Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

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cela revient sensiblement à dire à des partenaires fin a n- Paul Blanc, directeur MJC Croix des Oiseaux - Avignon :
c i e rs de nous donner de l'argent pour qu'on leur re n t re Nous avons travaillé avec différents artistes ou groupes.
dedans. Par exemple, nous venons de terminer un staff Cela s'est toujours fait sous forme de résidences relativement
longues. La plus courte a duré neuf mois. Il s'agissait
d'accompagnement de musiciens qui touchaient tous le
"Revenu Minimum d'Isolement", comme ils disent de danseurs, de plasticiens, de musiciens et nous nous
e u x -mêmes... Il est bien évident que tout le travail que sommes bien gardés d'avoir un projet. Nous avons toujours
annoncé cela comme un trajet et nous nous sommes
ces musiciens ont fait avec d'autres musiciens n'a pas
été un travail d'insertion, bien au contra i re, cela a été vite aperçus que l'artiste avait une sorte de capacité à
un travail de subversion puisqu'ils ont réfléchi à leur faire une “auto-commande" et à alimenter sa création
p ro p re situation à tra v e rs leur pro p re musique et à d'un environnement, d'un territoire peuplé… Par exemple
t rav e rs une re n c o n t re avec des musiques un peu différentes.
Il n'en reste pas moins que cette aventure, qui a choses qui prouvent que tout est possible. C'est vrai que
sous forme d’ateliers avec les jeunes qui ont abouti à des
duré à peu près un an, ne s'est pas conclue par la mise bon nombre d’artistes ont redéfini la proposition artistique
qu'ils nous faisaient tout au long du parcours.
en place de lieux corrects de travail pour ces mêmes
musiciens puisque bon nombre de ces musiciens se C'est-à-dire qu'avec un peu de prétention - je voudrais
re t rouvaient dans une situation un peu difficile. A un avoir l'avis des artistes - il y a toujours confrontation. Il y
moment donné de leur vie musicale, ils avaient souhaité
chercher un peu plus. Certains en avaient assez de faire de “l'harmonie sociale", il y a les structures, MJC ou
a ceux qui financent, qui souvent nous demandent de
jouer dans les bars, ils souhaitaient peut-être aller un autres, qui sont là entre les deux et qui ne savent pas très
peu plus loin et, donc, la plupart avaient dit - les artistes bien jusqu'où elles peuvent aller trop loin mais qui ont la
Alimenter les artistes et les confronter à leur enviro n n e m e n t
capacité d'aller loin dans la
confrontation. Nous pouvons penser
que ces confrontations, ces
parleront mieux que moi de tout cela - “aujourd'hui, je c h eminements-là, sont peut-être un élément du processus
cherche autre chose”. Et puis un mois passait, deux de création. C'est-à-dire que si un artiste vient avec ses
mois, trois mois et plus personne ne les appelait. Il propositions, il devrait être à peu près souhaitable qu'à
a p p araissait une certaine difficulté fin a n c i è re qu'ils l'issue de son travail, les propositions initiales soient complètement
différentes de celles qui ont conclu l'affaire.
avaient de la peine à régler.
Je travaille sur la région P.A.C.A où il y a, à peu Nous rencontrons beaucoup de difficultés, notamment
à travers les musiques assistées par ordinateur, à
près, 5 000 artistes qui touchent le R.M.I. Disons que les
tentatives de citoyenneté, pour nous en tout cas, c'est entrer dans la dimension de la diffusion. Pour la musique,
d'essayer de mettre à la disposition des artistes des lieux plus particulièrement pour les musiques urbaines, on dirait
de travail et pas uniquement des lieux de diffusion. Bon que les artistes sont condamnés à rentrer dans la logique
n o m b re de lieux de diffusion existent mais est-ce que économique, commerciale. Nous avons accueilli des musiciens
qui jouaient de la musique contemporaine, et la
l'on continue à mettre en place des lieux de diffusion
qui s'inscriraient dans une espèce de marginalité par question ne s'est pas posée. Peut-être que nous-mêmes,
rapport à une musique qui est un peu anormale ? Ou nous ne considérons pas encore suffisamment ces
est-ce que l'on fait de “l'entrisme" dans des lieux musiques-là comme des musiques d'expression artistique.
comme les scènes nationales et autres, et qui eux existent
et devraient accepter ces formes d'expression ? groupes, et cela a été la fin de la plupart des groupes. Cela
Enfin, nous avons tout de même sorti un compact de 18
Voilà une des questions. Quant à la citoyenneté de la a été catastrophique ! On se dit que nous ne sommes pas
population, puisque nous parlons ra rement de public… performants, que nous ne sommes pas capables d'accompagner
au-delà de la production, nous sommes des crimi-
oui, il y a certainement une citoyenneté parce que l'envie
d'entrer dans des pratiques artistiques est motivée nels… Finalement, j'ai envie de dire que si nous sommes
par l'envie de dire quelque chose à quelqu'un et à partir condamnés à accompagner des gens qui font ce que tout
du moment où l’on a envie de dire quelque chose à le monde fait, il ne faut pas s'étonner que nous ne soyons
quelqu'un, on s'exprime et, à partir de ce moment-là, pas performants pour les vendre.
p e u t - ê t re qu'on a un début…
Nous avons la prétention de dire que lorsque nous
accueillons un artiste, que ce soit un ro c k e r, un ra p e u r,
Fernand Estèves : Que veux-tu dire quand tu parles un musicien contemporain ou un “inclassable", nous
d'alimenter les artistes et de les confronter à leur environnement
?
une musique parce qu'il va se heurter à un
mettons tout à sa disposition. Nous voulons qu'il invente
environnement,