 er octobre 2002 par l’intégration de deux éducatrices<br />

en section « éducation ».<br />

Les évaluations effectuées se sont toujours révélées positives tant<br />

par rapport aux relations avec les jeunes que par rapport à la dynamique<br />

institutionnelle <strong>et</strong> aux relations professionnelles.<br />

La mixité du personnel s’est étendue à la section « orientation » en<br />

date du 24 mars 2004 par l’intégration d’une éducatrice supplémentaire.<br />

En fonction des possibilités, l’avenir de la mixité du personnel à<br />

l’IPPJ de Jum<strong>et</strong> s’inscrit dans la volonté d’étendre le processus au<br />

service API (accompagnement post-institutionnel).<br />

La direction de l’IPPJ de Fraipont <strong>nous</strong> indique que l’expérience<br />

de la mixité a débuté en décembre 2003 avec l’intégration de deux<br />

éducatrices dans deux sections « éducation ». En juin 2004, l’expérience<br />

s’est étendue à la section fermée où trois éducatrices ont intégré<br />

l’équipe d’éducateurs. La troisième section « éducation » a accueilli<br />

deux éducatrices en juill<strong>et</strong> 2004.


142 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Les réflexions générées par c<strong>et</strong>te expérience sont nuancées voire<br />

divergentes suivant les sections <strong>et</strong> les individus eux-mêmes, en fonction<br />

de la date d’instauration de l’expérience, du passé professionnel<br />

<strong>et</strong> de la personnalité des agents <strong>et</strong> des agentes.<br />

Les directions des IPPJ de Saint-Servais <strong>et</strong> de Braine-le-Château ont<br />

souhaité attendre la tenue d’une journée d’étude regroupant toutes les<br />

IPPJ (équipes de direction <strong>et</strong> éducatives) organisée le 7 octobre 2004<br />

par la Direction générale de l’aide à la jeunesse sur le thème de la mixité<br />

du personnel dans les IPPJ avant de répondre à notre interpellation.<br />

En raison de son intérêt pour c<strong>et</strong>te question qui n’est pas sans<br />

conséquence sur la prise en charge des jeunes, l’institution du<br />

Délégué général aurait accepté de participer à ces travaux du<br />

7 octobre 2004 si elle avait été invitée.<br />

La psychiatrisation des mineurs délinquants<br />

Les autorités de placement du secteur de l’aide <strong>et</strong> de la protection<br />

de la jeunesse (Juges, Conseillers de l’aide à la jeunesse, Directeurs<br />

de l’aide à la jeunesse…) se plaignent depuis des années du manque<br />

de structures adaptées pour la prise en charge d’enfants ou d’adolescents<br />

souffrant de troubles mentaux.<br />

Le Délégué général reçoit chaque année des plaintes émanant des<br />

ces autorités, de parents ou même d’enfants eux-mêmes.<br />

En ce qui concerne les mineurs ayant commis un fait qualifié<br />

infraction, le 19 mars 2003, le Ministre fédéral des Affaires sociales<br />

<strong>et</strong> des Pensions <strong>et</strong> le Ministre fédéral de la <strong>Pr</strong>otection de la consommation,<br />

de la Santé publique <strong>et</strong> de l’Environnement ont invité le<br />

Centre hospitalier <strong>Jean</strong> Titeca à signer une convention pour le financement<br />

d’un proj<strong>et</strong>-pilote (de 8 lits) destiné à « l’offre d’un traitement


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 143<br />

clinique intensif aux délinquants juvéniles présentant des troubles<br />

psychiatriques ».<br />

C<strong>et</strong>te convention s’inscrit dans le cadre d’une décision préalable<br />

de ces mêmes Ministres portant sur la création de cinq services spécifiques<br />

de 8 lits destinés à la prise en charge médico-psychologique<br />

d’adolescents de 12 à 18 ans « délinquants juvéniles présentant des<br />

troubles psychiatriques ».<br />

La première unité de 8 lits a donc vu le jour le 27 octobre 2003 au<br />

Centre hospitalier <strong>Jean</strong> Titeca <strong>et</strong> porte le nom d’unité « Karibu ».<br />

Celle-ci accueille des adolescents masculins présentant des troubles<br />

psychologiques sévères <strong>et</strong> des troubles graves du comportement se<br />

traduisant, notamment, par une délinquance juvénile sévère.<br />

L’unité « Karibu » accepte donc, soit dans le cadre de l’application<br />

de la loi du 8 avril 1965 relative à la protection de la jeunesse, soit<br />

dans le cadre de l’application de la loi du 26 juin 1990 relative à la<br />

protection de la personne des malades mentaux, toutes les demandes<br />

de prise en charge conformes aux critères d’inclusion <strong>et</strong> d’exclusion<br />

définis dans le proj<strong>et</strong> thérapeutique de l’unité « Karibu ».<br />

L’inauguration officielle de c<strong>et</strong>te unité s’est déroulée le 25 mai<br />

2004. Le Délégué général y a été convié.<br />

Les critères d’inclusion <strong>et</strong> d’exclusion au sein de l’unité « Karibu »<br />

A. Les critères d’inclusion (cumulatifs) :<br />

1. Adolescents masculins de 12 à 18 ans, voire jusqu’à 20 ans dans<br />

le cadre d’une prolongation de mesure imposée par le tribunal<br />

de la jeunesse. Les jeunes de 12 à 14 ans ne devraient être admis<br />

que dans des conditions exceptionnelles.


144 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

2. Des perturbations psychologiques sévères nécessitant une prise<br />

en charge médico-psychiatrique (manifestations psychotiques<br />

débutantes ou avérées <strong>et</strong> manifestations thymiques sévères <strong>et</strong><br />

persistantes).<br />

3. Des troubles du comportement sévères se caractérisant par des<br />

manifestations auto <strong>et</strong>/ou hétéroagressives récurrentes <strong>et</strong>/ou<br />

inten<strong>ses</strong>.<br />

4. Le jeune doit faire l’obj<strong>et</strong> d’une mesure imposée par le tribunal<br />

de la jeunesse suite à une réquisition du Ministère public prise<br />

sur la base de l’article 36,4° de la loi du 8 avril 1965.<br />

5. Une prise en charge en milieu hospitalier (résidentiel) s’avère<br />

indispensable.<br />

6. A défaut de tout autre traitement approprié tant dans les secteurs<br />

de la Santé que de l’Aide à la jeunesse.<br />

B. Les critères d’exclusion :<br />

1. La présence d’un déficit mental sévère (évaluation du QI ≤ 75<br />

réalisée par les échelles de Weschler <strong>et</strong>/ou le test des Matrices<br />

Standard de Raven).<br />

2. Les troubles du comportement <strong>et</strong> les comportements délinquants<br />

ne sont pas, eux-mêmes, suffisants pour envisager l’admission<br />

d’un jeune.<br />

3. Des comportements transgressifs multiples même associés à des<br />

troubles de la personnalité ne constituent pas un motif suffisant<br />

d’admission.<br />

4. Les troubles des conduites compliqués d’abus ou de dépendance<br />

à des substances psychotropes ne constituent pas un motif suffisant<br />

d’admission.<br />

5. Les infractions à caractère sexuel ne constituent pas, par ellesmêmes,<br />

des indications d’une perturbation psychologique sévère<br />

<strong>et</strong> ne constituent donc pas un motif suffisant d’admission.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 145<br />

D’après le chef de service de l’Unité « Karibu », quatre autres<br />

unités pilotes de 8 lits devraient être créées. Les lieux pressentis sont<br />

l’hôpital psychiatrique « Le P<strong>et</strong>it Bourgogne » à Liège, l’hôpital psychiatrique<br />

de Tournai « Les Marronniers », un hôpital à Anvers <strong>et</strong> un<br />

autre à Geel.<br />

Le 2 octobre 2004, un bilan de fonctionnement de l’Unité<br />

« Karibu » <strong>nous</strong> a été transmis.<br />

Du 27 octobre 2003 au 24 mai 2004, 44 demandes d’admission ont<br />

été introduites auprès de l’unité « Karibu ».<br />

Il apparaît que 18 situations ont été refusées avant l’examen de<br />

candidature (pas de saisine en 36.4, absence de critères d’inclusion<br />

médicaux, sexe du mineur, âge trop jeune…). En outre, 8 situations<br />

ont été refusées après la candidature (âge trop jeune, manque de critères<br />

d’inclusion médicaux).<br />

Si on tient compte d’une réadmission, ce sont 17 mineurs qui ont<br />

été admis à l’unité « Karibu ».<br />

La majorité des jeunes accueillie ont plus de 16 ans à l’admission.<br />

La majorité des mineurs proviennent des IPPJ ou du centre fermé<br />

d’Everberg.<br />

En complément des troubles psychiatriques objectivés, il apparaît<br />

que la plupart des mineurs admis à l’unité « Karibu » sont dépendants<br />

du tabac <strong>et</strong> du haschisch.<br />

Au niveau des antécédents familiaux, la majorité des mineurs<br />

connaissent une situation chaotique (négligences graves au détriment<br />

du jeune <strong>et</strong>/ou de sa fratrie provoquant des placements précoces, violence<br />

familiale, décès du père, de la mère ou abandon précoce – dans<br />

les trois premières années de sa vie).


146 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

De manière générale, les parcours judiciaires des jeunes hospitalisés<br />

au sein de l’unité « Karibu » sont marqués par la commission<br />

avérée de faits violents <strong>et</strong> de faits de mœurs.<br />

En matière de prise en charge de mineurs délinquants, des initiatives<br />

expérimentales sont donc pri<strong>ses</strong>.<br />

Restent les enfants, parfois, très jeunes, qui n’ont pas commis de<br />

faits infractionnels <strong>et</strong> qui présentent des troubles psychiatriques les<br />

m<strong>et</strong>tant en danger, parfois en péril grave. Pour eux aussi, les autorités<br />

devraient s’attacher à trouver des solutions adaptées, limitant au<br />

maximum leur orientation vers des structures d’accueil pour adultes.<br />

Création de 10 places supplémentaires en régime éducatif fermé.<br />

Visites de la section « Observation <strong>et</strong> évaluation » fermée<br />

de l’IPPJ de Braine-le-Château (SOEF) les 26 février 2004<br />

<strong>et</strong> 24 mars 2004<br />

A. La visite du 26 février 2004<br />

I. LES RECOMMANDATIONS ANTÉRIEURES À LA CRÉATION DE LA SECTION<br />

SOEF DE L’IPPJ DE BRAINE-LE-CHÂTEAU ET LEURS SUIVIS<br />

Le 22 septembre 2002, le Gouvernement de la Communauté française<br />

décidait l’ouverture le 31 mars 2003 de 10 nouvelles places dans<br />

le régime fermé des IPPJ sur le site de l’IPPJ de Wauthier-Braine mais<br />

sous la Direction de l’IPPJ de Braine-le-Château.<br />

Le 15 janvier 2003, le groupe de travail relatif à la délinquance<br />

juvénile du Conseil communautaire de l’aide à la jeunesse a pu se<br />

rendre à l’Institution publique de protection de la jeunesse de Brainele-Château<br />

pour entendre les Directions des IPPJ de Braine-le-<br />

Château <strong>et</strong> de Wauthier-Braine <strong>et</strong> pour visiter le pavillon E-F sur le


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 147<br />

site de Wauthier-Braine. Le Délégué général fait partie de ce groupe<br />

de travail.<br />

A la suite de c<strong>et</strong>te visite, le Délégué général a attiré l’attention du<br />

Gouvernement de la Communauté française sur le fait que les auditions<br />

<strong>et</strong> la visite précitées m<strong>et</strong>taient en évidence diver<strong>ses</strong> préoccupations<br />

relatives au choix du pavillon envisagé pour la création de la<br />

nouvelle section de 10 places.<br />

Le Délégué général a recommandé au Gouvernement de la<br />

Communauté française de revoir la décision d’établir la nouvelle<br />

section fermée à l’IPPJ de Wauthier-Braine <strong>et</strong> d’étudier l’implantation<br />

de c<strong>et</strong>te section fermée soit à un autre endroit sur le site de l’IPPJ de<br />

Wauthier-Braine, soit dans une autre IPPJ.<br />

Force est de constater que la Ministre de l’Aide à la jeunesse <strong>et</strong> de<br />

la Santé n’a pas suivi nos recommandations datées du 21 janvier 2003.<br />

Le 2 octobre 2003, la Direction générale de l’aide à la jeunesse<br />

annonçait que le personnel pourrait prendre pos<strong>ses</strong>sion des lieux le<br />

15 février 2004 <strong>et</strong> commencer à aménager les locaux. La date à<br />

laquelle l’admission d’un premier mineur pourrait être réalisée ainsi<br />

que le rythme d’admission des mineurs seraient fixés ultérieurement.<br />

La Direction générale de l’aide à la jeunesse estimait toutefois qu’il<br />

serait possible de procéder aux premières admissions dans le courant<br />

du mois de mars 2004.<br />

On était donc loin de l’ouverture prévue le 31 mars 2003 ! Dans<br />

l’hypothèse d’un fonctionnement effectif en mars 2004, le proj<strong>et</strong> aura<br />

donc pris une année de r<strong>et</strong>ard, année pendant laquelle des jeunes ont<br />

été orientés vers Everberg, faute de places suffisantes dans le groupe<br />

des IPPJ.


148 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

En 2003, les auditions <strong>et</strong> les débats avaient mis en évidence une<br />

série d’inconvénients majeurs, repri<strong>ses</strong> dans le rapport du 21 janvier<br />

2003. La visite du 26 février 2004 a permis de constater les suites qui<br />

y avaient été apportées :<br />

1. La section fermée est placée sous l’autorité de la Direction de<br />

Braine-le-Château<br />

Il existe une contradiction entre le fait de créer une section fermée<br />

au centre même du système pavillonnaire à régime ouvert de<br />

Wauthier-Braine <strong>et</strong> de placer c<strong>et</strong>te unité de vie sous l’autorité de la<br />

Direction de l’établissement voisin.<br />

Force est de constater que c<strong>et</strong> inconvénient n’a pas été entendu par les<br />

autorités.<br />

2. L’intendance<br />

C<strong>et</strong>te unité de vie, placée sous la direction de Braine-le-Château,<br />

aurait pu cependant dépendre de l’institution de Wauthier-Braine pour<br />

ce qui est de la nourriture, <strong>et</strong> autres problèmes d’intendance.<br />

Il appert que les autorités ont remédié à c<strong>et</strong>te difficulté. Une<br />

cuisine a été construite au sein même de la section <strong>et</strong> l’intendance<br />

sera assurée par l’IPPJ de Braine-le-Château. Deux cuisiniers ont été<br />

engagés.<br />

3. Le personnel<br />

En raison du personnel supplémentaire, la Direction de Braine-le-<br />

Château gérera un staff extrêmement élevé (+/- 150 personnes) ce qui<br />

peut poser des problèmes au niveau de l’esprit d’équipe du personnel<br />

<strong>et</strong> des risques de déshumanisation de l’institution.<br />

Nous avons constaté que la Direction de l’IPPJ de Braine-le-<br />

Château avait tenté de remédier à c<strong>et</strong> inconvénient en m<strong>et</strong>tant en


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 149<br />

place des dispositions perm<strong>et</strong>tant au personnel de se connaître (placement<br />

central de la pointeuse, rencontres festives…).<br />

4. L’organisation pratique<br />

Si c<strong>et</strong>te section est au centre même de l’IPPJ de Wauthier-Braine,<br />

elle est excentrée par rapport à l’IPPJ de Braine-le-Château.<br />

a) Des couloirs avec clôtures devront être installés pour atteindre<br />

le complexe de l’IPPJ de Braine-le-Château.<br />

b) Des difficultés ont existé pendant de nombreux mois (mouvements<br />

de camions…) dans le fonctionnement de l’IPPJ de<br />

Wauthier-Braine en raison des travaux au cœur même de celle-ci.<br />

c) Les jeunes (admissions…) <strong>et</strong> les visiteurs de la nouvelle section<br />

fermée de Braine-le-Château doivent traverser toute l’IPPJ de<br />

Wauthier-Braine pour accéder à la nouvelle unité de vie.<br />

Lorsque l’on connaît le nombre d’entrées <strong>et</strong> de sorties des<br />

mineurs (séjours de courte durée), c<strong>et</strong>te organisation perturbera<br />

le fonctionnement habituel de l’IPPJ de Wauthier-Braine.<br />

d) La proximité (+/- 20 mètres) entre la nouvelle section de 10<br />

places, à régime éducatif fermé, <strong>et</strong> les bâtiments de l’IPPJ de<br />

Wauthier-Braine, à régime éducatif ouvert, posera des problèmes<br />

: contrôle des jeunes issus des unités de vie de Wauthier-<br />

Braine voulant entrer en contact avec les jeunes de la section<br />

fermée. Des travaux sont nécessaires pour empêcher ces<br />

contacts : mur, suppression de fenêtres du côté de Wauthier-<br />

Braine, ...<br />

Les autorités ont mis en place différentes dispositions pour tenter<br />

de répondre à ces problèmes: clôtures, murs, sas, passage obligé du<br />

personnel pour le pointage par l’entrée principale de Braine-le-<br />

Château.<br />

Durant toute la période des travaux, l’IPPJ de Wauthier-Braine a<br />

éprouvé parfois des difficultés dans l’acheminement de la nourriture<br />

de la cuisine centrale vers les sections.


150 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

5. Le proj<strong>et</strong> pédagogique<br />

La durée de séjour n’est pas encore clairement définie. La durée de<br />

la prise en charge des mineurs sera par ailleurs différente de celle des<br />

mineurs hébergés dans les sections A, B <strong>et</strong> C de l’IPPJ de Braine-le-<br />

Château. C<strong>et</strong>te durée inférieure de prise en charge n’est guère appréciée<br />

par l’institution de Braine-le-Château, partant du principe que<br />

pour effectuer un travail pédagogique avec les mineurs, le personnel<br />

éducatif a besoin d’une durée raisonnable de prise en charge.<br />

Au vu du rapport pédagogique de la section SOEF, il appert que la<br />

durée de séjour est fixée à 30 jours maximum, non renouvelables avec<br />

un minimum de 15 jours.<br />

6. La sécurité du personnel<br />

La section fermée dépendant de la Direction de Braine-le-Château<br />

devrait bénéficier du régime de sécurité prévu à Braine-le-Château.<br />

Un des modes d’intervention repose sur la solidarité <strong>et</strong> la complémentarité<br />

du personnel en cas d’incident. Vu la distance entre la nouvelle<br />

section fermée <strong>et</strong> les autres pavillons de Braine-le-Château, la<br />

sécurité du personnel risque d’être mise à mal en cas d’émeute au sein<br />

de c<strong>et</strong>te nouvelle section. En eff<strong>et</strong>, les membres du personnel des sections<br />

A, B <strong>et</strong> C seront dans l’impossibilité de porter secours au personnel<br />

de la nouvelle section en raison de l’éloignement de ce<br />

pavillon par rapport à l’IPPJ de Braine-le-Château.<br />

C<strong>et</strong> handicap n’a pas trouvé de réponse auprès des autorités. La<br />

mise en œuvre de la surveillance au sein même de l’unité sera donc<br />

d’autant plus capitale.<br />

7. Les transfèrements<br />

La création d’une nouvelle section à Wauthier-Braine ou à Brainele-Château<br />

entraînera des difficultés quant au transfèrement des<br />

jeunes car la police ne parvient pas, déjà à l’heure actuelle, à répondre<br />

à la demande des autorités judiciaires (audiences, jugements…).


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 151<br />

Une réunion d’information <strong>et</strong> de concertation a été organisée entre<br />

l’IPPJ de Braine-le-Château <strong>et</strong> la police fédérale. C<strong>et</strong>te dernière<br />

demandait plus d’effectifs afin d’assurer les transfèrements. Aucune<br />

solution à ce jour n’a été apportée.<br />

II. LE PERSONNEL DE LA SECTION « OBSERVATION ET ÉVALUATION »<br />

DE L’IPPJ DE BRAINE-LE-CHÂTEAU<br />

Le personnel est engagé <strong>et</strong> au compl<strong>et</strong>. Actuellement, il termine sa<br />

formation. Afin que les éducateurs ne perdent pas le contact avec<br />

l’institution (la section est située sur le territoire de l’IPPJ de<br />

Wauthier-Braine), la pointeuse est située dans le bâtiment central de<br />

l’IPPJ de Braine-le-Château. La Direction de l’institution organisera<br />

des activités afin qu’ils puissent se rencontrer <strong>et</strong> se connaître. Une<br />

soirée est prévue au mois de juin 2004.<br />

Le personnel chargé de la nouvelle section se compose de 40 personnes<br />

: 1 responsable pédagogique, 13 surveillants, 16 éducateurs<br />

(hommes <strong>et</strong> femmes), 1 psychologue, 1 assistant social, 1 psychiatre<br />

(10h00/semaine), 2 cuisiniers, 2 agents administratifs, 1 personne du<br />

service technique, 1 membre du personnel de n<strong>et</strong>toyage (engagé pour<br />

l’ensemble de l’IPPJ de Braine-le-Château), 1 mi-temps vestiaire.<br />

D’après la Direction, l’avantage de l’équipe éducative est sa diversité<br />

quant à la formation <strong>et</strong> aux compétences individuelles des agents.<br />

C<strong>et</strong>te complémentarité entre les agents perm<strong>et</strong>tra d’organiser des activités<br />

diversifiées (sports, culture…) avec les jeunes.<br />

Le personnel total de l’IPPJ de Braine-le-Château (4 unités de vie)<br />

est de l’ordre de 150 personnes.


152 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

III. L’INFRASTRUCTURE DE LA SECTION « OBSERVATION ET ÉVALUATION »<br />

DE L’IPPJ DE BRAINE-LE-CHÂTEAU<br />

Selon les prévisions officielles du 26 février 2004, la section<br />

devrait s’ouvrir le 15 mars 2004.<br />

Au vu de l’évolution <strong>et</strong> de l’état des travaux au 26 février 2004, il<br />

est prévisible qu’il y ait du r<strong>et</strong>ard pour l’ouverture prévue à c<strong>et</strong>te date.<br />

Le 1 er mars 2004, une réunion d’infrastructure s’est déroulée en<br />

présence du collaborateur de la Ministre de l’Aide à la jeunesse, en<br />

charge des IPPJ. Ce dernier a annoncé que c<strong>et</strong>te section devait<br />

accueillir les premiers jeunes dès le 29 mars 2004.<br />

Cependant, au vu du chantier en cours le 26 février 2004, il paraît<br />

fort peu probable que c<strong>et</strong>te infrastructure soit terminée pour perm<strong>et</strong>tre<br />

l’admission de mineurs à c<strong>et</strong>te date. Néanmoins, une conférence de<br />

presse pour les journalistes <strong>et</strong> les magistrats aura lieu le 29 mars 2004<br />

au sein de la nouvelle section.<br />

La Direction a toutefois indiqué qu’il était exclu d’ouvrir la nouvelle<br />

aile si les serrures avec cylindres ad hoc n’étaient pas installées.<br />

Le rez-de-chaussée se compose de 10 chambres individuelles, de<br />

2 cellules d’isolement (bien séparées du dortoir), d’un sas de surveillance<br />

central, de 5 douches, de la pièce de séjour, de la salle à<br />

manger (sous contrôle du sas de surveillance) <strong>et</strong> d’une cuisine.<br />

Tous les bureaux administratifs se trouvent au 1 er étage. Ces<br />

bureaux terminés sont spacieux <strong>et</strong> lumineux. Malgré la place disponible,<br />

des bureaux pour les conseillers religieux <strong>et</strong> philosophiques<br />

n’ont pas été prévus.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 153<br />

Le rez-de-chaussée, destiné aux jeunes, est en chantier (les plafonds<br />

ne sont pas terminés, le câblage jonche le sol, l’éclairage n’est<br />

pas installé, <strong>et</strong>c.). Ces travaux ne sont pas encore en phase de finition.<br />

Concernant la sécurité de la nouvelle section, il appert que les<br />

recommandations émi<strong>ses</strong> par le Délégué général dans le cadre de la<br />

création d’infrastructures fermées ont été suivies d’eff<strong>et</strong>s. Cependant,<br />

le personnel estime que la politique de la sécurité maximale s’avère<br />

inutile à certains en<strong>droits</strong> où les risques sont moindres : les murs de la<br />

section sont construits en béton armé <strong>et</strong> toutes les portes sont blindées.<br />

Tous les WC sont en inox.<br />

Les chambres sont spacieu<strong>ses</strong> <strong>et</strong> très lumineu<strong>ses</strong>. Une fenêtre entre<br />

les chambres <strong>et</strong> le couloir a été installée, ce qui facilite la surveillance<br />

mais diminue l’intimité des jeunes. La cuisine n’est pas installée.<br />

Le 26 février 2004, la clôture d’une hauteur de 6 mètres qui doit<br />

relier l’IPPJ de Braine-le-Château à la nouvelle section n’est pas encore<br />

construite, ni celle qui doit être érigée autour de la cour de la nouvelle<br />

section. Une clôture d’une hauteur de 2,40 mètres doit encore être<br />

construite à l’avant de la section. C<strong>et</strong>te entrée sera destinée à accueillir<br />

les mineurs ainsi que les visiteurs. C<strong>et</strong>te clôture devra être munie de<br />

deux portes électriques qui seront actionnées par le surveillant. Un<br />

parking fermé doit encore être conçu à l’avant du bâtiment.<br />

La cour de la nouvelle section se situe à côté du terrain de sports<br />

de l’IPPJ de Wauthier-Braine. Un mur de séparation entre le terrain de<br />

sports de Wauthier-Braine <strong>et</strong> la cour des sports de la section fermée<br />

est toujours en construction afin que les jeunes de la section fermée ne<br />

puissent entrer en contact avec les jeunes de la section ouverte de<br />

l’IPPJ de Wauthier-Braine <strong>et</strong> vice versa. Le revêtement de sol de la<br />

cour des sports n’est pas placé.


154 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

B. Analyse<br />

I. LE PROJET PÉDAGOGIQUE DE LA SECTION « OBSERVATION ET<br />

ÉVALUATION » EN RÉGIME FERMÉ DE L’IPPJ DE BRAINE-LE-CHÂTEAU<br />

• Nombre de places : 10 places (aucune place d’urgence).<br />

• Durée de séjour : 30 jours maximum, non renouvelables avec un<br />

minimum de 15 jours.<br />

• Critères d’admission :<br />

- <strong>Pr</strong>emière participation à un fait de violence.<br />

- Mise en échec de l’action en régime éducatif ouvert ; en cas de<br />

crise aiguë médiation pour favoriser par la suite le r<strong>et</strong>our vers<br />

l’institution d’origine.<br />

- <strong>Pr</strong>oblèmes récurrents en API (accompagnement post-institutionnel).<br />

• Objectifs du placement :<br />

- Arrêter la spirale de la délinquance (notion de coup d’arrêt).<br />

- Amorcer un processus de réflexion <strong>et</strong> de prise de conscience<br />

par rapport à l’acte transgressif.<br />

- Tendre vers une stabilisation du comportement.<br />

- Reconstruire un dialogue entre le jeune <strong>et</strong> l’adulte.<br />

- Appui <strong>et</strong> médiation pour le régime éducatif ouvert <strong>et</strong>/ou la famille.<br />

- <strong>Pr</strong>océder à l’observation comportementale du jeune.<br />

- Effectuer une clarification/investigation globale de la situation<br />

(famille, parcours institutionnel, scolarité, tissu social…).<br />

- Éviter les placements inadéquats, successifs à des adolescents<br />

en crise personnelle <strong>et</strong>/ou familiale.<br />

- <strong>Pr</strong>oposer des pistes de réflexion à l’attention du magistrat.<br />

• Évaluation du séjour : réunion de synthèse<br />

C<strong>et</strong>te réunion aura lieu plus ou moins après 3 semaines de placement<br />

<strong>et</strong> réunira le jeune, l’assistant social, l’éducateur référent, le<br />

délégué SPJ, le psychologue <strong>et</strong> le responsable pédagogique. Elle<br />

consistera en une synthèse de toutes les observations dont le<br />

jeune aura pu faire l’obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> de l’évolution globale de sa situation.<br />

Un rapport de fin de séjour servira de support au bilan de<br />

sortie effectué une semaine plus tard dans le cabin<strong>et</strong> du juge.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 155<br />

• Bilan de sortie :<br />

Moment où l’on fait l’exposé de la situation du jeune <strong>et</strong> un temps<br />

de parole donné à tous <strong>et</strong> surtout au jeune lui-même. C’est un<br />

moment-relais vers la famille ou vers un autre encadrement.<br />

II. L’UTILITÉ DE LA SECTION « OBSERVATION ET ÉVALUATION » DE L’IPPJ DE<br />

BRAINE-LE-CHÂTEAU<br />

Nous constatons que c<strong>et</strong>te section peut accueillir 10 jeunes pour une<br />

durée de 30 jours maximum, ce qui veut dire que la nouvelle section pourrait<br />

accueillir au minimum 120 jeunes par an. Dans le meilleur des cas, si<br />

la nouvelle section accueille 10 jeunes pour une durée de 15 jours<br />

minimum, c<strong>et</strong>te section pourrait accueillir au maximum 240 jeunes par an.<br />

Par ailleurs, si <strong>nous</strong> <strong>nous</strong> basons sur les statistiques du centre<br />

fermé d’Everberg pour l’année 2003, on constate que ce centre a pris<br />

en charge 303 mineurs.<br />

Si l’on se base sur les critères d’admission, il apparaît qu’un jeune<br />

ne pourra intégrer la section (SOEF) de Braine-le-Château que s’il a<br />

commis un premier fait de violence. Les récidivistes ne sont-ils pas<br />

admis au sein de c<strong>et</strong>te section ?<br />

Au vu des chiffres <strong>et</strong> des critères d’admission, les 10 places de la<br />

section peuvent-elles se substituer au fonctionnement actuel du centre<br />

fermé d’Everberg selon les critères d’admission prévus par la loi du<br />

1 er mars 2002 relative au placement provisoire de mineurs ayant<br />

commis un fait qualifié infraction ?<br />

Par ailleurs, les critères d’admission sont-ils cumulatifs ? Que veut<br />

dire « fait de violence » ? C<strong>et</strong>te notion <strong>nous</strong> apparaît trop vague.<br />

Enfin, un mineur qui pose des problèmes récurrents (lesquels ?) en<br />

API (accompagnement post institutionnel) après un placement en<br />

IPPJ à régime ouvert pourrait-il être placé dans c<strong>et</strong>te section fermée ?


156 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

La mise en activité de c<strong>et</strong>te section n’a donc pas, à notre sens, été<br />

étudiée dans le cadre de la possible suppression du fonctionnement<br />

actuel du centre fermé d’Everberg : ni par rapport aux besoins chiffrés<br />

d’accueil d’urgence, ni par rapport aux critères d’admission du centre<br />

fermé d’Everberg<br />

III. L’OUVERTURE DE LA SECTION SOEF DE L’IPPJ DE BRAINE-LE-CHÂTEAU<br />

ET LE PROJET DE RÉFORME DE LA LOI DU 8 AVRIL 1965<br />

Le proj<strong>et</strong> de réforme de la loi du 8 avril 1965 fait état de l’élaboration<br />

d’une liste de critères à prendre en compte par le juge de la jeunesse<br />

dans le choix d’une mesure pour un mineur.<br />

Ces critères prendront-ils en compte les critères d’admission de la<br />

section SOEF de l’IPPJ de Braine-le-Château ?<br />

Les critères d’admission ne correspondent pas à ce que prévoit la<br />

loi du 8 avril 1965 relative à la protection de la jeunesse. Qu’en est-il<br />

lorsqu’un magistrat de la jeunesse ordonne le placement d’un mineur<br />

dans la section SOEF de l’IPPJ de Braine-le-Château sans respecter<br />

les critères d’admission ? Quelle est la marge de manœuvre de<br />

l’Institution publique ?<br />

Il apparaît plus adéquat d’élaborer des critères d’admission en<br />

rapport avec la loi du 8 avril 1965 réformée.<br />

Par ailleurs, le proj<strong>et</strong> de réforme de la loi du 8 avril 1965, rédigé<br />

par la Ministre de la Justice favorise la prise en charge des primodélinquants<br />

notamment par la mise en place de mesures alternatives<br />

au placement telles que la médiation, la conciliation, <strong>et</strong>c.<br />

Force est de constater que les critères d’admission de la nouvelle<br />

section de Braine-le-Château sont contradictoires par rapport à la<br />

volonté politique du proj<strong>et</strong> de réforme.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 157<br />

Plus globalement, il semble indispensable de revoir les objectifs <strong>et</strong><br />

le fonctionnement de c<strong>et</strong>te nouvelle section au vu de la réforme de la<br />

loi du 8 avril 1965, cela dans un cadre participatif de la Direction <strong>et</strong><br />

du personnel concernés.<br />

IV. L’OUVERTURE DE LA SECTION SOEF DE L’IPPJ DE BRAINE-LE-CHÂTEAU ET<br />

LE PROJET D’ARRÊTÉ DU GOUVERNEMENT DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE<br />

RELATIF AUX INSTITUTIONS PUBLIQUES DE PROTECTION DE LA JEUNESSE<br />

La durée de séjour dans la section SOEF (30 jours maximum, non<br />

renouvelables avec un minimum de 15 jours) ne respecte pas l’article<br />

2 du proj<strong>et</strong> d’arrêté du Gouvernement de la Communauté française<br />

relatif aux institutions publiques de protection de la jeunesse,<br />

dans ce sens que ce dernier ne prévoit pas de durée de séjour de 30<br />

jours en section à régime éducatif fermé.<br />

L’article 10 du proj<strong>et</strong> d’arrêté du Gouvernement de la<br />

Communauté française relatif aux institutions publiques de protection<br />

de la jeunesse ne mentionne pas la création de la nouvelle section de<br />

l’IPPJ de Braine-le-Château.<br />

C. L’évolution à la date du 24 mars 2004<br />

Par rapport à la visite de la nouvelle section du 26 février 2004, les<br />

travaux ont grandement avancé. Il reste toutefois divers aménagements<br />

à effectuer ou à terminer :<br />

I. L’ALARME<br />

La Direction de l’IPPJ de Braine-le-Château est dans l’impossibilité<br />

de confirmer ou d’infirmer qu’une alarme relie directement la<br />

nouvelle section à la police en cas d’alerte grave comme c’est le cas<br />

dans le bâtiment central de Braine-le-Château. C<strong>et</strong>te disposition aurait


158 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

été prévue mais sa concrétisation est tributaire des travaux à effectuer<br />

par la firme sous-traitante en électricité, qui ont pris du r<strong>et</strong>ard.<br />

II. LA PLAINE DE SPORTS<br />

La clôture est en phase d’installation. Le mur latéral est terminé.<br />

La chape du revêtement de sol est placée. Le tapis de revêtement<br />

demande une journée de travail mais tout dépend des conditions<br />

météorologiques (pluie, température).<br />

III. L’ACCÈS AU BÂTIMENT CENTRAL DE L’IPPJ DE BRAINE-LE-CHÂTEAU<br />

La clôture est en construction <strong>et</strong> on peut espérer son installation<br />

finale pour le 26 mars 2004, de même pour la grande porte y attenante<br />

qui donne accès à l’établissement de Wauthier-Braine.<br />

IV.. LE PARKING ET LA CLÔTURE DE L’ENTRÉE PRINCIPALE<br />

Le parking en face de la nouvelle section devait être achevé pour<br />

le 22 mars 2004. Le 24 mars 2004, les ouvriers creusent les premières<br />

tranchées afin d’y faire couler le béton.<br />

La clôture de l’entrée principale n’est pas encore posée.<br />

V. LA CUISINE<br />

L’installation de la cuisine est en cours <strong>et</strong> celle-ci pourra être installée<br />

pour le 26 mars 2004 au plus tôt. Il reste le problème des raccordements<br />

électriques.<br />

VI. LES CELLULES D’ISOLEMENT<br />

Les cellules d’isolement sont finalisées <strong>et</strong> opérationnelles.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 159<br />

VII. LA SALLE DE FAMILLE, LES CHAMBRES ET LA CLASSE<br />

La salle de famille <strong>et</strong> les chambres sont en voie de finition. Pour<br />

les chambres, il reste à installer les boutons d’appel <strong>et</strong> le système de<br />

la radio. La classe est finalisée <strong>et</strong> opérationnelle.<br />

Les chambres des jeunes situées du côté de la plaine de sports ne<br />

sont pas pourvues de stores. L’infrastructure s’y oppose en raison de<br />

problèmes budgétaires. Or, la Direction de l’IPPJ recommande que<br />

ces stores soient installés afin que les jeunes ne soient pas dérangés<br />

par la lumière qui sera diffusée par les spots de la plaine de sports,<br />

durant toute la nuit.<br />

VIII. L’INSTALLATION ÉLECTRIQUE<br />

L’installation électrique constitue la grande difficulté <strong>et</strong> une<br />

inconnue. En eff<strong>et</strong>, elle n’est pas terminée <strong>et</strong> elle représente un<br />

élément pouvant bloquer l’ouverture de la nouvelle section (boutons<br />

d’appel dans les chambres, mise en action de la cuisine, caméras,<br />

éclairage…). Il semble qu’un délai d’une semaine voire quinze jours<br />

sera nécessaire pour un achèvement minimum.<br />

D. Conclusions <strong>et</strong> recommandations<br />

Par rapport à la date du 31 mars 2003, avancée par le Gouvernement<br />

de la Communauté française en 2002, l’ouverture de la quatrième<br />

section fermée de Braine-le-Château a pris un an à se concrétiser.<br />

Même si la plupart des travaux sont terminés en date du 29 mars<br />

2004, l’installation électrique, le système d’alarme directe avec la<br />

police <strong>et</strong> la pose des serrures ad hoc restent des problèmes de taille à<br />

régler avant d’effectuer les premières admissions.<br />

La majorité des recommandations que le Délégué général a émi<strong>ses</strong><br />

lors de créations de structures fermées (troisième section de l’IPPJ de


160 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Braine-le-Château, centre fermé d’Everberg) est aujourd’hui entendue<br />

quant à l’infrastructure. Les conditions de vie des jeunes sont adéquates<br />

au regard d’une prise en charge en milieu éducatif fermé.<br />

Dans le cadre de la réforme de la loi du 8 avril 1965, <strong>nous</strong> recommandons<br />

d’intégrer dans le proj<strong>et</strong> pédagogique de la nouvelle section<br />

de l’IPPJ de Braine-le-Château, la possibilité pour le jeune de présenter<br />

au juge de la jeunesse un proj<strong>et</strong> écrit de « mesures » auquel il<br />

souhaite se soum<strong>et</strong>tre. Le jeune devrait recevoir une aide spécifique<br />

du personnel de l’IPPJ pour la rédaction de ce proj<strong>et</strong> écrit à rem<strong>et</strong>tre<br />

au juge.<br />

Il est nécessaire d’élaborer des critères d’admission au sein de la<br />

section SOEF en rapport avec la loi du 8 avril 1965. La création de<br />

c<strong>et</strong>te section doit être réfléchie dans le cadre de son intégration dans<br />

le groupe des IPPJ <strong>et</strong> de sa complémentarité avec les autres IPPJ.<br />

Plus globalement, il s’avèrera indispensable de revoir à brève<br />

échéance les objectifs <strong>et</strong> le fonctionnement de c<strong>et</strong>te nouvelle section<br />

au vu de la réforme de la loi du 8 avril 1965. C<strong>et</strong>te dernière remarque<br />

vaut d’ailleurs pour l’ensemble du groupe des IPPJ.<br />

Le 15 avril 2004, la direction de l’IPPJ de Braine-le-Château <strong>nous</strong><br />

informait que la nouvelle section hébergeait 5 jeunes, les serrures<br />

avec les cylindres ad hoc avaient été installées, la cuisine allait être<br />

montée, le revêtement de sol de la plaine de sports était terminé, les<br />

stores dans les chambres qui donnent sur la plaine de sports avaient<br />

été commandés, l’alarme de la nouvelle section avait été reliée aux<br />

services de police, l’électricité était opérationnelle <strong>et</strong> les grilles du<br />

parking avaient été installées.<br />

Ces dix places fermées supplémentaires pouvaient-elles perm<strong>et</strong>tre<br />

la suppression du centre fermé d’Everberg comme centre d’accueil<br />

d’urgence des mineurs délinquants ?


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 161<br />

Pour répondre à c<strong>et</strong>te question, <strong>nous</strong> avons interpellé la Direction<br />

de l’IPPJ de Braine-le-Château afin d’être informé des mouvements<br />

de population journaliers au sein de la section D, <strong>et</strong> dans le même<br />

temps, la Direction pédagogique francophone du centre fermé<br />

d’Everberg pour analyser l’incidence de l’ouverture de la nouvelle<br />

section fermée sur le taux de population au centre fermé d’Everberg.<br />

Les données reçues répertorient le nombre d’entrées <strong>et</strong> de sorties<br />

de chaque institution du 9 avril (date d’entrée du premier jeune dans<br />

la nouvelle section de Braine-le-Château) au 18 juill<strong>et</strong> 2004.<br />

De ces données, il ressort qu’à l’ouverture de la section D de<br />

Braine-le-Château, le nombre d’entrées au centre fermé d’Everberg a<br />

diminué, <strong>et</strong> ce, jusqu’à ce que la section D soit presque remplie, soit<br />

le 29 avril 2004.<br />

Le 30 avril 2004, le nombre d’entrées au centre fermé d’Everberg<br />

a augmenté.<br />

Par ailleurs, le 8 mai 2004, <strong>nous</strong> constatons qu’une place s’est<br />

libérée dans la section D de Braine-le-Château, mais qu’un mineur<br />

intègre ce jour là le centre fermé d’Everberg. Le même scénario se<br />

reproduit le 12 mai 2004.<br />

Le 14 mai 2004, le centre fermé d’Everberg héberge 27 mineurs<br />

(alors que le quota du centre fermé d’Everberg est de 26) alors que la<br />

section D de Braine-le-Château dispose d’une place.<br />

Le 17 mai 2004, tant la section de Braine-le-Château que le centre<br />

fermé d’Everberg sont compl<strong>et</strong>s.<br />

Le 19 mai 2004, le centre fermé d’Everberg accueille 27 jeunes<br />

alors que la section D de Braine-le-Château dispose d’un lit.


162 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Du 19 mai au 10 juin 2004, le centre fermé d’Everberg <strong>et</strong> la section<br />

D de Braine-le-Château sont remplis.<br />

Le 11 juin 2004, <strong>nous</strong> constatons une diminution du nombre de<br />

pri<strong>ses</strong> en charge au sein de la section D, mais le centre fermé<br />

d’Everberg reste compl<strong>et</strong>.<br />

Le 15 juin 2004, le nombre de pri<strong>ses</strong> en charge au centre fermé<br />

d’Everberg diminue <strong>et</strong> elles augmentent au sein de la section D de<br />

Braine-le-Château.<br />

Le 18 juin 2004, un mineur de la section D de Braine-le-Château<br />

fugue du tribunal de la jeunesse, sa place est réservée au sein de la<br />

section pendant 7 jours.<br />

Le 11 juill<strong>et</strong> 2004, des problèmes de serrures surviennent au sein<br />

de la section D de Braine-le-Château. Toutes les admissions au sein<br />

de c<strong>et</strong>te section sont bloquées, mais <strong>nous</strong> ne constatons pas d’augmentation<br />

dans le nombre de pri<strong>ses</strong> en charge au centre fermé<br />

d’Everberg.<br />

D’après l’analyse succincte de ces chiffres, <strong>nous</strong> pouvons affirmer<br />

que la création de ces 10 nouvelles places fermées en Communauté<br />

française ne désengorge pas le centre fermé d’Everberg.<br />

Pour rappel, depuis le 1 er mars 2002, les institutions de placement<br />

en Communauté française sont passées de 49 places à 85 places<br />

fermées (places d’urgence dans les IPPJ compris) <strong>et</strong> rien n’est<br />

résolu… Jusqu’où les autorités fédérales <strong>et</strong> communautaires irontelles<br />

?<br />

Le 10 août 2004, <strong>nous</strong> avons demandé à la Direction de l’IPPJ de<br />

Braine-le-Château de <strong>nous</strong> fournir un bilan du fonctionnement de sa<br />

nouvelle section depuis son jour d’ouverture, soit le 9 avril 2004.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 163<br />

Ce bilan de fonctionnement reprend une analyse statistique de la<br />

population du 9 avril au 11 août 2004, des analy<strong>ses</strong> relatives à l’application<br />

du proj<strong>et</strong> pédagogique, à l’infrastructure <strong>et</strong> au personnel.<br />

En voici les principales conclusions :<br />

I. ANALYSE STATISTIQUE<br />

41 jeunes ont été pris en charge du 9 avril 2004 au 11 août 2004<br />

par la nouvelle section fermée de Braine-le-Château. L’âge moyen de<br />

ces jeunes à leur entrée au sein de la nouvelle section est de 16 ans <strong>et</strong><br />

4 mois.<br />

Nous constatons que la majorité des jeunes ont été placés dans<br />

c<strong>et</strong>te nouvelle section par des magistrats bruxellois (29,3 %).<br />

La majorité des motifs de placement dans c<strong>et</strong>te section est le vol<br />

avec violence ou tentative de vol avec violence (41,3 %).<br />

La majorité des mineurs placés dans c<strong>et</strong>te section sont de nationalité<br />

belge (82,9 %) <strong>et</strong> vivaient en famille avant d’intégrer la section D<br />

de l’IPPJ (48,8 %). Nous constatons par ailleurs que les mineurs qui<br />

sont placés au centre fermé d’Everberg proviennent dans 52 % des cas<br />

de leur famille.<br />

38 jeunes ont été placés pour une durée de 30 jours. 3 jeunes furent<br />

placés pour 15 jours dont un qui a fait l’obj<strong>et</strong> d’une mise en observation<br />

psychiatrique.<br />

Depuis l’ouverture de la section, huit mi<strong>ses</strong> en isolement ont été<br />

jugées nécessaires. Elles concernent cinq jeunes différents. Trois isolements<br />

ont été décidés pour le mineur qui a fait l’obj<strong>et</strong> d’une mise en<br />

observation psychiatrique.


