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JDT210-P18-19-InterviewOKAG:JDT 13/05/2010 19:34 Page 18 Interview les gens & les chiffres Silvano Trotta, président de la Ficome Les gens savent que la Ficome est de retour Elu sur un score de 100 % pour un deuxième mandat à la tête de la Ficome, Silvano Trotta, après avoir enrayé la baisse du nombre d’adhérents de son organisation, évoque les changements et les succès obtenues sous sa présidence, détaille les chantiers à venir et fait part de son désir de s’attaquer à un acteur des télécoms aux prétentions démesurées : Orange. Propos recueillis par Ariel Gomez et Thomas Pagbe ❚ Quel bilan tirez-vous de votre première année de mandat ? Je me suis présenté avec l’objectif d’être présent à mon poste. Etre président de la Ficome nécessite, avec les nouveaux statuts, d’être présent au moins une quarantaine de jours par an. Trop de présidents ne venaient que quelques jours par an. Résultat : le nombre d’adhérents a chuté. Lorsque je me suis présenté la première fois, c’était avec l’objectif de faire progresser le nombre d’adhérents, sous peine de ne pas me représenter. Jusqu’au mois de novembre de l’année dernière, le nombre d’adhésions était en baisse. Après cette date, la tendance c’est inversée. Nous n’avons déploré qu’une seule défection. D’une manière générale, les gens savent que la Ficome est de retour. Pour deux raisons, notamment. La première réside dans notre rôle de syndicat, à ce titre, nous défendons les droits de nos affiliés. La seconde tient dans un mot : le business. La plupart de nos adhérents ne dispose pas de service marketing. Le salon IP Convergence représente pour la plupart d’entre eux la seule journée de marketing. Nos adhérents ne prennent pas le temps de savoir comment ils doivent travailler, ni vers qui ils doivent se tourner pour les questions liées aux commutateurs, au réseau ou à la data. D’où notre rôle. Nous effectuons des veilles technologiques. ❚ Combien comptez-vous d’adhérents à ce jour ? Nous avons environ 400 adhérents et nous gérons le dossier Finistel (fichiers qui regroupe les installateurs et les intégrateurs), qui compte à peu près 3200 sociétés. Nous avons dépoussiéré ce fichier de manière progressive, par tranches de 20 %. Nous avons également cherché à renseigner ce fichier, connaître les entreprises et connaître le matériel qu’elles vendent. Les clients finaux qui nous appellent veulent avoir plus de renseignements sur leurs installateurs pour différentes raisons. Lors du rachat d’une entreprise par exemple, le nouveau propriétaire ne connaît pas leur installateur. Ils nous demandent de les aiguiller. On peut les envoyer vers un adhérent situé dans un rayon de 50 km de chez eux. Si en cas de panne, on lui envoyait un installateur spécialisé Alcatel alors qu’il utilise du matériel Panasonic, cela ne sert à rien. ❚ Vous avez lancé le concept des « Matinales », ces rencontres où vos adhérents peuvent découvrir des nouveaux segments de marché et de nouveaux acteurs. Etes-vous satisfait des résultats ? Les « Matinales » sont conçues pour faire du business et pour répondre à des thématiques bien précises. Par exemple, lorsque nous avons organisé la toute première matinée autour du secteur hospitalier, il s’est avéré que beaucoup de nos adhérents ne connaissait pas les sociétés que nous avons présenté. Il y a eu des contacts en direct pendant, et plus encore après la réunion. Ces « Matinales » génèrent un flux d’affaires important, mais qui reste difficile à quantifier exactement. Nous observons les résultats différemment. A la fin de l’année notamment, nous ajoutons une nouvelle Le Journal des télécoms N°210 Juin 2010 18

