Paroissial - Pr Jean-Yves Hayez

Paroissial
N°9 - 5 mars 2006 COURRIER 7
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COURRIER
DES
LECTEURS
20, place de Vannes
7000 Mons
par
le Père Charles Delhez
TRANSSUBSTANTIATION
un dogme de l’Église?
Une lettre ouverte signée par une trentaine
de lecteurs entend réagir à la phrase
du courrier des lecteurs du 15 janvier 2006
à propos de l’eucharistie: “Il ne s’agit évidemment
pas d’une présence physique,
matérielle, mais symbolique.” Cette manière
de parler serait tout à fait contraire à
l’enseignement de tous les saints ainsi
qu’à la doctrine catholique confirmée par
le pape Jean-Paul II. La plus belle des
théories, est-il dit, ne peut pas récupérer
une telle hérésie. L’eucharistie, en effet, est
la “transsubstantiation en son corps et en
son sang…” (Encyclique Ecclesia de
Eucharistia N° 62 de Jean-Paul II). “Par
conséquent, nous demandons avec insistance
une rectification de votre part, sans
ambiguïté, conforme à l’enseignement de
l‘Église catholique.”
SERVICE
D’ENTRAIDE
Ce couple déjà âgé a choisi de prendre soin de leur fille souffrant d’un
handicap. Leur petite pension ainsi que les allocations de leur enfant,
sont insuffisantes pour qu’ils puissent s’acquitter des frais inhérents
aux soins et aux factures d’hospitalisation. De plus, l’état de santé des
différents membres de la famille est défaillant et ces parents n’entrevoient
pas d’un bon œil l’avenir de leur fille qu’ils n’ont jamais voulu
confier à une structure spécialisée. Aujourd’hui, ils craignent pour
l’avenir de cette femme très dépendante de son entourage. Ils aimeraient
faire le nécessaire afin d’offrir une bonne qualité de vie à leur
fille mais pour cela ils ont besoin d’un coup de main. Merci pour eux.
(Appel 9a)
Intentions de Messe
Des prêtres d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine nous demandent des
intentions de messe, (5 €) lesquelles constituent souvent leurs
uniques ressources. ATTENTION: Voulez-vous bien les verser UNIQUE-
MENT sur le compte 195-0154901-68 de “Projets Pastoraux”, 20 Place
de Vannes, 7000 Mons, et nous les transmettrons. Ces dons versés pour
des intentions de messe ne bénéficient pas de l’exonération fiscale.
Je peux très bien comprendre la crainte de ces
chrétiens particulièrement attachés à l’eucharistie.
Ils se souviennent, avec raison, de ce mot
de transsubstantiation utilisé par le catéchisme
de leur enfance pour dire la présence réelle
du Christ dans le pain et le vin. Aujourd’hui, cependant,
il n’est plus enseigné dans nos pays
par aucun des manuels de catéchèse approuvés
par les évêques ni utilisés, en général, dans
les homélies. La foi en la présence eucharistique
du Christ aurait-elle disparu? Non. Mais le
propre d’un mystère est de ne jamais pouvoir
être épuisé par un mot. Les mots le désignent,
en disent quelque chose, non pas tout. Un
mystère donc doit être abordé de multiples façons,
l’une ne niant pas l’autre. Parler de présence
symbolique – on pourrait dire aussi sacramentelle
– ne nie donc en rien la présence
réelle (au contraire, elle l’exprime autrement)
ni la transsubstantiation. Par ailleurs, jamais un
concile n’a dit que la présence du Christ était
physique ou matérielle.
Dans ce courrier des lecteurs, loin de me permettre
une hérésie, j’ai essayé de dire ma foi,
celle de l‘Église, selon ma culture, tentant de
rejoindre les jeunes générations d’aujourd’hui.
Elles ignorent tout de ce mot transsubstantiation
(repris à la langue d’Aristote). Le théologien
qui m’inspire ici est le prêtre français,
Louis-Marie Chauvet qui a, en son temps, écrit
un livre remarquable: Du symbolique au symbole.
