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Nouveaux usages, nouvelles entreprises et nouveaux ... - Irma

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# 71<br />

Focus du mois de<br />

septembre 2012<br />

<strong>Nouveaux</strong><br />

<strong>usages</strong>, <strong>nouvelles</strong><br />

<strong>entreprises</strong> <strong>et</strong><br />

<strong>nouveaux</strong> services,<br />

la filière musicale<br />

en mutation<br />

Extrait d’IrmACTU,<br />

la l<strong>et</strong>tre d’information électronique de l’<strong>Irma</strong><br />

FOCUS n° 71<br />

w w w. i r m a . a s s o. f r


EN QUELQUES CHIFFRES, L’OFFICIEL DE LA MUSIQUE C’EST :<br />

• 14 entr<strong>et</strong>iens de professionnels présentant de <strong>nouveaux</strong> <strong>usages</strong> <strong>et</strong> services au sein de la filière musicale ou en relation avec elle.<br />

• 25000 contacts rattachés à plus de 15 000 activités commentées bénéficiant toutes d’un descriptif compl<strong>et</strong>.<br />

• Un outil facilitant la communication vers les acteurs du secteur en proposant 8840 e-mails <strong>et</strong> 7810 sites web.<br />

• Plus de 80 métiers en situation qui concourent à la diversité <strong>et</strong> à la richesse du monde de la musique.<br />

RICHESSE ET DIVERSITÉ SE DÉCLINANT COMME SUIT :<br />

• 1 800 structures travaillant directement dans le secteur de la musique enregistrée dont 900 maisons de disques, distributeurs de<br />

musique.<br />

• 2 550 diffuseurs de spectacles dont 1060 salles, clubs <strong>et</strong> cafés-concerts, 480 agents, tourneurs <strong>et</strong> producteurs de spectacles, 650 festivals<br />

<strong>et</strong> tremplins.<br />

• 1 900 artistes référencés à leur éditeur, manager, tourneur ou maison de disques.<br />

• 1 200 médias offrant un large panorama de ce secteur avec entre autres, plus de 130 journalistes spécialisés ayant leur propre fiche,<br />

360 radios locales diffusant régulièrement des émissions musicales, 350 organes de presse papier ou en ligne <strong>et</strong> l’ensemble des télévisions<br />

<strong>et</strong> radios nationales.<br />

• 400 structures de promotion <strong>et</strong> de communication allant des agendas concerts papier ou en ligne, aux activités de crowdfunding, de<br />

social gaming, de promotion en ligne ou événementielle, d’attachés de presse free lance ainsi que les salons professionnels en France<br />

comme à l’étranger.<br />

• 930 activités autour de la supervision <strong>et</strong> de l’édition musicale (270 références), de la ressource, du management <strong>et</strong> de l’accompagnement.<br />

On y r<strong>et</strong>rouve également avocats spécialisés <strong>et</strong> prestataires administratifs (gestion <strong>et</strong> traitement des paies, par exemple).<br />

• 400 structures présentant une revue exhaustive de l’offre en matière de formation professionnelle technique (sécurité, sonorisation,<br />

lumières, régie, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> administrative (droits d’auteur, administration/gestion de proj<strong>et</strong>s culturels, management, fiscalité, <strong>et</strong>c.).<br />

• 645 organismes professionnels <strong>et</strong> institutions de l’État intervenant dans le domaine de la musique.<br />

SE PROCURER L’OFFICIEL DE LA MUSIQUE 2013 :<br />

http://www.irma.asso.fr/L-Officiel-de-la-musique-2013<br />

L'<strong>Irma</strong> c'est… un centre de ressources <strong>et</strong> de documentation (information, orientation, conseil)<br />

• un centre de formation • une maison d'éditions • une librairie spécialisée • trois centres<br />

d'information spécialisés (CIJ/CIMT/CIR) • une base de données • une plateforme emplois <strong>et</strong> stages<br />

<strong>Irma</strong> • 22 rue Soleill<strong>et</strong> • 75020 PARIS • Tél. 01 43 15 11 11<br />

www.irma.asso.fr


NOUVEAUX USAGES,<br />

NOUVELLES ENTREPRISES ET NOUVEAUX SERVICES,<br />

LA FILIÈRE MUSICALE EN MUTATION<br />

Dossier réalisé par Romain Bigay <strong>et</strong> Frédéric Drewniak<br />

L’année dernière, pour fêter le quart de siècle de L’Officiel de la musique,<br />

nous étions revenus sur les 25 dernières années du secteur musical.<br />

C<strong>et</strong>te année, finie la nostalgie, on dirige le regard sur l’avenir, sans prétendre<br />

dire de quoi seront faites les 25 prochaines années. Accompagnement de<br />

l’innovation, <strong>nouvelles</strong> formes de spectacle, montée en puissance du rôle<br />

prescripteur du public, approche renouvelée du développement d’artistes,<br />

recréation de valeur pour la musique enregistrée, multiplication des canaux<br />

de promotion, <strong>et</strong>c., les initiatives foisonnent. P<strong>et</strong>it panorama, non exhaustif,<br />

d’acteurs qui dessinent aujourd’hui les contours de l’industrie musicale<br />

de demain.<br />

La filière musicale connaît un début de xxi e siècle agité. Les mutations technologiques<br />

<strong>et</strong> économiques recomposent le paysage, de <strong>nouvelles</strong> pratiques apparaissent, <strong>et</strong> de<br />

<strong>nouveaux</strong> acteurs, porteurs d’innovations, viennent y répondre.<br />

Dans le spectacle vivant, le public n’est plus simple spectateur mais prescripteur<br />

(Plemi), quand l’artiste ne vient pas directement chez vous (H.O.M.E). Aujourd’hui, tout un chacun peut référencer ses<br />

concerts <strong>et</strong> ouvrir une bill<strong>et</strong>terie gratuitement (Moxity). Le spectacle vivant, à la pointe sur les questions environnementales,<br />

a entraîné la création de nombreuses <strong>entreprises</strong> de services perm<strong>et</strong>tant de remplir les conditions des Agendas 21<br />

(Les Connexions). Dans ses financements, il a depuis longtemps ouvert la porte au mécénat. Les banques ont été pionnières<br />

sur le live, notamment dans l’association avec des festivals, mais certaines se positionnent sur les services web liés<br />

à la musique <strong>et</strong> sur l’émergence (Esprit musique). Les <strong>entreprises</strong> s’organisent, avec les pouvoirs publics, en se dotant<br />

d’outils de coopération <strong>et</strong> de développement pour favoriser innovation <strong>et</strong> collaboration (Le Damier).<br />

Du côté des artistes, quelles possibilités de développement dans un environnement où tout découle encore du disque,<br />

malgré la crise que celui-ci connaît ? Les artistes émergents ont aujourd’hui les moyens de se développer par euxmêmes,<br />

avec des potentialités de communication décuplées par le web (YouTube). Intern<strong>et</strong> a même apporté le chaînon<br />

manquant : l’argent. Désormais, les fans peuvent financer directement les proj<strong>et</strong>s artistiques (Ulule) ! D’ailleurs, de plus en<br />

plus d’artistes décident de se passer de maison de disques (Don’t believe the Hype). Une révolution pour la promotion<br />

<strong>et</strong> la recommandation qui repousse les frontières. Les labels ont aussi à leur disposition des outils pour développer la<br />

promotion <strong>et</strong> le placement de synchro à l’international (Francophonie diffusion). Et pour suivre en temps réel ces diffusions,<br />

des outils de tracking très pointus sont accessibles à tous (Mediaforest). Mais les majors ne sont pas en reste, <strong>et</strong><br />

cherchent aussi depuis plusieurs années à multiplier les sources de revenus, en développant l’association musique <strong>et</strong><br />

marque (U think !). Elles cherchent aussi, en s’associant à des start-up, à créer de l’expérience autour des artistes <strong>et</strong> de leurs<br />

musiques, eff<strong>et</strong> des réseaux sociaux sur les modes de consommation oblige. Le social gaming musical est en plein essor<br />

(Bopler Games). Mais l’un des grands chantiers pour l’avenir de la musique en ligne, c’est la qualité de mise en contexte,<br />

avec un énorme travail à réaliser sur les métadonnées (Music Story).<br />

Des <strong>entreprises</strong>, des services innovants, il en existe beaucoup d’autres. Ce ne sont là que des pistes, tracées par quelquesuns<br />

de ceux qui préparent aujourd’hui l’avenir de la filière musicale… Comme une invitation à cheminer à travers leurs<br />

témoignages. La parole est à eux…<br />

L’avenir de la musique dure longtemps… <strong>et</strong> il a déjà commencé !<br />

3


Interviews<br />

L’avenir de la musique dure longtemps… <strong>et</strong> il a déjà commencé !<br />

Romain Guillot, Fondateur de Plemi<br />

Quel est votre parcours personnel en lien avec le secteur de la musique ?<br />

C’est d’abord en mélomane, musicien <strong>et</strong> sociologue que j’ai développé ma passion pour la musique,<br />

en me tenant plutôt à l’écart de l’industrie. Passionné, je le suis depuis toujours : à ma naissance<br />

en 1975, mon père écoutait à fond Miles, Weather Report, Pink Floyd, Gainsbourg, <strong>et</strong>c. Forcément,<br />

ça marque. Musicien assidu en parallèle d’un parcours scolaire <strong>et</strong> universitaire classique, j’ai sévi<br />

en tant que compositeur <strong>et</strong> batteur au sein de différentes formations. Mais je suis resté un amateur<br />

chevronné refusant d’en faire ma profession par crainte de perdre ma liberté.<br />

Professionnellement, j’ai travaillé alternativement dans la recherche en sciences humaines (sur<br />

l’exploration des <strong>usages</strong> des NTIC en lien avec la musique), mais aussi en tant que développeur<br />

web <strong>et</strong> chef de proj<strong>et</strong> multimédia. Ces expériences diverses m’ont conduit à fonder Plemi avec la<br />

volonté de créer de <strong>nouvelles</strong> formes de rapprochement entre publics, artistes <strong>et</strong> professionnels.<br />

Que fait Plemi, en quoi cela correspond-il à de <strong>nouveaux</strong> <strong>usages</strong> <strong>et</strong> pratiques ?<br />

Plemi.com est un site communautaire de programmation de concerts visant les professionnels, les artistes <strong>et</strong> le grand<br />

public. Au carrefour de la bill<strong>et</strong>terie, de l’achat groupé <strong>et</strong> du financement participatif, nous proposons un service de<br />

prebooking perm<strong>et</strong>tant aux organisateurs de concerts de conditionner la tenue d’un événement à la collecte d’un nombre<br />

suffisant de préréservations payantes. Les souscripteurs préréservent leurs places sur notre site, mais ne sont débités que<br />

si les concerts ont bien lieu. En contrepartie, ils accèdent à des privilèges (réductions, goodies, rencontres d’artistes, <strong>et</strong>c.).<br />

C’est une approche radicalement nouvelle de la production dans laquelle le public peut avoir une influence directe sur la<br />

programmation. Elle perm<strong>et</strong> aux producteurs <strong>et</strong> responsables de lieux de diffusion de limiter fortement la prise de risque,<br />

<strong>et</strong> les incite à développer les artistes émergents. Plemi se rémunère par une commission sur la vente de bill<strong>et</strong>s <strong>et</strong> coproduit<br />

certains événements. En 6 mois, c<strong>et</strong>te solution originale a déjà permis de concrétiser une quarantaine d’événements dans<br />

des p<strong>et</strong>ites <strong>et</strong> moyennes salles parisiennes (Le Batofar, Le Ciné Treize, Le Cabar<strong>et</strong> Sauvage, <strong>et</strong>c.).<br />

