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Les actes des rencontres d'Evreux.pdf - Irma

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tissement, mais pourquoi ne pas avoir l'exigence de loisirs<br />

tirés vers le haut, car derrière le loisir, il y a aussi de la pratique<br />

artistique. <strong>Les</strong> pratiques culturelles sont un<br />

ensemble. Mais à l'intérieur de cet ensemble, il y a quelque<br />

chose de radicalement singulier, qui n'appartient qu'à l'individu,<br />

qui porte la singularité même de l'acte créatif, c'est<br />

le champ <strong>des</strong> pratiques artistiques. Je pense que la pire <strong>des</strong><br />

choses pour les musiques actuelles serait de baisser la<br />

garde sur ce point.<br />

D'autant plus qu’il s’agit d’un secteur assez perverti<br />

par la dominante de la marchandisation. Il y a quelque<br />

chose de constitutif aux musiques actuelles. C'est un paradoxe<br />

avec lequel il faut que nous apprenions à vivre<br />

puisque, tout à la fois lieux d'exigences artistiques et culturelles<br />

et lieux de création, elles sont également lieux de<br />

marchandise, lieux d'échange dans une économie qui est<br />

ce qu'elle est. À ce propos d'ailleurs, lorsqu'on évoque la<br />

question <strong>des</strong> moyens dont nous disposons et qui sont largement<br />

insuffisants, je pense qu'il faut que nous nous<br />

autorisions à aller du côté de ce marché. Je suis sûr que<br />

certains d'entre nous contribuons largement à l'émerg ence<br />

d'artistes qui, par la suite, contribuent aux fins de mois<br />

grassement payées <strong>des</strong> titulaires <strong>des</strong> fonds de pension qui<br />

possèdent la moitié de CBS, Sony… Cette économie du<br />

disque, qui fonctionne bien, a l'art de ramasser la mise<br />

sans avoir à être présente dans la mise de fonds.<br />

Le paradoxe, dans ces musiques, c’est qu'elles sont<br />

tout à la fois sur le segment privé et le segment public.<br />

Peut-être qu'il nous faut définitivement arrêter d'avoir<br />

peur et prendre en compte ce qui se passe réellement. Que<br />

les financements soient aussi de source privée ne me<br />

semble pas être nécessairement un problème, à partir du<br />

moment où ils obéissent à un cahier <strong>des</strong> charges. Un<br />

cahier <strong>des</strong> charges qui ne peut relever que de l'affirmation<br />

par la puissance publique de sa prise de responsabilité.<br />

Face aux collectivités, je pense que nous devons<br />

avoir l'exigence, envers les élus, de poser la question dans<br />

ces termes-là : “quelle politique voulez-vous mener ?" et<br />

“quelle politique voulons-nous que vous meniez ?".<br />

Nous devons poser la question dans les deux sens, avec<br />

l'ambition d'avoir <strong>des</strong> étages de responsabilités qui se <strong>des</strong>sinent<br />

et qui se complètent les uns et les autres. Il y a celui<br />

de la Ville, celui du Département, de la Région, celui de l'État.<br />

Je pense que ces quatre paliers peuvent avoir <strong>des</strong><br />

niveaux d'intervention différents et complémentaires : la<br />

région sur la formation, on peut imaginer que les départements<br />

soient davantage en prise sur <strong>des</strong> actions à caractère<br />

éducatif, les villes peuvent être plus en phase avec<br />

l'émergence de lieux de répétition… Tout cela avec <strong>des</strong><br />

financements croisés. Pour le reste, j'attends les conclusions<br />

de la Commission nationale <strong>des</strong> musiques actuelles<br />

pour voir si la responsabilité de l'État va s'engager. Pas<br />

seulement en termes financiers, mais pour qu'il y ait bien<br />

<strong>des</strong> cadres réglementaires qui permettent de structurer<br />

l'espace <strong>des</strong> musiques amplifiées, et que <strong>des</strong> recommandations,<br />

voire même que <strong>des</strong> conditions, soient édictées pour<br />

l'élaboration et la mise en place de lieux de répétition ou<br />

de diffusion.<br />

Enfin, je voudrais parler <strong>des</strong> moyens dont nous disposons.<br />

Je ne vais pas en rajouter sur le fait qu’ils sont<br />

insuffisants. Cependant, on ne peut plus se contenter de le<br />

répéter chaque année. Je pense qu'il y a un travail d'information,<br />

de pression à organiser. Il n'est pas possible que<br />

dans ce pays, alors qu'il y a une nouvelle donne évidente<br />

et que nous sommes quelques-uns à penser que cette<br />

nouvelle donne l'emporte, on puisse continuer à travailler<br />

avec les critères et les règles à calcul qui ont été en<br />

vigueur les années précédentes. On ne peut attendre <strong>des</strong><br />

SMAC qu'elles fassent tout et le reste, avec <strong>des</strong> budgets<br />

qui sont ridicules et <strong>des</strong> personnels qui sont mal payés ou<br />

qui envisagent de se mettre aux Assedic durant quelque<br />

temps pour éviter de gonfler leur déficit. Cette précarité-là<br />

n'est pas possible. Il faut de véritables engagements politiques<br />

sur cette question.<br />

Gilles Castagnac : Pour compléter une <strong>des</strong> pistes évoquées,<br />

je ra p p e l l e rai juste que l'industrie musicale<br />

représente, en Gra n d e - B retagne, le troisième poste de<br />

rentrée de devises. Ici aussi, cette économie est réelle.<br />

Elle repose sur une organisation de la consommation<br />

qui pèse et configure la manière dont les pratiques se<br />

développent. Face aux logiques industrielles, le rôle de<br />

l'État se pose aussi en termes d'équilibrage et de re d i s-<br />

tribution. C’est une question très concrète qui a forc é-<br />

ment été évoquée par la Commission nationale <strong>des</strong><br />

musiques actuelles.<br />

Didier Varrod, rapporteur général de la Commission<br />

nationale <strong>des</strong> musiques actuelles (rapport disponible sur<br />

internet : www.irma.asso.fr) : Soyons clairs, je ne suis pas<br />

là pour vous énoncer le contenu d'un rapport qui n'a pas<br />

encore été rédigé. La mise en place de cette commission a<br />

été annoncée<br />

par madame la<br />

Ministre en décembre<br />

1997 et<br />

les travaux ont commencé en février 1998. Le rapport<br />

devait être rendu à la fin juin mais, devant l'énormité du<br />

chantier et <strong>des</strong> consultations qui ont été entreprises, nous<br />

avons obtenu une prorogation afin de ne pas rendre un<br />

rapport qui ne pourrait pas être assumé par les gens qui<br />

font partie de cette commission.<br />

Pour témoigner de ses travaux, je dirai qu’elle a<br />

d’abord fait un état <strong>des</strong> lieux relativement rapide sur<br />

Un sentiment d'orphelinat d’une<br />

politique culturelle spécifiq ue<br />

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