Essai sur les sacrements (Cerf, 1979). Un
symbole donne réellement ce qu’il symbolise.
Aujourd’hui, le langage philosophique et le
langage de monsieur tout le monde ont complètement
changé. Qui connaît encore la philosophie
d’Aristote et la pensée de saint Thomas?
Allons-nous pour autant priver les chrétiens
d’une réflexion sur l’eucharistie? Il faut
trouver, dans la philosophie contemporaine,
des mots qui peuvent dire ce mystère. Certes le
Le mot symbole vient du grec et signifie mettre
(ballein) ensemble (sun). Quand deux familles
faisaient alliance, elles prenaient une pièce de terre
cuite et la brisaient en deux. Chacune des deux
emportait une part et lorsque les descendants se
retrouvaient, il suffisait de mettre ensemble les
deux tessons. Si ceux-ci s’emboîtaient parfaitement,
ils se reconnaissaient.
Parce que le Christ est ressuscité, toujours vivant
dans son Église, le pain et le vin sont pour nous,
un signe de reconnaissance, donc un symbole.
Rappelez-vous les disciples d’Emmaüs qui reconnurent
Jésus à la fraction du pain. Dans l’image
des deux tessons, on voit bien que c’est une
même réalité qui est dans les mains des deux familles.
La notion de symbole permet donc de
Symbole
mot symbolique peut être ambigu (il est alors
compris comme un simple “signe”), mais le
mot transsubstantiation est, aujourd’hui, inintelligible
pour beaucoup.
Redisons que ce n’est pas le mot de transsubstantiation
qui est la foi de l‘Église, mais la présence
réelle du Christ. Transsubstantiation, fait
remarquer le père Sesboüé, est très apte à exprimer
cette présence, mais l‘Église n’a jamais
dit qu’on ne pouvait l’exprimer authentiquement
dans un autre vocabulaire. Ainsi, les
Églises de l’orthodoxie ont toujours refusé
d’utiliser ce terme, mais elles partagent la
même foi que nous en la présence réelle. De
plus, la doctrine de la transsubstantiation n’explique
pas le comment de la présence du Christ
dans l’Eucharistie, mais la réalité de celle-ci.
C’est elle seule qui est l’objet de notre foi.
Plusieurs fois, nous avons développé ces
thèmes dans le courrier des lecteurs. Je me
permets de renvoyer à mon livre Nouvelles
questions sur la foi (Cerf/Fidélité/Racine) où
ces questions sont reprises aux pages 195, 196
et 197. Ce livre a reçu la permission des supérieurs
religieux et a donc été relu par de bons
théologiens. Il n’a soulevé aucune objection.
souligner l’aspect relationnel du sacrement: tout
se passe entre le Ressuscité et son Église.
Le symbole a deux faces, l’une visible, l’autre invisible,
mais elles sont liées comme les deux parties
du tesson, comme le corps humain et les sentiments
secrets, comme le corps visible de Jésus
et sa personne de Fils de Dieu. Ce qui est vu, face
émergée de l’iceberg, renvoie à ce qui est invisible
et que seule la foi peut accueillir. En appliquant
cela à l’Eucharistie, on doit dire que Jésus
ressuscité nous donne aujourd’hui sacramentellement
le corps et le sang qu’il nous a donnés
physiquement sur la croix: dans les deux cas, c’est
un don réel, mais le second n’est pas un nouveau
don; il actualise “symboliquement” (sacramentellement)
le premier.
LE PRIX DE L’AMOUR
Ce jeune ménage avait perdu tout espoir de devenir parents. Leur
souhait fut exaucé et il y a quelques mois naissaient quatre filles. Leur
naissance fut délicate, le séjour à l’hôpital des nourrissons fut long et
les pédiatres continuent à surveiller attentivement leur état de santé.
