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JDT207-P26-PDVID Janus OKAG:POINT de VUE IDEES 03/05/2010 16:15 Page 34 Point de vue les gens & les chiffres Services réseau En finir avec la dictature du triple play La rivalité commerciale qui anime les différents opérateurs français s’exprime à coup de surenchères en matière de services liés aux équipements qu’ils proposent. Sans mésestimer le confort, l’ergonomie et la richesse de ces offres, on est tout de même en droit de s’interroger : tous les Français en ont-ils besoin ? Et d’ailleurs, ceux qui ont souscrit à ces offres tripleplay, les utilisent-ils réellement ? Grâce à la TNT, le triple-play est désormais de plus en plus présent dans chaque foyer. Par ailleurs, les téléphones portables sont devenus un bien de consommation courante; dès lors le triple-play convient-il à tout le monde ? D’autre part, l’omniprésence d’offres triple play nuit à toutes les autres offres, et notamment à celle qui est encore pour un grand nombre de nos concitoyens un luxe ou un privilège : l’accès à Internet à haut débit. Proposer simplement cet accès n’est ni une tâche ingrate ni une offre au rabais, c’est au contraire une quasi-nécessité qui conduit à résorber la fracture sociale numérique. C’est la raison pour laquelle tous les opérateurs qui participent à cette entreprise doivent être encouragés. Le Triple Play, une offre qui a rencontré un succès grandissant Favorisées par le développement de la technologie ADSL, les offres Triple Play (accès Internet à haut débit, télévision et téléphonie fixe) sont proposées par de nombreux opérateurs. Avec une ligne fixe, il est désormais possible de surfer sur Internet, de téléphoner et d’avoir accès à une offre télévisuelle pléthorique, à laquelle il convient d’ajouter toute une palette de services superflus. Naturellement, l’ensemble de ces offres sont disponibles dans les zones qui sont éligibles et destinées à des foyers susceptibles d’y consacrer entre 30 et 40 euros chaque mois. Elles sont conçues commercialement à destination d’une catégorie particulière de la population. Pourtant, ce succès s’accompagne de quatre effets. En premier lieu, les offres Triple Play sont les seules possibles pour obtenir une connexion Internet à haut débit satisfaisante. Il n’y a pas d’autre alternative que de souscrire à une offre couteuse. Deuxièmement, les politiques commerciales et les objectifs des opérateurs les conduisent à prévoir des plans de déploiement privilégiant les zones à fort potentiel économique. Vouloir Internet à haut débit signifie donc n’avoir ni le choix de l’offre ni la possibilité de faire jouer la concurrence. Troisièmement, 71,1 % des foyers équipés d’une box n’utilisent pas les trois fonctionnalités « Il faut revenir à une notion fondamentale : l’accès à l’Internet à haut débit n’est pas un pis-aller des offres Triple Play. Avoir accès à Internet, c’est pouvoir se connecter au monde entier, télécharger de la musique, acheter, revendre, chercher un emploi, regarder des images, etc ». (Institut GfK et Médimétrie 2008). Cela signifie que leur motivation d’achat n’était pas l’utilisation du package complet. On peut supposer que s’ils en avaient eu la possibilité, ils auraient choisi les fonctionnalités qui correspondaient à leurs réels besoins. Et si l’on en croit une autre étude Médiamétrie de 2008, les principaux usages sont étonnamment simples : recherches sur la toile (91 %), échange de mails (80 %), messagerie instantanée (50 %). Pour finir, selon une étude du Crédoc (juin 2009), 62 % des foyers aisés utilisent leurs abonnements à Internet pour téléphoner. Seuls 22 % des ménages dont le revenu mensuel est inférieur à 900 euros s'offrent un abonnement Internet. Ils se contentent souvent d'un téléphone mobile à carte prépayée, une solution pourtant plus chère à la minute. Ces constats imposent la conclusion évidente qu’il est nécessaire de proposer des solutions alternatives permettant un accès simplifié, des coûts d’accès maîtrisés et une véritable concurrence. D’autres solutions pour un usage simple, peu coûteux et pour tous Il ne s’agit pas ici d’évoquer les améliorations ou les évolutions qu’il peut paraître