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JDT210-P24-25-PDVID IneumOKAG:POINT de VUE IDEES 11/05/2010 12:27 Page 24 Point de vue les gens & les chiffres Services 2010, année de la Télévision Mobile Personnelle ? Qui n’a pas rêvé de pouvoir, dans les transports ou en faisant la queue au supermarché, suivre les épreuves des Jeux Olympiques, les matchs de la Coupe du Monde de Football ou encore le dernier épisode de sa série préférée ? Un rêve qui sera peut-être bientôt possible grâce à la télévision mobile personnelle (TMP). Encore faut-il que la France soit prête à l’accueillir aussi bien culturellement et technologiquement qu’économiquement. A l’échelle européenne, il n’existe pas de véritable exemple de « success story ». L’Italie, premier pays européen qui avait bien amorcé le démarrage de la TMP en 2006, n’a pas réussi à transformer l’essai : les offres de contenu, trop compliquées, n’ont pas convaincu les clients. Au niveau mondial, les deux pays précurseurs, le Japon et la Corée, sont en train de reconsidérer leur modèle économique : basé essentiellement sur le gratuit… il s’est avéré non viable. En France, tout semblait propice au développement de la Télévision Mobile Personnelle. Premier parc européen d’utilisateurs de la télévision mobile 3G (plus de 1,2 millions en 2007), 25 % des 55 millions d’abonnés mobile qui se disaient intéressés par la TMP (d’après l’enquête d’Harris Interactive réalisée en octobre 2007)… Le pays possédait une bonne base de conversion aux futures offres TMP. D’autant plus que, au niveau du contenu, le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) avait sélectionné 16 chaînes, aussi bien généralistes (TF1, M6…), que d’information (BFM TV, I-télé) ou encore sportives (Eurosport, Orange sport). Le téléspectateur français de la télé mobile personelle aurait largement de quoi « zapper ». Malgré ce terrain propice au développement de la TMP en France, il reste de nombreuses zones d’ombre, qu’il est urgent d’éclairer afin de s’assurer un véritable succès. Un modèle économique à trouver Il faut tout d’abord déterminer un modèle économique et définir le rôle des différents acteurs de la chaîne de valeurs (diffuseurs, opérateurs, fabricants de terminaux…). En effet, doit-on faire payer les chaînes de la TMP ou au contraire les rendre gratuites, pour profiter d’une maturation accélérée ? Ou faut-il proposer un modèle similaire à la TNT, avec une majorité de chaînes gratuites et quelques-unes payantes ? Le modèle payant intéresserait les opérateurs (notamment « Les opérateurs seraient-ils les seuls à subventionner les portables (on estime à environ 7 euros le ‘chipset’ permettant de rendre un téléphone compatible DVB-H) ou doit-on faire payer une redevance aux clients qui achètent un terminal compatible ? » avec une couverture indoor) tandis que les chaînes penchent vers un modèle gratuit (avec une couverture outdoor évitant ainsi une couverture indoor qui viendra concurrencer la TV classique). Il s’agit de se mettre d’accord ! De même, les opérateurs seraient-ils les seuls à subventionner les portables (on estime à environ 7 euros le « chipset » permettant de rendre un téléphone compatible DVB-H) ou doit-on faire payer une redevance aux clients qui achètent un terminal compatible ? Par ailleurs, il est urgent de se décider quant à la norme à adopter. Et ce, au niveau européen pour garantir l’interopérabilité transfrontalière. L’Europe s’est prononcée en 2007 en faveur du standard DVB-H. Jugé trop coûteux à mettre en place, peu fourni en matière de téléphones compatibles… Il serait donc peutêtre intéressant d’étudier les autres standards disponibles. Le DVB-SH, norme européenne faisant partie de la famille DVB (satellite, câble, TNT…) est un système hybride intéressant : il permet la réception de contenus aussi bien par satellite que par répéteurs terrestres complémentaires. L’IMB (Integrated Mobile Broadcast) est un autre L’auteur Charbel Kfoury Manager Ineum Consulting. standard qui a l’avantage de ne pas coûter cher. Réutilisant des fréquences déjà attribuées aux opérateurs 3G, il offre des services compatibles avec les terminaux actuels. Enfin, certains considèrent que les réseaux 3G et LTE seraient suffisants pour répondre aux usages, convaincus que la consommation de télévision sur mobile se fera plutôt sous forme de programme à la demande que de diffusion de flux. La faiblesse de cette solution (diffusion Unicast) réside dans la bande passante disponible qui pourrait conduire à la saturation du réseau, avec l’augmentation du nombre d’utilisateurs. Beaucoup de zones d’ombre sur la techno et la réglementation Autre inconnue qui n’est pas encore résolue : la solution du déploiement et son financement. Plusieurs scénarii ont été abordés, mais aucun n’a encore été adopté. Faut-il couvrir le territoire à 30 % avec du standard DVB-H et répartir le coût d’investissement (estimé entre 60 et 75 millions d’euros) entre les 16 chaînes sélectionnées, les 4 opérateurs mobiles et les autres acteurs de la TMP ? Ou alors privilégier un déploiement du standard DVB-H sur seulement 17 % du territoire, qui serait alors financé à 100 % par TDF, et faciliter en parallèle l'adoption de la technologie DVB-H en imposant son intégration dans les Le Journal des télécoms N° 210 Juin 2010 24