164 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Par ailleurs, depuis le 9 avril 2004, il n’y a eu ni absence, ni<br />

évasion, ni fugue.<br />

II. LE PROJET PÉDAGOGIQUE DE LA SECTION D<br />

De manière générale, le proj<strong>et</strong> pédagogique de c<strong>et</strong>te section est<br />

bien respecté par les magistrats. Toutefois, le deuxième critère d’admission<br />

(mise en échec de l’action en régime éducatif ouvert ; en cas<br />

de crise aiguë, un travail de médiation peut être mis en place pour<br />

favoriser, par la suite, un r<strong>et</strong>our vers l’institution d’origine) devrait<br />

davantage être précisé dans la mesure où certains juges de la jeunesse<br />

ont parfois tendance à ne r<strong>et</strong>enir que la première partie de ce critère<br />

(« Mise en échec de l’action en régime éducatif ouvert »).<br />

En ce qui concerne la prise en charge des jeunes posant des problèmes<br />

récurrents en API, une discussion entre les deux services de<br />

l’IPPJ de Braine-le-Château a eu lieu le 18 juill<strong>et</strong> 2004.<br />

Selon la Direction de l’IPPJ de Braine-le-Château, les objectifs<br />

repris dans le proj<strong>et</strong> pédagogique ont été rencontrés. Toutefois, pour<br />

le soutien au régime éducatif ouvert, les demandes du privé sont rares<br />

alors que le proj<strong>et</strong> pédagogique a été adressé à toutes les institutions<br />

susceptibles d’être intéressées.<br />

Concernant les activités organisées au sein de la nouvelle section,<br />

les jeunes ont pu bénéficier des animations extérieures suivantes :<br />

modules « Jeunes<strong>ses</strong> musicales », concerts « Jeunes<strong>ses</strong> musicales »,<br />

atelier cinéma en collaboration avec la Direction générale de l’aide à<br />

la jeunesse <strong>et</strong> le Service général de l’audiovisuel <strong>et</strong> des multimédias.<br />

III. INFRASTRUCTURE<br />

Selon la Direction de l’IPPJ, il existe encore quelques problèmes<br />

d’infrastructure.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 165<br />

En eff<strong>et</strong>, le local de surveillance nécessiterait un système de conditionnement<br />

d’air en raison de la chaleur qui y règne. L’extinction<br />

automatique des friteu<strong>ses</strong> en cas d’incendie n’est pas en service. Il n’y<br />

a toujours pas de possibilité pour l’équipe éducative de se rendre en<br />

isolement sans l’intervention d’un surveillant. Les bureaux supplémentaires<br />

promis dans l’aile C (transformation des cellules inutilisées)<br />

ne sont toujours pas opérationnels.<br />

Enfin, le 10 juill<strong>et</strong> 2004, à l’occasion de la mise en isolement d’un<br />

jeune, un vice de construction a été constaté aux serrures qui étaient<br />

fixées avec des vis trop légères, entraînant le blocage des admissions<br />

jusqu’au 17 juill<strong>et</strong> 2004.<br />

IV. LE PERSONNEL<br />

L’équipe est composée de deux éducateurs ayant environ 10 ans<br />

d’ancienn<strong>et</strong>é <strong>et</strong> d’un de moins de 4 ans en IPPJ. Le reste de l’équipe<br />

est formé de jeunes éducateurs <strong>et</strong> éducatrices.<br />

L’équipe est composée de 11 éducateurs <strong>et</strong> 6 éducatrices.<br />

De l’avis général de l’équipe de la section D, l’accueil au sein de<br />

l’institution n’a pas été perçu positivement surtout à l’égard des éducatrices<br />

qui ont, pour certaines, fait l’obj<strong>et</strong> de critiques ouvertes sur<br />

leurs capacités à intervenir en cas d’incident.<br />

L’équipe a bénéficié d’un programme de formation comprenant<br />

des notions juridiques, le cadre administratif, la gestion des groupes<br />

d’adolescents difficiles, le travail en équipe, la législation sur les isolements,<br />

le profil de fonction, les techniques d’observation, la psychologie<br />

de l’enfant <strong>et</strong> de l’adolescent…<br />

Depuis septembre 2004, l’équipe éducative bénéficie d’une<br />

supervision.


166 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

L’équipe PMS se compose d’un psychologue à temps plein, d’un<br />

assistant social à temps plein <strong>et</strong> d’un médecin psychiatre à temps<br />

partiel. Par ailleurs, le médecin généraliste <strong>et</strong> l’infirmière de l’IPPJ<br />

voient leur travail considérablement augmenter depuis l’ouverture de<br />

c<strong>et</strong>te nouvelle aile.<br />

L’équipe de surveillance s’est vue renforcée de 13 agents. Les surveillants<br />

ont suivi une formation théorique assurée par la Direction de<br />

l’IPPJ (proj<strong>et</strong> pédagogique, règlements, organigramme, isolements,<br />

profil de fonction, déontologie). Par ailleurs, une journée a été consacrée<br />

à la notion de « travail en équipe » <strong>et</strong> une information sur le SISU<br />

a été donnée par une responsable de la Croix Rouge.<br />

L’intégration des nouveaux agents éducatifs n’est pas encore<br />

idéale. Pour la direction, c<strong>et</strong>te question mérite donc la plus grande<br />

attention.<br />

En ce qui concerne les autres agents recrutés pour l’ouverture de<br />

la section D (surveillants, cuisiniers, employés administratifs, personnel<br />

d’intendance), ils sont intégrés dans les équipes existantes.<br />

Il n’en demeure pas moins que l’importance du personnel (145<br />

personnes) demande à la direction une vigilance permanente de<br />

manière à ce que les conflits interpersonnels (inévitables en raison du<br />

nombre important des relations humaines dans un environnement professionnel<br />

difficile) soient gérés rapidement <strong>et</strong> ne s’enveniment pas.<br />

Ne pourrait-on pas imaginer qu’un médiateur ait sa place au sein<br />

de l’institution de Braine-le-Château ?<br />

En conclusion, c<strong>et</strong>te nouvelle section fonctionne de manière optimale,<br />

eu égard notamment au fait qu’une nouvelle équipe ait été mise<br />

en place, composée essentiellement de jeunes éducateurs motivés<br />

pour le travail qu’ils y doivent accomplir. Des difficultés sont suscep-


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 167<br />

tibles de surgir à l’avenir en raison des désillusions de certains<br />

membres du personnel éducatif. Il n’est en eff<strong>et</strong> pas simple de travailler<br />

dans une structure avec des jeunes ayant ce type de difficultés<br />

<strong>et</strong> un manque de repères se traduisant souvent par de la violence.<br />

Par ailleurs, <strong>nous</strong> constatons que la création de c<strong>et</strong>te nouvelle<br />

section fermée en Communauté française ne perm<strong>et</strong>trait pas la suppression<br />

du centre fermé d’Everberg. Toutefois, selon la Directrice de<br />

l’IPPJ de Braine-le-Château, « le nombre de places d’accueil dans les<br />

institutions publiques fermées ne doit plus être accru. »<br />

Visite du Centre fermé d’Everberg le 13 février 2004<br />

Le 13 février 2004, le Délégué général a visité le centre fermé<br />

d’Everberg afin d’y évaluer la situation en matière de respect des<br />

<strong>droits</strong> <strong>et</strong> des intérêts des jeunes.<br />

I. Les unités de vie en activités<br />

Le 13 février 2004, la section francophone du centre fermé<br />

d’Everberg hébergeait 24 mineurs francophones <strong>et</strong> 2 mineurs germanophones.<br />

A. LE PAVILLON «O»<br />

L’unité de vie qui existait à l’origine (9 places + 1 cellule d’isolement),<br />

le pavillon « O », a été complétée par un atelier. Un endroit a<br />

été réservé pour y faire un potager. Un poulailler a été construit.<br />

Une cabine téléphonique pour les jeunes a été installée dans l’entrée<br />

du pavillon. C<strong>et</strong>te cabine téléphonique perm<strong>et</strong> aux éducateurs<br />

d’encoder les numéros de téléphone de personnes que les jeunes


168 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

peuvent contacter. C<strong>et</strong>te installation perm<strong>et</strong> aux jeunes de converser<br />

en privé avec leurs interlocuteurs.<br />

Nous avons pu constater que les recommandations relatives à la<br />

sécurité proposées par le Délégué général avaient été suivies d’eff<strong>et</strong>s.<br />

En eff<strong>et</strong>, au niveau de la sécurité des chambres, des arrêts ont été<br />

placés aux fenêtres pour empêcher leur démontage ; les radiateurs ont<br />

été fixés au mur ; les lits, chai<strong>ses</strong> <strong>et</strong> tables ont été fixés au sol ; les<br />

globes en verre des chambres ont été remplacés.<br />

Par ailleurs, le Délégué général avait constaté qu’il était possible<br />

de bloquer la porte blindée des chambres avec une chaise placée entre<br />

la porte <strong>et</strong> le W.C. en inox, situation préoccupante en cas d’incendie<br />

ou de tentative de suicide. Nous avons constaté que deux croch<strong>et</strong>s<br />

avaient été installés afin de perm<strong>et</strong>tre d’enlever une chaise en passant<br />

par le « judas ».<br />

Enfin, un ouvre-porte à pression a été conçu pour l’ouverture des<br />

portes.<br />

B. LE PAVILLON CENTRAL<br />

Il se compose de quatre unités de vie de dix places chacune : deux<br />

unités au rez-de-chaussée, deux unités au 1 er étage (+ 2 isolements par<br />

étage).<br />

Ces quatre unités sont isolées les unes des autres <strong>et</strong> séparées<br />

chacune par une grille en fer rejoignant le couloir commun qui donne<br />

vers la plaine des sports.<br />

Les deux unités du rez-de-chaussée <strong>et</strong> les deux unités du 1 er étage<br />

sont séparées par un local de surveillance réservé aux gardiens <strong>et</strong><br />

munis d’appareils de sécurité <strong>et</strong> d’observation : caméras, écrans…


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 169<br />

Le bâtiment central donne sur une vaste cour au milieu de laquelle<br />

ont été préservés quelques arbres plus que centenaires.<br />

Différents matériels sportifs sont installés sur c<strong>et</strong>te cour : bask<strong>et</strong>,<br />

mini-foot…<br />

Toutefois, il appert qu’en raison de difficultés financières, le revêtement<br />

de sol n’est pas terminé. En conséquence, le sol est très glissant,<br />

ce qui empêche les jeunes de s’adonner aux activités sportives<br />

lorsque le sol est mouillé. Ce désagrément a entraîné 7 accidents de<br />

travail pour des membres du personnel <strong>et</strong> quelques accidents sans<br />

gravité pour des jeunes.<br />

Le 12 août 2004, la Direction pédagogique du centre fermé<br />

d’Everberg <strong>nous</strong> informait que les travaux de sécurisation du terrain<br />

de sport n’avaient toujours pas été effectués. Néanmoins, la<br />

Direction a décidé de tracer malgré tout le terrain, quitte à devoir<br />

recommencer ce travail dans quelque temps, pour perm<strong>et</strong>tre aux<br />

jeunes des activités sportives variées. Ainsi les terrains sont actuellement<br />

en cours de traçage <strong>et</strong> devraient être prochainement terminés si<br />

les conditions climatiques le perm<strong>et</strong>tent. Il est à noter que certains<br />

goals ont déjà été fixés.<br />

Une p<strong>et</strong>ite salle de musculation est en cours d’aménagement au 1 er<br />

étage afin de perm<strong>et</strong>tre aux jeunes de se dépenser à l’intérieur, par<br />

temps de pluie.<br />

II. Les bâtiments administratifs<br />

Les bureaux administratifs ont été établis dans des containers en<br />

face du bâtiment central. Ces containers sont scindés en locaux<br />

estimés insuffisants en nombre, en volume <strong>et</strong> en espace.


170 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

III. L’accord de coopération entre l’état fédéral, la communauté<br />

germanophone, la communauté française <strong>et</strong> la communauté<br />

flamande relatif au centre fermé pour le placement provisoire<br />

de mineurs ayant commis un fait qualifié infraction<br />

C<strong>et</strong> accord de coopération a été conclu pour une durée de 3 ans<br />

(jusqu’au 28 février 2005). Les membres du personnel de la<br />

Communauté française ont donc un contrat à durée déterminée jusqu’au<br />

28 février 2005.<br />

La commission d’évaluation a été créée. Elle devra rem<strong>et</strong>tre son<br />

évaluation au mois de mars 2004.<br />

Si l’accord de coopération est dénoncé le 31 août 2004, l’accord de<br />

coopération ne sera pas prolongé.<br />

IV. Le personnel<br />

Actuellement, 42 agents sont engagés par la Communauté française<br />

: 3 formateurs, 3 chefs de section, 23 éducateurs, 3 psychologues,<br />

2 assistants sociaux, 1 psychiatre, 2 assistants administratifs,<br />

1 directeur adjoint, 1 directeur pédagogique…<br />

V. Le respect des convictions philosophiques <strong>et</strong> religieu<strong>ses</strong><br />

Un imam, désigné par l’exécutif, se rend au centre fermé<br />

d’Everberg le vendredi à 16 h 45 pour y pratiquer le culte (prière).<br />

Il applique également un régime individuel tous les jours (de<br />

13 h 30 à 15 h 45) <strong>et</strong> tous les soirs (19 h 30 à 21 h 00).<br />

Un aumônier catholique <strong>et</strong> un conseiller laïque ont été désignés<br />

mais ne sont pas encore entrés en service au sein de l’institution.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 171<br />

VI. La problématique des mineurs germanophones au sein du<br />

centre<br />

Le 13 février 2004, 2 mineurs germanophones, qui ne s’exprimaient<br />

qu’en allemand, étaient placés au sein du centre. Des difficultés<br />

se sont posées étant donné qu’ils ont été pris en charge par<br />

l’équipe éducative de la Communauté française, dont les membres ne<br />

pratiquent pas c<strong>et</strong>te langue.<br />

Une réunion a dès lors été organisée à Eupen dans le courant du<br />

mois de février 2004 en vue de renforcer la collaboration entre la<br />

Communauté française <strong>et</strong> la Communauté germanophone. Lors de<br />

celle-ci, il a été décidé qu’une mall<strong>et</strong>te pédagogique en langue allemande<br />

serait mise à la disposition du personnel d’Everberg <strong>et</strong> que la<br />

possibilité de détacher un éducateur à temps plein serait envisagée par<br />

l’Administration de la Communauté germanophone.<br />

La Communauté germanophone a fourni du matériel didactique<br />

pour ces jeunes.<br />

VII. La problématique de certaines autres mineurs au sein du<br />

centre<br />

Différentes catégories de délinquants sont placés eu centre fermé<br />

d’Everberg alors qu’ils n’y ont pas leur place : des toxicomanes, des<br />

cas psychiatriques ainsi que des mineurs étrangers non accompagnés<br />

ayant commis des faits infractionnels de subsistance.<br />

VIII. Recommandations<br />

• Il est urgent que la plaine de sports soit aménagée <strong>et</strong> que le revêtement<br />

de sol soit sécurisé, tant pour les jeunes qui séjournent à<br />

Everberg que pour les membres du personnel.


172 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

• Il est recommandé que les mineurs germanophones qui séjournent<br />

au centre fermé d’Everberg disposent d’un accompagnement<br />

éducatif respectant leur spécificité linguistique.<br />

La surpopulation au centre fermé d’Everberg : la gestion des<br />

places d’urgence<br />

Dans notre précédent rapport d’activité, <strong>nous</strong> avions mis en<br />

exergue la problématique de la surpopulation au sein du centre fermé<br />

d’Everberg.<br />

Il semble que depuis septembre 2004 la situation se soit stabilisée<br />

à 26 mineurs francophones.<br />

Toutefois, les places d’urgence représentent une grande difficulté<br />

pour le centre fermé d’Everberg.<br />

En eff<strong>et</strong>, les places d’urgence ont été créées par le Ministre de la<br />

Justice de la législature précédente. En février 2003, celui-ci a décidé<br />

que les places d’urgence au sein du centre fermé d’Everberg étaient<br />

strictement limitées aux mineurs poursuivis pour des faits de meurtre,<br />

tentative de meurtre ou viol sur mineur.<br />

Lorsque la nouvelle Ministre de la Justice a pris <strong>ses</strong> fonctions, la<br />

question lui fut posée de savoir si la décision de son prédécesseur<br />

restait d’application. La Ministre de la Justice a répondu par l’affirmative.<br />

C<strong>et</strong>te question fait l’obj<strong>et</strong> de la « note de service n° 18 » qui<br />

stipule que « la capacité du centre est la suivante : 24 places pour la<br />

Communauté néérlandophone <strong>et</strong> 26 places pour la Communauté française<br />

<strong>et</strong> la Communauté germanophone. Le centre peut donc accepter<br />

26 jeunes francophones. Deux des 26 places peuvent être pri<strong>ses</strong> par un<br />

juge germanophone. A partir de 26 jeunes, le centre peut refuser d’accueillir<br />

un jeune. Si le centre refuse une demande émanant d’un juge


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 173<br />

germanophone, ce dernier aura la priorité sur les autres demandes dès<br />

la première place disponible. Le placement de mineurs en surcapacité<br />

(pour meurtre, homicide <strong>et</strong> viol sur mineur) reste une possibilité (…)».<br />

La Direction pédagogique francophone conteste c<strong>et</strong>te note de<br />

service. Elle rappelle que l’accord de coopération entre l’État fédéral,<br />

la Communauté germanophone, la Communauté française <strong>et</strong> la<br />

Communauté flamande relatif au centre fermé pour le placement provisoire<br />

de mineurs ayant commis un fait qualifié infraction datant du<br />

30 avril 2002, prévoit 24 places francophones <strong>et</strong> 2 places germanophones.<br />

Dès lors toute surcapacité viole c<strong>et</strong> accord de coopération.<br />

La Direction pédagogique francophone estime dès lors que si un<br />

mineur francophone est placé en surcapacité, la Communauté française<br />

n’a pas à le prendre en charge étant donné que c<strong>et</strong>te pratique est<br />

contraire à l’accord de coopération du 30 avril 2002.<br />

Par ailleurs, il est important de constater que le nombre de places<br />

d’urgence n’est pas limité <strong>et</strong> que l’hypothèse de l’admission en surcapacité<br />

de six jeunes arrivant pour tentative de meurtre pourrait totalement<br />

être envisagée.<br />

Toutefois, si des jeunes francophones ne sont pas encadrés par la<br />

Communauté française, ils peuvent néanmoins bénéficier du matériel<br />

pédagogique, tels que des romans, des bandes dessinées <strong>et</strong> peuvent, en<br />

cas de nécessité, rencontrer le psychologue ou le psychiatre. A l’heure<br />

actuelle, les surcapacités ont une durée extrêmement courte. Ainsi,<br />

depuis le mois de janvier 2004, 4 jeunes ont été placés au centre fermé<br />

en surcapacité.<br />

Conscient du fait que c<strong>et</strong>te situation est préjudiciable aux jeunes,<br />

ce point a été mis à l’ordre du jour de la commission d’évaluation du<br />

centre fermé d’Everberg.


174 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Les pratiques de mi<strong>ses</strong> en cellules d’isolement <strong>et</strong> des mi<strong>ses</strong><br />

en chambre de mineurs placés au centre fermé d’Everberg<br />

L’accord de coopération du 30 avril 2002 entre l’État fédéral, la<br />

Communauté germanophone, la Communauté française <strong>et</strong> la<br />

Communauté flamande relatif au centre fermé pour le placement provisoire<br />

de mineurs ayant commis un fait qualifié infraction prévoit, en<br />

son article 30, que le règlement d’ordre intérieur du centre d’Everberg<br />

est approuvé par les Ministres compétents. Le point 3 concerne le placement<br />

de jeunes dans un espace d’isolement.<br />

En eff<strong>et</strong>, l’article 18 du règlement d’ordre intérieur du centre fermé<br />

d’Everberg prévoit que « la mesure d’isolement dans l’espace prévu à<br />

c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> est une mesure d’exception. On ne peut y avoir recours que<br />

dans les situations suivantes : lorsque l’on m<strong>et</strong> en danger sa propre<br />

intégrité physique, celle des autres jeunes, des visiteurs ou d’un<br />

membre du personnel du centre, en cas de fuite ou lors d’une tentative<br />

de fuite <strong>et</strong> en cas de trafic de drogue dans le bloc ».<br />

De plus, l’article 17, § 2 du règlement d’ordre intérieur stipule que<br />

« dans le respect des dispositions prévues par l’article 16, § 2, des<br />

sanctions peuvent être imposées par le Directeur fédéral ou son<br />

délégué, pour autant qu’il y ait un lien entre le comportement du jeune<br />

<strong>et</strong> la mission à remplir par l’autorité fédérale dans le centre, <strong>et</strong> pour<br />

autant que le jeune ait un comportement négatif à l’égard du personnel<br />

de l’autorité fédérale »<br />

L’article 17, § 3 dispose que « toutes les sanctions qui ont pour<br />

conséquence pour le jeune un éloignement du groupe de vie <strong>et</strong> dont la<br />

durée dépasse le temps de l’activité en cours font l’obj<strong>et</strong> d’une<br />

concertation entre l’autorité fédérale <strong>et</strong> la communauté concernée <strong>et</strong><br />

cela, au plus tard dans les deux jours ».<br />

Il s’agit donc d’une concertation durant laquelle la Communauté<br />

française n’a pas de possibilité de v<strong>et</strong>o.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 175<br />

D’après les investigations menées auprès de la Direction pédagogique<br />

du centre fermé, il existe un registre d’isolement comme prévu<br />

à l’article 17, § 4 du règlement d’ordre intérieur.<br />

En ce qui concerne les mi<strong>ses</strong> en chambres, il a été décidé, en<br />

Comité de Direction, que celles-ci soient soumi<strong>ses</strong> au même cadre<br />

que les isolements. Elles doivent immédiatement faire l’obj<strong>et</strong> d’une<br />

concertation entre les Directions <strong>et</strong> le magistrat de la jeunesse doit être<br />

immédiatement prévenu. Toutefois, ni la loi, ni l’accord de coopération,<br />

ni le règlement d’ordre intérieur ne mentionnent le fait qu’un<br />

registre des mi<strong>ses</strong> en chambre doive être tenu.<br />

La Direction pédagogique indique par ailleurs que « les mi<strong>ses</strong> en<br />

chambre au centre d’Everberg sont excessivement rares ». Toutefois,<br />

le Délégué général a été interpellé à deux repri<strong>ses</strong> entre septembre <strong>et</strong><br />

décembre 2003, par deux mineurs qui avaient fait l’obj<strong>et</strong> d’une mise<br />

en chambre.<br />

Le 8 janvier 2004, le Délégué général interpella une nouvelle fois<br />

la Direction pédagogique du centre d’Everberg pour connaître les procédures<br />

prévoyant des garanties pour les jeunes de ne pas faire l’obj<strong>et</strong><br />

de pratique de mi<strong>ses</strong> en chambre de manière abusive.<br />

La Direction pédagogique du centre d’Everberg indiqua, le<br />

5 février 2004, à c<strong>et</strong> égard, que « les modalités prévues en ce qui<br />

concerne les mi<strong>ses</strong> en chambre émanent de la Communauté française,<br />

le magistrat est prévenu dans les meilleurs délais par le biais d’un<br />

rapport expliquant la situation ».<br />

Enfin, la Direction pédagogique a proposé qu’il soit mis en place<br />

une cellule qui puisse vérifier a posteriori les sanctions appliquées par<br />

les différentes Directions au sein du centre d’Everberg. Le 12 août<br />

2004, c<strong>et</strong>te cellule n’a toujours pas été mise en place.


176 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Un dossier relatif aux pratiques de mi<strong>ses</strong> en cellules d’isolement<br />

au sein du centre fermé d’Everberg mérite que l’on s’y attarde.<br />

Le Délégué général a été interpellé par un agent pénitentiaire du<br />

centre fermé d’Everberg au suj<strong>et</strong> de la pratique de mise en cellule<br />

d’isolement pour des mineurs qui ne pouvaient plus intégrer leur<br />

chambre au sein de leur section.<br />

En eff<strong>et</strong>, d’après les informations du Délégué général, certains<br />

mineurs seraient placés dans une cellule d’isolement en raison de certaines<br />

dégradations matérielles intervenues dans leur chambre. Ces<br />

pratiques se dérouleraient régulièrement.<br />

Ainsi, un mineur aurait dû rester en cellule d’isolement pendant 10<br />

jours, tout en bénéficiant d’un accompagnement éducatif, car sa<br />

chambre avait été dégradée.<br />

Le Délégué général a dès lors interpellé la Direction pédagogique<br />

du centre fermé d’Everberg.<br />

Celle-ci indiqua qu’au sein du pavillon O, la cellule d’isolement<br />

pouvait, en cas d’absolue nécessité, se muer en chambre. Mais des<br />

meubles devaient alors y être disposés. Il manque cependant la<br />

douche ainsi que la possibilité d’allumer la lumière de l’intérieur.<br />

Le 17 décembre 2003, il y avait quatre chambres inoccupables<br />

dans le centre. Parmi celles-ci, trois rencontraient un problème avec<br />

les sanitaires où la pompe était défectueuse. Les pièces avaient été<br />

commandées <strong>et</strong> la Direction attendait leur livraison.<br />

Concernant la périodicité de ces pratiques, il s’agissait du<br />

deuxième cas <strong>et</strong> le premier cas n’était resté en cellule d’isolement que<br />

deux jours.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 177<br />

Justice<br />

Le fonctionnement de la Justice : délais pour les études sociales<br />

<strong>et</strong> experti<strong>ses</strong><br />

De nombreu<strong>ses</strong> personnes estiment que le délai pour commencer<br />

les études sociales ou experti<strong>ses</strong> psychologiques demandées par les<br />

tribunaux est beaucoup trop long (plusieurs semaines ou mois).<br />

Certaines plaintes concernent également le délai pour la remise de<br />

l’expertise (un an voire plus). D’autres ont trait aux modalités de<br />

celle-ci (les parents ne sont pas toujours entendus ou l’enfant n’est vu<br />

qu’une ou deux fois).<br />

Le fonctionnement des services « Espaces-Rencontres » :<br />

application de décisions de Justice<br />

La question relative à l’exercice d’un droit aux relations personnelles<br />

au sein d’un « Espaces-Rencontres » a déjà été abordée dans les<br />

rapports annuels précédents.<br />

En eff<strong>et</strong>, le Délégué général a été saisi à plusieurs repri<strong>ses</strong> au suj<strong>et</strong><br />

des difficultés vécues soit par l’enfant, soit par les parents, lorsqu’une<br />

décision judiciaire imposait des contacts par l’intermédiaire d’un<br />

service « Espaces-rencontres » : rencontres forcées, avec utilisation de<br />

la contrainte physique si nécessaire ; menaces de condamnation <strong>et</strong><br />

agressions verbales ; obligation pour l’enfant de parler <strong>et</strong> jouer avec le<br />

parent en visite ; ferm<strong>et</strong>ure à clé du local de visite ; encadrement insuffisant<br />

; manque d’informations quant au déroulement des visites <strong>et</strong><br />

absence de réunions de bilan régulières.<br />

Plus récemment, le Délégué général a été saisi de diver<strong>ses</strong> situations<br />

où des services « Espaces-Rencontres » sont désignés par les tribunaux<br />

avec pour mission de rétablir des contacts parents-enfants


178 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

sans précisions de durée, de modalités d’évolution de ces rencontres…<br />

<strong>et</strong> sans qu’une audience ultérieure d’évaluation de la situation<br />

ne soit prévue par les autorités judiciaires.<br />

Dans ces situations, c’est le service « Espaces-Rencontres » qui<br />

détermine quand le nombre d’heures de visite augmente, quand on<br />

passe de visites encadrées à des sorties, <strong>et</strong> quand on passe des sorties<br />

à des week-ends… sans qu’aucun recours ne soit ouvert au parent disposant<br />

de la garde de l’enfant. Il faut également remarquer qu’il arrive<br />

que les services « Espaces-rencontres » ne tiennent pas compte des<br />

avis des thérapeutes qui suivent les enfants.<br />

Une des difficultés provenait de ce qu’il n’y avait plus de pouvoirs<br />

subsidiants clairement identifiés <strong>et</strong> donc plus de pouvoirs de contrôle.<br />

Chaque « Espaces-Rencontres » établit son propre règlement <strong>et</strong> l’applique<br />

de façon autonome. Il n’existe pas de règlement général applicable<br />

à l’ensemble de ces services.<br />

La Région wallonne a voté le 27 mai 2004 un décr<strong>et</strong> relatif à<br />

l’agrément <strong>et</strong> au subventionnement des services « Espaces-<br />

Rencontres ».<br />

Ce décr<strong>et</strong> précise que les « Espaces-rencontres » sont des services<br />

qui s’adressent aux familles en situation de rupture, de divorce ou de<br />

séparation.<br />

Les missions des « Espaces-Rencontres » telles que définies par le<br />

décr<strong>et</strong> sont :<br />

• de perm<strong>et</strong>tre au parent avec lequel l’enfant ne vit pas, un exercice<br />

normal de son droit aux relations personnelles lorsque ce droit a<br />

été interrompu ou lorsqu’il se déroule difficilement ou de<br />

manière conflictuelle.<br />

• de contribuer à créer ou à restaurer la relation entre l’enfant <strong>et</strong> le<br />

parent avec lequel il ne vit pas


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 179<br />

Ce décr<strong>et</strong> détermine en outre l’agrément de ces « Espaces-<br />

Rencontres », leur fonctionnement, leur contrôle, <strong>et</strong> crée une commission<br />

consultative wallonne des services « Espaces-Rencontres ».<br />

Le décr<strong>et</strong> n’est pas encore entré en application. Gageons toutefois<br />

que le nouveau cadre législatif <strong>et</strong> réglementaire mis en place pourra<br />

rencontrer les difficultés de fonctionnement développées ci-dessus.<br />

L’adoption internationale <strong>et</strong> la Kafalah<br />

Depuis plusieurs années, le Délégué général est très régulièrement<br />

interpellé concernant des adoptions fondées sur une kafalah. De<br />

manière très succincte, la kafalah est une institution d’inspiration religieuse<br />

par laquelle une personne, une famille s’engage à entr<strong>et</strong>enir un<br />

enfant, à l’éduquer. C<strong>et</strong>te institution est reconnue par la Convention<br />

internationale relative aux <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> est interprétée comme<br />

une mesure alternative de protection particulière pour un enfant temporairement<br />

ou définitivement privé de sa famille.<br />

La matière de l’adoption relève quant à elle de la filiation <strong>et</strong> les<br />

règles de la filiation font référence à notre généalogie, à notre identité,<br />

à la transmission des biens. Les règles de la filiation perm<strong>et</strong>tent par<br />

ailleurs de <strong>nous</strong> différencier <strong>et</strong> de construire notre identité en faisant<br />

référence à notre passé. La référence à l’histoire d’un individu<br />

constitue bien évidemment une protection fondamentale.<br />

Il suffit de penser aux enfants du tiers-monde qui ne sont pas enregistrés<br />

<strong>et</strong> dont aucune administration ne contient des traces de la naissance<br />

pour se rendre compte que ces enfants sont exposés à tous les<br />

dangers, à la prostitution, à la maltraitance, au commerce d’organes,<br />

au trafic d’enfants. Les règles de filiation servent donc non seulement<br />

à favoriser la différenciation des individus mais aussi à les protéger.<br />

En matière de droit international privé, elles sont régies par le statut


180 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

personnel, c’est-à-dire par l’État du lieu où l’enfant est né. Les règles<br />

de la filiation correspondent donc aussi à un engagement anthropologique<br />

dont le but est de respecter l’identité, la culture de l’enfant<br />

confié à l’adoption. Respecter sa culture, c’est évidemment respecter<br />

les règles juridiques de son pays instituant la filiation. Il n’appartient<br />

pas à un État de s’ingérer dans un ordre juridique étranger en disqualifiant<br />

<strong>ses</strong> institutions.<br />

En matière d’adoption internationale, la Convention de La Haye<br />

du 29 mai 1993 sur la protection des enfants <strong>et</strong> la coopération en<br />

matière d’adoption internationale a été ratifiée par l’État belge.<br />

C<strong>et</strong>te Convention a été adoptée dans le but de lutter notamment<br />

contre des pratiques de vol <strong>et</strong> de trafic d’enfants.<br />

Conformément à l’article 1er, c<strong>et</strong>te Convention a pour obj<strong>et</strong> :<br />

a) d’établir des garanties pour que les adoptions internationales aient<br />

lieu dans l’intérêt supérieur de l’enfant <strong>et</strong> dans le respect des<br />

<strong>droits</strong> fondamentaux qui lui sont reconnus en droit international;<br />

b) d’instaurer un système de coopération entre les États contractants<br />

pour assurer le respect de ces garanties <strong>et</strong> prévenir ainsi<br />

l’enlèvement, la traite d’enfants ;<br />

C<strong>et</strong>te Convention prévoit des obligations tant dans le chef de l’État<br />

de l’enfant que dans le chef de l’État qui accueillera l’enfant.<br />

De manière succincte, les autorités de l’État d’origine dont est issu<br />

l’enfant sont chargées de vérifier l’adoptabilité de l’enfant <strong>et</strong> la validité<br />

des consentements à l’adoption <strong>et</strong> d’examiner s’il n’existe pas<br />

d’autres possibilités de placement de l’enfant dans son État d’origine,<br />

si l’adoption est conforme à l’intérêt supérieur de l’enfant…


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 181<br />

Conformément à l’article 5 de la Convention précitée, les autorités<br />

compétentes de l’État d’accueil, État des candidats adoptants, devront<br />

vérifier si les futurs parents adoptifs sont qualifiés <strong>et</strong> aptes à adopter,<br />

si les futurs parents ont été entourés de conseils nécessaires <strong>et</strong> ont<br />

constaté que l’enfant est ou sera autorisé à entrer <strong>et</strong> à séjourner de<br />

façon permanente.<br />

En Belgique, conformément à la Convention de La Haye du<br />

29 mai 1993 sur la protection des enfants <strong>et</strong> la coopération en matière<br />

d’adoption internationale, le législateur national a élaboré une nouvelle<br />

loi relative à l’adoption, votée le 4 avril 2003 <strong>et</strong> publiée au<br />

Moniteur belge le 6 mai 2003. La Communauté française a voté un<br />

décr<strong>et</strong> relatif à l’adoption le 31 mars 2004 <strong>et</strong> publié au Moniteur belge<br />

le 13 mai 2004. L’entrée en vigueur de ces législations nécessite l’élaboration<br />

de réglementations de détails <strong>et</strong> d’aménagements, par l’application<br />

d’arrêtés. Il incombe donc aux différents gouvernements de<br />

procéder à la rédaction d’arrêtés qui perm<strong>et</strong>tront l’entrée en vigueur<br />

de ces deux législations.<br />

L’article 20 de la Convention internationale relative aux <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant est libellée comme suit :<br />

1. Tout enfant qui est temporairement ou définitivement privé de<br />

son milieu familial, ou qui dans son propre intérêt ne peut être<br />

laissé dans ce milieu, a droit à une protection <strong>et</strong> une aide spécialisées<br />

de l’État.<br />

2. Les États parties prévoient pour c<strong>et</strong> enfant une protection de<br />

remplacement conforme à leur législation nationale.<br />

3. C<strong>et</strong>te protection de remplacement peut notamment avoir la<br />

forme du placement dans une famille, de la kafalah de droit islamique,<br />

de l’adoption ou, en cas de nécessité, du placement dans<br />

un établissement pour enfants approprié. Dans le choix entre ces<br />

solutions, il est dûment tenu compte de la nécessité d’une cer-


182 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

taine continuité dans l’éducation de l’enfant, ainsi que de son origine<br />

<strong>et</strong>hnique, religieuse, culturelle <strong>et</strong> linguistique.<br />

Le Délégué général est régulièrement confronté à l’application de<br />

la kafalah. De nombreu<strong>ses</strong> personnes se rendent au Maroc, proposent<br />

de prendre en charge un enfant placé dans un orphelinat <strong>et</strong> sollicitent<br />

une kafalah pour c<strong>et</strong> enfant. Ils reviennent ensuite en Belgique, avec<br />

ou sans l’enfant, <strong>et</strong> introduisent ensuite une procédure d’adoption.<br />

Certains juges requalifient c<strong>et</strong>te institution en adoption plénière 3 .<br />

La kafalah se différencie pourtant de l’adoption <strong>et</strong> l’article 20 présente<br />

la kafalah comme une protection spécifique pour l’enfant privé<br />

de son milieu familial <strong>et</strong> donc une alternative au placement dans un<br />

service d’hébergement. Il semble dès lors très problématique de<br />

requalifier c<strong>et</strong>te institution en adoption :<br />

- Il s’agit tout d’abord d’une démarche peu respectueuse des <strong>droits</strong><br />

internes de pays tiers ;<br />

- La kafalah est une institution qui maintient le lien de filiation <strong>et</strong><br />

le fait de requalifier c<strong>et</strong>te institution en adoption n’est pas respectueux<br />

des identités culturelles, de la prise en compte de la<br />

nécessité d’une certaine continuité dans l’éducation de l’enfant,<br />

ainsi que de son origine <strong>et</strong>hnique, religieuse, culturelle <strong>et</strong> linguistique<br />

(article 20 de la Convention internationale). Lorsqu’on<br />

sait l’importance des questions identitaires sur l’évolution d’un<br />

enfant, le fait de disqualifier c<strong>et</strong>te institution en adoption pose<br />

question.<br />

- Le fait d’autoriser une adoption sur base d’une kafalah, c’est<br />

accepter éventuellement les risques <strong>et</strong> dérives d’abus dénoncés<br />

par la Convention de La Haye : c’est soustraire les parents à<br />

toute démarche d’accompagnement organisé par un organisme<br />

d’adoption <strong>et</strong> c’est accepter le risque de parents inaptes, de<br />

parents pervers (maltraitance, pédophiles). C’est autoriser aux


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 183<br />

parents de choisir un enfant <strong>et</strong> c’est accepter le risque d’un<br />

commerce d’enfants…<br />

- La kafalah est en principe une institution religieuse, d’inspiration<br />

islamique <strong>et</strong> réservée exclusivement aux musulmans. Dans un<br />

État laïc <strong>et</strong> démocratique, les contrats religieux ne produisent pas<br />

des eff<strong>et</strong>s civils. Ainsi, le mariage civil précède le mariage religieux.<br />

Le principe de la séparation de l’État <strong>et</strong> de la religion<br />

constitue une valeur fondamentale de la démocratie. La Kafalah<br />

devrait en principe être soumise à l’examen préalable des juridictions<br />

des pays d’accueil.<br />

En conclusion, compte tenu de l’absence d’institution équivalente<br />

en droit belge, de nombreu<strong>ses</strong> personnes sont amenées à solliciter des<br />

actes d’adoption <strong>et</strong> ensuite à déposer une requête en homologation<br />

d’adoption. Certains juges acceptent d’homologuer ces actes en adoption<br />

plénière.<br />

Le Délégué général s’interroge s’il n’est pas contraire à la<br />

Convention internationale relative aux <strong>droits</strong> de l’enfant de confondre<br />

les deux institutions. Dans certains cas, la référence à la kafalah peut<br />

être une forme détournée de procéder à une adoption internationale<br />

sans cependant respecter les règles de la Convention de La Haye. Il<br />

apparaît donc nécessaire de m<strong>et</strong>tre en œuvre des moyens efficaces<br />

perm<strong>et</strong>tant d’une part d’accompagner des personnes accueillant des<br />

enfants dans le cadre d’une kafalah <strong>et</strong> d’autre part d’adopter une législation<br />

conforme à la Convention internationale relative aux <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant qui autorise la mise en œuvre d’une kafalah.<br />

La mendicité des mineurs d’âge<br />

De nombreu<strong>ses</strong> personnes, s’adressant principalement par messages<br />

téléphoniques, interpellent régulièrement le Délégué général<br />

parce qu’ils rencontrent des enfants qui mendient. C<strong>et</strong>te probléma-


184 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

tique est récurrente, permanente <strong>et</strong> semble même prendre une ampleur<br />

telle qu’elle présente tous les signes indiquant qu’il s’agit d’un problème<br />

de traite des êtres humains, en l’occurrence des enfants.<br />

Lorsque le Délégué général reçoit des appels téléphoniques relatifs<br />

à la mendicité de mineurs, son service informe immédiatement les<br />

forces de l’ordre afin qu’elles agissent au mieux pour la protection de<br />

ces enfants.<br />

Depuis quelques années, on observe un nombre croissant de mineurs<br />

qui mendient dans les grandes villes. Ce problème de société fait partie<br />

des préoccupations du Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

Certes, la mendicité a toujours existé en Belgique, mais la mendicité<br />

des mineurs est un phénomène nouveau qui prend de plus en plus<br />

d’ampleur.<br />

Il est apparu au début des années 1990.<br />

Aujourd’hui, il poursuit sa croissance accompagnée de nouvelles<br />

formes de mendicité (mineurs qui mendient seuls ou en groupe, handicapés,<br />

jeunes enfants assoupis sur les genoux de leur mère qui sollicite<br />

la générosité des passants).<br />

En 1992, le Délégué général a mis en place un groupe de travail<br />

consacré à la prise en charge des enfants <strong>et</strong> des jeunes gens du voyage<br />

(traitement de la délinquance <strong>et</strong> de la mendicité). A la suite des<br />

travaux de ce groupe de travail, <strong>nous</strong> avons élaboré plusieurs propositions.<br />

Mais la problématique décrite à c<strong>et</strong>te époque est largement<br />

dépassée par les difficultés rencontrées aujourd’hui.<br />

En mars 2003, notamment suite à nos interpellations, le Ministre<br />

chargé de l’Enseignement fondamental de l’Accueil <strong>et</strong> des Missions<br />

confiées à l’ONE <strong>et</strong> la Ministre de l’Aide à la jeunesse <strong>et</strong> de la Santé


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 185<br />

ont confié à la Coordination des ONG pour les <strong>droits</strong> de l’enfant une<br />

mission de recherche visant à établir un état des lieux de la problématique<br />

de la mendicité des enfants en Communauté française <strong>et</strong> à<br />

élaborer des recommandations sur c<strong>et</strong>te question. C<strong>et</strong>te recherche<br />

s’est terminée en septembre 2003.<br />

Par ailleurs, chaque fois que le Délégué général est informé d’une<br />

situation de mendicité d’un mineur, il contacte immédiatement les<br />

services de police, afin qu’ils se rendent sur place, ou le <strong>Pr</strong>ocureur du<br />

Roi compétent.<br />

Toutefois, force est de constater que la majorité des services de<br />

police n’interviennent pas ou peu. Le <strong>Pr</strong>ocureur du Roi de Bruxelles<br />

se déclare par ailleurs incompétent par rapport à c<strong>et</strong>te problématique.<br />

En eff<strong>et</strong>, le <strong>Pr</strong>ocureur du Roi de Bruxelles <strong>nous</strong> indique dans un<br />

courrier du 12 janvier 2004 : « C<strong>et</strong>te situation pourrait être de la compétence<br />

du C.P.A.S., s’agissant éventuellement d’une question d’aide<br />

à la jeunesse. Il ne paraît pas raisonnable de prétendre que l’enfant est<br />

en danger du fait de la mendicité de la dame qui le porte dans les bras.<br />

Il est possible que c<strong>et</strong>te question soit de la compétence de la police<br />

administrative ; mais il n’appartient pas dans ce cas au <strong>Pr</strong>ocureur du<br />

Roi d’intervenir. En ce qui concerne la demande d’intervention de la<br />

police, je vous prie de ne pas perdre de vue que les équipes mobiles<br />

sont tenues d’intervenir en premier lieu dans les affaires qui requièrent<br />

une plus grande priorité telles que les attaques à main armée, les<br />

vols avec violence, les crimes <strong>et</strong> délits avec morts ou blessés, les<br />

trafics, <strong>et</strong>c. »<br />

En date du 29 janvier 2004, le Délégué général a donc invité la<br />

Ministre de la Justice à une rencontre afin d’étudier des pistes praticables<br />

de lutte contre le problème de la mendicité des enfants.


