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Paroissial - Pr Jean-Yves Hayez

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<strong>Paroissial</strong><br />

N°9 - 5 mars 2006 MONDE 7<br />

LA TURQUIE LA TURQUIE<br />

sous le choc<br />

L ’<br />

émotion est grande<br />

dans la petite communauté<br />

chrétienne<br />

de Trébizonde (Anatolie), suite<br />

à l’assassinat, le 5 février dernier,<br />

du P. Andrea Santoro, par<br />

un adolescent âgé de 16 ans.<br />

Une affaire qui, selon la chaîne<br />

d’information NTV, pourrait<br />

avoir un lien avec la polémique<br />

des caricatures de Mahomet.<br />

Le dimanche 5 février dernier, le P.<br />

Andrea Santaro, un prêtre catholique<br />

italien âgé de 60 ans, était tué<br />

par balles à Trébizonde, dans le<br />

nord de la Turquie, à la sortie de la<br />

messe dominicale. Longtemps, les<br />

motivations du tueur avaient été<br />

dissimulées. Pourtant, tous les témoignages<br />

racontaient que l’auteur<br />

de ce crime aurait prononcé<br />

les cris de “Allah Akbar” au moment<br />

où il faisait feu sur le prêtre.<br />

Selon NTV, l’adolescent turc de 16<br />

ans, arrêté le 7 février en possession<br />

d’un pistolet 9 mm, serait toutefois<br />

passé aux aveux et aurait reconnu<br />

avoir agi en réaction aux publications<br />

des caricatures danoises.<br />

Si cette information venait à se<br />

confirmer, le gouvernement turc –<br />

qui condamne ces caricatures,<br />

mais appelle les pays musulmans à<br />

une réaction mesurée – se trouverait<br />

en fâcheuse posture. En effet,<br />

la Turquie a entamé, le 4 octobre<br />

dernier, des négociations d’adhésion<br />

avec l’Union européenne, qui<br />

l’obligent notamment à fournir des<br />

garanties quant à son respect des<br />

minorités religieuses.<br />

Une deuxième hypothèse<br />

Une deuxième hypothèse a cependant<br />

vu le jour et semble, à première<br />

vue, plus vraisemblable. “Il pourrait<br />

s’agir d’un crime commis par la<br />

mafia de la prostitution”, laissait<br />

entendre, la semaine dernière, l’archevêché<br />

d’Anatolie. “Il y a des<br />

femmes, originaires des pays de la<br />

mer Noire, que la misère contraint<br />

à la prostitution et qui fréquentent<br />

l’église de Trébizonde. Le père Santoro<br />

essayait de les aider à s’en sortir”,<br />

avance Georges Marovitch, représentant<br />

du nonce apostolique à<br />

Istanbul. Il faudra toutefois expliquer<br />

comment un adolescent de<br />

seize ans a pu se retrouver impliqué<br />

dans une telle affaire.<br />

À Rome, le Pape s’est déclaré “profondément<br />

affecté” par la disparition<br />

de “ce courageux témoin de<br />

l‘Évangile”, bien connu dans les milieux<br />

d’amitié islamo-chrétienne.<br />

<strong>Pr</strong>ésent en Turquie depuis cinq<br />

ans, le père Santoro a effectivement<br />

toujours nourri le désir d’être<br />

une “fenêtre”, c’est-à-dire un “lieu<br />

de communication et de rencontre”,<br />

entre le Moyen-Orient et<br />

l’Occident, entre l’islam, le judaïsme<br />

et le christianisme. Il aimait notamment<br />

raconter qu’à Trébizonde,<br />

l’église était ouverte aux visiteurs<br />

musulmans deux fois par semaine.<br />

“La diversité, si elle est vécue dans<br />

le respect, est vie”, écrivait-il en<br />

2002. “Autrement, elle engendre le<br />

sentiment d’être étranger, isolement,<br />

indifférence ou haine.”<br />

P. A.<br />

