06.03.2014 Views

Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

éventuellement, de revenus de l'enseignement, de re v e-<br />

nus sociaux, ASSEDIC ou autres, éventuellement de<br />

d é m o n s t rations d'instruments de musique dans les<br />

s u p e r m a rchés lorsque c'est la période de vaches maigre s .<br />

En tout cas, c'est quelqu'un qui a fait le choix de s'investir<br />

complètement dans la musique.<br />

<strong>Les</strong> “musiciens actuels", même amateurs, désirent<br />

toujours se pro d u i re sur scène, ce qui pose d'autre s<br />

problèmes. L’ordonnance de 1945 et la loi de 1969 disent<br />

qu'à partir du moment où un musicien est sur scène, il y<br />

a un lien de subordination qui s'exerce entre l'emp<br />

l o y e u r, l'organisateur et le musicien et qu'à partir du<br />

moment où un musicien est sur scène, il doit être salarié<br />

et il doit être déclaré. Nous pouvons re m a rquer que<br />

cette volonté de re n c o n t re <strong>des</strong> musiciens avec l'espace<br />

public, ce désir d'insertion à la cité, cette dimension<br />

e n t re p reneuriale du groupe de rock, du groupe de ra p ,<br />

du DJ, est un cara c t è re fondamental, à mon avis, et qui<br />

les différencie de la musique classique. C'est vrai qu'on<br />

voit ra rement <strong>des</strong> élèves d'écoles de musique aller spontanément<br />

jouer dans les cafés. À mon sens, c'est dans<br />

cette perspective qu'il faut voir la dimension citoyenne<br />

de ces pratiques, car ce cara c t è re entre p reneurial est lié<br />

à une prise de responsabilités de la fonction sociale de<br />

la musique. <strong>Les</strong> musiciens se confrontent à l'espace<br />

social, dans <strong>des</strong> lieux de convivialité (souvent <strong>des</strong> cafés),<br />

dans <strong>des</strong> endroits où leur pratique fait complètement<br />

partie d'une re n c o n t re sociale et donc d'une re n c o n t re<br />

citoyenne entre <strong>des</strong> “citoyens musiciens" et <strong>des</strong><br />

“citoyens publics". Il est vrai que la dimension économique<br />

peut exister, il ne faut pas la nier. Je pense<br />

que cette dimension est importante, notamment<br />

en ce moment, parce que l'état du marché du<br />

t ravail fait que chez beaucoup de jeunes musiciens,<br />

il n'est pas plus irrationnel d'essayer de<br />

v i v re de la musique que d'essayer de trouver un emploi<br />

a i l l e u rs. C'est peut-être plus intéressant, plus motivant<br />

et plus valorisant que de naviguer de CES en stages d'insertion.<br />

Je pense que le secteur <strong>des</strong> musiques actuelles a<br />

une chance extra o rd i n a i re de se situer au carrefour du<br />

c u l t u rel, de l'économique et du social. C'est-à-dire au<br />

c roisement du sens donné par la pratique artistique, de<br />

la production liée à l'économique, et de la re d i s t r i b u t i o n<br />

liée au social.<br />

L'enjeu est donc de qualifier ce secteur tout en lui<br />

conservant ses spécificités, cette originalité, cet enthousiasme,<br />

cet esprit d'entreprise et cette passion qui le placent,<br />

à mon avis, du point de vue de la citoyenneté, en<br />

avance sur d'autres champs culturels. Sans toutefois nier<br />

que les musiques actuelles sont liées à l'industrie musicale,<br />

ce qui est essentiel pour assurer les conditions de<br />

sa production et de sa diffusion. Mais sans non plus<br />

r é d u i re la vision <strong>des</strong> musiques actuelles à la lutte contre<br />

la fra c t u re sociale. Cela veut dire plaider en faveur d'une<br />

aide à cette fonction structurante de la musique aux<br />

c o n fluents <strong>des</strong> secteurs publics et privés, à tra v e rs la<br />

création d'outils qui permettent la créativité de nouveaux<br />

talents qui vont, eux, pouvoir aller à la re n c o n t re<br />

de nouveaux publics. La structuration du secteur nécessite<br />

à l'évidence, dans le cadre de ces nouvelles formes<br />

d'action culturelle, de nouvelles fonctions, de nouveaux<br />

m é t i e rs liés à la formation, à la médiation, en rapport à<br />

la technologie, aux industries musicales, à l'information.<br />

L ' i n s u f fisance de reconnaissance de ces métiers vient<br />

souvent du manque de connaissance de ce secteur. Il<br />

faut donc le faire connaître. Le manque de connaissance<br />

de la réalité artistique, de l'amalgame trop fréquent<br />

que l'on fait de ce secteur avec une certaine économie<br />

du spectacle. Je dis bien une certaine économie du spectacle<br />

parce qu'il y a énormément d'entreprises sous<br />

forme de sociétés qui agissent pour le développement<br />

de ce secteur. L'absence de cadre d'emplois et de formations<br />

est évidemment au cœur du problème puisqu'il se<br />

t rouve que, même en ayant les meilleures intentions du<br />

monde pour développer ce secteur, s’il n’y a pas <strong>des</strong> gens<br />

formés, nous allons nous re t rouver en face d'un mur.<br />

Nous manquerons d'opéra t e u rs face à une demande<br />

énorme. Il y a un champ en friche autour de la formation,<br />

de la pratique amateur, du développement de nouveaux<br />

talents.<br />

Au sein de la Commission nationale <strong>des</strong><br />

musiques actuelles, nous sommes un certain nombre à<br />

Le secteur <strong>des</strong> musiques actuelles a une chance<br />

e x t ra o rd i n a i re de se situer au carrefour du culturel,<br />

de l’économique et du social<br />

ê t re fortement intéressés par la mise en place de<br />

c o n t rats territoriaux avec une forte incitation de l'État<br />

v e rs les collectivités territoriales pour que se mettent<br />

en place <strong>des</strong> partenariats entre structures sur <strong>des</strong> terr<br />

i t o i res déterminés. C'est-à-dire ne pas se subord o n-<br />

ner à une logique institutionnelle qui voudrait que si<br />

l'on prend en compte les musiques actuelles, on va les<br />

m e t t re dans les structures existantes, c'est-à-dire, au<br />

niveau de la formation : les conservatoires ou les<br />

écoles de musique ; et au niveau de la diffusion : sur<br />

les scènes nationales. Dans chaque région, depuis<br />

maintenant 15 ou 20 ans que <strong>des</strong> acteurs développent<br />

de nouvelles formes d'actions culturelles sur ce sect<br />

e u r, il y a <strong>des</strong> initiatives qui se sont qualifiées. Il y a<br />

une parole du secteur à présent qu'il est bon de<br />

p re n d re en compte de façon tout à fait démocra t i q u e<br />

et, évidemment, il faut travailler en partenariat<br />

5 9

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!