pertinent d’apporter aux différentes offres Triple Play des opérateurs ; laissons-leur le soin de mener leur politique marketing, commerciale et technique. Il s’agit plutôt d’évoquer les moyens permettant à tous les français qui veulent bénéficier de l’Internet à Haut Débit de ne plus être contraints d’utiliser des solutions inadaptées à leurs besoins ou à leur budget. La technologie WiFi est incontestablement une piste. Cette technologie, désormais maîtrisée par les industriels, permet la connexion simple en haut débit et sans fil de tout équipement WiFi. Par ailleurs, nous sommes convaincus qu’il est possible d’opposer aux schémas traditionnels de l’opportunité commerciale d’une zone ou d’une cible, une approche globale, en partenariat avec les gestionnaires de logements. Par ailleurs, le nombre d’ap- partements connectés permet de réduire considérablement le coût individuel. Ajoutons à cela que le souhait de recentrer l’offre sur la seule fourniture d’Internet à haut débit, allège considérablement les coûts. Le simple accès à Internet n’est pas une offre au rabais Il faut revenir à une notion fondamentale : l’accès à l’Internet à haut débit n’est pas un pis-aller des offres Triple Play. Avoir accès à Internet, c’est pouvoir se connecter au monde entier, télécharger de la musique, acheter, revendre, chercher un emploi, regarder des images, etc. Concernant l’offre télévisuelle, c’est se tourner vers les 18 chaînes de TNT délivrées gratuitement, et pour passer des appels, utiliser son téléphone portable. Finalement, c’est le retour aux fondamentaux, tout en ayant la satisfaction d’apporter une solution à coût maîtrisé qui fonctionne et répond totalement aux attentes des déshérités de l’Internet. Et affirmer, avec eux, que l’accès à Internet à haut débit n’est ni un luxe ni un privilège. ■ Par Guillaume Saint Pierre L’auteur Guillaume Saint Pierre Directeur des Opérations de Janus Télécom Le Journal des télécoms N°207 Mai 2010 26
JDT207-P27-PDVID BP1 okTP:POINT de VUE IDEES 03/05/2010 16:17 Page 27 Services mobiles Réalité augmentée, plongée en apnée numérique La réalité augmentée (ou RA) est une tendance majeure de l’internet mobile en 2010. Elle consiste à enrichir la réalité de manière interactive et en temps réel, en superposant des informations virtuelles à la réalité sur l’écran – via la caméra d’un mobile par exemple. L’utilisateur découvre une nouvelle manière d’interagir avec son environnement, de s’informer et d’y être immergé. Du fait de l’étonnement spontané qu’elle génère, la réalité augmentée suscite un réel engouement. Sur l’écran tactile d’un téléphone, une brochure imprimée donne vie à un produit interactif en 3D manipulable à l’envie. Elle permet de s’habiller virtuellement, ou d’indiquer le chemin virtuel jusqu’au métro le plus proche. Ces applications se développent d’abord autour de la géolocalisation. L'adoption massive des smartphones est le terrain idéal pour ces technologies permettant d'enrichir le réel d'informations contextuelles issues de bases de données. Les champs d’application sont nombreux : jeux vidéo, éducation, formation, santé, commerce, industrie, culture, architecture, publicité. Ludique et interactive, la réalité augmentée est un atout dans la communication des marques : elle propose de « partager une expérience qu’on vit ». Elle permet de renforcer l’adhésion aux offres. Dans les secteurs industriels, elle ouvre la voie à de nouveaux outils de conception, de formation et d’assistance à la manipulation pour un gain de temps et une réduction des coûts. Nombreux services, plusieurs modèles économiques La réalité augmentée est un levier de référencement en affichant des informations ciblées et localisées. Les éditeurs de services gèrent en temps réel une sphère d’information dense créant un écosystème riche et facile à manipuler. L’enjeu commercial consiste à adapter ces univers interactifs au gré des manipulations et à en valoriser les usages. A terme, la pérennisation de ces services passera par des modèles éditoriaux spécifiques et l’intégration dans les médias établis. A la frontière des modèles de valorisation numérique et des services physiques, les modèles économiques