JDT210-P18-19-InterviewOKAG:JDT 13/05/2010 19:35 Page 19 question sur les fiches envoyées par nos adhérents. En 2009, les adhérents étaient peu nombreux à faire de le TVIP(pour le secteur hôtellier, notamment). Si on note à la fin de l’année 2010 une croissance sur cette activité, on aura une idée de la croissance que les actions de la Ficome ont généré. ❚ De quelle manière comptez-vous aider les chefs d’entreprise au cours de votre deuxième mandat ? Grâce au Plan Innovation Progrès mis en place l’année dernière avec la DRIRE (Direction Régional de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement) Ile-de-France, nous avons formé dix sociétés au marketing, au réaménagement de temps de travail et à la diversification de leur activité. Sur cette initiative, la DRIRE finançait 50 % des dépenses, la Ficome 50 % et l’entreprise versait une participation symbolique. Nous avons continué sur le salon IP Convergence, à l’occasion duquel nous avons co-financé trois entreprises qui n’avaient jamais exposé. L’année prochaine, nous voulons en aider dix avec la DRIRE Alsace. Les sociétés de 30 à 40 personnes n’hésitent pas à envoyer quelqu’un. Les petites sociétés, en revanche, composées de 4 à 5 personnes, rechignent. Les entreprises qui ont bénéficié de ces formations sont toutes contentes. Les succès des DRIRE Ile-de-France et Alsace ont poussé la DRIRE Rhône-Alpes, qui était moins enthousiaste au départ. Notre objectif est de couvrir toute la France en 3 ans avec ce dispositif. Les résultats sont là. Certaines sociétés ont été transformées. Nous avons insufflé une notion de long terme là où le moyen terme dominait. Nous avons également injecté une notion de marketing, un élément important pour lutter contre des ogres comme SFR et Orange. ❚ Orange est désormais un acteur très présent dans le secteur des installateursintégrateurs. Comment l’expliquez-vous ? Avec le personnel, le nombre de commerciaux, et le nombre de techniciens qu’ils ont sur le terrain, aucune affaire n’échappe à Orange. On est tenté d’interroger l’Etat sur les raisons de cette hégémonie. D’autant plus que l’opérateur historique exerce des pressions sur ses clients professionnels et particuliers pour accélérer le basculement de la facturation papier vers la facturation en ligne et par prélèvement automatique. Orange fait sa loi. Pour les installateurs-intégrateurs qui veulent ouvrir une ligne chez Orange pour le compte de leurs clients sans être répertoriés, c’est la croix et la bannière. ❚ Avez-vous déjà tenté de vous tourner vers les pouvoirs publics ? Nous avons déjà déposé une plainte auprès du Conseil d’Etat. L’institution a décidé de mettre sur pied une structure d’arbitrage réunissant notamment les responsables des ventes directes et indirectes, le service juridique de la Ficome et les responsables partenaires d’Orange. Un numéro vert pour les adhérents qui rencontrent des problèmes et un numéro rouge pour les réunions d’urgence entre Orange et la Ficome ont été mis en place. Via le numéro vert, Orange a enregistré 44 nouveaux installateurs en deux mois ! Au début, le numéro rouge a bien fonctionné, puis, il n’y a plus eu de cas. Cela vient aussi du fait que beaucoup d’intégrateurs ne veulent pas se mettre à dos l’opérateur historique. Et pour cause. L’un de nos intégrateurs adhérents a indiqué que sur les 34 salariés que comptait son entreprise, 32 travaillaient en sous-traitance pour France Telecom. En 2011, Orange va réduire le nombre de ses sous-traitants pour travailler avec les plus gros. Ce qui ne manquera pas d’occasionner des dégâts chez les intégrateurs. Ceux-là devront se diversifier. ❚ Quel regard portez-vous sur cette tendance qui pousse les intégrateurs à proposer des services d’opérateur ? A Lyon, nous avons fait un atelier sur la marque blanche, avec un grand succès. On en a profité pour présenter Hub télécom. Je conseille deux choses. Première