Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

Pour éviter que toute politique ne devienne
qu’un catalogue de bonnes intentions, entendons
que la culture n’est pas socialisante par nature et
que consommer des produits culturels intelligents
ne libère pas le citoyen. La culture divise par
essence ; l’accompagnement des pratiques musicales
peut permettre d’explorer ces divisions pour
que se construisent les identités. Vouloir nier ces
identités, ou du moins les processus d’identification,
ne ferait qu’alimenter les oppositions
entre populations subissant les mêmes réalités.
C’est pourquoi il paraît aujourd’hui essentiel,
tant pour les “artistes” que pour les “médiateurs”,
de s’investir ou de se réinvestir sans exclusive avec
ceux qui n’imaginent même plus que leur rapport
au monde a encore une importance pour qui que
ce soit. C’est bien dans la confrontation des intuitions
et des analyses, entre citoyens d’une même
République, que l’expression artistique peut encore
vivre et se renouveler.
L’actuelle rédaction de la Charte d’objectifs
Ministère de la Culture / Conseil national d’éducation
populaire (Conseil composé de huit fédérations et
mouvements nationaux) nous offre des perspectives
novatrices pour l’avenir. Espérons que les
qualités dépasseront les préjugés.
Enfin, puisque le Ministère de la Jeunesse et
des Sports continue d’afficher sa volonté de
mobiliser les intelligences des citoyens pour expliquer
et influer sur les mutations de notre société,
avançons que la musique peut permettre à chacun
de se construire une autre représentation du
monde à condition que les cadres de réflexion, de
confrontation et d’expérimentation impliquent
tous les acteurs.
Mai 1999
Fernand Estèves
chargé de mission culture FFMJC
Depuis les Rencontres d’Évreux, le rapport
de la Commission nationale des musiques
actuelles a été rendu public. Les réponses du
Ministère de la Culture sont globalement cohérentes
mais insuffisamment ambitieuses malgré
une pression accrue par d’oppotunes Rencontres
de la Fédurok à Nantes.
Partout nous entendons que le temps de la
verticalité des modes d’intervention et de la défense
des pré-carrés est bel et bien révolu. Or la transversalité
ne se décrète pas. En termes de médiation
culturelle, la reconnaissance de la spécificité associative
d’éducation populaire n’est toujours pas
gagnée. Il nous faut donc continuer de saisir et de
faire vivre ce que, par exemple, le Ministère de la
Culture propose dans sa Charte des missions de service
public pour le spectacle vivant : “...un large
réseau de partenaires et de relais inscrits dans la vie
professionnelle et associative, comprenant notam -
ment le secteur socio-éducatif, doit être recherché,
voire suscité”.
Remerciements à tous les intervenants et participants,
à Claude Le Berre et Philippe Bordier,
à Jean-Marie Martin, Jean-Christophe Aplincourt,
et à toute l’équipe de la MJC l’Abordage d’Évreux
et du festival Rock dans tous ses États,
à Michel Sagne, Antoine Bire, Dany Guillemot, Nicolas Lefort,
et Jean-Dominique Scheer pour ses magnifiques photos
du festival (contact : 06 60 23 50 68).