Paroissial - Pr Jean-Yves Hayez
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2 TEMPS PRÉSENT<br />
N°9 - 5 mars 2006<br />
COUPLES EN NAUFRAGE<br />
Enfants en partage<br />
Q<br />
uand rien ne va plus<br />
entre papa et maman,<br />
les enfants se<br />
retrouvent souvent dans une<br />
situation dramatique. Les voilà<br />
pris en otage par l’un ou par<br />
l’autre ou institués comme<br />
arbitres entre les deux. “Il faudrait<br />
que les parents se rendent<br />
compte à quel point ils<br />
font souffrir leurs enfants”,<br />
s’écrie Guy Blondeel.<br />
Après avoir été durant vingt ans<br />
juge de la jeunesse à Bruxelles,<br />
Guy Blondeel a créé le centre<br />
M.I.R. (pour résoudre les conflits<br />
familiaux dans lesquels sont impliqués<br />
des enfants). M.I.R. est l’acronyme<br />
de Médiations, Investigations<br />
familiales et Rencontres.<br />
C’est aussi un mot russe qui veut<br />
dire: paix. L’ancien juge confie aujourd’hui:<br />
J’ai vu la souffrance de<br />
ces enfants et je me suis dit: Je ne<br />
peux pas garder ça pour moi. Si<br />
les parents savaient à quel point<br />
ils peuvent faire souffrir leurs enfants,<br />
ils changeraient leur façon<br />
d’agir.<br />
C’est sous la forme d’un roman<br />
que Guy Blondeel a décidé de<br />
transmettre son témoignage. Ce<br />
que je veux… C’est vous deux, publié<br />
par les éditions Artésis en Belgique<br />
et par les éditions Bénévent<br />
en France, raconte les destins croisés<br />
de quatre familles, où la discorde<br />
et l’incompréhension ont<br />
remplacé l’amour.<br />
«Tout ce que je raconte dans ce roman,<br />
explique l’auteur, ce sont des<br />
choses que j’ai vues et entendues.<br />
C’est la réalité. Je n’aurais pas osé<br />
inventer des histoires pareilles. J’ai<br />
vraiment entendu un enfant dire à<br />
ses parents: Ce que je veux… C’est<br />
vous deux.<br />
- Pourquoi ces parents font-ils<br />
tant souffrir leurs enfants?<br />
- Ils sont eux-mêmes en souffrance<br />
et ils réagissent au premier degré.<br />
Il faut leur dire: Vous êtes blessés.<br />
<strong>Pr</strong>enez un peu de recul. On ne<br />
peut pas bien voir les choses<br />
quand on a le nez dessus. Il faut<br />
prendre du temps. Réfléchir sur<br />
soi-même, sur l’autre, sur ce qui<br />
fait qu’on en est arrivé là. Quand<br />
une relation échoue, c’est parce<br />
qu’on s’est trompé sur soi-même<br />
D.R.<br />
et sur l’autre. J’essaie de ne pas<br />
plaider contre le divorce. Mais au<br />
moins, les parents doivent éviter<br />
d’entraîner les enfants dans leurs<br />
conflits.<br />
- Être parent, est-ce plus difficile<br />
aujourd’hui qu’autrefois?<br />
- Aujourd’hui, la liberté l’emporte<br />
souvent sur l’égalité et la fraternité:<br />
Je fais ce que je veux. L’enfer,<br />
c’est les autres. Dans le temps, il y<br />
avait une certaine contrainte sociale<br />
qui faisait qu’on ne divorçait<br />
pas parce que c’était mal vu. Maintenant,<br />
vous savez comme moi<br />
qu’une union sur trois se défait en<br />
Belgique (une sur deux, dans les<br />
villes). Du coup, divorcer devient<br />
quelque chose de naturel, de banal.<br />
Par contre, on prend mieux en<br />
compte la psychologie des enfants.<br />
Au plan éducatif, on ne commet<br />
plus les mêmes erreurs que<br />
jadis. On a compris qu’il ne suffisait<br />
pas de faire preuve d’autorité,<br />
mais que l’enfant devait pouvoir<br />
être lui-même, devait pouvoir<br />
s’épanouir. Malheureusement, je<br />
pense qu’on est passé d’un excès<br />
à l’autre: Mon fils fait ce qu’il veut<br />
quand il veut. Une liberté sans limites.<br />
C’est une erreur: la liberté<br />
est plus belle quand il y a des limites<br />
quelque part. Il faut pouvoir<br />
trouver son bonheur dans celui<br />
des autres.<br />
- On devrait proposer des cours<br />
aux couples qui attendent un<br />
enfant pour les aider à devenir<br />
de bons parents?<br />