Comment imaginez-vous l’évolution de votre activité <strong>et</strong> plus généralement celle du secteur (ou de la filière) ?<br />

Le spectacle vivant apparaît plus que jamais comme salutaire pour une industrie musicale qui peine à surmonter la crise du<br />

disque, mais il souffre de la baisse des aides publiques <strong>et</strong> privées qui pénalise en particulier les structures les plus p<strong>et</strong>ites, dont<br />

on sait qu’elles sont souvent les garants de la diversité culturelle. Pour surmonter ces difficultés, le spectacle vivant doit se réinventer<br />

sans renier ce qui fonde sa singularité, à savoir sa capacité à articuler expérience artistique <strong>et</strong> lien social. C’est pourquoi<br />

nous pensons que ce que la technologie peut offrir de mieux à la musique live, ce ne sont pas des hologrammes ou des<br />

systèmes de r<strong>et</strong>ransmissions complexes de spectacles en temps réel (bien qu’un marché existe sûrement pour cela), mais des<br />

solutions intelligentes perm<strong>et</strong>tant aux professionnels de sécuriser <strong>et</strong> simplifier leur activité de production de VRAIS concerts.<br />

Aymeric Pichevin, Fondateur de H.O.M.E<br />

Quel est votre parcours personnel en lien avec le secteur de la musique ?<br />

Je travaille depuis une quinzaine d’années dans le secteur de la musique avec une expérience transversale,<br />

comme auteur d’ouvrages (Autoproduire son disque, Le Disque à l’heure d’Intern<strong>et</strong>), journaliste<br />

(correspondant en France du magazine américain Billboard), <strong>et</strong> comme entrepreneur : j’ai ainsi<br />

été membre du comité de direction de la start-up N<strong>et</strong>4music, actuellement cotée au Nasdaq, <strong>et</strong> ai<br />

fondé la société de conseil dans l’innovation musicale Man Media avant de créer H.O.M.E.<br />

Pourriez-vous nous présenter votre activité actuelle, en quoi correspond-elle à de<br />

<strong>nouveaux</strong> <strong>usages</strong> <strong>et</strong> pratiques ?<br />

H.O.M.E est une société de conseils <strong>et</strong> de programmes dans la musique <strong>et</strong> l’entertainment. Si le<br />

secteur est en difficulté dans son ensemble, la musique recèle de nombreuses poches de croissance. En nous positionnant<br />

à la croisée des contenus, des marques <strong>et</strong> des médias, H.O.M.E diffuse la musique par des canaux innovants <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> d’envisager<br />

des sources de financement supplémentaires. En parallèle, nous produisons conseil <strong>et</strong> études sur ces questions.<br />

Nous avons lancé fin 2009 le Home Sessions Club, qui perm<strong>et</strong> à des artistes en développement de se produire devant un parterre<br />

très influent de dirigeants de la pub, du cinéma, des marques <strong>et</strong> des médias, perm<strong>et</strong>tant ainsi à ces derniers de connaître de<br />

façon privilégiée des artistes avec lesquels ils pourront travailler par la suite. Ce club a déjà accueilli plus de 40 artistes, <strong>et</strong> a été<br />

à l’origine de synchro, de partenariat de marque, de programmation en télé ou en radio, de concerts privés, <strong>et</strong>c.<br />

Nous avons choisi d’organiser ces concerts en appartement, chez quelqu’un, afin de faciliter une relation privilégiée entre<br />

public <strong>et</strong> artiste. Sur ce concept, nous produisons une émission de télévision mensuelle sur W9, « Talent tout neuf le live », dont<br />

la troisième saison est déjà programmée. Nous avons également lancé la plateforme concertsprives.com, perm<strong>et</strong>tant à des<br />

4


Focus du mois de septembre 2012<br />

<strong>Nouveaux</strong> <strong>usages</strong>, <strong>nouvelles</strong> <strong>entreprises</strong> <strong>et</strong> <strong>nouveaux</strong> services, la filière musicale en mutation<br />

particuliers de solliciter des artistes pour venir jouer chez eux. Et nous bouclons la boucle avec un nouveau concept d’événement,<br />

à mi-chemin entre festival <strong>et</strong> programme de télévision, qui sera diffusé sur W9 <strong>et</strong> M6. Ce sont autant de <strong>nouvelles</strong><br />

fenêtres pour du live en télé, avec un fort accent sur les jeunes talents, à l’heure où la musique à la télévision se fait rare.<br />

Mais l’appartement n’est pas notre seul terrain de jeu ! Nous créons des programmes pour des marques, qui offrent de<br />

<strong>nouveaux</strong> espaces de diffusion pour les artistes. Nous avons par exemple lancé un programme de résidences au Club<br />

Med, qui perm<strong>et</strong> à des artistes de profiter des conditions de résidence privilégiées dans un village <strong>et</strong> de profiter de la puissance<br />

de communication du Club !<br />

Comment imaginez-vous l’évolution de votre activité <strong>et</strong> plus généralement celle du secteur (ou de la filière) ?<br />

Nous sommes maintenant reconnus par le secteur de la musique, de l’audiovisuel <strong>et</strong> des marques, <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tons en place<br />

des programmes de plus en plus ambitieux. Les deux années à venir verront une croissance forte pour notre activité sur la<br />

musique, ainsi qu’une diversification vers l’entertainment, en particulier le cinéma, <strong>et</strong> vers l’étranger. Quant à l’évolution<br />

du secteur, difficile de répondre en quelques lignes à une question aussi vaste !<br />

Sébastien Arnoult, Fondateur de Moxity<br />

Quel est votre parcours personnel en lien avec le secteur de la musique ?<br />

Malgré plusieurs tentatives (chant, guitare, piano…), j’ai dû me rendre à l’évidence : je ne suis<br />

pas musicien. Je suis même particulièrement mauvais… Par contre, je suis un spectateur attentif<br />

<strong>et</strong> assidu. Et je peux me vanter d’être devenu, grâce à Moxity, un – modeste – acteur du secteur.<br />

C’est en étant journaliste, en visitant des lieux de spectacles <strong>et</strong> en rencontrant des artistes, que j’ai<br />

pensé qu’il y avait des opportunités. L’histoire a commencé comme ça.<br />

Justement, que fait Moxity ?<br />

Moxity est une plateforme de bill<strong>et</strong>terie en libre-service pour les indépendants. Sur notre site, tout<br />

le monde peut ouvrir un compte, référencer ses concerts <strong>et</strong> ouvrir une bill<strong>et</strong>terie gratuitement, le<br />

tout en 5 minutes ! Les bill<strong>et</strong>s sont en vente sur Moxity <strong>et</strong> un module de vente peut être inséré sur le site du client <strong>et</strong> sur<br />

sa page Facebook.<br />

En quoi ce service répond-il à de <strong>nouveaux</strong> besoins, de <strong>nouvelles</strong> pratiques ?<br />

Le web modifie les pratiques, notamment pour la promotion <strong>et</strong> la gestion des événements. Nous croyons que ces<br />

<strong>nouveaux</strong> outils légers <strong>et</strong> efficaces peuvent changer les règles du jeu pour beaucoup d’acteurs, surtout pour les indépendants.<br />

MySpace a joué un rôle pionnier pour faire connaître des artistes, aujourd’hui on parle plus de soundcloud.<br />

Autre exemple : Zimbalam qui perm<strong>et</strong> d’être distribué facilement sur tous les principaux services de téléchargement<br />

ou de streaming, ou bientôt MyTourManager qui perm<strong>et</strong>tra à des artistes d’être mis en relation avec des salles ou des<br />

producteurs… Le web perm<strong>et</strong> un accès direct à son public. En perm<strong>et</strong>tant de gérer soi-même sa bill<strong>et</strong>terie en ligne, Moxity<br />

s’inscrit dans c<strong>et</strong>te tendance de fond.<br />

Comment imaginez-vous l’évolution de votre activité <strong>et</strong> celle du secteur musical ?<br />

Moxity s’adresse principalement à des acteurs locaux, artistes indépendants, p<strong>et</strong>ites <strong>et</strong> moyennes salles de spectacles,<br />

festivals régionaux, associations, <strong>et</strong>c. Nous ne sommes pas en concurrence frontale avec les trois grands réseaux nationaux<br />

de bill<strong>et</strong>terie. Sur ce marché, un mouvement de concentration a commencé avec le rachat de Tick<strong>et</strong>n<strong>et</strong> par Live Nation.<br />

Il va sûrement continuer, les concerts géants <strong>et</strong> les artistes superstars seront mis en avant.<br />

Avec Moxity, nous voulons aussi aider à promouvoir en parallèle une scène plus indépendante, voire confidentielle.<br />

Sur ce segment, la bill<strong>et</strong>terie en ligne low cost proposée par Moxity est une bonne solution en complément du papier.<br />

Depuis quelques années, le marché de la bill<strong>et</strong>terie en ligne grimpe de 20 % par an alors que la bill<strong>et</strong>terie manuelle<br />

piétine, sans décliner. A priori, la courbe ne s’inversera pas. Au contraire, je pense qu’avec les smartphones <strong>et</strong> l’essor des<br />

réseaux sociaux comme canaux de vente, la bill<strong>et</strong>terie en ligne a de beaux jours devant elle !<br />

Nicolas Dahan, Membre fondateur <strong>et</strong> directeur des Connexions<br />

Pourquoi avoir créé Les Connexions ?<br />

J’ai créé c<strong>et</strong>te structure en 2003 avec quelques amis qui s’investissaient bénévolement dans l’organisation<br />

de concerts <strong>et</strong> de festivals en Drome/Ardèche. À chaque fin de concert, nous étions interpellés<br />

par la mer de gobel<strong>et</strong>s j<strong>et</strong>ables <strong>et</strong> de bouteilles qui se trouvaient au sol. Nous savions que<br />

les poubelles étaient remplies de déch<strong>et</strong>s recyclables, mais certains organisateurs nous répétaient<br />

qu’il était impossible de m<strong>et</strong>tre en place le tri sélectif en festival. Nous avons créé Les Connexions<br />

pour prouver que c’était possible, c’était notre challenge.<br />

Quels services proposez-vous ?<br />

Notre association apporte aux organisateurs le matériel <strong>et</strong> l’expertise nécessaires à la mise en place<br />

efficace d’une gestion sélective des déch<strong>et</strong>s. Pour cela, nous proposons des prestations de gestion des déch<strong>et</strong>s par le tri<br />

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<strong>Nouveaux</strong> <strong>usages</strong>, <strong>nouvelles</strong> <strong>entreprises</strong> <strong>et</strong> <strong>nouveaux</strong> services, la filière musicale en mutation Focus du mois de septembre 2012<br />

sélectif, un espace d’animation mobile <strong>et</strong> ludique sur le recyclage, ainsi que la conduite d’audits. Nous m<strong>et</strong>tons également<br />

à la disposition de l’organisateur un parc de matériel sélectif adapté à l’événementiel, en location/vente.<br />

Concrètement, comment cela se passe-t-il ?<br />

Nous intervenons en fonction de chaque organisateur <strong>et</strong> de son avancement préalable sur la question des déch<strong>et</strong>s.<br />