solution : nouer des partenariats forts avec un ou deux opérateurs et distribuer leurs produits. Soit, deuxième solution, devenir opérateur de marque blanche. Au niveau du SIP Trunking, je pense qu’il faut faire attention. Il y a les mauvais opérateurs et les bons. Les mauvais sont la somme du rachat de différentes sociétés avec des technologies très différentes. Les bons, qui ont grandi avec une technologie très couteuse peuvent faire des mises à jour logicielles en temps réel sans coupure sur le réseau. Il faut prendre le temps de choisir et de rencontrer son ou ses opérateurs. ❚ Les offres fibres de la part de gros et de petits opérateurs se multiplient. Le très haut débit peut-il être une opportunité pour les installateurs-intégrateurs ? Les poseurs de fibre au niveau local son très nombreux. La valeur ajoutée pour l’intégrateur réside dans l’ajout de services à valeur ajoutée, notamment pour le maintien des personnes à domicile, l’univers médical et le télétravail à très haute performance. Demain, quand la fibre optique arrivera chez l’abonné, il sera important de développer des solutions pour, par exemple, surveiller une personne à la maison. La vidéo sur IP constitue un autre relais de croissance. Ces derniers temps, les actes de cambriolage ont très fortement progressé. Les particuliers veulent eux aussi de la vidéo sur IP, tout comme les travailleurs isolés. Ça évite notamment de doubler les postes. Les travailleurs sont géolocalisables. Pour les professions libérales, comme les médecins et les infirmières, le très haut débit et les solutions liées apportent une protection supplémentaire. Pour le transport routier, le camion et le chauffeur peuvent être localisés. Une intervention en temps réel est même possible. Il y a une grosse demande. ❚ Ou en êtes-vous dans votre lutte contre le SAE (Service des achats de l’Etat) ? Depuis le mois de février, le ministère des Finances a freiné des quatre fers. Bercy a assuré que le SAE ne s’attaquerait pas aux métiers de la santé ni aux collectivités locales. C’est une belle victoire. Le secteur public représente tout de même 90 % du chiffre d’affaires de certains intégrateurs en région. ❚ Quels sont les grands chantiers sur lesquels vous travaillez ? Trois chantiers vont nous occuper dans les prochains mois. Le premier, c’est l’accompagnement de Cisco dans le lancement d’une offre particulièrement dédiée au bas du marché, avec un système de certification décerné à l’entreprise et pas seulement à un ou deux salariés qui pouvaient ensuite partir ailleurs monnayer leurs nouvelles compétences. Cette « D’une manière générale, les gens savent que la Ficome est de retour. Pour deux raisons, notamment. La première réside dans notre rôle de syndicat, à ce titre, nous défendons les droits de nos affiliés. La seconde tient dans un mot : le business ». offre est présente sur le marché français depuis le mois de mai. Notre deuxième chantier consiste à faire venir dix entreprises à IP Convergence. La recherche est notre troisième chantier. Nous collaborons avec des éditeurs et des constructeurs qui vont s’implanter ou qui visent nos adhérents pour distribuer leurs technologies. C’est le cas de RIM [le fabricant du BlackBerry], qui souhaite placer notamment ses serveurs de messagerie dans les PME via nos adhérents. Dans ce but, nous avons travaillé avec les développeurs et les intégrateurs de RIM. Nous avons plusieurs autres dossiers en cours. ❚ Comment voyez-vous l’évolution du marché dans son ensemble ? Nous avons été sur une pente de perte d’activité, synonyme de crise. Mais depuis le mois d’avril, il y a un frémissement. On voit ressortir les gros projets, et les acteurs du financement (comme GE Capital) ou de la logistique (TNT), qui sont en amont, donc en avance sur les cycles, recommencent à travailler avec le secteur, c’est la preuve d’un léger mieux. ■ 19 Le Journal des télécoms N°210 Juin 2010

