olivier strelli - Pr Jean-Yves Hayez

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musique Nicolas Bogaerts photos Marc Melki JOHN STARGASM Nanti d’une certaine agilité à saisir l’air du temps en plein vol John Stargasm développe un flair aiguisé par ses années d’expérience dans la publicité et la mise en valeur d’images de marque. Ce qui lui a définitivement servi pour assurer la naissance et la pérennité d’un groupe, Ghinzu, qui plane dans les hautes sphères du rock belge. Au moment où l’on rencontre John Stargasm, Mirror Mirror, troisième album de Ghinzu, attend impatiemment sa sortie officielle (30 mars). Elle clôturera une gestation de près de trois années marquée par le départ de Kris Dane, et un travail de la matière dont l’âpreté traverse les propos du leader : « C’était un long travail qui a vu se succéder plusieurs époques. Les repères ont été différents. Tout le travail a donc été d’aller vers quelque chose de plus concis, de moins tripant, mais avec plus de détail, plus de puissance et une écriture plus évidente. En fait je dis ça mais c’est parce que les textes, ça fait jamais que deux ans que je les ai dans la gueule ! » UNE CULTURE DE L’IMAGE A la fois élégant et savamment négligé, jolie gueule et yeux joueurs mais perçants, John Stargasm n’a pas besoin de mouiller le petit doigt pour savoir d’où vient le vent : « Ce qui est exceptionnel avec la musique c’est que c’est une petite fenêtre vers le futur : la dernière décennie, a été marquée par le retour aux années 80, ça a contaminé les créateurs de tout poil. Maintenant que ça se dissipe, on repart vers autre chose qui va impacter la création pour un autre cycle. La musique est révélatrice des tendances et les accompagne. » Quitte à y céder pour de bon ? « En ce qui concerne Ghinzu, c’est important pour moi de garder un juste milieu : suivre une tendance en gardant notre identité. » D’où un visuel (logo, costumes, dispositif scénique) étudié avec précision pour se fixer durablement dans la rétine : « L’image fait partie intégrante du package d’un groupe. Notre travail consiste aussi à donner accès à son univers à travers d’autres clés que le son. En Belgique on du mal à s’en rendre compte parce qu’on est moins dans une industrie du disque florissante ou aussi dominante que dans les pays anglo-saxons. Tu regardes ZZ top et ses repères visuels : le logo, les clés, la voiture, tous ces trucs qui sont finalement hyper impactant. C’est une culture de l’image. En Europe ce n’est pas du tout dans les mœurs. On essaie de faire du show-biz avec de l’art, tandis que dans le monde anglo-saxon, le show-biz c’est de l’art tout simplement. » ON N’A QU’UNE VIE ! Les tourments du monde lui inspirent-ils une pensée ? Il constate, lucide : « On est dans un moment où on renégocie certaines valeurs. On ne sait plus très bien ce qui est bien ou pas bien. Que se soit toi, moi, quelqu’un dans sa bagnole, au boulot, on ne peut pas s’empêcher de penser une fois par an, par semaine ou par jour si ce qu’on fait est juste. A propos de valeurs, j’ai toujours été soutenu par ma famille. J’ai moi-même fondé une famille et pour moi, c’est très clair : c’est ce qu’il y a de plus important. J’ai eu de la chance, tous deux m’ont fait confiance alors qu’il y a une prédominance bourgeoise à Bruxelles qui veut des parcours tout tracés, fantasmés dans la tête de certains parents. Or, j’ai toujours fait de la musique. J’ai eu besoin de faire de la publicité pour m’accomplir dans un autre domaine, explorer d’autres plaines de jeu. Je me suis rendu compte assez vite des limites que la musique posait à la construction d’une famille. Je ne voulais pas risquer de la mettre en péril, que ce soit sur le plan financier ou personnel. J’ai toujours su que je ne pourrais pas bien vivre sans avoir d’autres activités. Il se trouve qu’elles se sont toutes développées. Tant mieux, l’un ne va jamais sans l’autre. Il n’y a pas de choix à faire. Pour tout le monde le boulot relève de la même équation : le temps que tu y passes, le plaisir que tu en tires et ce que ça te rapporte en termes de sous. L’enjeu c’est de s’organiser, de bien s’entourer. On n’a qu’une vie, autant en profiter et faire les deux tant que je pourrai. » Silence. Il poursuit : « J’ai toujours été un fan inconditionnel de musique. Ça a toujours été en germe dans mon esprit. J’ai fait le mur à 15 ans pour aller voir les Cramps en Allemagne. Une expérience extrêmement excitante et décisive. » Au moment de cette évocation, on ignore s’il sait déjà que l’avant veille, Lux Interior, leader des Cramps, a quitté ce monde dans une dernière bravade psychobilly. On n’aura pas eu le courage d’aborder le sujet. Trop personnel. —16—
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