S’il a déjà initié une action de tri sélectif, nous complétons son dispositif, par exemple en lui fournissant un matériel<br />

adapté à l’événementiel (espaces de restauration, zones VIP, bureaux…), ou en m<strong>et</strong>tant à sa disposition une équipe<br />

de régisseurs spécialisés dans la mise en place du tri sélectif. Notre valeur ajoutée : garantir aux organisateurs <strong>et</strong><br />

aux collectivités en charge du traitement des déch<strong>et</strong>s une qualité de tri excellente (moins de 5 % d’erreurs de tri)<br />

via la requalification (le sur-tri) des flux. En eff<strong>et</strong>, les collectivités sont parfois réticentes à recevoir le tri des festivals,<br />

par crainte d’une mauvaise qualité de gisement. La requalification des déch<strong>et</strong>s nous perm<strong>et</strong> aussi de montrer le<br />

sérieux de la démarche de l’organisateur car ce sur-tri est effectué tout au long de l’événement <strong>et</strong> en présence du<br />

public. Cela génère des discussions avec les spectateurs, prestataires <strong>et</strong> restaurateurs souvent interpellés par ce geste<br />

inhabituel.<br />

Sur quel type d’événements travaillez-vous ?<br />

Nous intervenons sur des festivals musicaux, des rencontres sportives <strong>et</strong> théâtrales <strong>et</strong> des rassemblements populaires,<br />

partout en France. En 2011 nous avons permis le recyclage de 122 tonnes de déch<strong>et</strong>s <strong>et</strong> touché 3 millions de personnes,<br />

réparties sur 54 événements (la Braderie de Lille, Solidays, Rock en Seine, le Tour de France, le Marathon de Paris…).<br />

Le tri sélectif : une pratique désormais bien ancrée dans le spectacle ?<br />

Le tri sélectif est appelé à se généraliser sur les événements de toute nature. Les collectivités <strong>et</strong> les partenaires privés sont<br />

déjà investis auprès des organisateurs sur ces questions. Nous espérons que ce phénomène touchera également les salles,<br />

assez peu mobilisées en la matière.<br />

Guillaume Cade, Directeur mécénat <strong>et</strong> sponsoring Caisse d’épargne, Esprit musique<br />

Quelle est la politique de mécénat/sponsoring de la Caisse d’épargne ?<br />

La Caisse d’épargne est constituée de 17 Caisses d’épargne régionales qui sont chacune libre<br />

d’avoir leur propre politique de sponsoring sur leur territoire. Au niveau national, notre rôle est de<br />

les soutenir <strong>et</strong> de les accompagner dans leurs initiatives. Ainsi, nous structurons leurs démarches<br />

pour leur donner une ampleur nationale. C’est ce que nous faisons dans le sport (partenaire du<br />

CNOSF) <strong>et</strong> dans la culture (Musique <strong>et</strong> bande dessinée).<br />

Depuis quand la Caisse d’épargne est-elle impliquée dans des proj<strong>et</strong>s en rapport avec<br />

la musique ?<br />

Le soutien de la musique existe depuis très longtemps au niveau régional. En revanche, le dispositif<br />

national Esprit musique a été créé en mai 2011. Esprit musique a pour vocation de soutenir toutes les musiques sur l’ensemble<br />

du territoire en privilégiant le live. Notre soutien se décline en 4 grands piliers : les concerts classiques (production<br />

de 34 concerts en France), les concerts événements (« grands lives »), Scènes en Régions (53 salles de musique actuelle)<br />

<strong>et</strong> Jeunes Talents (concours régional <strong>et</strong> national).<br />

Banque universelle de tous les Français <strong>et</strong> banque de proximité, nous nous adressons à tous, quel que soit le goût musical<br />

de nos clients, en soutenant ceux qui jouent ou distribuent de la musique <strong>et</strong> en offrant des privilèges à ceux qui l’écoutent.<br />

Quels sont les proj<strong>et</strong>s en rapport avec les musiques actuelles ?<br />

À travers « les grands lives » (concerts événements : Madonna, Lady Gaga…), nous proposons aux clients détenteurs d’une<br />

carte bancaire Caisse d’épargne la possibilité de réserver leur place avant l’ouverture des ventes. Et une fois la vente<br />

officielle ouverte, nous leur réservons un quota des places les mieux placées. Nous avons également un dispositif appelé<br />

« Scènes en Régions », en partenariat avec 53 salles. En plus de les soutenir financièrement, nous communiquons sur leur<br />

programmation auprès de tous nos clients, qui bénéficient d’une réduction moyenne de 20 % sur le prix des places de<br />

leurs concerts.<br />

Pour le dispositif Jeunes Talents, les directeurs de ces 53 salles choisissent deux artistes de leur Région. Nous finançons<br />

leur première partie d’une tête d’affiche accueillie chez eux, <strong>et</strong> filmons le concert. Ces vidéos sont visibles sur le site Esprit<br />

musique. Les internautes votent pendant deux mois pour choisir 13 représentants régionaux. Les 53 directeurs de salle<br />

votent ensuite pour élire les trois groupes parmi les 13 qui participeront à la tournée Esprit musique : 7 concerts gratuits<br />

dans 7 villes différentes. Nous réalisons un CD, que les Caisses d’épargne régionales offrent à leurs clients.<br />

Sur le site d’Esprit musique, on trouve l’application sound places. Qu’est-ce que c’est ?<br />

C’est une application mobile qui propose à l’utilisateur fan de musique de découvrir, d’écouter, voire d’ach<strong>et</strong>er des places<br />

de concert de la musique qu’il aime <strong>et</strong> qui se passe près de lui. C’est un service qui a été élu « meilleure application<br />

communautaire aux Trophées Intern<strong>et</strong> mobile 2011 Orange - Le Journal du N<strong>et</strong> ».<br />

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Focus du mois de septembre 2012<br />

<strong>Nouveaux</strong> <strong>usages</strong>, <strong>nouvelles</strong> <strong>entreprises</strong> <strong>et</strong> <strong>nouveaux</strong> services, la filière musicale en mutation<br />

Katia Bouferrache, Coordinatrice du Damier<br />

Quel est votre parcours personnel en lien avec le secteur de la musique ?<br />

Actuellement coordinatrice de la grappe d’<strong>entreprises</strong> Le Damier, œuvrant dans le champ des<br />

industries de la musique <strong>et</strong> de l’audiovisuel, mon parcours professionnel est caractérisé par<br />

plusieurs expériences de management appliqué au secteur culturel. Mes expériences m’ont<br />

conduite à intégrer un cabin<strong>et</strong> de conseil généraliste en management <strong>et</strong> stratégie qui m’a permis<br />

d’intervenir tant auprès de l’administration centrale qu’auprès du secteur privé pendant quatre<br />

ans. J’ai également conduit plusieurs missions auprès d’autres secteurs (bancaire, développement<br />

durable…), notamment autour de la thématique du mécénat d’entreprise.<br />

Qu’est-ce que Le Damier ?<br />

Le Damier est une grappe d’<strong>entreprises</strong> qui a pour mission de fédérer, promouvoir <strong>et</strong> développer les acteurs de la Région<br />

Auvergne œuvrant dans les champs de la musique <strong>et</strong> de l’audiovisuel (labels, éditeurs, tourneurs, diffuseurs, producteurs<br />

audiovisuels, prestataires techniques, ingénierie culturelle, formations).<br />

Comment Le Damier s’est-il créé ?<br />

Le Damier est né du constat d’un fort dynamisme régional, de la création <strong>et</strong> la professionnalisation de nombreuses <strong>entreprises</strong><br />

du secteur <strong>et</strong> de la présence d’équipements structurants à rayonnement national <strong>et</strong> international (La Coopérative<br />

de mai, Sauve qui peut le court-métrage…). C’est un outil de coopération <strong>et</strong> de développement pour des structures qui<br />

connaissent des mutations économiques <strong>et</strong> technologiques sur leur secteur <strong>et</strong> qui ont la volonté d’innover <strong>et</strong> de se développer<br />

par la collaboration <strong>et</strong> la mise en commun de leurs compétences.<br />

En tant que tête de réseau local, Le Damier a vocation à perm<strong>et</strong>tre à ses adhérents de créer des proj<strong>et</strong>s collaboratifs en<br />

interne mais également avec d’autres acteurs externes : TIC, secteur bancaire… C’est également une réflexion économique<br />

globale qui est menée, afin de définir un nouveau modèle économique pour la filière visant à pérenniser les activités<br />

<strong>et</strong> les emplois sur le territoire régional <strong>et</strong> à créer des passerelles avec d’autres secteurs <strong>et</strong> territoires.<br />

Quels sont les axes de développement de la filière régionale impulsé par Le Damier ?<br />

L’activité du Damier doit trouver son propre modèle économique à l’horizon 2014, en perm<strong>et</strong>tant à ses adhérents d’investir<br />

de <strong>nouveaux</strong> marchés par des proj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> des pratiques innovantes. Pour cela c<strong>et</strong> outil doit perm<strong>et</strong>tre à terme aux<br />

<strong>entreprises</strong> de mieux se connaître <strong>et</strong> de développer des pratiques collaboratives, d’avoir des pratiques de gestion exemplaires<br />

sur les vol<strong>et</strong>s promotion, juridique <strong>et</strong> financier, de consolider <strong>et</strong> valoriser leurs compétences auprès des acteurs de<br />

l’interprofession (collectivités, sociétés civiles, fédérations…), de développer des proj<strong>et</strong>s innovants par la mise en place<br />

de passerelles avec d’autres secteurs, notamment en matière technologique <strong>et</strong> commerciale (numérisation de contenus,<br />

distribution, r<strong>et</strong>ransmission en direct…). Ces axes de développement constituent les grands domaines d’évolution que<br />

nous souhaitons impulser au sein de la filière régionale.<br />

Christophe Muller, Directeur des partenariats pour la région SEEMEA YouTube<br />

YouTube est devenu une plateforme incontournable pour la musique :<br />

YouTube en France c’est 25 millions de visiteurs uniques. Avec les réseaux sociaux, YouTube est<br />

devenu un des indicateurs phares : on ne parle plus seulement en termes de « meilleur album »,<br />

meilleures ventes, mais en nombre de fans, de followers, ou de vues.<br />

La musique comme contenu phare pour une plateforme de partage vidéo, ce n’était<br />

pas une évidence au départ…<br />

Il y a plusieurs raisons. Dès 2006 <strong>et</strong> l’acquisition par Google, YouTube a noué des partenariats avec<br />

les principales maisons de disques aux États-Unis. C<strong>et</strong>te logique de partenariat s’est étendue aux<br />

indépendants à travers de nombreux pays. C’est une volonté historique.<br />

Quels sont les différents services proposés aux artistes <strong>et</strong> aux labels ?<br />

L’hébergement, le streaming, <strong>et</strong> la protection des contenus. Il est important pour nous de travailler avec les ayants droit <strong>et</strong><br />

de développer une technologie qui perm<strong>et</strong>te de protéger les œuvres. C<strong>et</strong>te technologie s’appelle Content ID, <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> à<br />

tous nos partenaires de revendiquer ce qui leur appartient <strong>et</strong> de décider ce qu’ils souhaitent en faire.<br />