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Silvano Trotta, président de la Ficome<br />

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Elu sur un score de 100 %<br />

pour un deuxième mandat<br />

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Silvano Trotta, après avoir<br />

enrayé la baisse du nombre<br />

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organisation, évoque les<br />

changements et les succès<br />

obtenues sous sa<br />

présidence, détaille les<br />

chantiers à venir et fait<br />

part de son désir de<br />

s’attaquer à un acteur des<br />

télécoms aux prétentions<br />

démesurées : Orange.<br />

Propos recueillis par<br />

Ariel Gomez et Thomas Pagbe<br />

❚ Quel bilan tirez-vous de votre première<br />

année de mandat ?<br />

Je me suis présenté avec l’objectif d’être présent à<br />

mon poste. Etre président de la Ficome nécessite,<br />

avec les nouveaux statuts, d’être présent au moins<br />

une quarantaine de jours par an. Trop de présidents<br />

ne venaient que quelques jours par an. Résultat : le<br />

nombre d’adhérents a chuté. Lorsque je me suis<br />

présenté la première fois, c’était avec l’objectif de<br />

faire progresser le nombre d’adhérents, sous peine<br />

de ne pas me représenter. Jusqu’au mois de<br />

novembre de l’année dernière, le nombre<br />

d’adhésions était en baisse. Après cette date, la<br />

tendance c’est inversée. Nous n’avons déploré<br />

qu’une seule défection.<br />

D’une manière générale, les gens savent que la<br />

Ficome est de retour. Pour deux raisons,<br />

notamment. La première réside dans notre rôle de<br />

syndicat, à ce titre, nous défendons les droits de<br />

nos affiliés. La seconde tient dans un mot : le<br />

business. La plupart de nos adhérents ne dispose<br />

pas de service marketing. <strong>Le</strong> salon IP Convergence<br />

représente pour la plupart d’entre eux la seule<br />

journée de marketing. Nos adhérents ne prennent<br />

pas le temps de savoir comment ils doivent<br />

travailler, ni vers qui ils doivent se tourner pour les<br />

questions liées aux commutateurs, au réseau ou à<br />

la data. D’où notre rôle. Nous effectuons des veilles<br />

technologiques.<br />

❚ Combien comptez-vous d’adhérents à ce<br />

jour ?<br />

Nous avons environ 400 adhérents et nous gérons<br />

le dossier Finistel (fichiers qui regroupe les<br />

installateurs et les intégrateurs), qui compte à peu<br />

près 3200 sociétés. Nous avons dépoussiéré ce<br />

fichier de manière progressive, par tranches de<br />

20 %. Nous avons également cherché à renseigner<br />

ce fichier, connaître les entreprises et connaître le<br />

matériel qu’elles vendent. <strong>Le</strong>s clients finaux qui<br />

nous appellent veulent avoir plus de<br />

renseignements sur leurs installateurs pour<br />

différentes raisons. Lors du rachat d’une entreprise<br />

par exemple, le nouveau propriétaire ne connaît pas<br />

leur installateur. Ils nous demandent de les aiguiller.<br />

On peut les envoyer vers un adhérent situé dans un<br />

rayon de 50 km de chez eux. Si en cas de panne, on<br />

lui envoyait un installateur spécialisé Alcatel alors<br />

qu’il utilise du matériel Panasonic, cela ne sert à rien.<br />

❚ Vous avez lancé le concept des<br />

« Matinales », ces rencontres où vos<br />

adhérents peuvent découvrir des nouveaux<br />

segments de marché et de nouveaux<br />

acteurs. Etes-vous satisfait des résultats ?<br />

<strong>Le</strong>s « Matinales » sont conçues pour faire du<br />

business et pour répondre à des thématiques bien<br />

précises. Par exemple, lorsque nous avons organisé<br />

la toute première matinée autour du secteur<br />

hospitalier, il s’est avéré que beaucoup de nos<br />

adhérents ne connaissait pas les sociétés que nous<br />

avons présenté. Il y a eu des contacts en direct<br />

pendant, et plus encore après la réunion. Ces<br />

« Matinales » génèrent un flux d’affaires important,<br />

mais qui reste difficile à quantifier exactement.<br />

Nous observons les résultats différemment. A la fin<br />

de l’année notamment, nous ajoutons une nouvelle<br />

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