- Des cours, je ne sais pas. Mais j’ai<br />
écrit Ce que je veux… C’est vous<br />
deux pour essayer de leur ouvrir<br />
les yeux. Si on me propose de<br />
donner des conférences, je suis<br />
tout prêt, parce que je veux apporter<br />
ce message: Vous pouvez aimer<br />
plus et mieux vos enfants,<br />
même dans les difficultés. Il ne<br />
s’agit pas de dire: C’est honteux de<br />
divorcer. Bien sûr, il faut essayer<br />
de vaincre les difficultés et de faire<br />
chanter la vie malgré les obstacles,<br />
mais il faut dire aux parents: Si<br />
vous ne pouvez pas vivre à deux,<br />
de grâce, épargnez vos enfants. Et<br />
si les blessures sont telles que<br />
vous ne pouvez pas vous en sortir<br />
tout seuls, il y a des gens qui peuvent<br />
vous aider. Des associations<br />
comme le centre M.I.R., par<br />
exemple.»<br />
Guy Blondeel a également créé le<br />
fonds Pascale Couturier, qui finance<br />
les études de jeunes défavorisés.<br />
Tous les ans, un concert est organisé<br />
au profit de cette œuvre. Il<br />
aura lieu, cette année, au moulin<br />
de Villers-la-Ville, le 19 mars. À cette<br />
occasion, l’Ensemble Vocal du<br />
Brabant wallon, dirigé par Charlotte<br />
Messiaen, interprétera la chanson<br />
Ce que je veux… c’est vous<br />
deux, dont Guy Blondeel a composé<br />
le texte.<br />
Jérémie BRASSEUR<br />
Ce que je veux… C’est vous deux.<br />
Le roman de Guy Blondeel est disponible<br />
en librairie aux éditions Artésis.<br />
Il peut également être commandé<br />
auprès de l’auteur, permettant<br />
de cette façon une plus grande<br />
marge bénéficiaire au profit des<br />
deux œuvres soutenues (le Centre<br />
M.I.R. et le fonds Pascale Couturier):<br />
19 € (+ frais de ports éventuels:<br />
2,50 €). Tél. O10/45.23.57 -<br />
guy.blondeel@scarlet.be - Compte<br />
630-0215517-42<br />
Le Centre M.I.R. Tél. 02/502.06.05<br />
- lecentremir@scarlet.be - www.<br />
lecentremir.be.tf<br />
D’UN SIMPLE<br />
REGARD<br />
vers le Christ…<br />
M<br />
ichel Diricq, doyen de Binche, est curé de plusieurs paroisses<br />
de cette ville et des environs: sa cinquième responsabilité<br />
pastorale, il vient de la recevoir tout récemment.<br />
Mais en ce temps de carnaval, il n’a guère eu le cœur<br />
à faire le gille: la collégiale St-Ursmer a dû être fermée pour<br />
cause de travaux. Pour le prêtre, cela a été une épreuve: “elle a<br />
fragilisé le frêle équilibre auquel j’étais parvenu pour situer ma<br />
prière quotidienne, et même, le mardi, une adoration eucharistique<br />
couvrant une bonne partie de la journée”.<br />
Appelé peu de temps après à témoigner dans une réunion avec des confrères, il<br />
se disait dès lors en recherche: “Comment à nouveau assurer le temps de la prière,<br />
sous quelle forme et en quels lieux…?” Une récente retraite dans un monastère<br />
avec d’autres doyens lui a fait mieux comprendre sa principale difficulté: “Je<br />
ne sais pas mettre fin à mes activités!” Michel<br />
Diricq avoue que, tout en étant incapable de travailler<br />
dans le bruit, il ne parvient pas à fermer sa<br />
porte aux gens qui le sollicitent…<br />
En évoquant de la sorte ses incessantes tentatives<br />
de recherche d’équilibre, il déclare à<br />
ses confrères: “Mais je sais en tout cas une<br />
chose, et je vous la confie, au cas où cela<br />
pourrait vous intéresser: il me restera toujours<br />
une dernière cartouche que je garde<br />
soigneusement en réserve. Quand j’aurais<br />
raté toute ma vie, manqué à tous<br />
mes devoirs de prêtre, moi qui avais justement<br />
choisi comme souvenir d’ordination<br />
la parole des Actes: “Pour nous,<br />
nous resterons fidèles à la prière et au<br />
service de la Parole”, eh bien je me<br />
tournerai vers le plus grand des saints.<br />
Un saint tellement énorme que l‘Église<br />
a eu la bonne idée de ne pas le mettre<br />
au calendrier, car ce saint n’est pas le saint d’un jour, mais le<br />