186 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Par exemple, d’après les investigations menées, la section jeunesse<br />

de la zone de police de « Bruxelles Ouest » gère la mendicité des<br />

mineurs, à notre sens, de manière responsable <strong>et</strong> pédagogique.<br />

En eff<strong>et</strong>, lorsque des mineurs mendiants sont interpellés, le service<br />

de police de c<strong>et</strong>te zone vérifie, dans un premier temps, leurs conditions<br />

de vie. Ainsi, la police les raccompagne pour vérifier celles-ci <strong>et</strong><br />

leur lieu de vie. Dans un second temps, la police tente de scolariser les<br />

mineurs en entamant des démarches auprès de différentes écoles. Les<br />

résultats semblent probants.<br />

Le Parqu<strong>et</strong> général de Bruxelles a mis sur pied, en mai 2004, un<br />

groupe de travail afin de mener une réflexion commune sur les<br />

moyens de prévenir ces situations, sur l’identification des besoins <strong>et</strong><br />

sur l’assistance à fournir à ces mineurs.<br />

Ce groupe de travail est également chargé de j<strong>et</strong>er les ba<strong>ses</strong> d’une<br />

politique commune en matière de recherches <strong>et</strong> de poursuites pour<br />

l’arrondissement judiciaire de Bruxelles.<br />

Des réunions ont été organisées le 6 mai <strong>et</strong> le 9 juin 2004 (avec les<br />

chefs de corps de la police fédérale). Une réunion était prévue le<br />

22 juin 2004 mais a été postposée au 29 septembre 2004.<br />

Le Délégué général a été invité à participer à ces travaux.<br />

Lors de la réunion du 29 septembre 2004, il a été convenu que le<br />

Parqu<strong>et</strong> général de Bruxelles adresse un courrier aux Bourgmestres<br />

des 19 communes bruxelloi<strong>ses</strong> afin de leur soum<strong>et</strong>tre un proj<strong>et</strong> cohérent<br />

pour lutter contre la mendicité des mineurs à Bruxelles. Le<br />

Parqu<strong>et</strong> général a requis la participation du Délégué général pour<br />

rédiger ce courrier.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 187<br />

Une réunion restreinte sera donc organisée le 28 octobre 2004.<br />

Une réunion plénière se déroulera le 24 novembre 2004.<br />

Nous recommandons à la Ministre de la Justice de se saisir de ce<br />

problème général de la mendicité, c’est-à-dire de m<strong>et</strong>tre en place une<br />

politique cohérente à mener par les parqu<strong>et</strong>s, à partir d’une concertation<br />

avec les Communautés. A c<strong>et</strong> égard, ce point pourrait utilement<br />

être mis à l’ordre du jour d’une prochaine conférence interministérielle<br />

sur les <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

En attendant, <strong>nous</strong> continuons à signaler constatés à la Police fédérale<br />

les cas de mendicité, comme par exemple, c<strong>et</strong> enfant de 6 ou 7<br />

ans jouant de l’accordéon entre les tables des restaurants proches de<br />

la Grand-Place de Bruxelles, pendant la période de scolarité obligatoire.<br />

La police est intervenue une heure après notre appel. A son<br />

arrivée, l’enfant avait disparu…<br />

L’enseignement<br />

La problématique de l’échec scolaire<br />

En 2002, le Délégué général a été interpellé par l’« Association de<br />

parents luttant contre l’échec scolaire <strong>et</strong> l’abandon scolaire », qui s’inquiétait<br />

de l’important taux d’échec <strong>et</strong> d’abandon scolaire en<br />

Communauté française.<br />

Un groupe de travail a été mis sur pied, <strong>et</strong> une première réunion<br />

invitant les représentants des Ministres compétents <strong>et</strong> associations de<br />

parents a été organisée au mois de mai 2003.<br />

En octobre 2003, une autre réunion a été organisée, au cours de<br />

laquelle les représentants des Ministres ont pu indiquer les mesures


188 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

qui avaient été pri<strong>ses</strong> par les différents Ministres pour lutter contre<br />

c<strong>et</strong>te problématique.<br />

Ainsi, la Ministre de l’Enseignement supérieur a organisé des<br />

groupes de parole dans les universités, pour lutter contre le décrochage<br />

scolaire. Elle a aussi mis l’accent sur c<strong>et</strong>te problématique lors<br />

de la formation des futurs enseignants. La Ministère de<br />

l’Enseignement supérieur vise donc la prévention <strong>et</strong> l’anticipation.<br />

Pour sa part, le Ministre de l’Enseignement secondaire a relativisé<br />

le taux d’échec scolaire, <strong>et</strong> indiqué que la situation était pire antérieurement.<br />

Toutefois, pour lutter contre l’échec <strong>et</strong> le décrochage scolaire,<br />

il préconise l’amélioration de la maîtrise du français (en favorisant<br />

notamment la lecture). Il entend également créer les centres de rescolarisation,<br />

afin de rem<strong>et</strong>tre dans le circuit des élèves en décrochage<br />

scolaire important. Enfin, il souhaite renforcer les équipes de médiation<br />

scolaire. Par ailleurs, le Ministre de l’Enseignement secondaire<br />

s’est intéressé aux jeunes à haut potentiel (surdoués), notamment en<br />

installant un réseau d’écoutes au sein des universités.<br />

Enfin, le Ministre de l’Enseignement fondamental a mené diver<strong>ses</strong><br />

actions durant c<strong>et</strong>te législature. Il a notamment augmenté les moyens<br />

attribués à la formation continuée <strong>et</strong> à la discrimination positive, <strong>et</strong> il<br />

est à l’origine du décr<strong>et</strong> sur les primo-arrivants. Il a également mis<br />

l’accent sur plusieurs éléments de réflexion, tels que la brochure<br />

«Tous capables », le proj<strong>et</strong> de modification du CEB, ou les accords<br />

de la Saint-Boniface (prévoyant le refinancement de l’enseignement).<br />

Par ailleurs, l’« Association de parents luttant contre l’échec scolaire<br />

<strong>et</strong> l’abandon scolaire », s’est rendue en Finlande, dans le but d’y<br />

étudier le système scolaire. En eff<strong>et</strong>, celui-ci présenterait un très faible<br />

taux d’échec scolaire, de redoublement <strong>et</strong> de décrochage scolaire. Un<br />

mémoire a été rédigé <strong>et</strong> envoyé aux différents Ministres compétents.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 189<br />

En août 2004, après l’installation du nouveau Gouvernement, la<br />

Ministre de l’Éducation a également été interpellée sur c<strong>et</strong>te problématique.<br />

Le mémoire sur l’enseignement finlandais lui a aussi été<br />

communiqué. La Ministre a répondu que la réduction continue des<br />

phénomènes d’échec scolaire <strong>et</strong> d’abandon scolaire en Communauté<br />

française représente l’un des principaux objectifs que doivent poursuivre<br />

le système éducatif <strong>et</strong> l’ensemble de <strong>ses</strong> composantes aujourd’hui.<br />

D’après la Ministre, un recentrage sur l’enseignement des<br />

savoirs de base <strong>et</strong> une revalorisation des enseignements qualifiants<br />

devront notamment y participer. Par ailleurs, elle signale l’attention<br />

portée aux solutions développées par les pays voisins, notamment en<br />

Europe du Nord, en matière de lutte contre l’échec scolaire. A son<br />

sens, le cas échéant, le Gouvernement ne doit pas négliger c<strong>et</strong> éclairage<br />

international afin d’alimenter la réflexion en Communauté<br />

française.<br />

La comptabilisation d’élèves victimes de maltraitance<br />

Un directeur d’école a saisi le Délégué général sur un problème<br />

concr<strong>et</strong> qui pouvait être rencontré en matière de dénonciation de<br />

situation de maltraitance.<br />

Il indique que le fait de dénoncer les actes de maltraitance, avant<br />

le 30 septembre, pourrait, si les parents décident de r<strong>et</strong>irer leur enfant,<br />

<strong>et</strong> en cas d’application stricte de la réglementation par<br />

l’Administration, entraîner un risque de perte d’emploi <strong>et</strong> une diminution<br />

des subsides octroyés à l’école. Dès lors, il craint que certains<br />

professeurs ne s’abstiennent de signaler des cas de maltraitance, eu<br />

égard aux conséquences que cela pourrait entraîner en terme de subsides<br />

<strong>et</strong> d’emploi.<br />

L’avis du Ministre de l’Enseignement fondamental a été demandé<br />

sur c<strong>et</strong>te question. A priori, il imagine difficilement une telle attitude<br />

dans le chef du personnel enseignant. Néanmoins, il confirme qu’une


190 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

inscription r<strong>et</strong>irée avant le 30 septembre ne pourrait être comptabilisée<br />

dans l’école, conformément au décr<strong>et</strong> du 13 juill<strong>et</strong> 1998.<br />

Cependant, il précise que, dans le cas où il pourrait subsister des<br />

doutes quant au maintien de l’inscription d’un élève au 30 septembre,<br />

l’Administration de la Communauté française analyse en profondeur<br />

la situation avant de prendre une décision en matière de comptage.<br />

Dès lors, selon le Ministre, l’Administration ne se borne pas à<br />

appliquer purement <strong>et</strong> simplement la loi ; elle sait faire preuve de<br />

compréhension.<br />

Le Directeur a ainsi pu être rassuré par rapport aux conséquences de<br />

l’obligation de signalement d’actes de maltraitance par les enseignants.<br />

Un problème de vestiaires lié à la mixité des élèves<br />

Le Délégué général a été saisi parce que les filles <strong>et</strong> les garçons<br />

d’une école primaire devaient enfiler leur tenue de gymnastique<br />

ensemble dans le même vestiaire. L’école ne parvenait pas à trouver<br />

de solution à ce problème, le groupe étant à la charge d’un seul<br />

enseignant.<br />

Interpellé, le Ministre de l’Enseignement fondamental a répondu<br />

qu’il y avait lieu de partager le groupe d’élèves entre filles <strong>et</strong> garçons,<br />

<strong>et</strong> de les installer dans des vestiaires distincts. La surveillance de<br />

chaque local pouvait être assurée d’un côté par le maître d’éducation<br />

physique, <strong>et</strong>, de l’autre, par le titulaire de classe. Le Ministre a ainsi<br />

indiqué que le pouvoir organisateur pouvait décider d’affecter les titulaires<br />

de classe à des tâches de surveillance, dans les limites prévues<br />

par le décr<strong>et</strong> du 13 juill<strong>et</strong> 1998.<br />

Suite à c<strong>et</strong>te décision, une solution conforme aux prescrits légaux,<br />

<strong>et</strong> satisfaisant à la fois les parents <strong>et</strong> la direction, a pu être trouvée.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 191<br />

L’école est-elle le meilleur endroit pour faire arrêter un mineur<br />

d’âge par la police en le menottant ?<br />

Le Délégué général a été saisi de la situation d’un jeune de 13 ans<br />

soupçonné de vols <strong>et</strong> de rack<strong>et</strong>, qui avait été interpellé sur les bancs<br />

de l’école. Le jeune avait été emmené par la police, menotté.<br />

D’après les parents, relayés par le conseiller confessionnel de<br />

l’IPPJ où il était placé, le jeune aurait tenté d’échanger un GSM, <strong>et</strong><br />

n’aurait volé qu’une peluche <strong>et</strong> des friandi<strong>ses</strong>. Pour ce qui est des faits<br />

de violence, il s’agirait de coups portés dans le cadre de jeux à la<br />

récréation. Par ailleurs, tant le conseiller confessionnel que le juge,<br />

dans l’ordonnance de placement, considèrent que l’environnement<br />

familial paraît adéquat, enclin au dialogue, <strong>et</strong> soucieux de l’éducation<br />

de leur enfant.<br />

Le Parqu<strong>et</strong> a été interpellé pour connaître les raisons pour lesquelles<br />

le jeune garçon <strong>et</strong> <strong>ses</strong> parents n’avaient pas été convoqués par<br />

la police en dehors des heures scolaires, l’autorité qui avait donné<br />

l’ordre à la police d’intervenir à l’école ainsi que les raisons de l’arrestation<br />

à l’aide de menottes.<br />

Le Parqu<strong>et</strong> a justifié l’interpellation au sein de l’école par le fait<br />

que l’arrestation avait eu lieu, en concertation avec la Direction de<br />

l’école, « afin de restaurer la confiance dans le chef des victimes ». Il<br />

a également précisé qu’aucune instruction n’avait été donnée quant à<br />

la mise des menottes au suspect.<br />

Suite à c<strong>et</strong>te réponse, <strong>et</strong> dans la mesure où l’arrestation s’était<br />

effectuée en concertation avec l’école, l’avis de la Ministre de l’Éducation<br />

a été requis au suj<strong>et</strong> des vertus pédagogiques d’un tel procédé<br />

sur l’auteur des faits.<br />

Celle-ci a répondu qu’elle en doutait, mais que l’on pouvait également<br />

partager le point de vue des victimes présumées, qui auront pu


192 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

r<strong>et</strong>rouver quelque confiance en assistant à l’arrestation de leur agresseur.<br />

Toutefois, la Ministre estime que les menottes, dans c<strong>et</strong>te optique,<br />

étaient sans doute malvenues, s’agissant d’un enfant de 13 ans.<br />

Le Délégué général a tenu à attirer l’attention des autorités sur le<br />

cas d’école de c<strong>et</strong>te intervention, qui aurait pu se dérouler de manière<br />

moins traumatisante pour tous.<br />

A c<strong>et</strong> égard, plusieurs problématiques ont été soulevées : l’absence<br />

de convocation du jeune <strong>et</strong> de <strong>ses</strong> parents par la police en dehors des<br />

heures scolaires, l’intervention de la police au sein même de l’école,<br />

la mise de menottes. En outre, c<strong>et</strong>te situation a fait l’obj<strong>et</strong> d’un écho<br />

médiatique manifestement organisé.<br />

Sachant qu’il a été relevé par le juge de la jeunesse lui-même que<br />

les parents étaient des personnes de confiance, on peut se demander<br />

pourquoi l’interpellation n’a pas eu lieu au domicile des parents <strong>et</strong><br />

pourquoi ceux-ci n’ont pas été convoqués par la police.<br />

Par ailleurs, on doit remarquer, en ce qui concerne les faits commis<br />

par le jeune, la présentation diamétralement différente qui en est faite<br />

par les parents <strong>et</strong> le conseiller confessionnel d’une part, <strong>et</strong> les autorités<br />

judiciaires d’autre part. Bref, c<strong>et</strong>te situation paraît bien complexe <strong>et</strong><br />

les avis des différents intervenants sont loin d’être unanimes dans ce<br />

dossier.<br />

Toujours est-il que le juge de la jeunesse dispose, de par la loi,<br />

d’un éventail de mesures, par exemple, la surveillance, la guidance<br />

d’un centre d’orientation éducative, la réalisation d’une prestation<br />

éducative ou philanthropique, le placement dans le secteur privé ou le<br />

secteur public, le placement en milieu éducatif fermé…<br />

Il est paradoxal que le début même de l’exécution par le Parqu<strong>et</strong><br />

(l’interpellation du mineur dans sa classe, avec usage de menottes)


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 193<br />

d’une mesure prévue par la loi (le placement en IPPJ) constitue, en<br />

quelque sorte une mesure elle-même, dont le caractère <strong>et</strong> l’efficacité<br />

pédagogique ne sont d’ailleurs pas démontrées.<br />

Le suivi scolaire des enfants dont les parents sont séparés<br />

Un père, séparé <strong>et</strong> vivant à l’étranger, ne parvenait plus à obtenir des<br />

informations relatives au suivi scolaire de son fils, résidant avec sa mère<br />

en Belgique. En eff<strong>et</strong>, la Directrice de l’école, bien qu’ayant participé à<br />

une conférence relative à l’autorité parentale en milieu scolaire, estimait<br />

que l’école n’était pas tenue de fournir de telles informations. Or, la circulaire<br />

n° 90 du 19 mars 2002 prévoit c<strong>et</strong>te information.<br />

La Directrice de l’école, ainsi que l’intervenant lors de c<strong>et</strong>te conférence,<br />

ont été interpellé.<br />

L’intervenant a expliqué que les conditions matérielles de c<strong>et</strong>te<br />

conférence avait pu induire la Directrice en erreur.<br />

Par ailleurs, la Direction générale de l’Enseignement obligatoire a<br />

été saisie de la question. Dans un premier temps, elle a répondu que<br />

l’école n’était pas tenue d’informer le père. Par la suite, la Direction<br />

générale a pris une autre position, <strong>et</strong> a contacté le Pouvoir Organisateur<br />

de l’école, afin que, dans le cas d’espèce, l’école informe le père.<br />

La Directrice a quant à elle répondu que, désormais, elle répondrait<br />

à la demande du père, même si quelques difficultés de communication<br />

ont encore été rencontrées.<br />

C<strong>et</strong> exemple démontre que, malgré l’existence d’une circulaire en la<br />

matière, l’autorité parentale conjointe à respecter en milieu scolaire<br />

semble être est un suj<strong>et</strong> plutôt méconnu par les Directeurs d’école.<br />

Certains d’entre eux tiennent pour acquis l’obligation d’informer le


194 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

parent gardien du suivi scolaire de l’élève, estimant qu’il n’est pas de<br />

leur devoir de faire de même à l’égard du parent disposant de l’hébergement<br />

secondaire. Or, il arrive que le parent non-gardien ne soit pas<br />

informé par l’autre parent des résultats scolaires, des dates des réunions<br />

de parents, des demandes relatives au choix du cours philosophique…<br />

La circulaire n° 90 du 19 mars 2002 donne cependant des indications<br />

en la matière. Si l’information mutuelle entre les parents<br />

constitue la règle, lorsque cela n’est pas possible (en cas de mésentente<br />

grave, par exemple), c’est à l’école qu’il revient de tenir ces<br />

informations à disposition des deux parents. Cela ne veut pas dire que<br />

la Direction doit systématiquement envoyer une copie de tous les<br />

documents remis à chacun des parents (car cela ajouterait une surcharge<br />

au travail administratif déjà bien lourd des Directeurs), mais le<br />

devoir d’information peut être rencontré, par exemple, en perm<strong>et</strong>tant<br />

à l’autre parent de venir consulter sur place le bull<strong>et</strong>in scolaire de<br />

l’élève, ou en répondant aux questions préci<strong>ses</strong> sur le suivi scolaire,<br />

comme c’est le cas dans l’exemple donné.<br />

L’audition des enfants dans le cadre des procédures d’inspection<br />

Lorsqu’il est saisi au suj<strong>et</strong> d’une plainte m<strong>et</strong>tant en cause un enseigant,<br />

un membre du personnel d’une école ou la direction d’une école<br />

elle-même, le Délégué général interpelle la Direction générale de<br />

l’enseignement obligatoire afin qu’une inspection relative au motif de<br />

la plainte soit effectuée.<br />

S’il reçoit effectivement suite à son interpellation, il n’est pas rare<br />

que les parents qui l’ont saisi se plaignent par la suite que leurs<br />

enfants n’ont pas été entendus dans le cadre de la procédure d’inspection.


INFORMATIONS, PLAINTES... DES NORMES 195<br />

Le fonctionnement du « 103 », le numéro du téléphone<br />

vert « Écoute-Enfants »<br />

Des plaintes ont été émi<strong>ses</strong> quant à la disponibilité du « 103 », la<br />

ligne téléphonique d’Écoute-Enfants. Celle-ci est régulièrement<br />

occupée ou ne répond pas.<br />

Interpellée à ce suj<strong>et</strong>, la directrice <strong>nous</strong> informe que le service ne<br />

dispose que d’une seule ligne téléphonique, d’un seul poste de téléphone<br />

<strong>et</strong> d’un seul écoutant, <strong>et</strong> ce pour couvrir toute la partie francophone<br />

du pays. Il y a donc un manque cruel de moyens tant au niveau<br />

humain que technique. Faute de subsides plus conséquents, le service<br />

ne peut se montrer plus performant.<br />

Le 12 mai 2004, le Parlement de la Communauté française a voté<br />

le décr<strong>et</strong> relatif à l’agrément <strong>et</strong> au subventionnement de services d’accueil<br />

téléphonique des enfants. Au-delà de la reconnaissance officielle<br />

du service « Écoute-Enfants », il revient à présent au Gouvernement<br />

de la Communauté française d’assurer une prise en charge financière<br />

adéquate afin de perm<strong>et</strong>tre à ce service de remplir pleinement <strong>et</strong> sereinement<br />

sa mission d’écoute.<br />

∆<br />

1. En raison de l’obligation décrétale de déposer conjointement le rapport annuel<br />

devant le Gouvernement <strong>et</strong> le Parlement de la Communauté française le<br />

20 novembre, Journée internationale des <strong>droits</strong> de l’enfant les statistiques porteront<br />

dorénavant du 1er septembre au 31 août.<br />

2. Le Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant tient à remercier les membres de la<br />

Direction générale de l’aide à la jeunesse qui ont présidé <strong>et</strong> assumé le secrétariat<br />

de ce groupe de travail. La manière dont les travaux ont été organisés <strong>et</strong> les résultats<br />

obtenus démontrent que la collaboration productive est possible entre l’institution<br />

du Délégué général <strong>et</strong> la Direction générale de l’aide à la jeunesse.


196 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

3. Voici reproduit un jugement qui homologue l’acte d’adoption plénière dressé par<br />

un juge de paix se fondant sur une décision initiale de kafalah :<br />

Le tribunal de la jeunesse de ,<br />

Vu la requête qui précède, l’acte d’adoption plénière <strong>et</strong> les pièces justificatives ;<br />

Vu l’avis conforme par écrit de Monsieur , <strong>Pr</strong>emier Substitut du <strong>Pr</strong>ocureur du Roi ;<br />

Attendu que l’action est fondée sur de justes motifs <strong>et</strong> que les autres conditions prévues par<br />

la loi sont remplies ;<br />

PAR CES MOTIFS :<br />

Dit qu’est homologué l’adoption plénière reçue par acte de Monsieur le Juge de Paix du<br />

canton de , siège de , le , acte par lequel Monsieur , né le à , belge, , <strong>et</strong> son<br />

épouse, Madame , née le à (Maroc), belge, , domiciliés ensemble à , ont adopté<br />

de manière plénière :<br />

, née le à (Maroc), résidant actuellement (Maroc).<br />

Dit que l’enfant adoptée portera désormais le nom de <strong>et</strong> les prénoms de , à l’exclusion<br />

de tous les autres.<br />

Ainsi jugé <strong>et</strong> prononcé, en langue française, à l’audience publique du tribunal de la Jeunesse<br />

de , le .<br />

<strong>Pr</strong>ésents : Monsieur , <strong>Pr</strong>ésident, Juge de la jeunesse,<br />

Madame , Substitut du <strong>Pr</strong>ocureur du Roi,<br />

Monsieur , Greffier.


– 5 –<br />

<strong>Pr</strong>incipaux dossiers généraux<br />

1. Lutte contre la maltraitance <strong>et</strong> les abus sexuels<br />

dont sont victimes les enfants<br />

Le 3 e congrès international francophone sur l’agression<br />

sexuelle<br />

Le premier congrès international francophone sur l’agression<br />

sexuelle s’est déroulé à Québec en 2001. Le Délégué général fut le<br />

coordinateur du Comité scientifique belge <strong>et</strong>, à ce titre, a organisé des<br />

réunions d’information <strong>et</strong> de coordination avec un comité préparatoire<br />

constitué sur base volontaire des acteurs.<br />

Le deuxième congrès international francophone sur l’agression<br />

sexuelle a eu lieu à Bruxelles en mai 2003. Le Délégué général a été<br />

désigné comme coordinateur général de c<strong>et</strong> événement qui a réuni<br />

plus de 700 professionnels <strong>et</strong> scientifiques issus de 22 pays différents 1 .<br />

Le troisième congrès international francophone sur l’agression<br />

sexuelle se déroulera au Lac-Leamy, à Hull, en face d’Ottawa<br />

(Québec), du 4 au 7 octobre 2005.<br />

Ce 3 e congrès aura comme thème : « Coopérer au-delà des frontières<br />

». Ce lieu de rassemblement <strong>et</strong> de partage des connaissances,<br />

des pratiques <strong>et</strong> des expériences en matière d’agression sexuelle perm<strong>et</strong>tra<br />

que se poursuive <strong>et</strong> s’enrichisse c<strong>et</strong>te tradition d’échanges <strong>et</strong> de<br />

propositions.


198 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Ce congrès m<strong>et</strong>tra l’accent sur divers défis de la coopération en<br />

matière d’agression sexuelle, notamment :<br />

- le décloisonnement des pratiques entre les intervenants de différents<br />

secteurs ;<br />

- le partage des préoccupations des intervenants auprès des victimes<br />

<strong>et</strong> des agresseurs ;<br />

- l’étude comparée des pratiques dans nos différents pays ;<br />

- l’intégration de la clinique <strong>et</strong> de la recherche ;<br />

- la coopération internationale.<br />

En raison de la difficulté de coordonner dans plusieurs pays les activités<br />

liées à la préparation de ce congrès, l’Institut Philippe Pinel de<br />

Montréal a sollicité le Délégué général pour coordonner le Comité<br />

scientifique belge <strong>et</strong> le Comité préparatoire belge pour le 3 e congrès.<br />

Le Comité scientifique belge sera l’organe de liaison avec le<br />

Comité scientifique québécois <strong>et</strong> supervisera le fonctionnement du<br />

Comité préparatoire belge.<br />

Le Comité préparatoire aura notamment pour tâche de faire des<br />

suggestions au Comité Scientifique québécois quant aux thèmes<br />

devant être abordés durant le congrès, de recruter des conférenciers <strong>et</strong><br />

des participants, de faire la publicité du congrès dans notre pays <strong>et</strong><br />

explorer diver<strong>ses</strong> sources de financement.<br />

Les réunions de travail de ces comités ont débuté au mois<br />

d’octobre 2004.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 199<br />

Un contrôle social pour les auteurs d’infractions à caractère<br />

sexuel<br />

Nous connaissons les risques de récidive en matière d’agression<br />

sexuelle.<br />

Dans notre rapport d’activités précédent, <strong>nous</strong> recommandions que<br />

le traitement thérapeutique des auteurs d’infractions à caractère<br />

sexuel soit systématique <strong>et</strong> ce tant dans le milieu carcéral que dans le<br />

cadre de la libération conditionnelle.<br />

Force est de constater qu’à l’heure actuelle, la situation reste<br />

inchangée <strong>et</strong> que la Ministre de la Justice ne prévoit rien pour modifier<br />

la législation.<br />

Par ailleurs, question de la mise en place d’un système de contrôle<br />

social opérationnel à l’égard des délinquants sexuels après leur libération<br />

continue à se poser.<br />

Le Mouvement Réformateur a déposé une proposition de loi à ce<br />

suj<strong>et</strong>. Le système envisagé consiste en la tenue d’un registre qui<br />

regrouperait, pendant quarante ans, des informations préci<strong>ses</strong> concernant<br />

toute personne condamnée en Belgique pour une infraction<br />

sexuelle (viol, attentat à la pudeur, incitation à la débauche, prostitution<br />

impliquant des mineurs, publicité de services sexuels adressée<br />

aux mineurs, les faits touchant à la pornographie infantile).<br />

Ce registre s’avérerait utile à deux égards. D’une part, il contiendrait<br />

les circonstances <strong>et</strong> le modus operandi des infractions sexuelles<br />

recensées, ce qui perm<strong>et</strong>trait d’identifier plus rapidement, par recoupement,<br />

les auteurs inconnus de nouvelles infractions constatées.<br />

D’autre part, le registre ne ferait pas de distinction entre les personnes<br />

définitivement condamnées, celles qui se seraient pourvues en appel<br />

contre une condamnation, ni même les personnes en attente d’un juge-


200 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

ment qui ont été frappées d’une décision de détention préventive puis<br />

remi<strong>ses</strong> en liberté, ce qui perm<strong>et</strong>trait aux enquêteurs de les inclure<br />

parmi les suspects potentiels.<br />

Ce registre serait confidentiel puisque seuls les services de police<br />

y auraient accès.<br />

Toutefois, les auteurs de la proposition de loi ne s’en tiennent pas<br />

là. Ils prévoient également que les personnes répertoriées dans ce<br />

registre seraient obligées, à leur sortie de prison, de se présenter dans<br />

les quinze jours, puis une fois par an, auprès du service en charge du<br />

registre. Si c<strong>et</strong>te obligation n’était pas respectée, le contrevenant<br />

pourrait encourir une nouvelle peine (jusqu’à un an de prison <strong>et</strong>/ou<br />

une amende de 2 500 euros).<br />

Si <strong>nous</strong> approuvons le principe du registre répertoriant les délinquants<br />

sexuels, <strong>nous</strong> <strong>nous</strong> interrogeons sur l’opportunité <strong>et</strong> l’efficacité<br />

de c<strong>et</strong>te mesure en terme de lutte contre la récidive.<br />

Par ailleurs, des efforts semblent avoir été fournis quant à l’alimentation<br />

des banques de données ADN « criminalistique » <strong>et</strong><br />

« condamnés », efforts qui, à nos sens, devraient encore être intensifiés.<br />


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 201<br />

2. Aide <strong>et</strong> protection de la jeunesse<br />

Mise en application du décr<strong>et</strong> relatif à l’aide à la jeunesse<br />

Treize années après le vote du décr<strong>et</strong> relatif à l’aide à la jeunesse,<br />

il est toujours bon de s’interroger sur l’état d’avancement de sa mise<br />

en application. En eff<strong>et</strong>, le décr<strong>et</strong> ayant prévu que le Gouvernement<br />

décidait de la date d’entrée en vigueur de chacun des articles du<br />

décr<strong>et</strong>, ce dernier fait l’obj<strong>et</strong> d’une mise en œuvre progressive 2 .<br />

Par ailleurs le décr<strong>et</strong> a fait l’obj<strong>et</strong> de certaines modifications.<br />

Dans les précédents rapports d’activités, il était fait état de l’évolution<br />

de la mise en vigueur des différents articles du décr<strong>et</strong> ainsi que<br />

des divers arrêtés d’applications adoptés par le Gouvernement. Le<br />

lecteur pourra utilement s’y reporter.<br />

En ce qui concerne les évolutions intervenues au cours de c<strong>et</strong>te<br />

année d’exercice, on r<strong>et</strong>iendra plus particulièrement les éléments<br />

suivants.<br />

Au niveau législatif<br />

1° Le Moniteur belge du 1 er juin 2004 a publié l’ordonnance du<br />

29 avril 2004 de la Commission Communautaire Commune de<br />

la région de Bruxelles-Capitale relative à l’aide à la jeunesse.<br />

Ce nouveau texte s’applique aux jeunes en danger ou en difficulté<br />

qui ont leur résidence familiale dans la région de<br />

Bruxelles-Capitale ou qui, sans avoir de résidence connue en<br />

Belgique, se trouvent sur le territoire de la Région de Bruxelles-<br />

Capitale. L’entrée en vigueur de c<strong>et</strong>te ordonnance sera fixée par<br />

le Collège réuni de la Commission Communautaire Commune,<br />

après qu’un accord de coopération ait été conclu <strong>et</strong> ait reçu les<br />

assentiments requis.


202 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Plus de treize années après le vote du décr<strong>et</strong> du 4 mars 1991 relatif<br />

à l’aide à la jeunesse on peut donc espérer que les jeunes en danger<br />

bruxellois pourront enfin bientôt bénéficier d’un système de pri<strong>ses</strong><br />

en charge similaire à celui des jeunes wallons <strong>et</strong> ne relèveront<br />

donc plus uniquement de la loi du 8 avril 1965 relative à la protection<br />

de la jeunesse.<br />

2° Le décr<strong>et</strong> du 4 mars 1991 relatif à l’aide à la jeunesse a fait<br />

l’obj<strong>et</strong> d’un certain nombre de modifications à la suite de<br />

l’adoption par le Parlement de la Communauté française du<br />

décr<strong>et</strong> du 12 mai 2004 relatif à l’aide aux enfants victimes. Ce<br />

décr<strong>et</strong> a été publié au Moniteur belge du 14 juin 2004 <strong>et</strong> est<br />

entré en vigueur le 1 er septembre 2004. Il apporte au décr<strong>et</strong> du<br />

4 mars 1991 des modifications notamment au niveau des compétences<br />

des conseils d’arrondissements de l’aide à la jeunesse<br />

<strong>et</strong> de la composition <strong>et</strong> des compétences du Conseil communautaire<br />

de l’aide à la jeunesse, en rapport avec la problématique<br />

de la maltraitance.<br />

3° Le 19 mai 2004, le Parlement de la Communauté française a<br />

adopté un décr<strong>et</strong> modifiant le décr<strong>et</strong> du 4 mars 1991 relatif à l’aide<br />

à la jeunesse. Ce décr<strong>et</strong> a été publié au Moniteur belge du 23 juin<br />

2004 <strong>et</strong> est entré en vigueur dix jours après c<strong>et</strong>te publication.<br />

Parmi les modifications intervenues, on notera que ce décr<strong>et</strong> :<br />

1. donne une base décrétale à la Commission de déontologie. Il<br />

définit en particulier sa mission, sa composition, son fonctionnement<br />

<strong>et</strong> prévoit la publication d’un rapport annuel concernant<br />

<strong>ses</strong> avis;<br />

2. abroge la notion de « groupe » des institutions publiques de<br />

protection de la jeunesse <strong>et</strong> modifie les dispositions qui<br />

contenaient le terme « groupe » ;


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 203<br />

3. abroge l’article 2 du § 2 de l’article 19 qui prévoyait la possibilité<br />

pour un juge de prolonger la mesure d’isolement audelà<br />

de 8 jours ;<br />

4. complète les articles 24 <strong>et</strong> 29 en habilitant le Gouvernement à<br />

fixer des délais dans lesquels les avis des CAAJ <strong>et</strong> du CCAJ<br />

doivent être rendus <strong>et</strong> les eff<strong>et</strong>s attachés au non-respect de<br />

ceux-ci;<br />

5. complète la composition du CCAJ par un représentant des<br />

délégués des sections sociales <strong>et</strong> de prévention générale des<br />

SAJ <strong>et</strong> des SPJ ;<br />

6. abroge les articles 40, 41 <strong>et</strong> 42 du décr<strong>et</strong> du 4 mars 1991 dans<br />

la foulée de l’abrogation des articles 370 bis à 370 quater du<br />

Code civil ;<br />

7. modifie l’article 54 en perm<strong>et</strong>tant aux services privés de formations<br />

agréés d’ouvrir leurs programmes au personnel du<br />

secteur tant privé que public de l’aide <strong>et</strong> de la protection de<br />

la jeunesse. Par ailleurs, la procédure d’agrément de ces services<br />

de formation passera dorénavant par l’avis de la<br />

Commission d’agrément ;<br />

8. abroge l’article 56. Un nouveau texte est inséré à l’article 53<br />

indiquant qu’un accord de coopération peut être conclu avec<br />

les Régions wallonne <strong>et</strong> de Bruxelles-Capitale ainsi qu’avec<br />

l’État fédéral dans le but d’améliorer la prise en charge des<br />

jeunes visés par le décr<strong>et</strong>.<br />

En ce qui concerne les modifications introduites par ce décr<strong>et</strong> à<br />

l’égard de la composition <strong>et</strong> du fonctionnement de la Commission de<br />

déontologie, on notera qu’il n’a nullement été tenu compte des recommandations<br />

formulées par le Délégué général.


204 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Au niveau réglementaire<br />

1. l’arrêté du Gouvernement de la Communauté française du<br />

14 juill<strong>et</strong> 2003 (M.B. du 7 novembre 2003) modifiant l’arrêté du<br />

14 mai 1991 relatif au fonctionnement du Conseil communautaire<br />

de l’aide à la jeunesse ;<br />

2. l’arrêté du Gouvernement de la Communauté française du<br />

11 juin 2004 (M.B. du 2 septembre 2004) fixant les conditions<br />

d’agrément <strong>et</strong> d’octroi de subventions pour les services privés<br />

de formation <strong>et</strong> de perfectionnement visés à l’article 54 du<br />

décr<strong>et</strong> du 4 mars 1991 relatif à l’aide à la jeunesse. C<strong>et</strong> arrêté<br />

s’inscrit dans le cadre de la modification de l’article 54 en question<br />

<strong>et</strong> remplace l’arrêté précédent du 15 mai 1995 ;<br />

3. L’arrêté du Gouvernement de la Communauté française du<br />

15 juin 2004 (M.B. du 2 septembre 2004) relatif à la mise en<br />

œuvre des programmes de prévention générale dans le secteur de<br />

l’aide à la jeunesse. C<strong>et</strong> arrêté m<strong>et</strong> en place la procédure perm<strong>et</strong>tant<br />

à chaque CAAJ de déterminer annuellement le plan d’actions<br />

de prévention générale à m<strong>et</strong>tre en œuvre dans son arrondissement;<br />

4. l’arrêté du Gouvernement de la Communauté française du<br />

15 juin 2004 (M.B. du 2 septembre 2004) relatif aux institutions<br />

publiques de protection de la jeunesse. C<strong>et</strong> arrêté vise les proj<strong>et</strong>s<br />

pédagogiques <strong>et</strong> les comités pédagogiques des IPPJ ainsi que<br />

leur collaboration avec les autorités judiciaires <strong>et</strong> les services de<br />

l’aide à la jeunesse ;<br />

5. l’arrêté du Gouvernement de la Communauté française du<br />

17 juin 2004 (M.B. du 15 septembre 2004) modifiant l’arrêté du<br />

Gouvernement de la Communauté française du 15 mars 1999<br />

relatif aux conditions générales d’agrément <strong>et</strong> d’octroi des subventions<br />

pour les services visés à l’article 43 du décr<strong>et</strong> du<br />

4 mars 1991 relatif à l’aide à la jeunesse ;<br />

6. l’arrêté du Gouvernement de la Communauté française du<br />

17 juin 2004 (M.B. du 10 septembre 2004) modifiant l l’arrêté<br />

du Gouvernement de la Communauté française du 15 mars 1999


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 205<br />

fixant la part variable des subventions pour frais de prise en<br />

charge des jeunes ;<br />

7. Les arrêtés du Gouvernement de la Communauté française du<br />

17 juin 2004 (M.B. des 10 septembre 2004, 15 septembre 2004,<br />

20 septembre 2004) modifiant les arrêtés du Gouvernement de<br />

la Communauté française du 15 mars 1999 relatifs aux conditions<br />

particulières d’agrément <strong>et</strong> d’octroi des subventions pour<br />

les services d’accueil <strong>et</strong> d’aide éducative, les services de placement<br />

familial, les centres de premier accueil, les services de<br />

prestations éducatives <strong>et</strong> philanthropiques, les services d’aide <strong>et</strong><br />

d’intervention éducative, les centres d’accueil spécialisés, les<br />

centres de jour, les centres d’observation <strong>et</strong> d’orientation, les<br />

centres d’accueil d’urgence, les services qui m<strong>et</strong>tent en œuvre<br />

un proj<strong>et</strong> pédagogique particulier <strong>et</strong> les services d’aide en milieu<br />

ouvert.<br />

On notera que suite au vote de l’ordonnance du 29 avril 2004 <strong>et</strong> au<br />

décr<strong>et</strong> du 19 mai 2004, la quasi-totalité des articles du décr<strong>et</strong> du<br />

4 mars 1991 sont enfin entrés en vigueur, plus de treize années après<br />

l’adoption de celui-ci.<br />

Une lacune subsiste toutefois.<br />

Dans l’avant-proj<strong>et</strong> de décr<strong>et</strong> relatif à l’aide à la jeunesse, un<br />

article 53 § 1 er prévoyait qu’après avis du Conseil communautaire de<br />

l’aide à la jeunesse, l’Exécutif détermine des sanctions (voir document<br />

du CCF, 165, 1990-1991, n° 1 p. 96).<br />

Dans son avis du 25 juill<strong>et</strong> 1990, le Conseil d’État a toutefois<br />

estimé que la délégation donnée à l’Exécutif de déterminer des sanctions,<br />

procédures <strong>et</strong> recours ne pouvait être admise <strong>et</strong> qu’il convenait<br />

que c<strong>et</strong>te question soit réglée par décr<strong>et</strong> (voir document du CCF 165,<br />

1990-1991, n° 1 pp. 107-108).


206 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Or, à l’heure actuelle, les personnes <strong>et</strong> les services qui ne respectent<br />

pas les <strong>droits</strong> <strong>et</strong> les intérêts des enfants qui leur sont confiés n’encourent<br />

toujours aucune sanction.<br />

Un décr<strong>et</strong> fixant les sanctions pouvant être pri<strong>ses</strong> à l’égard des institutions,<br />

services <strong>et</strong> personnes qui ne respectent pas les dispositions<br />

du décr<strong>et</strong> du 4 mars 1991 relatif à l’aide à la jeunesse, tel qu’il est<br />

prévu en son article 27, § 2, 2 (c, devrait depuis longtemps faire<br />

l’obj<strong>et</strong> d’un proj<strong>et</strong> concr<strong>et</strong> du Ministre de l’Aide à la Jeunesse. Or,<br />

c<strong>et</strong>te question ne fait même pas l’obj<strong>et</strong> d’une réflexion ou d’une<br />

demande d’avis, par exemple du Conseil communautaire.<br />

Réforme de la loi sur la protection de la jeunesse<br />

Depuis plusieurs années, le système protectionnel imaginé dans<br />

les années 1960 <strong>et</strong> révisé en 1994 connaît des difficultés dans son<br />

application, d’abord par manque de moyens. Ensuite, la réalité sociologique<br />

de la délinquance juvénile d’aujourd’hui est différente de<br />

celle d’hier. La société évolue. L’adaptation de la loi <strong>et</strong> de son application<br />

est une évidence.<br />

Tout au long des législatures, les Ministres de la Justice ont présenté<br />

des avant-proj<strong>et</strong>s de réforme. Nous <strong>nous</strong> souvenons ainsi du<br />

proj<strong>et</strong> « Cornélis », du proj<strong>et</strong> « Maes », du proj<strong>et</strong> restauratif de « Lode<br />

Walgrave » ou encore du proj<strong>et</strong> « De Clerck - Van Parijs », …<br />

Aucun de ces avant-proj<strong>et</strong>s n’a abouti.<br />

La Ministre de la Justice actuelle n’a pas failli à la règle <strong>et</strong> a présenté<br />

le 13 février 2004 une note cadre visant à moderniser la loi relative<br />

à la protection de la jeunesse.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 207<br />

C<strong>et</strong>te note cadre a été transmise à tous les acteurs de terrain afin<br />

qu’ils ém<strong>et</strong>tent leurs remarques <strong>et</strong> avis.<br />

Le Délégué général a remis une note d’avis sur le fond de la<br />

réforme <strong>et</strong> a proposé à la réflexion de la Ministre <strong>et</strong> du législateur des<br />

éléments concr<strong>et</strong>s tels que des durées de mesure, des âges… à même<br />

de faire percevoir une réalité d’application de la loi sur le terrain.<br />

Avis sur le fond de la réforme<br />

I. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES<br />

La note cadre concernant la réforme de la loi du 8 avril 1965 s’inscrit<br />

dans la philosophie de la réforme prônée par le Délégué général<br />

de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant dans <strong>ses</strong> différents<br />

rapports annuels.<br />

Les points positifs majeurs de la réforme proposée par la Ministre<br />

de la Justice sont :<br />

- Quant au fond :<br />

1) La réforme tient compte de l’évolution de la société, des<br />

méthodes éducatives <strong>et</strong> autres ainsi que de l’évolution de la<br />

délinquance des jeunes <strong>et</strong> de leurs comportements déviants.<br />

2) Le système protectionnel est maintenu pour l’essentiel <strong>et</strong> prend<br />

prioritairement en compte le jeune <strong>et</strong> son milieu par rapport à<br />

l’acte délinquant.<br />

3) La réforme m<strong>et</strong> l’accent sur la diversification des mesures ainsi<br />

que sur la création <strong>et</strong> la mise en application de nouvelles<br />

méthodes de traitement des mineurs délinquants en alternative<br />

aux différentes formes de placement.<br />

4) Elle tient davantage compte que par le passé de la victime, de<br />

son avis <strong>et</strong> prône, si possible, son implication positive dans le<br />

traitement du jeune.