Pouvez-vous expliquer plus précisément le fonctionnement de Content ID ?<br />

Le partenaire nous fournit des fichiers de référence à partir desquels nous constituons des empreintes digitales. Celles-ci<br />

nous perm<strong>et</strong>tent d’identifier si les vidéos mises en ligne utilisent du contenu dont le partenaire détient les droits. Tout cela<br />

est automatisé. Nous scannons chaque jour l’équivalent de plus de 100 ans d’archives. Une fois le contenu repéré, nous<br />

le signalons au partenaire qui décide de ce qu’il fait : bloquer la vidéo, juste la suivre ou la monétiser, c’est-à-dire nous<br />

donner la possibilité d’afficher de la publicité.<br />

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<strong>Nouveaux</strong> <strong>usages</strong>, <strong>nouvelles</strong> <strong>entreprises</strong> <strong>et</strong> <strong>nouveaux</strong> services, la filière musicale en mutation Focus du mois de septembre 2012<br />

Le placement de publicité sur les contenus se fait-il aléatoirement ?<br />

On opère à une échelle importante, c’est donc un système automatique. Par contre, les annonceurs peuvent choisir leurs<br />

formats d’annonces (illustrées, vidéo ou textuelles) de façon à cibler différents emplacements sur le site, ainsi que des<br />

catégories spécifiques, par exemple la musique. Ils peuvent aussi empêcher que du contenu spécifique de YouTube ne<br />

s’affiche avec leurs annonces. Les partenaires peuvent aussi bloquer certains formats ou annonceurs.<br />

Qu’en est-il des rapports avec les sociétés d’auteurs ?<br />

Nous avons passé un accord il y a deux ans avec la Sacem. Nous avons environ une quarantaine de partenaires de ce<br />

type à travers le monde. Il perm<strong>et</strong> de rétribuer tous les auteurs compositeurs français dont les œuvres sont utilisées sur la<br />

plateforme. D’autres types de contrats devront être signés avec l’évolution vers des modèles payants.<br />

Pensez-vous qu’à terme les plateformes de streaming, audio ou vidéo, seront les seuls modes de<br />

consommation de la musique ?<br />

Je ne pense pas. Les <strong>usages</strong> sont différents en fonction des pays. En Allemagne, le physique reste important. Cela n’empêche<br />

pas les plateformes de se développer. C’est complémentaire. Il s’agit de s’inscrire dans une démarche qui perm<strong>et</strong>te<br />

aux artistes, aux éditeurs <strong>et</strong> aux producteurs de générer des revenus incrémentaux, pour que c<strong>et</strong> argent soit réinjecté dans<br />

le système, pour financer la création.<br />

Alexandre Boucherot, Cofondateur d’Ulule<br />

Comment en êtes-vous arrivé à créer Ulule ?<br />

J’ai fondé Fluctuat.n<strong>et</strong>, webzine culturel en 1998. Mélomane averti, mon expertise est centrée principalement<br />

sur la diffusion des productions culturelles sur le web. En 2010, j’ai cofondé Ulule.com<br />

avec Thomas Grange.<br />

Ulule, qu’est-ce que c’est ?<br />

Ulule est une plateforme de financement participatif (crowdfunding) en 6 langues <strong>et</strong> pluridisciplinaire<br />

qui a déjà permis de financer près de 800 proj<strong>et</strong>s créatifs. La musique est rapidement devenue<br />

l’une des catégories les plus importantes du site, avec près de 200 proj<strong>et</strong>s financés, notamment<br />

grâce au développement de l’écoute <strong>et</strong> du partage en ligne.<br />

Comment s’utilise la plateforme ?<br />

Sur Ulule, les artistes <strong>et</strong> les groupes présentent leurs proj<strong>et</strong>s (prochain album, tournage d’un clip, financement de tournée)<br />

<strong>et</strong> proposent des contreparties exclusives en échange de participation des internautes. S’ils atteignent l’objectif budgétaire,<br />

les porteurs reçoivent les fonds <strong>et</strong> envoient leurs cadeaux aux internautes. Processus vertueux puisque, pour le<br />

créateur, la collecte est l’occasion de récolter des fonds mais également d’étendre sa notoriété grâce à une communication<br />

active autour de son proj<strong>et</strong> à venir. Pour le contributeur, le soutien à un proj<strong>et</strong> apporte une double satisfaction : celle<br />

d’être intégré à une aventure créative collective (<strong>et</strong> à partager) <strong>et</strong> celle de recevoir les obj<strong>et</strong>s liés à la création. En plus de<br />

la levée de fonds, c’est un outil de communication pour les artistes.<br />

Le crowdfunding se place comme un outil supplémentaire à la disposition des musiciens dans leurs stratégies de diffusion.<br />

J’en profite ici pour réaffirmer un point fondamental : en aucun cas nous ne proposons une quelconque forme de « coproduction<br />

» sur Ulule. Chacun son métier, <strong>et</strong> faire croire que les intermédiaires professionnels sont obsolètes est mensonger.<br />

Le crowdfunding : eff<strong>et</strong> de mode ou véritable nouvelle pratique ?<br />

Je pense que les outils sociaux <strong>et</strong> communautaires vont être au cœur des évolutions dans le secteur de la musique dans<br />

les prochaines années. En ce qui concerne le financement participatif, le développement actuel est exponentiel <strong>et</strong> rien<br />

n’indique un ralentissement. Je pense que ce mode de financement est amené à devenir réflexe <strong>et</strong> viendra s’ajouter, sans<br />

se substituer, aux modes traditionnels de financement de la culture.<br />

Virginie Berger, Fondatrice <strong>et</strong> directrice de Don’t believe the Hype<br />

Pourquoi avoir créé l’agence DBTH ?<br />

Depuis 13 ans, je regarde, analyse, travaille <strong>et</strong> souvent peste contre ce qui se passe sur Intern<strong>et</strong>.<br />

En 2009, j’ai créé un blog pour transm<strong>et</strong>tre mon expérience <strong>et</strong> mes idées sur ce que pourraient faire<br />

les artistes pour mieux l’utiliser. Cela a suscité un intérêt grandissant. Des artistes, labels <strong>et</strong> technologies<br />

émergentes m’ont proposé de travailler leurs stratégies opérationnelles. Il y avait un besoin,<br />

je proposais des solutions, donc j’ai créé DBTH.<br />

Que proposez-vous ?<br />

Tout sauf la production <strong>et</strong> la direction artistique ! Nous ne sommes pas un label, mais une « maison de<br />

musique » dédiée aux artistes entrepreneurs. Après une analyse de leurs besoins <strong>et</strong> une proposition<br />

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Focus du mois de septembre 2012<br />

<strong>Nouveaux</strong> <strong>usages</strong>, <strong>nouvelles</strong> <strong>entreprises</strong> <strong>et</strong> <strong>nouveaux</strong> services, la filière musicale en mutation<br />

stratégique, on leur fournit tous les outils nécessaires pour se développer. Aujourd’hui, pour un artiste, ne pas avoir de<br />

maison de disques n’est plus un pis-aller, ce peut être un véritable choix de développement. Des artistes ou des labels,<br />

qui veulent se concentrer sur l’artistique, nous confient le reste : mark<strong>et</strong>ing, stratégie, business development, distribution.<br />

Les technologies émergentes ont besoin de nos compétences <strong>et</strong> connaissances du marché.<br />

L’artiste est donc un entrepreneur comme un autre ?<br />

L’artiste l’a toujours été. L’industrie musicale telle que nous la connaissons n’existe que depuis les années 1950. Mais avant,<br />

il y avait aussi des artistes. Liszt <strong>et</strong> Wagner étaient de sacrés hommes d’affaires ! En 2012, un artiste qui n’est pas entrepreneur<br />

<strong>et</strong> qui ne s’entoure pas d’une équipe n’a aucune chance d’émerger. N’oublions pas qu’il y a plus de 20 millions<br />

d’artistes sur Intern<strong>et</strong> ! Les artistes ne veulent plus juste signer un contrat : ils veulent savoir, comprendre <strong>et</strong> décider.<br />

C’est une nouvelle approche du développement d’artiste ?<br />

C’est très novateur, on est presque les seuls à le proposer. Mais nous allons dans le sens de l’histoire.<br />

Se passer de maison de disques, n’est-ce pas réservé aux artistes établis ?<br />

Jusqu’à récemment, oui. Les choses commencent à bouger, l’eff<strong>et</strong> Kickstarter aux États-Unis a permis d’apporter le<br />

chaînon manquant pour les indépendants : l’argent. On peut lever des fonds auprès des fans. De plus en plus d’artistes<br />

ne veulent plus signer en maison de disques, estimant que ce n’est pas le bon moment pour eux. Ils préfèrent sortir un<br />

album, constituer une fanbase solide, pour arriver en position de force dans les négociations avec les maisons de disques.<br />

D’autres ne veulent pas « perdre » leur musique, ni céder leurs droits, <strong>et</strong> gérer la promotion eux-mêmes. Les artistes qui<br />

viennent nous voir veulent avoir la main sur leur musique <strong>et</strong> leur carrière. C’est un véritable changement d’état d’esprit.<br />

S’appuyer sur ses fans, ce n’est pas si nouveau, mais Intern<strong>et</strong> a multiplié les possibilités.<br />

Cela existe depuis que la musique existe ! La différence, c’est qu’Intern<strong>et</strong> a permis de libérer les artistes de certaines<br />

contraintes, <strong>et</strong> de modifier les rapports de force.<br />

Vous allez couler les maisons de disques ?<br />

Pour être le nouveau Justin Timberlake, il faut encore passer par une major. Les maisons de disques répondent aux besoins<br />

d’un certain type d’artistes. On n’est pas contre les maisons de disques, mais à côté, on travaille de manière différente, on<br />

crée une autre industrie.<br />

Olivier Jaboin, Assistant de direction Francophonie diffusion<br />

Pouvez-vous présenter Francophonie diffusion.<br />

Francophonie diffusion assure depuis 1993 la promotion média internationale de la production<br />

musicale française <strong>et</strong> de ses artistes. Aujourd’hui, Francophonie diffusion est une plateforme promotionnelle<br />

qui propose une offre légale à destination des radios, des médias en ligne, des festivals <strong>et</strong><br />

des professionnels de la synchronisation sur les 5 continents. Au-delà, Francophonie diffusion est<br />

une interface entre producteurs, artistes <strong>et</strong> diffuseurs.<br />

À qui s’adresse la plateforme Francodiff ? Quels sont les services proposés ?<br />

Elle s’adresse aux labels français <strong>et</strong> de l’espace francophone qui veulent promouvoir leurs artistes<br />

sur les médias dans le monde, dans le cadre d’une stratégie à l’export. Un partenariat a également<br />

été mis en place avec la Sacem pour promouvoir des artistes qu’elle soutient via son programme d’aide à l’autoproduction.<br />

Quant à l’offre Plus de musiques, elle est dédiée aux artistes en développement qui ont ainsi accès à une grande<br />

partie des services de la plateforme.<br />

En 2012 plus de 1 000 radios <strong>et</strong> <strong>nouveaux</strong> médias de 100 pays ont utilisé francodiff.org. Les radios écoutent <strong>et</strong> diffusent<br />

les nouveautés alors que blogs <strong>et</strong> webzines y trouvent le contenu multimédia nécessaire à la publication d’articles.<br />

