littérature LES GENS NORMAUX N’ONT RIEN D’EXCEPTIONNEL, SAUF PEUT-ÊTRE EN TEMPS DE GUERRE… Le nouveau roman de l’anglais Joseph Connolly, Jack l’Epate et Mary pleine de grâce est plus grave, plus dense que ceux qui l’ont fait connaître. On y voit, à travers quelques personnages attachants, complexes, comment pendant la deuxième guerre mondiale des vies ordinaires sont devenues, jour après jour, de véritables tragédies. WHAT IS LOVE ? On l’a attendu longtemps, ce deuxième roman de Mian Mian, l’auteure des Bonbons chinois. Il est enfin là. Si les ingrédients sont les mêmes – sexe, amour, branchitude, Shanghai – la quête est différente (la vérité sur l’amour, l’existence) et la forme plus sophistiquée (le cut up). <strong>Pr</strong>opos recueillis par Michel Zumkir Pourquoi y a-t-il eu huit années entre Les bonbons chinois et Panda sex ? Les bonbons chinois ont été un grand succès, après cela j’ai été très stressée car je me devais d’écrire quelque chose d’aussi bien. J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir à ce que je ferais. Quand j’ai eu l’histoire de Panda sex, ce fut difficile de l’écrire aussi clairement et profondément que je le voulais. J’ai passé sept ans à finir le livre. Je crois qu’il est plus pur que Les bonbons chinois car je n’étais plus embarrassée par ce que les gens penseraient de moi, la starification, je ne pensais qu’à réussir le livre. Pourquoi avoir choisi cette forme fragmentaire ? Elle est adéquate à notre monde actuel. Dans leur quotidien, les gens reçoivent beaucoup d’informations, ils sont stressés, pressés et ne prennent pas le temps d’aller dans le détail. Si je voulais leur dire des choses importantes et profondes sur la vie, je devais aller à l’essentiel. De plus, je souhaitais une manière juste pour parler de l’amour, tout comme les gens cherchent une manière parfaite d’aimer. Cette forme m’a permis de montrer plusieurs manières de vivre le désir et de chercher l’amour. A la fin, j’ai compris que la relation amoureuse n’est pas l’amour, l’amour y est une fiction, l’imagination y joue un grand rôle… L’amour vrai est un achèvement, il est généreux, il est dans le bonheur de l’autre. © DAVID WARREN <strong>Pr</strong>opos recueillis par Michel Zumkir Comment en êtes-vous arrivé à écrire sur la guerre ? Mes premiers romans étaient tous contemporains. L’amour est une chose étrange, mon avant-dernier livre, est le premier dans lequel j’ai remonté le temps, j’y abordais les années 50 et 60 que je connais bien. Cette fois, j’ai voulu parler de ce qui leur a donné naissance. Tout le monde sait qu’à Londres, pendant la guerre, une sorte de solidarité unissait les gens. Ce qui m’a intéressé, c’était d’aborder le crime sous-jacent à cette période, montrer comment une personne plus ou moins innocente peut être corrompue par un événement qu’elle n’avait pas prévu. Cela se marque bien à travers deux de vos personnages, Dickie et Jackie. Dickie et Jackie sont très différents l’un de l’autre. Le premier, médecin né dans une classe sociale élevée, veut vivre dans un quartier pauvre pour aider les gens. S’il n’y avait pas eu la guerre, il ne se serait pas rendu compte que, fondamentalement, il est un lâche, il serait peutêtre resté quelqu’un de normal. Jackie, lui, au début, est plus ou moins correct, mais dès qu’arrive la guerre, il cherche à s’en sortir d’une manière égoïste, il devient un membre notoire du crime organisé à Londres, il serait resté Jack l’Epate. Vous faites confiance à votre lecteur, à ce qu’il sait de la guerre, vous ne lui dictez pas sa manière de penser. En tant qu’écrivain, j’ai un rôle invisible. J’apprends à connaître les personnages au fur et à mesure que je les construis. Je ne juge pas, c’est comme si j’avais une caméra, je montre. Mes personnages ne sont pas des marionnettes, des jouets, parfois ce sont même eux qui me guident vers leur propre construction… et je suis même quelquefois surpris de ce qu’ils disent, tellement ils sont réels à mes yeux. Joseph Connolly, Jack l’Epate et Mary pleine de grâce, Flammarion Il y a l’amour, le désir dans votre roman, mais il est aussi travaillé par la mort. Quand j’ai commencé ce livre par des funérailles, je ne savais pas pourquoi. Puis mon père est devenu très malade et il est mort. Sa mort rôdait autour de moi pendant que j’écrivais. Je croyais que la mort était quelque chose de simple – des yeux qui se referment –, qu’elle était effrayante aussi – tout disparaissait avec elle. Mais avec le décès de mon père, j’ai commencé à lire des livres bouddhistes et j’ai compris que je me trompais. Alors ma vie a changé, je ne bois plus, je ne me drogue plus, je veux être plus forte dans la vie pour enseigner aux gens comment s’arranger avec la souffrance. Mian Mian, Panda sex, Au diable vauvert —44— Vous pouvez lire la totalité de l’entretien sur www.essentielle.be © ARNAUD FÉVRIER / FLAMARION
évasion La famille Grimaldi soutient le lycée de l’association du Père Pedro. Pirogue sur la plage de sable d’Anakao, village de pêcheurs vezos apprécié pour ses retours de pêche. COULEURS MALGACHES Ile Rouge, mosaïque de paysages et de peuples, sanctuaire des lémuriens, la Grande Ile, Madagascar, surprend par le contraste entre son extrême pauvreté et la richesse d’une nature longtemps préservée. Voyage transversal à travers une variété infinie d’atmosphères. Ruelles escarpées de la Ville Haute,Tananarive, plages à la végétation sauvage de la côte est, savane piquetée de l’Ouest lointain et Hautes Terres, là où le paysage se dénude et où les collines sont semées de maisons traditionnelles en pisé. Photos Quentin Wilbaux Le train traverse forêts fluviales, rizières et champs de caféiers. L’Allée des baobabs, près de Morondave, sur la côte ouest. —45—