JDT210-P24-25-PDVID IneumOKAG:POINT de VUE IDEES 11/05/2010 12:27 Page 25 Marketing Mobile Le QR Code s’impose comme un standard international… même en France. terminaux mobiles ? On peut également se poser la question d’utiliser la variante DVB-SH ou encore de réaliser un déploiement en deux temps, outdoor puis indoor… Le cadre réglementaire aussi reste à définir. L’ARCEP et/ou le CSA devront établir des règles pour tout ce qui concerne la gestion des droits audiovisuels, les lignes éditoriales des chaînes, les quotas de diffusion et de production… Les offres de contenu ne sont pas non plus totalement déterminées. Faut-il s’aligner sur les contenus existants ou les adapter à l’usage mobile, en privilégiant un format plus court, des images différentes (des zooms sur les joueurs lors de matchs de football, par exemple) ? Il est en tout cas certain que la personnalisation et l’interactivité au sein des programmes (paris sportifs en direct, votes en direct pour les émissions de télé-réalité,…) seront les clés du succès, tant pour les revenus additionnels générés que par la nature-même du mobile, construit pour en tirer pleinement parti. Une interactivité à mettre à profit Le contenu publicitaire aussi est à réinventer. A travers la TMP et les appareils connectés utilisant la « voie de retour », les clients pourront être ciblés plus finement, avec du contenu adapté à leurs goûts et à leur consommation. Les deux technologies d'encryptage, les Digital Rights Management (DRM) et les Smart Card Profile (SCP), offrent la possibilité d'intégrer des éléments interactifs afin de permettre l'achat de produits sur mobiles ou la participation à des études et concours. Enfin, la télévision mobile personnelle ne se développera que si des « agitateurs d’idées » viennent donner une impulsion au marché. Ce fut le rôle joué par Bouygues Télécom dans le cas de la téléphonie mobile, avec le lancement de ses forfaits, ou encore celui d’Apple qui a contribué à l’explosion de l’usage de la 3G avec son iPhone. Certains parient sur Free pour être « l’agitateur » qui redonnera un second souffle à la TMP. Il reste donc encore de nombreuses problématiques sur lesquelles il faut rapidement trancher. Au risque de ne jamais voir la TMP débarquer sur l’Hexagone. Pour le moment, le CSA a signé les autorisations de diffusion avec les acteurs intéressés qui auront deux mois pour créer une société commune pour travailler sur le projet. Mais aujourd’hui, seul TDF semble encore décidé à se lancer dans l'aventure. ■ Par Charbel Kfoury Le QR Code est aujourd’hui utilisé et reconnu comme le standard des codes barres 2D au niveau international. En effet, après Google et son service « Favorite Places », c’est Facebook qui intègre cette nouvelle fonction depuis peu sur les profils de ses utilisateurs. Depuis longtemps utilisé en Asie, ce format est donc considéré par ces deux entreprises comme le format unique et standardisé de code barre. Récemment déployés en Tunisie, en forte progression aux Etats-Unis, ils sont déjà largement utilisés en Europe dans le cadre de campagnes de communication. L’explosion des ventes de Smartphones dans le monde, l’essor confirmé du M-Marketing, les atouts de cette technologie (connexion rapide, simplicité d’utilisation et apportant une information en temps réel aux clients) sont autant de facteurs de succès pour cette technologie travers le monde. Elle offre aux annonceurs, publicitaires et marques une opportunité technologique afin de générer du trafic sur leur site internet mobile en créant un lien entre le monde physique et le monde interactif. Implémentable sur tous supports pouvant recevoir une image, les possibilités marketing sont virtuellement sans fin. Les raisons de l’essor du QR Code comme standard, plutôt qu’un autre format, tient au fait que, outre son antériorité, ce format est ouvert et indépendant des opérateurs télécoms. On notera d’ailleurs que le créateur du QR Code (Denso Wave) a dernièrement communiqué sur le fait qu’il n’exercerait aucun droit sur son brevet. Cette annonce a eu pour effet une percée très rapide de ce standard au niveau international. D’une forme visuelle plus attractive que le Datamatrix, doté d’une forte capacité de stockage d’information, supportant les caractères internationaux (kanji), plus sécurisé et moins fragile que d’autre format, le QR Code est devenu L’auteur Vincent Herman PDG de Nexence « Implémentable sur tous supports pouvant recevoir une image, les possibilités marketing sont virtuellement sans fin (…). Les raisons de l’essor du QR Code comme standard, plutôt qu’un autre format, tient au fait que, outre son antériorité, ce format est ouvert et indépendant des opérateurs télécoms ». dans le monde un standard dans le domaine du marketing et de la communication mobile. En France, un léger retard a été pris, quand à l’essor du code barres, du fait des opérateurs télécoms qui ont décidé de créer un format propriétaire en encodant une suite de chiffres dans le code 2D plutôt qu’une Url. Obligeant à pointer vers des serveurs spécifiques, cette approche propriétaire a freiné l’arrivée de cette technologie. Mais plusieurs acteurs majeurs du marketing mobile et nombre d’annonceurs ont depuis quelques mois pris conscience de l’essor international - à l’instar des grandes marques internationales (Mc Donalds, Pepsi, Audi, etc.) -, du QR Code comme standard dans le domaine du marketing. Sur les derniers mois plusieurs campagnes de communication ont intégré un QR Code dont La Pinacothèque de Paris, Centre des Monuments Nationaux, Parc et Exposition de Bordeaux, Wall Street Institute, Cinéaqua, Château de Versailles, etc. ■ Par Vincent Herman 25 Le Journal des télécoms N°210 Juin 2010

