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JDT212-P36-37-interview OkTP:JDT 26/08/2010 18:58 Page 36<br />
Interview<br />
les gens & les chiffres<br />
David El Fassy, Président d’Altitude Infrastructure<br />
AItitude Infrastructur<br />
à laconquête des collecti<br />
Structure issue de la « séparation fonctionnelle » des<br />
activités de services télécoms et d’infrastructure au sein<br />
d’Altitude Télécom, Altitude Infrastructure, sous la<br />
direction de David El Fassy, se positionne comme un<br />
partenaire aménageur des collectivités « expert en<br />
ruralité », qui oppose à la notion de « subvention » des<br />
déploiements THD celle d’un investissement profitable<br />
pour les territoires.<br />
❚ Quelles sont les raisons qui ont poussé le<br />
groupe Altitude à créer une activité<br />
infrastructure ?<br />
Plusieurs raisons expliquent cette démarche.<br />
D’une part, Jean-Paul Rivière – fondateur et<br />
principal actionnaire du groupe Altitude Télécom -<br />
commence à préparer sa retraite. Dans ce cadre,<br />
les activités infrastructure et services n’étant pas<br />
liés, il apparaissait plus logique de les dissocier.<br />
D’autre part, j’avais fait part à J.P. Rivière de mes<br />
aspirations à mener ma propre aventure. Il m’a<br />
proposé de prendre la présidence d’Altitude<br />
Infrastructure. C’est un pari d’autant plus<br />
intéressant qu’il faut maintenant commercialiser<br />
auprès des opérateurs de services les nombreux<br />
RIP (Réseaux d’Initiative Publique) construits par<br />
la société. De par mon expérience passée chez<br />
Altitude Télécom, j’ai une certaine connaissance<br />
de cette question.<br />
❚ Avez-vous déposé des dossiers de<br />
candidature dans le cadre de l’appel à<br />
projets lancé par Nathalie Kosciusko-<br />
Morizet pour les tests de déploiement du<br />
THD dans les zones 2 et 3 ?<br />
La procédure a pris du retard. <strong>Le</strong> cahier des<br />
charges n’est pas sorti début juillet mais mi-août,<br />
et les réponses sont attendues le 5 octobre et<br />
non le 31 juillet. La démarche consiste à regarder<br />
à travers ces projets pilotes comment déployer de<br />
la fibre optique dans les zones moins denses<br />
selon les différentes techniques de génie civil :<br />
traditionnelle, micro tranchées, réutilisation des<br />
fourreaux de FT, en appui aérien, en façade... Cet<br />
appel à projets concerne 500 K€ par projet sur<br />
cinq projets, financés par le Grand Emprunt.<br />
Ensuite, il faut voir ce que les collectivités sont<br />
prêtes à investir. A ce jour, plusieurs collectivités<br />
se sont adressées à nous. Nous allons lancer un<br />
projet pilote avec la Lozère, qui est le<br />
département le moins peuplé de France. Nous<br />
tablerons sur un village où nous allons proposer<br />
de connecter environ 600 prises. Un point<br />
pourrait cependant nous gêner : l’appel à projets<br />
mentionne la nécessité de deux opérateurs<br />
nationaux de services sur le réseau. Or, ces petits<br />
réseaux n’intéressent pas les grands opérateurs.<br />
Ces derniers militent pour avoir accès à des offres<br />
passives, mais dans les territoires ruraux, comme<br />
il n’y aura pas suffisamment de volume, ils n’iront<br />
pas, car cela leur coûte trop cher. Nous leur<br />
proposons donc des offres actives, mais ils nous<br />
disent vouloir rester sur du passif. Notre stratégie,<br />
en zone rurale, est donc de proposer des offres<br />
activées pour les petits volumes. Ce type d’offres<br />
attirera plutôt les petits opérateurs. Dans les 10<br />
ans à venir, il se passera dans la fibre la même<br />
chose que dans l’ADSL : il y aura d’abord des<br />
petits acteurs qui partiront dans tous les sens,<br />
puis, une fois le modèle trouvé, une phase de<br />
concentration où les gros reprennent le marché.<br />
❚ Qu’attendez-vous de ces projets ? En<br />
quoi votre approche se différentie-t-elle<br />
de celles de vos concurrents ?<br />
Je souhaite que nous testions de vrais projets<br />
pilotes. <strong>Le</strong>s fameux 34 lauréats du fonds FEADER<br />
[distribués par Michel Mercier et NKM, cf. JDT<br />
211], c’est faire du neuf avec du vieux. <strong>Le</strong>s<br />
sommes ont été attribuées à des projets votés un<br />
an et demi ou deux ans en avance. L’originalité de<br />
notre approche en matière d’aménagement<br />
numérique, c’est de dire aux collectivités que tout<br />
euro investi génère un retour sur investissement<br />
pour le territoire. Il faut arrêter de parler de<br />
subventions ! Nous pensons que, dès qu’une<br />
collectivité investit dans sa couverture numérique,<br />
75 % de cette somme doit être dédiée au THD et,<br />
éventuellement, 25 % aux solutions<br />
palliatives de montée en débit. Cela<br />
peut se faire par le cuivre. <strong>Le</strong>s grands<br />
opérateurs ont tellement investi dans<br />
leurs NRA et dans le dégroupage qu’ils<br />
ont besoin de six ou sept ans pour avoir<br />
un retour sur investissement. C’est<br />
pourquoi ils avancement lentement sur<br />
la fibre ; ils ont besoin de préserver<br />
leurs revenus sur le cuivre. C’est<br />
notamment le cas pour France Télécom,<br />
qui fait plus de 2 milliards par an de<br />
revenu net sur le cuivre à l’échelle<br />
nationale.<br />
❚ Quelle est la technologie de déploiement<br />
la plus adaptée aux territoires ruraux ?<br />
En ruralité, le déploiement aérien sera la solution<br />
la mieux adaptée pour y arriver. On peut<br />
s’appuyer sur les réseaux électriques, via les<br />
syndicats électriques ou via les poteaux de<br />
« L’originalité de notre approche en matière d’aménagement<br />
numérique, c’est de dire aux collectivités que tout euro<br />
investi génère un retour sur investissement pour le<br />
territoire. Il faut arrêter de parler de subventions ! »<br />
l’opérateur historique. Mais il faut pour cela que<br />
l’Arcep légifère sur une offre de location des<br />
infrastructures de France Télécom en campagne.<br />
Ces réseaux étant un peu éloignés des grands<br />
réseaux de collecte des opérateurs, nous<br />
proposons de réaliser en faisceau hertzien (FH)<br />
des réseaux de collecte THD qui permettent<br />
d’atteindre les villages. Ensuite, sur place tout est<br />
<strong>Le</strong> <strong>Journal</strong> des télécoms N°212 Septembre 2010<br />
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