Le salaire du papa et les différentes aides ne suffisent pas et la famille
craint de ne pouvoir s’acquitter des frais engendrés par les naissances.
Les factures d’hospitalisations sont importantes et le matériel de puériculture
n’est pas encore complet. Il manque des lits, des poussettes
sans parler du nombre de langes à acheter. De plus, le logement est
exigu et sans commodités, ils vont devoir déménager. Ces enfants
sont une joie pour ces parents qui les ont désirées mais la vie du
couple est bouleversée par l’arrivée des quadruplées. Ils veulent donner
aux enfants les soins qu’elles nécessitent et pour cela ils viennent
nous demander de l’aide. Merci de soutenir cette famille. (Appel 9b)
Les dons en réponse à ces appels doivent être versés au n° de compte
000-0273928-97 du Service d’Entraide, Place de Vannes 20, 7000 Mons.
Les dons devront atteindre le montant minimum de 30 € pour être
fiscalement déductibles.
QUE NOTRE VIE SOIT LA CIRE
qui se consume en signe de totale disponibilité
L
e dimanche 5 février, dans l’église Sainte
Marie de Tranzon, en Turquie, don Andrea
Santoro, prêtre romain était assassiné par
un jeune âgé de 16 ans. La dernière lettre de ce prêtre
martyr a été publiée dans le journal “Fenêtre pour le
Moyen Orient” (Numéro 19 de Février 2005). Écrite à
Rome où il était pour quelques semaines faites de
“journées très intenses consacrées au témoignage,
aux rencontres, aux catéchèses, aux conférences, à
des moments de prières”, il y disait sa foi et ses espoirs
de communion entre les deux mondes qui
étaient les siens. En voici un très large extrait.
À Rome, «J’ai trouvé partout intérêt et participation et un désir
sincère de comprendre et de nouer des liens de communion.
J’ai senti combien il est important et possible de réaliser
un échange de dons spirituels entre ces deux mondes. Le
Moyen Orient, grande “terre sainte” où Dieu a décidé de se
révéler de manière particulière à l’homme, possède ses richesses
et sa capacité d’éclairer notre monde occidental,
grâce à la lumière que Dieu y a introduit depuis toujours.
Mais le Moyen Orient a ses ombres, ses problèmes souvent
tragiques et ses “vides”. Il a ainsi besoin à son tour que cet
Évangile, qui est parti de là, soit semé à nouveau et que cette
présence que le Christ réalisa y soit proposée à nouveau.
C’est une “ré-évangélisation” réciproque et un enrichissement
que les deux mondes peuvent échanger.
Entre temps, à Trabzon, la toute petite communauté chrétienne
s’est réunie tous les dimanches matin pour célébrer la liturgie
de la parole et l‘Église a été ouverte aux visiteurs musulmans
deux fois par semaine sous la responsabilité d’une personne
de confiance. Je vous dirai comment cela s’est passé.
Je vous salue en vous confiant ces réflexions et en vous exhortant
ainsi que moi-même, a toujours mettre en contact la
foi avec le présent. Non pas une foi abstraite et générique
mais une foi presque comme celle des “débuts” qui nous a
été transmise de génération en génération. Le levain, comme
dit l‘Évangile, a une capacité propre mystérieuse de faire
lever la pâte, s’il est mis en contact avec elle. La pâte de
chaque époque, de chaque lieu, de chaque génération.
Jésus disait par ailleurs: “Je suis la lumière du monde, qui me
suit ne marche pas dans les ténèbres”. Si sa lumière est en
nous, elle n’éclairera pas seulement chaque situation,
même la plus dramatique, mais nous serons nous aussi lumière,
comme Il le disait. La faible lumière d’une bougie
éclaire une maison, une lampe grillée laisse tout dans le
noir. Qu’Il brille en nous à travers sa parole, à travers son Esprit,
à travers la sève de ses saints. Que notre vie soit la cire
qui se consume en signe de totale disponibilité.»
(Traduction réalisée par Zenit)