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Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

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de voir par exemple de quelle manière l'école est re m i s e<br />

en cause. Dans les années 80, on a vu arriver dans le<br />

mouvement hip-hop <strong>des</strong> gens qui étaient en échec scol<br />

a i re, <strong>des</strong> gens doués en général, qui auraient aussi pu<br />

l ' ê t re à l'école, c'est évident. Mais ils n'y sont pas allés<br />

pour <strong>des</strong> tas de raisons. On peut effectivement re pérer<br />

<strong>des</strong> handicaps qui sont <strong>des</strong> manques de re p è res sociaux,<br />

b ref <strong>des</strong> choses qui ne sont pas <strong>des</strong> choses idiotes à<br />

c o n s t a t e r.<br />

Paul Blanc, directeur MJC Croix <strong>des</strong> Oiseaux -<br />

Avignon : À quoi l’artiste peut-il être utile dans ce dont<br />

nous parlons ? Tout simplement, il a un savoir-faire mais<br />

on ne peut pas dire qu'il sent plus, qu'il sent moins que le<br />

jeune qui tient les murs. Lui, il sait faire. C'est ce savoirfaire-là<br />

qui devrait nous intére sser. C'est comme cela que<br />

nous avons essayé de fonctionner. Nous n’avons pas à<br />

demander à l’artiste d'être l'animateur. Nous sommes de<br />

plus en plus gênés avec le concept de l'animation parc e<br />

que cela me semble une attitude assez résignée. Alors, la<br />

création, pour qui, pour quoi ? Est-ce que l'on peut dire à<br />

tout moment que tel groupe est prêt à se présenter<br />

devant n'importe qui ? Il me semble bien que tout le<br />

monde n'est pas artiste, mais qu'il y a <strong>des</strong> artistes qui ont<br />

du savoir-faire. Dans certains pays, les musiciens n'existent<br />

pas. Dans le sud-est asiatique, ce sont <strong>des</strong> faiseurs de<br />

musique. Nous pouvons revendiquer <strong>des</strong> intervenants<br />

artistiques qui aient du savoir-faire mais qui ne soient<br />

plus dans “l'exceptionnalité". C'est un combat qui me<br />

semble maintenant indispensable et sans chercher une<br />

autre légitimité que la nôtre. <strong>Les</strong> quartiers sont <strong>des</strong> labora<br />

toires pour le futur. Enfin, nous sommes quelques-uns à<br />

Dans certains pays, les musiciens n'existent pas. Dans le<br />

sud-est asiatique, ce sont <strong>des</strong> faiseurs de musique<br />

le penser. C'est là où - et je m'adresse aux artistes - que<br />

se pose la vraie fonction sociale de l'art. C'est là qu'il y a<br />

les obstacles. L'artiste va s'en pre ndre plein la gueule et<br />

s’il ne tient pas : qu'il crève !<br />

Jean Djemad : A la question du pourquoi pas de fin ancement<br />

culturel, je voudrais apporter, à la lueur de ma<br />

propre expérience, deux réponses. La pre mière, c'est que<br />

cela tient d'abord aux hommes, il suffit qu'un D.R.A.C. soit<br />

fondu de ce que tu fais pour que cela se débloque. C'est<br />

arrivé pour nous, mais cela ne veut pas pour autant dire<br />

que son ministère et tous les gens qui bossent avec lui<br />

vont suivre, mais cela compte. C'est pareil pour le contact<br />

que l'on peut avoir avec un animateur dans une MJC ou<br />

avec un instituteur dans une école, il est prépondéra nt.<br />

Cela passe par le contact entre deux individus. J'ai re marqué<br />

une chose, c'est souvent leur réponse. Leurs budgets<br />

ne sont pas extensibles et, en fait, ils se re trouvent souvent<br />

dans <strong>des</strong> logiques de chaises musicales. C'est-à-dire<br />

qu'ils financent depuis <strong>des</strong> années un certain nombre<br />

d'artistes qu'il est tout à fait légitime de financer et<br />

lorsque d'autres artistes arrivent, il n'y a plus d’argent. Si<br />

on donne aux nouveaux, on prend aux anciens et la plupart<br />

<strong>des</strong> gens de ce milieu, qui souvent sont très honnêtes,<br />

nous expliquent les limites de ce que l'État leur offre<br />

comme possibilité de développer <strong>des</strong> actions. Il faut donc<br />

poser la question à tra vers notre vote, à tra vers notre<br />

engagement, à <strong>des</strong> gens qui ont peut-être mis plus sur la<br />

culture, plus un terme de propagande, de loisir qu'un<br />

terme de développement de la personne humaine.<br />

Alain Leboucher, coordinateur MJC de Mouy (60) :<br />

Je suis un formateur et un diffuseur. Aujourd’hui, une<br />

g rosse erreur sur l'avenir est en train d’être commise par<br />

de nombreux partenaires institutionnels. Il existe une<br />

politique dont l'objectif est uniquement la formation. Je<br />

ne suis absolument pas d'accord parce que l'artiste aura<br />

t o u j o u rs le droit de s'exprimer. Ve rser l'argent uniquement<br />

dans les formations, je trouve cela très grave parc e<br />

que cela ne permettra certainement pas à beaucoup<br />

d'artistes de pouvoir s'exprimer, de pouvoir vivre un<br />

minimum de ce qu'ils sont capables de présenter. Nous<br />

devons nous poser la question de savoir si nous sommes<br />

là uniquement pour former <strong>des</strong> gens au même titre que<br />

pour d'autres métiers, point. On nous coupe les ro b i n e t s<br />

de la diffusion dans l’Oise et c'est quelque chose de très<br />

g rave. Hier, nous avons appris la mort de cinq associations<br />

depuis le début de l'année, qui vont arrêter la diffusion<br />

parce qu'il n'y a plus aucune subvention<br />

qui est versée. La formation et la diffusion doivent<br />

exister ensemble. Si cela continue, il y aura<br />

cinq groupes de rap au niveau national, autant<br />

dans le rock et dans le jazz… et que fait-on avec le reste ?<br />

Bien entendu, on pourra toujours s'exprimer dans les<br />

MJC parce qu'il faut quand même re c o n n a î t re qu'elles<br />

ont toujours permis à tout le monde de s'exprimer.<br />

8 6<br />

Alain Leprest : Comme tous les artistes que nous<br />

sommes, nous ne sommes pas heureux de venir sur un<br />

plateau quand il y a 20 personnes dans la salle. Nous ne<br />

sommes pas contents parce que le professionnel, le lieu,<br />

la mairie, le service de communication n'ont pas fait<br />

leur travail non plus ou peut-être que nous n'avons pas<br />

un nom suffisamment alléchant et dans ce cas, c'est<br />

aussi de notre faute. D'un autre côté, il est tout à fait<br />

possible pour un artiste de constater qu'un lieu est<br />

accueillant. Pour telle association, tel lieu, je pra t i q u e<br />

un prix, comme Bob pratique aussi un prix parce que

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