olivier strelli - Pr Jean-Yves Hayez
olivier strelli - Pr Jean-Yves Hayez
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dossier<br />
<strong>Jean</strong>-<strong>Yves</strong> <strong>Hayez</strong>,<br />
psychiatre infanto-juvénile<br />
Paul de Theux,<br />
responsable du service formation<br />
de Media Animation<br />
PRATIQUE<br />
CAV asbl, rue Beeckman 51 à 4000 Liège<br />
tél. 04 232 18 81 – courriel<br />
cav.liege@sec.cfwb.be – site<br />
www.cavliege.be<br />
Média Animation asbl, avenue Rogier 32<br />
à 1030 Bruxelles – tél. 02 242 57 93 –<br />
courriel info@media-animation.be –<br />
site www.media-animation.be<br />
3 CAF, La Neuville 1 à 4500 Tihange<br />
tél. 085 27 13 60 – courriel caf@skynet.be<br />
pédagogiques qu’offraient la maîtrise des<br />
nouveaux médias », se souvient Paul de Theux,<br />
responsable du service formation de Media<br />
Animation. « Beaucoup considéraient les médias<br />
comme des outils juste bons à occuper les<br />
enfants. Les changements doivent surtout aux<br />
initiatives de quelques enseignants motivés et<br />
ouverts au changement. »<br />
RÉTICENCE À LA NOUVEAUTÉ<br />
« La famille, comme l’école, sont des cellules<br />
fortes qui se méfient de la nouveauté et de<br />
l’inconnu », ajoute l’éducateur. « Il y a vingt-cinq<br />
ans, des rumeurs pointaient que les baladeurs<br />
pouvaient conduire à l’autisme. Il fut un temps où<br />
l’on se méfiait de la radio, et même du théâtre<br />
radiodiffusé. Aujourd’hui, c’est l’internet ou les jeux<br />
vidéo. Les comportements varient d’une génération<br />
à l’autre : je relève qu’aujourd’hui les trentenaires,<br />
jeunes parents eux-mêmes adeptes des<br />
premières générations de jeux vidéo, sont plus<br />
ouverts que la génération qui les a précédés. »<br />
Les premières activités touchant à l’éducation<br />
aux médias remontent aux années 60 avec<br />
l’apparition de stages, de cours et de ciné-clubs<br />
s’adressant à un public d’intéressés. Les développements<br />
de la télévision dans les années 60 et<br />
70, puis l’apparition de nouvelles technologies de<br />
l’information et de la communication (diapositives,<br />
photographies, vidéo, enregistreurs, etc.) ont<br />
accéléré la réflexion sur la nécessité d’un enseignement,<br />
mais celui-ci a d’abord visé à former<br />
techniquement les gens à l’utilisation de ces<br />
médias plutôt qu’à la critique. La création du<br />
Conseil de l’Education aux Médias témoignait au<br />
milieu des années 90 d’une volonté institutionnelle<br />
de réunir les initiatives développées par les<br />
différents réseaux d’enseignement. Ce Conseil a<br />
permis de tracer les grandes orientations à suivre<br />
et les actions à entreprendre via trois Centres de<br />
Ressources en matière d’éducation aux médias<br />
dont l’asbl Média Animation est la composante<br />
pour l’enseignement libre.<br />
—34—<br />
« On est passé dans la pratique d’une éducation<br />
par les médias à l’éducation aux médias », résume<br />
Michel Clarembaux, directeur du Centre<br />
Audiovisuel de Liège, le CAV, composante<br />
associée à l’enseignement communal, « mais l’un<br />
ne va pas sans l’autre. Dans les années 80, je<br />
donnais un cours aux futurs instituteurs et régents<br />
sur l’utilisation des médias. Quand vous apprenez<br />
à un futur professeur ce qu’est un cadre ou une<br />
mise en scène, vous l’éduquez à un langage sur<br />
l’analyse de ce qu’enferme ce cadre. Le souci<br />
d’analyse et de critique s’est ensuite davantage<br />
affirmé d’autant que le besoin d’initiation pratique<br />
est aujourd’hui moindre car beaucoup connaissent<br />
