POS - Ixarm

POS - Ixarm POS - Ixarm

11.03.2014 Views

Domaine 7 pendant encore plusieurs décennies la seule menace biologique significative. Certaines souches peuvent être particulièrement virulentes, résister aux antibiotiques disponibles, ou être furtives vis-à-vis de certains dispositifs de détection et de diagnostic. Les toxines d’origine biologique sont dites du spectre intermédiaire. Ce sont des armes chimiques issues d’un organisme vivant et incapables de se multiplier. Elles doivent être abordées à la fois par des chimistes et par des biologistes. 3. LA MENACE NUCLÉAIRE- RADIOLOGIQUE La fin de la guerre froide s’est accompagnée d’une modification radicale dans le domaine du risque nucléaire et radiologique avec une montée en puissance du danger d’action terroriste pouvant néanmoins conduire à un contexte accidentel de grande envergure impliquant de nombreuses victimes. Certaines lacunes capacitaires dans le domaine des contre mesures thérapeutiques existent toujours à ce jour en dépit des décennies précédentes de recherche. ORIENTATIONS SCIENTIFIQUES 1. PROTECTION PHYSIQUE INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE Les armes chimiques pourront agir par tout point de contact et les équipements de protection physique ont été développés en fonction de ces critères. Les armes biologiques agiront généralement après ingestion ou inhalation. La prise en compte plus forte du risque biologique justifie donc d’envisager la protection de façon différente. La protection collective soulève un certain nombre de difficultés notamment dans le domaine de la menace biologique lorsque, par exemple, un agent biologique est introduit de façon non intentionnelle sur un site ou dans une installation (via notamment un personnel déjà contaminé par un agent infectieux, entrant en phase asymptomatique, question bien connue de la mise en quarantaine). L’élargissement du spectre de la menace au domaine biologique pourra nécessiter une adaptation des moyens de protection individuelle. Par exemple, les difficultés propres à la détection biologique au moins sous sa forme actuelle font que taux d’alerte et délai de levée d’alerte risquent d’imposer une durée de port de masque importante. Les masques devront être améliorés afin de pouvoir être portés pendant des périodes plus longues (tenues de protection légères, ventilées, etc.). De nouveaux filtres devront être mis au point tirant parti de nouvelles techniques de destruction ou de capture de particules biologiques. De nouveaux matériaux, tels que des textiles fonctionnalisés avec des propriétés auto-décontaminantes, pourront être développés. Des synergies avec les travaux réalisés dans le domaine civil pour contrer les risques de pandémies virales pourront être recherchées. La prévention de la pénétration des toxiques chimiques demeure le meilleur moyen de protection. Le développement de topiques cutanés capables d’accroître la protection individuelle dans des circonstances particulières est une réponse intéressante. Ces topiques pourront de plus contenir des composés actifs en mesure de dégrader les toxiques. Les avancées dans le domaine des nanotechnologies appliquées à la neutralisation de toxiques pourront être mises à profit. 2. DÉTECTION ET DIAGNOSTIC La détection vise à déterminer l’arrivée ou la présence de substances toxiques ou infectieuses, et se compose d’une capacité d’alarme signifiant la présence d’un danger, et de levée d’alarme. Plusieurs différences de fond entre agents biologiques et chimiques impliquent une prise en compte technologique adaptée et non nécessairement similaire : grande complexité des micro-organismes par rapport aux agents chimiques, variabilité génétique et antigénique d’un agent biologique (comparée à la structure définie d’une molécule), présence naturelle de micro-organismes dans l’environnement (bruit de fond important pouvant leurrer une technologie), doses létales massiques extrêmement faibles et contagion possible ... Pour le domaine chimique, l’alarme doit en règle générale pouvoir être donnée en quelques minutes voire secondes sous peine d’effets difficilement réversibles. Dans le domaine biologique, compte tenu des délais d’incubation et des possibilités de thérapeutique post-exposition, une alarme donnée dans les heures qui suivent l’exposition pourra encore être extrêmement utile. Les objectifs à long terme dans le domaine de la détection sont la mise au point de détecteurs d’alerte biologique de sensibilité et de spécificité satisfaisantes, capables de réaliser des analyses en continu et de répondre en quelques minutes avec un taux négligeable de fausses alertes et une sensibilité compatible avec le risque. Dans ce domaine, la miniaturisation sera essentielle (voir chapitre nanotechnologies). Il s’agit d’objectifs scientifiquement et technologiquement très ambitieux à fort potentiel en termes d’innovation duale. La détection biologique est une priorité majeure. Deux possibilités semblent intéressantes pour détecter le risque aérosol : une détection générique d’un aérosol biologique comme étant artificiel, ou l’identification proprement dite d’un agent pathogène. La première nécessiterait de trouver des « observables » ad hoc permettant d’atteindre une spécificité et une sensibilité suffisantes. Pour la deuxième, les principales voies de recherche portent sur la détection de matériel génétique (technologies de l’ADN), la détection de caractéristiques de surface des microorganismes recherchés (anticorps et équivalents), ou l’analyse de l’ensemble des constituants pour produire des spectres spécifiques (spectrométrie de masse). Ces technologies doivent viser à améliorer les paramètres suivants : sensibilité, spécificité, multi- 52 POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012

