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Domaine 7 Biologie et biotechnologies Gilles Vergnaud Responsable du domaine scientifique Thèmes • Analyse et évaluation du risque Connaissance des agents Filière de la preuve, lutte contre la prolifération • Détection, identification, diagnostic très précoce Collecte et analyse d’échantillons de terrain Mise en évidence d’une infection avant apparition des symptômes • Protection collective et individuelle des matériels et personnels Décontamination, contrôle de contamination, levée de risque • Contre-mesures médicales prophylactiques ou thérapeutiques Priorités 2011-2012 • Risque biologique, chimique, radiologique • Analyse d’un échantillon biologique ou chimique environnemental voire clinique L e domaine Biologie et biotechnologies traite de la menace nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC) et de la recherche en biologie pouvant présenter un intérêt particulier pour la défense. Il interagit avec l’intégralité des autres domaines. Certains thèmes présentent une synergie avec un programme ANR (autre que ASTRID). C’est le cas dans le département « biologie-santé » des programmes qui concernent l’étude des mécanismes de l’inflammation, les recherches sur les cellules souches ; dans le département « Ingénierie, procédés et sécurité », des actions qui concernent la lutte contre le terrorisme qui utiliserait des agents radiologiques, biologiques ou chimiques ; dans le département « Ecosystèmes et développement durable », des programmes qui concernent la génomique et la recherche de contaminants (notamment toxiques chimiques, toxines biologiques) dans l’environnement. L’époque actuelle est sans précédent en termes de progrès et d’innovation dans les sciences du vivant, transformant ainsi à la fois notre mode de vie et notre vision du monde. La production des connaissances est mondialisée, ces connaissances sont en accès libre. De multiples acteurs contribuent à ces progrès, que ce soit au sein d’institutions traditionnelles de recherche académique ou industrielle, ou que ce soit du fait d’initiatives privées. Cette effervescence de la recherche à différents niveaux est nourrie par le libre accès à l’information et aux ressources nécessaires. Elle est également nourrie du fait que la production de données notamment génétiques excède largement nos capacités d’analyse et d’interprétation, et que, par conséquent, une part croissante de travaux de recherche dans les sciences du vivant peut être faite en exploitant des données disponibles sans qu’il soit nécessaire de les produire soi-même. Il est essentiel compte tenu des nombreux défis auxquels les prochaines générations devront faire face dans le domaine de l’alimentation, de l’énergie, de la santé, et d’un développement durable, que cette liberté d’accès soit maintenue et encouragée. Il est également important de conserver à l’esprit que, à toute époque, certains ont essayé de tirer parti des nouvelles technologies à des fins répréhensibles. S’agissant des sciences du vivant, il importe de contrôler le risque qu’un mauvais usage puisse conduire à une contamination délibérée ou accidentelle qui provoquerait des maladies chez les humains, les animaux ou les plantes. La survenue de tels évènements serait lourde de conséquences sociales, politiques et économiques. L’édition 2008 du Livre blanc pour la défense et la sécurité souligne l’importance de se prémunir contre le risque d’actions terroristes visant les populations civiles. De telles actions dont l’impact médiatique serait inévitablement majeur pourraient être à même de paralyser certaines actions internationales de la France. Ainsi, alors que entre la fin de la seconde guerre mondiale et la fin des années 1980, les menaces radiologique, biologique et chimique étaient liées à des programmes étatiques conduits dans le cadre de la guerre froide, ces menaces sont considérées actuellement comme relativement réduites par rapport à celles d’actions terroristes. 50 POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012

