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Les valeurs de la musique - Observatoire de la Musique - Cité de la ...

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avec les techniques numériques, voire <strong>de</strong>s programmations qui<br />

peuvent s’étendre, avec internet et les liaisons satellitaires, sur<br />

24 heures, mais avec un renouvellement à intervalle du mois, <strong>de</strong><br />

semaines au mieux. Dans <strong>la</strong> mesure où les enseignes ou lieux<br />

diffusent les mêmes programmations dans <strong>de</strong>s espaces géographiquement<br />

très différents, <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> répétition <strong>de</strong> ces<br />

<strong>musique</strong>s, <strong>de</strong> l’homogénéisation est posée.<br />

On est face à un environnement sonore, où les sources sonores<br />

sont multipliées et l’on pourrait se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r, comme l’avait fait<br />

Murray Schafer dans les années 1970, si ce<strong>la</strong> ne conduit pas à<br />

une sorte <strong>de</strong> « schizo-phonie » : un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> sons dans l’espace<br />

et le temps. Ceci conduit à une espèce <strong>de</strong> « flux communicationnel<br />

ambiant » où <strong>la</strong> <strong>musique</strong> ne fait plus sens. On est au<br />

centre <strong>de</strong>s problématiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> société <strong>de</strong> communication où le<br />

silence n’a plus lieu d’être et où l’on ne peut pas ne pas communiquer.<br />

Jean-Paul COMBET<br />

Éditeur, Alpha Production<br />

Sans développer <strong>de</strong>s débats d’audiophiles, on constate objectivement<br />

une dévalorisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> restitution du son.<br />

La qualité maximum est toujours celle <strong>de</strong> l’analogique. <strong>Les</strong> premiers<br />

industriels qui ont mis en avant le CD ont avancé l’argument<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité sonore, mais aujourd’hui tous les grands spécialistes<br />

s’accor<strong>de</strong>nt à dire qu’il s’agit d’une « gran<strong>de</strong> escroquerie ». Avec<br />

<strong>la</strong> norme CD, on a perdu en qualité sonore même si elle reste <strong>de</strong><br />

bonne qualité, même si elle est très pratique, même si <strong>la</strong> durée<br />

d’écoute a crû. Le numérique poursuit cette dégradation parce<br />

que les normes actuelles, fonction <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> transmission<br />

sur internet, font qu’on n’a jamais, objectivement, mis en circu<strong>la</strong>tion<br />

une aussi mauvaise qualité <strong>de</strong> restitution du son (<strong>la</strong> norme<br />

mp3 par exemple).<br />

Sur les nouveaux marchés numériques, on va encore plus désorienter<br />

le mélomane, le consommateur. On va lui dire que naturellement,<br />

dans trois ans, ce sera différent parce que les taux <strong>de</strong><br />

compression seront différents et que <strong>la</strong> généralisation <strong>de</strong>s hauts<br />

débits va permettre d’aller beaucoup plus vite et beaucoup plus<br />

loin.<br />

Daniel KAPLAN<br />

Délégué général, FING<br />

L’hypothèse d’une dévalorisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>musique</strong>, entièrement<br />

poussée par l’offre sur <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ne jouerait aucun rôle<br />

et dont les consommateurs, les auditeurs, les mélomanes,<br />

seraient entièrement les victimes, est réductrice. On n’a jamais<br />

écouté autant <strong>de</strong> <strong>musique</strong> et il n’y a jamais eu autant <strong>de</strong> concerts !<br />

C’est un phénomène un peu complexe : on peut parler <strong>de</strong> désacralisation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>musique</strong> sans avoir nécessairement une dévalorisation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>musique</strong>, mais éventuellement une dévalorisation<br />

<strong>de</strong> l’œuvre et une valeur qui passe <strong>de</strong> l’œuvre unitaire à autre<br />

chose qui peut être <strong>la</strong> <strong>musique</strong> comme re<strong>la</strong>tion, etc. Il s’agit plutôt<br />

alors d’une « fuite <strong>de</strong> valeur ». Il y a une fuite <strong>de</strong> valeur économique<br />

aujourd’hui, probablement parce que l’on n’a pas trouvé<br />

<strong>la</strong> manière <strong>de</strong> traduire économiquement cette forme <strong>de</strong> consommation.<br />

Pourtant, premièrement, l’omniprésence et <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>musique</strong> ne datent pas du numérique, mais du ba<strong>la</strong><strong>de</strong>ur à l’origine<br />

d’un changement absolument massif. Si l’on interroge <strong>de</strong>s<br />

consommateurs issus <strong>de</strong> jeunes popu<strong>la</strong>tions, <strong>la</strong> bonne question<br />

est « Quand est-ce que je n’écoute pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>musique</strong> ? ». – Finalement,<br />

c’est lors <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> sports collectifs. La <strong>musique</strong><br />

est mobile, ambiante, pas seulement parce qu’elle est imposée<br />

dans l’espace public mais parce qu’elle fait partie d’une manière<br />

<strong>de</strong> vivre, qui a été alimentée par le succès <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong>s radios et<br />

<strong>de</strong>s télévisions musicales en correspondance aussi avec <strong>la</strong> multiplication<br />

<strong>de</strong>s scènes. Changement <strong>de</strong> statut, différence <strong>de</strong> statut<br />

qui fait que chaque œuvre fait partie d’un flux, fait partie d’un<br />

courant, elle est précédée d’un autre, elle est suivie d’un autre et<br />

ce flux-là est constitué soit par un programmateur, soit par ses<br />

goûts, soit par <strong>la</strong> fonction shuffle d’un écouteur. C’est un univers<br />

que l’on construit, duquel l’on va extraire un certain nombre <strong>de</strong><br />

signes, les sonneries par exemple.<br />

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