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Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

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nous savons que l’organisateur fait bien son boulot. Je<br />

ne vais pas au cachet pour le cachet.<br />

Je fais partie de ceux qui se sont déplacés dans<br />

<strong>des</strong> petits lieux avec <strong>des</strong> personnes du Ministère de la<br />

Culture sur les recommandations de Madame Trautmann.<br />

Nous nous sommes aperçus qu'il n'y a aucune solution.<br />

C ' e s t - à - d i re que lorsque vous êtes artiste à Paris et que<br />

vous allez chanter dans une salle de 300 personnes à<br />

Avignon par exemple, avec 4 ou 5 musiciens : tout est<br />

bouffé ! <strong>Les</strong> solutions que nous pouvons apporter sont<br />

de faire un “billet-train" comme on fait un “billetrest<br />

aurant" pour tous les musiciens, et puis ainsi de<br />

suite. Essayer<br />

de réglementer<br />

à seule fin que<br />

l'on puisse présenter<br />

un contrat de spectacle, sinon les chanteurs de<br />

Paris ne peuvent plus aller en province et les chanteurs<br />

de province ne peuvent plus aller à Paris. Je pense que<br />

les artistes et professionnels du spectacle que vous êtes<br />

doivent penser à toutes ces choses-là.<br />

C'est extra o rd i n a i re à quel point notre métier<br />

n'est pas structuré. Lorsque nous avons eu l'autorisation<br />

de cette pre m i è re re n c o n t re avec Catherine Tra u t m a n n ,<br />

avec <strong>des</strong> petits lieux qui n'étaient pas structurés entre<br />

eux, d'abord parce qu'ils ne fonctionnent pas tous sur<br />

les même mo<strong>des</strong>. Nous avons vu l'un <strong>des</strong> attachés de<br />

cabinet, spécialisé dans la chanson française. Au bout<br />

d'une heure il nous a dit que ce que nous lui ra c o n t i o n s<br />

était très intéressant mais qu’il se demandait d'où nous<br />

parlions et qui nous étions. Il est très difficile de se présenter<br />

dans un Ministère sans représenter rien du tout !<br />

Nous n'étions, en définitive, que <strong>des</strong> personnes individuelles<br />

et c'est l'attaché du Ministère qui nous dit - la<br />

honte de ma vie pour moi qui suis fils de syndiqué ! -<br />

que le Ministère ne reçoit que <strong>des</strong> syndicats, que <strong>des</strong><br />

gens organisés. Maintenant, nous nous organisons, nous<br />

allons essayer de fédére r, cela s'appelle la Fédération <strong>des</strong><br />

Petits Lieux. Évidemment, cela représente <strong>des</strong> ai<strong>des</strong><br />

importantes puisqu'il y a les Maisons de la Culture et<br />

tous ces réseaux et il y a aussi les petits lieux qui fonctionnent<br />

et qui boitent.<br />

Il faut créer un immense mouvement pour faire<br />

plier certaines règles fin a n c i è res qui pèsent sur vos lieux<br />

à vous et qui pèsent sur nous. Quand je viens pour un<br />

concert avec sept musiciens, je paie <strong>des</strong> charges. C'est<br />

très cher et cela veut dire que si je viens chanter ici, en<br />

comptant les places comme tout à l'heure, je dis que si<br />

cela ne passe pas à cent francs la place - et vous ne la<br />

f e rez pas à cent francs parce que j'ai horreur <strong>des</strong> places<br />

à ce prix - donc je suis dans le bouillon. Il faut que l'on<br />

se démène tous ensemble. Il y a bien les pilotes d'avion<br />

C'est extra o rd i n a i re à quel point<br />

n o t re métier n'est pas structuré<br />

qui font la grève, faites la grève aussi ! La grève du son,<br />

vous verrez ! Grève du son à la radio, grève du son dans<br />

l ' a s c e n s e u r, grève du son au carre f o u r, pas un son, pas<br />

un bruit, même pas Little Bob ! Une journée sans<br />

musique, une vraie grève !<br />

Little Bob : Je sors d'une tournée où nous avons joué sur<br />

<strong>des</strong> gran<strong>des</strong> et <strong>des</strong> petites scènes. Si nous avons pu le faire<br />

c'est parce que nous pratiquons <strong>des</strong> prix adaptés. Comme<br />

nous avons fait 45 concerts dans toute la France, nous<br />

avons fait <strong>des</strong> prix en conséquence. Nous, musiciens, avons<br />

besoin <strong>des</strong> petits lieux et <strong>des</strong> MJC. Vous êtes les seuls à<br />

pouvoir faire passer <strong>des</strong> artistes comme nous et <strong>des</strong> gens<br />

qui ne passent pas forcément tous les jours en télé ! Donc,<br />

je pense que c'est aussi votre devoir de faire re ncontrer les<br />

publics de votre quartier, de là où vous êtes, <strong>des</strong> gens qui ne<br />

passent pas forcément en télé ou en radio. Ce que nous<br />

donnons est différent, a une certaine pureté, une certaine<br />

qualité. S’ils veulent voir <strong>des</strong> artistes qui passent sur les<br />

on<strong>des</strong> et sur les chaînes, ils iront les voir dans la salle de<br />

spectacle de la ville mais c'est à vous, c'est votre devoir de<br />

faire passer <strong>des</strong> musiciens, <strong>des</strong> danseurs, <strong>des</strong> chanteurs, du<br />

théâtre, du café-théâtre, et de faire que vos lieux soient<br />

aussi <strong>des</strong> lieux de diffusion. Ne l'oubliez pas, car si c'est très<br />

bien d'animer et d'appre ndre, il faut aussi faire de la diffusion<br />

pour que <strong>des</strong> gens comme nous puissent se pro duire<br />

sur scène et montrer ce que nous savons faire. Ce que nous<br />

proposons est, en général, largement aussi bien fait, sinon<br />

mieux, que les gens qui sont très poussés par les médias.<br />

Jean Djemad : Quand par exemple on utilise le mot<br />

éducation, cela sonne comme une espèce de centre<br />

unique d'un savoir “c athédralesque", vertical, pyra m i d a l<br />

v e rs quelque chose qui est autre chose d'inconsidéré, de<br />

même pas re p é rable dans un ministère. Par ailleurs, je<br />

pense que l’individuel compte autant que le collectif. Je<br />

p r é f è re parler “d'inter-individuel", c'est-à-dire cette<br />

capacité que l'on a, à la fois, d'être dans le respect d'un<br />

individu à l'autre tout en ayant, en même temps, cette<br />

capacité développée vers un maximum de gens. La sensation<br />

que l'on a lorsque l'on se sent bien parmi les<br />

a u t res, de mieux en mieux parmi de plus en plus<br />

d ' a u t res. Cette sensation, elle ne se fait que de pro c h e<br />

en proche finalement. La sensation d'avoir affaire à une<br />

masse, pour moi, c'est quelque chose qui me paraît ne<br />

rien avoir résolu. Si on dit que le rapeur prend le micro<br />

p a rce qu'il a un droit d'expression, c'est faux ! Le ra p e u r<br />

p rend un micro, il prend son droit d'expression et, tôt ou<br />

t a rd, il va se re n d re compte qu'il a un dro i t .<br />

J'ai la sensation d'offrir de la connaissance, de<br />

l'accès à la connaissance d'une manière qui me para î t<br />

bien plus efficace que l’école. Je ne dis évidemment pas<br />

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