Dans ce contexte, les orientations scientifiques du domaine visent en première priorité à améliorer nos capacités d’analyse, de détection et de restauration de capacités dans le domaine des risques biologique, chimique et radiologique. Défense et sécurité y sont indissociables. ENJEUX SCIENTIFIQUES POUR LA DÉFENSE ET LA SÉCURITÉ La satisfaction des objectifs indiqués précédemment requiert une capacité de surveillance appropriée et de préférence permanente dans les conditions compatibles avec une agression de type radiologique, biologique ou chimique. Cela se traduit notamment par des exigences en termes de portabilité, de mobilité, et d’adaptation aux conditions de l’environnement. Cette protection doit aussi pouvoir s’appliquer aux structures de soutien logistique et autres. À côté de ces besoins de moyens de surveillance opérationnelle, il importe de développer nos moyens d’investigation liés à la « lutte contre la prolifération » et visant à dissuader l’éventuel utilisateur de tels moyens d’agression. Enfin, de nombreuses similitudes existent dans la prise en compte du risque NRBC d’origine délibérée, accidentel ou naturel. Il n’existe pas de frontière entre ces différents aspects pour les risques infectieux auxquels les troupes en opération peuvent être exposées. Il sera donc essentiel de tirer parti de la dualité civile-militaire de ces problématiques. 1. LA MENACE CHIMIQUE Le potentiel d’une arme chimique dépend non seulement de la toxicité intrinsèque du produit, mais également de la simplicité de production, de sa stabilité, de sa dispersion, de son devenir dans l’environnement, etc. Bien que les armes chimiques fassent l’objet d’une convention d’interdiction avec mesures de contrôle, toutes les menaces d’origine étatique ne sont pas supprimées puisque quelques pays n’ont pas signé ou ratifié la convention et que terrorisme et conflits asymétriques doivent également être pris en compte. La menace terroriste chimique n’est pas dépendante de la mise au point d’armes à effet massif. Des moyens même artisanaux pourraient avoir des effets psychologiques et médiatiques importants. Enfin la réflexion sur la menace chimique ne peut ignorer les risques liés aux toxiques industriels auxquels les troupes françaises peuvent être confrontées ni ceux associés à de nouveaux incapacitants, profitant des avancées dans les connaissances en neurosciences et en thérapeutique humaine ou animale. Dans le cadre de la prise en compte d’une menace de cette dimension, comme de l’application et du renforcement des mesures de contrôle, il semble essentiel de favoriser les mesures telles que l’échantillonnage, la définition et l’analyse de biomarqueurs d’exposition, la protection plus efficace des individus (topiques cutanés, bioépurateurs) et la décontamination. Il y a un besoin également de nouvelles contre-mesures thérapeutiques immédiates plus efficaces au vu de la rapidité des effets des agents chimiques et parfois de l’absence de moyens de traitement étiologique. Ces contre-mesures devront prendre en compte les effets à court, moyen et long terme notamment en neuroprotection ou dans le domaine des brûlures chimiques susceptibles d’affecter non seulement la santé des individus exposés mais également de représenter un coût sociétal. 2. LA MENACE BIOLOGIQUE La convention d’interdiction des armes biologiques ne comporte pas, à la différence de la convention d’interdiction des armes chimiques, de mesures de vérification. Les deux raisons principales et concomitantes à l’origine de cette absence sont, d’une part, la difficulté intrinsèque de l’exercice, et, d’autre part, l’importance perçue par certains pays de protéger la confidentialité des travaux menés dans le secteur des biotechnologies. Les technologies pouvant permettre de réaliser des enquêtes sur site sont donc susceptibles de favoriser la mise en place de telles mesures. Toutefois, la menace bioterroriste n’est pas elle non plus dépendante de la mise au point d’armes biologiques à effet massif. Ici également des moyens même artisanaux pourraient avoir des effets psychologiques et médiatiques importants, compte tenu des craintes associées aux maladies infectieuses. Il importe d’identifier ce qui peut rendre moins attractif l’usage de l’arme biologique. L’une des caractéristiques majeures étant la discrétion, tout ce qui permettra de diminuer cette discrétion sera utile. On peut citer l’amélioration des moyens d’investigation de crimes biologiques supposés ou avérés, l’amélioration de la traçabilité des collections de souches, la connaissance de la diversité naturelle des pathogènes. Pour cette raison d’accessibilité, des microorganismes pathogènes considérés comme non pertinents en termes de menace militaire pourront l’être dans un contexte bioterroriste ce qui renforce l’importance de ne pas séparer la prise en compte du risque infectieux provoqué et naturel. La réflexion sur la menace biologique ne peut ignorer les risques liés au développement de microorganismes génétiquement modifiés et de la biologie de synthèse. Le spectre potentiel est évidemment très large. Cependant, la faisabilité de tels développements par quelques individus reste douteuse parce qu’il demeure le plus souvent impossible de prédire l’effet d’une modification génétique sur le comportement global d’un microorganisme, par exemple en termes de virulence. Toute modification génétique doit être testée pour vérifier que le microorganisme modifié a conservé ses caractéristiques pertinentes par ailleurs et la réalisation pratique de tels tests nécessite l’accès à des équipements de laboratoires et d’animaleries sécurisés conséquents. Pour ces raisons, la menace liée à l’utilisation de pathogènes produits par sélection naturelle semble devoir rester Domaine 7 POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012 51