Les producteurs, les éditeurs, les managers <strong>et</strong> les artistes qui utilisent la plateforme ont un accès sécurisé qui leur perm<strong>et</strong><br />

de savoir quel titre a été téléchargé, par quel média, ce que les radios en pensent grâce à leurs commentaires <strong>et</strong> leurs<br />

intentions de programmation, quel blog a parlé de leurs artistes ou encore combien d’articles les concernant ont été<br />

publiés. À ceci s’ajoute un réseau de plus de 150 professionnels de la synchronisation qui viennent trouver les titres dont<br />

ils ont besoin pour répondre aux appels d’offres des annonceurs <strong>et</strong> des sociétés de production. Grâce à Francophonie<br />

diffusion, ils rentrent ainsi en contact avec les ayants droit des titres qu’ils veulent placer dans des publicités, des bandes<br />

son de films ou de jeux vidéo.<br />

En quoi la plateforme répond-elle à de <strong>nouveaux</strong> besoins ?<br />

Aujourd’hui tout est global. La promotion classique réalisée en deux étapes, d’abord sur le national puis sur l’international,<br />

semble devenir de moins en moins pertinente. L’instantanéité mondialisée est devenue la règle. Ces <strong>nouveaux</strong> modes de<br />

fonctionnement impliquent de <strong>nouveaux</strong> besoins. Francophonie diffusion s’efforce d’y répondre en développant des<br />

outils perm<strong>et</strong>tant aux artistes <strong>et</strong> aux producteurs de mener leurs actions de promotion sur les <strong>nouveaux</strong> circuits, tels<br />

les réseaux sociaux ou la téléphonie mobile. La P@ge Promo est, par exemple, un moyen efficace de communiquer en<br />

diffusant les r<strong>et</strong>ours des radios sur son titre, ses classements aux palmarès ou encore ses dates de tournées à venir.<br />

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<strong>Nouveaux</strong> <strong>usages</strong>, <strong>nouvelles</strong> <strong>entreprises</strong> <strong>et</strong> <strong>nouveaux</strong> services, la filière musicale en mutation Focus du mois de septembre 2012<br />

Éric Jaoui, Fondateur <strong>et</strong> directeur de Mediaforest France<br />

Que fait Mediaforest ?<br />

Mediaforest s’appuie sur une technologie créée dans la Silicon Valley qui perm<strong>et</strong> de savoir où,<br />

quand <strong>et</strong> comment sont diffusés les artistes à la radio <strong>et</strong> à la télévision. Avec une spécificité : on<br />

fait du tracking à la seconde ! Aucune diffusion, même de très courte durée, ne nous échappe.<br />

Nos utilisateurs savent en temps réel leurs diffusions <strong>et</strong> le montant de droits Sacem qu’ils génèrent.<br />

On a également un système personnalisable de top/classement des diffusions radio. On fait<br />

également beaucoup de veille des catalogues éditoriaux.<br />

Qui sont vos clients ?<br />

C’est un outil que l’on a monté pour les indépendants. Notre but est de leur fournir des outils aussi<br />

performants que ceux des majors. Nous travaillons de plus en plus avec des managers. Les labels peuvent faire le suivi de<br />

toutes leurs nouveautés, les éditeurs de tout leur catalogue, les tourneurs peuvent suivre les diffusions des spots pub qu’ils<br />

ont ach<strong>et</strong>ées. Nous avons aussi de plus en plus de membres qui travaillent sur la synchronisation.<br />

Être accessible c’est un choix éthique. On ne fait pas de distinction, le prix est le même pour tout le monde. Quand on est<br />

arrivé sur le marché français il y a deux ans, les indépendants n’avaient pas accès à ce genre d’informations, trop chères<br />

pour eux. On leur donne la possibilité de comprendre, de prendre un peu de hauteur : nous sommes comme de p<strong>et</strong>its<br />

oiseaux au-dessus de la forêt des médias. On voit tout ce qui se passe.<br />

Concrètement, comment cela se passe-t-il ?<br />

Les professionnels peuvent souscrire un abonnement pour suivre un ou plusieurs titres pour la durée de leur choix.<br />

Pour les proj<strong>et</strong>s en développement, généralement le suivi se fait sur leur titre phare sur une courte période, mais les<br />

managers aiment suivre leurs artistes toute l’année. Par exemple, on s’est rendu compte qu’un artiste était diffusé sur<br />

France 2, comme jingle de présentation des candidats dans un jeu. Le manager-éditeur a pu contacter la production pour<br />

les remercier, <strong>et</strong> leur dire de ne pas oublier de les déclarer à la Sacem. On est en amont du processus, c’est plus pratique<br />

pour la récupération des droits.<br />

Quel est l’intérêt, outre la récupération de droits ?<br />

Le but de Mediaforest, n’est pas de contrôler ce que fait la Sacem. Appuyer la promo, définir des stratégies en se basant<br />

sur des chiffres de diffusion fiables <strong>et</strong> en temps réel, c’est le but premier. Cela perm<strong>et</strong> de comprendre plein de choses :<br />

tel artiste est plutôt diffusé dans le sud de la France ? Il serait peut-être judicieux de commencer la prochaine tournée<br />

par là…<br />

Notre système d’estimation de droits a permis à des artistes d’obtenir des prêts ! D’autres, en voyant les reportings, n’ont finalement<br />

pas signé de contrat de licence pour un deuxième single. Ils ont emprunté pour faire leur propre développement.<br />

Quels sont les proj<strong>et</strong>s à venir ?<br />

Le nombre de médias traqués augmente en continu : les radios Férarock, de plus en plus de chaînes de télévision,<br />

YouTube… On développe aussi un système de tracking visuel, un autre par mots-clés… Notre approche est globale.<br />

On ouvre des bureaux dans le monde entier, parce qu’on pense que même s’il y a une globalisation de la musique, il n’y<br />

aura jamais de globalisation du marché.<br />

Cécile Rap-Veber, Directrice d’Universal Music Consultings and Contents<br />

(U think ! / proj<strong>et</strong>s spéciaux / merchandising)<br />

Que fait U Think !?<br />

Nous travaillons sur l’association musique <strong>et</strong> marque, sur trois grands types d’activités : endorsement,<br />

concerts privés, <strong>et</strong> placement de produits. U think ! est une filiale d’Universal, nous fonctionnons<br />

comme une agence, nous avons d’ailleurs une licence d’agence de mannequinat, obligatoire<br />

pour pouvoir proposer l’utilisation de l’image d’un artiste pour faire de la promotion. Nous<br />

avons un rôle de conseil auprès des annonceurs. Nous ne nous substituons pas aux agences de<br />

pub, mais sommes capables de profiler les artistes qui seraient les plus pertinents pour s’adresser<br />

au public ciblé par la marque. Nous avons la chance d’offrir aux marques des positionnements sur<br />

des artistes internationaux, puisque nous disposons d’un catalogue conséquent : Black Eyed Peas,<br />

Rihanna, Lady Gaga, mais aussi du plus local avec des artistes comme Jennifer ou Ben l’Oncle Soul.<br />

Est-ce dû à la volonté de multiplier les sources de revenus suite à la crise de la musique enregistrée ?<br />

La principale raison est plutôt qu’aujourd’hui, les marques communiquent différemment. En plus de l’image, nous<br />

proposons de l’événement <strong>et</strong> du contenu, qui peut être inédit, du merchandising… Il est plus facile de faire venir des journalistes<br />

à un lancement avec un concert qu’avec une simple présence de sportifs ou d’acteurs. Après, la crise du disque<br />

a peut-être rendu les artistes plus enclins à accepter ce genre de partenariats.<br />

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Focus du mois de septembre 2012<br />

<strong>Nouveaux</strong> <strong>usages</strong>, <strong>nouvelles</strong> <strong>entreprises</strong> <strong>et</strong> <strong>nouveaux</strong> services, la filière musicale en mutation<br />

L’association musique <strong>et</strong> marque, c’est quelque chose de récent ?<br />

Chez Universal, cela fait plusieurs années que nous travaillons sur des partenariats de ce type. Deux départements le<br />

faisaient auparavant : le merchandising <strong>et</strong> le département des proj<strong>et</strong>s spéciaux qui existe depuis quinze ans environ.<br />

Les marques portent de plus en plus d’intérêt aux artistes musicaux, alors qu’elles étaient auparavant focalisées sur des<br />

sportifs ou des acteurs de cinéma. Inviter la marque dans l’univers de l’artiste en proposant des placements de produits<br />

est plus récent. Le CSA ne l’autorise en France que depuis un an <strong>et</strong> demi. Mais nous le faisions déjà pour les clips diffusés<br />

à l’étranger ou sur le web.<br />

Est-ce facile de faire travailler un artiste <strong>et</strong> une marque ensemble ?<br />

Non ! Jusqu’à la signature du contrat, rien n’est acquis ! Et je pensais que le plus difficile à convaincre ou le plus incontrôlable<br />

était l’artiste, mais certains directeurs mark<strong>et</strong>ing n’ont rien à leur envier !<br />

Quelle est la plus-value de ce type de partenariats pour les artistes ?<br />

Accroître leur notoriété, attirer plus facilement l’attention des médias <strong>et</strong> du public sur eux. Certains artistes y trouvent aussi<br />

l’occasion de faire quelque chose qui leur plaît ou qui fait sens pour eux, comme Mika avec la bouteille Coca-Cola, qui<br />

traduit très bien l’univers coloré du chanteur. Il a ensuite reversé l’argent perçu à une œuvre caritative.<br />

Dans la situation actuelle compliquée du disque, où les budg<strong>et</strong>s mark<strong>et</strong>ing investis sont plus faibles, le placement de<br />

produit perm<strong>et</strong> aussi aux artistes <strong>et</strong> aux maisons de disques de bénéficier de budg<strong>et</strong>s plus conséquents pour réaliser des<br />

clips. C’est une source de financement nouvelle <strong>et</strong> intéressante.<br />

Albin Serviant, Président-directeur général de Bopler Games<br />

Que fait MXP4 ?<br />

MXP4 propose aux fans de musique de <strong>nouvelles</strong> expériences interactives autour de l’écoute. Nous<br />

créons des jeux musicaux de nouvelle génération, directement intégrables sur les réseaux sociaux<br />

<strong>et</strong> sur mobile. La marque commerciale est Bopler Games. Nous perm<strong>et</strong>tons aux fans de jouer, au<br />

sens propre du terme, avec leurs morceaux favoris.<br />

Les jeux sont variés : skill games, (taper le rythme, suivre une mélodie…), jeux sur l’univers d’un<br />

artiste (blind tests, jeux sur les paroles…) <strong>et</strong> jeux de rôle, qui fonctionnent bien sur les réseaux<br />

sociaux.<br />

Qui sont vos clients ?<br />

Tous ceux qui se connectent sur les réseaux sociaux ou sur des applications mobiles. Nous avons actuellement 1 million<br />

d’utilisateurs actifs. Nos clients, au sens partenaires, sont des labels <strong>et</strong> des éditeurs, essentiellement américains. Nous avons<br />

passé des contrats pour exploiter légalement les 500 titres actuellement disponibles. On y trouve des artistes comme<br />

David Gu<strong>et</strong>ta, LMFAO, Enrique Iglesias…<br />

Quel est l’apport du social gaming pour la musique ?<br />

David Gu<strong>et</strong>ta, c’est 32 millions de fans sur Facebook. Le jeu musical est une façon ludique, originale <strong>et</strong> efficace de les<br />

rendre actifs. En moyenne, les gens passent 18 minutes sur nos applications, ils se défient, font des tournois… L’industrie<br />

musicale est en demande de moyens d’augmenter l’engagement des fans. On crée des outils perm<strong>et</strong>tant d’animer une<br />

communauté. Une publication n’est vue que par environ 10 % des fans <strong>et</strong> seulement 1 % va cliquer pour accéder à l’information<br />

proposée. Avec le social gaming, le but est de multiplier ce chiffre.<br />

Quel est votre modèle économique ?<br />

On utilise un modèle freemium. Sur le million d’utilisateurs, notre objectif est d’en amener 3 % vers l’achat de virtual goods,<br />

vendus de 50 centimes à 1,50 euro. Il faut donc un volume d’utilisateurs conséquent. Notre objectif : avoir des dizaines de<br />

millions de joueurs !<br />

C’est un secteur concurrentiel ?<br />

Il y a déjà eu beaucoup d’expériences menées sur le jeu musical. Mais on est un des premiers acteurs à se concentrer<br />

sur le social gaming. Rien que sur Facebook, c’est un marché qui représente 5 milliards de dollars. Et il y a peu de jeux<br />

musicaux légaux. Sur les consoles, ils représentent 10 % du marché. Il y a donc une vraie opportunité de développement.<br />