envisagés sont multiples : marketing viral, démonstration virtuelle, outils d’aide à la manipulation, édition de contenus enrichis, services d’information. Les analystes promettent un bel avenir au marché de ces applications - plusieurs centaines de millions de dollars de revenus d’ici 2014 - avec des revenus générés par le téléchargement d'applications payantes, les abonnements à des services, le référencement ou la publicité... Pour se démocratiser, l’interactivité du service doit prendre le pas sur la dimension technologique et sur les enjeux liés aux interfaces. La réalité augmentée doit passer le cap d’une guerre de standards et trouver des réponses aux limitations actuelles : déploiement et compatibilité des terminaux, capteurs intelligents, qualité des données de géolocalisation, capacités de traitement de l’information et de modélisation des résultats. Les canaux de distribution virtuels sont des places de marché (app store), « La réalité augmentée doit passer le cap d’une guerre de standards et trouver des réponses aux limitations actuelles : déploiement et compatibilité des terminaux, capteurs intelligents, qualité des données de géolocalisation, capacités de traitement de l’information et de modélisation des résultats ». des portails web-mobiles ou via des applications préembarquées dans les terminaux. Des packs ciblés et l’actualisation payante de contenus génèrent des revenus récurrents, en complément des modèles publicitaires et de marketing direct actualisés. Les manipulations des utilisateurs permettent une discrimination intuitive pour orienter l’acte d’achat face à la surabondance de l’offre. Les référentiels d’informations géographiques (SIG) sont aussi des actifs stratégiques valorisables avec des offres packagées pré-embarquées, incluant la géolocalisation et les services de cartographie. Ils assurent l’exclusivité du service et le contrôle de sa distribution. Encore des limites La part critique de l’ergonomie de ces applications, la multiplicité des canaux et des environnements de développement incitent les marques à se reposer sur des Jean Michel Huet Senior Manager, BearingPoint Nicolas Le Berre Consultant, BearingPoint Matthieu de Broca Consultant, BearingPoint Vincent Vaudour Consultant, BearingPoint Les auteurs tiers intégrateurs avec une forte expertise technique. Au-delà de la dimension technologique, cet environnement hybride amène à s’interroger sur le renouvellement des pratiques créatives et de conception. De nombreux objets seront des points d'entrée d’un écosystème mêlant réel et virtuel. Les applications devront tendre vers une dématérialisation et une connectivité grandissantes pour contrôler et mettre à jour ces données sur la durée et sans contrainte pour les utilisateurs: applications hébergées dans le nuage, hébergement des données et de la navigation. La réalité augmentée est à l’intersection d’expertises des opérateurs et constitue un réel potentiel de croissance par la fourniture de services ciblés. Preuve en est, avec IssySpot, la ville d’Issy-les-Moulineaux et Orange proposent un service multi plate-forme de réalité augmentée intégrant les principaux Points d’Intérêts de la ville (transports, entreprises, administrations). L’intégration des services de l’opérateur permet d’enrichir l’expérience en ligne de contenus personnels, en s’appuyant sur des modèles économiques existants (référencement, publicité, contenu). La frontière entre science fiction et réalité - même augmentée – se réduit à vue d’œil mais elle reste est encore grande : l’impossibilité de localiser en lieux fermés ou « dans les 5 derniers mètres » est un défi au « tout augmenté ». Autre exemple, malgré les efforts de Google (projet Google Goggles) ou de TAT augmented ID, la reconnaissance automatique de visage ne permet pas encore d‘identifier une personne dans une foule en affichant ses informations de profils issus de réseaux sociaux. Cette éventualité pose par ailleurs la question de son acceptation sociale par le public.■ Par Jean Michel Huet, Matthieu de Broca, Nicolas Le Berre et Vincent Vaudour 27 Le Journal des télécoms N°207 Mai 2010
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