saint de tous les jours, de toutes les heures, je vais même dire de la dernière<br />
heure, celui qu’on invoque in extremis. Vous l’avez deviné: le Bon Larron.<br />
Un maître de spiritualité<br />
Les Pères de l‘Église ne tarissent pas d’éloges à son égard. C’est que le Bon<br />
Larron est notre maître à tous. Un abîme d’humilité. Un maître de spiritualité.<br />
Car les discours s’effondrent devant les épreuves de la vie et quand on est au<br />
fond du malheur, la question de l’humilité ne se pose même plus! Le Bon<br />
Larron est le seul à reconnaître Jésus dans sa gloire, alors qu’il meurt sur la<br />
croix. Il vit la passion avec Jésus. Il reconnaît l’abîme de son péché: “Pour<br />
nous, c’est juste…” Il ne s’estime pas digne du paradis: “Après tout ce que<br />
nous avons fait…” Simplement, il demande que Jésus ne l’oublie pas; que<br />
son visage, sa voix, ses yeux restent encore présents dans la mémoire et le<br />
cœur de Dieu. Il appelle Jésus par le nom donné par l’Ange: Jésus tout simplement…Tout<br />
simplement sauveur… En plus, collatéralement, il évangélise<br />
son compagnon appelé si tragiquement mauvais par nous, alors que l’évangéliste<br />
Luc le voit lui aussi sur le chemin de la conversion. S’il y a une solidarité,<br />
c’est bien entre les bandits! Si les fils de la lumière…<br />
Le bon réflexe<br />
Témoins<br />
de prière<br />
Les Évêques de Belgique<br />
nous ont proposé de dire<br />
“Seigneur, apprends-nous<br />
à prier”. Dans le cadre de<br />
cette année de la prière, et<br />
à partir de ce début de Carême,<br />
nous vous proposons<br />
chaque semaine icimême<br />
une expérience de<br />
prière, sous une forme ou<br />
une autre. Nous débutons<br />
avec un prêtre qui confie<br />
sa difficulté de prier: il<br />
nous dit vers qui il se tourne<br />
alors.<br />
Et tout cela grâce à un seul regard! Accompagné de quelques mots, lourds<br />
comme la clé du paradis: “Jésus souviens-toi de moi quand tu viendras dans<br />
ton Royaume.” La fameuse prière qui a nourri tant de saints doit avoir eu le<br />
Bon Larron comme inspirateur: “Jésus-Christ, fils de Dieu, Sauveur, prends pitié<br />
du pécheur que je suis.”<br />
Ma solution, c’est lui. Un regard vers le Christ, ça c’est à ma portée, tous les<br />
jours, à chaque heure, où que je sois…Une parole d’appel au secours, ça<br />
aussi, c’est dans mes cordes, assez facile à lancer à n’importe quel moment<br />
de la journée. Je pourrais même dire qu’avec un peu d’exercice et, en remodelant<br />
légèrement la matière première de mes jurons intérieurs, ceux-ci pourraient<br />
figurer dans les psaumes. Et, comme ces cris du cœur rendent poreuse<br />
à l’évidence la frontière du paradis, j’aurai grand réconfort à entendre<br />
Jésus me dire: aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis (…)”.<br />
Voilà ce que le doyen de Binche appelle sa “pauvre expérience de larron pas<br />
encore suffisamment initié à l’acceptation de la croix et au bon réflexe du regard<br />
vers Jésus”.<br />
H. W.<br />
Les intertitres sont de notre rédaction<br />
Journée mondiale de prière<br />
Le 3 mars, plus de 3 millions de personnes réparties dans le monde entier se<br />
joindront aux prières préparées par les femmes chrétiennes d’Afrique du Sud.<br />
Elles ont choisi le thème “Signes des temps”. En se basant sur des récits bibliques,<br />
elles font comprendre que non seulement les disciples de Jésus ont été<br />
mis au défi de devenir des signes de vie nouvelle dans le monde, mais aujourd’hui<br />
encore, les signes du temps nous appellent à devenir des agents de changement.<br />
Cette “Journée mondiale de prière”, développée depuis 1887 œcuméniquement<br />
par des femmes, se déroule toujours le premier vendredi de mars. Une<br />
veillée de prière est proposée par des femmes de pays, voire de continents différents.<br />
(Des carnets peuvent être obtenus auprès de Elfriede Kunhardt,<br />
Thuyaslaan 11, 3080 Tervuren - 0,70 € + port)