plexage( 17 ), rapidité, limitation ou absence de réactifs, processus en flux permettant une surveillance continue, portabilité et coûts. Il serait évidemment souhaitable à terme de développer des appareils intégrant à la fois des capacités de détection B et C tout en sachant que la nature intrinsèquement très différente des agents B et C ne facilite pas cet objectif. Le diagnostic est une problématique différente qui ne peut toutefois être dissociée complètement ni de la détection, ni des contre-mesures médicales. D’une part, les technologies applicables sont souvent communes et, d’autre part, la capacité à réaliser un diagnostic très précoce si possible avant l’apparition des symptômes pourrait constituer d’une certaine façon une détection de dernier recours (dans laquelle la cible, humaine, animale ou végétale, est une sentinelle). Le diagnostic est un domaine majeur de la recherche biomédicale. Les spécificités du besoin de défense dans ce domaine sont le diagnostic très précoce, ainsi que le diagnostic d’agents infectieux qui, par ailleurs, intéressent assez peu le secteur civil en termes de santé publique mais auquel les troupes en opération peuvent être exposées. Ces outils diagnostics devraient pouvoir être mis en œuvre sur le terrain par un personnel non nécessairement médical. Dans le domaine radiologique, on peut noter que le déploiement sur le terrain d’outils de diagnostic précoce d’une exposition externe à des rayonnements ionisants dans le cas de scénarios de sources radiologiques intentionnellement cachées ou de bombe sale est également nécessaire. 3. IDENTIFICATION ET FILIÈRE DE LA PREUVE Les rôles respectifs des laboratoires de terrain et des laboratoires d’expertise en défense biologique, chimique et radiologique sont susceptibles d’évoluer, en fonction de la miniaturisation des équipements, et de l’amélioration des moyens de communication et d’échange d’informations (via par exemple l’assistance à distance des équipes de terrain par les laboratoires experts : biologistes, chimistes, microbiologistes). Il est probable que les capacités de génotypage ou de séquençage de premier niveau d’agents biologiques (identification au niveau de la souche) actuellement considérées comme étant du domaine du laboratoire de soutien pourront passer dans le domaine du laboratoire de terrain avec la disponibilité croissante de technologies adaptées. Le laboratoire de soutien devra pour sa part maîtriser des analyses qui deviennent possibles grâce notamment aux nouvelles technologies de séquençage massif des acides nucléiques présents dans un échantillon complexe parfois sous forme de traces dégradées. ( 17 ) Capacité à rechercher simultanément plusieurs agents plutôt qu’un seul. La mise en évidence de l’exposition à des toxiques chimiques est indispensable dans un grand nombre de situations. Des indicateurs biologiques d’exposition existent pour différents toxiques d’intérêt (toxiques de guerre, toxiques industriels majeurs…). Ces indicateurs sont des éléments de preuve en cas d’utilisation agressive. Certains peuvent également servir au suivi des expositions professionnelles. Enfin, d’autres pourront permettre de mieux comprendre la physiopathologie de certaines atteintes. Le développement de nouveaux biomarqueurs et leur validation en fonction de l’objectif (simple preuve d’exposition ou pronostic d’évolution médicale par exemple) doivent être poursuivis. Dans le domaine radiologique, une priorité est de disposer du matériel nécessaire pour participer au réseau de laboratoires nationaux et OTAN de dosimétrie biologique des irradiés et pour identifier, automatiser et miniaturiser de nouveaux outils de diagnostic des expositions malveillantes aux rayonnements ionisants (cytogénétique, génomique et protéomique). 4. LUTTE CONTRE LA PROLIFÉRATION La priorité est le domaine biologique, plus récent, avec des problématiques très différentes de celles du risque chimique en termes de maîtrise des précurseurs et des procédés. Pour le moment au moins et pour un certain temps encore, les agents de la menace biologique notamment terroriste semblent devoir être des agents issus d’une sélection naturelle. Certaines souches pourront avoir été retenues pour leur caractère particulièrement virulent, leur résistance aux antibiotiques, voire leur furtivité vis-à-vis de certains moyens de détection. Alors que pour un microbiologiste de terrain il est théoriquement possible de trouver des souches de bactéries très pathogènes dans l’environnement (dans les zones endémiques), en pratique cette opération requiert une excellente connaissance de l’environnement. Par conséquent, les collections de souches de pathogènes dangereux doivent faire l’objet d’une attention particulière en termes de traçabilité des agents et plus généralement de bio sûreté, y compris en milieu hospitalier. Des avancées scientifiques et techniques dans ces domaines sont nécessaires pour faire émerger des outils performants et des standards, et les faire reconnaître dans le monde entier par les communautés des microbiologistes concernés et les institutions de contrôle. Figure 6.1 : Cartographie phylogéographique d’une espèce bactérienne pathogène grâce à l’étude de cohortes de patients Domaine 7 POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012 53