© Belga<br />

CONFÉRENCE<br />

Le titre de la conférence laissait déjà présager la réponse:<br />

oui, l’enfant (le mineur d’âge) est bien un<br />

sujet précieux, quelles que soient les maladies qui<br />

l’affectent (ainsi Patrick, un autiste de 15 ans à qui<br />

le professeur dédie sa conférence) ou le continent<br />

où il vit — la mortalité infantile est le fruit de négligences<br />

assassines. Mais aujourd’hui, notre culture<br />

aurait tendance à faire du petit d’homme un objet<br />

de luxe parfaitement programmé et possédé.<br />

La leçon inaugurale a commencé de manière très<br />

académique. Il s’agissait de dessiner l’évolution du<br />

sujet humain depuis sa vie intra-utérine jusqu’au<br />

seuil de l’âge adulte. Au fil du temps, c’est bien un<br />

sujet qui s’affirme de plus en plus. Cette différenciation<br />

radicale éclate dès la fécondation, explique<br />

le pédopsychiatre, tout en reconnaissant que ce qui<br />

se passe avant la naissance demeure de l’ordre du<br />

mystère. Mettre fin volontairement à la vie demeurera<br />

donc toujours un geste grave. Quand vient<br />

l’âge du “non”, il s’agit déjà de se mettre à distance<br />

de l’emprise des autres et de sauver sa liberté. Et à<br />

celui de l’adolescence, il faudra bien que le jeune se<br />

permette quelques transgressions pour pouvoir<br />

grandir “en âge et en sagesse”.<br />

Un orateur engagé<br />

ans un livre sorti en<br />

novembre dernier,<br />

“Le monde comme je<br />

le vois” (Gallimard), Lionel<br />

Jospin, l’ancien <strong>Pr</strong>emier<br />

ministre français, consacre<br />

son premier chapitre aux religions,<br />

idéologies, et à la pensée<br />

démocratique.<br />

“Le désir de croire et l’exigence<br />

de transcendance ont accompagné<br />

l’aventure humaine”, mais<br />

Lionel Jospin doit bien constater<br />

le recul historique des religions<br />

depuis le mouvement des Lumières<br />

au XVIII e siècle. “Là où régnait<br />

le mystère de la Création<br />

se multiplie le savoir sur la nature<br />

et sur l’homme. Les pouvoirs<br />

politiques s’émancipent de la<br />

théologie.” De plus, le XX e siècle<br />

a produit deux grandes idéologies<br />

totalitaires: le fascisme et le<br />

communisme, toutes deux antireligieuses,<br />

mais aussi substituts<br />

profanes au religieux.<br />

Aujourd’hui, une pensée économique<br />

libérale en vient à s’imposer<br />

comme idéologie contemporaine.<br />

Elle suppose que l’intérêt<br />

privé sert l’intérêt général par les<br />

effets de la concurrence et tente<br />

de réduire le plus possible le rôle<br />

du politique et celui des services<br />

publics. Mais les religions n’ont<br />

pas disparu pour autant. En Occident,<br />

il y a même un nouveau<br />

venu: l’islam, très présent aussi<br />

sur la scène mondiale. Serait-il<br />

intégriste par essence? Dans<br />

JEAN-YVES HAYEZ<br />

Plaidoyer pour les enfants<br />

D<br />

ans le cadre de la Chaire<br />

Francqui au titre belge,<br />

organisée par la Faculté de<br />

Médecine des FUNDP de Namur, le<br />

professeur <strong>Jean</strong>-<strong>Yves</strong> <strong>Hayez</strong>, pédopsychiatre<br />

de l’UCL, a donné sa leçon<br />

inaugurale intitulée: “L’enfant, sujet<br />

précieux ou bien de luxe?”<br />

LE MONDE<br />

de Lionel Jospin<br />

D<br />

D.R.<br />

Le professeur <strong>Jean</strong>-<strong>Yves</strong> <strong>Hayez</strong> et le doyen Michel Herin<br />