208 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

5) Elle donne des compétences au <strong>Pr</strong>ocureur du Roi qui perm<strong>et</strong>tent<br />

une intervention des représentants de la loi autre que le classement<br />

sans suite, instigateur d’un sentiment d’impunité <strong>et</strong> de la<br />

récidive.<br />

6) Un des points les plus positifs est la possibilité pour le jeune de<br />

proposer au Juge de la jeunesse un proj<strong>et</strong> personnel, le responsabilisant<br />

par rapport à l’acte commis <strong>et</strong> à la réponse qu’il veut<br />

y apporter.<br />

7) Le respect des <strong>droits</strong> des jeunes, même s’ils sont contrevenants,<br />

est renforcé, notamment par l’obligation de motivation spéciale,<br />

par des durées légales de la mesure de placement, par l’information<br />

immédiate donnée aux parents en cas d’arrestation...<br />

8) La réforme prévoit de modifier radicalement la loi du 1 er mars<br />

2002 relative au placement provisoire de mineurs ayant commis<br />

un fait qualifié infraction <strong>et</strong> de réorienter les missions du centre<br />

fédéral fermé.<br />

9) Si le dessaisissement est maintenu, <strong>ses</strong> conséquences de renvoi<br />

vers les juridictions ordinaires pour adultes sont adaptées à la<br />

minorité du jeune contrevenant à savoir :<br />

• les juridictions seront spécifiques ;<br />

• les jeunes dessaisis ne pourront plus être orientés systématiquement<br />

dans des prisons pour adultes avec tous les risques connus<br />

de contagion délinquante, de toxicomanie <strong>et</strong> d’abus sexuels;<br />

• les sanctions pénales d’emprisonnement seront exécutées dans<br />

un centre fédéral fermé réservé exclusivement à ces jeunes.<br />

- Quant à la forme :<br />

1) La note cadre a été soumise à la concertation des acteurs principaux.<br />

2) L’avant-proj<strong>et</strong> de loi sera soumis à la concertation avec les<br />

autres instances communautaires <strong>et</strong> régionales compétentes


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 209<br />

quant aux moyens à m<strong>et</strong>tre en œuvre pour la bonne application de la<br />

nouvelle loi.<br />

Remarques :<br />

Les délais impartis sont courts avec tout ce que cela comporte<br />

comme risques d’erreurs, d’omissions ou d’absences d’avis.<br />

Bien entendu, la note doit être lue avec toutes les nuances perm<strong>et</strong>tant<br />

sa compréhension pédagogique. Il est évident, par exemple, que<br />

l’admonestation en tant que telle n’a de valeur que si elle est exercée<br />

dans un cadre pédagogique donné. Il est tout aussi évident que la<br />

notion de présentation d’excu<strong>ses</strong> personnelles ne peut être comprise<br />

qu’à partir d’un travail du jeune sur lui-même.<br />

II. ANALYSE ET PROPOSITIONS<br />

Nécessité d’un renforcement des moyens mis à disposition par<br />

les Communautés pour exécuter les nouvelles mesures envisagées<br />

Il convient de souligner que le proj<strong>et</strong> de réforme entend maintenir<br />

de manière globale <strong>et</strong> prioritaire la philosophie protectionnelle de la<br />

loi du 8 avril 1965, en développant notamment des mesures alternatives<br />

au placement.<br />

Ceci se traduit par une diversification des mesures <strong>et</strong> moyens mis<br />

à la disposition des autorités judiciaires – tant les <strong>Pr</strong>ocureurs du Roi<br />

que les Juges de la jeunesse.<br />

Si certaines des nouvelles mesures restent exclusivement du<br />

ressort des autorités judiciaires dans leur application, nombre d’entreelles<br />

nécessiteront cependant une mise en œuvre par des services ou<br />

personnes relevant des Communautés. Ainsi en est-il notamment de la<br />

médiation réparatrice, des prestations éducatives <strong>et</strong> d’intérêt général,


210 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

de la conciliation réparatrice, de la surveillance intensive par un éducateur<br />

référent ou encore du placement sous surveillance auprès d’une<br />

organisation proposant l’encadrement de la réalisation d’une prestation<br />

positive.<br />

La volonté de maintenir une philosophie protectionnelle <strong>et</strong> un cadre<br />

éducatif dans les répon<strong>ses</strong> apportées à la délinquance juvénile a donc<br />

des répercussions importantes sur les moyens que les Communautés<br />

seront amenées à m<strong>et</strong>tre pour exécuter les mesures pri<strong>ses</strong>.<br />

Or, s’il est nécessaire que les Communautés assument leurs responsabilités<br />

en matière de prise en charge de l’exécution des décisions<br />

judiciaires par rapport aux mineurs délinquants les plus graves,<br />

notamment en m<strong>et</strong>tant à la disposition des autorités judiciaires un<br />

nombre adéquat de places en régime éducatif fermé, il ne faudrait pas<br />

oublier qu’un des objectifs de la réforme est de limiter autant que faire<br />

se peut le placement.<br />

Dès lors, il convient que s’assurer que les Communautés seront à<br />

même de prendre en charge également, <strong>et</strong> prioritairement, les mineurs<br />

faisant l’obj<strong>et</strong> des mesures alternatives. Il conviendra donc que cellesci<br />

se dotent des services adéquats pour exécuter les décisions telles<br />

que les médiations <strong>et</strong> conciliations réparatrices, les prestations éducatives<br />

<strong>et</strong> d’intérêt général, l’encadrement de la réalisation de prestation<br />

positive. Il conviendra aussi de renforcer le cadre des services de protection<br />

judiciaire en personnel (éducateurs référents) chargé des surveillances<br />

intensives.<br />

A défaut de c<strong>et</strong>te augmentation des moyens mis à disposition par<br />

les Communautés pour l’exécution des nouveaux types de mesures<br />

envisagées, c’est toute la réforme qui risque d’en pâtir, voire d’être<br />

vouée à l’échec.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 211<br />

Nécessité d’un instrument fiable de mesure de la délinquance<br />

juvénile<br />

Force est de constater qu’à l’heure actuelle, aucune statistique<br />

fiable n’existe au suj<strong>et</strong> de la délinquance juvénile. Une meilleure<br />

connaissance tant quantitative que qualitative de la délinquance juvénile<br />

s’avère indispensable.<br />

Il conviendrait dès lors de créer une instance de recueil <strong>et</strong> d’analyse<br />

des informations disponibles auprès des autorités judiciaires en<br />

matière de délinquance juvénile.<br />

C<strong>et</strong>te instance devrait en outre pouvoir travailler en coordination<br />

avec des instances communautaires qui effectueraient un travail similaire<br />

de recueil <strong>et</strong> d’analyse des informations relatives aux pri<strong>ses</strong> en<br />

charge par les Communautés en matière de délinquance juvénile.<br />

L’élaboration d’une liste de critères<br />

La réforme entend maintenir la philosophie protectionnelle, c’est à<br />

dire que la réponse apportée à l’acte délinquant privilégie la personnalité<br />

du jeune par rapport à la simple qualification du fait commis. Il n’y<br />

a donc pas de « tarification » des mesures pri<strong>ses</strong> à l’égard des mineurs.<br />

Néanmoins, la réforme entend élaborer une liste de critères dont le<br />

Juge de la jeunesse devra tenir compte pour privilégier une mesure<br />

plutôt qu’une autre. L’objectif est que les magistrats objectivent leur<br />

décision de recourir à telle ou telle mesure: en quoi c<strong>et</strong>te décision estelle<br />

plus profitable au mineur qu’une autre ? C<strong>et</strong>te décision doit aussi<br />

tenir compte des risques de récidive qui touchent principalement à la<br />

sécurité des personnes.<br />

Une liste de critères possibles est d’ores <strong>et</strong> déjà avancée, comme<br />

notamment la personnalité du jeune, les mesures pri<strong>ses</strong> antérieurement,<br />

la gravité <strong>et</strong> la nature des faits, le respect de l’ordre public…


212 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Par ailleurs, en ce qui concerne les mesures de placement, il est<br />

prévu d’insérer une obligation de motivation spéciale, qu’il s’agisse<br />

du placement en milieu ouvert, ou du placement en milieu fermé.<br />

Il conviendrait dès lors de déterminer dans la loi elle-même un<br />

certain nombre de critères objectifs relatifs notamment à l’âge, à la<br />

nature <strong>et</strong> à la gravité des faits, critères qui peuvent déterminer le placement<br />

en régime ouvert, en régime fermé communautaire ou encore<br />

dans un centre fédéral fermé.<br />

Ceci est nécessaire pour rendre opérationnel <strong>et</strong> praticable une politique<br />

globale <strong>et</strong> coordonnée d’admissions <strong>et</strong> de pri<strong>ses</strong> en charge au<br />

travers des différents services d’hébergement du secteur privé comme<br />

du secteur public, à régime éducatif ouvert ou fermé, <strong>et</strong>, aussi, dans le<br />

centre fédéral fermé dans sa mission subsidiaire d’accueil court <strong>et</strong><br />

provisoire. Il s’agit de m<strong>et</strong>tre en place un système progressif d’admission<br />

sur la base de critères objectifs réservant le milieu fermé prioritairement<br />

aux cas les plus graves.<br />

Les critères d’admission suivants, pour les institutions publiques<br />

communautaires <strong>et</strong> pour le centre fédéral fermé sont proposés à la<br />

réflexion :<br />

a. Au sein des Institutions publiques de protection de la jeunesse<br />

à régime éducatif ouvert<br />

Critères d’admission<br />

1) les critères cumulatifs suivants :<br />

a) le mineur doit être âgé de plus de 12 ans ;<br />

b) le fait qualifié infraction doit constituer une atteinte contre<br />

les personnes, ou bien être un fait commis avec violence.<br />

2) les critères cumulatifs suivants :<br />

a) le mineur doit être âgé de plus de 12 ans ;


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 213<br />

b) le mineur a déjà fait l’obj<strong>et</strong> d’une mesure de protection de la<br />

jeunesse en régime éducatif ouvert ;<br />

c) le mineur a commis un nouveau fait qualifié infraction.<br />

3) les critères cumulatifs suivants :<br />

a) le mineur doit être âgé de plus de 12 ans,<br />

b) le mineur a bénéficié d’une mesure autre qu’un placement,<br />

c) le mineur a commis un nouveau fait qualifié infraction de<br />

nature, si le jeune était majeur, à entraîner au sens du Code<br />

pénal ou des lois particulières, une peine de réclusion de 5 à<br />

10 ans ou une peine plus lourde.<br />

Durée maximale de placement<br />

1) Au provisoire : il importe de fixer un délai raisonnable mais<br />

impératif pendant lequel le Tribunal doit prendre une décision<br />

définitive sur le fond après débat contradictoire. Vu la période<br />

d’observation, il semble raisonnable de proposer une période de<br />

6 mois. Si le Tribunal ne tranche pas sur le fond au moment de<br />

l’expiration du délai, la mesure de placement devrait être supprimée<br />

de facto.<br />

2) Après jugement : il y a lieu de fixer la durée maximale de placement<br />

décidée par jugement par le Tribunal de la jeunesse.<br />

Rien n’empêche cependant au Tribunal de la jeunesse de<br />

décider à l’issue de c<strong>et</strong>te durée de prolonger la mesure par jugement<br />

pour un même délai maximum. La durée maximale de placement<br />

proposée est d’1 an.<br />

b. Au sein des Institutions publiques de protection de la jeunesse<br />

à régime éducatif fermé<br />

Critères d’admission<br />

1) les critères cumulatifs suivants :<br />

a) le mineur doit être âgé de plus de 14 ans ;


214 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

b) le fait qualifié infraction pour lequel la personne est poursuivie<br />

doit être de nature, si elle était majeure, à entraîner au<br />

sens du code pénal ou des lois particulières une peine de<br />

réclusion de 5 ans à 10 ans ou une peine plus lourde ;<br />

c) le fait qualifié infraction doit constituer une atteinte contre<br />

les personnes.<br />

2) les critères cumulatifs suivants :<br />

a) le mineur doit être âgé de plus de 14 ans ;<br />

b) le mineur a déjà fait l’obj<strong>et</strong> d’un placement en régime éducatif<br />

ouvert ;<br />

c) le mineur a commis avec violence un nouveau fait qualifié<br />

infraction constituant une atteinte contre les personnes.<br />

3) les critères cumulatifs suivants :<br />

a) le mineur doit être âgé de plus de 14 ans ;<br />

b) le mineur a fait l’obj<strong>et</strong> d’un placement dans une institution à<br />

régime éducatif ouvert ;<br />

c) le mineur a fugué de l’institution <strong>et</strong> a commis un nouveau fait<br />

infractionnel ;<br />

d) le mineur adopte un comportement le m<strong>et</strong>tant en péril grave<br />

<strong>et</strong> m<strong>et</strong>tant en danger les personnes.<br />

4) les critères cumulatifs suivants :<br />

a) exceptionnellement, le mineur doit être âgé de plus de 12 ans;<br />

b) le mineur a commis un crime avec violence grave contre une<br />

personne.<br />

Durée maximale de placement<br />

1) Au provisoire : actuellement, le Juge de la jeunesse peut placer<br />

en milieu fermé en rendant une ordonnance de placement de 3<br />

mois maximum (la durée de placement au centre fermé<br />

d’Everberg est soustraite). Une deuxième ordonnance de 3 mois<br />

peut être prise. Ensuite, le placement peut être prolongé de mois


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 215<br />

en mois. Il n’existe cependant pas de délai maximum de placement<br />

en milieu fermé imposant un jugement sur le fond. Or, un<br />

grand nombre de mineurs pris en charge par l’IPPJ de Brainele-Château<br />

ne font jamais l’obj<strong>et</strong> d’un débat contradictoire avec<br />

un jugement sur le fond. Il y a donc lieu de fixer une durée<br />

maximale de ces prolongations de placement par ordonnance<br />

provisoire. Nous proposons une première ordonnance avec une<br />

durée maximale de 75 jours. Au-delà de c<strong>et</strong>te première ordonnance,<br />

le Juge de la jeunesse pourrait prolonger la mesure à trois<br />

repri<strong>ses</strong> pour une période de 3 mois maximum. Le Juge de la<br />

jeunesse devrait donc se voir imposer par la loi un délai<br />

maximum de 345 jours pour statuer sur le fond. Si le Tribunal<br />

ne statue pas sur le fond, la mesure de placement en section<br />

fermée est automatiquement levée.<br />

2) Après jugement : le Tribunal de la jeunesse ne pourrait prendre<br />

que des mesures de placement d’un an maximum éventuellement<br />

renouvelables par jugement.<br />

c. Au sein d’un centre fédéral fermé<br />

À défaut de place dans une institution publique de protection de la<br />

jeunesse en régime éducatif fermé, <strong>et</strong> sous réserve de places disponibles,<br />

pourra être placé au sein d’un centre fédéral fermé :<br />

1) les critères cumulatifs suivants :<br />

a) le mineur doit être âgé de plus de 16 ans au moment où le fait<br />

qualifié infraction a été commis <strong>et</strong> qu’il existe suffisamment<br />

d’indices de culpabilité ;<br />

b) le fait qualifié infraction pour lequel la personne est poursuivie<br />

doit être de nature, si elle était majeure, à entraîner au<br />

sens du code pénal ou des lois particulières une peine de<br />

réclusion de 5 ans à 10 ans ou une peine plus lourde ;


216 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

c) le fait qualifié infraction doit constituer une atteinte contre<br />

les personnes.<br />

2) les critères cumulatifs suivants :<br />

a) exceptionnellement, le mineur doit être âgé de 14 ans ;<br />

b) le mineur s’est rendu coupable d’un crime non correctionnalisable<br />

;<br />

c) le fait qualifié infraction doit constituer une atteinte contre<br />

les personnes.<br />

La durée de placement en centre fédéral est limitée à 15 jours,<br />

renouvelable pour une durée de 30 jours, après que le Juge de la jeunesse<br />

ait revu le mineur.<br />

La détermination de ces critères doit par ailleurs s’élaborer en<br />

coordination avec les critères d’admission prévus dans les institutions<br />

publiques communautaires à régime ouvert <strong>et</strong> fermé, ainsi que les<br />

proj<strong>et</strong>s pédagogiques particuliers mis en œuvre dans celles-ci.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 217<br />

Au sein d’une IPPJ à régime<br />

éducatif ouvert<br />

• + de 12 ans.<br />

• Avoir commis un fait qualifié infraction<br />

contre les personnes avec ou sans<br />

violence.<br />

• + de 12 ans.<br />

• Avoir fait l’obj<strong>et</strong> d’une mesure de placement<br />

au sein d’une IPPJ à régime éducatif<br />

ouvert.<br />

• Avoir commis un nouveau fait qualifié<br />

infraction.<br />

• + de 12 ans.<br />

• Avoir bénéficié d’une mesure autre qu’un<br />

placement.<br />

• Avoir commis un nouveau fait qualifié<br />

infraction de nature, si le jeune était<br />

majeur, à entraîner au sens du Code pénal<br />

ou des lois particulières, une peine de<br />

réclusion de 5 à 10 ans ou une peine plus<br />

lourde.<br />

Au sein d’une IPPJ à régime<br />

éducatif fermé<br />

• + de 14 ans.<br />

• Avoir commis un fait qualifié infraction<br />

de nature, si le jeune était majeur,<br />

à entraîner au sens du Code pénal ou<br />

des lois particulières, une peine de<br />

réclusion de 5 à 10 ans ou une peine<br />

plus lourde.<br />

• Le fait qualifié infraction doit constituer<br />

une atteinte contre les personnes.<br />

• + de 14 ans.<br />

• Avoir fait l’obj<strong>et</strong> d’une mesure de placement<br />

au sein d’une IPPJ à régime<br />

éducatif ouvert.<br />

•Avoir commis avec violence un nouveau<br />

fait qualifié infraction qui constitue une<br />

atteinte contre les personnes.<br />

• + de 14 ans.<br />

• Fugue d’une IPPJ à régime éducatif<br />

ouvert avec nouveau fait infractionnel.<br />

• Comportement le m<strong>et</strong>tant en péril grave<br />

<strong>et</strong> m<strong>et</strong>tant en danger les personnes.<br />

• Exceptionnellement, + de 12 ans.<br />

• Avoir commis un crime avec violence<br />

grave contre une personne.<br />

Au sein d’un centre fédéral fermé<br />

• + de 16 ans.<br />

• Avoir commis un fait qualifié infraction<br />

de nature, si le jeune était<br />

majeur, à entraîner au sens du Code<br />

pénal ou des lois particulières, une<br />

peine de réclusion de 5 à 10 ans ou<br />

une peine plus lourde.<br />

• Le fait qualifié infraction doit constituer<br />

une atteinte contre les personnes.<br />

• Manque de place disponible dans<br />

une IPPJ à régime éducatif fermé <strong>et</strong><br />

sous réserve de place disponible au<br />

sein du centre fédéral fermé.<br />

• Exceptionnellement, + de 14 ans.<br />

• Le mineur s’est rendu coupable d’un<br />

crime non correctionnalisable.<br />

• Le fait qualifié infraction doit constituer<br />

une atteinte contre les personnes.<br />

• Manque de place disponible dans<br />

une IPPJ à régime éducatif fermé <strong>et</strong><br />

sous réserve de place disponible au<br />

sein du centre fédéral fermé.<br />

SOIT SOIT SOIT<br />

SOIT SOIT SOIT SOIT<br />

SOIT SOIT


218 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Le dessaisissement<br />

Le proj<strong>et</strong> de réforme table sur le fait que la diversification des<br />

mesures protectionnelles pourra faire diminuer le nombre de recours<br />

au dessaisissement.<br />

Par ailleurs, le dessaisissement est maintenu exceptionnellement<br />

lorsque, sur la base d’un rapport médico-psychologique <strong>et</strong> d’une étude<br />

sociale, il apparaît que les mesures protectionnelles sont inadéquates<br />

<strong>et</strong> inopérantes.<br />

Le proj<strong>et</strong> propose également de raccourcir les délais de procédure.<br />

En ce qui concerne le déroulement de la procédure, il importe de<br />

tenir compte des éléments suivants :<br />

a) Il est envisagé le placement en centre fédéral fermé suite à une<br />

citation en dessaisissement devant le Tribunal de la jeunesse. Il<br />

convient de bien préciser que c<strong>et</strong>te orientation vers un centre<br />

fédéral fermé ne peut concerner que les mineurs faisant l’obj<strong>et</strong><br />

d’une citation en dessaisissement, se trouvant dans une<br />

section fermée d’une institution publique de protection de la<br />

jeunesse. Les autres mineurs – placés dans d’autres institutions<br />

en régime ouvert, ou en famille – ne sont pas concernés par un<br />

tel placement pendant la procédure en dessaisissement.<br />

Toutefois, en cas de manque de places disponibles dans un<br />

centre fédéral fermé, le mineur restera en section fermée.<br />

b) Il est prévu le maintien ou le placement en centre fédéral fermé<br />

en cas de dessaisissement lorsqu’un Juge d’instruction décerne<br />

un mandat d’arrêt. Il est précisé que lorsque le Tribunal de la<br />

jeunesse s’est dessaisi <strong>et</strong> que le procureur du Roi saisit un Juge<br />

d’instruction qui décerne un mandat d’arrêt à charge du jeune,<br />

la détention préventive sera exécutée dans un centre fédéral<br />

fermé. Il convient de préciser que la saisine d’un Juge d’ins-


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 219<br />

truction n’implique nullement la délivrance automatique d’un<br />

mandat d’arrêt <strong>et</strong> que dès lors, un mineur placé au centre fédéral<br />

fermé, suite à un dessaisissement, en sortira si le Juge d’instruction<br />

ne délivre pas de mandat d’arrêt à son encontre. Par<br />

ailleurs, un mineur qui ne serait pas placé dans un centre fédéral<br />

fermé au moment du dessaisissement, sera placé dans le centre<br />

fédéral fermé, <strong>et</strong> non dans une maison d’arrêt, s’il fait l’obj<strong>et</strong><br />

d’un mandat d’arrêt du Juge d’instruction.<br />

c) Il est prévu que les condamnés (mineurs délinquants ou mineurs<br />

délinquants devenus majeurs) exécuteront leur peine dans un<br />

centre fédéral fermé. Des possibilités d’orientation vers le<br />

système pénitentiaire seront prévues. Il convient toutefois de<br />

fixer un âge maximum pour la fin de l’exécution des condamnations<br />

dans un centre fédéral fermé.<br />

Le centre fédéral fermé sera donc prioritairement réservé :<br />

1) à des mineurs en attente de dessaisissement ;<br />

2) à des mineurs en attente de jugement après dessaisissement ;<br />

3) à des mineurs – ou mineurs devenus majeurs – condamnés.<br />

Il conviendra que le centre fédéral soit constitué de sections séparées<br />

pour ces différentes catégories de mineurs ou de jeunes majeurs.<br />

En eff<strong>et</strong>, pour les mineurs en attente de dessaisissement, ceux-ci<br />

relèvent toujours du secteur de la protection de la jeunesse au sens<br />

strict <strong>et</strong> ils doivent donc pouvoir, au sein du centre fédéral fermé,<br />

bénéficier de l’accompagnement éducatif assuré par les<br />

Communautés.<br />

En ce qui concerne les délinquants dessaisis, il faut également faire<br />

une distinction, au niveau de la prise en charge, entre ceux se trouvant


220 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

dans le centre dans le cadre d’un mandat d’arrêt <strong>et</strong> ceux qui sont<br />

condamnés. Des sections séparées doivent être prévues.<br />

Enfin, subsidiairement, en cas de places disponibles dans la<br />

section réservée aux mineurs en attente de l’audience devant le<br />

Tribunal de jeunesse suite à une citation dans le cadre de l’article 38,<br />

le centre fédéral fermé pourra accueillir des mineurs de plus de 16 ans<br />

ne pouvant être placés dans une institution publique de protection de<br />

la jeunesse en régime éducatif fermé pour observation (cfr supra).<br />

C<strong>et</strong>te diversification des sections au sein du centre fédéral fermé<br />

imposera la création d’un nouveau centre en Communauté française.<br />

En cas d’exécution d’une peine au centre fédéral fermé, les conditions<br />

de réinsertion sociale seront revues <strong>et</strong> adaptées eu égard aux particularités<br />

des jeunes délinquants.<br />

La prolongation des mesures prononcées<br />

Le proj<strong>et</strong> prévoit la possibilité de prolonger jusqu’à l’âge de 23 ans<br />

les mesures pour les faits commis après 17 ans. Cela perm<strong>et</strong> donc de<br />

maintenir des mineurs, presque majeurs dans le système protectionnel<br />

<strong>et</strong> dès lors d’éviter sans doute leur dessaisissement.<br />

Le proj<strong>et</strong> prévoit aussi la possibilité de prolonger la surveillance<br />

des mineurs ayant commis un fait grave entre 12 <strong>et</strong> 17 ans <strong>et</strong> qui présenterait<br />

une mauvaise conduite persistante ou un comportement<br />

dangereux.<br />

Dans la pratique, une telle disposition risque de ne jamais être<br />

appliquée. En eff<strong>et</strong>, si un tel mineur a fait l’obj<strong>et</strong> d’une mesure protectionnelle<br />

<strong>et</strong> que celle-ci s’avère adéquate <strong>et</strong> efficace, la prolongation de<br />

la mesure ne trouvera pas à s’appliquer. Si au contraire, le mineur per-


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 221<br />

siste dans la délinquance <strong>et</strong> qu’il comm<strong>et</strong> un nouveau fait après l’âge<br />

de 16 ans <strong>et</strong> avant l’âge de 18 ans, il pourra, en raison de son attitude<br />

faire l’obj<strong>et</strong> d’un dessaisissement <strong>et</strong> être renvoyé vers les juridictions<br />

ordinaires. Enfin, après l’âge de 18 ans, s’il comm<strong>et</strong> une infraction, il<br />

sera poursuivis devant des juridictions pénales ordinaires.<br />

Une telle disposition de prolongation de la surveillance ne devrait<br />

donc pas trouver à s’appliquer in concr<strong>et</strong>o. Toutefois, c<strong>et</strong>te disposition<br />

devrait perm<strong>et</strong>tre d’éviter des dessaisissements parce que le Tribunal<br />

estime que la mesure éducative est trop courte dans le temps en raison<br />

de l’âge du mineur.<br />

Une gestion adéquate des admissions en régime éducatif fermé<br />

On sait que la question des admissions des mineurs délinquants<br />

dans les institutions publiques, notamment à régime éducatif fermé,<br />

pose un problème en raison du manque de places disponibles. Il est<br />

dès lors proposé la création de la fonction de magistrat national de<br />

liaison pour la protection de la jeunesse <strong>et</strong> l’aide à la jeunesse.<br />

Le rôle de ce magistrat national serait un rôle de facilitateur dans<br />

les procédures d’admission. Il constituerait une interface entre les<br />

autorités mandantes, <strong>et</strong> de placement, <strong>et</strong> les instances de prise en<br />

charge <strong>et</strong> d’hébergement. Il jouerait un rôle de médiateur entre les<br />

Juges de la jeunesse pour déterminer les choix d’admission <strong>et</strong> d’orientation<br />

d’un mineur.<br />

Outre c<strong>et</strong>te mission, ce magistrat aurait également à jouer différents<br />

rôles dont, par exemple :<br />

a) celui de coordonner les orientations éventuelles de personnes<br />

condamnées se trouvant dans un centre fédéral fermé vers le<br />

système pénitentiaire ;


222 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

b) celui d’intervenir comme facilitateur par rapport aux difficultés<br />

pouvant survenir entre les autorités judiciaires <strong>et</strong> les instances<br />

communautaires dans le cadre de l’application des législations<br />

communautaires relatives à l’aide à la jeunesse ;<br />

c) servir de point de contact judiciaire par rapport à certaines situations<br />

individuelles pri<strong>ses</strong> en charge par le Délégué général aux<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> la Commissaire aux <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

III. CONCLUSIONS<br />

Des risques de dérives<br />

On ne change pas la société par décr<strong>et</strong>. Puisque la réforme s’appuie<br />

sur le système protectionnel, elle présente la garantie de la persistance<br />

de la culture protectionnelle. Elle reste donc une affaire de<br />

mentalités des acteurs, dont les autorités judiciaires.<br />

Une réforme axée sur le protectionnel ne gomme cependant pas<br />

tous les risques de dérives inhérents à l’application d’une nouvelle loi.<br />

Le risque principal semble être la multiplication des dessaisissements<br />

au motif que les jeunes délinquants bénéficieront, d’une part<br />

d’un Tribunal correctionnel spécifique à même de tenir compte de<br />

leur minorité au moment des faits <strong>et</strong>, d’autre part d’une application<br />

des peines dans un environnement adapté à leur jeune âge, excluant le<br />

contact avec des délinquants adultes.<br />

Des risques liés au partage des compétences <strong>et</strong> des moyens mis<br />

à disposition<br />

Il est évident que la réussite de la loi est hautement tributaire des<br />

autres niveaux de pouvoirs concernés, à savoir les communautés <strong>et</strong> les<br />

régions.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 223<br />

En eff<strong>et</strong>, pour ce qui concerne les mesures protectionnelles, y<br />

compris le placement en milieu éducatif fermé, ce sont les<br />

Communautés qui sont compétentes. Les nouvelles mesures, telles<br />

que la médiation, la surveillance intensive d’un éducateur référent, ...<br />

autant d’investissements incontournables des Communautés, sous<br />

peine d’échec cuisant de la réforme.<br />

Pour ce qui concerne les mesures protectionnelles encore, la prise<br />

en charge des mineurs délinquants rencontrant des problèmes psychiatriques,<br />

de toxicomanie, de déviance sexuelle, ce sont des compétences<br />

partagées entre les Régions, les Communautés <strong>et</strong> le Ministère<br />

fédéral de la Santé qui vont devoir s’investir aux côtés du Ministère<br />

de la Justice.<br />

Pour ce qui concerne la prise en charge des jeunes placés dans un<br />

centre fédéral fermé en exécution d’une peine, ce sont les Régions<br />

(Services d’aide aux justiciables…) qui peuvent s’investir aux côtés<br />

du Ministère de la Justice.<br />

Pour ce qui concerne la prise en charge des jeunes placés dans un<br />

centre fédéral fermé suite à la procédure de dessaisissement ou placés<br />

en hébergement d’urgence suite à l’absence de place en régime fermé<br />

dans une institution communautaire, ce sont les Communautés qui<br />

peuvent s’investir aux côtés du Ministère de la Justice.<br />

Des risques liés aux modes d’application de la loi<br />

Si d’autres niveaux de pouvoir que le Ministère de la Justice,<br />

comme les Communautés ou les Régions, ne peuvent qu’être associées<br />

à la mise en œuvre de la réforme, il en est de même des autorités<br />

(Parqu<strong>et</strong>, Juge de la Jeunesse) qui prennent les décisions.<br />

Or, si le principe de l’indépendance du pouvoir judiciaire ne<br />

peut être remis en question, des bali<strong>ses</strong> doivent être mi<strong>ses</strong> en place


224 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

dans la prise des décisions, sous peine de voir l’édifice basculer<br />

dans l’incohérence.<br />

Il faut impérativement tenir compte de la réalité des moyens mis à<br />

la disposition des magistrats <strong>et</strong> prévoir, autant que faire se peut, une<br />

organisation rationnelle <strong>et</strong> raisonnable des pri<strong>ses</strong> en charge des<br />

mineurs délinquants, tant dans les secteurs privé <strong>et</strong> public de l’aide <strong>et</strong><br />

de la protection de la jeunesse que dans le secteur de la responsabilité<br />

du Ministère de la Justice (centre fédéral fermé).<br />

Ainsi, il apparaît nécessaire de prévoir impérativement des critères<br />

d’admission tant dans les IPPJ, à régime éducatif ouvert <strong>et</strong> fermé, que<br />

dans le centre fédéral fermé. Autrement dit, il s’agit d’éviter un engorgement<br />

de tel ou tel service par des pri<strong>ses</strong> en charge qui pourraient ou<br />

devraient être assurées en amont par d’autres services.<br />

IV. QUELQUES RECOMMANDATIONS PRIORITAIRES<br />

Il convient de m<strong>et</strong>tre en œuvre une législation praticable sur base<br />

de données objectives en terme de nombre de mineurs délinquants,<br />

des qualifications des délits <strong>et</strong> des possibilités actuelles <strong>et</strong> futures des<br />

pri<strong>ses</strong> en charge.<br />

Il convient d’établir avec les Exécutifs des Communautés compétents<br />

en matière d’exécution des décisions pri<strong>ses</strong> à l’égard des<br />

mineurs délinquants, une adaptation de leur législation, réglementation<br />

<strong>et</strong> moyens sur le terrain, en coordination avec la réforme fédérale<br />

en cours.<br />

Il convient d’établir, par la loi <strong>et</strong> les décr<strong>et</strong>s communautaires, un<br />

système qui organise <strong>et</strong> balise les entrées <strong>et</strong> sorties dans les services<br />

d’hébergement des secteurs privés <strong>et</strong> publics (régimes ouvert <strong>et</strong><br />

fermé) sur base de critères objectifs. L’objectif étant d’une part,<br />

d’avoir un système opérationnel <strong>et</strong> praticable, d’autre part d’éviter les


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 225<br />

placements abusifs <strong>et</strong> inadéquats, tant pour l’intérêt du jeune que celui<br />

de la société.<br />

Avis relatif à l’avant-proj<strong>et</strong> de loi modifiant la législation<br />

relative à la protection de la jeunesse<br />

Après avoir pris connaissance de l’avis des acteurs de terrain au<br />

suj<strong>et</strong> de la note cadre, la Ministre de la Justice a rédigé un avant-proj<strong>et</strong><br />

de loi modifiant la législation relative à la protection de la jeunesse <strong>et</strong> à<br />

la prise en charge des mineurs ayant commis un fait qualifié infraction.<br />

L’avant-proj<strong>et</strong> de loi intègre un certain nombre de recommandations<br />

de l’institution du Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant, prend<br />

en considération certaines revendications d’acteurs de terrain, comme<br />

par exemple les magistrats, <strong>et</strong> tente de tenir compte de la sensibilité<br />

de <strong>ses</strong> partenaires politiques flamands.<br />

L’objectif de la Ministre de la Justice est manifestement de<br />

conserver un système protectionnel tout en tenant compte de l’évolution<br />

objective de la délinquance juvénile en intégrant un certain<br />

nombre de méthodes ou de mesures adaptées à l’évolution de notre<br />

société <strong>et</strong> des mentalités (médiation, réparation du dommage commis,<br />

<strong>et</strong>c.).<br />

C<strong>et</strong> avant-proj<strong>et</strong> de loi implique, en raison des compétences partagées<br />

entre les différents niveaux de pouvoirs, pour la réussite de son<br />

application, un partenariat entre le pouvoir fédéral <strong>et</strong> les<br />

Communautés. Faute de ce partenariat (modalisé par des accords de<br />

coopération), la réforme sera inapplicable. Par ailleurs, certaines dispositions<br />

prévues par l’État fédéral impliquent la création de nouveaux<br />

services à assumer par les Communautés. Faute d’avoir les<br />

garanties que celles-ci s’engagent à ces créations, notamment en<br />

terme de moyens, la loi ne pourra pas être effectivement mise en<br />

application.


226 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

S’il est évident que le Juge de la jeunesse doit avoir la possibilité<br />

de travailler à partir de mesures provisoires pri<strong>ses</strong> soit en urgence, soit<br />

dans le cadre d’investigations en attente d’un jugement au fond, il faut<br />

prendre garde à ce que ces mesures provisoires ne deviennent pas la<br />

règle dans les faits <strong>et</strong> sur le terrain. Le jugement sur le fond avec débat<br />

contradictoire doit être fixé dans des délais raisonnables <strong>et</strong> être l’élément<br />

central <strong>et</strong> incontournable des mesures éducatives.<br />

En ce qui concerne les mesures mi<strong>ses</strong> à la disposition du Tribunal<br />

de la jeunesse ou du Parqu<strong>et</strong>, celles-ci sont diversifiées <strong>et</strong> tiennent<br />

compte de problématiques de notre société actuelle : le traitement<br />

ambulatoire auprès d’un service compétent dans des domaines aussi<br />

divers que l’éducation sexuelle, la toxicomanie, l’alcoolisme, <strong>et</strong>c.<br />

Le texte s’adapte également aux expériences progressistes comme<br />

les prestations éducatives <strong>et</strong> philanthropiques ou la participation à une<br />

activité à caractère exceptionnel.<br />

Les réparations <strong>et</strong> les excu<strong>ses</strong> sont aussi des dispositions prévues<br />

dans le texte. La formation scolaire, parascolaire ou professionnelle<br />

peut être intéressante si elle perm<strong>et</strong> à des mineurs en décrochage scolaire<br />

d’entrer dans un processus de normalisation sociale.<br />

Le proj<strong>et</strong> m<strong>et</strong> en pratique quelques idées novatrices comme la possibilité<br />

pour le jeune de proposer au Tribunal un proj<strong>et</strong> personnel<br />

alternatif à une mesure classique de placement ou d’enfermement. La<br />

création de la fonction de magistrat de liaison en matière de jeunesse<br />

est particulièrement intéressante. Il aura notamment la compétence de<br />

coordonner <strong>et</strong> de faciliter les demandes d’admission dans les différents<br />

services.<br />

Le proj<strong>et</strong> prévoit également différentes garanties quant au respect<br />

des <strong>droits</strong> des jeunes comme, par exemple, la fixation de la durée du


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 227<br />

placement, la motivation des décisions du Tribunal, l’information aux<br />

familiers du mineur des mesures pri<strong>ses</strong>.<br />

Les IPPJ à régime éducatif ouvert ou fermé font partie des moyens<br />

mis à la disposition des tribunaux de la jeunesse. Toutefois, ces<br />

mesures de placement sont à présent accompagnées d’exigences formelles<br />

en matière de durée de placement <strong>et</strong> de la qualification de l’infraction<br />

notamment.<br />

En ce qui concerne les procédures d’admission dans les IPPJ,<br />

celles-ci sont, à présent, fondées sur des critères objectifs comme<br />

l’âge du mineur ou le degré de délinquance du jeune.<br />

Quant à la détermination de ces critères, le législateur devra<br />

prendre garde à déterminer, dans le respect de la notion de proportionnalité,<br />

les faits infractionnels autorisant le Juge de la jeunesse à<br />

prendre une mesure de placement en établissement en régime éducatif<br />

ouvert ou fermé le plus objectivement possible. Il apparaît à présent<br />

clairement que la notion de violence commise contre des personnes<br />

est la notion prédominante pour l’enfermement.<br />

Si <strong>nous</strong> pouvons être en accord avec c<strong>et</strong>te logique de protection<br />

de la société, encore faut-il répertorier le plus complètement possible<br />

les actes en rapport avec c<strong>et</strong>te notion de violence grave contre les<br />

personnes.<br />

En ce qui concerne la procédure de dessaisissement, l’avant-proj<strong>et</strong><br />

de loi maintient l’exigence d’un examen médico-psychologique <strong>et</strong><br />

d’une étude sociale. Le mineur qui fait l’obj<strong>et</strong> d’un dessaisissement<br />

peut être orienté dans un centre fédéral fermé. Mais ces jeunes ont le<br />

droit de savoir, dans un délai raisonnable par quelle juridiction ils<br />

seront jugés en définitive. En clair, s’ils pourront bénéficier des<br />

mesures protectionnelles ou s’ils seront orientés vers les tribunaux


228 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

ordinaires spécialisés pour traiter les cas de mineurs délinquants ayant<br />

fait l’obj<strong>et</strong> d’un dessaisissement.<br />

L’avant-proj<strong>et</strong> de loi prévoit qu’une chambre correctionnelle au<br />

moins se voit attribuer la compétence relative aux poursuites contre<br />

les personnes ayant fait l’obj<strong>et</strong> d’un renvoi vers les tribunaux ordinaires.<br />

Il serait judicieux que c<strong>et</strong>te chambre spécialisée soit composée<br />

d’au moins un magistrat disposant d’une expérience utile ou d’une<br />

formation en matière de protection de la jeunesse.<br />

En cas de condamnation par des tribunaux ordinaires spécialisés,<br />

les personnes condamnées ne devraient plus être orientées vers des<br />

établissements pénitentiaires destinés aux adultes mais être pri<strong>ses</strong> en<br />

charge par des établissements fédéraux fermés spécifiques qui leur<br />

sont réservés en raison de leur jeune âge.<br />

Il ne paraît pas judicieux de qualifier d’« aile punitive » l’endroit<br />

où les personnes vont exécuter leur peine dans ces établissements<br />

fédéraux fermés. Il serait préférable de nommer c<strong>et</strong>te structure « Unité<br />

spécialisée pour l’exécution des peines des mineurs dessaisis <strong>et</strong><br />

condamnés ». En eff<strong>et</strong>, c<strong>et</strong>te structure devrait être organisée de telle<br />

façon que le jeune condamné y effectue non seulement sa peine mais<br />

aussi puisse faire l’obj<strong>et</strong> d’un programme de réinsertion sociale en<br />

conformité avec son jeune âge.<br />

L’avant-proj<strong>et</strong> prévoit la possibilité d’orienter des jeunes de plus<br />

de 18 ans dans un établissement pénitentiaire pour adultes, sous certaines<br />

conditions. Si l’on peut adm<strong>et</strong>tre qu’un jeune majeur soit<br />

renvoyé vers un établissement pénitentiaire pour adultes, en cas de<br />

troubles graves <strong>et</strong> de mise en danger de l’intégrité des autres jeunes <strong>et</strong><br />

du personnel par celui-ci, il est difficilement acceptable qu’un jeune<br />

majeur soit orienté dans un établissement pénitentiaire pour adultes<br />

parce qu’il n’y a pas de place disponible dans une unité spéciale<br />

prévue à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 229<br />

Même s’il restreint les possibilités d’admission dans le centre<br />

fédéral fermé d’Everberg créé selon la loi du 1 er mars 2002, l’avantproj<strong>et</strong><br />

de loi maintient ce type d’établissement.<br />

Pour notre part, vu la diversification des mesures offertes aux<br />

Juges de la jeunesse, vu l’augmentation du nombre de places en<br />

milieu fermé dans les IPPJ <strong>et</strong> dans les services psychiatriques, vu la<br />

réorientation des mineurs dessaisis telle que le prévoit l’avant-proj<strong>et</strong><br />

de loi, il ne <strong>nous</strong> paraît pas opportun de maintenir en fonctionnement<br />

le centre fermé d’Everberg dans sa mission actuelle palliative au<br />

manque de place dans les IPPJ.<br />

Si tel est le cas, il est prévisible que l’État fédéral sera obligé de<br />

créer des établissements fermés supplémentaires pour assumer la<br />

prise en charge des mineurs dessaisis.<br />

En conséquence, <strong>nous</strong> recommandons à la Ministre de la Justice,<br />

d’une part, l’abrogation de la loi du 1 er mars 2002 relative au placement<br />

provisoire de mineurs ayant commis un fait qualifié infraction<br />

<strong>et</strong>, d’autre part, que c<strong>et</strong>te abrogation soit d’application (comme cela<br />

fut le cas pour l’abrogation de l’article 53 de la loi du 8 avril 1965) au<br />

1 er janvier de la troisième année qui suit l’adoption du proj<strong>et</strong> de loi<br />

modifiant la législation relative à la protection de la jeunesse <strong>et</strong> à la<br />

prise en charge des mineurs ayant commis un fait qualifié infraction.<br />

C<strong>et</strong>te dernière disposition devrait perm<strong>et</strong>tre aux Communautés de<br />

m<strong>et</strong>tre en œuvre, dans des délais raisonnables, un programme alternatif<br />

à l’enfermement des mineurs ayant commis un fait qualifié<br />

infraction dans le centre fermé d’Everberg.<br />

A la lecture de l’avant-proj<strong>et</strong> de loi, il est aussi envisagé de perm<strong>et</strong>tre<br />

aux autorités judiciaires d’ordonner aux personnes qui exercent<br />

l’autorité parentale sur le mineur d’accomplir un stage parental.<br />

Il paraît évident que ce stage doit avoir comme objectif principal de


230 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

favoriser chez ces personnes un exercice de l’autorité parentale respectueux<br />

de l’intérêt de l’enfant dont ils ont la charge. Ce stage<br />

parental est en quelque sorte une mesure éducative devant bénéficier<br />

in fine aux jeunes dont ils ont la responsabilité <strong>et</strong> la charge. Dans le<br />

cas de la réussite du stage parental, les personnes visées devraient<br />

bénéficier de l’extinction de l’action publique à leur égard.<br />

Par contre, <strong>nous</strong> sommes dubitatifs quant aux chances d’eff<strong>et</strong>s<br />

positifs de ce type de stage exécuté sous la menace d’une amende ou<br />

d’une sanction pénale. De toute manière, ce type de sanction risque de<br />

toucher des familles particulièrement défavorisées <strong>et</strong> donc de placer<br />

l’enfant concerné dans une situation plus précaire encore.<br />

La prise en charge de la délinquance juvénile<br />

Les Institutions publiques de protection de la jeunesse<br />

Le tableau ci-après reprend le nombre de pri<strong>ses</strong> en charge dans les<br />

institutions publiques de protection de la jeunesse <strong>et</strong> dans le centre<br />

fermé d’Everberg.<br />

Il révèle un constat étonnant <strong>et</strong> interpellant : en 2003, le nombre de<br />

placements en régime éducatif fermé a diminué de 13 % alors que<br />

pour la même année, le nombre de pri<strong>ses</strong> en charge au centre fermé<br />

d’Everberg a augmenté de 42 %. Les juges de la jeunesse auraient-ils<br />

tendance à préférer le recours à Everberg plutôt qu’aux institutions<br />

publiques de protection de la jeunesse, alors même que la capacité de<br />

celles-ci a augmenté ?<br />

En outre, on relève que c’est toujours l’arrondissement judiciaire<br />

de Bruxelles qui place le plus en milieu fermé, avec 43,5 % des 101<br />

garçons <strong>et</strong> 48,6 % des 35 filles.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 231<br />

Placements dans le Groupe des IPPJ en 1997-1998-1999-2000-2001-2002-2003<br />

Bruxelles (1 arrondissement) Wallonie (12 arrondissements)<br />

Régimes ouvert <strong>et</strong> fermé Régimes ouvert <strong>et</strong> fermé<br />

Groupe des IPPJ 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003<br />

517 560 490 448 511 572 548 673 594 808 628 623 686 697<br />

Régime fermé Régime fermé<br />

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003<br />

Braine-le-Château 11 30 7 15 23 37 29 22 19 29 23 39 53 41<br />

Fraipont 9 14 40 12 16 10 15 35 25 14 27 21 27 16<br />

St Servais 12 12 19 15 17 11 20 20 16 18<br />

Placements dans le Centre fermé d’Everberg en 2002-2003<br />

Bruxelles (1 arrondissement) Wallonie (12 arrondissements)<br />

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003<br />

Everberg 75 159 99 144<br />

Source : Administration de l’aide à la jeunesse


232 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Le centre fermé d’Everberg<br />

Le 1 er janvier 2002, l’article 53 de la loi relative à la protection de<br />

la jeunesse a été abrogé. Les Magistrats de la jeunesse ne peuvent<br />

donc plus placer des mineurs en prison sur la base de c<strong>et</strong> article 53.<br />

A partir de janvier 2002, les incidents se sont succédés <strong>et</strong> ont été<br />

portés sur la place publique, parfois par les autorités judiciaires ellesmêmes.<br />

Devant des refus d’admission en institution publique de protection<br />

de la jeunesse à régime fermé de la Communauté française,<br />

des jeunes délinquants ayant commis des faits infractionnels graves<br />

ont été relâchés sans prise en charge.<br />

A l’occasion de l’examen par le Gouvernement fédéral du proj<strong>et</strong><br />

de loi sur la délinquance juvénile du Ministre de la Justice, le <strong>Pr</strong>emier<br />

Ministre, face aux difficultés des Communautés pour organiser un<br />

accueil d’urgence en milieu éducatif fermé, s’empare du dossier <strong>et</strong><br />

annonce que le Gouvernement veut créer un centre fédéral fermé<br />

d’accueil provisoire pour mineurs délinquants.<br />

La première réunion interministérielle regroupant des représentants<br />

du fédéral <strong>et</strong> des Communautés, a eu lieu le 28 janvier 2002,<br />

avec sur la table une proposition de loi <strong>et</strong> un accord de coopération.<br />

Les discussions aboutiront à la présentation <strong>et</strong> au vote de la loi du 1 er<br />

mars 2002 relative au placement provisoire de mineurs ayant commis<br />

un fait qualifié infraction.<br />

La loi du 1 er mars 2002 fixe les critères d’admission au centre<br />

d’Everberg en son article 3 :<br />

«L’accès au centre est limité aux garçons <strong>et</strong> est soumis aux conditions<br />

cumulatives suivantes, décrites de façon circonstanciée dans<br />

l’ordonnance du juge :


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 233<br />

1° la personne est âgée de plus de quatorze ans au moment où le<br />

fait qualifié infraction a été commis <strong>et</strong> il existe suffisamment<br />

d’indices sérieux de culpabilité ;<br />

2° le fait qualifié infraction pour lequel elle est poursuivie est de<br />

nature, si elle était majeure, à entraîner, au sens du Code pénal<br />

ou des lois particulières une peine :<br />

a) de réclusion de 5 ans à 10 ans ou une peine plus lourde, ou<br />

b) d’emprisonnement correctionnel principal d’un an ou une<br />

peine plus lourde si elle a précédemment fait l’obj<strong>et</strong> d’une<br />

mesure définitive du tribunal de la jeunesse en raison d’un<br />

fait qualifié infraction puni de la même peine ;<br />

3° il existe des circonstances impérieu<strong>ses</strong>, graves <strong>et</strong> exceptionnelles<br />

se rattachant aux exigences de protection de la sécurité publique;<br />

4° l’admission, à titre de mesure provisoire, de la personne dans un<br />

établissement approprié prévu à l’article 37, § 2, 3°, juncto 52,<br />

de la loi du 8 avril 1965 relative à la protection de la jeunesse,<br />

dans une institution publique prévue à l’article 37, § 2, 4°,<br />

juncto 52, y compris dans une section d’éducation fermée,<br />

conformément aux dispositions de l’article 52 quater de la<br />

même loi, est, en raison du manque de place, impossible. »<br />

Le 1 er mars 2002, le centre fédéral fermé d’Everberg ouvrait <strong>ses</strong><br />

portes à 5 mineurs délinquants francophones.<br />

Statistiques pour l’année 2003<br />

<strong>Pr</strong>ès de deux ans <strong>et</strong> demi après l’ouverture du centre, il paraît<br />

opportun d’analyser les statistiques qui <strong>nous</strong> ont été transmi<strong>ses</strong> par la<br />

Direction pédagogique du centre d’Everberg.


