Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma
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La République, c’est nous tous<br />
moins on a de subventions. <strong>Les</strong> choses sont intimement<br />
liées. C'est tellement plus simple de dire que l'on a moins<br />
besoin de fonctionnaires pour distribuer moins d'argent,<br />
puisque finalement on vous en donne moins, et que donc<br />
on a moins d'actions avec les réseaux d'éducation populaire.<br />
C'est le serpent qui se mord la queue. Cela produit un<br />
assèchement d’un pan entier du Ministère qui s'occupe de<br />
la jeunesse et de l'éducation<br />
populaire. La<br />
chose publique, c'est<br />
vous et nous. Il n'y a pas de dichotomie. Il n'y a pas d'un<br />
côté ceux qui regardent le peuple d'en haut et puis vous<br />
qui seriez au balcon en train de dire : “Que fait la<br />
République pour nous ?". La République, c'est nous tous.<br />
Mais je comprends qu’après les années d'errance, en particulier<br />
de notre ministère, vous ayez <strong>des</strong> doutes. Je ne<br />
peux pas tous les effacer en dix minutes.<br />
La volonté de nous rapprocher de la culture - qui a<br />
longtemps été émise comme un vœu pieux - est rentrée<br />
dans les faits. Nous avons une volonté de rééquilibrer ce<br />
ministère, comme je vous l'ai dit, entre “jeunesse" et<br />
“sports". Nous avons la volonté de vous donner plus de<br />
moyens en personnels et en crédits. Nous avons la volonté<br />
de développer un peu plus de projets qu'auparavant et<br />
de ne pas avoir les frilosités que vous avez notées sur le<br />
terrain. Vous constaterez dans quelques mois si ce que je<br />
dis ici a irrigué jusqu'aux doigts de pieds de la dernière<br />
DDJS et du dernier CEPJ. Tout en sachant qu’il y a <strong>des</strong> gens<br />
sur le terrain qui, heureusement, eux non plus, n'ont pas<br />
attendu les autorisations du Ministère pour continuer à<br />
faire <strong>des</strong> choses contre <strong>des</strong> directives données à l'époque.<br />
Mais je crois que vous avez raison d'être impatient. Nous<br />
écoutons votre impatience, et c'est votre impatience qui<br />
nous permet d'aller plus loin.<br />
Un participant : Qu'est-ce qui a décidé les départements<br />
à intervenir dans le cadre du camion-musiques ? Est-ce<br />
que cela contribue à modifier la politique culturelle ? Estce<br />
que leur politique est complémentaire de celle de la<br />
région ? Est-ce que c'est la région qui a initié, et les départements<br />
qui ont suivi ?<br />
Éric Doisnel, Président du Centre Régional du Rock et<br />
<strong>des</strong> Musiques Actuelles : L'initiative revient à la DRAC et<br />
à la région qui nous ont confié cette mission qui consistait<br />
à savoir comment on pouvait répondre en termes de formation,<br />
aussi bien dans les quartiers, dans les banlieues<br />
mais aussi au niveau rural. Ils ont porté tout le projet d'investissement,<br />
de création, toute l'étude qui a permis la<br />
création du camion-musiques. Ensuite, nous avons sollicité<br />
les deux départements qui agissent, eux, en termes de<br />
formation. <strong>Les</strong> deux départements, et surtout celui de<br />
l'Eure, qui est essentiellement rural, sont très intéressés<br />
par ce camion parce qu'il peut répondre à <strong>des</strong> deman<strong>des</strong><br />
de formation ou même, c'est l'autre aspect du camionmusiques,<br />
il peut presque servir de préfiguration dans les<br />
petites villes pour savoir s’il faut créer un local de répétition.<br />
La tendance serait actuellement de vouloir créer <strong>des</strong><br />
locaux de répétition un peu partout. Mais est-ce la bonne<br />
solution ? Ne faut-il pas, pour certains villages, se regrouper,<br />
pour se donner plus de moyens ? D’ailleurs, les<br />
groupes, eux, n'ont pas d'appartenance à une ville. Ils sont<br />
de toutes les villes, il n'y a pas de frontières entre elles.<br />
Edgar Garcia, chargé de mission rock au Conseil Général<br />
de Seine-St-Denis : <strong>Les</strong> “professionnels de la profession”<br />
que nous sommes avons intérêt à ne pas baisser la<br />
garde sur le niveau <strong>des</strong> exigences, et même à les monter<br />
haut, comme le regard qu'on porte <strong>des</strong>sus. Je pense que<br />
nous sommes à la croisée <strong>des</strong> chemins pour les musiques<br />
amplifiées et même sur la question du “culturel".<br />
Tout à l'heure, s’est posée la question de savoir s’il<br />
y a <strong>des</strong> dangers. Oui, il y en a. La banalisation de la culture,<br />
un certain poujadisme qui rampe, une certaine<br />
conception utilitariste de la culture, voire même une tendance<br />
à vouloir éliminer la création parce que ça gêne, ça<br />
coûte cher… Tous ces lieux communs qu'on entend un<br />
peu partout sont <strong>des</strong> dangers. Il y a ceux qui sont extrêmement<br />
saillants, nous savons qu’il y a le Front National,<br />
mais il y a d’autres choses qui se baladent dans la société.<br />
Par rapport à cela, il faut que nous ayons <strong>des</strong> positionnements<br />
fermes sur le fond, pas seulement “c orpo". Il faut<br />
que nous ayons les exigences pro pres de la pro fession,<br />
c'est évident, mais je<br />
pense que pour en<br />
s o r t i r, il faut que<br />
nous ayons envers<br />
les politiques, et en<br />
premier lieu le gouvernement,<br />
une exigence<br />
pas seulement partagée par quelques techniciens,<br />
mais par beaucoup de monde.<br />
Je vais vous donner un exemple sur la question <strong>des</strong><br />
moyens. Vous avez tous entendu parler de la Seine-St-<br />
Denis, <strong>des</strong> mouvements à l'école ces dernières semaines ?<br />
Le Ministère reconnaît qu'il faut 3 000 postes sur 3 ans !<br />
Vous imaginez, 3 000 postes ce que cela signifie ? En gros,<br />
180 000 francs de salaire par enseignant, charges comprises,<br />
multipliez par 3 000 ! C'est lunaire cette histoire.<br />
C'est pas le petit truc en plus qui pourrait être obtenu là,<br />
en déplaçant ou en faisant un jeu de dominos ! Le gouvernement<br />
reconnaît qu'à population égale, il y a deux<br />
fois moins d'enseignants qu'à Paris. Non pas que la<br />
chose soit récente. Elle est ancienne, cela se disait, mais<br />
Il y a <strong>des</strong> dangers :<br />
la banalisation de la culture,<br />
un certain poujadisme qui<br />
rampe, une certaine conception<br />
utilitariste de la culture<br />
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