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Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

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plaisent ou non. Ce sont <strong>des</strong> chansons qui traduisent <strong>des</strong> partagées par d'autres dans la salle. C'est très évident ce<br />

f ê l u res, qui traduisent mon origine à moi, mes amitiés. que je dis mais j'essaie de partir de ce principe-là. Mais<br />

Quand je suis dans la rue, je suis comme Bob, je suis un est-ce que je produis du droit en étant sur scène ? Non !<br />

citoyen. Et pourquoi je suis “c oco" aussi ? Je suis “c oco"<br />

p a rce que se battre pour les sans papiers, se battre contre Little Bob : Je tiens à dire qu’il n'y a pas que les ra p e u rs<br />

les charters, c'est se battre aussi au niveau de la musique qui ont un engagement militant ! Tous les soirs sur<br />

p a rce que vous avez <strong>des</strong> tas de musiciens, de renom ou scène, je chante en anglais donc c'est un peu plus difficile<br />

pour les gens de compre n d re. Mais je leur explique<br />

pas de renom, qui sont venus, ici, gra t t e r, bosser <strong>des</strong><br />

notes fabuleuses, bosser dans <strong>des</strong> studios dans <strong>des</strong> conditions<br />

incroyables par pure amitié ou, parfois, en étant le discours de Martin Luther King et que j'explique sur<br />

ce que je dis. J'ai une chanson qui m'a été inspirée par<br />

payés et qui se font jeter aujourd'hui. C'est une <strong>des</strong> scène aux gens. Je parle aussi <strong>des</strong> sans abris, je défends<br />

m a n i è res de répondre aussi à la citoyenneté.<br />

les sans papiers et, cela, je le dis en français pour que les<br />

Citoyenneté, c'est aussi dire mon appartenance, en gens comprennent. Je ne voudrais surtout pas que l'on<br />

tant que citoyen. A Toulouse, au Havre, à Rouen, à Paris, dise que les ro c k e rs sont là, pépères. Nous disons les<br />

quand on chante avec nos mains, nos poings, nos gestes, choses simplement, nous sommes un peu moins médiatisés,<br />

c'est tout !<br />

nos voix, c'est, à la fois, l'expression de tout notre vécu et,<br />

derrière, il y a aussi une main tendue. Il y a une main<br />

tendue vers les autres, c'est évident. Je viens d'une Jean Djemad, fondateur de la Cie Black Blanc Beur :<br />

époque où les chanteurs étaient classés dans <strong>des</strong> tiro i rs . Je pourrais parler d'expériences que j'ai entre t e n u e s<br />

Là aussi, c'était une forme de racisme. On disait qu'untel<br />

était rock, untel fado, etc. Aujourd'hui, il y a une déterminantes dans ce qu'est aujourd'hui la compa-<br />

avec les MJC, très nombreuses et qui sont absolument<br />

espèce de mouvement de re g a rd les uns vers les autre s gnie Black Blanc Beur. Pendant toute l'époque où nous<br />

qui fait que la musique reste la musique. Il y a une avons mis en œuvre la compagnie de danse et le jour<br />

r é s u rgence de cette espèce de métissage dont je voulais où elle a existé de fait par son premier spectacle, nous<br />

parler et <strong>des</strong> luttes qu'ils faut savoir bien mener. Il ne n'avons jamais cessé de faire un travail “d'accès au<br />

s u f fit pas d'être planté sur une scène devant un micro . droit" pour ceux qui étaient dedans. Nous n’avions pas<br />

<strong>Les</strong> slogans qui se chantent aujourd'hui, ou comme besoin de montrer que les danseurs étaient déjà en<br />

a i l l e u rs, pour une vie meilleure, cela reste <strong>des</strong> chansons t rain d'appre n d re <strong>des</strong> règles de vie en communauté, de<br />

et la musique importe peu.<br />

ne plus confondre le travail et l'emploi. Il s’agissait de<br />

situer un certain nombre de motivations et c'est pour<br />

Philippe Moreau, responsable du secteur culturel MJC cela que j'aurais tendance à ne pas écraser complètement<br />

l’expérience de la compil d’Avignon. Cette<br />

d'Halluin : Il y a deux ou trois mois, j'ai demandé à<br />

q u e lqu'un qui est à la fois comédien et musicien d’intervenir<br />

dans l’encadrement <strong>des</strong> groupes et de les aider p e r m e t t re à <strong>des</strong> gens de s'accomplir, de s'identifier une<br />

d e rn i è re aura eu sans doute au moins l'avantage de<br />

un peu, parce que lui, il avait un re g a rd un peu plus professionnel.<br />

Il m'a dit : “Oui, c'est intéressant mais moi, acte, que cela se sache ou non, c'est une manière<br />

fois par un propos, par un acte. Le fait de poser un<br />

la première chose que je fais, quel que soit le groupe, d'accéder au dro i t .<br />

quelle que soit la personne qui ait envie de monter De nombreuses associations, notamment les<br />

sur scène, c'est de lui demander pourquoi elle est sur MJC, ont agi en termes de tampon social pour que les<br />

cette scène, de se poser la question…". Cela fait à peu villes ne pètent pas. Mais il n'est jamais trop tard pour<br />

près huit ans que je fais de la musique et je ne m'étais se poser la question <strong>des</strong> chaînons manquants, entre le<br />

jamais vraiment posé la question. Je n'avais jamais vra i- fait d'exister, de poser une production, une entité dans<br />

Est-ce que je produis du droit en étant sur scène ?<br />

cette production et puis ensuite de pouvoir l'exp<br />

o r t e r. D’emblée, nous ne nous sommes pas inscrits<br />

dans le misérabilisme et évidemment pas du<br />

ment essayé de réfléchir sur ce sujet. La plupart du tout dans l'exotisme. Cette notion d'accès au droit me<br />

temps, cela part d'une expérience de groupe. Il s’agit p a raît importante et je voudrais la développer en<br />

d ' a b o rd d’un groupe de copains qui décident un beau disant que finalement - on ne résume pas 20 ans de<br />

jour de monter sur scène. Petit à petit, on commence à p ratiques - ce qui est très important, c'est de poser un<br />

essayer d'écrire et forcément, quand on commence à acte et de développer une expérimentation. Si on pose<br />

écrire <strong>des</strong> textes, on a envie de raconter <strong>des</strong> choses. Le un acte et si on développe une expérimentation, à ce<br />

challenge est que ces choses qui sont personnelles soient moment-là, on a accès au droit et sans doute à la citoyen-

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