234 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Elles concernent les jeunes francophones pris en charge par la<br />

Communauté française au centre d’Everberg du 1 er janvier 2003 au<br />

31 décembre 2003.<br />

L’étude de ces statistiques s’attachera à la notion d’enfermement<br />

en analysant les caractéristiques se rapportant aux jeunes admis au<br />

sein du centre.<br />

En préambule, il est important de se remémorer que le centre<br />

d’Everberg a développé sa capacité du nombre de pri<strong>ses</strong> en charge<br />

depuis son ouverture. En eff<strong>et</strong>, du 1 er mars 2002 au 28 juill<strong>et</strong> 2002, le<br />

centre d’Everberg pouvait accueillir 5 mineurs francophones ; du<br />

29 juill<strong>et</strong> 2002 au 26 septembre 2002, le centre d’Everberg pouvait<br />

accueillir 10 mineurs francophones ; <strong>et</strong> du 27 septembre 2002 au<br />

28 février 2003, le centre d’Everberg pouvait accueillir 24 mineurs<br />

francophones.<br />

Alors que la moyenne du nombre d’entrées par mois pour l’année<br />

2002 était de 10,08 jeunes, les chiffres pour l’année 2003, révèlent<br />

une moyenne du nombre d’entrées par mois de 25,25 jeunes.<br />

Du 1 er janvier 2003 au 31 décembre 2003, 303 mineurs ont fait<br />

l’obj<strong>et</strong> d’une prise en charge au centre fédéral fermé d’Everberg.<br />

Parmi ceux-ci, 52 jeunes ont fait l’obj<strong>et</strong> de deux mesures de placement<br />

dans ce même centre. Dès à présent on peut se demander si c<strong>et</strong>te<br />

pratique de placement à répétition au sein du centre d’Everberg ne<br />

s’assimile pas au placement en prison sur base de l’article 53 de la loi<br />

du 8 avril 1965, qui a été tant critiqué avant son abrogation.<br />

Quant au nombre de placements par arrondissement judiciaire, on<br />

constate que les placements ordonnés pas les arrondissements judiciaires<br />

de Bruxelles (52,48 %), Charleroi (12,21 %), Liège (12,21 %)<br />

<strong>et</strong> Mons (8,58 %) constituent 85 % des placements au centre fermé<br />

d’Everberg. Ce dernier accueille dès lors très majoritairement des


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 235<br />

jeunes issus des grandes cités urbaines. Pourrions-<strong>nous</strong> imaginer que<br />

le centre d’Everberg n’accueille que les jeunes délinquants issus de<br />

ces grandes villes ?<br />

Quant à la durée moyenne de la prise en charge, il apparaît que celleci<br />

est de 23,68 jours. Nous pouvons constater que Bruxelles, Charleroi,<br />

Liège, Nivelles, Verviers <strong>et</strong> Neufchâteau présentent une durée moyenne<br />

de prise en charge relativement proche de la moyenne globale. Les<br />

arrondissements de Mons, Tournai, Namur <strong>et</strong> Marche-en-Famenne présentent,<br />

quant à eux, une durée moyenne de prise en charge n<strong>et</strong>tement<br />

inférieure à la moyenne globale. Par contre, Huy, Arlon <strong>et</strong> Eupen se<br />

situent bien au-delà de la moyenne globale. Toutefois, ces trois arrondissements<br />

judiciaires n’ont placé que 11 jeunes au centre fermé<br />

d’Everberg. Sachant que la durée moyenne de prise en charge est de<br />

moins d’un mois, on peut s’interroger sur l’utilité réelle de prévoir des<br />

séjours de 2 mois <strong>et</strong> 5 jours au sein du centre d’Everberg.<br />

En ce qui concerne la moyenne d’âge des jeunes lors de leur entrée au<br />

centre fermé d’Everberg, celle-ci est de 16 ans <strong>et</strong> 2 mois. 75 % des jeunes<br />

ont plus de 16 ans à leur arrivée au centre. Nous remarquons également<br />

que le centre fermé d’Everberg a accueilli 12 majeurs âgés de 18 ans.<br />

Quant à la classification opérée sur la base de la nature du fait qualifié<br />

infraction, les statistiques fournies par la Direction du centre établissent<br />

5 sous-groupes :<br />

• les faits relatifs aux biens qui regroupent les vols simples, les<br />

vols avec effraction dans une habitation, les vols avec effraction<br />

dans un véhicule, les vols avec violence, les faits d’extorsion, les<br />

recels, les dégradations, les incendies volontaires, les rack<strong>et</strong>s <strong>et</strong><br />

les autres vols qualifiés.<br />

• les faits relatifs aux personnes qui regroupent sont les menaces,<br />

les faits de rébellion, les faits de coups <strong>et</strong> blessures, les agres-


236 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

sions sexuelles, les homicides, les faits de séquestration, les faits<br />

d’abus de confiance <strong>et</strong> les outrages.<br />

• les faits relatifs aux stupéfiants que sont la consommation, la<br />

détention <strong>et</strong> la vente de produits stupéfiants.<br />

• les faits de détention d’armes prohibées.<br />

• les autres faits que sont notamment la fugue (souvent – mais pas<br />

systématiquement – accompagnée d’autres faits qui justifient le<br />

placement), l’outrage public, l’association de malfaiteurs, la<br />

conduite d’un véhicule avant l’âge légal…<br />

65 % des mineurs placés au centre d’Everberg ont commis des<br />

faits contre les biens. Ensuite, les faits les plus souvent relatés <strong>et</strong> motivant<br />

le juge à prendre une décision de placement au centre fermé<br />

d’Everberg sont les faits de vol avec violence (30 %) <strong>et</strong> les faits de<br />

coups <strong>et</strong> blessures (8 %).<br />

Quant aux orientations effectives pour les jeunes à la sortie du<br />

centre d’Everberg, <strong>nous</strong> pouvons relever que 38,85 % des jeunes sont<br />

réorientés vers le groupe des IPPJ, 45,32 % sont réorientés en famille<br />

– ce qui est paradoxal quand on analyse les orientations prévues par<br />

les magistrats qui constituent majoritairement des orientations en<br />

section fermée d’IPPJ (59,35 %) – <strong>et</strong> 7,19 % sont dessaisis. La<br />

deuxième orientation effective la plus fréquente est la prise en charge<br />

par une section fermée d’une IPPJ (16,91 %).<br />

Il est à remarquer que 20 mineurs ont été renvoyés vers les juridictions<br />

ordinaires. 60 % des jeunes qui ont été dessaisis à la fin de<br />

leur séjour au centre, sont des jeunes de plus de 17 ans <strong>et</strong> 80 % proviennent<br />

de l’arrondissement judiciaire de Bruxelles. Il s’agit principalement<br />

de jeunes qui ont commis des faits relatifs aux biens, notamment<br />

des faits de vol avec violence. Sur ces 20 dessaisissements


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 237<br />

prononcés en fin de séjour, 15 jeunes étaient initialement orientés vers<br />

une section fermée, 4 vers une IPPJ toutes sections confondues, <strong>et</strong> 1<br />

ne faisait l’obj<strong>et</strong> d’aucun desiderata du magistrat.<br />

Quant au contexte de vie du jeune au moment du placement, <strong>nous</strong><br />

observons que 25,74 % des mineurs placés au centre fermé<br />

d’Everberg vivent avec leur mère <strong>et</strong> 27 % des mineurs vivent avec<br />

leurs deux parents. Une part non négligeable vit dans la famille<br />

proche (8,91 %) ou dans la rue (6,93 %).<br />

Quant au statut socio-économique des parents, le pourcentage des<br />

mères inactives est de plus de 55 %. Le pourcentage des pères actifs<br />

est d’environ 26 % contre 37 % de pères inactifs. Par ailleurs, 37,5 %<br />

des parents du jeune vivent ensemble. Ce qui signifie que 63,5 % des<br />

jeunes vivent dans une famille monoparentale ou recomposée.<br />

Quant à la scolarité des jeunes pris en charge, un grand nombre de<br />

mineurs sont déscolarisés (44,55 %). Seuls 4,29 % des jeunes suivent<br />

le cursus général. Le réseau d’enseignement le plus couramment cité<br />

est le réseau professionnel suivi par les formations en alternance <strong>et</strong> les<br />

contrats d’apprentissage.<br />

La majorité des jeunes placés au centre d’Everberg serait-elle issue<br />

d’une couche sociale défavorisée ? Plus encore que les IPPJ, Everberg<br />

n’est-il pas le dépotoir des exclus, des échecs scolaires <strong>et</strong> d’intégration<br />

sociale ?<br />

Quant aux mesures protectionnelles pri<strong>ses</strong> antérieurement au placement<br />

à Everberg, il appert que 22 % des jeunes n’avaient connu<br />

aucune autre mesure protectionnelle antérieurement. Par ailleurs,<br />

41 % des mineurs avaient fait l’obj<strong>et</strong> d’une mesure de placement en<br />

section d’accueil de l’IPPJ de Wauthier-Braine <strong>et</strong> 35 % en section<br />

d’accueil de l’IPPJ de Fraipont.


238 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Il est à remarquer enfin que différentes catégories de délinquants<br />

sont placés à Everberg alors qu’ils n’y ont pas leur place: des toxicomanes,<br />

des cas psychiatriques ainsi que des mineurs étrangers non<br />

accompagnés ayant commis des faits infractionnels de subsistance.<br />

A la lecture du proj<strong>et</strong> de loi modifiant la législation relative à la<br />

protection de la jeunesse <strong>et</strong> à la prise en charge des mineurs ayant<br />

commis un fait qualifié infraction, <strong>nous</strong> n’ignorons pas que ce texte<br />

de loi améliore la loi du 1 er mars 2002 relative au placement provisoire<br />

de mineurs ayant commis un fait qualifié infraction en restreignant<br />

la possibilité de placer des mineurs délinquants au sein du<br />

centre fermé d’Everberg.<br />

Nous estimons toutefois qu’il n’est pas cohérent que l’hébergement<br />

d’urgence de mineurs délinquants soit assumé par le Fédéral en<br />

raison du manque de moyens des Communautés.<br />

Dès lors, en vertu de l’article 3, § 4 du décr<strong>et</strong> du 20 juin 2002 instituant<br />

un délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant, le Délégué général a recommandé à la Ministre de la Justice,<br />

d’une part, l’abrogation de la loi du 1 er mars 2002 relative au placement<br />

provisoire de mineurs ayant commis un fait qualifié infraction<br />

<strong>et</strong>, d’autre part, que c<strong>et</strong>te suppression soit d’application (comme cela<br />

fut le cas pour l’abrogation de l’article 53 de la loi du 8 avril 1965) au<br />

1 er janvier de la troisième année qui suit l’adoption du proj<strong>et</strong> de loi<br />

modifiant la législation relative à la protection de la jeunesse <strong>et</strong> à la<br />

prise en charge des mineurs ayant commis un fait qualifié infraction.<br />

C<strong>et</strong>te dernière disposition devrait perm<strong>et</strong>tre aux Communautés de<br />

m<strong>et</strong>tre en œuvre, dans des délais raisonnables, un programme alternatif<br />

à l’enfermement des mineurs ayant commis un fait qualifié<br />

infraction dans le centre fermé d’Everberg.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 239<br />

Il peut aussi être utile de comparer les statistiques générales du<br />

centre fermé d’Everberg avec les chiffres connus au suj<strong>et</strong> de l’utilisation<br />

que faisaient les juges de la jeunesse de l’article 53 de la loi du<br />

8 avril 1965 relative à l’aide à la jeunesse.<br />

Ainsi le nombre de mineurs pris en charge par le centre fermé<br />

d’Everberg en 2003 est de 303 <strong>et</strong> le nombre de mineurs qui ont été<br />

incarcérés sur base de l’article 53 en 2001 est de 290. Nous constatons<br />

donc que l’on enferme davantage qu’auparavant. Par ailleurs, la durée<br />

de l’enfermement est plus longue. En eff<strong>et</strong>, l’article 53 de la loi du<br />

8 avril 1965 perm<strong>et</strong>tait d’emprisonner un mineur pour une durée de<br />

quinze jours maximum, alors que la loi du 1 er mars 2002 relative au<br />

placement provisoire de mineurs ayant commis un fait qualifié infraction<br />

perm<strong>et</strong> de placer un mineur dans un centre fédéral fermé pour une<br />

durée de deux mois <strong>et</strong> cinq jours.<br />

Et si la durée moyenne d’enfermement à Everberg était de 23 jours<br />

en 2003, il semble que celle-ci atteigne à présent 30 jours à l’heure où<br />

<strong>nous</strong> terminons ce rapport.


240 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Statistiques – article 53*<br />

Arrondissements 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003<br />

Arlon 0 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0<br />

Bruxelles 202** 212** 299** 255** 184** 203** 170** 138** 106** 165** 124** 0 0<br />

Charleroi 36 36 28 33 6 7 17 17 27 41 31 0 0<br />

Dinant 0 7 5 4 6 9 7 9 4 10 8 0 0<br />

Huy 1 5 5 1 5 2 6 2 7 11 11 0 0<br />

Liège 26 50 53 30 12 19 28 28 65 64 38 0 0<br />

Marche 5 0 1 0 2 0 0 1 0 2 0 0 0<br />

Mons 115 102 62 28 43 23 24 2 34 41 27 0 0<br />

Namur 2 20 10 3 8 2 7 5 8 19 19 0 0<br />

Neufchâteau 0 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0<br />

Nivelles 3 6 15 14 12 5 6 5 5 3 5 0 0<br />

Tournai 0 1 0 3 4 2 4 4 9 3 7 0 0<br />

Verviers 4 13 21 20 43 31 6 1 7 16 20 0 0<br />

394 452 499 393<br />

327 303 275 212 272 375 290 0 0<br />

Placements dans le Centre fermé d’Everberg<br />

Everberg 174 303<br />

Source : * Parqu<strong>et</strong>s généraux de Bruxelles, Liège <strong>et</strong> Mons<br />

** Francophones <strong>et</strong> néerlandophones confondus<br />

Il s’agit généralement du nombre de décisions <strong>et</strong> non du nombre de mineurs, un même mineur pouvant<br />

faire l’obj<strong>et</strong> de plusieurs décisions. En 2002, les placements à Everberg ont commencé le 1 er mars.<br />

Une extrapolation annuelle donnerait 232 placements.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 241<br />

Le dessaisissement<br />

Le 6 février 2004, le Délégué général a interpellé les directions des<br />

cinq IPPJ <strong>et</strong> du centre fermé d’Everberg pour connaître, d’une part, le<br />

nombre de mineurs qui avaient été admis au sein de ces institutions en<br />

2003 <strong>et</strong> qui avaient fait l’obj<strong>et</strong> d’une procédure de dessaisissement <strong>et</strong>,<br />

d’autre part, le nombre de mineurs qui avaient fait l’obj<strong>et</strong> d’une décision<br />

de renvoi devant les tribunaux ordinaires.<br />

IPPJ de Fraipont :<br />

Aucun mineur n’a fait l’obj<strong>et</strong> d’une mesure de dessaisissement<br />

dans les sections à régime éducatif ouvert.<br />

Un jeune placé dans la section à régime éducatif fermé (SOORF)<br />

a été dessaisi <strong>et</strong> renvoyé devant les tribunaux ordinaires.<br />

IPPJ de Braine-le-Château<br />

Un mineur a fait l’obj<strong>et</strong> d’une procédure de dessaisissement.<br />

Par ailleurs, 3 jeunes ont fait l’obj<strong>et</strong> d’un dessaisissement.<br />

Toutefois, la Direction de l’IPPJ précise que « pour deux d’entre eux,<br />

la procédure a été entamée suite à l’échec du proj<strong>et</strong> de réinsertion mis<br />

en place lors d’un premier séjour à l’IPPJ de Braine-Le-Château. Ces<br />

deux mineurs auraient donc pu éviter l’article 38 de la loi du 8 avril<br />

1965. La situation du troisième est particulière dans la mesure où le<br />

juge de la jeunesse, contre l’avis de l’IPPJ de Braine-Le-Château, a<br />

renvoyé le jeune devant les juridictions ordinaires. C<strong>et</strong>te décision a<br />

été cassée par la Cour d’Appel qui a reconfié le jeune à l’IPPJ de<br />

Braine-Le-Château. ».


242 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

IPPJ de Wauthier-Braine<br />

Aucun mineur n’a fait l’obj<strong>et</strong> d’une procédure de dessaisissement,<br />

ni d’une décision de renvoi devant les tribunaux ordinaires.<br />

IPPJ de Jum<strong>et</strong><br />

Aucun mineur n’a fait l’obj<strong>et</strong> d’une procédure de dessaisissement,<br />

ni d’une décision de renvoi devant les tribunaux ordinaires.<br />

IPPJ de St-Servais<br />

Aucune mineure n’a fait l’obj<strong>et</strong> d’une procédure de dessaisissement,<br />

ni d’une décision de renvoi devant les tribunaux ordinaires.<br />

Centre fermé d’Everberg<br />

20 mineurs ont fait l’obj<strong>et</strong> d’une décision de renvoi devant les tribunaux<br />

ordinaires.<br />

En conclusion, durant l’année 2003, 24 mineurs hébergés au sein<br />

des IPPJ <strong>et</strong> du centre fermé d’Everberg ont fait l’obj<strong>et</strong> d’une mesure<br />

de dessaisissement. Un mineur était en procédure de dessaisissement.<br />

Force est de constater que la majorité des mineurs qui ont été déférés<br />

devant les cours ordinaires provenaient du centre fermé d’Everberg.<br />

Dans sa réponse, la direction de l’IPPJ de Braine-Le-Château <strong>nous</strong><br />

indique qu’il se pourrait que certains magistrats taisent la procédure<br />

de dessaisissement qui pourrait être en cours.<br />

D’autres données posent questions, notamment à partir d’une comparaison<br />

des statistiques des parqu<strong>et</strong>s généraux relatives au nombre de<br />

dessaisissements pour l’année 2002 avec les rapports annuels des<br />

IPPJ pour c<strong>et</strong>te même année. En eff<strong>et</strong>, les parqu<strong>et</strong>s généraux de<br />

Bruxelles, Liège <strong>et</strong> Mons indiquaient qu’il y avait eu 115 dessaisisse-


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 243<br />

ments pour l’année 2002. Par ailleurs, les rapports annuels des IPPJ<br />

indiquaient que sur la totalité des jeunes pris en charge en 2002, 7<br />

mineurs avaient fait l’obj<strong>et</strong> d’un dessaisissement (6 à l’IPPJ de<br />

Braine-Le-Château <strong>et</strong> 1 à l’IPPJ de Saint-Servais).<br />

Nous pouvons donc <strong>nous</strong> demander si les IPPJ sont informées des<br />

procédures de dessaisissement. A défaut, où se trouvaient les mineurs<br />

qui ont fait l’obj<strong>et</strong> d’un dessaisissement ? De quelle prise en charge<br />

ont-ils fait l’obj<strong>et</strong> ?<br />

Enfin, il importe également de m<strong>et</strong>tre les données reçues en<br />

lumière avec les statistiques relatives au dessaisissement pour 2003<br />

(voir tableau ci-après).<br />

Nous constatons une augmentation du nombre de dessaisissements<br />

par rapport à l’année 2002 <strong>et</strong> une augmentation flagrante du nombre<br />

de pri<strong>ses</strong> en charge au centre fermé d’Everberg.<br />

Par rapport au nombre total de dessaisissements pour l’année<br />

2003, on peut relever que près d’un mineur sur six ayant fait l’obj<strong>et</strong><br />

d’un dessaisissement a été placé préalablement au centre fermé<br />

d’Everberg.<br />

Par ailleurs, comme chaque année, la majorité des mineurs qui ont<br />

fait l’obj<strong>et</strong> d’un dessaisissement en 2003 proviennent de l’arrondissement<br />

judiciaire de Bruxelles (66 %).


244 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Statistiques - article 38 *<br />

Arrondissements 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003<br />

Arlon 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0<br />

Bruxelles 51 70 70 65 79 102 96 66 50 67 64 59 77<br />

Charleroi 7 9 10 11 8 5 8 8 3 1 16 14 10<br />

Dinant 2 0 0 1 0 2 1 1 2 0 1 0 0<br />

Huy 0 0 1 0 0 0 0 0 1 5 1 1 0<br />

Liège 4 3 7 1 4 3 7 7 4 4 6 11 7<br />

Marche 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1<br />

Mons 3 4 12 0 3 2 3 28 18 13 8 11 14<br />

Namur 1 6 3 1 0 3 1 0 2 1 1 1 0<br />

Neuchâteau 0 0 0 1 1 0 0 0 1 1 0 2 1<br />

Nivelles 5 5 1 1 6 5 4 8 1 0 2 4 1<br />

Tournai 20 8 4 6 20 14 7 15 11 15 1 12 2<br />

Verviers 2 0 0 3 2 9 3 1 0 0 3 0 4<br />

97 105 108 90 123 145 130 134 93 107 103 115 117<br />

Placements dans le Centre fermé d’Everberg<br />

Everberg 174 303<br />

* Source : Parqu<strong>et</strong>s généraux de Bruxelles, Liège <strong>et</strong> Mons.<br />

En 2002, les placements à Everberg ont commencé le 1 er mars. Une extrapolation annuelle donnerait<br />

232 placements.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 245<br />

Réforme de la Commission de déontologie de l’aide<br />

à la jeunesse<br />

Dans le rapport annuel précédent, il était fait état que, suite à deux<br />

demandes d’avis formulées auprès de la Commission de déontologie,<br />

le Délégué général avait mis en évidence différents problèmes relatifs<br />

au fonctionnement de la Commission de déontologie (possibilité de<br />

désaccord, absence de possibilité de recours, relativité du pouvoir<br />

d’investigation).<br />

Sur c<strong>et</strong>te base, il avait formulé aux autorités compétentes des<br />

recommandations en vue de rectifier certaines lacunes <strong>et</strong> défauts dans<br />

le fonctionnement <strong>et</strong> l’organisation de la Commission <strong>et</strong> de modifier<br />

la réglementation <strong>et</strong> la législation.<br />

Voici en substance les recommandations qui avaient été formulées.<br />

1) Placer la Commission sous la responsabilité d’une instance<br />

supérieure<br />

Le rattachement actuel de la Commission de déontologie à<br />

l’Administration de l’aide à la jeunesse, vis-à-vis de laquelle elle est<br />

susceptible d’être saisie d’une demande d’avis dans un dossier litige<br />

n’est pas sans poser question, au niveau déontologique précisément.<br />

De manière à éviter tout risque d’influence ou de dérive partisane, il<br />

conviendrait que la Commission de déontologie soit plutôt sous la responsabilité<br />

d’une autre instance, par exemple, soit le Secrétariat<br />

général de la Communauté française, soit le Parlement de la<br />

Communauté française. Le secrétariat de la Commission devrait être<br />

assumé par l’instance de rattachement choisie.


246 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

2) Respecter le principe du contradictoire <strong>et</strong> les <strong>droits</strong><br />

de la défense<br />

La Commission ne disposant pas de pouvoirs d’investigations<br />

propres, elle ne se base que sur des documents remis par les parties <strong>et</strong>,<br />

le cas échéant, sur les affirmations de celles-ci lors des auditions. En<br />

cas de divergences, elle ne peut dès lors vérifier la véracité de l’une<br />

ou de l’autre. Elle prend toutefois position.<br />

Dans le cadre d’un dossier litige, la Commission de déontologie a<br />

pris pour règle de demander aux parties concernées leur position à<br />

l’égard des questions posées par le demandeur d’avis.<br />

S’agissant d’un dossier litige, il en résulte que ces renseignements <strong>et</strong><br />

documents seront des éléments de défense par rapport aux griefs qui lui<br />

sont reprochés par le demandeur d’avis. La procédure d’investigation<br />

de la Commission s’arrêtant là, il ne lui est donc pas possible d’apprécier<br />

le bien-fondé des explications données. Le risque est grand également<br />

que la Commission se range derrière la justification exprimée en<br />

dernier lieu.<br />

Il est donc proposé de modifier la réglementation relative au fonctionnement<br />

de la Commission en ce qui concerne la procédure dans<br />

les dossiers litiges, afin que, dans le respect du principe du contradictoire<br />

<strong>et</strong> des <strong>droits</strong> de la défense, la Commission puisse rendre un avis<br />

fondé sur des éléments d’appréciation objectifs <strong>et</strong> vérifiés. Ainsi,<br />

outre le fait que chacune des parties doit être informée de son droit<br />

d’être entendu s’il le souhaite, la procédure devrait prévoir :<br />

- l’obligation d’informer le demandeur ainsi que la personne ou le<br />

service visé par la demande de son droit d’être entendu par la<br />

commission ;<br />

- la personne ou le service mis en cause a un droit d’accès au<br />

dossier de la demande d’avis ;


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 247<br />

- la personne ou le service mis en cause doit pouvoir déposer des<br />

conclusions, dans un délai donné ;<br />

- ces conclusions doivent être communiquées au demandeur d’avis;<br />

- le demandeur peut apporter un complément d’informations, dans<br />

un délai donné ;<br />

- ce complément d’information doit être porté à la connaissance de<br />

la personne ou du service mis en cause ;<br />

- ce dernier a la possibilité de réagir une dernière fois <strong>et</strong> de déposer<br />

les dernières conclusions.<br />

Eu égard aux moyens d’investigations limités de la Commission,<br />

seule une telle procédure est de nature à lui perm<strong>et</strong>tre de disposer des<br />

éléments objectifs lui perm<strong>et</strong>tant de rem<strong>et</strong>tre un avis en meilleure<br />

connaissance de cause.<br />

3) Fixer un cadre pour l’avis<br />

La Commission peut, dans le cadre d’un dossier litige, être saisie<br />

d’une question précise, spécifique dans son obj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> ponctuelle dans<br />

la durée. Dans de telles situations, la Commission devrait examiner<br />

les faits objectifs qui lui sont soumis au regard des griefs déontologiques<br />

avancés par le demandeur <strong>et</strong> rester dans le cadre strict de la<br />

demande d’avis qui lui est adressée.<br />

4) Favoriser la transparence<br />

La Commission de déontologie est composée de cinq membres,<br />

auxquels il faut ajouter trois membres avec voix consultative. Il<br />

conviendrait, pour la bonne information de tous, notamment des<br />

demandeurs d’avis <strong>et</strong> des protagonistes à un dossier litige, que les<br />

noms des personnes ayant siégés dans le cadre de l’avis soient mentionnés<br />

dans l’avis.


248 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Par ailleurs, le règlement d’ordre intérieur prévoit qu’un membre<br />

ne peut participer aux travaux de la Commission dans les situations<br />

dont il a eu à connaître personnellement à quelque titre que ce soit. Il<br />

conviendrait dans des dossiers litiges, d’étendre les impossibilités de<br />

siéger, non seulement aux situations mais aussi aux personnes concernées<br />

par la demande d’avis. En eff<strong>et</strong>, tout membre qui entr<strong>et</strong>ient des<br />

relations de nature personnelle ou professionnelle avec une des parties<br />

concernées – le demandeur ou la personne ou le service mis en cause–<br />

devrait être interdit de siéger.<br />

5) La protection des parties mi<strong>ses</strong> en cause<br />

Etant donné la nature des avis rendus par la Commission dans des<br />

dossiers litiges <strong>et</strong> même si la Commission est une instance d’avis qui se<br />

défend de jouer un quelconque rôle disciplinaire qui prononcerait des<br />

condamnations, il n’en reste pas moins que les avis rendus par<br />

Commission sont susceptibles d’avoir un impact à l’égard tant du<br />

demandeur que de la personne ou du service mis en cause. C’est pourquoi,<br />

en cas de diffusion des avis de la Commission, dans les dossiers<br />

litiges, il est impérieux, comme l’a signalé le Conseil communautaire de<br />

l’aide à la jeunesse dans son avis relatif au proj<strong>et</strong> d’arrêté visant la publication<br />

des avis, que « la Commission veille à ce que les avis ne comportent<br />

aucune mention perm<strong>et</strong>tant d’identifier les personnes concernées<br />

». À défaut de pouvoir rendre un avis anonyme, en raison de la<br />

qualité des personnes concernées, celui-ci ne devrait pas être publié.<br />

∆<br />

Nous avons signalé que le 19 mai 2004, le Parlement de la<br />

Communauté française a adopté un décr<strong>et</strong> modifiant le décr<strong>et</strong> du<br />

4 mars 1991 relatif à l’aide à la jeunesse.<br />

Ce décr<strong>et</strong> donne notamment une base décrétale à la Commission<br />

de déontologie. Il définit en particulier sa mission, sa composition,


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 249<br />

son fonctionnement <strong>et</strong> prévoit la publication d’un rapport annuel<br />

concernant <strong>ses</strong> avis.<br />

On constate cependant que les modifications introduites par ce<br />

décr<strong>et</strong> à l’égard de la composition <strong>et</strong> du fonctionnement de la<br />

Commission de déontologie, ne tiennent pas suffisamment compte<br />

des recommandations formulées ci-dessus.<br />

Par ailleurs, l’avant-proj<strong>et</strong> de décr<strong>et</strong> a été soumis à l’avis du<br />

Conseil communautaire de l’aide à la jeunesse.<br />

En ce qui concerne l’élargissement de la composition de la<br />

Commission, le Conseil communautaire a remis l’avis suivant :<br />

« Le CCAJ ém<strong>et</strong> un avis favorable sur c<strong>et</strong> article. A la suggestion<br />

d’ajouter également le délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant parmi la<br />

composition de la Commission, le CCAJ se montre réticent, dans la<br />

mesure où la question de la compatibilité d’une double casqu<strong>et</strong>te<br />

pourrait se pose.<br />

Cependant, si la composition de la Commission de déontologie<br />

comprend un représentant du Ministre <strong>et</strong>/ou un représentant de<br />

l’Administration, pour lesquels la même question de la compatibilité<br />

des casqu<strong>et</strong>tes pourrait se pose, le CCAJ suggère que par cohérence,<br />

il y ait aussi un représentant de la Délégation générale aux <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant. Sur c<strong>et</strong>te dernière suggestion, le CCAJ n’a pas exprimé un<br />

avis unanime (12 voix pour, 3 contre, 1 abstention) ».<br />

Par ailleurs, au suj<strong>et</strong> de l’article prévoyant que lorsqu’une plainte<br />

est introduite par un membre du personnel de la Communauté française<br />

contre un autre membre du personnel de la Communauté française,<br />

les deux membres du personnel de l’administration de l’aide à<br />

la jeunesse assistent aux réunions avec voix délibérative, le Conseil<br />

communautaire a remis l’avis suivant : « Le CCAJ n’est pas favorable


250 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

à c<strong>et</strong>te disposition, pour les raisons invoquées (…), à savoir qu’il<br />

pourrait y avoir incompatibilité de casqu<strong>et</strong>tes ».<br />

Ces avis du Conseil communautaire n’ont pas été pris en considération<br />

lors de l’adoption du décr<strong>et</strong>.<br />

En conséquence de ce qui précède, le Délégué général a sollicité à<br />

la Ministre de l’Aide à la jeunesse du nouveau Gouvernement de la<br />

Communauté française, en vue d’une réunion de travail avec <strong>ses</strong> collaborateurs<br />

au suj<strong>et</strong> des recommandations qu’il a formulées en matière<br />

de réforme de la Commission de déontologie, du fonctionnement de<br />

celle-ci <strong>et</strong> de <strong>ses</strong> rapports avec l’institution du Délégué général.<br />


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 251<br />

3. Les mineurs d’âge candidats réfugiés politiques<br />

non accompagnés <strong>et</strong> des mineurs d’âge étrangers<br />

non accompagnés en situation illégale<br />

<strong>Pr</strong>otocole de coopération entre les Conseillers de l’aide à<br />

la jeunesse <strong>et</strong> l’Office des étrangers concernant la prise<br />

en charge des mineurs étrangers non accompagnés<br />

En décembre 2003 l’Office des étrangers <strong>et</strong> la Direction générale<br />

de l’aide à la jeunesse ont signé un protocole de coopération entre les<br />

Conseillers de l’aide à la jeunesse <strong>et</strong> l’Office des étrangers concernant<br />

la prise en charge des mineurs étrangers non accompagnés.<br />

Ce protocole vise à :<br />

• Définir les rôles <strong>et</strong> compétences de chacun des deux intervenants<br />

lorsque ceux-ci sont amenés à traiter d’une situation concernant<br />

un mineur étranger non accompagné.<br />

• Baliser le mode d’intervention des deux services dans l’accueil,<br />

le suivi du dossier en matière de solution durable <strong>et</strong> en cas de<br />

changement de la situation du mineur.<br />

• Améliorer la situation administrative du mineur en matière de<br />

séjour en informant les Conseillers des démarches à suivre<br />

auprès de l’Office pour l’obtention des documents de séjour<br />

ouvrant la voie à la régularisation temporaire ou définitive de sa<br />

situation <strong>et</strong> le droit à l’aide sociale des CPAS.<br />

Tutelle des mineurs étrangers non accompagnés<br />

Le 24 décembre 2002 a été adopté une loi programme dont le<br />

titre XIII, chapitre VI est consacré à la tutelle des mineurs étrangers non<br />

accompagnés.


252 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

C<strong>et</strong>te loi crée un service des tutelles au sein du Service public<br />

fédéral Justice <strong>et</strong> en définit les missions. Elle définit également la notion<br />

de « mineurs non accompagnés » ainsi que les missions du tuteur.<br />

Un arrêté royal portant exécution de c<strong>et</strong>te loi a été adopté le<br />

22 décembre 2003. C<strong>et</strong> arrêté définit notamment les missions, la composition<br />

<strong>et</strong> le fonctionnement du service des tutelles, les procédures <strong>et</strong><br />

critères d’agrément des tuteurs …<br />

L’arrêté royal prévoit l’ouverture officielle du service des tutelles<br />

pour le 1 er mai 2004.<br />

Un appel aux candidats tuteurs a été lancé depuis le mois de<br />

mars 2004.<br />

Accord de Gouvernement de la Communauté française<br />

2004-2009<br />

L’accord de Gouvernement pour la Communauté française 2004-<br />

2009 consacre au sein de son chapitre VII « Familles, Enfance <strong>et</strong><br />

Jeunesse » un paragraphe à la question des mineurs étrangers non<br />

accompagnés <strong>et</strong> prévoit que, le Gouvernement de la Communauté<br />

française entamera des discussions avec le Gouvernement fédéral en<br />

vue de conclure un accord de coopération relatif à la prise en charge<br />

des mineurs étrangers non accompagnés.<br />


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 253<br />

4. Affaires familiales<br />

Les États généraux des familles<br />

A la suite des élections de mai 2003, l’accord du Gouvernement<br />

fédéral commandait la mise en œuvre des États généraux des familles.<br />

La Secrétaire d’État aux Familles <strong>et</strong> aux Personnes handicapées, se<br />

voyait confier la mission de piloter c<strong>et</strong>te vaste consultation. Ce processus<br />

de concertation visait à réunir réuni autour des questions de<br />

politique familiale, des membres d’associations <strong>et</strong> d’administrations,<br />

des chercheurs universitaires, des responsables politiques… <strong>et</strong> le<br />

grand public, invité à participer via les forums d’un site Intern<strong>et</strong>. Le<br />

13 novembre 2003, la Secrétaire d’État aux Familles a inauguré officiellement<br />

ces États généraux des familles. Cinq groupes de travail<br />

ont été constitués : Articulation entre la vie familiale <strong>et</strong> la vie professionnelle,<br />

Familles <strong>et</strong> sécurité sociale, Familles <strong>et</strong> droit civil <strong>et</strong> judiciaire,<br />

Services aux familles <strong>et</strong> soutien à la parentalité, Familles <strong>et</strong> fiscalité.<br />

Le Délégué général a participé aux travaux de deux de ces<br />

groupes, à savoir « Famille <strong>et</strong> droit civil <strong>et</strong> judiciaire » <strong>et</strong> « Services<br />

aux familles <strong>et</strong> soutien à la parentalité ».<br />

Le 27 avril 2004, lors d’une séance plénière, les rapports des différents<br />

groupes de travail ont été présentés. Un livre, synthétisant l’essentiel<br />

des débats des groupes de travail, enrichi d’interviews d’experts<br />

<strong>et</strong> de réactions des familles, a été publié.<br />

Groupe de travail « Famille <strong>et</strong> droit civil <strong>et</strong> judiciaire »<br />

Parmi les propositions faites par le groupe de travail « Familles <strong>et</strong><br />

droit civil <strong>et</strong> judiciaire », on r<strong>et</strong>rouve des propositions qui ont été formulées<br />

par le passé par le Délégué général. En eff<strong>et</strong>, il existe au sein<br />

de ce groupe un consensus sur la nécessité de changer le système<br />

actuel de règlement des conflits relatifs au contentieux familial <strong>et</strong> le


254 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

règlement des relations interpersonnelles afin d’éviter les morcellements.<br />

Le groupe de travail propose trois pistes à savoir :<br />

- la création d’un tribunal de la famille – section du tribunal de première<br />

instance – qui regrouperait toutes les compétences en<br />

matière familiale ;<br />

- l’extension des compétences du juge de paix qui se verrait attribuer<br />

tout le contentieux relatif aux relations entre époux avec les<br />

enfants ;<br />

- le maintien de la compétence au tribunal de la famille mais avec<br />

une conciliation préalable obligatoire devant le juge de paix.<br />

Dans son rapport annuel 1997-1998, le Délégué général indiquait<br />

déjà qu’il était souhaitable de réunir au sein d’une même instance<br />

judiciaire (juge des familles) toutes les matières relatives à l’exercice<br />

de l’autorité parentale ou connexes, traitées par le juge de paix, le juge<br />

des référés, le juge de la jeunesse, section civile ou protectionnelle.<br />

En outre, en ce qui concerne le règlement des conflits en matière<br />

familiale, le groupe de travail indique que la médiation est une solution<br />

alternative aux conflits. Le groupe invite les autorités compétentes<br />

à adopter dans les plus brefs délais les arrêtés d’exécution perm<strong>et</strong>tant<br />

la mise en œuvre de l’agrément des médiateurs en application<br />

de l’article 734 quater du Code judiciaire.<br />

Dans son rapport annuel de 1997-1998, le Délégué général mentionnait<br />

qu’en matière familiale, il fallait encourager la médiation <strong>et</strong> que<br />

l’engagement d’une procédure contentieuse devait rester subsidiaire.<br />

Groupe de travail « Services aux familles <strong>et</strong> soutien à la<br />

parentalité »<br />

Le groupe de travail « Services aux familles <strong>et</strong> soutien à la parentalité<br />

» relève qu’au niveau de l’accueil de l’enfant, il y a une pénurie


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 255<br />

de place dans le secteur de l’accueil des moins de trois ans. Le groupe<br />

de travail précise que l’accueil de l’enfant doit devenir une priorité<br />

politique de l’ensemble des niveaux de pouvoirs.<br />

Dans l’accord de Gouvernement de la Communauté française, il est<br />

stipulé que l’accueil de l’enfant sera une priorité du Gouvernement. Le<br />

Gouvernement s’engage à créer d’ici la fin de la législature 8000 nouvelles<br />

places pour les enfants de moins de trois ans.<br />

Groupe de travail relatif aux relations personnelles entre<br />

l’enfant <strong>et</strong> son parent à l’égard duquel sont portées des<br />

allégations de maltraitance ou d’abus sexuels<br />

Dans le rapport annuel 2001-2002, il était fait état de la création, à<br />

l’initiative du Comité consultatif du Délégué général d’un groupe de<br />

travail relatif aux relations personnelles entre l’enfant <strong>et</strong> son parent à<br />

l’égard duquel sont portées des allégations de maltraitance ou d’abus<br />

sexuels, groupe de travail présidé par le Docteur Lise Thiry.<br />

Le groupe de travail recommandait à l’époque, vu le constat de la<br />

souffrance vécue par des enfants privés de relations avec l’un de leurs<br />

parents <strong>et</strong> de l’inexistence d’une structure spécifique leur venant en<br />

aide, qu’il serait utile de désigner un accompagnateur de l’enfant<br />

comme soutien, appui, personne de référence <strong>et</strong> allié à l’enfant. Il<br />

assurerait une continuité dans le parcours que l’enfant va devoir<br />

suivre. Il pourrait intervenir comme médiateur entre les deux parents,<br />

non pour obtenir une véritable conciliation, mais un éventuel rapprochement<br />

centré sur l’intérêt de l’enfant.<br />

L’accompagnateur pourrait être institué au sein d’un service d’aide<br />

en milieu ouvert (AMO) ou d’un service d’aide <strong>et</strong> d’intervention éducative<br />

(SAIE) lesquels devraient alors recevoir le subside leur per-


256 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

m<strong>et</strong>tant d’assurer c<strong>et</strong>te nouvelle mission d’accompagnement de l’enfant<br />

en difficulté <strong>et</strong> de soutien des parents.<br />

Un sous-groupe de travail a été créé à l’initiative du Parqu<strong>et</strong> de<br />

Charleroi <strong>et</strong> du Parqu<strong>et</strong> général de Bruxelles, en vue d’associer un ou<br />

plusieurs services de terrain à la réalisation d’un proj<strong>et</strong> pilote <strong>et</strong> de<br />

définir les modes <strong>et</strong> conditions de leur intervention (types <strong>et</strong> nombre<br />

de situations, âges des enfants…).<br />

Deux services, la Tramontane (SAAE/SAIE) de Bruxelles <strong>et</strong> l’asbl<br />

<strong>Pr</strong>isme <strong>et</strong> Résonance de Charleroi se sont montrés intéressées par le<br />

proj<strong>et</strong>.<br />

Le travail d’élaboration du proj<strong>et</strong> pilote, qui pourrait être déposé<br />

auprès de la Fondation Roi Baudouin <strong>et</strong>/ou auprès d’une autorité<br />

ministérielle compétente, est en cours.<br />


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 257<br />

5. Sensibilisation <strong>et</strong> information des enfants<br />

de leurs <strong>droits</strong> <strong>et</strong> obligations<br />

Action de sensibilisation des enfants à l’environnement :<br />

visite de l’arbor<strong>et</strong>um de Tervuren<br />

A l’invitation de SAR le <strong>Pr</strong>ince Laurent, des enfants, accompagnés<br />

du Délégué général ont été visiter le nouvel arbor<strong>et</strong>um de Tervuren le<br />

samedi 24 avril 2004. SAR le <strong>Pr</strong>ince Laurent est venu rejoindre personnellement<br />

<strong>ses</strong> invités.<br />

Le groupe d’enfants était notamment composé du conseil communal<br />

des enfants de Nivelles, dernier conseil communal des enfants<br />

installé en présence du Délégué général. L’activité a bénéficié du<br />

soutien du Bourgmestre <strong>et</strong> de l’Echevin de la jeunesse de Nivelles.<br />

C<strong>et</strong>te activité participait à l’inauguration du nouvel arbor<strong>et</strong>um<br />

ainsi qu’à la publication d’un guide du promeneur, rédigé, à l’initiative<br />

de l’Institut royal pour la Gestion durable des Ressources naturelles<br />

<strong>et</strong> la <strong>Pr</strong>omotion des Technologies propres (IRGT) <strong>et</strong> de son<br />

<strong>Pr</strong>ésident SAR le <strong>Pr</strong>ince Laurent.<br />

C<strong>et</strong> arbor<strong>et</strong>um est unique en Belgique. Sur près de 100 hectares, il<br />

présente plus de 450 espèces d’arbres, réparties suivant une logique<br />

géographique, de l’Ouest des États-Unis à la Chine. Des guides spécialisés<br />

font visiter ce magnifique domaine.<br />

Les rencontres de Félicien, le lutin magicien :<br />

Jaïro, Umar <strong>et</strong> An May<br />

Le personnage de Félicien, le lutin magicien, est déjà le héros de<br />

trois contes pour enfants : « Yaël <strong>et</strong> le souffleur de bulles », « Les<br />

bulles de l’espoir » <strong>et</strong> « Delphine <strong>et</strong> le lutin magicien »


258 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

C<strong>et</strong>te année, le Délégué général a écrit, sur une idée originale de<br />

Madame Maryline De Backer, institutrice, un conte pour enfants intitulé<br />

« Les rencontres de Félicien, le lutin magicien: Jaïro, Umar <strong>et</strong> An<br />

May », illustré par la dessinatrice Cécile Bertrand.<br />

La finalité de ce proj<strong>et</strong> est que le livre puisse être envoyé dans des<br />

écoles primaires de la Communauté française intéressées de sensibiliser<br />

les élèves aux <strong>droits</strong> de l’enfant dans les pays du Tiers-Monde.<br />

En 2003, le proj<strong>et</strong> d’animation de marionn<strong>et</strong>tes « Les Bulles de<br />

l’espoir », réalisé par le Studio Marionn<strong>et</strong>te asbl <strong>et</strong> Tuc <strong>et</strong> Cie asbl à<br />

partir du conte du Délégué général, avait reçu le soutien du Ministre<br />

de l’Enfance, chargé de l’Enseignement fondamental, pour être présenté<br />

dans les écoles de la Communauté française, prioritairement<br />

celles accueillant des élèves primo-arrivants.<br />

Le nouveau proj<strong>et</strong> de conte s’inscrivant dans la continuité de l’animation<br />

de marionn<strong>et</strong>tes, le Ministre de l’Enfance, chargé de<br />

l’Enseignement fondamental, a alloué le budg<strong>et</strong> nécessaire à la réalisation<br />

technique de l’ouvrage (illustrations, mise en page, édition…)<br />

<strong>et</strong> à l’achat de 3 000 exemplaires nécessaires pour toucher toutes les<br />

écoles primaires de la Communauté française.<br />

Un partenariat a été établi avec les éditions Labor qui ont soumis<br />

le texte original à un comité de lecture en vue de l’intégrer dans leur<br />

collection jeunesse « La Philo des filous ». Le livre a été présenté<br />

dans des écoles <strong>et</strong> a fait l’obj<strong>et</strong> d’une promotion par la directrice de<br />

collection, formatrice en ateliers de philosophie pour les enseignants<br />

du fondamental.<br />

Par ailleurs, le livre est accompagné d’un guide pédagogique,<br />

préparé par les éditions Labor, en vue de susciter la réflexion dans les<br />

clas<strong>ses</strong> sur le suj<strong>et</strong> abordé : les <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> le tiers monde.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 259<br />

L’album, dans sa version cartonnée, est disponible dans le réseau des<br />

librairies (en Belgique <strong>et</strong> en France). Il est également vendu, avec une<br />

couverture souple, dans le réseau scolaire de l’enseignement fondamental<br />

francophone belge par le biais de deux délégués pédagogiques.<br />

Grâce au soutien du Ministre de l’Enfance, chargé de<br />

l’Enseignement fondamental, le Délégué général offre, dans la limite<br />

du stock disponible, un exemplaire gratuit du livre aux enseignants<br />

qui le souhaitent.<br />

CD SINGLE « Ne reste pas seul(e) »<br />

Dans le plan de lutte contre la pédophilie déposé en octobre 1993,<br />

<strong>nous</strong> recommandions la généralisation sur l’ensemble de la<br />

Communauté française du service « Écoute-Enfants », le 103.<br />

Aujourd’hui, le service « Écoute-Enfants » fait l’obj<strong>et</strong> d’un décr<strong>et</strong><br />

du 12 mai 2004 relatif à l’agrément <strong>et</strong> au subventionnement de services<br />

d’accueil téléphonique des enfants.<br />

A c<strong>et</strong>te occasion <strong>et</strong> pour mieux faire connaître ce service mis à la<br />

disposition de tous les enfants de la Communauté française, la campagne<br />

« Ne reste pas seul(e) » a pu être mise en place à l’initiative du<br />

Délégué général, grâce au soutien du « Fifty One International ».<br />

Grâce à un mécénat du « Fifty One International » <strong>et</strong> de la<br />

<strong>Pr</strong>ovince de Namur, un CD single intitulé « Ne reste pas seul(e) » <strong>et</strong><br />

reprenant trois chansons des CD « Mêmes <strong>droits</strong> » <strong>et</strong> « Les bulles de<br />

l’espoir », précédemment produits, a pu voir le jour.<br />

Deux chansons (« Allô, Allô » <strong>et</strong> « Différents les enfants ») sont<br />

interprétées par Christian Merveille, la troisième (« J’ai un ami ») par<br />

Laurence Waters.