Quelle évolution selon vous pour l’industrie musicale ?<br />

L’industrie musicale est actuellement concentrée sur les <strong>nouveaux</strong> modèles de distribution numérique. Mais de tout<br />

temps, la musique a été une expérience sociale. L’intégration des services musicaux au sein des réseaux sociaux est une<br />

opportunité pour le partage, la découverte, en plus d’être un canal de monétisation. C<strong>et</strong>te monétisation ne se fait pas<br />

sur le modèle classique de la vente d’un format, mais sur la proposition d’une expérience à valeur ajoutée autour de la<br />

musique. Et là, il y a tout à inventer ! L’industrie est en phase de test avec des start-up comme la nôtre pour imaginer les<br />

services musicaux de demain.<br />

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<strong>Nouveaux</strong> <strong>usages</strong>, <strong>nouvelles</strong> <strong>entreprises</strong> <strong>et</strong> <strong>nouveaux</strong> services, la filière musicale en mutation Focus du mois de septembre 2012<br />

Jean-Luc Biaul<strong>et</strong>, Fondateur de Music Story<br />

Que fait Music Story ?<br />

Nous sommes spécialisés dans le traitement <strong>et</strong> l’enrichissement des métadonnées de la musique :<br />

ingestion <strong>et</strong> désambiguïsation des catalogues, qualification des données, création de rédactionnel<br />

propre (biographies, chroniques…), agrégation de photos… Sans compter les services techniques<br />

de distribution de ces données à nos clients. Ce travail est effectué au plus près de l’actualité<br />

(concerts, sorties), avec les responsables promo des labels. Tous les styles sont traités, on ne se<br />

restreint pas aux airplays, tops <strong>et</strong> classements. Pour une sortie d’album, ce travail aboutit à l’identification<br />

des liens à l’achat <strong>et</strong> à l’écoute sur onze plateformes partenaires, au rapprochement des<br />

autres éditions éventuelles, à la rédaction d’une chronique <strong>et</strong> à la mise à jour du profil compl<strong>et</strong> de<br />

l’artiste.<br />

Qui sont vos clients ?<br />

Tous les acteurs de la filière musicale, jusqu’aux plateformes, physiques <strong>et</strong> numériques. Les majors travaillent sur les métadonnées<br />

pour les sorties, mais ne valorisent pas toujours leur back catalogue. Éditorialiser les nouveautés est indispensable.<br />

Raconter l’histoire de dizaines de milliers d’artistes peut être un plus non négligeable. Les clients nous amènent<br />

de plus en plus sur le n<strong>et</strong>toyage de données : aujourd’hui on parle beaucoup de valorisation de l’offre légale. Dans la<br />

course au nombre de titres, la qualité a été un peu laissée de côté. On travaille aussi pour des médias à qui on propose un<br />

sourcing back-office compl<strong>et</strong> des métadonnées, pour des utilisations web, radio ou broadcast.<br />

Combien d’artistes compte votre base ?<br />

Aujourd’hui, Music Story c’est 95 000 artistes identifiés, 6 000 profils compl<strong>et</strong>s, 400 000 albums regroupant 900 000 produits,<br />

physiques ou numériques, <strong>et</strong> 4,5 millions de pistes. Notre base de données alimente notre site, mais bénéficie également à<br />

tous nos clients, en temps réel. Ils l’utilisent pour faire de la recommandation ou pour développer des applications.<br />

Des métadonnées renseignées, c’est aussi pouvoir ressortir parmi l’océan des propositions artistiques<br />

existantes ?<br />

C’est de plus en plus présent dans l’esprit des dirigeants de plateformes. Après la mise en vrac des catalogues sur Google, où<br />

la moindre erreur est reprise à l’infini, n<strong>et</strong>toyer, corriger, dédoublonner, perm<strong>et</strong> de diminuer le « bruit » dans les recherches.<br />

Avec la qualité sonore, le renforcement des métadonnées est la prochaine grande avancée pour la musique<br />

numérique ?<br />

Il va falloir trouver le pendant numérique du livr<strong>et</strong> d’un album. L’avenir de la promotion se joue là ! Un des challenges<br />

de la profession, c’est d’être capable de le faire sur des millions de titres. Les Américains prennent de l’avance sur les<br />

offres de métadonnées <strong>et</strong> d’API associées, mais les catalogues français <strong>et</strong> européens ont toute latitude pour se structurer<br />

<strong>et</strong> s’enrichir en allant dans ce sens. La qualification des données pour des nécessités de droits ou de perception est bien<br />

comprise, mais pour la valeur ajoutée à l’offre, cela reste encore marginal.<br />

Les métadonnées deviennent doucement la matière première de la recommandation, qui n’est plus uniquement l’apanage<br />

des experts. C’est tout un champ de valeurs <strong>nouvelles</strong> à explorer qui s’ouvre peu à peu pour la musique numérique,<br />

notamment pour améliorer l’offre légale.<br />

Bonus track<br />

Ils <strong>et</strong> elles avaient également accepté de répondre à nos questions. En bonus track, voici sept autres entr<strong>et</strong>iens avec des<br />

acteurs qui font bouger la filière musicale.<br />

Quentin Nicoll<strong>et</strong>, Sales & mark<strong>et</strong>ing manager, Earmaster Aps<br />

Quel est votre parcours personnel en lien avec le secteur de la musique ?<br />

Musicien amateur à titre personnel, je suis entré dans le secteur professionnel de la musique en<br />

2006 lorsque j’ai commencé à travailler en tant que responsable mark<strong>et</strong>ing pour la société danoise<br />

EarMaster ApS. Depuis c<strong>et</strong>te date, ma vie privée <strong>et</strong> ma vie professionnelle se recoupent progressivement<br />

avec pour point d’encrage la musique.<br />

Pourriez-vous nous présenter votre activité actuelle, en quoi correspond-elle à de<br />

<strong>nouveaux</strong> <strong>usages</strong> <strong>et</strong> pratiques ?<br />

Mes responsabilités chez EarMaster ApS me poussent à me plonger constamment dans l’évolution<br />

du secteur de la musique, <strong>et</strong> ce vis-à-vis des évolutions aussi bien technologiques que stylistiques<br />

ou éducatives. Notre société éditant des logiciels d’éducation musicale utilisés tant par les musiciens amateurs que par les<br />

professionnels du spectacle <strong>et</strong> les institutions éducatives (écoles de musique, universités, centres culturels), nous sommes<br />

amenés par la force des choses à répondre aux transformations – <strong>et</strong> parfois même aux mutations – du monde musical.<br />

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Focus du mois de septembre 2012<br />

<strong>Nouveaux</strong> <strong>usages</strong>, <strong>nouvelles</strong> <strong>entreprises</strong> <strong>et</strong> <strong>nouveaux</strong> services, la filière musicale en mutation<br />

Le gros enjeu pour la musique aujourd’hui, c’est bien entendu intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> l’ensemble des problématiques que la nouvelle<br />

donne à laquelle l’ensemble des acteurs du secteur est confronté.<br />

Pour notre filière, cela a poussé les sociétés éditrices de logiciels à repenser leur distribution en concentrant de plus en<br />

plus leurs efforts sur le téléchargement, la livraison instantanée. Aussi, dans le monde de l’éducation musicale, les mentalités<br />

changent au fur <strong>et</strong> à mesure que les générations d’enseignants se succèdent. L’informatique prend une place de plus<br />

en plus importante dans la formation des musiciens en France <strong>et</strong> dans le reste du monde, <strong>et</strong> notre société joue un rôle très<br />

important dans c<strong>et</strong>te évolution. Nous sommes en dialogue contant avec des enseignants <strong>et</strong> étudiants de France, d’Allemagne,<br />

des États-Unis ou bien encore du Japon afin de construire ensemble les outils de pédagogie musicale de demain.<br />

Comment imaginez-vous l’évolution de votre activité <strong>et</strong> plus généralement celle du secteur (ou de la filière) ?<br />

L’évolution de notre activité dépendra en grande partie de celle du secteur tout entier. Il y a dix ans, il était impensable<br />

d’inclure l’informatique dans une classe de solfège. Aujourd’hui, une école comme le Berklee College of Modern Music<br />

de Boston propose 3 logiciels de théorie musicale à ses élèves, <strong>et</strong> c’est loin d’être une exception. Nous faisons de très gros<br />

efforts pour promouvoir l’entrée des <strong>nouvelles</strong> technologies dans les écoles de musique car nous croyons en ses eff<strong>et</strong>s<br />

bénéfiques pour l’apprentissage musical. L’informatique a un réel potentiel pédagogique pour l’enseignement musical,<br />

que ce soit pour la création ou bien pour l’étude instrumentale <strong>et</strong> théorique, <strong>et</strong> avec l’avènement du cloud-computing <strong>et</strong><br />

des interfaces tactiles, il est déjà possible d’augurer de nombreuses évolutions tant qualitatives que quantitatives pour le<br />

secteur de la musique dans son ensemble.<br />

Géraldine Noël, Fondatrice de Play it by Ear<br />

Quel est votre parcours personnel en lien avec le secteur de la musique ?<br />

Premier emploi aux Trans Musicales en 97 à la coordination des médias internationaux, puis<br />

Bureau Export de la Musique Française en tant que Directrice Exécutive adjointe pendant 4 ans,<br />

Atmosphériques comme responsable de l’international (Ghinzu, Tahiti 80, Mellow, Louise Attaque,<br />

Abd El Malik…) pendant 4 ans jusqu’en 2006. Puis Consultante pour le Bureau Export de Londres<br />

à Londres pendant 2 ans, de concert avec du consulting Export (Distribution <strong>et</strong> Licensing) au sein<br />

de ma propre structure, Tout l’Univers pour divers labels : V2, Atmosphériques, Strictly Confidential,<br />

Universal…<br />

J’ai finalement touché à plusieurs domaines du secteur de la musique : Spectacle vivant, institutionnel,<br />

Maison de disques, mais toujours avec l’international en arrière-plan…<br />

Travaillant de plus en plus pour les artistes en direct, j’ai décidé de monter une 2 e structure : Play it by Ear, en m’associant<br />

à Christophe Davy (Doudou) chez Radical en 2010, dont l’activité se concentre sur le business management, <strong>et</strong> qui réuni<br />

tous ces domaines.<br />

Pourriez-vous nous présenter votre activité actuelle, en quoi correspond-elle à de <strong>nouveaux</strong> <strong>usages</strong> <strong>et</strong><br />

pratiques ?<br />

Cela répond au besoin de nombreux artistes qui ont déjà un peu de métier : besoin de se structurer, de mieux maîtriser<br />

leurs droits, pour notamment moins diluer leurs revenus : master, publishing, voire la production de leurs tournées.<br />