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2010, année de la Télévision<br />

Mobile Personnelle ?<br />

Qui n’a pas rêvé de pouvoir,<br />

dans les transports ou en faisant<br />

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Jeux Olympiques, les matchs<br />

de la Coupe du Monde de<br />

Football ou encore le dernier<br />

épisode de sa série préférée ? Un rêve qui sera<br />

peut-être bientôt possible grâce à la télévision<br />

mobile personnelle (TMP). Encore faut-il que la<br />

France soit prête à l’accueillir aussi bien culturellement<br />

et technologiquement qu’économiquement.<br />

A l’échelle européenne, il n’existe pas de véritable<br />

exemple de « success story ». L’Italie, premier<br />

pays européen qui avait bien amorcé le<br />

démarrage de la TMP en 2006, n’a pas réussi à<br />

transformer l’essai : les offres de contenu, trop<br />

compliquées, n’ont pas convaincu les clients.<br />

Au niveau mondial, les deux pays précurseurs,<br />

le Japon et la Corée, sont en train de reconsidérer<br />

leur modèle économique : basé essentiellement<br />

sur le gratuit… il s’est avéré non viable.<br />

En France, tout semblait propice au développement<br />

de la Télévision Mobile Personnelle. Premier<br />

parc européen d’utilisateurs de la télévision<br />

mobile 3G (plus de 1,2 millions en 2007), 25 %<br />

des 55 millions d’abonnés mobile qui se disaient<br />

intéressés par la TMP (d’après l’enquête d’Harris<br />

Interactive réalisée en octobre 2007)… <strong>Le</strong><br />

pays possédait une bonne base de conversion<br />

aux futures offres TMP.<br />

D’autant plus que, au niveau du contenu, le<br />

CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) avait<br />

sélectionné 16 chaînes, aussi bien généralistes<br />

(TF1, M6…), que d’information (BFM TV, I-télé)<br />

ou encore sportives (Eurosport, Orange sport).<br />

<strong>Le</strong> téléspectateur français de la télé mobile personelle<br />

aurait largement de quoi « zapper ».<br />

Malgré ce terrain propice au développement de<br />

la TMP en France, il reste de nombreuses zones<br />

d’ombre, qu’il est urgent d’éclairer afin de<br />

s’assurer un véritable succès.<br />

Un modèle économique à<br />

trouver<br />

Il faut tout d’abord déterminer un modèle économique<br />

et définir le rôle des différents acteurs<br />

de la chaîne de valeurs (diffuseurs, opérateurs,<br />

fabricants de terminaux…). En effet, doit-on faire<br />

payer les chaînes de la TMP ou au contraire les<br />

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accélérée ? Ou faut-il proposer un modèle similaire<br />

à la TNT, avec une majorité de chaînes gratuites<br />

et quelques-unes payantes ? <strong>Le</strong> modèle<br />

payant intéresserait les opérateurs (notamment<br />

« <strong>Le</strong>s opérateurs seraient-ils les seuls à<br />

subventionner les portables (on estime à environ<br />

7 euros le ‘chipset’ permettant de rendre un<br />