<strong>Jean</strong>-<strong>Yves</strong> <strong>Hayez</strong>, docteur en psychologie et psychiatre,<br />

n’a manifestement pas voulu en rester aux<br />

considérations scientifiques. Au fur et à mesure que<br />

progressait la conférence, on pouvait sentir derrière<br />

ses propos l’homme engagé qu’il est. Le sage également,<br />

car cet homme de terrain sait qu’à vouloir<br />

trop la perfection, on fait parfois pis que bien. Les<br />

humains doivent pouvoir se contenter du “suffisamment<br />

bon”, expression que l’orateur affectionne<br />

particulièrement. Toute œuvre humaine que l’on<br />

voudrait positive est en effet inéluctablement marquée<br />

du sceau de l’humain, qui est un mélange de<br />

richesses et de manques, de sociabilité et d’égocentrisme.<br />

Dans ses propos sur l’éducation actuelle, <strong>Jean</strong>-<strong>Yves</strong><br />

<strong>Hayez</strong> a pu stigmatiser une société démissionnaire<br />

– il faut trouver l’équilibre entre surprotéger et<br />

considérer déjà comme un adulte –, où l’enfant est<br />

“minutieusement programmé”, où même les fœtus<br />

à risque sont éliminés. De plus en plus, la règle<br />

est: un enfant si je veux, quand je veux, comme je<br />

veux.<br />

Quand il naît, bébé tombe dans un berceau tissé<br />

de dollars. Et de parler du tsunami du matérialisme<br />

ambiant. Dans ce monde, l’enfant risque bien<br />

l’histoire, constate Lionel Jospin,<br />

la majorité des musulmans pratiquaient<br />

un islam paisible et<br />

d’une très grande diversité. L’islamisme,<br />

un courant permanent<br />

depuis la fin du XIX e siècle, est<br />

toujours resté très minoritaire.<br />

L’ancien <strong>Pr</strong>emier ministre reconnaît<br />

qu’en Occident, le catholicisme<br />

et les protestantismes ont<br />

intégré depuis longtemps la distinction<br />

du spirituel et du temporel<br />

présente dès les débuts du<br />

christianisme. Du coup, le cléricalisme<br />

et l’anti-cléricalisme,<br />

longtemps ardents, sont devenus<br />

marginaux. Les morales<br />

laïques et religieuses semblent<br />

s’être rapprochées et la morale<br />

commune puise dans un fond<br />

partagé de valeurs qui empruntent<br />

à la fois à l’héritage judéochrétien<br />

et à l’esprit des Lumières.<br />

Aux États-Unis, par<br />

contre, l’auteur constate un<br />

autre mouvement, la jonction<br />

idéologique et politique entre un<br />

courant très conservateur incarné<br />

par George W. Bush et des milieux<br />

évangéliques fondamentalistes.<br />

Dans le monde occidental, donc,<br />

les grandes querelles de l’histoire<br />

semblent apaisées. Il s’agit<br />

aujourd’hui de faire front contre<br />

le risque du relativisme ou de<br />

l’individualisme, sur une morale<br />

commune comme référence<br />

pour la nation.<br />

C. D.<br />

e ministre wallon de<br />

l’Intérieur espère pouvoir<br />

faire voter en 2007<br />

un décret organisant l’ensemble<br />

des cultes: il l’a dit à Namur à l’occasion<br />

de la présentation des<br />

actes du colloque “Le financement<br />

des cultes et de la laïcité”.<br />

Les débats d’octobre 2004 sont<br />

donc coulés sous forme d’un épais<br />

syllabus de 270 pages reprenant<br />

toutes les contributions.<br />

d’être à la fois consommateur et consommé. “Nous<br />

t’avons tout donné. Nous attendrons donc de toi<br />

que tu réussisses tout.” Oui, aujourd’hui, l’enfant<br />

est roi mais d’un bien étrange royaume.<br />

L’on pourrait prendre cet universitaire – qui se veut<br />

tout autant vulgarisateur – comme un pessimiste.<br />

Loin s’en faut. C’est au nom de sa foi en tout enfant<br />