À l’heure ou beaucoup de contrats sont rendus par certaines majors, ou le personnel des maisons de disque se réduit de<br />

concert avec les revenus liés au disque, les artistes ont besoin d’être un peu plus autonomes. La plupart de ces artistes<br />

savent déjà dans quelle direction ils veulent aller artistiquement parlant, ils ont juste besoin d’être structurés : juridique,<br />

administratif, fiscalité, <strong>et</strong> ont besoin d’une aide logistique. Cela passe par le montage de leur propre société dans la plupart<br />

des cas : Boîte d’édition, Structure de production, Play it by Ear les accompagne dans la création de ces structures <strong>et</strong> dans<br />

leur gestion au jour le jour.<br />

Le business management est une partie seulement du travail de management, certains de ces artistes ont des managers<br />

qui gèrent admirablement bien les parties artistique, image <strong>et</strong> mark<strong>et</strong>ing, <strong>et</strong> Play it by Ear collabore avec eux quotidiennement<br />

au développement de leurs artistes. Le business management perm<strong>et</strong> de réunir plusieurs compétences autour<br />

d’un même artiste.<br />

C’est un métier que j’ai découvert aux États-Unis surtout, puis en Angl<strong>et</strong>erre. La place du management est beaucoup<br />

plus importante dans les pays anglo-saxons. En France il se professionnalise, il y a un fort besoin de la part des artistes.<br />

On demande encore beaucoup à un manager d’être ultra-compétent dans tous les domaines : de l’artistique à la fiscalité<br />

étrangère, alors que pour moi, management <strong>et</strong> business management sont deux métiers différents <strong>et</strong> complémentaires,<br />

qui doivent être différenciés <strong>et</strong> incarnés par des structures différentes pour le bien de l’artiste <strong>et</strong> pour ses partenaires<br />

professionnels.<br />

Comment imaginez-vous l’évolution de votre activité <strong>et</strong> plus généralement celle du secteur (ou de la filière) ?<br />

La plupart des artistes avec lesquels Play it by Ear travaille ont déjà compris l’importance de la gestion de leur image.<br />

La sortie de leur disque ne constitue plus le seul événement crucial de leur carrière. Leur album constitue plutôt une<br />

carte de visite, une vitrine, qui montre ce qu’ils sont capables de faire en terme d’écriture <strong>et</strong> de production pour leur<br />

perm<strong>et</strong>tre d’envisager d’autres collaborations : dans le cinéma, La publicité, collaborer avec des marques, <strong>et</strong> produire<br />

d’autres artistes. Pour ce faire, les artistes ont besoin d’être bien accompagnés dans ces business transversaux. Maîtriser ses<br />

droits est une évolution logique dans la carrière d’un artiste, <strong>et</strong> avec l’effondrement du marché, c’est devenu une nécessité.<br />

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<strong>Nouveaux</strong> <strong>usages</strong>, <strong>nouvelles</strong> <strong>entreprises</strong> <strong>et</strong> <strong>nouveaux</strong> services, la filière musicale en mutation Focus du mois de septembre 2012<br />

Denis Talledec, Directeur du Collectif Culture Bar-Bars<br />

Quel est ton parcours personnel en lien avec le secteur de la musique ?<br />

Après avoir organisé de p<strong>et</strong>its concerts dans les années 1990, fait dix mille métiers (dix mille misères<br />

au début des 90 ; administrateur de compagnie, directeur de structures intercommunales…) j’ai<br />

intégré l’association Trempolino à la fois en charge de la mission d’information, du Disque <strong>et</strong> de<br />

l’antenne régionale du Printemps de Bourges puis comme coordinateur de la mission de Pôle<br />

régional. Dans une suite logique j’ai été en charge de la mission de préfiguration du Pôle régional<br />

Musiques actuelles des Pays de la Loire qui s’est traduit par la création du Pôle de coopération<br />

des acteurs pour les musiques actuelles en pays de la Loire. C<strong>et</strong>te structure qui était co gérée par<br />

les acteurs de la filière MA dans sa grande diversité (privé, public, parapublic) préfigurait dans<br />

sa conception (mission <strong>et</strong> gouvernance) des missions consulaires Et c’est rapidement trouvé à<br />

porter des chantiers d’envergure nationale : cafés-cultures, développeurs d’artistes, observation notamment par sa pesée<br />

annuelle eco <strong>et</strong> sociale de la filière en région.<br />

Pourrais-tu nous présenter ton activité actuelle, en quoi correspond-elle à de <strong>nouveaux</strong> <strong>usages</strong> <strong>et</strong><br />

pratiques ?<br />

C’est donc logiquement que lorsque le Collectif culture bar-bars m’a proposé de prendre la direction de c<strong>et</strong>te structure<br />

j’ai accepté. Ce collectif qui initialement portait le festival du même nom c’est très vite trouvé a porté la voix de nombreux<br />

acteurs méconnus de la filière ; les cafés-concerts. En eff<strong>et</strong>, d’éléments incontournables de la diffusion des MA dans<br />

les années 50-60-70-80 ces lieux ont dans les 20 dernières années été victimes de leur positionnement à la croisée des<br />

chemins. En eff<strong>et</strong>, à la fois inscrit dans la filière CHR (cafés, hôtels, restaurant) mais aussi dans la filière culture, ils étaient<br />

méconnus par les deux filières <strong>et</strong> donc peu défendu au sein de ces filières. Le secteur des MA a vu ces dernières années<br />

un double phénomène : une reconcentration des fonds publics sur les mêmes structures (publics ou parapublics) <strong>et</strong><br />

sur le versus privé on voit des phénomes de reconcentration comme dans l'industrie qui m<strong>et</strong>tent en péril le Biotope<br />

culturel ; tous ces artisans de la culture qui font les artistes de demain mais aussi la diversité artistique de nos territoires :<br />

des musiciens locaux pour une population locale. Les cafés concerts sont ces artisans qui au quotidien sont confrontés<br />

à des enjeux de diversité artistique, sociétales (gestion des publics…), <strong>et</strong> économique notamment en terme d’économie<br />

solidaire ; ce sont les circuits courts de la diffusion !<br />

La musique est devenue le premier loisir des Français. Pourtant, cinq cafés cultures ferment chaque jour en France tandis<br />

qu’en Pays de la Loire, le nombre de musiciens indemnisés a baissé de 30 % en trois ans. Avec l’aide des pouvoirs publics<br />

<strong>et</strong> bientôt du secteur privé, nous avons donc lancé un dispositif expérimental d’aide à l’emploi artistique dans les cafés<br />

cultures. Il s’agit d’une mini-révolution dans l’histoire des politiques publiques, puisque c’est la première fois qu’une<br />

collectivité intervient directement sur l’emploi artistique en prenant en charge 10 à 60 % du salaire des musiciens. Nous<br />

souhaitons recréer un circuit court de diffusion pour les artistes locaux avec la création d’emplois non délocalisables.<br />

Ces lieux de la « vraie vie » sont essentiels car ils perm<strong>et</strong>tent une spontanéité <strong>et</strong> une réactivité qu’on ne r<strong>et</strong>rouve nulle<br />

part ailleurs.<br />

Comment imagines-tu l’évolution de votre activité <strong>et</strong> plus généralement celle du secteur (ou de la filière) ?<br />

Face à ce constat, la filière doit faire sa révolution copernicienne… en eff<strong>et</strong>, elle doit être force de proposition auprès de<br />

des pouvoirs publics. Il faut en eff<strong>et</strong> amener les pouvoirs publics à reconsidérer la culture sous différents prismes <strong>et</strong> sortir<br />

de l’unique politique de la subvention. Pour ce faire il ne s’agit pas d’agiter le chiffon rouge en criant intérêt général…<br />

mais bien de repartir du besoin des populations <strong>et</strong> de tenter d’y répondre en organisant les complémentarités entre<br />

service public <strong>et</strong> initiative privée dans une perspective d’intérêt général. Pour ce faire l’enjeu est de mobiliser l’ensemble<br />

des politiques publics autour de la question culturelle. En eff<strong>et</strong>, on voit les normes juridiques devenir de plus en plus drastique<br />

qui m<strong>et</strong>tent à mal la vie même des p<strong>et</strong>its lieux de diffusion. On comprend bien que toutes les subventions du monde<br />

ne pourront répondre à l’arsenal législatif auquel doivent faire face ces lieux. Simplifier la production de concert dans le<br />

respect des uns <strong>et</strong> des autres (musiciens professionnels…) <strong>et</strong> repartir de la vraie vie est un enjeu pour notre démocratie<br />

car nous parlons ici de liberté d’expression tout simplement !!!!<br />

Tom Gauthier, Fondateur de Beloola<br />

Quel est votre parcours personnel en lien avec le secteur de la musique ?<br />

Je ne suis pas issu de l’industrie du disque à la base. Je suis plutôt un novice du secteur mais ma<br />

"naïv<strong>et</strong>é" sur ce marché nous a pour le moment plutôt réussi lors de nos échanges avec des acteurs<br />

de ce milieu. Je suis issu d’une formation supérieure en mark<strong>et</strong>ing puis j’ai suivi un cursus en entrepreunariat<br />

& innovation à l’université de Stanford (US). J’ai une expérience de plusieurs années<br />

dans le secteur de la publicité avant la création de la société V-Cult <strong>et</strong> plus précisément du produit<br />

Beloola.com.<br />

Pourriez-vous nous présenter votre activité actuelle, en quoi correspond-elle à de<br />

<strong>nouveaux</strong> <strong>usages</strong> <strong>et</strong> pratiques ?<br />

Beloola.com est une social mark<strong>et</strong>place dédiée à la musique. L’industrie du disque a perdu 20 milliards de dollars en<br />

revenus sur la dernière décennie à cause du digital. Nous pensons que les acteurs de l’industrie musicale n’ont pas encore<br />

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Focus du mois de septembre 2012<br />

<strong>Nouveaux</strong> <strong>usages</strong>, <strong>nouvelles</strong> <strong>entreprises</strong> <strong>et</strong> <strong>nouveaux</strong> services, la filière musicale en mutation<br />

su pleinement exploiter la puissance du digital pour créer une relation artiste/fan forte <strong>et</strong> intense. Notre objectif est de<br />

perm<strong>et</strong>tre aux artistes de capitaliser sur leurs fanbases autrement <strong>et</strong> d’optimiser la monétisation de leurs contenus <strong>et</strong><br />

produits dérivés. Actuellement le levier économique fonctionnant le mieux dans l’industrie musicale est le live. Pourquoi ?<br />

Car cela procure de l’émotion aux fans <strong>et</strong> leur perm<strong>et</strong> d’entrer en contact avec leurs artistes préférés. Notre vision est<br />

de recréer ce lien émotionnel fort sur le digital pour améliorer l’engagement des fans. Comment ? En proposant une<br />

plateforme communautaire en 3D au sein de laquelle les fans peuvent vivre avec leurs artistes préférés, s’immerger dans<br />

leur univers. Les artistes recréent leurs environnements d’influences en customisant des espaces 3D à leur image <strong>et</strong> en y<br />

intégrant l’ensemble de leurs contenus <strong>et</strong> médias (Vidéos depuis Vevo ou YouTube, Audio depuis Soundcloud ou Deezer,<br />

les réseaux sociaux Facebook ou Twitter, la bill<strong>et</strong>terie ou encore leur merchandising). Tout ceci est possible grâce une<br />

technologie que nous avons créée perm<strong>et</strong>tant d’afficher des contenus 3D interactifs directement accessibles dans le navigateur<br />

Web (sans aucun téléchargement, ni de plugin ou logiciel) <strong>et</strong> fonctionnant sur tous les systèmes d’exploitation (PC,<br />