Domaine 7<br />

pendant encore plusieurs décennies la seule menace<br />

biologique significative. Certaines souches peuvent<br />

être particulièrement virulentes, résister aux antibiotiques<br />

disponibles, ou être furtives vis-à-vis de<br />

certains dispositifs de détection et de diagnostic.<br />

Les toxines d’origine biologique sont dites du<br />

spectre intermédiaire. Ce sont des armes chimiques<br />

issues d’un organisme vivant et incapables de se<br />

multiplier. Elles doivent être abordées à la fois par<br />

des chimistes et par des biologistes.<br />

3. LA MENACE NUCLÉAIRE-<br />

RADIOLOGIQUE<br />

La fin de la guerre froide s’est accompagnée d’une<br />

modification radicale dans le domaine du risque<br />

nucléaire et radiologique avec une montée en puissance<br />

du danger d’action terroriste pouvant néanmoins<br />

conduire à un contexte accidentel de grande<br />

envergure impliquant de nombreuses victimes. Certaines<br />

lacunes capacitaires dans le domaine des<br />

contre mesures thérapeutiques existent toujours à<br />

ce jour en dépit des décennies précédentes de recherche.<br />

ORIENTATIONS SCIENTIFIQUES<br />

1. PROTECTION PHYSIQUE<br />

INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE<br />

Les armes chimiques pourront agir par tout point de<br />

contact et les équipements de protection physique<br />

ont été développés en fonction de ces critères. Les<br />

armes biologiques agiront généralement après ingestion<br />

ou inhalation. La prise en compte plus forte<br />

du risque biologique justifie donc d’envisager la protection<br />

de façon différente.<br />

La protection collective soulève un certain nombre<br />

de difficultés notamment dans le domaine de la menace<br />

biologique lorsque, par exemple, un agent biologique<br />

est introduit de façon non intentionnelle sur<br />

un site ou dans une installation (via notamment un<br />

personnel déjà contaminé par un agent infectieux,<br />

entrant en phase asymptomatique, question bien<br />

connue de la mise en quarantaine).<br />

L’élargissement du spectre de la menace au domaine<br />

biologique pourra nécessiter une adaptation<br />

des moyens de protection individuelle. Par exemple,<br />

les difficultés propres à la détection biologique au<br />

moins sous sa forme actuelle font que taux d’alerte<br />

et délai de levée d’alerte risquent d’imposer une<br />

durée de port de masque importante. Les masques<br />

devront être améliorés afin de pouvoir être portés<br />

pendant des périodes plus longues (tenues de protection<br />

légères, ventilées, etc.). De nouveaux filtres<br />

devront être mis au point tirant parti de nouvelles<br />

techniques de destruction ou de capture de particules<br />

biologiques. De nouveaux matériaux, tels que<br />

des textiles fonctionnalisés avec des propriétés auto-décontaminantes,<br />

pourront être développés. Des<br />

synergies avec les travaux réalisés dans le domaine<br />

civil pour contrer les risques de pandémies virales<br />

pourront être recherchées.<br />

La prévention de la pénétration des toxiques<br />

chimiques demeure le meilleur moyen de protection.<br />

Le développement de topiques cutanés capables<br />

