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olivier strelli - Pr Jean-Yves Hayez

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encontre<br />

Faisons un rêve<br />

jusqu’à la fin du mois<br />

de juin au théâtre Edouard VII<br />

à Paris. Infos :<br />

www.theatreedouard7.com<br />

ou +33 1 47 42 59 92.<br />

En septembre, Pierre Arditi<br />

joue au même endroit<br />

Sentiments provisoires<br />

de Gérald Aubert avec<br />

Sylvie Testud et François<br />

Berléand, dans une mise<br />

en scène de Bernard Murat.<br />

<strong>Pr</strong>opos recueillis par Isabelle Blandiaux<br />

SCÈNE DE VIE<br />

© JACQUES LE GOFF<br />

Peu importe qu’il soit grippé, Pierre Arditi donne<br />

toutes ses tripes et son énergie lorsqu’il campe<br />

les séducteurs-joueurs dans Faisons un rêve de Guitry<br />

à Paris. « Quand je rentre en scène, je rentre en vie »,<br />

dit-il dans sa loge peu avant les trois coups.<br />

Rencontre avec un acteur vrai qui va demander<br />

la double nationalité franco-belge.<br />

« LA VIE, CE N’EST PAS COMME LA CAISSE D’ÉPARGNE. SI VOUS ÉCONOMISEZ, ON NE<br />

VOUS SERT PAS D’INTÉRÊTS À LA FIN. SI ELLE N’EST PAS DÉPENSÉE, ELLE EST PERDUE. »<br />

Une pièce exiguë mais chaleureuse. Pierre Arditi nous y conduit en passant<br />

à côté des cuisines au Théâtre Edouard VII, à Paris. Une machine à<br />

expresso. Des vêtements et paires de chaussures. Un téléphone pour<br />

organiser ses vies sur scène le soir et devant la caméra le jour. Et puis un<br />

grand miroir bien éclairé. L’acteur y fait parfois ricocher son regard pour<br />

nous parler, habitué à jouer avec son reflet, à s’utiliser comme matière première<br />

« évolutive » de son art. Dans cette loge, il est chez lui toute cette<br />

saison. Puisque Faisons un rêve (mise en scène Bernard Murat, avec<br />

Clotilde Courau et Martin Lamotte) de Sacha Guitry, pure comédie sentimentale<br />

au traditionnel triangle amoureux qu’il porte avec brio et plaisir<br />

jubilatoire, a été prolongée. « On ne laisse pas tomber un triomphe au<br />

théâtre, ce n’est pas moral », dit-il.<br />

C’est la troisième fois que vous jouez cette pièce, pendant dix<br />

mois dans ce cas-ci. Au théâtre, plus on joue et plus on se sent<br />

bien ? Plus on peut approfondir le personnage, ses propres capacités en<br />

tout cas. Contrairement à ce qu’on croit, le travail ne commence vraiment<br />

que quand on joue. En répétition, on fixe les bases. C’est perfectible tout<br />

le temps. Après, il peut y avoir une lassitude. Mais le théâtre, c’est l’art de<br />

refaire. On incarne soi à travers un autre.<br />

Cela demande d’abord de bien se connaître alors ? Oui. Savoir se<br />

servir de soi et d’une manière parfois très perverse. Les gens préfèrent ne<br />

pas savoir qu’ils ont en eux certaines choses pas reluisantes. Ils repoussent<br />

cela, nous nous y complaisons ; c’est peu fréquentable, un acteur. Je<br />

suis un matériau évolutif, puisque j’avance en âge. Je ne peux plus jouer la<br />

même chose que voici 40 ans. Mon corps et ma voix sont différents. Ce<br />

que je contiens aussi. Cela s’est épaissi. C’est plus puissant, fouillé,<br />

approfondi. Aujourd’hui, je suis une sorte de professeur, de notable. C’est<br />

à la fois agréable et à la fois, cela me fait chier ! (rires) On voudrait rester<br />

un espoir toute sa vie, mais cela, c’est fini, c’est sans espoir ! Je suis maintenant<br />

devenu très immodestement une confirmation.<br />

Une confirmation qui livre ses conseils à la jeune génération ?<br />

Quels sont les jeunes auteurs ou réalisateurs qui vous intéressent<br />

aujourd’hui ? Oui, bien sûr, je réponds aux demandes. Beaucoup de<br />

jeunes réalisatrices de cinéma font appel à moi en ce moment – je suis<br />

flatté – : Amanda Sthers (son film sortira cet été, avec Carole Bouquet),<br />

Léa Fazer (une comédie avec Nathalie Baye), Laure Marsac avec laquelle<br />

j’ai plusieurs projets…<br />

Quand vous regardez ce parcours de 44 ans de métier, qu’est-ce<br />

que vous pensez ? Ce chemin m’a enrichi. J’ai une vie parfois tourmentée<br />

mais belle. Ce qui la rend plus poignante, cette route, c’est que je suis<br />

en train de percevoir que j’avance vers le dernier quart. C’est étrange<br />

comme sensation mais autant accepter que ce chemin soit encore violent<br />

et chaotique comme si j’avais 18 ans. Et que je lui torde le cou avant que<br />

je passe moi-même de l’autre côté.<br />

C’est en montant sur scène tous les soirs que ce chemin reste<br />

« violent et chaotique » ? Je suis heureux d’avoir une vie douce, amoureuse,<br />

romantique, divine, c’est sûr. Mais en même temps, il faut que cette<br />

existence brasse le sang, la respiration, l’air, l’activité. Je passe pour être<br />

un homme très très énergique. Cela me sauve, pour le moment en tout<br />

cas. Donc, je veux que cela soit comme ça jusqu’au bout. Le théâtre est<br />

pour moi une récompense. Je viens, je joue ce que j’aime, les gens m’aiment,<br />

la salle est bourrée… Quand je rentre en scène, je rentre en vie.<br />

Etes-vous sensible à la mode et comment avez-vous lié cette<br />

amitié avec Nissim Israël, l’invité de ce numéro ? Je suis coquet<br />

mais pas fashion victim. Avec Nissim, on s’est instinctivement trouvé. Cela<br />

a scellé une amitié agréable, tendre. Avec lui et sa femme, des gens de<br />

goût, nous vivons des plages de paix, sans enjeu sinon celui d’être bien.<br />

C’est comme une récompense, les Nissim, comme on les appelle…<br />

Vous avez d’autres liens avec la Belgique puisque votre mère est<br />

belge… Je viens justement d’en parler à ma femme (Evelyne Bouix, NdlR) :<br />

je vais demander la double nationalité. Je ne veux pas abandonner ma<br />

nationalité française et ce n’est pas pour payer mes impôts en Belgique<br />

puisque j’ai fait toute ma carrière en France. Mais simplement ce pays est un<br />

morceau de moi, de mon éducation. Ma culture BD vient de là. J’y joue<br />

souvent, j’y vais présenter des films, voir des amis, passer des week-ends…<br />

—25—

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