et tout jeune qu’il parle. Les questions en fin de<br />

conférence n’ont pas réussi à lui faire dire que la<br />

jeunesse était pourrie. “Quand je pense à la jeunesse,<br />

je suis optimiste. C’est toujours elle qui a changé<br />

le monde.” Les jeunes gardent en effet des idéaux,<br />

témoigne-t-il. Mais ils sont souvent seuls devant leur<br />

miroir. Il n’y a plus – comme du temps de sa propre<br />

enfance – une religion qui leur tend la main.<br />

Charles DELHEZ<br />

Un cycle de conférences gratuites a lieu tous les lundi de<br />

18h à 20h, jusqu’au 27 mars, à la Faculté de médecine,<br />

Place du Palais de Justice, Namur (081/72.44.30 –<br />

mme@psy.fundp.ac.be).Site du <strong>Pr</strong>of. <strong>Hayez</strong>: www.jean<br />

yveshayez.net.<br />

FINANCEMENT DES CULTES<br />

Agir en chœur…<br />

L<br />

<strong>Jean</strong>-François Husson, promoteur de<br />

la journée, souligne que l’ouvrage<br />

n’est pas à ranger au rayon histoire:<br />

différentes informations sont actualisées<br />

et des personnes-ressources,<br />

alors absentes, ont apporté leur<br />

contribution.<br />

À l’époque, le ministre Courard avait<br />

annoncé un cadre pour la future reconnaissance<br />

des mosquées et un<br />

décret général sur le financement des<br />

cultes. Il a rappelé que le gouvernement<br />

wallon avait effectivement<br />

adopté l’an dernier trois arrêtés organisant<br />

les comités islamiques chargés<br />

du temporel. Ce sont en quelque sorte<br />

les équivalents des fabriques<br />

d’église. Pour le décret général, le<br />

chantier avance: la Région va sous<br />

peu rencontrer les représentants des<br />

cultes reconnus et des pouvoirs locaux<br />

concernés. Après un débat au<br />

gouvernement, on ira vers la rédaction<br />

d’un projet de décret, qui pourrait<br />

être voté l’an prochain par le Parlement<br />

wallon.<br />

La matière est tout à la fois copieuse<br />

et sensible: maintenir ou non le système<br />

actuel du financement par les<br />

communes et provinces, créer un organe<br />

de coordination des fabriques,<br />

choisir le mode de désignation des<br />

membres, prendre des mesures pour<br />

sauvegarder le patrimoine…<br />

Le ministre se veut donc très prudent<br />

et il se dit très ouvert, sans aucun tabou,<br />

à la recherche d’un consensus.<br />

Avec une philosophie: “Chacun doit<br />

pouvoir exercer son culte dans de<br />

bonnes conditions, mais nous ne devons<br />

pas financer n’importe comment”.<br />

À titre personnel, le bourgmestre<br />

empêché d’Hotton trouve<br />

pourtant que les fabriques d’églises<br />

manquent parfois de transparence et<br />

de démocratie.<br />

Et puis les choix wallons devront bien<br />

s’inscrire dans un cadre belge aux<br />

compétences éclatées: l‘État fédéral<br />

reconnaît les cultes et s’occupe des<br />

traitements et pensions, alors que les<br />

Régions organisent les fabriques et<br />

équivalents, et sont compétentes<br />

pour reconnaître les paroisses. Il faut<br />

donc éviter la cacophonie: ce ne sera<br />

pas facile quand on sait que la Région<br />

flamande a déjà son décret depuis<br />

près de deux ans et qu’il n’y manque<br />

que les arrêtés d’exécution.<br />

Dans ce contexte, l‘État et les Régions<br />

disposent désormais de ces actes du<br />

colloque: le ministre promet de recourir<br />

au document …<br />

Hubert WATTIER<br />

L’ouvrage coûte 25 €. On peut le commander<br />

via www.laforel.be ou aux <strong>Pr</strong>esses<br />

Universitaires de Namur (081/72.48.84<br />

ou pun@fundp.ac.be)

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