260 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

« Allô, Allô » se rapporte au 103 <strong>et</strong> « J’ai un ami » au rôle de<br />

Félicien, le lutin magicien, symbole de l’institution du Délégué<br />

général.<br />

10 000 exemplaires du CD single sont aussi mis à disposition des<br />

professionnels de l’enfance (écoles…), accompagnés d’un dossier<br />

pédagogique.<br />

Une émission de radio impliquant le Délégué général<br />

aux <strong>droits</strong> de l’enfant comme consultant<br />

Durant l’année scolaire 2003-2004, le Délégué général a présenté,<br />

en collaboration avec l’animatrice Caroline Veyt, l’émission de radio<br />

«Vide ton Sac » sur Bel RTL tous les dimanches de 19 heures à<br />

22 heures. Le Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant a pu répondre<br />

aux questions <strong>et</strong> interrogations des adolescents <strong>et</strong> jeunes adultes (14<br />

ans à 25 ans) qui se manifestaient spontanément durant l’émission.<br />

Citons de manière non exhaustive, quelques thèmes <strong>et</strong> suj<strong>et</strong>s<br />

abordés au cours de 37 émissions de l’année scolaire 2003-2004 (du<br />

7 septembre 2003 au 6 juin 2004).<br />

École : Difficulté d’intégration scolaire dans l’enseignement<br />

général d’une enfant malvoyante ; le port du foulard à l’école ; le<br />

rack<strong>et</strong> dans <strong>et</strong> aux abords des écoles ; les boucs émissaires dans les<br />

écoles ; les centres de rescolarisation ; l’homosexualité à l’école ; les<br />

difficultés des élèves surdoués ;…<br />

Société : Vivre avec un père ou avec un mère alcoolique ; le changement<br />

de nom; la télévision dans la chambre des adolescents: pour<br />

ou contre ? ; les vêtements de marque: un choix libre des adolescents<br />

? ; la rupture amoureuse ; la relation entre le chien <strong>et</strong> l’enfant ; la<br />

fessée : pour ou contre comme procédé éducatif ?; les rapts parentaux;


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 261<br />

la nouvelle réglementation routière ; la discrimination envers les<br />

homosexuels dans le domaine professionnel ; être maman <strong>et</strong> mineure<br />

d’âge ; le ramadan ; ...<br />

Sexualité : L’éducation sexuelle <strong>et</strong> affective dans les écoles primaires<br />

<strong>et</strong> secondaires ; les chèques contraception pour les 15-20 ans <strong>et</strong><br />

les outils de prévention ; ...<br />

Santé : Difficulté d’intégration en stage professionnel d’un adolescent<br />

victime d’une maladie rare non reconnue; toxicomanie : cannabis<br />

<strong>et</strong> drogues dure ; les adolescents <strong>et</strong> l’alcool ; ...<br />

Affaires familiales : Droit de rétablir des relations personnelles<br />

avec un parent absent ; difficultés relationnelles avec un beau-parent ;<br />

la garde alternée ; l’homosexuel par rapport à sa famille ; la relation<br />

entre les enfants <strong>et</strong> leur parent détenu: les équipes « relais parentsenfants<br />

; les relations entre frères <strong>et</strong> sœurs ; ...<br />

Culture: L’interdiction du film « Elephant » par la Commission<br />

de contrôle des films, EA - ENA ? la réforme de la loi de 1920 :<br />

culture ou censure ? ; ...<br />

Santé mentale : l’automutilation ; le suicide ; ...<br />

Aide <strong>et</strong> protection de la jeunesse : La prise en charge des délinquants<br />

juvéniles : la parole des jeunes dans les IPPJ <strong>et</strong> à Everberg ;<br />

recherche de famille d’accueil pour enfants en difficulté ; l’audition<br />

des enfants en justice ; ...<br />

Le Délégué général a invité plusieurs témoins ou experts lors de<br />

certaines de ces émissions : psychologues, psychiatres, médecins,<br />

avocats, comédiens… dont certains représentaient des associations<br />

comme le SIEP (service d’information sur les études <strong>et</strong> les professions),<br />

la plate-forme prévention SIDA…


262 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

En septembre 2004, l’émission a repris, en collaboration avec la<br />

journaliste Barbara Mertens, les mercredis soirs de 19 heures à<br />

19 heures 30.<br />

La Journée internationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

du 20 novembre<br />

La Convention internationale relative aux <strong>droits</strong> de l’enfant a été<br />

adoptée à New-York par les Nations-Unies le 20 novembre 1989. La<br />

Belgique a ratifié la Convention.<br />

Le Sénat <strong>et</strong> la Conférence interministérielle sur les <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

(État fédéral, Communautés <strong>et</strong> Régions) ont décrété le<br />

20 novembre, Journée internationale des <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

Par ailleurs, l’article 7 du décr<strong>et</strong> du 20 juin 2002 instituant un<br />

Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant stipule que le Délégué général<br />

doit rem<strong>et</strong>tre son rapport annuel le 20 novembre, Journée internationale<br />

des <strong>droits</strong> de l’enfant, au Gouvernement de la Communauté française<br />

ainsi qu’au Parlement de la Communauté française.<br />

Dans ce cadre, chaque année, le Délégué général prend des initiatives<br />

pour commémorer c<strong>et</strong> événement dans le cadre de sa mission<br />

d’informer les personnes privées, physiques, morales <strong>et</strong> les personnes<br />

de droit public, des <strong>droits</strong> des jeunes.<br />

Chaque année, l’institution coordonne de multiples activités avec<br />

de nombreux partenaires de tous les horizons.<br />

Parmi l’ensemble des manifestations prévues, divers événements<br />

symboliques <strong>et</strong> médiatiques méritent d’être soulignés <strong>et</strong> sont basés sur<br />

le thème : « Chaque enfant a le droit de vivre sur une planète <strong>et</strong> dans<br />

un environnement propres »


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 263<br />

C<strong>et</strong>te grande action regroupe un vaste partenariat impliquant<br />

l’Institut royal pour la Gestion durable des Ressources naturelles <strong>et</strong> la<br />

<strong>Pr</strong>omotion des Technologies propres (IRGT), les asbl « La leçon<br />

verte », « Green Belgium » <strong>et</strong> « Informations des Droits aux Enfants<br />

Entendants <strong>et</strong> Sourds » (IDEES), des conseils communaux d’enfants,<br />

le Secrétariat général du Ministère de la Communauté française, le<br />

Ministère de la défense, les Parlements de la Communauté française<br />

<strong>et</strong> de la Région de Bruxelles-Capitale, la Direction générale des<br />

Ressources naturelles <strong>et</strong> de l’Environnement de la Région wallonne,<br />

Bel-RTL, la RTBF <strong>et</strong> le Ligueur.<br />

a) Arbor<strong>et</strong>um<br />

Les conseils communaux d’enfants sont invités à venir visiter l’arbor<strong>et</strong>um<br />

les mercredis du mois d’octobre (6-13-20-27). 4 groupes sont<br />

prévus chaque jour (2 groupes le matin, 2 groupes l’après-midi), soit<br />

16 groupes au total. La visite durera 1h30 <strong>et</strong> sera accompagnée par un<br />

guide de l’asbl « la leçon verte ». De plus, un atelier sur l’eau <strong>et</strong> le<br />

développement durable d’une durée d’1 h 30 sera animé dans un local<br />

proche par un animateur de l’asbl « Green Belgium ».<br />

b) Plantation de l’arbre des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

En collaboration avec la Direction générale des Ressources naturelles<br />

<strong>et</strong> de l’Environnement de la Région wallonne <strong>et</strong> avec le soutien<br />

du Ministre wallon de l’Agriculture <strong>et</strong> de l’Environnement, il sera<br />

proposé à chaque commune de la Communauté française de recevoir<br />

un arbre, le tilleul, symbole des <strong>droits</strong> de l’enfant. L’arbre devra être<br />

planté dans un lieu public <strong>et</strong> devra être identifié comme étant « l’arbre<br />

des <strong>droits</strong> de l’enfant ».


264 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

c) Le Parlement de la Communauté française<br />

Avec le soutien de la <strong>Pr</strong>ésidente du Parlement de la Communauté<br />

française, une œuvre d’art représentant un arbre symbolisant les <strong>droits</strong><br />

de l’enfant sera inaugurée le 17 novembre 2004 au Parlement de la<br />

Communauté française.<br />

Le 17 novembre de 18 h 00 à 19 h 00, Bel-RTL installera son studio<br />

<strong>et</strong> produira son journal parlé dans le Parlement de la Communauté<br />

française.<br />

De 19h00 à 19h30, l’émission radio de Bel-RTL « Vide ton sac »<br />

sera animée en direct du Parlement avec des enfants. Le thème sera<br />

consacré au 20 novembre, journée internationale des <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

Les 17 <strong>et</strong> 18 novembre, des visites du Parlement de la<br />

Communauté française seront organisées à l’attention des conseils<br />

communaux d’enfants, matin <strong>et</strong> après-midi.<br />

d) Le Parlement bruxellois<br />

Avec le soutien du <strong>Pr</strong>ésident du Parlement bruxellois, un débat sur<br />

le thème de l’environnement sera organisé dans l’hémicycle du<br />

Parlement bruxellois le 18 novembre 2004 de 14 h 30 à 17 h 00 à l’intention<br />

des enfants des écoles bruxelloi<strong>ses</strong> de 5 e <strong>et</strong> 6 e primaires.<br />

e) Appel à proj<strong>et</strong>s concernant l’environnement<br />

Le Délégué général lance, en collaboration avec l’IRGT, placé<br />

sous la présidence de SAR le <strong>Pr</strong>ince Laurent, un appel à proj<strong>et</strong>s aux<br />

clas<strong>ses</strong> de 2 <strong>et</strong> 3 e degrés de l’enseignement primaire <strong>et</strong> aux conseils<br />

communaux d’enfants de la Communauté française sur le thème du<br />

respect de l’environnement <strong>et</strong> du développement durable.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 265<br />

Les élèves <strong>et</strong> leur instituteur ou leur animateur sont invités à<br />

déposer un proj<strong>et</strong> concr<strong>et</strong> à réaliser soit dans leur école, soit dans leur<br />

commune, soit dans un pays en voie de développement.<br />

C<strong>et</strong> appel à proj<strong>et</strong>s sera relayé dans plusieurs numéros du Ligueur.<br />

Un comité de sélection mis en place par l’IRGT r<strong>et</strong>iendra les<br />

meilleurs proj<strong>et</strong>s qui recevront, en fonction des disponibilités, un<br />

budg<strong>et</strong> <strong>et</strong> des moyens nécessaires à leur réalisation. Le comité sera<br />

composé de membres de l’IRGT, d’un représentant des asbl « La<br />

leçon verte » <strong>et</strong> « Green Belgium » d’un représentant du Ministère de<br />

la Défense <strong>et</strong> d’un membre du service du Délégué général.<br />

Les proj<strong>et</strong>s r<strong>et</strong>enus seront présentés publiquement par leurs promoteurs<br />

lors de la matinée académique du 20 novembre 2004 placée<br />

sous le thème : « Chaque enfant a le droit de vivre sur une planète <strong>et</strong><br />

dans un environnement propres ».<br />

Le Ministre de la Défense analysera les possibilités d’une aide logistique<br />

pour m<strong>et</strong>tre en œuvre les proj<strong>et</strong>s dans un pays du Tiers-Monde où<br />

l’armée belge peut être partenaire soit l’Afghanistan, le Bénin, le Kosovo.<br />

L’émission radio « Quand les jeunes s’en mêlent » de la RTBF<br />

s’ouvre durant les semaines à venir à toute proposition émanant directement<br />

des conseils communaux d’enfants ou des écoles qui préparent<br />

un proj<strong>et</strong> afin de donner sur les ondes tout le r<strong>et</strong>entissement que le<br />

proj<strong>et</strong> mérite. Ce partenariat avec l’émission « Quand les jeunes s’en<br />

mêlent » vise à solliciter l’initiative des enfants <strong>et</strong> à développer leur<br />

participation.<br />

f) La matinée académique du 20 novembre<br />

Le Délégué général organise, le 20 novembre en matinée, un séminaire<br />

intitulé « Droit de l’enfant <strong>et</strong> environnement » en partenariat


266 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

avec l’asbl « L’Enfant des Étoiles » <strong>et</strong> le Carrefour Régional <strong>et</strong><br />

Communautaire de la Citoyenn<strong>et</strong>é <strong>et</strong> de la Démocratie (CRECCIDE).<br />

Les enfants des conseils communaux <strong>et</strong> des écoles dont le proj<strong>et</strong> en<br />

matière d’environnement a été r<strong>et</strong>enu par le comité de sélection, installé<br />

sous les auspices de l’IRGT, sont invités à venir présenter leur proj<strong>et</strong>.<br />

Le programme :<br />

- Ouverture du séminaire<br />

- Intervention d’une personnalité scientifique<br />

sur le thème de l’environnement<br />

- Intervention du CRECCIDE sur les conseils<br />

communaux d’enfants<br />

- Exposés des enfants<br />

- Conclusions<br />

Lors de c<strong>et</strong>te matinée, le Délégué général rem<strong>et</strong>tra symboliquement,<br />

en compagnie d’enfants, tel que prévu par l’article 7 du décr<strong>et</strong><br />

instituant un Délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong><br />

de l’enfant, son rapport annuel à la Ministre-<strong>Pr</strong>ésidente du<br />

Gouvernement de la Communauté française <strong>et</strong> à la <strong>Pr</strong>ésidente du<br />

Parlement de la Communauté française.<br />

Deux œuvres réalisées par Monsieur Wauters, sculpteur, seront<br />

remi<strong>ses</strong> lors de c<strong>et</strong>te matinée. L’une intitulé « Tendresse II » récompensera<br />

une institution, une organisation, une personne ou un service<br />

qui aura participé activement durant l’année écoulée à défendre la<br />

cause des <strong>droits</strong> de l’enfant. L’autre intitulée « Félicien » récompensera<br />

un travail ou une action réalisée pour les <strong>droits</strong> de l’enfant sur un<br />

plus long terme.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 267<br />

g) La comédie musicale Mélisande de l’asbl « L’Enfant des Étoiles»<br />

Les représentations du spectacle « Mélisande » de l’asbl « L’Enfant<br />

des Étoiles » se dérouleront du 10 au 20 novembre 2004 afin de les<br />

faire coïncider avec la commémoration en Belgique de la Journée<br />

nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant fixée annuellement le 20 novembre.<br />

Le spectacle de Gala se déroulera le 20 novembre en soirée.<br />

h) Concert du 21 novembre<br />

En clôture des différentes manifestations qui se sont déroulées en<br />

Communauté française pour commémorer la Journée internationale<br />

des <strong>droits</strong> de l’enfant, le Délégué général, sous la coordination de<br />

Monsieur Vaguener, un concert au Théâtre Saint-Michel à Bruxelles.<br />

Le concert bénéficie de la présence de SAR le <strong>Pr</strong>ince Laurent <strong>et</strong> est<br />

placé en autres sous le haut patronage du, Ministre de la Défense, de<br />

la <strong>Pr</strong>ésidente du Parlement de la Communauté française, du Ministre-<br />

<strong>Pr</strong>ésident de la Région wallonne, de la Ministre-<strong>Pr</strong>ésidente de la<br />

Communauté française, du Ministre de l’Environnement de la Région<br />

wallonne, de la Ministre de l’Environnement de la Région Bruxelles-<br />

Capitale, de la Ministre de la Culture de la Communauté française <strong>et</strong><br />

de la Ministre de l’Enfance <strong>et</strong> de l’Aide à la jeunesse de la<br />

Communauté française.<br />

En outre, Claire Briss<strong>et</strong>, Marianne De Boeck, Annie Cordy,<br />

Christian <strong>et</strong> Janine de Duve, Anne de Kerchove de Denterghem, <strong>Jean</strong>-<br />

Pierre de Launoit, Valmy Féaux, Thierry Gi<strong>et</strong>, Alain <strong>et</strong> Edith Hauzeur,<br />

Roger Lallemand, <strong>Jean</strong>-Denis Lejeune, Christian Merveille, Marina<br />

<strong>Pr</strong>igogine, Gabriel Ringl<strong>et</strong> <strong>et</strong> Lise Thiry ont accepté de constituer le<br />

Comité d’honneur du concert.


268 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

La promotion du concert sera assurée par divers partenaires dont<br />

le Ligueur <strong>et</strong> il bénéficie notamment du soutien comme partenaire<br />

d’Ethias, de Microsoft, du Fifty One International…<br />

La première partie de ce concert est consacrée à la création mondiale<br />

du quatrième concerto pour piano de Robert Janssens, compositeur<br />

belge. Ce concerto auquel le compositeur assistera est produit par<br />

le « Brussels Philarmonic Orchestra » <strong>et</strong> dirigé par Roger Bausier. La<br />

partie soliste sera assurée par le jeune pianiste Alexander Vaguener.<br />

La seconde partie du concert est réservée à l’interprétation de la symphonie<br />

du nouveau monde de Dvorak.<br />

Les fonds récoltés seront reversés aux proj<strong>et</strong>s des conseils communaux<br />

d’enfants <strong>et</strong> des écoles qui auront été r<strong>et</strong>enus <strong>et</strong> présentés lors<br />

de la matinée académique du 20 novembre, afin que ceux-ci puissent<br />

être réalisés.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 269<br />

Ligne du temps<br />

Ligne du temps (non exhaustive) arrêtée au 15 octobre<br />

Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant 2 004<br />

Dates Organisations Activités<br />

1 er septembre Le Ligueur • Appel aux proj<strong>et</strong>s dans les écoles<br />

«L’enfant a le droit de vivre sur une<br />

planète propre <strong>et</strong> un environnement sain »<br />

De octobre 2004 Centre d’action laïque • <strong>Pr</strong>oj<strong>et</strong> de sensibilisation aux <strong>droits</strong> de<br />

à juin 2005 de la province de Liège l’Enfant « Itinéraire des <strong>droits</strong> de l’Enfant,<br />

de Liège à Lisala *<br />

4 au 29 octobre Délégué général aux • Visites de l’Arbor<strong>et</strong>um à Tervuren<br />

Droits de l’Enfant - IRGT<br />

16 octobre Paliseul • Places aux enfants avec lâcher de ballons<br />

<strong>et</strong> lien avec le 20 novembre, Journée<br />

nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

17 au 18 octobre Chambre des • <strong>Pr</strong>ésence d’un membre de la chambre à la<br />

représentants<br />

Conférence mondiale des femmes<br />

parlementaires consacrée à la protection de<br />

l’enfance <strong>et</strong> de l’adolescence à Rome<br />

29 octobre Awans • Fête des enfants en collaboration avec les<br />

écoles, le JAP <strong>et</strong> le PSI<br />

Octobre- Direction générale Envoi dans les centres ADEPS d’affiches<br />

novembre du Sport présentant la Journée nationale des <strong>droits</strong><br />

de l’enfant<br />

Novembre CCE * Neufchâteau • Sensibilisation aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

Novembre Fifty One International • Encart présentant le concert du<br />

21 novembre dans le journal du Fifty One<br />

International<br />

* CCE = Conseil Communal des Enfants


270 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Novembre CJEF • Assemblée générale du CJEF le 21/9 lors<br />

de laquelle chaque organisation de jeunesse<br />

sera invitée à participer à la Journée<br />

nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

• Commission Jeunesse du CJEF :<br />

Publication dans la presse de deux articles<br />

(1 pour adultes « carte blanche » + 1 pour<br />

enfants) sur la symbolique du 20 nov <strong>et</strong><br />

l’action au quotidien des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

+ la place des enfants au sein du secteur<br />

« jeunesse »<br />

Novembre ONE • En attente<br />

Novembre RTBF • En attente<br />

Novembre Association • Stages gratuits organisés<br />

francophone d’Aïkido<br />

Novembre Infor jeunes • Collaboration avec les centres <strong>et</strong> points<br />

relais Infor Jeunes - réactualisation dossier<br />

sur la Convention internationale des <strong>droits</strong><br />

de l’enfant qui sera téléchargeable à partir<br />

du site www.inforjeunes.be<br />

Novembre Arlon • Actions de sensibilisation aux <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant via les cours philosophiques dans<br />

les écoles de l’entité<br />

Novembre Ganshoren • En attente (activités dans les écoles <strong>et</strong><br />

accueil extra scolaire)<br />

Novembre Ligue francophone • Encart d’un texte informatif dans le<br />

de Handball<br />

journal officiel, distribution de brochures<br />

sur la Convention internationale des <strong>droits</strong><br />

de l’enfant<br />

Novembre AMO La Chaloupe • En attente + lâcher de ballons<br />

Novembre AMO Carrefour J • En attente<br />

Novembre Sainte-Ode • En attente + lâcher de ballons<br />

Novembre Comblain-au-Pont • En attente<br />

Novembre CCE Sprimont • Exposition de travaux d’enfants sur les<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 271<br />

Novembre Unicef • En attente<br />

Novembre Saint-Nicolas • En attente<br />

1 au 20 Délégué général aux • Distribution <strong>et</strong> plantation d’arbres des<br />

novembre Droits de l’Enfant - <strong>droits</strong> de l’Enfant dans les communes<br />

Ministre de l’agriculture participantes<br />

de la Région wallonne<br />

2 au 30 Centre d’action laïque de • Quinzaine thématique sur la non violence<br />

novembre la <strong>Pr</strong>ovince de Liège <strong>et</strong> la résolution pacifique des conflits<br />

7 novembre Échevinat de la • Places gratuites offertes à des enfants<br />

Jeunesse <strong>et</strong> des Sports de services résidentiels pour le match de<br />

football Tubize/Deinze <strong>et</strong> lâcher de ballons<br />

10 au 20 Communauté • 10 au 20 nov : exposition « L’amitié envers<br />

novembre germanophone les étrangers ? – Bien sûr ! » dans les locaux du<br />

BRF (radio télévision) pour les groupes scolaires<br />

<strong>et</strong> mouvements de jeunesse<br />

• 13 nov : forum des jeunes organisé à l’école<br />

communale de la Calamine<br />

• 17 nov : jeu « Bemapardy » au centre Worriken<br />

pour les clas<strong>ses</strong> de l’enseignement secondaire<br />

• 19 nov : Institut d’enseignement spécialisé de<br />

la Communauté germanophone + Jeune<br />

Chambre du Commerce invitent les clas<strong>ses</strong> de<br />

6 e primaires d’Eupen à un spectacle, débats,<br />

réalisation d’affiches…<br />

• 19 nov : école fondamentale annexée à<br />

l’institut supérieur pédagogique, en collaboration<br />

avec l’Unicef, organise un programme<br />

d’activités différencié en fonction des degrés<br />

d’enseignement<br />

14 au 20 Faucons Rouges • Exposition consacrée aux <strong>droits</strong> de<br />

novembre de Wanze l’Enfant <strong>et</strong> à la problématique des enfantssoldats<br />

(dans les locaux de la salle Gros<br />

Buisson)<br />

15 au 21 Radio Quartz • Diffusion de spots informant de la<br />

novembre<br />

Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant


272 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

15 au 21 Radio Borinage • Diffusion de spots informant de la<br />

novembre Fun Radio Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

15 au 21 Radio Contact 2 Dinant • Diffusion de spots informant de la<br />

novembre<br />

Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

15 au 21 Radio Centre Jodoigne • Diffusion de spots informant de la<br />

novembre<br />

Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

15 au 21 Radio Charlemagn’rie • Diffusion de spots informant de la<br />

novembre Herstal Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

15 au 21 Radio Colombia • Diffusion de spots informant de la<br />

novembre<br />

Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

15 au 21 RLM • Diffusion de spots informant de la<br />

novembre (Radio libre Mouscron) Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

15 au 21 Studio S (Sibr<strong>et</strong>) • Diffusion de spots informant de la<br />

novembre<br />

Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

15 au 21 J600 (Jum<strong>et</strong>) • Diffusion de spots informant de la<br />

novembre<br />

Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

15 au 21 Beho FM (Trois-ponts) • Diffusion de spots informant de la<br />

novembre<br />

Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

15 au 21 Radio Terre franche • Diffusion de spots informant de la<br />

novembre<br />

Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

15 au 21 RQC (Radio Qui Chifel) • Diffusion de spots informant de la<br />

novembre<br />

Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

15 au 21 Radio Judaïca • Diffusion de spots informant de la<br />

novembre<br />

Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

17 novembre Le Ligueur • Numéro spécial du Ligueur sur les <strong>droits</strong><br />

de l’enfant<br />

17 au Unicef Belgique- • 17 nov : rencontre entre jeunes sur<br />

17 novembre Ecpat-Plan Belgique « la place des <strong>droits</strong> de l’enfant dans<br />

la coopération au développement »<br />

• 18 nov : conférence « <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong><br />

coopération au développement » dans le<br />

cadre du 15 e anniversaire de la Convention<br />

internationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

19 novembre Flobecq • Lâcher de ballons avec les enfants<br />

des écoles


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 273<br />

19 novembre Esneux • Goûter <strong>et</strong> lâcher de ballons avec les<br />

enfants des écoles<br />

20 novembre Manage • Spectacle gratuit de Raphy Rafael au<br />

centre culturel « Le Scailmont »<br />

20 novembre DGDE - asbl • Matinée académique dans les décors<br />

« l’enfant des étoiles » du spectacle « Mélisande » de l’asbl<br />

«L’enfant des étoiles » à Rixensart ;<br />

20 novembre Délégué général aux • Gala des <strong>droits</strong> de l’enfant : spectacle<br />

Droits de l’Enfant - asbl « Mélisande » de l’asbl « L’enfant des<br />

« l’Enfant des étoiles » étoiles » à Rixensart<br />

20 novembre Ministre de l’Enfance, • En attente<br />

de l’Aide à la jeunesse<br />

<strong>et</strong> de la Santé<br />

20 novembre Tubize • Plantation d’un arbre + lâcher de ballons<br />

+ match de football avec places gratuites<br />

pour les enfants<br />

20 novembre Limbourg • Mise en place du nouveau CCE<br />

2004/2005 + Lâcher de ballons<br />

20 novembre Durbuy • Lâcher de ballons + plantation de l’arbre<br />

des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

20 novembre Andenne • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Pont à Celles • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Yvoir • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Genappe • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Donceel • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Gesves • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Tournai • En attente<br />

20 novembre Ecaussines • Actions de sensibilisation dans les écoles<br />

de l’entité + lâcher de ballons<br />

20 novembre Braine-l’Alleud • En attente<br />

20 novembre Habay • Diver<strong>ses</strong> activités de sensibilisation<br />

<strong>et</strong> lâcher de ballons<br />

20 novembre CCE de Péruwelz • En attente + lâcher de ballons<br />

20 novembre Sivry Rance • En attente (sensibilisation dans écoles ?)<br />

+ lâcher de ballons


274 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

20 novembre Woluwe Saint Lambert • En attente + lâcher de ballons<br />

20 novembre Beaumont • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Tinlot • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Braine-le-comte • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Tenneville • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Wasseiges • Actions de sensibilisation dans les écoles<br />

<strong>et</strong> accueil extra scolaire + lâcher de ballons<br />

20 novembre Hornu + CCE • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Walhain • En attente + lâcher de ballons<br />

20 novembre Gouvy • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Verviers • Lâcher de ballons<br />

20 novembre <strong>Pr</strong>ofondeville • Actions de sensibilisation dans les écoles<br />

+ cérémonie <strong>et</strong> pose d’une plaque à<br />

l’endroit des arbres avaient été plantés par<br />

des enfants en 1989 + lâcher de ballons<br />

20 novembre Bouillon • En attente<br />

20 novembre CCE de Wellin • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Eghezée • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Jurbise + CCE • Activités diver<strong>ses</strong> de sensibilisation<br />

+ lâcher de ballons<br />

20 novembre Sombreffe + CCE • En novembre : sensibilisation aux <strong>droits</strong><br />

de l’enfant dans les écoles de l’entité<br />

• Plantation d’un arbre symbolique<br />

• Émission radiophonique d’information<br />

sur les <strong>droits</strong> de l’enfant par les p<strong>et</strong>its<br />

conseillers<br />

20 novembre Engis • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Tournai • Lâcher de ballons + en attente<br />

20 novembre Herstal • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Beauvechain • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Estaimpuis • lâcher de ballons<br />

• marche dans les 7 villages de l’entité<br />

• animations sur les dons d’organes dans<br />

les clas<strong>ses</strong> de 5 e <strong>et</strong> 6 e


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 275<br />

20 novembre Meix-devant-Virton • Sensibilisation aux <strong>droits</strong> de l’enfant dans<br />

les écoles + lâcher de ballons<br />

20 novembre Sambreville • Diver<strong>ses</strong> activités organisées au sein de<br />

l’entité + lâcher de ballons<br />

20 novembre Seraing (CCE) • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Dinant • Lâcher de ballons<br />

20 novembre Daverdisse • Lâcher de ballons<br />

20-21 novembre Standart • En attente<br />

21 novembre Ligue des <strong>droits</strong> • Grande fête des enfants à « La<br />

de l’Homme<br />

Raffinerie » (Molenbeek-St-<strong>Jean</strong>)<br />

21 novembre Monsieur Vaguener, • Théâtre Saint-Michel : Concert du<br />

Délégué général aux « Brussels Philharmonic Orchestra »<br />

Droits de l’Enfant, pour les <strong>droits</strong> de l’Enfant en présence de<br />

IRGT<br />

SAR le <strong>Pr</strong>ince Laurent, sous le patronage<br />

de différentes autorités fédérales, régionales<br />

<strong>et</strong> communautaires<br />

22 novembre IRDECOF • Conférence annuelle sur le harcèlement <strong>et</strong><br />

la violence envers les femmes au Parlement<br />

européen.<br />

23 novembre Coordination • Colloque : « la place de l’enfant<br />

communautaire de dans la cité »<br />

« Placeaux enfants » - Bxl<br />

23 novembre Nivelles + section de • Diver<strong>ses</strong> actions avec les écoles primaires<br />

prévention générale du de l’entité au départ d’un dossier pédagogique<br />

Conseil d’arrondissement sur les <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

de l’aide à la jeunesse • Spectacle sur le thème des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

de Nivelles<br />

• Lâcher de ballons<br />

24 novembre Centre culturel de Soignies • Plantation de l’arbre des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

+ Echevinat de la Culture • Lecture de la charte des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

• Remise des fresques réalisées par les clas<strong>ses</strong><br />

sur le thème « Chaque enfant a le droit de vivre<br />

sur une planète <strong>et</strong> un environnement propres » +<br />

don de denrées non périssables à des associations<br />

de dépannage alimentaire de Soignies<br />

• Spectacle de cirque<br />

• Lâcher de ballons


276 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

28 novembre RAEC Mons • Rencontre Mons-GBA : entrée des<br />

joueurs accompagnés d’enfants, annonce<br />

phonique avant le match pour informer de<br />

la Journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

<strong>et</strong> lâcher de ballons.<br />

18 au 23 Centre culturel de Soignies • Exposition des fresques (cfr 24 novembre)<br />

décembre + Echevinat de la Culture au centre d’art <strong>et</strong> de culture de Soignies<br />

Des outils de sensibilisation aux <strong>droits</strong> de l’enfant ont vu le jour<br />

depuis quelques années grâce à des autorités publiques ainsi qu’à des<br />

mécènes <strong>et</strong> sponsors. Ils sont mis à la disposition des partenaires<br />

- une affiche informant le public de c<strong>et</strong>te journée nationale des<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> proposant les différents outils qui seront disponibles<br />

;<br />

- une brochure « Les <strong>droits</strong> de l’enfant » ;<br />

- un livre « Les bulles de l’espoir – Une aventure de Félicien le<br />

lutin magicien » ou les <strong>droits</strong> de l’enfant expliqués aux enfants<br />

(1 000 exemplaires) ;<br />

- un jeu « Le monde de la paix » réalisé par le CRECCIDE (1 000<br />

exemplaires) ;<br />

- un puzzle d’un m 2 « La Convention des <strong>droits</strong> de l’enfant » (2 500<br />

exemplaires).<br />

- des ballons gonflables « Droits de l’Enfant « à l’effigie de<br />

« Félicien, le lutin magicien, souffleur de bulles « avec le soutien<br />

de la Communauté française.<br />


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 277<br />

6. Maintien des relations personnelles<br />

entre les enfants <strong>et</strong> leur parent détenu<br />

En octobre 1996, suite à un groupe de travail co-préside par<br />

l’Office de la naissance <strong>et</strong> de l’enfance, le Délégué général avait<br />

formulé diver<strong>ses</strong> recommandations relatives à la problématique du<br />

maintien des relations personnelles entre les enfants <strong>et</strong> leur parent<br />

détenu.<br />

Dans les deux derniers rapports annuels d’activités, <strong>nous</strong> avons<br />

évoqué l’initiative du Fonds Houtman de lancer un appel à proj<strong>et</strong>s en<br />

faveur des enfants de parents détenus.<br />

Suite à c<strong>et</strong> appel, 12 proj<strong>et</strong>s ont été r<strong>et</strong>enus. Ils concernent tant<br />

l’aménagement de lieux <strong>et</strong> la mise en oeuvre de visites spécifiques<br />

d’enfants, le développement de lieux spécifiques d’accueil <strong>et</strong> d’information<br />

des familles, la réalisation d’outils d’information <strong>et</strong> de sensibilisation,<br />

que le développement d’un réseau de bénévoles pour l’accompagnement<br />

des enfants dans leurs déplacements <strong>et</strong> les visites. Les<br />

proj<strong>et</strong>s touchent les prisons de Saint-Gilles, Nivelles, Andenne,<br />

Dinant, Saint-Hubert, Mons, Ittre, Verviers <strong>et</strong> Jamioulx.<br />

La plupart des proj<strong>et</strong>s ont été menés à bien <strong>et</strong> il reste maintenant à<br />

attendre le résultat de la recherche-action commanditée afin de réaliser<br />

une évaluation des actions soutenues <strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre en évidence<br />

notamment les facteurs externes aux actions (législatifs, réglementaires,<br />

allocatifs, <strong>et</strong>c.) sur lesquels il faudrait intervenir.<br />

Il convient néanmoins de souligner d’ores <strong>et</strong> déjà le vote, par le<br />

Parlement de la Communauté française du décr<strong>et</strong> du 28 avril 2004<br />

modifiant le décr<strong>et</strong> du 19 juill<strong>et</strong> 2001 relatif à l’aide sociale au détenus<br />

en vue de leur réinsertion sociale.


278 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Ce décr<strong>et</strong> institue, au sein du secteur de l’aide sociale aux détenus,<br />

des « services-lien » dont l’objectif est d’aider au maintien ou à la restauration<br />

de la relation entre l’enfant <strong>et</strong> son parent détenu. La mission<br />

générale de ces services est de donner la possibilité au parent détenu<br />

qui en fait la demande de poursuivre une relation avec son enfant.<br />

Malgré l’intérêt qu’il porte depuis de nombreu<strong>ses</strong> années à c<strong>et</strong>te<br />

question, le Délégué général n’a nullement été consulté dans le cadre<br />

de l’élaboration de ce décr<strong>et</strong>.<br />

Si on peut se réjouir de la création d’un cadre légal perm<strong>et</strong>tant la<br />

reconnaissance <strong>et</strong> la subsidiation de services chargés d’aider au maintien<br />

des relations personnelles entre les enfants <strong>et</strong> son parent détenu, on<br />

doit cependant constater que l’angle d’approche est non pas le secteur<br />

de l’aide à la jeunesse mais celui de l’aide sociale aux détenus. Une<br />

telle approche consacre le maintien de la relation enfant-parent comme<br />

un droit pour le parent détenu plutôt que comme un droit de l’enfant.<br />

Un rattachement des « services-lien » au secteur de l’aide à la jeunesse<br />

ou à celui de l’accueil de l’enfance aurait sans doute été plus<br />

bénéfique <strong>et</strong> respectueux de l’intérêt supérieur de l’enfant.<br />


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 279<br />

7. Nouvelles instances en vue d’un meilleur respect<br />

des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

Une Assemblée des enfants en Communauté française<br />

Nous avons évoqué dans notre rapport annuel précédent la question<br />

de la création au sein du Parlement de la Communauté français<br />

d’une Assemblée des enfants.<br />

Ce proj<strong>et</strong> s’inscrit dans le cadre plus large de l’école citoyenne<br />

voulue en Communauté française. La démarche est ainsi compatible<br />

<strong>et</strong> complémentaire de toutes celles qui reposent sur l’apprentissage<br />

des <strong>droits</strong> humains <strong>et</strong> des <strong>droits</strong> de l’enfant grâce à des pédagogies<br />

actives <strong>et</strong> participatives.<br />

Le 20 novembre 2003, le Délégué général rem<strong>et</strong>tait officiellement<br />

son rapport d’activités dans les locaux du Parlement de la<br />

Communauté française en présence d’enfants. A l’issue de c<strong>et</strong>te<br />

réunion, une résolution visant la création d’une assemblée des<br />

enfants a été adoptée. Dans ce texte, les enfants demandaient aux<br />

députés de m<strong>et</strong>tre en place, à partir de la rentrée scolaire de septembre<br />

2004, une assemblée des enfants dans le cadre de l’apprentissage<br />

à la démocratie <strong>et</strong> à la citoyenn<strong>et</strong>é.<br />

Interrogée au suj<strong>et</strong> de l’évolution de c<strong>et</strong>te assemblée des enfants,<br />

la nouvelle <strong>Pr</strong>ésidente du Parlement de la Communauté française a<br />

répondu que, l’année 2004 ayant été marquée par les élections, le<br />

groupe de travail dont le bureau du précédent Parlement avait décidé<br />

la mise en place pour examiner les modalités de mise en œuvre de la<br />

résolution, ne pourrait être installé <strong>et</strong> se réunir qu’à partir de l’automne<br />

2004. Dans ces conditions, la mise en œuvre du proj<strong>et</strong> ne peut<br />

se faire qu’à partir de septembre 2005.


280 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Elle a en outre précisé que le Parlement souhaite réserver à c<strong>et</strong>te<br />

initiative les moyens qui lui sont nécessaires <strong>et</strong> que demandera une<br />

réflexion approfondie du groupe de travail qui sera constitué des<br />

représentants des groupes politiques qu’elle présidera.<br />


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 281<br />

8. Soins palliatifs - euthanasie<br />

Dès 1998, le Délégué général recommandait, lors des travaux préparatoires<br />

à la loi relative à l’euthanasie, que les mineurs n’en soient pas<br />

exclus <strong>et</strong> qu’ils puissent exprimer un avis qui corresponde à leur volonté.<br />

La loi du 28 mai 2002 relative à l’euthanasie est trop restrictive<br />

parce qu’elle exclut les mineurs de sa compétence. Il existe donc une<br />

zone de non-droit pour les enfants gravement malades ou accidentés<br />

en fin de vie.<br />

Le 7 juill<strong>et</strong> 2004, deux sénateurs, <strong>Jean</strong>nine Leduc <strong>et</strong> Paul Wille,<br />

ont déposé une proposition de loi modifiant la loi du 28 mai 2002 relative<br />

à l’euthanasie, proposition qui vise notamment à autoriser l’euthanasie<br />

pour les mineurs.<br />

Dans leur proposition, les auteurs précisent qu’en dessous de 18<br />

ans, si les enfants sont légalement incapables, ils sont toutefois<br />

souvent à même de comprendre les informations données sur leurs<br />

affections médicales, y compris le diagnostic, le traitement <strong>et</strong> le pronostic<br />

éventuel. La pratique <strong>nous</strong> apprend en eff<strong>et</strong> que les enfants qui<br />

se trouvent dans une situation sans espoir ont beaucoup de maturité,<br />

en particulier par rapport aux enfants en bonne santé. Par conséquent,<br />

il est totalement arbitraire de prévoir un âge minimum. Quelqu’un qui<br />

se situe juste en dessous de c<strong>et</strong> âge minimum devrait tout autant<br />

pouvoir demander l’euthanasie si les conditions sont remplies. Un<br />

enfant peut éprouver une souffrance sans issue tout comme un adulte<br />

<strong>et</strong> être également pleinement conscient du problème de l’euthanasie.<br />

En l’occurrence, la proposition ne mentionne explicitement aucun<br />

âge <strong>et</strong> préfère introduire la notion de « capacité de discernement ».<br />

Généralement, on considère que les jeunes sont capables de discernement<br />

à l’âge de 12 ans. Cependant, les auteurs de la proposition<br />

constatent également que la maturité vient bien plus tôt chez des


282 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

enfants qui souffrent sans aucune perspective de guérison <strong>et</strong> que les<br />

enfants de moins de 12 ans peuvent également posséder une capacité<br />

de discernement.<br />

La modification proposée concerne uniquement les mineurs<br />

conscients <strong>et</strong> ne porte donc pas sur des situations où ils ne seraient<br />

plus capables d’exprimer leur volonté.<br />

Pour éviter de méconnaître le rôle des parents par rapport au droit<br />

« limité » du mineur à demander l’euthanasie, il est prévu que ceuxci<br />

soient associés à la décision, sans pour autant avoir le dernier mot<br />

quant à la demande d’euthanasie de leur enfant mineur.<br />


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 283<br />

9. Droits des enfants sourds <strong>et</strong> malentendants<br />

Le décr<strong>et</strong> relatif à la reconnaissance de la langue des signes a été<br />

adopté par le Parlement de la Communauté française lors de la séance<br />

du 22 octobre 2003.<br />

Ce décr<strong>et</strong> reconnaît la langue des signes comme la langue visuo-gestuelle<br />

propre à la communauté des sourds de la Communauté française.<br />

Il institue en outre une commission consultative de la langue des<br />

signes. C<strong>et</strong>te commission a pour principale mission de rem<strong>et</strong>tre au<br />

Gouvernement, soit d’initiative, soit à sa demande, des avis, des propositions<br />

sur toute problématique concernant l’utilisation de la langue<br />

des signes.<br />

Le 3 juin 2004, un arrêté du Gouvernement de la Communauté<br />

française relatif à la commission consultative de la langue des signes<br />

détermine la composition <strong>et</strong> le fonctionnement de celle-ci. Les<br />

membres de c<strong>et</strong>te commission ont été nommés par un arrêté du<br />

Gouvernement de la communauté française le 9 juin 2004.<br />

Le Délégué général recommande qu’un aménagement légal ou<br />

réglementaire soit opéré de manière à lui perm<strong>et</strong>tre de participer ponctuellement<br />

aux travaux de la commission consultative lorsque les<br />

suj<strong>et</strong>s abordés concernent des mineurs d’âge.<br />


284 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

10. Relations internationales<br />

Partenariat en en protection de l’enfance entre l’Unicef,<br />

le Tunisie <strong>et</strong> la Communauté française de Belgique<br />

Le corps des Délégués de protection à l’enfance a été mis en place<br />

suite à la mise en application du Code de la protection de l’enfant,<br />

adopté en 1995. C<strong>et</strong>te installation graduelle dans chacun des gouvernorats<br />

a permis de constater que le corps des Délégués à la protection<br />

de l’enfance s’est établi comme partenaire du système de protection<br />

de l’enfance aussi bien dans la prise en charge des signalements que<br />

dans la diffusion de la culture des <strong>droits</strong> de l’enfant. Les signalements<br />

d’enfants en danger n’ont cessé d’augmenter pour atteindre prés de<br />

6000 en 2003. Afin de créer une dynamique d’efficacité du système<br />

de protection au niveau régional, il est indispensable que les Délégués<br />

à la protection de l’enfance travaillent en réseau avec tous les acteurs<br />

locaux ayant des responsabilités dans la protection de l’enfance.<br />

Le programme de partenariat a été mis en sommeil depuis 2003<br />

en raison d’une part du transfert du corps des Délégués à la protection<br />

de l’enfance du ministère de l’enfance <strong>et</strong> des sports vers le<br />

Ministère des affaires familiales <strong>et</strong> de la femme, <strong>et</strong> d’autre part de la<br />

période de transition à l’Unicef liée au départ de son représentant<br />

vers l’Amérique du Sud.<br />

L’objectif d’une mission accomplie par le Délégué général en 2004<br />

a été de partager les expériences réussies de fonctionnement de<br />

réseaux locaux, de préparer un programme de stage en Belgique fin<br />

2004 pour les Délégués à la protection de l’enfance impliqués dans le<br />

travail en réseau <strong>et</strong> de rem<strong>et</strong>tre en place un nouveau proj<strong>et</strong> triennal de<br />

coopération entre la Tunisie <strong>et</strong> la Communauté française de Belgique<br />

en matière de protection de l’enfance.<br />

Le résautage est mené individuellement de facto pour chaque<br />

délégué d’une part parce qu’il y est obligé en raison de son obligation


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 285<br />

de trouver des solutions aux cas individuels de mineurs en danger qui<br />

lui sont présentés <strong>et</strong> d’autre part parce qu’il a reçu une initiation<br />

concrète au réseautage dans le cadre de la préparation du colloque de<br />

2002 à Tunis consacré à la protection de l’enfance.<br />

Si on constate que des réseaux sont mis en place suite à des directives<br />

administratives ou légales – cfr, par exemple, obligations liée à<br />

la recherche de la paternité concernant les enfants nés hors mariage –<br />

ceux résultant d’une démarche personnelle du Délégué à la protection<br />

de l’Enfance ne sont pas forcément établies selon un mécanisme programmé<br />

<strong>et</strong> généralisé ou selon des critères de sélection mais davantage<br />

à partir de contacts personnels fortuits ou conséquemment à la<br />

recherche de solutions pour un enfant en danger.<br />

Les réseaux établis sont donc très différents d’un gouvernorat à<br />

l’autre, cela de manière hétéroclite <strong>et</strong> hétérogène, puisque les gouvernorats<br />

ne bénéficient pas des mêmes services <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tent en relation<br />

des personnes différentes.<br />

La pratique du réseau est une politique indispensable à développer<br />

dans tous les gouvernorats en raison des missions diversifiées du<br />

Délégué à la <strong>Pr</strong>otection de l’Enfance (promotion du code, sensibilisation<br />

aux <strong>droits</strong> de l’enfant, développement d’une politique de prévention,<br />

prise en charge d’enfants en danger, ...)<br />

A l’issue de la mission, diver<strong>ses</strong> proposition ont été formulées :<br />

Fin 2004:<br />

Mise en œuvre d’un stage en Belgique préparatoire à un programme<br />

triennal (2005-2006-2 007) de formation continuée fondé<br />

sur l’exercice de la constitution des réseaux <strong>et</strong> l’établissement d’un<br />

processus de généralisation de pratiques cohérentes pour la<br />

Tunisie.