d’accroître la protection individuelle dans<br />

des circonstances particulières est une réponse<br />

intéressante. Ces topiques pourront de plus contenir<br />

des composés actifs en mesure de dégrader les<br />

toxiques. Les avancées dans le domaine des nanotechnologies<br />

appliquées à la neutralisation de<br />

toxiques pourront être mises à profit.<br />

2. DÉTECTION ET DIAGNOSTIC<br />

La détection vise à déterminer l’arrivée ou la présence<br />

de substances toxiques ou infectieuses, et se<br />

compose d’une capacité d’alarme signifiant la présence<br />

d’un danger, et de levée d’alarme. Plusieurs<br />

différences de fond entre agents biologiques et<br />

chimiques impliquent une prise en compte technologique<br />

adaptée et non nécessairement similaire :<br />

grande complexité des micro-organismes par rapport<br />

aux agents chimiques, variabilité génétique et<br />

antigénique d’un agent biologique (comparée à la<br />

structure définie d’une molécule), présence naturelle<br />

de micro-organismes dans l’environnement (bruit<br />

de fond important pouvant leurrer une technologie),<br />

doses létales massiques extrêmement faibles<br />

et contagion possible ... Pour le domaine chimique,<br />

l’alarme doit en règle générale pouvoir être donnée<br />

en quelques minutes voire secondes sous peine<br />

d’effets difficilement réversibles. Dans le domaine<br />

biologique, compte tenu des délais d’incubation et<br />

des possibilités de thérapeutique post-exposition,<br />

une alarme donnée dans les heures qui suivent l’exposition<br />

pourra encore être extrêmement utile. Les<br />

objectifs à long terme dans le domaine de la détection<br />

sont la mise au point de détecteurs d’alerte biologique<br />

de sensibilité et de spécificité satisfaisantes,<br />

capables de réaliser des analyses en continu et de<br />

répondre en quelques minutes avec un taux négligeable<br />

de fausses alertes et une sensibilité compatible<br />

avec le risque.<br />

Dans ce domaine, la miniaturisation sera essentielle<br />

(voir chapitre nanotechnologies). Il s’agit d’objectifs<br />

scientifiquement et technologiquement très ambitieux<br />

à fort potentiel en termes d’innovation duale.<br />

La détection biologique est une priorité majeure.<br />

Deux possibilités semblent intéressantes pour détecter<br />

le risque aérosol : une détection générique<br />

d’un aérosol biologique comme étant artificiel, ou<br />

l’identification proprement dite d’un agent pathogène.<br />

La première nécessiterait de trouver des «<br />

observables » ad hoc permettant d’atteindre une<br />

spécificité et une sensibilité suffisantes. Pour la deuxième,<br />

les principales voies de recherche portent<br />

sur la détection de matériel génétique (technologies<br />

de l’ADN), la détection de caractéristiques de surface<br />

des microorganismes recherchés (anticorps et<br />

équivalents), ou l’analyse de l’ensemble des constituants<br />

pour produire des spectres spécifiques (spectrométrie<br />

de masse).<br />

Ces technologies doivent viser à améliorer les paramètres<br />

suivants : sensibilité, spécificité, multi-<br />

52 POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!