Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

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qu'il ne faut pas qu'il y ait accès à la connaissance. Et
pour moi, il n'y a pas de confusion entre le terme “éducation"
et le terme “connaissance". Je suis pers u a d é
qu'il faut qu'on ait accès à la connaissance, je suis même
Le métier artistique est un métier qui s'apprend, qui a
une pédagogie et une discipline
complètement persuadé qu'il n'y a pas qu'à l'école que
c'est possible. Ce qui n'est pas une manière de m'asseoir
sur les profs à qui je dois tout ! Mais je préfère que l'on
dise “a pprendre". Il faudrait tenter de se mettre dans
des processus où le professeur est un peu moins sacré,
un peu plus humain et l'individu qui est en face de lui,
il est moins à éduquer et capable aussi d'éduquer l'autre .
Fernand Estèves : Educateur est un terme qui est en
réflexion à l'heure actuelle au sein même de notre fédération.
Est-ce encore d'actualité dans une fédération d'éducation
populaire défendant l’idée d’éducation permanente ?
Est-ce encore d'actualité dans l’ensemble des associations
d’éducation populaire ? Je le pense, je défends ce concept,
au moins d’un point de vue sémantique. Je crois que
lorsque des personnes effectuent un travail éducatif, il
faut savoir le nommer en tant que tel. Je trouve d’ailleurs
qu'on a un petit peu trop tendance à mettre à la trappe un
processus qui a été validé par nombre de théories et de
pratiques. L'éducation, cela signifie quelque chose et si
nous sommes des associations d'éducation populaire, c'est
que “éducation" et “populaire", cela veut dire quelque
chose, qui plus est quand on les associe.
Jean Djemad : L'éducation populaire, c'est un terme qui
est attaché à l'histoire. C’est quelque chose qui a sa validité,
y compris très profondément dans la tradition mais
ce n'est pas forcément négatif qu'elle sache se délester
d'un certain nombre de termes qui peuvent être lourds et
d i f ficiles à employer !
Alain Leprest : Le métier artistique est un métier qui
s ' a p p rend, qui a une pédagogie et une discipline. Et tu le
sais très bien !
Jean Djemad : Je ne dis pas le contra i re ! Je ne mets
qu'un terme en cause et je ne parle pas de cette manière
là avec des jeunes. Pour une raison simple : lorsque je
suis avec des jeunes, je passe plus de temps à faire des
trucs qu'à en parler.
Michel Frédéric, musicien et animateur MJC d'Évreux :
Quelle grande prouesse des hommes, pensons à Jules
F e r r y, d’avoir mis l'école à la portée de tout le monde. Le
l i v re, la lecture et l'écriture offrent la liberté, le re s p e c t
et la revendication. La question est de savoir si, dans le
terme “éducation", il y a une part de révolution possible
dans celui qui reçoit une information. Est-ce que l'éducation
est seulement didactique ? Bob à côté de
moi, me disait : “Mais bon dieu ! Si moi j'avais
pu aller dans toutes ces écoles, peut-être que je
chanterais en français aujourd'hui…". On se
demande toujours comment faire en sorte que nous
puissions être des citoyens libre s .
Sylvie Gueye, animatrice MJC Agora - Nice : La gra n-
de question que je me pose par rapport à l'éducation en
tant que telle, c'est que “éduquer", c'est “former" d a n s
le sens de donner une forme à quelqu'un. Cette forme
débouche sur une sélection et je crois que c'est à ce
niveau-là qu'est véritablement le débat. J'ai entendu une
inspectrice de l'Éducation nationale de Z.E.P. dire :
“Notre travail n'est pas d'éduquer, c'est de sélectionner."
Cela veut bien dire ce que cela veut dire, et je cro i s
que c'est à ce niveau-là que le terme peut heurter mais
je crois que “former", en soit, ce n'est pas mauvais. Il
faut faire très attention aux formes que l'on impose et
ensuite à ce sur quoi cela peut déboucher au niveau de
la sélection.
Michel Sagne, directeur MJC La Bouvardière -
St Herblain : Je réagis sur “former" p a rce que je fais
partie de ceux qui ont participé à des séminaires avec le
philosophe Luc Carton. Avec lui, nous avons tenté de
v é r i fier que l'école avait une histoire et que la formation
était peut-être le dernier moment de l'histoire de l'école.
Ce que je crois, c'est que l'école dont rêve Alain Lepre s t ,
c'est celle qui m'a formé, c'est celle de l'instruction, c'est
celle de la science. Je crois que nous ne pouvons pas tenir
le même discours à propos des musiques et à propos de
l ' a s t rophysique par exemple.
Alain Leprest : Nous chantons avec les pieds plantés sur
scène, avec les mains en avant, pour dire des choses aux
gens sans en avoir la certitude. Mais nous voulons les
re transmettre. Il n'y a pas d'émotion sans mots, il n'y a
pas d'émotion sans notes. Où les trouve-t-on ces émotions
? Dans l'apprentissage. Une chanson, ce n'est pas
g rand-chose, elle ne re n t re ra jamais à l'Académie
F rançaise, ra s s u rez-vous ! Ils ne nous auront pas mais
cela ne nous empêchera pas de leur faire lever les poils.
Par ailleurs, la musique est une industrie monstrueuse.
Avec tout l’argent prélevé en droits télé, en
d roits radio… on devrait se mobiliser, faire une exposition
de l'ensemble des métiers que génère l'industrie phonog
raphique, même si on n'emploie plus ce terme aujour-