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JDT210-P22-PDV-ID Mobiles OKAG:POINT de VUE IDEES 11/05/2010 12:25 Page 22<br />
Point de vue<br />
les gens & les chiffres<br />
Marketing<br />
Revirement de stratégie<br />
pour les géants du search mobile, montée<br />
en puissance des régies et des médias<br />
Près de 200 000 applications disponibles<br />
dans le seul Apple<br />
Store...! 3 milliards d’applications<br />
téléchargées en 18 mois...! De<br />
grands médias nationaux qui ont<br />
plus de trafic sur le mobile que sur<br />
leur site Web…!! Et, selon le cabinet<br />
Gartner, la tendance devrait s’accentuer avec<br />
quelques 4,5 milliards de téléchargements estimés<br />
pour 2010 sur les différentes plates-formes en ligne,<br />
pour atteindre plus de 20 milliards d’applications<br />
mobiles téléchargées d’ici 2013. <strong>Le</strong> mouvement est<br />
bel et bien en marche !!! Forts de ce constat, les<br />
acteurs du marché conçoivent désormais leurs stratégies<br />
autour de ce nouvel écosystème érigé par la<br />
firme à la grosse pomme. Mieux encore, des acteurs<br />
qui avaient jusque-là boudé le mobile y font irruption<br />
avec force. On assiste alors à une multiplication<br />
un bouleversement du marché du surf ? Est-ce que<br />
la prédominance du search sur le Web disparaîtra<br />
sur le mobile ? Et si tel est le cas, quels impacts pour<br />
les régies, les éditeurs, les sociétés du mobile ? Dans<br />
l’environnement mobile, les moteurs de recherche<br />
voient leur notoriété perdre peu à peu de leur monopole<br />
dans les usages de l’Internet mobile. <strong>Le</strong><br />
constat est simple : aucun fabricant ou opérateur<br />
ne met en avant les moteurs de recherche dans ses<br />
offres. Google, dont les piliers fondateurs sont le<br />
search et l’adwords (soit 95 % de son chiffre<br />
d’affaires), a délaissé son activité initiale pour partir<br />
à la conquête du mobile.<br />
Autre constat : une récente étude du groupe Kelsey<br />
estime que le chiffre d’affaires de la publicité sur les<br />
téléphones cellulaires sera multiplié par 20 d’ici<br />
2013. Dans ce contexte, le rachat d’Admob par<br />
Google en décembre 2009 pour 750 millions de<br />
L’auteur<br />
Gilles Raymond<br />
Président de Mobiles Republic<br />
« Derrière la révolution iPhone, suivie par tous<br />
les fabricants de terminaux, les grands gagnants<br />
sont clairement les médias. L’enjeu repose sur<br />
leur capacité à s’adapter à ce nouveau support, à<br />
sa dimension internationale et à sa douloureuse<br />
fragmentation technique ».<br />
des stores dans les catalogues plus ou moins bien<br />
fournis d’applications mobiles. <strong>Le</strong>s usages explosent<br />
et, pour certains grands sites, sur le seul critère des<br />
pages vues, le trafic mobile a dépassé le Web. Mais<br />
derrière ce bouillonnement, quelles tendances systémiques<br />
pouvons-nous essayer d’analyser ?<br />
Google dans les applications<br />
Un des éléments révélateurs de ce changement de<br />
marché est de retrouver en seconde position de<br />
l’environnement des applications le spécialiste du<br />
search sur le Web : Google. Or, les applications<br />
offrent une information à périmètre fini, se positionnant<br />
ainsi en opposition à la notion de search,<br />
clé de voûte de l’empire Google. Alors, pourquoi<br />
Google se lance-t-il dans une activité opposée à son<br />
ADN ? Cette tendance aux appstores génèrera-t-elle<br />
dollars est une traduction probable d’un retour à un<br />
modèle économique axé sur une forme de publicité<br />
plus classique (plus éloignée de l’adsense). Si le leader<br />
de l’Internet investit largement sur la distribution<br />
de ses services (Youtube, Google Map, etc…)<br />
via son OS Android, il en consacre également une<br />
grande partie aux services liés à la localisation et<br />
complète ainsi sa mue mobile. Tout cela démontre<br />
la capacité d’évolution et d’adaptation du géant de<br />
la Silicon Valley à l’environnement mobile, mais<br />
aussi les changements structurels de l’industrie.<br />
Hier l’approche adsense prenait le pas sur la publicité<br />
online au profit de Google et aux dépens des régies et<br />
agences. Aujourd’hui, l’approche par les applications<br />
sonne la fin du règne absolu du search au regard des<br />
usages sur mobile, et redonne un rôle fort à ces<br />
acteurs. Il appartient donc maintenant aux grands<br />
perdants d’hier de reprendre des parts de marché en<br />
redéfinissant les fondamentaux de la publicité mobile.<br />
<strong>Le</strong>s médias, gagnants à condition<br />
de comprendre<br />
Cette évolution bénéficiera aux éditeurs de contenu<br />
(medias) qui tirent le plus avantage de l’avènement<br />
tant attendu de l’Internet mobile. Ils en bénéficient<br />
à trois titres :<br />
- En accédant à un nouveau relais de croissance qui<br />
leur permet d’atteindre une cible très consommatrice<br />
de contenus. Cette expansion se fait à faible<br />
coût car la convergence technique entre le Web et<br />
le mobile est forte ;<br />
- En devenant un argument différenciateur pour les<br />
fabricants de mobiles et donc une promotion, voire<br />
un financement massif. La marque média est ainsi<br />
devenue pour le fabricant, comme pour l’opérateur,<br />
une partie intégrante de son offre mobile ;<br />
- En regagnant du poids sur la chaîne de la valeur<br />
pour leurs propres régies publicitaires.<br />
Derrière la révolution iPhone, suivie par tous les<br />
fabricants de terminaux, les grands gagnants sont<br />
clairement les médias. L’enjeu repose sur leur capacité<br />
à s’adapter à ce nouveau support, à sa dimension<br />
internationale et à sa douloureuse<br />
fragmentation technique. Mais c’est avant tout le<br />
challenge de la monétisation de ces nouveaux<br />
usages qui fera de cette révolution une évolution<br />
gagnante pour les acteurs du nouveau paysage de<br />
l’industrie du mobile. Car si le contenant structure le<br />
contenu, il structurera de facto sa monétisation. ■<br />
Par Gilles Raymond<br />
<strong>Le</strong> <strong>Journal</strong> des télécoms N° 210 Juin 2010<br />
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