ces outils très jeunes. »<br />
NAISSANCE DU CSEM<br />
La transformation du CEM en CSEM – Conseil<br />
Supérieur de l’Education aux Médias, bientôt<br />
opérationnel, est un témoignage supplémentaire<br />
de l’attention portée par les pouvoirs publics.<br />
« Ce mouvement est une bonne chose »,<br />
confirme Michel Clarembaux, précisant les deux<br />
objectifs majeurs de la nouvelle institution.<br />
« Ce pas vise d’une part à dépasser le secteur<br />
scolaire. Jusqu’à présent, nos outils s’adressaient<br />
aux professeurs et aux étudiants. La nouvelle<br />
formule proposera des outils à leur intention,<br />
mais aussi au monde associatif. Le second intérêt<br />
touche à une volonté de travailler sur l’intergénérationnel.<br />
L’éducation aux médias ne s’adresse<br />
pas uniquement aux étudiants, mais aussi aux<br />
parents comme à d’autres strates de la société.<br />
Le problème est la mise en place de l’outil car,<br />
autrefois, seuls les acteurs du monde de l’enseignement<br />
et des medias y participaient. Le nouveau<br />
Conseil intégrera des acteurs de secteurs<br />
aussi divers que l’aide à la jeunesse, les nouvelles<br />
technologies et le monde associatif. Ce<br />
n’est pas simple à gérer, mais sortir du ghetto<br />
scolaire pour une responsabilisation citoyenne<br />
est un pas intéressant. » Ce projet reprendra différentes<br />
initiatives mises en place ces dernières<br />
années comme « Ouvrir mon quotidien », qui<br />
permet aux professeurs de disposer de journaux<br />
en classe et de les étudier, « Journalistes en<br />
classe », qui envoie des journalistes dans les<br />
classes pour expliquer leur métier ou « Ecran<br />
large sur tableau noir » et « Films à la fiche », qui<br />
éduquent au cinéma.<br />
DEVENIR AUTONOME<br />
Tout cela suffira-t-il à éviter des drames comme<br />
celui de Termonde ? « On ne peut pas le prétendre<br />
», reprend Paul de Theux, « mais ces développements<br />
s’inscrivent dans une volonté de<br />
permettre aux enfants et aux adolescents de<br />
devenir autonomes dans leur consommation des<br />
médias. Pour ce faire, le meilleur chemin est<br />
celui de la confiance, ce qui nous conduit à<br />
aborder tous les contenus, même les sites dangereux.<br />
Au delà des outils comme les nôtres, la<br />
famille a ses obligations : combien d’heures un<br />
enfant doit-il rester devant la télévision ? à quelle<br />
heure un enfant doit-il aller dormir ? Ces questions<br />
restent de l’ordre de la gestion familiale. Il<br />
n’y a pas de règle générale, mais le parent doit<br />
ici aussi veiller à maintenir la confiance. »<br />
« Un enfant n’est pas l’autre », ajoute <strong>Jean</strong>-<strong>Yves</strong><br />
<strong>Hayez</strong>, « et c’est cela le merveilleux. L’adulte est<br />
le fruit d’une éducation où tellement de choses<br />
interviennent : parents, éducateurs, amis, professeurs,<br />
lectures, films, rencontres, etc, mais il y a<br />
une part de mystère, une touche personnelle, qui<br />
ne dépend que de soi. Dans la grande majorité<br />
des cas, l’histoire se construit plutôt bien.<br />
Parfois, cela casse. Il est difficile de tout prévoir,<br />
mais c’est en tissant et en préservant du lien que<br />
l’on se prémunit. » Le psychiatre conclut en<br />
rappelant que personne ne pète les plombs d’un<br />
coup. La descente est souvent longue. Cet<br />
adolescent assassin, de Termonde, a certainement<br />
vécu un jour quelque chose. Il y a peut-être<br />
très longtemps. Cela n’excuse pas ses gestes<br />
criminels, mais si le lien avait été préservé, qui<br />
sait si l’on en serait arrivé là.