Mac, Linux, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> sur tous les devices (web, tabl<strong>et</strong>tes, smartphones, <strong>et</strong>c.). Notre ambition est double, d’une part pour les<br />

fans, faire de Beloola le plus grand espace pour échanger, interagir <strong>et</strong> vivre avec ses artistes favoris <strong>et</strong> d’autre part pour les<br />

artistes, de devenir une mark<strong>et</strong>place puissante décuplant la monétisation de leurs contenus <strong>et</strong> l’engagement de leurs fans.<br />

Comment imaginez-vous l’évolution de votre activité <strong>et</strong> plus généralement celle du secteur (ou de la filière) ?<br />

L’industrie musicale est digitale, il n'y a plus aucun doute. Nous pensons cependant que l’immersion, la scénarisation<br />

<strong>et</strong> l’émotion que procure le Web 3D sont uniques <strong>et</strong> répondent aux <strong>nouveaux</strong> besoins des consommateurs de musique.<br />

L’engagement des fans passe impérativement par une expérience utilisateur forte <strong>et</strong> profonde que seul l’expérience 3D<br />

procure. De plus, aujourd’hui, le jeu n’est plus réservé aux geeks, l’émergence du casual gaming <strong>et</strong> du social gaming ne fait<br />

que conforter notre vision. Les jeunes consommateurs de musique raffolent de ce genre de plateformes <strong>et</strong> nous espérons<br />

leur apporter une réponse à leur besoin en faisant merger musique <strong>et</strong> immersion.<br />

Christophe Caurr<strong>et</strong> <strong>et</strong> Fabrice Brovelli, Superviseurs musicaux, fondateurs de BETC Music<br />

Quel est votre parcours personnel en lien avec le secteur de la musique ?<br />

FABRICE BROVELLI : "1 er concert : 13 ans, 1 re partie d’Indochine : 17 ans, réalisateur de clips pour<br />

les THUGS, LITTLE NEMO, LA SOURIS DÉGLINGUÉE, WARUM JOE… Aujourd’hui manager d’artistes<br />

: MOHINNI, AGORIA <strong>et</strong> organisateur d’événements : soirées PANIK." CHRISTOPHE CAURRET :<br />

"Guitariste d’un groupe de noisy pop adolescent, organisateur de rave parties. Aujourd’hui manager<br />

de MOHINNI <strong>et</strong> YUKSEK <strong>et</strong> organisateur des soirées PANIK."<br />

Pourriez-vous nous présenter votre activité actuelle, en quoi correspond-elle à de<br />

<strong>nouveaux</strong> <strong>usages</strong> <strong>et</strong> pratiques ?<br />

FB :"Vice président de l’agence BETC, créateur avec Christophe caurr<strong>et</strong> de B<strong>et</strong>c music <strong>et</strong> producteur<br />

de films publicitaires. La pub moderne regroupe des formes multiples. La musique est un élément clé<br />

de ce dispositif". CC : "Créateur de BETC MUSIC, producteur de bandes son de films publicitaires."<br />

Comment imaginez-vous l’évolution de votre activité <strong>et</strong> plus généralement celle du<br />

secteur (ou de la filière) ?<br />

FB : "Notre activité est à la recherche d’un modèle actuellement encore assez flou avec la multiplication<br />

des supports où il devient essentiel de creuser un sillon légitime qui crée la relation entre le<br />

consommateur <strong>et</strong> le produit". CC : "Aujourd’hui trop de personnes se revendiquent d’une expertise<br />

musiques <strong>et</strong> marques. Peu sont finalement légitimes, trop sont opportunistes donc j’espère un<br />

meilleur éclairage à l’avenir".<br />

Matteo Cargnelutti, Fondateur de ZikCard.com<br />

Quel est votre parcours personnel en lien avec le secteur de la musique ?<br />

Avant d’être développeur web, j’ai été musicien. Le bac en poche <strong>et</strong>, ayant fait mes classes sur la<br />

scène locale, je me suis lancé dans un proj<strong>et</strong> solo, Mister Alone. Je connais donc la vie de musicien<br />

en voie de professionnalisation, <strong>et</strong> tout ce que cela implique. Les deux autres cofondateurs de<br />

ZikCard.com, Patrick <strong>et</strong> Gwen, m’accompagnaient dans ce proj<strong>et</strong>, eux deux ayant également un<br />

parcours dans la musique (Patrick en tant que chroniqueur, Gwen en tant que responsable d’une<br />

structure d’accompagnement de groupes). C’est fort de ces expériences que nous sommes à même<br />

de comprendre les problèmes que rencontrent les groupes en développement, <strong>et</strong> c’est ce qui nous<br />

motive pour tenter d’y apporter des solutions.<br />

Pourriez-vous nous présenter votre activité actuelle, en quoi correspond-elle à de<br />

<strong>nouveaux</strong> <strong>usages</strong> <strong>et</strong> pratiques ?<br />

Nous avons lancé en septembre 2011 la plate-forme ZikCard.com : il s’agit d’un site intern<strong>et</strong> sur lequel les différents<br />

acteurs de musique (musiciens, groupes, associations, collectifs, chroniqueurs, <strong>et</strong>c.) peuvent créer un profil, sorte de “carte<br />

de visite” numérique. ZikCard se distingue des autres plateformes musicales par quelques différences fondamentales,<br />

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<strong>Nouveaux</strong> <strong>usages</strong>, <strong>nouvelles</strong> <strong>entreprises</strong> <strong>et</strong> <strong>nouveaux</strong> services, la filière musicale en mutation Focus du mois de septembre 2012<br />

que ce soit sur le plan technique, éthique ou pratique. Tous nos services à destination des musiciens sont gratuits <strong>et</strong> sans<br />

publicité. Nous disposons d’une partie “Actu” dans laquelle nous m<strong>et</strong>tons un point d’honneur à m<strong>et</strong>tre en avant les artistes<br />

en développement, ceux dont on ne parle jamais. Notre plate-forme est compatible avec les terminaux mobiles, <strong>et</strong> offre<br />

des facilités aux utilisateurs pour communiquer sur ces plateformes (génération de codes 2D, <strong>et</strong>c.). Nous pensons nos<br />

solutions dans l’intérêt des utilisateurs <strong>et</strong> axons notre travail sur la pédagogie : le format “limité” des profils ZikCard (pas<br />

plus de 3 morceaux, 5 photos, <strong>et</strong>c.) est totalement volontaire, avec pour idée d’aider les groupes à ne m<strong>et</strong>tre en avant que<br />

ce dont ils sont fiers, <strong>et</strong> à maîtriser leur communication.<br />

Nous proposons également des services innovants. C’est le cas de notre outil “Fiches techniques <strong>et</strong> plans de scène”, qui<br />

perm<strong>et</strong> aux artistes de générer dynamiquement leur fiche technique <strong>et</strong> plan de scène, dans un format pédagogique qui<br />

leur perm<strong>et</strong> d’appréhender le langage des techniciens simplement tout en se faisant comprendre. C’est également le cas<br />

de notre outil “ZikCard - Tremplins” qui perm<strong>et</strong> aux artistes de s’inscrire à des tremplins directement depuis leur profil<br />

ZikCard : ce qui est un gain de temps pour les organisateurs, <strong>et</strong> pour les artistes, qui même s’ils ne sont pas sélectionnes<br />

ou vainqueurs, gardent le bénéfice de leur profil ZikCard. C<strong>et</strong>te première année, l’association Run Ar Pun’s <strong>et</strong> les Vieilles<br />

Charrues nous ont fait confiance pour la gestion de leurs tremplins.<br />

Comment imaginez-vous l’évolution de votre activité <strong>et</strong> plus généralement celle du secteur (ou de la filière) ?<br />

Nous souhaitons développer toujours plus d’outils à destination des artistes <strong>et</strong> acteurs de musique, tout en gardant notre<br />

indépendance <strong>et</strong> notre éthique.<br />

Marina Quaisse, Chargée de proj<strong>et</strong> numérique, Asso6sons<br />

Quel est votre parcours personnel en lien avec le secteur de la musique ?<br />

L’apprentissage d’un instrument, du solfège <strong>et</strong> la pratique collective m’a mené à évoluer dans<br />

le secteur de la musique. Ces expériences artistiques m’ont donné l’envie d’aller plus loin <strong>et</strong> de<br />

comprendre l’environnement de l’artiste. Mon parcours personnel a donc influencé mes orientations<br />

professionnelles en associant la création <strong>et</strong> le montage de proj<strong>et</strong>s.<br />

Pourriez-vous nous présenter votre activité actuelle, en quoi correspond-elle a de<br />

<strong>nouveaux</strong> <strong>usages</strong> <strong>et</strong> pratiques ?<br />

Je suis chargée du proj<strong>et</strong> numérique – Sonothèque de Haute-Normandie – au sein de l’Asso6sons,<br />

collectif de musiques actuelles base a Bolbec, près du Havre. Le proj<strong>et</strong> est né de la volonté de<br />

collecter, sauvegarder <strong>et</strong> diffuser les œuvres discographiques (musiques actuelles) qui font parties de notre patrimoine<br />

régional. La sonothèque c’est une plateforme d’écoute des groupes Haut Normands. Ma mission est de la numériser<br />

les albums, gérer les droits d’auteurs, puis proposer l’écoute intégrale de l’œuvre gratuitement sur la plateforme<br />

www.sonotheque-hn.com.<br />

L’inauguration du site a eu lieu lors des journées du patrimoine de 2010. C<strong>et</strong>te plateforme d’écoute est un outil innovant<br />

perm<strong>et</strong>tant aux publics de découvrir en ligne les démos, auto productions <strong>et</strong> albums. Notre but est de valoriser le patrimoine<br />

des musiques actuelles de Haute-Normandie tout en étant tourne vers les groupes actuels. La sonothèque est<br />

simple d’utilisation, gratuite <strong>et</strong> accessible à tous. Ainsi, nous perm<strong>et</strong>tons au plus grand nombre de découvrir ou redécouvrir<br />

des artistes régionaux, tout en étant tournes vers les <strong>nouveaux</strong> <strong>usages</strong> d’écoute de musique sur Intern<strong>et</strong>.<br />

Comment imaginez-vous l’évolution de votre activité <strong>et</strong> plus généralement celle du secteur ou de la filière ?<br />

La sonothèque est devenue un espace collaboratif, ou l’auditeur peut proposer des albums <strong>et</strong> des informations que nous<br />

n’avons pas encore en base de données. Nous nous sommes rapprochés des médiathèques de la région pour identifier<br />

leur fonds local <strong>et</strong> le numériser. Un travail est d’ailleurs en cours pour croiser le catalogue régional des médiathèques <strong>et</strong><br />

la sonothèque afin de perm<strong>et</strong>tre la valorisation des œuvres. Les offres d’écoute de musique en ligne <strong>et</strong> les applications<br />

mobiles perm<strong>et</strong>tent d’écouter simplement, tout de suite <strong>et</strong> partout de la musique.<br />

C’est ce vers quoi nous développons le proj<strong>et</strong> afin de valoriser notre patrimoine musical. Enfin, les appels à proj<strong>et</strong> du<br />

ministère de la Culture ont permis le démarrage de nombreux proj<strong>et</strong>s de numérisation comme le notre. L’objectif étant de<br />

perm<strong>et</strong>tre a tous d’accéder aux contenus culturels. Ainsi de nombreuses bibliothèques virtuelles sont en train d’être créé.<br />

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