Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma
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que le Fonds de Création Musicale ou le Fonds de<br />
Soutien. Nous nous apercevons maintenant que les subventions<br />
accordées aux lieux de diffusion n'ont pas<br />
atténué le prix <strong>des</strong> places. On vérifie ainsi, et ce n'est pas<br />
nouveau, que les volontés de démocratisation culturelle,<br />
d'accès aux œuvres, profitent surtout aux publics qui ont<br />
déjà une démarche culturelle, une démarche de consommation<br />
culturelle. <strong>Les</strong> ai<strong>des</strong> au développement de carrière<br />
d'artistes ont souvent également été critiquées dans la<br />
m e s u re où elles sont accordées à un producteur pour<br />
qu'il développe l'artiste avec toutes les réserves d'usage<br />
sur le formatage d'artistes par l'industrie.<br />
Nous ne pouvons pas dire que de nouveaux métiers<br />
soient apparus dans les années 80. Il y a <strong>des</strong> luttes syndicales<br />
pour la reconnaissance de certaines pro f e s s i o n s<br />
comme les interprètes et les pro d u c t e u rs qui ont, par la<br />
loi de 1985, obtenu le bénéfice de droits spécifiq u e s ,<br />
mais pas vraiment de nouveaux métiers. En re v a n c h e ,<br />
une deuxième génération de porteurs de projets appara î t<br />
dans les années 1990 avec la montée en puissance d'une<br />
a u t re conception du service public en direction <strong>des</strong><br />
musiques actuelles, notamment face à la demande re p é-<br />
rée <strong>des</strong> populations dites “en diffic ulté”. C'est le célèbre<br />
couple culture et lien social qui fait son apparition. La<br />
c u l t u re en général et les musiques actuelles, en particulier<br />
le rap et les musiques qui y sont associées, sont appelées<br />
sur le front du social. On espère que la culture va<br />
<strong>Les</strong> volontés de démocratisation culturelle pro fit e n t<br />
surtout aux publics qui ont déjà une démarche culture l l e<br />
repousser les limites qui n'arrivent pas à être comblées<br />
par l'école et par l'ensemble <strong>des</strong> stages d'insertion que<br />
l'on met en place et qui sont balayés par la folie économique.<br />
Au niveau du service public, il n'existe aucun<br />
c a d rage institutionnel. <strong>Les</strong> pro f e s s e u rs de l'enseignement<br />
spécialisé, du réseau <strong>des</strong> conservatoires et <strong>des</strong> écoles de<br />
musique, sont complètement démunis face à ces<br />
musiques qui, d’une part, privilégient la pratique collective,<br />
utilisent <strong>des</strong> instruments amplifiés, font appel aux<br />
technologies de l'enre g i s t rement, de l'informatique, et,<br />
d ' a u t re part, à <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> qui arrivent souvent, non<br />
pas en formation initiale, mais après une pratique autodidacte.<br />
Souvent, ces musiciens vont répéter dans leur<br />
local, vont jouer sur scène et même enre gistrer, éventuellement<br />
dans un studio, une maquette “démo", et<br />
ensuite se retournent vers <strong>des</strong> opéra t e u rs spécialisés en<br />
formation pour combler certaines lacunes qu'ils re s s e n-<br />
tent, ou pour acquérir de nouveaux savoirs. Au cours <strong>des</strong><br />
années 80, il y a un certain nombre de centres de formations<br />
qui se sont créés. Ce sont <strong>des</strong> formations spécifiques<br />
souvent orientées vers le jazz et qui se sont créées<br />
sous forme associative. Ces centres de formation sont<br />
financés à la marge par la culture et surtout par la<br />
formation professionnelle avec <strong>des</strong> sociétés civiles<br />
d'artistes.<br />
D ' a u t res centres de formation sont mis en place<br />
à la fin <strong>des</strong> années 80. Ceux-ci ont été plus orientés sur<br />
le rock, avec comme objectif de pouvoir accueillir la<br />
p ratique amateur et de lui offrir un éventail de formations<br />
<strong>des</strong>tinées à qualifier ces pratiques. Dans le même<br />
temps, il y a <strong>des</strong> lieux de diffusion qui développent <strong>des</strong><br />
locaux de répétition pour accueillir les groupes et mettent<br />
en place également <strong>des</strong> actions de formation. Ce<br />
sont <strong>des</strong> initiatives qui sont, comme les “cafésmusique"<br />
et d'autres structures, portées à bout de bra s<br />
par <strong>des</strong> convaincus de cette idée de démocratie culturelle.<br />
C'est en tout cas de l'expérience de ces acteurs que<br />
naissent les réflexions et les services offerts aux pra t i-<br />
quants pour l'accompagnement et la qualification aux<br />
musiciens amateurs. Cela s'adresse à <strong>des</strong> musiciens<br />
a m a t e u rs mais aussi à <strong>des</strong> musiciens en voie de pro f e s-<br />
sionnalisation parce que la fro n t i è re est assez souvent<br />
f ranchie, d'un côté comme de l'autre d'ailleurs.<br />
E n fin, arrêtons-nous quelques instants sur les<br />
termes “a mateur", “professionnel", “en développement",<br />
“en voie de professionnalisation", qui sont <strong>des</strong><br />
termes utilisés régulièrement dans notre secteur. Pa r m i<br />
la grande majorité <strong>des</strong> “musiciens actuels" - j'utilise ce<br />
terme bien qu'il ne me satisfasse pas non plus<br />
- on tro u v e ra ra rement de véritables amateurs<br />
et de véritables professionnels et c'est ce qui<br />
fait que nous naviguons entre les deux<br />
mon<strong>des</strong>. Juridiquement, l'amateur est défini par le<br />
d é c ret de 1953 : c'est quelqu'un qui ne tire pas de bénéfice<br />
de son art et qui a d'autres moyens de subsistance.<br />
C'est donc assez clair. Pour le professionnel, c'est plus<br />
d i f ficile. Est-ce que c'est celui qui a fait 45 cachets<br />
déclarés sur 12 mois et qui à ce titre peut obtenir les<br />
r é m u n é rations ASSEDIC d'intermittent du spectacle ?<br />
Est-ce que c'est celui qui a fait 24 cachets et qui peut<br />
b é n é ficier de la formation professionnelle AFDAS ? Estce<br />
que c'est celui qui consacre tout son temps à la<br />
musique, mais qui n'arrive pas à avoir de cachets déclarés<br />
et qui vit au RMI avec <strong>des</strong> contrats au “black" à côté ?<br />
Est-ce que c'est celui qui a signé dans une maison de<br />
disques, sachant que la signature dans une maison de<br />
disques n'est pas forcément la garantie de moyens de<br />
subsistance et encore moins d'une pérennisation de<br />
l’emploi ? Une chose est certaine : le passage au niveau<br />
p rofessionnel, c'est un choix personnel, c'est un choix de<br />
vie de la part du musicien et sur lequel nous n'avons pas<br />
f o rcément à re v e n i r. Il faut savoir que ce musicien vit<br />
souvent du cumul de cachets, de droits, de ro y a l t i e s