téléphone compatible DVB-H) ou doit-on faire<br />

payer une redevance aux clients qui achètent un<br />

terminal compatible ? »<br />

avec une couverture indoor) tandis que les<br />

chaînes penchent vers un modèle gratuit (avec<br />

une couverture outdoor évitant ainsi une couverture<br />

indoor qui viendra concurrencer la TV classique).<br />

Il s’agit de se mettre d’accord ! De même,<br />

les opérateurs seraient-ils les seuls à subventionner<br />

les portables (on estime à environ 7 euros le<br />

« chipset » permettant de rendre un téléphone<br />

compatible DVB-H) ou doit-on faire payer une redevance<br />

aux clients qui achètent un terminal<br />

compatible ? Par ailleurs, il est urgent de se décider<br />

quant à la norme à adopter. Et ce, au niveau<br />

européen pour garantir l’interopérabilité<br />

transfrontalière. L’Europe s’est prononcée en<br />

2007 en faveur du standard DVB-H. Jugé trop<br />

coûteux à mettre en place, peu fourni en matière<br />

de téléphones compatibles… Il serait donc peutêtre<br />

intéressant d’étudier les autres standards disponibles.<br />

<strong>Le</strong> DVB-SH, norme européenne faisant<br />

partie de la famille DVB (satellite, câble, TNT…)<br />

est un système hybride intéressant : il permet la<br />

réception de contenus aussi bien par satellite que<br />

par répéteurs terrestres complémentaires.<br />

L’IMB (Integrated Mobile Broadcast) est un autre<br />

L’auteur<br />

Charbel Kfoury<br />

Manager Ineum Consulting.<br />

standard qui a l’avantage de ne pas coûter cher.<br />

Réutilisant des fréquences déjà attribuées aux<br />

opérateurs 3G, il offre des services compatibles<br />

avec les terminaux actuels. Enfin, certains considèrent<br />

que les réseaux 3G et LTE seraient suffisants<br />

pour répondre aux usages, convaincus que<br />

la consommation de télévision sur mobile se fera<br />

plutôt sous forme de programme à la demande<br />

que de diffusion de flux. La faiblesse de cette<br />

solution (diffusion Unicast) réside dans la bande<br />

passante disponible qui pourrait conduire à la<br />

saturation du réseau, avec l’augmentation du<br />

nombre d’utilisateurs.<br />

Beaucoup de zones d’ombre sur<br />

la techno et la réglementation<br />

Autre inconnue qui n’est pas encore résolue : la<br />

solution du déploiement et son financement.<br />

Plusieurs scénarii ont été abordés, mais aucun n’a<br />

encore été adopté. Faut-il couvrir le territoire à<br />

30 % avec du standard DVB-H et répartir le coût<br />

d’investissement (estimé entre 60 et 75 millions<br />

d’euros) entre les 16 chaînes sélectionnées, les 4<br />

opérateurs mobiles et les autres acteurs de la<br />

TMP ? Ou alors privilégier un déploiement du<br />

standard DVB-H sur seulement 17 % du territoire,<br />

qui serait alors financé à 100 % par TDF, et<br />

faciliter en parallèle l'adoption de la technologie<br />

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