Domaine 7<br />

Biologie et biotechnologies<br />

Gilles Vergnaud<br />

Responsable du domaine scientifique<br />

Thèmes<br />

• Analyse et évaluation du risque<br />

Connaissance des agents<br />

Filière de la preuve, lutte contre la prolifération<br />

• Détection, identification, diagnostic très précoce<br />

Collecte et analyse d’échantillons de terrain<br />

Mise en évidence d’une infection avant apparition des symptômes<br />

• Protection collective et individuelle des matériels et personnels<br />

Décontamination, contrôle de contamination, levée de risque<br />

• Contre-mesures médicales prophylactiques ou thérapeutiques<br />

Priorités 2011-2012<br />

• Risque biologique, chimique, radiologique<br />

• Analyse d’un échantillon biologique ou chimique environnemental voire clinique<br />

L<br />

e domaine Biologie et biotechnologies traite de<br />

la menace nucléaire, radiologique, biologique<br />

et chimique (NRBC) et de la recherche en biologie<br />

pouvant présenter un intérêt particulier pour<br />

la défense. Il interagit avec l’intégralité des autres<br />

domaines. Certains thèmes présentent une synergie<br />

avec un programme ANR (autre que ASTRID).<br />

C’est le cas dans le département « biologie-santé<br />

» des programmes qui concernent l’étude des mécanismes<br />

de l’inflammation, les recherches sur les<br />

cellules souches ; dans le département « Ingénierie,<br />

procédés et sécurité », des actions qui concernent la<br />

lutte contre le terrorisme qui utiliserait des agents<br />

radiologiques, biologiques ou chimiques ; dans le<br />

département « Ecosystèmes et développement durable<br />

», des programmes qui concernent la génomique<br />

et la recherche de contaminants (notamment<br />

toxiques chimiques, toxines biologiques) dans l’environnement.<br />

L’époque actuelle est sans précédent en termes de<br />

progrès et d’innovation dans les sciences du vivant,<br />

transformant ainsi à la fois notre mode de vie et<br />

notre vision du monde. La production des connaissances<br />

est mondialisée, ces connaissances sont en<br />

accès libre. De multiples acteurs contribuent à ces<br />

progrès, que ce soit au sein d’institutions traditionnelles<br />

de recherche académique ou industrielle, ou<br />

que ce soit du fait d’initiatives privées. Cette effervescence<br />

de la recherche à différents niveaux est<br />

nourrie par le libre accès à l’information et aux<br />

ressources nécessaires. Elle est également nourrie<br />

du fait que la production de données notamment<br />

génétiques excède largement nos capacités d’analyse<br />

et d’interprétation, et que, par conséquent, une<br />

part croissante de travaux de recherche dans les<br />

sciences du vivant peut être faite en exploitant des<br />

données disponibles sans qu’il soit nécessaire de<br />

les produire soi-même.<br />

Il est essentiel compte tenu des nombreux défis<br />

auxquels les prochaines générations devront faire<br />

face dans le domaine de l’alimentation, de l’énergie,<br />

de la santé, et d’un développement durable, que<br />

cette liberté d’accès soit maintenue et encouragée.<br />

Il est également important de conserver à l’esprit<br />

que, à toute époque, certains ont essayé de tirer<br />

parti des nouvelles technologies à des fins répréhensibles.<br />

S’agissant des sciences du vivant, il importe<br />

de contrôler le risque qu’un mauvais usage<br />

puisse conduire à une contamination délibérée ou<br />

accidentelle qui provoquerait des maladies chez les<br />

humains, les animaux ou les plantes. La survenue<br />

de tels évènements serait lourde de conséquences<br />

sociales, politiques et économiques. L’édition 2008<br />

du Livre blanc pour la défense et la sécurité souligne<br />

l’importance de se prémunir contre le risque<br />

d’actions terroristes visant les populations civiles.<br />

De telles actions dont l’impact médiatique serait<br />

inévitablement majeur pourraient être à même de<br />

paralyser certaines actions internationales de la<br />

France. Ainsi, alors que entre la fin de la seconde<br />

guerre mondiale et la fin des années 1980, les menaces<br />

radiologique, biologique et chimique étaient<br />

liées à des programmes étatiques conduits dans le<br />

cadre de la guerre froide, ces menaces sont considérées<br />

actuellement comme relativement réduites par<br />

rapport à celles d’actions terroristes.<br />

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