286 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

2005, 2006 <strong>et</strong> 2007 :<br />

Échange d’expériences en Communauté française de Belgique <strong>et</strong><br />

en Tunisie.<br />

Participation d’experts reconnus par l’Unicef.<br />

Fin 2007:<br />

Finalisation de la formation continuée relative au réseautage par<br />

l’organisation en Tunisie d’un colloque international francophone<br />

sur la protection de l’enfant « Les réseaux au secours des enfants<br />

en danger » avec la participation d’une délégation belge multidisciplinaire.<br />

En Communauté française de Belgique, ces propositions ont été<br />

relayées par le Délégué général auprès de la Ministre de l’Aide à la<br />

jeunesse, du Commissariat général aux relations internationales, de la<br />

Direction générale de l’aide à la jeunesse <strong>et</strong> de l’Union des conseillers<br />

<strong>et</strong> directeurs de l’aide à la jeunesse. En Tunisie, les recommandations<br />

ont été formulée auprès de la Ministre des Affaires familiales <strong>et</strong> de la<br />

Femme <strong>et</strong> auprès de l’Unicef.<br />

ENOC: le réseau européen des ombudsmans des enfants<br />

La réunion annuelle 2 003 de l’ENOC s’est tenue à Stockholm du<br />

15 au 17 octobre 2003.<br />

A l’issue de c<strong>et</strong>te réunion les membres du réseau ont adopté les<br />

différentes déclarations ci-après relatives à la communication avec les<br />

enfants, à la pression commerciale à l’égard des enfants <strong>et</strong> à la justice<br />

juvénile.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 287<br />

Déclaration sur la communication avec les enfants<br />

Nous, en tant qu’Ombudsmans pour les enfants de 21 États en<br />

Europe, sommes préoccupés par le fait que le droit de l’enfant<br />

d’exprimer son opinion n’est pas suffisamment pris au sérieux par<br />

ceux qui prennent des décisions concernant les enfants.<br />

Le droit de l’enfant – comme défini à l’article premier de la<br />

Convention des Nations Unies sur les <strong>droits</strong> de l’enfant – d’exprimer<br />

son opinion, comme expliqué à l’article 12 de ladite<br />

Convention, est absolu. Chaque enfant qui est à même de se forger<br />

sa propre opinion a le droit d’exprimer ces opinions dans toutes les<br />

matières qui le concernent. Ce droit ne peut être soumis à la condition<br />

que l’expression de ces opinions doive être en accord avec les<br />

meilleurs intérêts de l’enfant, étant donné que ce droit découle de<br />

la reconnaissance de l’enfant comme suj<strong>et</strong> actif de <strong>droits</strong>.<br />

Il est dans l’obligation des États, non seulement de donner à l’enfant<br />

la possibilité d’exprimer son opinion, mais aussi, <strong>et</strong> c’est<br />

important, de garantir qu’il soit donné le juste poids à ces opinions<br />

dans la prise de décision affectant l’enfant. C<strong>et</strong>te obligation<br />

inclut un devoir de trouver <strong>et</strong> d’utiliser les méthodes appropriées<br />

pour communiquer avec les enfants ainsi que le devoir d’essayer<br />

de motiver les enfants <strong>et</strong> les jeunes personnes à prendre part<br />

active au débat dans la société, y compris dans la famille, en<br />

classe, devant le tribunal <strong>et</strong> dans tous les autres forums qui sont<br />

pertinents pour les enfants. Le droit de l’enfant à exprimer son<br />

opinion inclut le droit de recevoir des informations sur des suj<strong>et</strong>s<br />

l’affectant. Ceci est nécessaire afin que l’enfant puisse se forger<br />

une opinion informée.<br />

Nous croyons que les écoles portent une responsabilité particulièrement<br />

importante dans le développement de l’éducation comme<br />

un processus à double sens dans lequel les enfants <strong>et</strong> les jeunes


288 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

personnes deviennent des participants actifs. L’ENOC encourage<br />

les États à prêter encore plus d’attention aux méthodes d’implication<br />

des enfants dans la société par la communication avec eux <strong>et</strong><br />

en donnant l’eff<strong>et</strong> adéquat aux opinions exprimées par les enfants.<br />

Le droit de l’enfant à exprimer son opinion <strong>et</strong> à voir c<strong>et</strong>te opinion<br />

prise au sérieux est un élément fondamental de la règle de la loi.<br />

Ceci est particulièrement évident dans toute action en justice affectant<br />

l’enfant, plus particulièrement en ce qui concerne la détention<br />

publique de l’enfant, la garde <strong>et</strong> le contact avec les parents, l’adoption,<br />

la filiation, les procédures scolaires, l’enfant en tant que<br />

victime d’un délit ainsi que les actions criminelles contre l’enfant.<br />

Il convient de souligner en outre qu’en conformité avec l’article 6<br />

(le droit à un procès équitable) de la Convention européenne de<br />

sauvegarde des <strong>droits</strong> de l’homme <strong>et</strong> des libertés fondamentales,<br />

l’enfant a un droit égal à celui de l’adulte de jouir de <strong>ses</strong> <strong>droits</strong><br />

civiques déterminés par un tribunal indépendant <strong>et</strong> impartial.<br />

Perm<strong>et</strong>tre à l’enfant d’exprimer son opinion <strong>et</strong> prendre ces opinions<br />

en compte constituent également une condition de protection<br />

de l’intégrité de l’enfant. L’enfant doit avoir son mot à dire dans la<br />

façon dont sont utilisées <strong>et</strong> diffusées les opinions qu’il a exprimées<br />

<strong>et</strong> les autres informations à son égard, dans les limites de ce qui<br />

peut être nécessaire pour la protection de la règle de la loi <strong>et</strong> des<br />

meilleurs intérêts de l’enfant.<br />

Nous rappelons la déclaration précédente de l’ENOC invitant instamment<br />

les Gouvernements de tous les États européens à revoir<br />

leurs lois, politiques <strong>et</strong> pratiques en vue d’assurer un respect<br />

effectif de l’article 12 de la Convention des <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong><br />

affirmant que les Gouvernements eux-mêmes doivent développer<br />

des procédures pour la consultation des enfants sur tous les développements<br />

politiques pertinents.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 289<br />

Nous accueillons avec bienveillance l’inclusion des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

dans le proj<strong>et</strong> de Constitution de l’Union Européenne. Nous<br />

rappelons que le transfert, des États membres vers les institutions de<br />

l’Union Européenne, de responsabilités accrues ne diminue en rien<br />

les obligations que les États ont vis-à-vis de la pleine <strong>et</strong> effective<br />

implémentation de la Convention. L’engagement de l’ENOC est de<br />

s’assurer que les ombudsmans nationaux sont aussi près que possible<br />

des réalités quotidiennes des enfants <strong>et</strong> qu’ils aient un contact<br />

direct <strong>et</strong> une communication avec les enfants. Avec l’intégration<br />

plus étroite des États membres de l’Union Européenne <strong>et</strong> des 45<br />

États membres du Conseil de l’Europe ainsi que l’adhésion croissante<br />

à l’Union, l’importance des échanges uniques d’expériences <strong>et</strong><br />

de coopération se produisant au sein de l’ENOC croit. A c<strong>et</strong> égard,<br />

une coopération plus étroite avec l’Union Européenne <strong>et</strong> le Conseil<br />

de l’Europe constitue une des premières priorités pour l’ENOC.<br />

Nous accueillons chaleureusement la proposition selon laquelle<br />

l’Union Européenne envisagerait de donner <strong>ses</strong> pleins eff<strong>et</strong>s à la<br />

Convention européenne de sauvegarde des <strong>droits</strong> de l’homme <strong>et</strong><br />

des libertés fondamentales <strong>et</strong> appelons l’Union Européenne d’envisager<br />

de la même manière la pleine implémentation de la<br />

Convention des <strong>droits</strong> de l’enfant dès que possible.<br />

Stockholm, 17 octobre 2003


290 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Enfance <strong>et</strong> pression commerciale :<br />

déclaration sur la proposition de l’Union Européenne<br />

d’une « Directive relative aux pratiques commerciales<br />

déloyales des entrepri<strong>ses</strong> vis-à-vis des consommateurs »<br />

2003/0134 (DOC).<br />

Nous, les Ombudsmans pour les enfants de 21 États européens,<br />

sommes inqui<strong>et</strong>s du manque de protection spéciale accordée aux<br />

enfants face aux pratiques commerciales déloyales dans la proposition<br />

de nouvelle directive de l’Union Européenne.<br />

Les pratiques commerciales déloyales sont identifiées comme un<br />

problème dans tous les pays de l’Union Européenne <strong>et</strong> nuisent aux<br />

consommateurs ainsi qu’aux sociétés respectueu<strong>ses</strong> des pratiques<br />

commerciales établies. En conséquence de la nouvelle Directive<br />

proposée, les <strong>droits</strong> du consommateur seront plus clairement<br />

définis <strong>et</strong> le commerce transfrontalier plus simple. La Directive<br />

établit une interdiction unique, commune <strong>et</strong> générale en matière de<br />

pratiques commerciales déloyales tendant à déformer le comportement<br />

économique du consommateur (Article 5).<br />

Les enfants <strong>et</strong> les jeunes constituent un groupe de consommateurs<br />

vulnérables à travers toute l’Europe. En tant qu’Ombudsmans pour<br />

les enfants, notre expérience est que les enfants <strong>et</strong> les jeunes sont<br />

souvent exposés à d’énormes pressions commerciales. Les enfants<br />

<strong>et</strong> les jeunes d’aujourd’hui représentent une cible de 100 milliards<br />

de dollars. Ils sont le groupe-cible principal des industries de<br />

mode, la mode pour les enfants constitue un négoce énorme, <strong>et</strong> les<br />

marchandi<strong>ses</strong> à destination des consommateurs sont délibérément<br />

ciblées sur les symboles de statut des enfants <strong>et</strong> des jeunes. Le<br />

mark<strong>et</strong>ing on-line <strong>et</strong> par téléphone mobile fait des enfants des<br />

cibles directes <strong>et</strong> des informations à leur suj<strong>et</strong> leur sont soutirées à<br />

l’insu des parents.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 291<br />

En tant qu’Ombudsmans des enfants dans 21 États européens,<br />

<strong>nous</strong> sommes donc préoccupés par l’absence de référence spéciale<br />

<strong>et</strong> de protections spéciales pour les enfants <strong>et</strong> les jeunes en tant que<br />

consommateurs dans la proposition de nouvelle Directive.<br />

L’article 3 de la Convention des <strong>droits</strong> de l’enfant stipule que les<br />

meilleurs intérêts des enfants doivent être une « considération primordiale<br />

» dans toutes les actions concernant les enfants. De plus,<br />

l’article 17 (e) de la Convention des <strong>droits</strong> de l’enfant dispose que<br />

les parties « favorisent l’élaboration de principes directeurs appropriés<br />

destinés à protéger l’enfant contre l’information <strong>et</strong> les matériels<br />

qui nuisent à son bien-être, compte tenu des dispositions des<br />

articles 13 <strong>et</strong> 18 ».<br />

L’ENOC invite instamment les États à analyser de manière critique<br />

la Directive proposée à la lumière des exigences de la<br />

Convention des <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> des instruments européens en<br />

matière de <strong>droits</strong> de l’homme <strong>et</strong> de la législation nationale protégeant<br />

les <strong>droits</strong> de l’enfant. L’ENOC invite instamment l’Union<br />

européenne à prendre les mesures appropriées de protection des<br />

normes en matière de <strong>droits</strong> de l’homme applicables aux enfants<br />

dans toute l’Europe.<br />

<strong>Pr</strong>oposition pour une interdiction générale<br />

des pratiques commerciales déloyales<br />

L’article 5 de la nouvelle Directive propose une interdiction générale<br />

des pratiques commerciales déloyales. Le consommateur de<br />

référence à prendre en compte lors de l’évaluation de l’impact<br />

d’une pratique est le consommateur européen « moyen » qui est<br />

« raisonnablement bien informé, observateur <strong>et</strong> circonspect ».<br />

(Article 5 2. Ref. Article 2 (b)). Cependant, lorsqu’un groupe spécifique<br />

de consommateurs est pris pour cible (par exemple, les<br />

enfants ou les adolescents), les caractéristiques du membre


292 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

« moyen » de ce groupe doivent être pri<strong>ses</strong> en compte pour évaluer<br />

l’impact des pratiques (Article 5 2.). Il n’y a pas de référence spécifique<br />

aux enfants <strong>et</strong> aux jeunes, ou à des groupes vulnérables de<br />

consommateurs. Pour c<strong>et</strong>te raison, l’ENOC invite fortement la<br />

Commission Européenne à inclure une référence spécifique aux<br />

enfants <strong>et</strong> aux jeunes en tant que groupe vulnérable de consommateurs<br />

dans la Directive.<br />

Du fait que la Directive garantit des normes de protection au niveau<br />

de l’Union Européenne, les praticiens commerciaux devront seulement<br />

se conformer aux exigences de leur pays d’origine lorsqu’ils<br />

vendront des marchandi<strong>ses</strong> aux consommateurs autour de l’Union<br />

Européenne. La Directive empêche d’autres états membres<br />

d’ajouter des exigences. Cela signifie qu’en ce qui concerne les<br />

enfants, la législation nationale de protection des enfants à l’égard<br />

des pratiques commerciales déloyales devra être soumise aux<br />

normes européennes, même si celles-ci sont moins contraignantes<br />

en matière de respect des <strong>droits</strong> de l’enfant. Il devient impératif que<br />

les normes européennes donnent suffisamment de protection aux<br />

enfants <strong>et</strong> aux jeunes en tant que groupe de consommateur.<br />

La Directive proposée est faible en ce sens qu’elle fait peu de référence<br />

aux enfants. Nous savons que le ciblage des enfants en tant<br />

que groupe de consommateurs important est de plus en plus<br />

agressif. En vue de les protéger, les membres de l’ENOC soulignent<br />

fortement le besoin de référence spécifique dans la Directive<br />

des manières qui suivent :<br />

- La Directive devrait inclure dans l’article 5.2, dans l’interdiction<br />

générale, une référence spécifique aux enfants en tant que groupe<br />

vulnérable.<br />

- La Directive devrait introduire dans la « liste des pratiques commerciales<br />

déloyales interdites par la Directive » (supplément 1),<br />

un nouveau point 8, se référant aux pratiques directement destinées<br />

aux enfants comme agressives.<br />

Stockholm, 17 octobre 2003


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 293<br />

Justice juvénile : Les défenseurs européens des enfants<br />

défient les Gouvernements de respecter les <strong>droits</strong><br />

des jeunes délinquants<br />

En tant qu’Ombudsmans des enfants dans 21 États européens,<br />

<strong>nous</strong> sommes très préoccupés par le ton du débat politique <strong>et</strong><br />

médiatique <strong>et</strong> par la direction de la politique publique <strong>et</strong> des changements<br />

légaux concernant les délinquants juvéniles dans beaucoup<br />

de nos pays.<br />

Les enfants en conflit avec la loi restent des enfants en toute première<br />

instance <strong>et</strong> ne perdent pas leurs <strong>droits</strong> en tant qu’êtres<br />

humains, y compris le droit à un traitement spécial <strong>et</strong> à une protection,<br />

le droit à l’éducation <strong>et</strong> à la santé.<br />

Nous croyons que les tendances actuelles de diminution de l’âge<br />

de la responsabilité criminelle <strong>et</strong> d’enfermement de plus d’enfants<br />

à un jeune âge doivent être inversées. Le traitement des jeunes personnes<br />

placées dans des institutions pénales dans beaucoup de nos<br />

pays est un scandale – en contravention avec leurs <strong>droits</strong> fondamentaux<br />

en tant qu’êtres humains.<br />

A travers l’Europe, les âges de la responsabilité criminelle varient<br />

de 7,8 <strong>et</strong> 10 ans, pour les plus jeunes, jusqu’à 16 ans dans certains<br />

États <strong>et</strong> 18 ans – avec des exceptions – dans quelques États; la<br />

définition varie également. Nous croyons que les concepts de<br />

« responsabilité » <strong>et</strong> de « criminalisation » doivent être dissociés.<br />

La Convention des <strong>droits</strong> de l’enfant propose un système séparé <strong>et</strong><br />

distinct de justice juvénile ; elle requiert que c<strong>et</strong>te dernière se<br />

concentre sur le respect pour tous des <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> sur les<br />

objectifs de réhabilitation <strong>et</strong> de réintégration. C<strong>et</strong> accent <strong>et</strong> ces<br />

objectifs ne sont pas compatibles avec la « criminalisation » des<br />

délinquants-enfants.


294 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Nous croyons que les enfants devraient être tenus responsables de<br />

leurs actes en lien avec le concept d’évolution de leurs capacités <strong>et</strong><br />

de notre fort attachement en faveur du respect des opinions de<br />

l’enfant dans tous les aspects de sa vie. Il est essentiel d’établir une<br />

responsabilité pour les crimes. Lorsque la responsabilité est<br />

contestée, il faut qu’il y ait un processus formel perm<strong>et</strong>tant de<br />

déterminer les responsabilités d’une façon qui respecte les <strong>droits</strong><br />

du délinquant présumé. Mais ce processus ne doit pas mener à une<br />

criminalisation des enfants.<br />

Par la promotion de politiques qui respectent les <strong>droits</strong> humains<br />

des jeunes délinquants, <strong>nous</strong> voulons souligner le fait que <strong>nous</strong> ne<br />

négligeons pas de quelque manière que ce soit les <strong>droits</strong> <strong>et</strong> les préoccupations<br />

des victimes de délinquance juvénile, qui doivent<br />

obtenir une réparation adéquate <strong>et</strong> un soutien de l’État. Mais leurs<br />

intérêts ne sont pas le mieux défendus par des politiques qui ne<br />

réhabilitent pas les délinquants <strong>et</strong> qui tendent en lieu <strong>et</strong> place à les<br />

rendre plus susceptibles de délinquance <strong>et</strong> probablement avec plus<br />

de violence encore. Nous devons aussi m<strong>et</strong>tre en évidence le fait<br />

que les enfants sont bien plus souvent victimes de crimes, y<br />

compris les crimes violents, que des criminels eux-mêmes.<br />

Nous croyons que tous les États, loin d’envisager de diminuer les<br />

âges actuels de la responsabilité criminelle, devraient progressivement<br />

tendre à les augmenter à 18 ans, tout en développant des systèmes<br />

novateurs pour faire face à tous les délinquants juvéniles en<br />

dessous de c<strong>et</strong> âge, systèmes qui se centrent véritablement sur leur<br />

éducation, intégration <strong>et</strong> réhabilitation. Comme proposé dans la<br />

Convention des <strong>droits</strong> de l’enfant, les États doivent développer une<br />

série de mesures substitutives pour soustraire les enfants au<br />

système de justice juvénile. Ils ont aussi besoin d’assurer une formation,<br />

de base <strong>et</strong> continuée, soulignant les <strong>droits</strong> de l’Homme<br />

pour les enfants, pour tous ceux impliqués avec des enfants en<br />

conflit avec la loi. Plus largement, les États ont besoin de déve-


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 295<br />

lopper des stratégies préventives, comme mis en évidence dans les<br />

Instructions des Nations-Unies pour la prévention de la délinquance<br />

juvénile.<br />

Bien qu’il puisse être nécessaire d’utiliser des mesures contraignantes<br />

pour répondre à la délinquance juvénile, il n’est cependant<br />

ni dans l’intérêt des enfants ni dans celui de la société prise au sens<br />

large de persister dans l’utilisation de mesures dont l’intention est<br />

purement punitive, y compris l’utilisation de la détention. La<br />

recherche <strong>nous</strong> montre que les taux de récidive <strong>et</strong> en particulier de<br />

récidive violente sont accrus lorsque l’on prive les enfants de leur<br />

liberté. La seule raison légitime pour la détention des enfants,<br />

avant ou après l’action en justice, doit être qu’ils menacent gravement<br />

<strong>et</strong> immédiatement les autres. Dans ces rares cas, l’utilisation<br />

de la détention devrait être constamment réexaminée <strong>et</strong> d’autres<br />

alternatives de supervision étroite examinées. Les conditions de la<br />

détention doivent respecter les <strong>droits</strong> de l’Homme comme exposés<br />

dans la Convention des <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> dans les règles <strong>et</strong> les<br />

instructions des Nations Unies sur la justice juvénile ; tous les<br />

enfants doivent en particulier avoir un accès égal à une éducation<br />

de plein exercice appropriée. En accord avec la Convention des<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant, dans tous les cas, les enfants en détention<br />

devraient être séparés des adultes.<br />

Nous notons que nos préoccupations sont partagées par les organes<br />

internationaux de surveillance des <strong>droits</strong> de l’Homme <strong>et</strong> les mécanismes<br />

des <strong>droits</strong> de l’Homme du Conseil de l’Europe : le Comité<br />

européen des <strong>droits</strong> sociaux, qui surveille le respect par les États<br />

membres des chartes sociales, a exprimé son inquiétude au suj<strong>et</strong> de<br />

l’utilisation de la détention, y compris pour les enfants tenus en<br />

garde à vue, <strong>et</strong> aussi au suj<strong>et</strong> des propositions de réduction de l’âge<br />

de la responsabilité criminelle. La Cour européenne des <strong>droits</strong> de<br />

l’Homme a estimé que dans certains États les méthodes de traduction<br />

en justice <strong>et</strong> de jugement <strong>et</strong> le traitement des jeunes étaient en


296 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

contravention avec la Convention européenne des <strong>droits</strong> de<br />

l’Homme. Le Comité européen de prévention de la torture, suite à<br />

des visites dans des pays <strong>et</strong> des inspections d’institutions, a fréquemment<br />

exprimé son inquiétude au suj<strong>et</strong> du traitement des<br />

jeunes privés de liberté <strong>et</strong> a aussi souligné que la privation de<br />

liberté ne doit intervenir qu’en ultime recours. Le Comité des<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant, surveillant le respect par les États de la<br />

Convention, a fait écho de ces préoccupations <strong>et</strong> d’autres dans <strong>ses</strong><br />

commentaires sur les rapports en provenance des États européens.<br />

L’ENOC prie instamment les États, individuellement, à examiner<br />

d’urgence leurs systèmes de justice juvénile au regard des prescrits<br />

de la Convention des <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> des instruments européens<br />

de <strong>droits</strong> de l’Homme. Il prie instamment le Conseil de<br />

l’Europe, y compris le Comité des Ministres <strong>et</strong> l’Assemblée parlementaire<br />

de donner la priorité à la mise en exergue, le développement<br />

<strong>et</strong> le respect des <strong>droits</strong> de l’Homme <strong>et</strong> des normes applicables<br />

aux enfants qui sont en conflit avec la loi dans les 45 États<br />

membres.<br />

En outre, l’ENOC prie instamment le Comité sur les <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

d’examiner rigoureusement les progrès des États en matière<br />

de respect des <strong>droits</strong> des enfants en conflit avec la loi <strong>et</strong> d’encourager<br />

une attention toute particulière pour la réhabilitation <strong>et</strong> la<br />

réintégration, <strong>et</strong> non pas la criminalisation, pour tous les enfants<br />

jusqu’à 18 ans.<br />

Stockholm, 17 octobre 2003<br />

En ce qui concerne la question du secrétariat d’ENOC, <strong>nous</strong> indiquions<br />

que la localisation de celui-ci n’avait pas encore été déterminée<br />

officiellement. Strasbourg recueillait toutefois la faveur de la<br />

majorité des membres.


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 297<br />

Un consensus s’est en outre dégagé pour accepter la proposition<br />

d’établir au sein du bureau du Commissaire aux <strong>droits</strong> de l’homme du<br />

Conseil de l’Europe, un bureau de liaison de l’ENOC, bureau de<br />

liaison qui perm<strong>et</strong>tra le développement de collaborations avec le<br />

Conseil de l’Europe dans une dynamique de meilleure prise en considération<br />

des <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

A l’initiative de la <strong>Pr</strong>ésidente du réseau, l’ombudsman suédois, des<br />

contacts se sont poursuivis avec le Conseil de l’Europe. Une proposition<br />

de ce dernier de mise à disposition d’un bureau <strong>et</strong> de services est<br />

pendante. Il reste cependant à dégager les moyens nécessaires pour les<br />

frais de personnel, soit par le biais des contributions des institutions<br />

membres soit par le biais de financement de certains Gouvernements.<br />

C<strong>et</strong>te question doit faire l’obj<strong>et</strong> de discussions lors de la réunion<br />

annuelle à Cardiff du 13 au 15 octobre 2004.<br />

Parallèle au développement du réseau ENOC, il convient de souligner<br />

que des contacts ont lieu entre certaines institutions de défense<br />

des <strong>droits</strong> de l’enfant francophones, dont le Délégué général <strong>et</strong> la<br />

Défenseure des enfants pour la France, en vue de constituer un groupement<br />

international ayant pour objectif la promotion <strong>et</strong> l’appui à la<br />

création d’institution indépendante de défense des <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

dans les pays francophones.<br />

Partenariat en protection de la jeunesse avec le Sénégal<br />

Dans le précédent rapport annuel <strong>nous</strong> indiquions que Commission<br />

mixte permanente instituée en application de l’accord de coopération<br />

entre le Gouvernement de la Communauté française de Belgique <strong>et</strong> le<br />

Gouvernement de la Région wallonne <strong>et</strong>, d’autre part le<br />

Gouvernement de la République du Sénégal avait accepté le proj<strong>et</strong><br />

« Renforcement de la protection juridique des mineurs ».


298 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Pour rappel, l’objectif général de ce proj<strong>et</strong> est de renforcer la protection<br />

juridique des mineurs par la mise en place de formations adéquates<br />

– initiales <strong>et</strong> continues – des intervenants au processus judiciaire<br />

à l’égard des mineurs (mineurs délinquants <strong>et</strong> mineurs en danger). Il<br />

s’agit de promouvoir la formation des intervenants tant sur le vol<strong>et</strong> juridique<br />

(<strong>droits</strong> de l’enfant, justice des mineurs) que sur le vol<strong>et</strong> psychosocial<br />

(psychologie de l’enfant, maltraitance, écoute de l’enfant, <strong>et</strong>c.).<br />

Le but est également d’insister sur la nécessaire interdisciplinarité dans<br />

ce domaine, sur la collaboration entre les intervenants <strong>et</strong> le travail en<br />

réseau, sans pour autant aboutir à une confusion des rôles.<br />

Ce proj<strong>et</strong> bénéficie déjà depuis fin 2001 de l’appui d’une assistance<br />

technique de l’Association pour la promotion de l’éducation <strong>et</strong><br />

la formation à l’étranger (APEFE)<br />

Au Sénégal, Le proj<strong>et</strong> est réalisé en collaboration avec six partenaires:<br />

• le Centre de formation judiciaire ;<br />

• l’École nationale de police ;<br />

• l’École nationale des travailleurs sociaux spécialisés ;<br />

• l’École nationale de gendarmerie de Ouakam ;<br />

• l’École nationale de développement social <strong>et</strong> sanitaire.<br />

• l’Unité de Pédopsychiatrie de CHU de Fann, « Ker Xaleyi »<br />

Le Délégué général a accepté de s’inscrire dans le proj<strong>et</strong> en constituant<br />

un pool d’experts-formateurs (membre du parqu<strong>et</strong> de la jeunesse,<br />

juge de la jeunesse, avocat, Conseiller <strong>et</strong> Directeur de l’aide à<br />

la jeunesse) disposés à s’impliquer dans le partenariat, que ce soit en<br />

accueillant des stagiaires sénégalais, ou en effectuant des missions<br />

d’experti<strong>ses</strong> au Sénégal.<br />

Une première mission exploratoire a eu lieu du 29 novembre au<br />

7 décembre 2003, à l’invitation du Centre de formation judiciaire,<br />

opérateur sénégalais du proj<strong>et</strong>. L’objectif est de perm<strong>et</strong>tre au Délégué<br />

général de découvrir la situation institutionnelle <strong>et</strong> organisationnelle


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 299<br />

dans le domaine de la justice des mineurs au Sénégal <strong>et</strong> ce aux fins,<br />

d’une part d’identifier les besoins nécessaires en formation (missions<br />

d’experts formateurs à prévoir au Sénégal), <strong>et</strong> d’autre part de préparer<br />

au mieux les stages qui se dérouleront en Communauté française<br />

en 2004 <strong>et</strong> 2005 en fonction des besoins <strong>et</strong> desiderata des stagiaires.<br />

Ont participé à c<strong>et</strong>te mission le Délégué général, son conseiller<br />

ainsi que la <strong>Pr</strong>ésidente de l’Union des magistrats de la jeunesse francophone.<br />

La participation de c<strong>et</strong>te dernière à la mission exploratoire<br />

se justifiait par l’implication importante envisagée pour les acteurs du<br />

monde judiciaire dans la réalisation ultérieure du proj<strong>et</strong>.<br />

Au cours de c<strong>et</strong>te mission, la délégation a notamment pu :<br />

- rencontrer différents hauts responsables sénégalais dont la<br />

Ministre de la Famille, du Développement Social <strong>et</strong> de la<br />

Solidarité Nationale, le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice,<br />

des membres du Réseau des parlementaires « Population <strong>et</strong><br />

Développement » de l’Assemblée nationale ainsi que la<br />

Commissaire aux <strong>droits</strong> de l’Homme ;<br />

- rencontrer le <strong>Pr</strong>ésident du Tribunal régional de Dakar, le<br />

<strong>Pr</strong>ésident du Tribunal pour enfants de Dakar, le <strong>Pr</strong>ocureur de la<br />

République de Dakar <strong>et</strong> <strong>ses</strong> substituts chargés des mineurs, le responsable<br />

<strong>et</strong> un membre de la brigade des mineurs de Dakar ;<br />

- visiter la prison des mineurs de Dakar, le centre polyvalent de<br />

Dakar <strong>et</strong> l’AEMO de Grand Dakar ;<br />

- participer à un séminaire organisé par la Direction de l’éducation<br />

surveillée <strong>et</strong> de la protection sociale, portant sur la législation<br />

sénégalaise <strong>et</strong> le fonctionnement de l’administration de la justice<br />

des mineurs au Sénégal ;<br />

- participer à une réunion technique sur le contenu des recommandations<br />

<strong>et</strong> propositions législatives à promouvoir pour améliorer<br />

la situation juridique des mineurs, par rapport aux textes internationaux<br />

(recommandations à relayer au Réseau des parlemen-


300 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

taires « Population <strong>et</strong> Développement » <strong>et</strong> à la Direction de la<br />

protection des <strong>droits</strong> de l’enfant du MFSN – proj<strong>et</strong> de Code de<br />

l’enfant) ;<br />

- participer à une réunion de travail les directeurs techniques du<br />

Ministère de la famille <strong>et</strong> de la solidarité nationale, afin<br />

d’échanger des expériences, des avis <strong>et</strong> des informations sur les<br />

principaux chantiers relatifs à la promotion <strong>et</strong> à la protection des<br />

<strong>droits</strong> des enfants mis actuellement en œuvre au niveau de ce<br />

ministère.<br />

A l’occasion d’une réunion de travail avec les membres du Comité<br />

technique de suivi du proj<strong>et</strong> RPJM, les attentes en terme de stages <strong>et</strong><br />

de formations ont pu être précisées :<br />

- la chaîne pénale (police-parqu<strong>et</strong>-jugement),<br />

- le développement de la faculté d’écoute de l’enfant,<br />

- l’étude de la psychologie des enfants,<br />

- la prise en charge des mineurs en milieu ouvert,<br />

- la prise en charge des mineurs en milieu fermé,<br />

- la gestion des situations d’abus sexuels,<br />

- le travail en réseau.<br />

Les deux premiers stagiaires sénégalais, à savoir le directeur du<br />

Centre de formation judiciaire <strong>et</strong> le directeur des études de l’École de<br />

la gendarmerie nationale, ont effectué un séjour d’un mois en<br />

Belgique au mois de mars 2004.<br />

Durant ce séjour, ils ont notamment pu rencontrer <strong>et</strong> visiter les services<br />

<strong>et</strong> institutions suivants :<br />

- service du Délégué général,<br />

- Child Focus<br />

- Observatoire de l’enfance, de la jeunesse <strong>et</strong> de l’aide à la jeunesse,<br />

- maison de justice


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 301<br />

- conseil supérieur de la Justice<br />

- service spécialisé dans la prise en charge des abuseurs sexuels<br />

- locaux d’audition des enfants<br />

- barreau, …<br />

- service de l’aide à la jeunesse<br />

- service de protection judiciaire<br />

- conseil d’arrondissement de l’aide à la jeunesse<br />

- équipe sos-enfants<br />

- institution publique de protection de la jeunesse<br />

- centre d’Everberg<br />

- services privés du secteur de l’aide à la jeunesse.<br />

Un troisième stagiaire, le <strong>Pr</strong>ésident du tribunal pour enfants de<br />

Dakar, a été accueilli pendant trois mois, d’avril à juin 2004.<br />

Son programme de stage fut sensiblement le même, avec des<br />

immersions plus longues auprès de certains services <strong>et</strong> institutions:<br />

Parqu<strong>et</strong> <strong>et</strong> tribunal de la jeunesse de Mons, Parqu<strong>et</strong> de Namur,<br />

Institution publique de protection de la jeunesse de Braine-le-<br />

Château, Commissariat de police de la zone d’Etterbeek.<br />

Du 25 au 28 mai 2004, une délégation belge a participé à une<br />

<strong>ses</strong>sion de formation de formateurs organisée au Centre de formation<br />

judiciaire de Dakar sur le thème « les techniques d’audition de l’enfant,<br />

le traitement des situations d’abus sexuels <strong>et</strong> le travail interdisciplinaire<br />

dans la pris en charge des mineurs ».<br />

La délégation de formateurs belges était composée d’un policier,<br />

formateur sur les techniques d’audition des enfants victimes d’agression<br />

sexuelle, de la directrice de l’IPPJ de Braine-le-Château, du<br />

Substitut chargé des mineurs au Tribunal de première instance de<br />

Namur, <strong>et</strong> du conseiller du Délégué général.


302 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Chaque intervention d’un formateur belge était couplée à une<br />

intervention d’un formateur sénégalais afin de perm<strong>et</strong>tre des échanges<br />

constructifs.<br />

Les thèmes abordés furent les suivants :<br />

- la politique de l’aide à la jeunesse en Communauté française de<br />

Belgique<br />

- la justice des mineurs au Sénégal<br />

- le traitement judiciaire d’une situation d’abus sexuel sur mineurs<br />

en Communauté française de Belgique <strong>et</strong> au Sénégal<br />

- les techniques d’audition d’enfants (<strong>et</strong> visionnage d’une audition<br />

réelle)<br />

- le travail interdisciplinaire dans le cadre de la prise en charge des<br />

mineurs<br />

- l’analyse d’un cas pratique : le traitement correctionnel, protectionnel<br />

<strong>et</strong> psychosocial d’une situation d’abus sexuel sur mineur<br />

- la prise en charge des mineurs délinquants (aspects juridiques)<br />

- le travail social en milieu ouvert <strong>et</strong> fermé avec les mineurs <strong>et</strong> leur<br />

famille.<br />

A l’issue de la <strong>ses</strong>sion de formations, les principales recommandations<br />

formulées furent :<br />

- Créer au niveau de chaque Tribunal régional, une structure de<br />

coordination des intervenants, qui sera chargée de faciliter<br />

l’échange d’informations entre les professionnels <strong>et</strong> le travail<br />

pluridisciplinaire ;<br />

- M<strong>et</strong>tre en place, au sein de chaque Parqu<strong>et</strong> régional, une section<br />

famille, chargée de connaître à la fois des dossiers des mineurs en<br />

danger, des mineurs délinquants <strong>et</strong> des mineurs victimes ainsi<br />

que de suivre les dossiers relatifs aux auteurs présumés, de<br />

manière à perm<strong>et</strong>tre un suivi <strong>et</strong> une cohérence des dossiers<br />

pénaux <strong>et</strong> protectionnels (assistance éducative) ;


PRINCIPAUX DOSSIERS GÉNÉRAUX 303<br />

- <strong>Pr</strong>ésenter au Ministère de la justice, à l’initiative du Barreau, un<br />

système de répartition des montants alloués au fonds prévus à c<strong>et</strong><br />

eff<strong>et</strong> pour les avocats commis d’office qui interviennent dans la<br />

défense des mineurs ;<br />

- <strong>Pr</strong>évoir une réunion de réflexion entre le Ministère de la justice,<br />

les juges d’instruction <strong>et</strong> les experts psychiatres <strong>et</strong> psychologues<br />

afin de régler la question du paiement des honoraires des experts<br />

requis par les autorités judiciaires dans le cadre d’une procédure ;<br />

- M<strong>et</strong>tre tout en œuvre pour que chacun, à la place qu’il occupe,<br />

dans son travail au quotidien, puisse promouvoir un travail de<br />

collaboration entre les professionnels qui interviennent dans la<br />

prise en charge des mineurs (aller vers les autres, se faire<br />

connaître, discuter, échanger) ;<br />

- Spécialiser les magistrats intervenant dans la justice des mineurs;<br />

- Revaloriser le travail des travailleurs sociaux.<br />

Fin 2004 <strong>et</strong> durant l’année 2005 le proj<strong>et</strong> se poursuivra avec l’accueil<br />

de nouveaux stagiaires sénégalais en Belgique <strong>et</strong> une nouvelle<br />

mission de formation au Sénégal.<br />

∆<br />

1. Le lecteur peut obtenir le cahier des résumés « L’agression sexuelle, l’articulation<br />

des pratiques » du 2e congrès international francophone auprès du Délégué<br />

général.<br />

2. Nos remerciements vont au Service juridique de la Direction générale de l’aide à<br />

la jeunesse.


– 6 –<br />

Conclusions<br />

On a chassé le bouffon à coups de fou<strong>et</strong><br />

hors du palais <strong>et</strong> sans raison,<br />

On a délogé le mendiant de la marche<br />

où il était tombé.<br />

On a battu l’enfant abandonné<br />

en lui ôtant le pain des mains.<br />

Oh immense chagrin du monde,<br />

ce qui manque c’est agir…<br />

Fernando Pessoa,<br />

Le passage des heures.<br />

Après les élections de juin 2004, lorsque le formateur du<br />

Gouvernement de la Communauté française fut connu, une brève note<br />

de synthèse fut préparée par notre institution: elle reprenait les axes<br />

essentiels <strong>et</strong> prioritaires en faveur des <strong>droits</strong> de l’enfant au niveau institutionnel:<br />

un Ministre de l’enfance aux compétences croisées (p<strong>et</strong>ite<br />

enfance, jeunesse, aide à la jeunesse, protection de la jeunesse); une<br />

commission nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> une conférence interministérielle<br />

pour les <strong>droits</strong> de l’enfant opérationnelles, l’Observatoire…<br />

autant d’instances d’importance!<br />

C<strong>et</strong>te note lui fut remise en même temps que le rapport annuel<br />

2003 reprenant nos différentes recommandations émi<strong>ses</strong> en 12 années<br />

d’exercice.


306 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Elle a aussi été envoyée à la présidente du CDH, partenaire du PS,<br />

au moment des négociations entre les deux formations politiques.<br />

Par ailleurs, il est bon de se souvenir que si, chaque 20 novembre,<br />

journée nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant, le rapport annuel du Délégué<br />

général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant est remis<br />

conjointement au Gouvernement <strong>et</strong> au Parlement de la Communauté<br />

française, il est aussi transmis à chaque parti démocratique.<br />

Il en résulte que les programmes politiques de ces partis peuvent<br />

receler, selon leurs aspirations, leur philosophie <strong>et</strong> leurs choix, différentes<br />

propositions dont ont peut raisonnablement croire qu’elles sont<br />

en partie ou totalement inspirées par nos travaux <strong>et</strong> réflexions.<br />

Certaines se recoupent immanquablement car certaines valeurs<br />

comme la protection des enfants maltraités ou abusés, par exemple,<br />

sont universelles dans une démocratie qui affirme son attachement au<br />

respect des <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts des enfants.<br />

Ce n’est donc pas une note de synthèse, aussi fondamentale soitelle,<br />

qui détermine les choix politiques, mais un processus déclenché<br />

<strong>et</strong> développé avec d’autres depuis la ratification par la Communauté<br />

française, puis par l’État belge, de la Convention internationale relative<br />

aux <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

Chaque partie de l’accord de Gouvernement s’intéressant aux<br />

enfants est un aboutissement de ce processus <strong>et</strong> un engagement à<br />

répondre devant la population de la réalisation de ces promes<strong>ses</strong>.<br />

Et ce n’est pas un hasard si l’accord gouvernemental de la<br />

Communauté française déclare « qu’assurer le bien-être des enfants<br />

est un devoir premier pour une société démocratique ». Davantage<br />

qu’une déclaration d’intention, c’est l’affirmation d’un principe fondamental<br />

directement lié à l’application de la Convention internationale<br />

relative aux <strong>droits</strong> de l’enfant.


CONCLUSIONS 307<br />

A c<strong>et</strong> égard, pour donner corps à c<strong>et</strong>te volonté première, <strong>nous</strong><br />

recommandons d’instaurer légalement l’obligation d’étudier l’impact,<br />

sur les enfants en particulier <strong>et</strong> sur l’enfance en général, de tout proj<strong>et</strong><br />

ou proposition de décr<strong>et</strong> dans quelque matière que ce soit, dans les<br />

compétences de la Communauté française.<br />

Voilà plus de 10 ans que l’institution que je représente réclame des<br />

politiques cohérentes <strong>et</strong> coordonnées, notamment en matière de lutte<br />

contre la pédophilie 1 .<br />

Or, l’accord du gouvernement de 2004 mentionne en préambule de<br />

son chapitre consacré aux familles, à l’enfance <strong>et</strong> à la jeunesse qu’« il<br />

importe d’articuler de façon coordonnée <strong>et</strong> cohérente l’ensemble de<br />

ces politiques au sein de la Communauté française ».<br />

C<strong>et</strong>te logique détermine le choix d’un Ministre chargé des<br />

matières de la Enfance, de l’Aide à la jeunesse <strong>et</strong> de la Santé. Mais<br />

<strong>nous</strong> regr<strong>et</strong>tons que la politique de la jeunesse ne soit pas jointe à <strong>ses</strong><br />

compétences, ce qui aurait permis, à notre sens, de développer une<br />

politique globale de l’enfance <strong>et</strong> de la jeunesse en synergie avec l’enseignement<br />

obligatoire.<br />

L’accord gouvernemental évoque clairement le rôle à jouer par la<br />

Commission nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> les conférences interministérielles<br />

des <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

La Commission nationale des <strong>droits</strong> de l’enfant, quand elle sera<br />

opérationnelle au niveau national, avec la participation active des<br />

Communautés, sera un atout majeur pour la Belgique lorsqu’elle<br />

exposera <strong>et</strong> défendra, à Genève, son rapport devant le Comité des<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant des Nations-Unies. Elle sera surtout en Belgique un<br />

moteur incitant au dialogue, à la concertation <strong>et</strong> à la coordination au<br />

bénéfice des enfants.


308 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

En ce qui concerne les conférences interministérielles sur les <strong>droits</strong><br />

de l’enfant, si l’accord prévoit d’y débattre prioritairement de la mise<br />

en œuvre de la nouvelle loi fédérale sur la protection de la jeunesse <strong>et</strong><br />

de l’implication de la Communauté française dans son application, il<br />

paraît évident que d’autres matières comme l’adoption, les rapts<br />

parentaux, les mineurs étrangers non accompagnés… y seront abordées<br />

<strong>et</strong> discutées entre partenaires aux compétences croisées.<br />

L’accord de Gouvernement révèle la volonté de l’exécutif de<br />

m<strong>et</strong>tre en œuvre des politiques d’éducation <strong>et</strong> de prévention en faveur<br />

des familles <strong>et</strong> des enfants.<br />

C<strong>et</strong>te détermination, en ce qu’elle vise, par exemple, à créer 8 000<br />

nouvelles places d’accueil pour les enfants de moins de trois ans, ou,<br />

autre exemple, à lutter contre le décrochage scolaire en multipliant<br />

des écoles de devoirs, ou autre exemple encore, à développer des services<br />

de formation à la parentalité… s’inscrit dans une philosophie de<br />

décloisonnement <strong>et</strong> de synergie entre différents départements ministériels<br />

de la Communauté française.<br />

Dans le domaine de la promotion de la santé, plusieurs engagements<br />

concernent directement les enfants <strong>et</strong> les jeunes. Une alimentation<br />

saine, sans alcool, drogue, ou tabac, une éducation affective <strong>et</strong><br />

sexuelle bien pensée, une meilleure prévention du suicide : autant de<br />

suj<strong>et</strong>s qui touchent principalement les adolescents 2 .<br />

La politique d’information <strong>et</strong> de sensibilisation dans ces matières<br />

consiste en fait à s’intéresser aux risques, <strong>et</strong> aux conséquences des<br />

conduites à risques des jeunes, <strong>et</strong> à m<strong>et</strong>tre en place des politiques qui<br />

s’adressent non seulement directement à ces derniers mais aussi à leur<br />

entourage (famille, école…). Les conduites à risques sont souvent des<br />

passages obligés entre l’enfance <strong>et</strong> l’âge adulte. On pourrait parler de<br />

contestation, de mal-être ou de peurs 3 . L’objectif final ne pourrait-il


CONCLUSIONS 309<br />

pas être de perm<strong>et</strong>tre aux jeunes d’accéder au bonheur dans un monde<br />

socialement difficile ?<br />

Aujourd’hui, c’est admis, tout est dans tout. Les différentes<br />

matières s’interpénètrent <strong>et</strong> s’influencent mutuellement. L’économique<br />

influe sur le social <strong>et</strong> le social a besoin de culture <strong>et</strong> de sport.<br />

L’éducation doit tenir compte de ce bouillonnement d’influences <strong>et</strong><br />

s’adapter <strong>et</strong> évoluer dans une société en mutation permanente.<br />

A c<strong>et</strong> égard, le Ministre de la Défense actuel développe une pratique<br />

d’offre de services à la collectivité ou à des situations individuelles.<br />

Des enfants en sont les bénéficiaires, parfois à l’initiative ou<br />

grâce à l’intervention du Délégué général. C<strong>et</strong>te politique d’ouverture<br />

vers la société civile se révèle aujourd’hui modèle à suivre.<br />

Chacun sait que la prévention est capitale en matière de lutte<br />

contre la maltraitance d’enfants. On parle à présent de programmes de<br />

bientraitance.<br />

L’accord ne l’a pas oublié, tout en déclarant vouloir développer <strong>et</strong><br />

améliorer encore la prise en charge des enfants maltraités : c’est le rôle<br />

des équipes « SOS-Enfants » qui se voit ainsi conforté. Dans c<strong>et</strong>te<br />

optique, le téléphone vert « Écoute-Enfants » devrait être renforcé<br />

pour pouvoir exercer pleinement sa mission d’information <strong>et</strong> de prévention<br />

vis-à-vis des enfants.<br />

La réforme de l’adoption sera poursuivie en concertation avec le<br />

Ministère de la Justice. Le travail parlementaire est terminé mais il<br />

reste, <strong>et</strong> ce n’est pas la moindre des tâches, à faire appliquer la loi avec<br />

l’aide des services adéquats.<br />

Le secteur de l’aide à la jeunesse <strong>et</strong> la protection de la jeunesse<br />

bénéficie d’une attention toute particulière dans l’accord : « Tout doit<br />

être mis en œuvre pour que des difficultés en cascade (familiales, de


310 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

relation, d’éducation, de santé, de logement, <strong>et</strong>c) ne comprom<strong>et</strong>tent<br />

pas l’avenir des jeunes concernés, pour qu’ils puissent être des acteurs<br />

de leur propre vie. Les pouvoirs publics doivent soutenir par une politique<br />

globale coordonnée <strong>et</strong> par le fonctionnement adéquat des institutions<br />

appropriées, les capacités des moins favorisés à affronter ces<br />

nouveaux défis dans leur famille, leur groupe social <strong>et</strong> culturel, leur<br />

vie citoyenne. »<br />

Le secteur de l’aide à la jeunesse, qui vise à venir en aide aux<br />

jeunes en difficultés ou en danger, <strong>et</strong> le secteur de la protection de la<br />

jeunesse, qui vise la prise en charge de la délinquance juvénile, représentent<br />

donc un enjeu capital. Ces deux matières s’interpénètrent<br />

constamment <strong>et</strong> doivent être traitées avec la même priorité. On sait<br />

combien de parcours délinquants trouvent leur origine dans des difficultés<br />

sociales, économiques, familiales <strong>et</strong> affectives. Par ailleurs, si<br />

la Communauté exerce toutes <strong>ses</strong> compétences en matière de jeunes<br />

en difficulté ou en danger, elle assume aussi <strong>ses</strong> responsabilités dans<br />

l’application des mesures pri<strong>ses</strong> par les juges de la jeunesse à l’égard<br />

des délinquants juvéniles ».<br />

Suit alors un véritable catalogue de mesures allant de la réforme<br />

législative (adaptation possible du décr<strong>et</strong> relatif à l’aide à la jeunesse)<br />

à des moyens nouveaux ou supplémentaires sur le terrain (amélioration<br />

des Conseils d’arrondissement de l’aide à la jeunesse ; revalorisation<br />

des services publics de l’aide à la jeunesse, services publics de<br />

protection judiciaire <strong>et</strong> des services privés agréés 4 ; couverture de l’ensemble<br />

de la Communauté française sur la base de critères objectifs;<br />

renforcement prioritaire des services de protection judiciaire <strong>et</strong> des<br />

institutions publiques de protection de la jeunesse 5 ainsi que le développement<br />

des services du secteur privé, en particulier les services de<br />

médiation…) en passant par des accords de coopération tous azimuts<br />

(application de l’aide à la jeunesse dans la Région de Bruxelles-<br />

Capitale ; développement de zones de prévention ; prise en charge des<br />

mineurs étrangers non accompagnés ; traitement des mineurs délin-


CONCLUSIONS 311<br />

quants toxicomanes ou souffrant d’un trouble psychiatrique ; mise en<br />

application de la nouvelle loi relative à la protection de la jeunesse).<br />

Bref, c’est l’annonce d’un véritable plan de dynamisation de l’aide<br />

<strong>et</strong> de la protection de la jeunesse en coordination avec l’État fédéral<br />

(Justice, Santé) <strong>et</strong> les Régions (Bruxelles-Capitale, Wallonie).<br />

Ce travail en profondeur demandera du temps, de l’énergie <strong>et</strong> il<br />

parie manifestement sur la collaboration <strong>et</strong> l’implication des différents<br />

niveaux de pouvoirs.<br />

C’est l’apothéose des politiques croisées. Ce qui se fera en matière<br />

d’aide <strong>et</strong> de protection de la jeunesse, constituera donc un laboratoire<br />

en la matière pour devenir, en cas de réussite, un modèle à suivre.<br />

L’avant-proj<strong>et</strong> de loi réformant la loi relative à la protection de la<br />

jeunesse s’intitulera sans doute « la loi relative à la protection de la<br />

jeunesse, à la prise en charge des mineurs ayant commis un fait qualifié<br />

infraction <strong>et</strong> à la réparation du dommage causé ».<br />

Le titre d’une loi est souvent symbolique <strong>et</strong> représentatif de son<br />

contenu.<br />

La protection de la jeunesse, c’est l’affirmation du droit à la protection<br />

prévu dans la Convention internationale relative aux <strong>droits</strong> de<br />

l’enfant.<br />

La prise en charge de jeunes, c’est la diversification des mesures<br />

mi<strong>ses</strong> à la disposition des tribunaux de la jeunesse. C’est par corollaire,<br />

le renforcement des services existant <strong>et</strong> la création de nouveaux.<br />

C’est aussi le développement de critères, de garanties en terme de<br />

respect des <strong>droits</strong> des jeunes liés à la mesure prise par le tribunal de la<br />

jeunesse.


