olivier strelli - Pr Jean-Yves Hayez

festival
Programme complet
sur www.bozar.be/bemf
Infos et rés. :
Palais des Beaux-Arts
de Bruxelles
(rue Ravenstein, 23) :
02 507 82 00.
Avec un premier Brussels Electronic
Music Festival au Bozar, du 20 au 22 mars,
DJ Darko, alias Alain Benisty, entend sortir
l’électro de son ghetto clubbing et bousculer
au passage quelques habitudes.
Isabelle Blandiaux – Photo Cici Olsson
ABATTRE
LES MURS
DU SON
« Pourquoi est-ce que dans un avenir proche, le
jeudi soir, les gens ne prendraient pas l’habitude
de venir au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles,
écouter pour 10 euros un concert de musique
électronique assis en s’immergeant dans des
projections vidéos, en rencontrant des gens et en
buvant un verre, plutôt que d’aller au cinéma ? »
Passionné d’électro en général (« pour ses possibilités
infinies de création, hors formats, et son
évolution constante ») et de techno minimale plus
avant-gardiste en particulier, Alain Benisty
« lutte contre la suprématie des clubs », temple
absolu de ce genre musical contemporain. « Ce
qui m’intéresse avant tout, c’est la musique et
son expérience, ce qu’elle amène au niveau
mental. Mon idée, c’est d’offrir des conditions
qui font qu’on peut profiter du son sans être
obligé de danser, boire, parler. D’amener l’électro
à un public plus large, d’essayer de l’anoblir.
Ce courant a son histoire et arrive à une
certaine maturité. Chaque semaine, sortent des
milliers de titres. » Depuis environ un an, Darko
a déménagé ses soirées Statik Dancin’ du
Recyclart vers un cadre « Deluxe », le Bozar.
Avec un succès immédiat auprès d’un public
transgénérationnel de 18 à 40 ans. « C’est qu’il
—36—
y avait une attente. Je continue tant que la
demande existe. »
ACCESSIBLE
Après quatre événements entre lustre et parquet
ciré, le DJ qui mixe également au Fuse et au
K-NAL (soirées We Are Electronix) à Bruxelles,
ainsi qu’au Silo à Leuven, passe à la vitesse
supérieure en organisant un premier Brussels
Electronic Music Festival (BEMF) du vendredi 20
au dimanche 22 mars au Palais des Beaux-Arts.
« Cela manquait depuis des années. » Ses références
en la matière s’appellent 10 Days Off à
Gand (« la qualité est très bonne mais il y manque
à mon sens une dimension d’écoute de la
musique ») ou les premières éditions du Sonar
à Barcelone pour le dosage entre accessibilité et
découverte. « La programmation n’est en rien
élitiste. J’ai voulu que le public y trouve des
références (Tiefschwarz, DJ Morpheus, The Black
Dog…, NdlR) mais pas uniquement. Il y a des
noms que j’ai privilégiés parce que ce sont mes
contacts, mes goûts (les labels Scape de Berlin,
Kompakt…) et des représentants de la scène dite
minimale pour le dimanche. Une scène pas
spécialement froide ou obtuse si l’on considère
des gens comme Philip Glass ou Steve Reich. Il
suffit d’écouter un peu de quoi il s’agit avant de
se jeter dedans. J’ai de plus voulu maintenir le prix
du pass très bas : 35 euros pour les 3 jours. »
Belges, allemands, anglais, danois, israéliens,
français…, environ trente artistes joueront leurs
propres productions live ou offriront des dj sets,
selon les cas. « Ce n’est pas moins créatif de
composer une atmosphère avec les disques des
autres, une musique complètement abstraite. »
Et le concept même de festival sera respecté, de
19h dimanche, 20h samedi et vendredi jusqu’au
bout de la nuit. « L’intérêt sera de voir comment
les gens vont interagir avec le lieu, un bijou Art
déco d’Horta super bien agencé, changer de
salle et d’ambiance. J’aurais voulu développer
davantage le côté media art, donc tout ce qui
est vidéastes, mais j’ai manqué de temps pour
cette première édition. Les installations visuelles
seront assurées par le collectif VJ Tasso
Okinawa (Cologne), issu de la nébuleuse
Kompakt. » Une expo photo présentera aussi le
travail de Frederic Leemans, alias Phreddy Lee,
autour des acteurs de la scène électronique de
ces quinze dernières années.