312 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

La réparation du dommage causé, c’est d’une part une attention<br />

portée à la victime <strong>et</strong> d’autre part l’introduction de méthodes éducatives<br />

novatrices participatives. La médiation, la conciliation, la présentation<br />

d’excu<strong>ses</strong> personnelles, la présentation d’un proj<strong>et</strong> personnel…:<br />

autant de concepts impliquant le jeune dans la décision qui<br />

le concerne personnellement <strong>et</strong> qui peut associer d’autres personnes à<br />

son application (parents, victimes, médiateurs, éducateurs…).<br />

On sait que ce n’est pas uniquement avec une loi protectionnelle<br />

que l’on règlera tous les problèmes de la délinquance juvénile. Avant<br />

son intervention en dernière ligne, doivent agir l’exercice de l’autorité<br />

parentale conjointe, l’éducation par l’école <strong>et</strong> la prévention dans le<br />

domaine de la p<strong>et</strong>ite enfance, de la jeunesse <strong>et</strong> de l’aide à la jeunesse.<br />

On sait aussi qu’il existera toujours des jeunes qui se montreront<br />

réfractaires au système protectionnel ou qui ne seront pas capables de<br />

saisir les chances qui leur sont offertes dans ce cadre.<br />

Pour ces jeunes, la solution proposée ne sera plus le renvoi pur <strong>et</strong><br />

simple devant les tribunaux ordinaires <strong>et</strong> l’abandon dans le secteur<br />

pénitentiaire des adultes. La prison est hautement criminogène. Les<br />

jeunes qui y entrent en délinquants juvéniles en sortent transformés en<br />

adultes délinquants, bien plus dangereux encore que par le passé, en<br />

raison du phénomène de la contagion délinquante qui règne dans le<br />

milieu carcéral. En prison, ils sont victimes d’abus sexuels <strong>et</strong> de la<br />

toxicomanie. Je continue à croire <strong>et</strong> à dire que les mineurs d’âge,<br />

quels qu’ils soient, n’ont rien à faire en prison. La prison véhicule des<br />

valeurs <strong>et</strong> des comportements contraires au respect de la dignité<br />

humaine.<br />

L’avant proj<strong>et</strong> de loi relative à la prise en charge des jeunes délinquants<br />

tente de trouver des solutions pour les situations marginales,<br />

mais potentiellement dangereu<strong>ses</strong> pour la société <strong>et</strong> la sécurité


CONCLUSIONS 313<br />

publique, de grands adolescents délinquants en rupture, s’opposant à<br />

toute prise en charge dans le système protectionnel <strong>et</strong> réparateur.<br />

Les jeunes, dessaisis par le tribunal de la jeunesse, ne devraient<br />

plus être orientés vers le secteur pénitentiaire réservé aux délinquants<br />

adultes. Une nouvelle organisation est prévue par le Ministère de la<br />

Justice pour tenter de resocialiser ces jeunes rebelles sans devoir les<br />

placer dans le secteur pénitentiaire classique qui a montré <strong>ses</strong> limites:<br />

tribunaux correctionnels spécialisés, structures sécuritaires particulières<br />

<strong>et</strong> méthodes adaptées à ces catégories de jeunes lors de l’accomplissement<br />

des peines.<br />

En ce qui concerne les accords de coopération relatifs à la prise en<br />

charge des mineurs étrangers non accompagnés 6 <strong>et</strong> ceux se rapportant<br />

aux jeunes délinquants toxicomanes ou souffrant de troubles psychiatriques<br />

7 , il est bon de rappeler que ces différentes problématiques, particulièrement<br />

sensibles ces dernières années, ont fait l’obj<strong>et</strong> de<br />

groupes de travail <strong>et</strong> de tentatives d’amorces de solutions 8 . Ici encore,<br />

le Gouvernement devra se m<strong>et</strong>tre d’accord sur un programme d’exécution<br />

cohérent.<br />

Les signalements relatifs aux atteintes portées aux <strong>droits</strong> <strong>et</strong> aux<br />

intérêts des enfants par des services, des autorités ou des normes qui<br />

dysfonctionnent restent importants <strong>et</strong> de même nature depuis des<br />

années.<br />

Qu’il s’agisse d’une mère ou d’un père qu’on emprisonne pour<br />

non-représentation d’enfant, d’un enfant de 13 ans, soupçonné de<br />

rack<strong>et</strong>, que les forces de l’ordre vont arrêter dans sa classe, avec des<br />

menottes, devant <strong>ses</strong> condisciples, ou d’une p<strong>et</strong>ite fille de 4 ans qu’un<br />

commando de policiers va arracher des bras de sa mère pour l’envoyer<br />

en secr<strong>et</strong> aux États-Unis parce qu’il fallait bien exécuter – au besoin<br />

par la force – une décision judiciaire 9 , il n’existe aucune justification<br />

crédible au niveau des <strong>droits</strong> de l’homme <strong>et</strong> de l’enfant, des sciences


314 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

humaines <strong>et</strong> de l’éthique, pour croire ou faire croire que c’était là des<br />

décisions adéquates <strong>et</strong> qu’on ne pouvait pas agir autrement.<br />

«Vouloir protéger les enfants victimes de violence, c’est d’abord<br />

poser la question de la violence sociale », écrit Catherine Marneffe,<br />

pédopsychiatre 10 .<br />

Les risques d’eff<strong>et</strong>s pervers de l’application de lois qui paraissent<br />

généreu<strong>ses</strong> doivent sans arrêt <strong>nous</strong> maintenir en éveil.<br />

Les États généraux des familles ont mis en avant le principe de la<br />

garde alternée comme modèle à suivre idéalement <strong>et</strong> prioritairement.<br />

On peut toujours rêver ! Il est vrai qu’un modèle législatif pourrait<br />

sortir les juges de pratiques orientées par le poids de leur culture<br />

sociale <strong>et</strong> des mentalités, <strong>et</strong> donc développer des règles plus égalitaires<br />

entre les pères <strong>et</strong> les mères.<br />

Mais où sera la place de l’enfant dans c<strong>et</strong>te dynamique ? L’enfant<br />

est un être en devenir, en construction. Le vécu <strong>et</strong> les besoins d’un<br />

bébé, d’un enfant ou d’un adolescent ne sont évidemment pas les<br />

mêmes.<br />

Catherine De Buck, pédopsychiatre, indique, par exemple, que « le<br />

bébé ne devrait pas quitter son domicile principal, pour la nuit, avant<br />

l’âge des trois ans <strong>et</strong> qu’une absence trop longue de la mère peut être<br />

assimilée à une disparition pure <strong>et</strong> simple pour un jeune enfant » 11 .<br />

<strong>Jean</strong>-<strong>Yves</strong> <strong>Hayez</strong> <strong>et</strong> Philippe Kinoo, pédopsychiatres, ne disent pas<br />

autre chose quand ils expliquent que la perception de la garde alternée<br />

est fondamentalement différente selon que la personne qui la vit<br />

auprès de chacun de <strong>ses</strong> parents, est un p<strong>et</strong>it enfant, un enfant ou un<br />

adolescent. 12


CONCLUSIONS 315<br />

Ils rejoignent aussi le point de vue de Caroline Geuzaine, psychologue,<br />

qui pense qu’« il est utopique de chercher des principes généraux<br />

valables pour toutes les situations » <strong>et</strong> que « la vraie question<br />

porte sur la parentalité <strong>et</strong> non sur la suprématie du père ou de la<br />

mère ». 13<br />

Les constats que notre institution peut faire au départ des situations<br />

individuelles poussent à la nuance <strong>et</strong> à la prudence. Il ne faudrait pas,<br />

qu’en réaction à la déliquescence des différentes représentations familiales,<br />

le législateur <strong>et</strong> le pouvoir exécutif, dans un grand élan d’idéalisme,<br />

m<strong>et</strong>tent en place un système, potentiellement producteur de<br />

maltraitances institutionnelles organisées au détriment des enfants.<br />

Or, la Belgique est un des pays d’Europe où l’on se marie le moins<br />

tout en divorçant le plus. 14<br />

Les situations individuelles traitées montrent d’ailleurs que les cas<br />

d’enfants, impliqués bien malgré eux dans le tourbillon des conflits<br />

parentaux, résultant d’une séparation ou d’un divorce, sont plus qu’interpellants.<br />

Les actions de médiation prennent de plus en plus de place<br />

dans l’exercice des missions du Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant.<br />

On doit certes réformer, dans les meilleurs délais, le droit des<br />

affaires familiales 15 , mais, dans le même temps, il faut travailler en<br />

profondeur <strong>et</strong> au long terme avec les enfants eux-mêmes : sensibilisation,<br />

éducation, prévention à la parentalité responsable <strong>et</strong> à l’intégration<br />

d’une culture respectueuse des <strong>droits</strong> <strong>et</strong> des intérêts des enfants.<br />

Les enfants qui tentent de survivre en tant qu’enfants au milieu de<br />

ces conflits parentaux sont de futurs parents. Quels modèles intègrentils<br />

16 ? Quelles conduites vont-ils adopter plus tard en tant que partenaire<br />

d’un couple <strong>et</strong> en tant que parent ? Ces questions fondamentales<br />

doivent guider la réflexion de nos dirigeants en matière de politiques<br />

d’éducation, de la famille, de l’enfance <strong>et</strong> de la jeunesse.


316 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

La question de la citoyenn<strong>et</strong>é responsable, respectueuse de la<br />

démocratie, reste tout aussi prioritaire.<br />

Le 1 er septembre 2004, lorsque je commençais la rédaction de l’introduction<br />

du présent rapport annuel, je me posais la question légitime<br />

de savoir qui le rem<strong>et</strong>trait le 20 novembre 2004 au Gouvernement <strong>et</strong><br />

au Parlement de la Communauté française.<br />

Je termine à présente les conclusions d’un rapport annuel dont le<br />

texte doit être transmis à l’imprimeur pour le 15 octobre 2004. Et je<br />

prends connaissance du communiqué de presse du Gouvernement de<br />

la Communauté française du 8 octobre :<br />

« Désignation du Délégué Général aux Droits de l’Enfant<br />

Le Gouvernement, sur proposition de la Ministre-<strong>Pr</strong>ésidente<br />

Marie Arena, a désigné Claude Lelièvre au poste de Délégué<br />

Général aux Droits de l’Enfant.<br />

Pour rappel, la fonction de Délégué Général est instituée par le<br />

décr<strong>et</strong> du 20 juin 2002. Ce dernier prévoit que le Délégué est<br />

désigné par le Gouvernement (après appel public aux candidatures),<br />

pour une période de six ans, renouvelable à une reprise.<br />

Le Collège d’experts mandaté par le Conseil de la Communauté a<br />

auditionné les trente-quatre candidats ayant répondu à l’appel<br />

public. Sur base de son rapport, les postulants ont été entendus par<br />

4 membres du Conseil, représentants des quatre groupes politiques<br />

du Conseil de la Communauté. A l’issue des auditions, le Conseil<br />

a rendu un avis au sein duquel, il distinguait 3 candidats.<br />

Il appartenait dès lors au Gouvernement d’analyser l’avis rendu<br />

afin de désigner le candidat adéquat. Pour ce faire, il a comparé<br />

les titres <strong>et</strong> mérites de chacun en accordant sa préférence au can-


CONCLUSIONS 317<br />

didat disposant de l’expérience la plus utile en rapport avec la<br />

fonction.<br />

Fort de son expérience dans la fonction de Délégué Général,<br />

Claude Lelièvre peut aussi se prévaloir de fonctions exercées au<br />

sein des institutions publiques de protection de la jeunesse. Il a par<br />

ailleurs été désigné par <strong>ses</strong> pairs aux fins d’exercer la présidence<br />

du réseau européen des Ombudsmans des enfants entre<br />

octobre 2002 <strong>et</strong> octobre 2003 ».<br />

∆<br />

1. Cfr le plan de lutte contre la pédophilie remis au Roi Albert II <strong>et</strong> à la Ministre-<br />

<strong>Pr</strong>ésidente de la Communauté française - octobre 1993.<br />

2. Il suffit de lire les thèmes abordés, par les jeunes eux-mêmes, dans l’émission<br />

«Vide ton sac » pour se convaincre qu’ils sont en attente ou en demande d’informations<br />

<strong>et</strong> d’actions de prévention sur ces problématiques.<br />

3. Cfr « Adolescence <strong>et</strong> conduites à risques », in « Confluence », revue de l’Institut<br />

wallon pour la santé mentale, n° 7, septembre 2004.<br />

4. On remarquera l’accent mis sur les services extérieurs, en contact direct avec la<br />

population (familles, enfants, adolescents). A-t-on enfin compris, en aide à la jeunesse<br />

comme dans d’autres secteurs d’ailleurs, que ce ne sont pas les services extérieurs<br />

qui sont au service d’une administration centrale toute puissante, mais l’inverse<br />

? Toute administration centrale devrait être à la disposition des services extérieurs<br />

(dans le cas d’espèce les Services d’aide à la jeunesse <strong>et</strong> Services de protection<br />

judiciaire <strong>et</strong> les services privés), eux-mêmes au service de la population.<br />

5. Cfr groupe de travail sur le traitement de la délinquance juvénile par le Groupe des<br />

institutions publiques de protection de la jeunesse à régimes éducatifs ouvert <strong>et</strong><br />

fermé : constats <strong>et</strong> perspectives - octobre 1998.<br />

6. Cfr groupe de travail à la détention des mineurs, accompagnés <strong>et</strong> non accompagnés,<br />

dans les centres fermés pour étrangers en situation illégale - décembre 1999<br />

7. Table ronde « Vers quelles pri<strong>ses</strong> en charge psychiatriques dans le secteur de l’aide<br />

à la jeunesse », initiée par la Ministre de l’Aide à la jeunesse en janvier 2000.<br />

Les conclusions écrites de ce groupe de travail sont attendues.


318 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

8. Cfr la création <strong>et</strong> la mise en service, le 27 octobre 2003, de l’Unité « Karibu » au<br />

centre hospitalier <strong>Jean</strong> Titeca. Par ailleurs, deux autres unités pilotes de 8 lits<br />

devraient être créées en Wallonie. Les lieux pressentis sont l’hôpital psychiatrique<br />

« Le P<strong>et</strong>it Bourgogne » à Liège <strong>et</strong> le Centre hospitalier psychiatrique de Tournai<br />

« les Marronniers ». En région flamande, deux proj<strong>et</strong>s sont proposés, à Anvers <strong>et</strong><br />

à Geel.<br />

9. Cfr <strong>Jean</strong>-<strong>Yves</strong> <strong>Hayez</strong> <strong>et</strong> Philippe Kinoo, « Aliénation parentale : un concept à haut<br />

risque », 2004 qui dénoncent à la page 10 la reprise de force de la p<strong>et</strong>ite Col<strong>et</strong>te<br />

par les policiers à Liège.<br />

Par ailleurs, la même exécution forcée s’est déroulée en France à Les Adr<strong>et</strong>s-de-<br />

L’Esterel en septembre 2004. Une vingtaine de policiers sont intervenus sans<br />

ménagement dans une école maternelle pour chercher une fill<strong>et</strong>te de 4 ans, née<br />

d’un couple franco-américain, aujourd’hui séparé, afin de la rem<strong>et</strong>tre à son père.<br />

Le <strong>Pr</strong>ocureur de la république a appliqué à la l<strong>et</strong>tre la Convention de La Haye, sans<br />

attendre la décision du juge pour enfants qui s’était donné jusqu’à décembre pour<br />

prendre une décision dans l’intérêt de l’enfant.<br />

10. Cfr « Malaise de la protection de l’enfance : violence des intervenants » par<br />

Catherine Marneffe, Ministère de la Communauté française, 2004, p. 10 ;<br />

11. Cfr « Tenir compte… de l’enfant », in « le Vif » du 24 septembre 2004, p. 47.<br />

12. Cfr <strong>Jean</strong>-<strong>Yves</strong> <strong>Hayez</strong> <strong>et</strong> Philippe Kinoo, « Hébergement alterné <strong>et</strong> autorité parentale<br />

conjointe », 2004.<br />

13. Cfr « Ne pas imposer des canevas », in « Le Vif », du 24 septembre 2004, p. 47.<br />

14. Cfr « Le meilleur sans le pire », in « le Vif » du 12 octobre 2004, p. 19 qui cite 4<br />

mariages pour 1 000 habitants <strong>et</strong> 3 désunions officielles pour 1 000 habitants.<br />

15. L’accord du Gouvernement fédéral prévoit la création d’un tribunal des familles.<br />

Différentes formules sont proposées suite aux travaux des États généraux des<br />

familles. Peu importe l’organisation r<strong>et</strong>enue pour autant que l’enfant reste au<br />

centre de <strong>ses</strong> préoccupations.<br />

16. « Je remercie mes parents de m’avoir appris trois cho<strong>ses</strong> : ne jamais faire de mal<br />

aux gens, chercher à réussir <strong>et</strong> croire en soi », Hicham El Guerrouj, Jeux<br />

Olympiques d’Athènes - 24 août 2004.


– 7 –<br />

Annexes<br />

Décr<strong>et</strong> du 20 juin 2002<br />

instituant un délégué général<br />

de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l'enfant 1<br />

Le Conseil de la Communauté française a adopté <strong>et</strong> Nous, Gouvernement, sanctionnons<br />

ce qui suit :<br />

Article 1 er .<br />

Au sens du présent décr<strong>et</strong>, il faut entendre par :<br />

1° Enfant : la personne âgée de moins de dix-huit ans, ainsi que la personne âgée<br />

de moins de vingt ans pour laquelle une aide a été sollicitée avant l’âge de<br />

dix-huit ans, en application de la loi du 19 janvier 1990 abaissant à dix-huit<br />

ans l’âge de la majorité civile ou en application du décr<strong>et</strong> du 14 mai 1990<br />

relatif au maintien, après l’âge de dix-huit ans, de certaines mesures de protection<br />

de la jeunesse ;<br />

2° délégué général : le délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong><br />

de l’enfant ;<br />

3° Conseil : le Conseil de la Communauté française ;<br />

4° Gouvernement : le Gouvernement de la Communauté française.<br />

Tous les titres ou noms de fonctions repris dans le présent décr<strong>et</strong> doivent s’entendre<br />

au masculin <strong>et</strong> au féminin.<br />

Article 2.<br />

La fonction de délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

est instituée auprès du Gouvernement de la Communauté française.


320 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Article 3.<br />

Le délégué général a pour mission de veiller à la sauvegarde des <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts<br />

des enfants.<br />

Le Conseil établit pour chaque mandat une liste non exhaustive des domaines<br />

prioritaires dans lesquels le délégué général exerce c<strong>et</strong>te mission.<br />

Il rem<strong>et</strong> c<strong>et</strong>te liste au Gouvernement lorsqu’il lui fait parvenir son avis relatif aux<br />

candidats qu’il a entendu conformément à l’article 5, & 1 er .<br />

Dans l’exercice de sa mission, le délégué général :<br />

1° assure la promotion des <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts de l’enfant <strong>et</strong> organise des actions<br />

d’information sur ces <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts <strong>et</strong> leur respect effectif ;<br />

2° informe les personnes privées, physiques ou morales <strong>et</strong> les personnes de droit<br />

public, des <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts des enfants ;<br />

3° vérifie l’application correcte des lois, décr<strong>et</strong>s, ordonnances <strong>et</strong> réglementations<br />

qui concernent les enfants ;<br />

4° soum<strong>et</strong> au Gouvernement, au Conseil <strong>et</strong> à toute autorité compétente à l’égard<br />

des enfants, toute proposition visant à adapter la réglementation en vigueur, en<br />

vue d’une protection plus complète <strong>et</strong> plus efficace des <strong>droits</strong> des enfants <strong>et</strong><br />

fait en ces matières toute recommandation nécessaire ;<br />

5° reçoit, de toute personne physique ou morale intéressée, les informations, les<br />

plaintes ou les demandes de médiation relatives aux atteintes portées aux<br />

<strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts des enfants ;<br />

6° mène à la demande du Conseil toutes les investigations sur le fonctionnement<br />

des services administratifs de la Communauté française concernés par c<strong>et</strong>te<br />

mission.<br />

Article 4.<br />

Le délégué général adresse aux autorités fédérales, aux autorités de la<br />

Communauté, des Régions, des provinces, des communes ou à toute institution<br />

dépendant de ces autorités, les interpellations <strong>et</strong> demandes d’investigation nécessaires<br />

à l’accomplissement de sa mission.<br />

Dans les limites fixées par la Constitution, les lois, les décr<strong>et</strong>s <strong>et</strong> les arrêtés <strong>et</strong><br />

dans celles de sa mission, le délégué général a accès librement durant les heures nor-


ANNEXES 321<br />

males d’activité à tous les bâtiments des services publics communautaires ou aux<br />

bâtiments privés bénéficiant d’un subside de la Communauté française.<br />

Les responsables <strong>et</strong> les membres du personnel de ces services sont tenus de communiquer<br />

au délégué général les pièces <strong>et</strong> informations nécessaires à l’exercice de sa<br />

mission, à l’exception de celles qui sont couvertes par le secr<strong>et</strong> médical ou dont ils<br />

ont pris connaissance en leur qualité de confident nécessaire.<br />

Le délégué général peut prévoir des délais impératifs de réponse dûment motivés<br />

aux personnes visées à l’alinéa 3.<br />

A défaut de réponse à la demande du délégué général dans les délais impartis, ou<br />

en cas de refus motivé, le délégué général dispose d’un recours auprès du<br />

Gouvernement qui est tenu de statuer dans le mois. En cas d’urgence spécialement<br />

motivée, le Gouvernement statue lors de sa prochaine séance.<br />

Durant le déroulement de c<strong>et</strong>te procédure, les parties sont tenues à assurer la<br />

confidentialité de celle-ci.<br />

Article 5.<br />

§ 1er. Avant toute désignation dans la fonction de délégué général, le Conseil<br />

entend les candidats à la fonction <strong>et</strong> rend un avis sur les candidatures au<br />

Gouvernement dans les trois mois de la communication de ces dernières au<br />

Conseil. Le renouvellement du mandat est soumis aux mêmes modalités.<br />

§ 2. Le Gouvernement ne peut m<strong>et</strong>tre fin au mandat du délégué général avant<br />

son terme, qu’après avis du Conseil.<br />

Article 6.<br />

Le délégué général est placé sous l’autorité du Gouvernement. Il bénéficie de la<br />

liberté d’action <strong>et</strong> d’expression nécessaire à l’exercice de sa mission <strong>et</strong> est tenu au<br />

devoir de réserve que lui impose celui-ci.<br />

A ce titre, il agit en toute indépendance <strong>et</strong> ne peut être relevé de sa charge en<br />

raison d’actes qu’il accomplit dans le cadre de sa mission.


322 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Article 7.<br />

Le 20 novembre de chaque année, à l’occasion de la journée internationale des<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant, le délégué général adresse simultanément au Gouvernement <strong>et</strong> au<br />

Conseil, un rapport annuel dans lequel il établit le bilan de son activité.<br />

Ce rapport contient les recommandations qu’il juge utiles <strong>et</strong> expose les éventuelles<br />

difficultés rencontrées dans l’exercice de <strong>ses</strong> fonctions.<br />

L’identité d’un réclamant <strong>et</strong> de membres du personnel des autorités administratives<br />

ne peut y être mentionnée.<br />

Le rapport est accessible au public.<br />

Le délégué général peut à tout moment être entendu par le Gouvernement ou le<br />

Conseil.<br />

Article 8.<br />

Le Gouvernement arrête les modalités d’exécution du présent décr<strong>et</strong>.<br />

Article 9.<br />

Le présent décr<strong>et</strong> entre en vigueur le jour de sa publication au Moniteur belge.<br />

<strong>Pr</strong>omulguons le présent décr<strong>et</strong>, ordonnons qu’il soit publié au Moniteur belge.<br />

Bruxelles, le 20 juin 2002.<br />

Le Ministre-<strong>Pr</strong>ésident, chargé des Relations internationales,<br />

H. HASQUIN<br />

Le Ministre de la Culture, du Budg<strong>et</strong>, de la Fonction publique,<br />

de la Jeunesse <strong>et</strong> des Sports,<br />

R. DEMOTTE<br />

Le Ministre de l’Enfance, chargé de l’Enseignement fondamental,<br />

de l’Accueil <strong>et</strong> des Missions confiées à l’O.N.E.,<br />

J.-M. NOLLET<br />

Le Ministre de l’Enseignement secondaire <strong>et</strong> de l’Enseignement spécial,<br />

P. HAZETTE<br />

La Ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion<br />

sociale <strong>et</strong> de la Recherche scientifique,<br />

M me F. DUPUIS


ANNEXES 323<br />

Le Ministre des Arts <strong>et</strong> des L<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> de l’Audiovisuel,<br />

R. MILLER<br />

La Ministre de l’Aide à la Jeunesse <strong>et</strong> de la Santé,<br />

M me N. MARECHAL<br />

∆<br />

1. Session 2001-2002.<br />

Documents du Conseil. – <strong>Pr</strong>oj<strong>et</strong> de décr<strong>et</strong>, n° 259-1. Amendements de commission,<br />

n° 259-2. Rapport, n°; 259-3.<br />

Compte rendu intégral. – Discussion <strong>et</strong> adoption. Séance du 18 juin 2002.<br />

Publié le : 2002-07-19


324 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

Arrêté du Gouvernement de la Communauté<br />

française relatif au délégué général de la<br />

Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

Le Gouvernement de la Communauté française,<br />

Vu la loi spéciale du 8 août 1980 de réformes institutionnelles, notamment l’article<br />

87, § 3 ;<br />

Vu le décr<strong>et</strong> du 20 juin 2002 instituant un délégué général de la Communauté<br />

française aux <strong>droits</strong> de l’enfant,<br />

Vu l’arrêté du 10 juill<strong>et</strong> 1991 instituant un délégué général de la Communauté<br />

française aux <strong>droits</strong> de l’enfant, modifié par l’arrêté du Gouvernement du<br />

22 décembre 1997 ;<br />

Vu l’avis de l’Inspecteur des Finances, donné le 18 juin 2002 ;<br />

Vu l’accord du Ministre du Budg<strong>et</strong>, donné le 20 juin 2002,<br />

Vu le protocole n° 265 du Comité de négociation du Secteur XVII daté du<br />

10 juill<strong>et</strong> 2002 ;<br />

Vu la délibération du Gouvernement du 17 juill<strong>et</strong> 2002 sur la demande d’avis à<br />

donner par le Conseil d’État, dans un délai ne dépassant pas un mois ;<br />

Vu l’avis n° 34.060/4 du Conseil d’État, donné le 28 novembre 2002, en application<br />

de l’article 84, alinéa 1 er , 1°, des lois coordonnées sur le Conseil d’État ;<br />

Sur la proposition du Ministre-<strong>Pr</strong>ésident <strong>et</strong> du Ministre ayant la Fonction<br />

publique dans <strong>ses</strong> attributions ;<br />

Après délibération,<br />

Arrêté :<br />

Article 1 er .<br />

Le délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant, ci-après<br />

le délégué général, est désigné par le Gouvernement, après appel public aux candidatures,<br />

pour une période de six ans, renouvelable une fois.


ANNEXES 325<br />

L’appel public aux candidatures est publié au Moniteur belge <strong>et</strong> dans au moins<br />

deux organes de presse francophone.<br />

C<strong>et</strong> appel public reprend les missions du délégué général visées à l’article 3 du<br />

décr<strong>et</strong> du 20 juin 2002 instituant un délégué général de la Communauté française aux<br />

<strong>droits</strong> de l’enfant ainsi que les conditions figurant à l’article 2 du présent arrêté.<br />

Le renouvellement du mandat est soumis aux modalités visées aux alinéas précédents.<br />

L’agent qui, au moment de sa désignation au mandat de délégué général, est<br />

nommé à titre définitif au sein d’un service du Gouvernement de la Communauté<br />

française ou d’un organisme d’intérêt public qui en dépend, est mis d’office, pour la<br />

durée de son mandat, en congé pour mission d’intérêt général dans son emploi initial.<br />

Article 2<br />

Pour être désigné délégué général, il faut :<br />

1° être belge ou ressortissant d’un État membre de l’Union européenne ;<br />

2° être d’une conduite répondant aux exigences de la fonction <strong>et</strong> jouir des <strong>droits</strong><br />

civils <strong>et</strong> politiques ;<br />

3° être porteur d’un diplôme d’études supérieures ou universitaires ou disposer<br />

d’un grade de niveau 1 dans une administration belge ;<br />

4° posséder une expérience professionnelle utile de 10 ans au moins dans le<br />

domaine juridique, administratif, social, médical ou psychopédagogique.<br />

Article 3<br />

Le délégué général ne peut exercer aucune autre activité professionnelle pendant<br />

la durée de son mandat.<br />

Il ne peut accepter, durant c<strong>et</strong>te période, aucun autre mandat, même à titre gracieux.<br />

Article 4<br />

Le Gouvernement peut, après avis du Conseil, m<strong>et</strong>tre fin au mandat du délégué<br />

général avant le terme de six ans :<br />

1° à la demande du délégué général ;<br />

2° lorsqu’il a atteint l’âge de 65 ans ;


326 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

3° en cas de violation de l’article 3 ;<br />

4° pour des motifs graves ;<br />

5° lorsque son état de santé comprom<strong>et</strong> gravement <strong>et</strong> de manière irréversible<br />

l’exercice de sa fonction.<br />

En cas de fin anticipée du mandat, le Gouvernement désigne un nouveau délégué<br />

général, conformément aux articles 1 <strong>et</strong> 2. La désignation du nouveau délégué intervient<br />

au plus tard six mois à dater de la vacance de la fonction.<br />

Article 5<br />

Dans <strong>ses</strong> rapports avec le Gouvernement, le délégué général s’adresse au<br />

Ministre-<strong>Pr</strong>ésident qui transm<strong>et</strong>, le cas échéant, le dossier au Ministre compétent.<br />

Le Ministre compétent traite directement avec le délégué général en informant le<br />

Ministre-<strong>Pr</strong>ésident du suivi du dossier.<br />

Article 6<br />

Les informations, les plaintes ou les demandes de médiation visées à l’article 3,<br />

alinéa 3, 5°, du décr<strong>et</strong> du 20 juin 2002 instituant un délégué général de la<br />

Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant, sont examinées <strong>et</strong> instruites par le<br />

délégué général qui, sous la réserve des articles 29 <strong>et</strong> 30 du Code d’instruction criminelle,<br />

décide de la suite à y donner, après avoir, s’il y a lieu, procédé à une enquête.<br />

Le délégué général peut, s’il le juge utile, communiquer <strong>ses</strong> conclusions ainsi que<br />

le dossier de l’affaire aux plaignants, ainsi qu’aux parties, aux services ou aux administrations<br />

mis en cause.<br />

Si lors de l’examen d’une information, d’une plainte ou d’une demande de médiation,<br />

le délégué général adresse à l’autorité administrative une recommandation, il en<br />

informe simultanément le Gouvernement.<br />

Article 7<br />

§ 1 er<br />

Le Le Ministre ayant la Fonction publique dans <strong>ses</strong> attributions m<strong>et</strong> à la disposition<br />

du délégué général les agents du Ministère de la Communauté française repris ciaprès<br />

:


ANNEXES 327<br />

1° agents de niveau 1 dont au moins deux sont titulaires d’un diplôme de licencié<br />

en droit <strong>et</strong> deux sont titulaires d’un diplôme de licencié en criminologie : 7 ;<br />

2° agents de niveau 2 + : 2,<br />

3° agents de niveau 2 :2;<br />

4° agent de niveau 3 : 1,<br />

5° agent de niveau 4 : 1.<br />

Sur proposition motivée du délégué général, le Ministre ayant la Fonction<br />

publique dans <strong>ses</strong> attributions désigne les membres du personnel qui assistent le<br />

délégué général dans l’exercice de <strong>ses</strong> fonctions.<br />

Les mi<strong>ses</strong> à disposition visées aux alinéas précédents peuvent prendre fin par<br />

décision du Ministre ayant la fonction publique dans <strong>ses</strong> attributions, sur la proposition<br />

motivée du délégué général.<br />

Le délégué général dirige les travaux des membres du personnel mis à sa<br />

disposition.<br />

§ 2<br />

Si l’effectif visé au paragraphe 1 er du présent article ne peut être atteint par la mise<br />

à disposition d’agents soumis au statut du personnel des Services du Gouvernement<br />

de la Communauté française, il est complété par des personnes engagées sur 1a base<br />

d’un contrat de travail d’employé.<br />

§ 3<br />

Dans le cadre de sa mission <strong>et</strong> des moyens qui lui sont alloués, le délégué général<br />

peut ponctuellement faire appel à des experts.<br />

Article 8<br />

II est accordé au délégué général une allocation tenant lieu de traitement, fixée<br />

dans l’échelle de traitement 160/1, telle que prévue à l’annexe I de l’arrêté du<br />

Gouvernement de la Communauté française du 22 juill<strong>et</strong> 1996 portant statut pécuniaire<br />

des agents des services du Gouvernement de la Communauté française.<br />

L’ancienn<strong>et</strong>é résultant de services prestés dans les services de l’État, d’autres services<br />

publics, dans les établissements d’enseignement, ou celle résultant de l’expé-


328 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

rience utile reprise à l’article 2, 4°, est prise en considération dans la fixation de l’ancienn<strong>et</strong>é<br />

pécuniaire.<br />

Le délégué général bénéficie des allocations <strong>et</strong> indemnités prévues par les dispositions<br />

réglementaires applicables au personnel des services du Gouvernement de la<br />

Communauté française, en ce compris, le pécule de vacances <strong>et</strong> l’allocation de fin<br />

d’année.<br />

Il est assimilé à un agent titulaire d’un grade de rang 16, pour l’application des<br />

dispositions visées au précédent alinéa.<br />

Article 9<br />

Dans les trois mois de sa désignation, le délégué général soum<strong>et</strong>, pour approbation,<br />

un proj<strong>et</strong> de règlement d’ordre intérieur au Gouvernement.<br />

Article 10<br />

Le délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant, désigné<br />

par l’arrêté du 29 septembre 1997, pour une durée de six ans, termine son mandat<br />

conformément aux dispositions du décr<strong>et</strong> du 20 juin 2002 instituant un délégué<br />

général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant <strong>et</strong> du présent arrêté.<br />

Article 11<br />

Les membres du personnel mis à la disposition du délégué général à la date de<br />

l’entrée en vigueur du présent arrêté restent à disposition de ce dernier. Ils exercent<br />

leur fonction conformément aux dispositions du présent arrêté.<br />

Article 12<br />

L’arrêté de l’Exécutif de la Communauté française du 10 juill<strong>et</strong> 1991 instituant un<br />

délégué général de la Communauté française aux <strong>droits</strong> de l’enfant tel que modifié<br />

par l’arrêté du 22 décembre 1997, est abrogé.<br />

Article 13<br />

Le Ministre-<strong>Pr</strong>ésident est chargé de l’exécution du présent arrêté.<br />

Article 14<br />

Le présent arrêté entre en vigueur le jour de sa publication au Moniteur belge.<br />

Bruxelles, le 19 décembre 2002.


ANNEXES 329<br />

Par le Gouvernement de la Communauté française,<br />

Le Ministre-<strong>Pr</strong>ésident,<br />

H. HASQUIN<br />

Le Ministre de la Culture, du Budg<strong>et</strong>, de la Fonction publique, de la Jeunesse<br />

<strong>et</strong> des Sports,<br />

R. DEMOTTE<br />

Le Ministre de l’Enfance, chargé de l’Enseignement fondamental, de l’Accueil<br />

<strong>et</strong> des Missions confiées à l’O.N.E.,<br />

J.-M. NOLLET<br />

Le Ministre de l’Enseignement secondaire <strong>et</strong> de l’Enseignement spécial,<br />

P. HAZETTE<br />

La Ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de <strong>Pr</strong>omotion<br />

sociale <strong>et</strong> de la Recherche scientifique,<br />

M me F. DUPUIS<br />

Le Ministre des Arts <strong>et</strong> des L<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> de l’Audiovisuel,<br />

R. MILLER<br />

La Ministre de l’Aide à la Jeunesse <strong>et</strong> de la Santé,<br />

M me N. MARECHAL<br />


330 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

<strong>Pr</strong>ésentation de l’institution<br />

du Délégué général de la Communauté française<br />

aux <strong>droits</strong> de l’enfant<br />

A. Coordonnées du service du Délégué général<br />

Rue des Poissonniers 11-13 Bte 5<br />

1000 Bruxelles<br />

Tél: 02/223.36.99<br />

Rép: 02/223.36.45<br />

Fax: 02/223.36.46<br />

http://w.w.w.cfwb.be/dgde<br />

Courriel : dgde@cfwb.be<br />

B. Missions<br />

Le Délégué général a pour mission générale de veiller à la sauvegarde des<br />

<strong>droits</strong> <strong>et</strong> des intérêts des enfants.<br />

Dans l’exercice de sa mission, le Délégué général peut notamment:<br />

1. informer des <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts des enfants <strong>et</strong> assurer la promotion des <strong>droits</strong> <strong>et</strong><br />

intérêts de l’enfant ;<br />

2. vérifier l’application correcte des législations <strong>et</strong> des réglementations qui<br />

concernent les enfants ;<br />

3. recommander au Gouvernement, au Parlement <strong>et</strong> à toute autorité compétente à<br />

l’égard des enfants toute proposition visant à adapter la réglementation en<br />

vigueur en vue d’une protection plus complète <strong>et</strong> plus efficace des <strong>droits</strong> <strong>et</strong><br />

intérêts des enfants ;<br />

4. recevoir les informations, les plaintes ou les demandes de médiation relatives<br />

aux atteintes portées aux <strong>droits</strong> <strong>et</strong> intérêts des enfants ;<br />

5. mener, à la demande du Parlement, des investigations sur le fonctionnement<br />

des services administratifs de la Communauté française concernés par c<strong>et</strong>te<br />

mission.


ANNEXES 331<br />

C. Champs d’application<br />

Concerne toute personne âgée de moins de dix huit ans ou toute personne âgée de<br />

moins de vingt ans pour laquelle une aide a été sollicitée avant l’âge de dix-huit ans<br />

auprès de l’aide ou de la protection de la jeunesse.<br />

D. Moyens d’action<br />

Le Délégué général peut adresser aux autorités fédérales, de la Communauté, des<br />

Régions, des provinces, des communes ou à toute institution dépendant de ces autorités,<br />

les interpellations <strong>et</strong> demandes d’investigation nécessaires à l’accomplissement<br />

de sa mission.<br />

Dans les limites fixées par la Constitution, les lois, les décr<strong>et</strong>s <strong>et</strong> les arrêtés <strong>et</strong><br />

dans celles de sa mission, il a accès librement durant les heures normales d’activités,<br />

à tous les bâtiments des services publics communautaires ou privés bénéficiant d’un<br />

subside de la Communauté française.<br />

Les responsables <strong>et</strong> les membres du personnel de ces services sont tenus de lui<br />

communiquer les pièces <strong>et</strong> informations nécessaires à l’exercice de sa mission, à l’exception<br />

de celles qui sont couvertes par le secr<strong>et</strong> médical ou dont ils ont eu connaissance<br />

en leur qualité de confident nécessaire.<br />

Le Délégué général peut prévoir des délais impératifs de réponse dûment motivés.<br />

En cas d’absence de réponse dans les délais impartis ou de refus motivé, il<br />

dispose d’un recours auprès du Gouvernement de la Communauté française.<br />

E. Philosophie d’action<br />

Défenseur <strong>et</strong> gardien des <strong>droits</strong> <strong>et</strong> de l’intérêt de l’enfant, le Délégué général<br />

entend exercer sa mission en toute indépendance <strong>et</strong> être accessible à tous (enfants,<br />

particuliers, organisation…).<br />

Il faut cependant préciser qu’il ne compte pas vouloir tout faire <strong>et</strong> tout régler seul.<br />

En eff<strong>et</strong>, des services qui se doivent performants (centres publics d’aide sociale,<br />

services d’information pour les jeunes, services d’aide en milieu ouvert, centres


332 L’ENFANT, SES DROITS ET NOUS<br />

psycho-médico-sociaux…), existent en amont auxquels les enfants peuvent<br />

s’adresser en premier lieu. Il faut les leur faire connaître.<br />

Si les enfants rencontrent un problème au plan du respect de leurs <strong>droits</strong>, ce sera<br />

d’abord aux instances concernées d’intervenir comme par exemple le conseiller de<br />

l’aide à la jeunesse ou l’avocat.<br />

Si après tout ce cheminement, ils se trouvent devant une impasse, il conviendra<br />

d’avertir le Délégué général aux <strong>droits</strong> de l’enfant. Toutefois, il ne faudrait pas<br />

confondre l’institution de défense des <strong>droits</strong> de l’enfant avec une instance d’enquête<br />

(Juge d’instruction), de décision (Juge de la jeunesse, Directeur de l’aide à la jeunesse)<br />

ou de recours (Cour d’appel).<br />

Pour mener à bien sa mission, le Délégué général continue de renforcer sa stratégie<br />

d’efficacité avec tous ces relais : services de première ligne, les conseillers <strong>et</strong> les<br />

directeurs de l’aide à la jeunesse, les centres psycho-médico-sociaux… mais également<br />

les intervenants du monde judiciaire <strong>et</strong> les responsables politiques.<br />

F. Rapport annuel<br />

Le 20 novembre, à l’occasion de la journée internationale des <strong>droits</strong> de l’enfant,<br />

le Délégué général adresse simultanément au Gouvernement <strong>et</strong> au Parlement, un<br />

rapport annuel dans lequel il établit le bilan de son activité.<br />

Ce rapport est accessible au public.<br />

G. Comité consultatif<br />

Ce comité, créé à l’initiative du Délégué général, rassemble vingt trois personnalités<br />

reconnues dans différents domaines (universitaire, médical, judiciaire, psychosocial…).<br />

L’objectif du comité consultatif est de favoriser une pratique professionnelle de<br />

l’institution du Délégué général la plus efficace possible au bénéfice des enfants.


ANNEXES 333<br />

H. Composition du service<br />

Alonso Marie-Pierre, secrétaire.<br />

Beubl<strong>et</strong> Nancy, secrétaire du Délégué général.<br />

Croonen Sophie, juriste.<br />

De Vos Caroline, collaboratrice, comptabilité, gestion du matériel <strong>et</strong> du personnel.<br />

Durviaux Stephan, criminologue, conseiller du Délégué général.<br />

Gall<strong>et</strong> Laurence, infirmière sociale.<br />

Girgenti Ros<strong>et</strong>ta, juriste.<br />

Hennebo Gaëlle, secrétaire.<br />

Léonard Serge, juriste-expert.<br />

Nicolas Céline, assistante sociale.<br />

Schobyn Céline, criminologue.<br />

Theunis Serge, collaborateur, chauffeur.<br />

Trifaux Christelle, criminologue.<br />

Van Cauwenberghe Nathalie, criminologue.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!